Trois ans après le drame de Mirepoix, quel est l'état des ponts autour de Toulouse ? | La lettre de Toulouse | Scoop.it

Il y a trois ans, jour pour jour, le pont de Mirepoix-sur-Tarn, au nord de Toulouse, s’effondrait.

Deux personnes sont décédées dans la catastrophe.

 

C'était le 18 novembre 2019. En début de matinée, le pont de Mirepoix-sur-Tarn, au nord de Toulouse, s'effondrait. De quoi relancer les interrogations sur l'entretien des ponts.

 

Le matin du lundi 18 novembre 2019 devait être un jour banal. Mais un immense fracas est venu traumatiser toute la commune de Mirepoix-sur-Tarn (Haute-Garonne), au nord de Toulouse. Le pont suspendu qui enjambe le Tarn s’est effondré. La catastrophe fait deux morts : une adolescente de 15 ans et un chauffeur poids lourd de 38 ans.

 

 

À Mirepoix, un camion trop lourd pour le pont

Trois ans plus tard, une enquête est toujours en cours pour comprendre ce qu’il s’est passé ce matin-là. Une chose est sûre : le camion de plus de 40 tonnes n’aurait jamais dû emprunter l’ouvrage limité à 19 tonnes.

Mais le pont était-il suffisamment bien entretenu ? À l’époque, le général de gendarmerie Jacques Plays avait indiqué que des travaux avaient été « réalisés par le Conseil départemental sur le pont, quelques jours avant » le drame. Le chantier consistait à renforcer « des dispositifs en amont », sur « des câbles d’ancrage situés de part et d’autre du pont, qui n’ont pas été impactés » par l’effondrement. Le militaire avait ajouté que l’ouvrage construit au 1931 était « parfaitement régulier dans son entretien ».

L’entretien des ponts est un sujet majeur pour l’Etat et les collectivités. En 2018, soit un an avant la catastrophe de Mirepoix, une étude commandée par le ministère des Transports alertait sur l’état des ouvrages d’art dans le pays. Sur les 12 000 ponts que compte le pays, 840 (soit 7 %) menaçaient de s’effondrer dans les prochaines années.

 

Reconstruction du pont de Mirepoix : où en est-on ?

Contacté par Actu Toulouse, le Département de la Haute-Garonne indique que deux concertations publiques ont eu lieu, le 23 novembre (à Mirepoix) et le 13 décembre 2021 (à Bessières) pour aborder le projet de reconstruction du pont.

"Cinq scénarios ont été présentés pour des budgets allant de 8 à 15 millions d'euros (deux ponts routiers, un à haubans, un suspendu, un en arc)", explique le Conseil départemental qui ajoute que le budget global final pour reconstruire l'ouvrage "n'est pas encore stabilisé".

 

 

« Pas de ponts dangereux », assure le Département

Qu’en est-il, en 2022, en Haute-Garonne ? Sollicité par Actu Toulouse, le Conseil départemental rassure d’emblée sur l’état des 1 840 ouvrages d’art à sa charge : « Il n’y a pas de ponts dangereux dans le département. S’il y en avait, ils seraient fermés à la circulation ». Il n’en reste pas moins attentif.

Pour déceler d’éventuelles anomalies, des contrôles ont lieu régulièrement. Le CEREMA (un centre d’expertise spécialisé sous tutelle du ministre de la transition écologique solidaire) réalise une inspection détaillée tous les trois, six ou neuf ans. C’est selon l’état et la vétusté de l’ouvrage. « Les appuis en rivière sont également contrôlés par plongeurs tous les trois, six ou neuf ans », détaille la collectivité. Mais ce n’est pas tout :

"Les ponts font également l'objet d'un contrôle régulier par les services du Conseil départemental (équipe de 11 agents spécialisés dans les ponts), selon la méthodologie IQOA mise en œuvre par le CEREMA, tous les 3 ans pour les ponts les plus importants, tous les 4 ans pour les autres, et tous les ans pour les ponts plus sensibles." 

Conseil départemental de la Haute-Garonne

Chaque année, le Conseil départemental consacre cinq millions d’euros à l’entretien de ses ponts.

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Plusieurs chantiers en cours

Plusieurs ouvrages gérés par le Département vont connaître (ou connaissent déjà) des travaux d’entretien en cette fin d’année 2022.

C’est notamment le cas à Mauzac, au sud de Toulouse. Le pont qui permet de traverser la Garonne connaît, depuis l’été, un chantier de réparation des bétons armés et de la maçonnerie. Conséquences pour les automobilistes ? Une circulation alternée a été mise en place et les véhicules de plus de 7,5 tonnes ne peuvent plus l’emprunter. Ces travaux, estimés à un million d’euros, doivent prendre fin en janvier 2023.

Depuis octobre (et pendant six mois), des chantiers ont aussi démarré sur trois ponts suspendus situés dans le sud du département : à Mazères-sur-Salat (Pont sur le Salat, RD52) et deux autres à Roquefort-sur-Garonne (Pont sur le Salat, RD13E / Pont sur la Garonne au Fourc, RD13). « Des fermetures sur ouvrages seront réalisées pendant les travaux », prévient le Conseil départemental. Le coût ? Environ 1,3 million d’euros.

 

 

Des opérations sont également en cours sur une trémie routière de la RD12 à Muret. Les travaux démarrés en octobre doivent durer quatre mois et coûter un million d’euros.

 

À Lacroix-Falgarde, le pont de fer va être réhabilité. Fin novembre, la « démolition des voûtains (élément qui permet de soutenir le tablier, ndlr) » va démarrer pour un coût de 170 000 euros.

 

Enfin, le Département va engager des travaux sur la RD5 à Rieucazé. Un mur de soutènement va être reconstruit. « L’opération est montée dans le cadre d’une formation aux techniques ancestrales de bâti en pierre sèche qui répond aux enjeux environnementaux et économiques du monde moderne », précise la collectivité. Le prix n’a pas été communiqué.

Le pont de Gagnac bientôt consolidé et élargi

Plus près de Toulouse, le pont de Gagnac-sur-Garonne inquiète bon nombre d’automobilistes devant l’emprunter tous les matins.

« Ce pont a été créé en 1964 pour supporter 6 000 véhicules par jour. Aujourd’hui, il est totalement saturé avec plus de 20 000 véhicules quotidiens dont 800 poids lourds », alertait, l’an dernier sur Actu Toulouse, le député (LREM, aujourd’hui Renaissance) Jean-François Portarrieu. 

Cet ouvrage de 181 mètres de long est l’un des plus fréquentés de l’agglo toulousaine. Afin de lui assurer une « longue vie », Toulouse Métropole va procéder à de gros travaux. En 2024, il sera fermé pendant plusieurs mois. Outre l’étanchéisation et sa consolidation, le chantier va permettre d’élargir le pont pour y réaliser une piste pour les vélos et pour les piétons. Un projet à quatre millions d’euros.

 

Par Thibaut Calatayud

Publié le 18 Nov 22