Commerces : le véritable bilan du Nailloux Outlet Village | La lettre de Toulouse | Scoop.it

Impacté par la conjoncture économique, le village de marques de Nailloux a connu un démarrage en deçà des prévisions. Mais trois ans après, ses dirigeants et les élus locaux veulent tout de même se féliciter du projet, dont l'extension est toujours dans les cartons.

 

La crise est passée par là. Lors de son ouverture fin 2011, le village de marques de Nailloux annonçait un objectif ambitieux : 3 millions de visites chaque année dans une version agrandie et en rythme de croisière. Trois ans plus tard, il affiche une moyenne de 1,2 million de clients par an, sachant que l’effet de nouveauté avait à lui seul permis d’enregistrer 1,5 million de visiteurs la première année – contre 1,7 million escomptés. « Trois ans, ce n’est rien pour attirer les flux de la nouvelle autoroute », nuance toutefois Franck Verschelle, directeur général du groupe Advantail, gestionnaire du village.

Sur le plan économique en revanche, difficile de dresser une étude comparative. Évoquant des raisons de concurrence, la direction s’était toujours refusée à communiquer ses prévisionnels et ses premiers résultats. Didier Falla, le directeur du site, a cependant livré quelques indicateurs à l’occasion de ce troisième anniversaire. On apprend ainsi que le top 10 des boutiques génère à lui seul 18,1 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ou encore que seules trois enseignes ont choisi de ne pas renouveler leur bail, et que Nike et Zadig & Voltaire figurent parmi les magasins moteurs. Le panier moyen, lui, atteint 120 euros. Une estimation par voiture et non par client, soit pour trois à quatre personnes selon les ratios généralement utilisés par le secteur.

« Pari réussi » pour les élus

Du côté des élus locaux, on se félicite en tout cas d’avoir « su prendre le tournant ». Deux raisons à cela. D’une part, « le pari a été réussi » et les objectifs tenus avec la création de 350 emplois directs, dont 80 % en CDI, et la génération d’une centaine d’emplois indirects. Des chiffres importants pour la communauté de communes des coteaux du Lauragais sud (Colaursud) qui compte moins de 10.000 habitants, même si tous les postes n’ont pas forcément été pourvus par des résidents du territoire.

Mais surtout, le complexe commercial a dopé les finances de l’intercommunalité [1]. Les recettes fiscales perçues auprès des acteurs économiques sont en effet passées de 664.000 euros en 2011 à 1,18 million d’euros en 2013. Une différence essentiellement générée par le complexe commercial, et « plutôt supérieure à ce qui était espéré » selon le président de Colaursud et maire de Calmont, Christian Portet.

Tout bénéfice, donc. D’autant que, si la communauté de communes a fortement appuyé le projet pour stopper l’évasion commerciale qui atteignait 65 % sur le territoire, elle n’y a « pas mis un centime », dixit l’élu. Y compris pour les travaux d’aménagement routier, pris en charge par le conseil général et par le Nailloux Outlet Village lui-même, ou par la formation des personnels, notamment financée par le conseil régional.

L’extension en stand-by

Quid désormais de la suite ? Dès le début, un double-agrandissement était donc programmé. La première extension a eu lieu dès 2012 mais la seconde reste dans les cartons. Le contexte actuel ne favorisant pas sa réalisation, d’autant qu’une vingtaine de cellules restent inoccupées à l’heure actuelle. « La deuxième phase sera déclenchée quand les conditions seront réunies. On ne construit pas 10.000m² de surface commerciale comme cela », justifie Éric Damiron, PDG en France du groupe néerlandais Corio, l’une des premières foncières commerciales d’Europe et propriétaire du village.

L’autre enjeu est de définir la forme que prendra cette extension. Afin d’attirer le chaland, toutes les parties prenantes du village réfléchissent en effet à « proposer d’autres activités que le shopping ». Une des pistes les plus évoquées mène vers le domaine naturel, avec par exemple une salle de spectacles.

Quant aux élus locaux, Christian Portet en tête, ils formulent « forcément le vœu de voir le site grandir ». « La deuxième phase du village est prévue, le foncier existe et le terrassement a déjà été réalisé », ajoute le président de Colaursud. Reste désormais à définir le projet plus en détails. Et à attendre une fenêtre de tir favorable pour sa mise en œuvre.
Thomas Gourdin