Toulouse. Chromalys cible 1,8 million d'euros pour mieux traiter le cancer | La lettre de Toulouse | Scoop.it

Chromalys vient de démarrer une campagne de financement participatif pour développer son projet de marqueur de tumeurs mobiles pour le guidage de la radiothérapie. Cette spin-off du CNRS espère lever 1,8 millions d'euros sur trois ans.

 

Née en septembre 2013 après sept années de recherches menées au CNRS et à l’Inserm de Toulouse, la société Chromalys a démarré début septembre une campagne de financement participatif auprès de My Pharma Company. Cette première opération de levée de fonds doit permettre à la société de biotech de trouver des locaux et de commencer les tests précliniques autour de son marqueur innovant de tumeurs mobiles.

Baptisé Tumor-Track, ce produit injecté par voie intraveineuse vient se fixer sur les tumeurs cancéreuses et les rend détectables par les appareils d’imagerie donc plus faciles à cibler par les rayonnements. « Les traitements de radiothérapie sont intrusifs et non sélectifs. Il est très difficile de n’irradier que la tumeur ciblée sans atteindre les tissus sains, particulièrement dans le cas des cancers du foie, du poumon ou du pancréas car la respiration du patient fait bouger les tumeurs », explique Marc Verelst, président-fondateur de Chromalys.

  

Essais sur des chiens

Cette nouvelle technique permettrait, selon le chercheur, de réduire considérablement le nombre de séances tout en limitant les risques d’accidents. Le nanomarqueur, composé d’oxysulfure de gadolinium - un produit minéral qui absorbe les rayons X - pourrait très vite remplacer les cylindres d’or que l’on implante aujourd’hui autour des tumeurs pour mieux les localiser mais dont la précision est limitée.

Reste pour Chromalys à faire ses preuves. Déjà commercialisé pour les essais médicamenteux sur petits animaux, son marqueur doit tout d’abord passer les tests de toxicité pour être utilisé chez l’homme. Dans le même temps, la start-up toulousaine va éprouver sa découverte sur des chiens malades. C’est pour financer cette phase préclinique évaluée à 1,8 million d’euros que Chromalys a lancé il y a un mois cet appel à fonds sur le site My Pharma Company, grâce auquel elle espère lever au minimum 600.000 euros d’ici la fin de l’année. En parallèle, la start-up poursuit ses négociations : avec les réseaux Business Angels des Grandes Ecoles et Angels Santé pour récolter entre 500.000 et 700.000 euros, et auprès des partenaires publics pour le restant de la somme.

  

Le marquage CE en 2020

Dans son calendrier, la société a programmé une nouvelle levée de fonds de 2 millions d’euros pour démarrer d’ici trois ans la phase d’essais cliniques sur l’homme et décrocher en 2020 le marquage CE, préalable à toute mise sur le marché. 
Les premiers travaux du programme porteront sur le cancer primaire du foie qui touche 3000 personnes en France et quelque 500.000 dans le monde chaque année.

Sur un marché de la radiothérapie robotisée guidée par imagerie (IGRT) estimé à 600 millions d’euros, Chromalys vise les 10% à l’horizon 2025. De belles perspectives qui dépendent bien sûr de la suite du programme de recherche mais qui déjà, peuvent donner le goût du risque aux investisseurs. « Le tracking tumoral reste un enjeu de compétition forte, admet Marc Verelst. Il nous reste aussi à démontrer que le marqueur ne génère pas d’effets secondaires chez l’homme et à déterminer comment il est éliminé par l’organisme. »


Johanna Decorse