E-cooptation : un marché en plein essor | La lettre de Toulouse | Scoop.it

Les candidatures par le biais d’une recommandation ne datent pas d’hier. La nouveauté réside dans le développement de sites spécialisés, qui apportent une vraie plus-value aux recruteurs

 

En 2015, 36 % des entreprises ont fait appel à la cooptation dans leurs actions de recrutement de cadres.

Cette proportion reste stable d’année en année, comme le montre l’enquête dédiée au sourcing de l’Apec : l’année précédente, ce chiffre se montait à 37 %. Si tous les secteurs d’activité sont concernés, le secteur des services informatiques et celui de l’ingénierie sont particulièrement friands de cette formule. Pour l’Apec, la raison en est simple : « Outre le fait qu’elle leur permet d’atteindre les candidats déjà en poste qu’elles convoitent, la cooptation permet à ces entreprises de pallier des déficits d’attractivité en se servant de leurs salariés comme garants de leur image employeur. »

 


Une réponse au besoin des recruteurs
Plusieurs entrepreneurs ont bien compris l’intérêt d’« industrialiser » cette démarche, en mettant sur pied de véritables communautés de coopteurs : 30 000 chez Keycoopt, tandis que Coop-Time en affiche plus de 15 000. « Nous proposons une solution alternative aux autres moyens de recrutement, qui présentent tous des inconvénients », estime Antoine Perruchot, cofondateur de Keycoopt. D’après lui, les jobboards, « positionnés sur le quantitatif plus que le qualitatif, affichent un retour sur investissement assez faible ». Les réseaux sociaux seraient très chronophages, et les cabinets spécialisés « ont certes une obligation de résultat mais leurs démarches sont longues et onéreuses ».
Plusieurs raisons peuvent ainsi pousser les entreprises à tenter – ou poursuivre – l’aventure avec les sites de cooptation. Laura Lombardo, cofondatrice de Coop-Time, cite l’exemple d’un recruteur qui n’a pas trouvé par d’autres moyens : « Il a pu atteindre un marché caché, celui des professionnels qui ne sont pas en recherche active. » D’autres motifs existent, comme l’urgence de la demande ou la volonté de tester un autre canal de recrutement.

 


Atouts et limites
Plus ciblée, plus rapide, moins chère : la cooptation aurait plusieurs avantages à faire valoir. « En 48 heures, nous obtenons en général 15 à 25 propositions de la part de nos coopteurs », indique Laura Lombardo. « 80 % des recommandations nous parviennent dans un délai de deux jours », ajoute Antoine Perruchot. Cette grande réactivité de la communauté permet d’opérer rapidement une sélection ad hoc et de la soumettre aux recruteurs. Pour Laura Lombardo, « différents filtres sont nécessaires : les coopteurs, mais aussi nos équipes pour la vérification des références ». 

Si la cooptation présente des intérêts, elle aussi a des limites qu’il s’agit de dépasser. « Le réseau des coopteurs doit être suffisamment dense. 30 000, c’est encore insuffisant pour couvrir l’ensemble des régions et des métiers », estime Antoine Perruchot. Pour le cofondateur de Keycoopt, il est également essentiel de donner envie aux membres du réseau de s’impliquer dans la recherche. Il cite notamment le cas des entreprises dont l’image employeur est négative. Laura Lombardo, pour sa part, évoque « la qualité des candidats cooptés ». Le filtre humain permet toutefois de s’assurer, grâce à un entretien préalable, qu’ils peuvent correspondre aux attentes du recruteur.

 


Les qualités du coopteur
Existe-t-il un profil type du coopteur idéal ? « La réactivité est sa qualité essentielle, estime Laura Lombardo, nous avons également besoin de CV pertinents, ce qui nécessite une évaluation a minima de leur adéquation avec le profil recherché. Le coopteur doit également savoir si la personne éventuellement cooptée peut être intéressée par la proposition d’emploi.» Pour Antoine Perruchot, outre la réactivité, « il est important d’être objectif sur la personne que l’on recommande, au-delà de la sympathie ou des liens affectifs. Il faut également savoir analyser les besoins du poste pour identifier les bons candidats ». Des qualités que les sites de cooptation savent récompenser par une prime en cas d’embauche du candidat : entre 500 et 1 000 euros chez Keycoopt, et 700 euros chez Coop-Time. Une prime indispensable pour motiver les coopteurs. 

 

Gilles Marchand