Énergie : vers un risque "imminent" de milliers de faillites... pourquoi le patronat tire la sonnette d'alarme | La lettre de Toulouse | Scoop.it

Le patronat européen avertit l'UE ce jeudi 28 septembre : la crise de l'énergie fait peser un "risque imminent d'arrêts de milliers d'entreprises européennes". Dans le même temps, Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, affirme que le risque de "faillites" est de plus en plus grand.

Les prix élevés du gaz et de l'électricité font peser un "risque imminent" de "pertes de production" et "d'arrêts de milliers d'entreprises européennes", a averti ce jeudi 29 septembre BusinessEurope, une organisation représentant le patronat européen.

 

Dans une lettre adressée à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l'association patronale réclame notamment un assouplissement du cadre des aides d'Etat aux entreprises en difficulté, un découplage d'urgence des prix de l'électricité de ceux du gaz ainsi que la mobilisation de tous les moyens de production d'électricité disponibles.

"Mur de faillites"

Même son de cloche chez Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, invité de franceinfo ce jeudi 29 septembre. Le patron des patrons lance "une alerte" à Emmanuel Macron sur le risque de "faillites" massives liées à la crise énergétique. "On a fait une enquête flash auprès de nos adhérents. Sur 800 entreprises qu'on a interrogées, 11% envisagent de ralentir ou d'arrêter leur production", a-t-il constaté au micro de nos confrères.

Se disant "très inquiet", le président du Médef a évoqué "un mur de faillites", certes contenu pendant la crise du Covid, mais dont les conséquences pourraient être bien réelles dans la période qui vient. Geoffroy Roux de Bézieux prône ainsi le découplage des prix du gaz et de l'électricité. "Il y a urgence - et c'est au niveau européen qu'on peut le faire - à changer ce système absurde qui fait que le prix de l'électricité est lié au prix du gaz. C'est compliqué, mais en gros, c'est un prix artificiel qui ne correspond pas à une réalité économique."

Mesures d'urgence

Au niveau européen, quelque "70% de la production d'engrais a été arrêtée ou ralentie, tandis que 50% de la capacité totale de production d'aluminium a été perdue. Il existe un réel danger que les entreprises, et en particulier les industries à forte intensité énergétique, se délocalisent définitivement en dehors de l'Europe", s'inquiète BusinessEurope.

"Pour éviter de nouvelles pertes de production, le cadre communautaire des aides d'État doit être encore ajusté afin de permettre temporairement aux États membres d'accorder les aides dont les entreprises touchées ont tant besoin", a-t-elle réclamé. "Les décideurs politiques devraient envisager d'urgence une mesure temporaire à l'échelle de l'UE pour découpler les prix de l'électricité des prix du gaz. Si elle est bien conçue (...), cette mesure pourrait effectivement faire baisser les factures d'énergie", assure le lobby patronal.

De nombreuses entreprises "au bord de l'effondrement"

"Chaque mégawattheure (d'électricité) et chaque milliard de mètres cubes (de gaz) comptera cet hiver. Il est possible et nécessaire de faire davantage pour accroître l'offre d'énergie en Europe. Il est extrêmement important d'intensifier encore l'action extérieure auprès des fournisseurs et de déployer au plus vite des capacités supplémentaires en matière d'énergies renouvelables, d'énergie nucléaire, d'énergie à faible émission de carbone et de gaz naturel en Europe", estime encore BusinessEurope.

"De nombreuses entreprises étant au bord de l'effondrement, il convient d'envisager toutes les options pour faciliter la production d'énergie, y compris des adaptations législatives temporaires ou des moratoires", demande l'organisation, au moment où des réacteurs nucléaires sont mis à l'arrêt en Belgique et en Allemagne.

 

V.G. avec AFP