Cinéma d'animation : la filière régionale qui cartonne | La lettre de Toulouse | Scoop.it

Désormais Toulouse est une ville qui compte dans le secteur du film d’animation. Crédits : Hélène Ressayres -

 

Ce secteur de niche qui a émergé à Toulouse au début des années 2000 s’est imposé comme une « filière d’avenir », créatrice d’emplois. Depuis cinq ans, le Cartoon Forum, salon international destiné aux professionnel qui se déroule cette semaine, en est l’une des vitrines.

 

Toulouse, nouvelle capitale européenne du cinéma d’animation ? L’ancrage depuis cinq années consécutives du Cartoon Forum dans la Ville rose tend à le prouver. Ce salon international qui en est à sa 27e édition, va réunir du 13 au 16 septembre plus de 900 professionnels, producteurs, diffuseurs et investisseurs de séries d’animation et parmi eux 260 acheteurs. En parallèle, se déroule aussi le festival grand public « Les Toons débarquent » destiné à promouvoir la création locale, qui a commencé le 9 septembre et se terminera le 17.

Sur grand écran comme dans les coulisses, la filière régionale du film d’animation continue de se structurer et de révolutionner le secteur. Car les studios toulousains ne sont pas pour rien dans le fait que la France s’impose comme la troisième industrie mondiale pour la production de cinéma d’animation, derrière les États-Unis et le Japon, et le premier en Europe. Champion de l’audiovisuel français, ce genre représente entre 10 et 15% de la production mais 40% de l’export.

 

TAT Productions, la success story

À Toulouse, tout a commencé en 2000 avec la création des studios Xbo Films et TAT Productions, auteur de la série « Les As de la jungle », ainsi que du long-métrage éponyme qui sortira en 2007. Seize ans plus tard, la région Occitanie compte douze studios et représente entre 300 et 500 emplois. En 2015, les six structures fondatrices de l’Arpanim, association régionale des producteurs d’animation créée fin 2014 et qui regroupe aussi Anoki, Double Mètre Animation, Le Lokal et Milan Presse, ont totalisé à elles-seules 898 minutes produites, près de 130.000 heures de travail pour 150 à 200 emplois.
Cette production, diffusée en France sur les chaînes de France Télévision, Canal Plus ou encore Boomerang, a été exportée dans plus de 200 pays et traduite dans soixante langues.

Tirée par le moteur TAT Productions – quatre-vingt salariés, un chiffre d’affaires stable de 5,5 millions d’euros en 2016 – la filière régionale bénéficie d’une véritable « reconnaissance artistique » et cultive une « particularité » qui est en train de faire école. « Les structures de la région réunissent des producteurs et de studios de fabrication. Les films sont entièrement réalisés en France, ce qui n’est pas le cas de nombreux studios français qui délocalisent la fabrication à l’étranger. Notre influence porte sur tout le modèle français. Auparavant, les producteurs nous riaient au nez quand on leur disait qu’on était de Toulouse mais aujourd’hui, il nous écoutent avec attention. L’objectif de l’Arpanim est de promouvoir à la fois les acteurs locaux et leurs productions aux techniques variées », raconte Jean-François Tosti, co-fondateur de TAT Productions.

 

Une filière à soutenir

Des formations de qualité, des sociétés de production, un événement international, si la filière est complète, elle nécessite toujours beaucoup d’investissements, explique les professionnels comme TAT Productions qui a dû trouver 7 millions d’euros pour financer le film Les As de la Jungle.

« L’animation est un secteur d’avenir qui crée de l’emploi, mais comme toute industrie, nous avons besoin de place, de matériel, de soutien à l’investissement. L’aide et l’implication des collectivités locales est nécessaire », ajoute Jean-François Tosti. Le conseil régional Occitanie, qui estime qu’1 euro investi dans l’animation génère 20 euros de retombées sur le territoire régional, dont 7 dans la création d’emploi, a consacré 650.000 euros à l’animation en 2015. De son côté, la ville de Toulouse a investi 230.000 euros dans cette nouvelle édition du Cartoon Forum.


Johanna Decorse