Un tiers de l’eau potable n’arrive jamais à l’usager. Cette eau qui disparaît, « impacte fortement la facture économique et environnementale des collectivités et des usagers », alerte l’Agence de l’eau Adour-Garonne. « Sur 1600 réseaux d’eau potable, 500 déclarent un rendement inférieur au seuil requis par la loi », expose Lucile Grémy, directrice du département des services publics de l’eau et entreprises à l’agence de l’eau Adour-Garonne. Un seuil fixé à 15% pour les zones urbaines.
Le Sicoval mise sur les compteurs intelligents
L’Agence de l’eau Adour-Garonne injecte dans les réseaux 20 millions d’euros, une manne adressée aux projets d’amélioration des rendements des collectivités. Une information qui tombe à pic pour les collectivités et les syndicats.« Ces subventions qui nous reviennent sont tout à fait intéressantes », se réjouit Michèle Garrigues, vice-présidente en charge de la politique de l’eau au Sicoval.
En la matière, la communauté d’agglomération n’a pas regardé l’eau filer, et affiche une volonté d’éviter l’échappée à tout prix : 9 millions d’euros mobilisés en 2013. Avec ses 36 communes, alimentées par 1000 kilomètres de réseau d’eau potable, et ses 31 réservoirs, la chasse à la dispersion peut sembler illusoire. Mais la sectorisation du territoire, doublée de l’installation de 32 compteurs débimètriques qui sonnent l’alerte, rendent possible la détection des pertes, répond Michèle Garrigues. « Notre rentabilité moyenne est de 75%, et nous travaillons pour l’augmenter. Nous achetons l’eau à l’Agence de l’eau, et il y a 25 % que nous ne revendons pas, par ce qu’elle disparaît. Aussi nous avons rajouté des compteurs intelligents, qui donnent à l’abonné en temps réel sa consommation d’eau. Il sera alerté si elle est anormale. » (Un abonné est responsable des fuites entre le compteur et son habitation.)
Le Sicoval compte sur le schéma directeur de l’eau potable : un outil de programmation et de gestion à destination des collectivités. Il permet de quadriller mieux le réseau, « de faire un état des lieux, et de pointer les secteurs fuyards », souligne Michèle Guarrigues. « Grâce à cet appel à projet, nous pourrons travailler à la réhabilitation, à la qualité et au renforcement du réseau existant. »
Les collectivités rurales cherchent leur réseau
Du côté des collectivités rurales, les problèmes et les moyens diffèrent. La longueur de leur réseau leur autorise un taux de fuite entre 25 et 35%. Et si la loi Grenelle exige 85 % de rendement pour les collectivités urbaines, le taux varie entre 65 et 85 % pour les collectivités rurales. En zone de montagne, les préoccupations économiques liées à la consommation d’eau potable portent sur le prélèvement à la source. « Notre eau est plus pure qu’en ville, rappelle Jean-Louis Puissegur, maire de Pointis-Inard en Haute-Garonne. Nous avons moins de traitement à effectuer. Mais nous devons veiller à ce qu’il n’y ait pas un prélèvement excessif à la source. On peut atteindre les 30% au moment des étiages. » Les fuites d’eau se repèrent ici à l’aune des compteurs, ou lorsque la fuite se révèle clairement. "Les réseaux sont anciens, on peut avoir des difficultés à les repérer. C’est souvent grâce à l’aménagement de nouvelles habitations qu’on peut les situer. » Le Lauragais ou le Comminges seraient ainsi plus sujets aux fuites que la métropole toulousaine.
Les financements proposés par l’Agence de l’eau, - les programmes retenus pourront être financés à 40% dans les communes urbaines et à 50 % dans les communes rurales -, permettront aussi de réaliser un état des lieux des réseaux. L’appel à projets sera clôturé à la fin de l’année 2016.
Virginie Mailles Viard