Maladie d'Alzheimer : des avancées venues  de Toulouse | La lettre de Toulouse | Scoop.it
Une personne souffrant de la maladie d'Alzheimer avec un proche dans une maison de retraite de la région parisienne Sebastien Bozon  

 

En cette journée mondiale de la maladie d'Alzheimer, le chef de service de gérontologie-gériatrie du CHU de Toulouse nous dévoile les résultats d'une étude inédite sur des actions de prévention. 900 000 personnes sont touchées en France, par une maladie qui bouleverse complètement le quotidien.

Il serait stupide de vouloir établir un classement des pires maladies et des plus supportables. Qu'elles s'appellent cancer, sclérose en plaques, mucoviscidose, toutes charrient leurs lots de douleurs, de complications et de drames. Mais parmi les maladies qui font le plus peur aux Français, celle d'Alzheimer est fréquemment citée. Et pour cause. Une maladie neurodégénérative – c'est-à-dire qui s'attaque au cerveau, aux neurones, en les détruisant au fur et à mesure, faisant perdre petit à petit au malade tout contrôle sur son esprit et son corps, avec aucune chance de stopper le processus –, quoi de plus effrayant ?

Alors que ce lundi est déclaré journée mondiale contre Alzheimer, les projections sur la prévalence de la maladie montrent une progression importante dans les années à venir. Le nombre de personnes atteintes en France devrait passer de 900 000 aujourd'hui à environ 1,3 million en 2020. Un défi à la fois humain et financier sur la prise en charge de ces malades.

Selon une étude de la fondation Médéric Alzheimer, les coûts médicaux et paramédicaux liés à Alzheimer s'élèvent à 5,3 milliards d'euros par an. Précision importante, plus de la moitié du coût (53 %) est représenté par les hospitalisations, non pas pour une prise en charge directe de la maladie (diagnostic, traitement), mais pour ses complications (chute, malnutrition, dépression…).

Jusqu'à présent, la médecine restait bien impuissante face à une affection identifiée pourtant il y a plus d'un siècle, en 1906, par un neurologue allemand, Alois Alzheimer. Aucun traitement préventif ni curatif n'existe à ce jour.

  

Toulouse à la pointe de la recherche

Mais des avancées semblent sur le point d'être validées. Le professeur Vellas, le responsable du Gérontopôle de Toulouse, dévoile aujourd'hui dans La Dépêche du Midi les résultats d'une étude démontrant les bienfaits préventifs des exercices physiques et cognitifs, associé aux vertus des omega-3 (lire l'interview ci-contre). Une étude qu'il a présentée cet été aux Etats-Unis, lors de la conférence internationale de l'association Alzheimer, et qui est en cours de validation pour une publication dans une revue scientifique très prestigieuse.

Côté traitement, pour les personnes déjà malades, quelques molécules sont en phase finale de tests aux Etats-Unis et en Europe, notamment à Toulouse. Jusqu'à présent, tous les essais arrivés à ce stade ont échoué. Mais là aussi, le spécialiste toulousain se montre plutôt optimiste.

Le jour où un traitement viable sera enfin trouvé, les patients, leurs enfants, leurs proches, pourront repenser à l'avenir sans crainte. Avoir quelqu'un dans son entourage atteint d'Alzheimer bouleverse toutes les habitudes de vie jusqu'à présent établies. Il faut désormais tout prévoir, organiser, anticiper. Il faut parfois contraindre.

Si la majorité des personnes atteintes sont âgées, l'Inserm estime à près de 20 000 le nombre de Français de moins de 60 ans qui auraient développé cette maladie, comme Lysiane, habitante de Rodez, dont la vie a basculé en 2008 alors qu'elle avait à peine plus de 50 ans (lire le témoignage page de droite). Elle, a osé en parler. A son mari. A ses proches. Dans le journal aujourd'hui. Malheureusement, pour beaucoup, la maladie d'Alzheimer reste un tabou, une souffrance cachée. En attendant les médicaments, on peut déjà, aujourd'hui, tous ensemble, changer de regard.

  

O. A.