Toulouse. Le pull Juste ose le pari du 100% traçable | La lettre de Toulouse | Scoop.it

La dirigeante Myriam Underwood dans la boutique de Balma qui propose la collection Juste à la vente.

 

 

Juste, la nouvelle marque de textile made in France basée dans la banlieue de Toulouse, propose des vêtements 100% traçables. Un projet construit par une chef d’entreprise militante qui cherche aujourd’hui des partenaires pour confirmer l’essai.

  

Le projet de Myriam Underwood se résume en quelques mots : créer une ligne de vêtements basiques, intergénérationnels, 100% made in France et 100% traçables. Lorsqu’elle lance son projet en 2013, Myriam Underwood n’est pas une novice dans l’univers du textile : elle dispose d’une solide expérience acquise entre le Japon et Paris, comme chef de produit ou de projet marketing chez Rodier, le salon du prêt-à-porter ou encore Uniqlo. En 2011, la jeune femme quitte Paris pour Toulouse. Sans opportunité dans le textile, elle décide de créer son entreprise. « Les objectifs de mon projet étaient clairs, mais je n’avais pas mesuré le travail à conduire pour trouver et nouer des liens avec les fournisseurs », raconte la jeune femme.

Constitution de filières

Myriam Underwood arpente alors les routes de France, à la recherche de fournisseurs qui partagent sa philosophie. « J’ai par exemple renoncé au travail du coton car il s’est avéré impossible de trouver un partenaire qui puisse tracer les origines de la matière première », explique-t-elle. Elle choisit donc le lin et la laine. Pour le lin, la coopérative Terre de lin, qui travaille avec 800 agriculteurs normands et bretons, apporte la matière première.

La teinture est ensuite confiée à une usine du nord, avant de partir en Italie pour la filature, unique étape hors de France. « Car il est impossible de trouver un spécialiste du filage du lin en France », regrette-t-elle. Puis suivent le tricotage et la confection dans une usine de Roanne, où l’on coud, selon les modèles, des boutons fabriqués dans le Jura. Il aura aussi fallu des mois de recherche pour trouver une étiquette imprimée à l’encre écologique, puis pousser la cohérence jusqu’à l’emballage - en papier kraft produit et fabriqué dans les Landes - , et l’enveloppe d’envoi fabriquée à Lille par Pochéco.

Investissement d’avenir

Au total, l’investissement s’élève à 75.000 euros pour la production, incluant 20.000 euros de R&D. Un financement en partie réalisé grâce aux prêts d’honneur Nacre et Initiative Haute-Garonne et à la confiance des banques. « C’est suffisamment rare pour être souligné », estime Myriam Underwood. Trois ans après le lancement du projet, la première étape est menée à bien : la filière de production est constituée, les premières collections sont en vente. Le chiffre d’affaires, estimé à 35.000 euros en 2015, permet d’atteindre l’équilibre.

Mais la chef d’entreprise a fait ses calculs : son développement passe par une multiplication par dix du volume de production annuelle pour maintenir ses prix. Aujourd’hui, toutes les conditions de la réussite sont en place, avec une clientèle fidélisée de 400 contacts, et trois points de vente qui lui donnent une visibilité concrète à Toulouse, Paris et Aix-en Provence. Reste à trouver le partenaire financier, marque, usine, mécène, qui lui permettra de transformer l’essai pour devenir une véritable pépite toulousaine.
Valérie Ravinet