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Secret d’État : la France soutient Al-Qaïda en Syrie.

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Secret d’État :

la France soutient Al-Qaïda en Syrie.

 

« La décision des États-Unis de placer Jabhat Al-Nosra, un groupe djihadiste combattant aux côtés des rebelles, sur leur liste des organisations terroristes, a été vivement critiquée par des soutiens de l’opposition. M. Fabius a ainsi estimé, mercredi, que « tous les Arabes étaient vent debout » contre la position américaine, « parce que, sur le terrain, ils font un bon boulot ». « C’était très net, et le président de la Coalition était aussi sur cette ligne », a ajouté le ministre. »

 

Nous sommes en décembre 2012 et la lecture de cet extrait du quotidien Le Monde indique que la France fait tout ce qu’elle peut pour empêcher qu’Al-Nosra, la branche d’Al-Qaïda en Syrie, soit inscrite sur la liste noire de l’ONU, celle qui désigne les organisations terroristes. Dès le « printemps » de Damas, Nicolas Sarkozy alors à l’Élysée, s’engage à fond pour que Bachar Al-Assad soit balayé. L’arrivée des socialistes au pouvoir, en mai 2012, augmente encore la haine de Paris pour le régime syrien : tout rebelle doit être considéré comme un saint. Peu importe s’il est le monstrueux enfant de Ben Laden. Ce qui est le cas de tous les combattants d’Al-Nosra.

 

Au grand dam de Fabius, Washington, qui ne peut faire moins dans un pays marqué par les attentats du 11 septembre, décide unilatéralement de déclarer terroristes ces jihadistes pourtant si utiles. En coulisse le Quai d’Orsay mobilise afin d’épargner l’infamie à cette composante « rebelle ». La preuve ? Nous la détenons par un courrier envoyé par la délégation marocaine à l’ONU à son ministère de tutelle à Rabat. La lettre du 29 avril 2013 est classée « Confidentiel/Très urgent », elle est signée de Mohamed Loulichki, l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations Unies.

 

Cette missive fait état d’une demande de la Syrie auprès de l’ONU, intervention qui met visiblement la France dans tous ses émois : Damas vient de sommer l’ONU de placer Al-Nosra sur la liste des organisations terroristes... Le courrier diplomatique marocain rapporte l’embarras de Paris qui « considère politiquement inconcevable de s’opposer à l’inscription d’Al-Nosra sur la liste des sanctions. Toutefois il est important pour la France qu’une telle inscription s’opère à travers des canaux autres que la Mission syrienne et de couper l’herbe sous les pieds de la Syrie qui a toujours assimilé l’opposition syrienne à des groupes terroristes ».

 

Que faire pour éviter l’opprobre à Al-Nosra-Al-Qaïda, organisation bien vue de Fabius ? Toujours selon le courrier marocain, Paris a imaginé une réplique qui est le « résultat de plusieurs semaines de négociations ». La ruse, qui a été approuvée par le Royaume-Uni, consiste à ajouter discrètement le nom d’Al-Nosra à la liste des sanctions qui frappe Al-Qaïda en Irak. Ainsi l’initiative de Bachar serait contrée et les « rebelles » aimés de Paris moins stigmatisés...

 

Cette lettre de l’ambassadeur du Maroc continue d’être instructive quand on lit sous la plume de l’excellence la position de Riyad face à une mise au pilori d’Al-Nosra : « L’Arabie Saoudite nous a déjà communiqué ses craintes quant à la perspective de l’inscription d’Al-Nosra et son instrumentalisation pour établir un lien entre le terrorisme et les pays qui soutiennent les groupes armés de l’opposition syrienne ». Cette phrase mérite une traduction un peu plus brutale, avec des circonvolutions Riyad dit la chose suivante : « Impossible de stigmatiser Al-Nosra alors que nous soutenons, armons et finançons ce groupe. Impossible qu’il soit dit et écrit que nous sommes des alliés du terrorisme ».

 

Finalement, le 31 mai 2013, la France de Fabius va perdre le match, l’ONU couche Al-Nosra sur sa liste noire. Avec des sursauts encouragés par Paris les « rebelles » tentent en permanence d’en être rayés. Ainsi, en septembre 2014, quand Al-Nosra libère 45 Casques bleus qu’il détient en otage, le Quai d’Orsay appuie discrètement la demande des élèves de Ben Laden qui exigent, en échange, d’être rayés de la « Liste des sanctions ». Le « deal » n’a pas marché, mais il est en mouvement depuis que John Kerry, bien longtemps après Fabius et le ministre des Affaires étrangères du Qatar, est venu à son tour approuver le bon travail d’Al-Qaïda en Syrie.

 

 

 

Par Jacques-Marie BOURGET - legrandsoir.info – le 26 juin 2015.

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Le cadeau empoisonné de J. Kerry à V. Poutine

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Photo : J. Kerry et S. Lavrov

 

Le cadeau empoisonné de J. Kerry à V. Poutine

Par Karine Bechet-Golovko (*)

 

La visite éclair, et pour le moins chaleureuse, de J. Kerry, secrétaire d’État américain à Sotchi, après l’ambiance délétère de la visite de A. Merkel, oblige à tirer quelques conclusions. Tout d’abord, ces deux visites consécutives sont à analyser à la lumière l’une de l’autre, éclairant tout autant la répartition des rôles à l’intérieur du clan euroaméricain que la domination sans partage des États-Unis sur l’Europe, domination clairement assumée en public. Ensuite, l’évolution du discours semble réorienter les centres d’intérêt à court et moyen terme de la politique américaine vers le Moyen-Orient, laissant l’Ukraine plus dans l’ombre. Enfin, si la Russie sait parfaitement réagir et se redresser lorsqu’il y a péril, généralement elle commet des fautes lorsque la situation se détend. Autrement dit, combien pourrait coûter à la Russie le changement (temporaire) d’humeur des États-Unis, sachant que le Président est sortant ?

 

 

L’affirmation sans complexe de la domination américaine

 

Autant la visite de la chancelière A. Merkel s’est mal passée, le ton était dur, l’annexion de la Crimée, le danger pour l’équilibre géopolitique, autant les rapports sont amicaux avec J. Kerry. Autrement dit, les Européens ont eu le rôle du méchant qui doit tenir une position de principe inflexible, les États-Unis peuvent eux se permettre plus de souplesse, de la realpolitik, permettant la défense de leurs intérêts nationaux. C’est l’avantage du chef, la souplesse. Les autres exécutent.

 

Et cette attitude est visible au sujet des sanctions américaines et européennes contre la Russie, adoptées par les États-Unis et l’UE. Tout d’abord, J. Kerry se permet d’annoncer au nom des États-Unis et de l’UE la possibilité réelle d’annuler prochainement certaines sanctions et à terme et sous certaines conditions les autres sanctions. Reste à déterminer lesquelles.  Le ministre russe des Affaires étrangères, S. Lavrov, n’a pas voulu entrer dans la négociation de marchand de tapis : ce n’est pas la Russie qui a adopté ces sanctions, ce n’est pas à elle de déterminer leur mécanisme d’annulation. 

 

Intéressant, car en général, J. Kerry évite de parler aussi directement au nom de l’UE. Donc, officiellement, ce sont les États-Unis qui décident de ce qui doit être ou pas. Et cela est affirmé à la face du monde. Et ce revirement de position est intéressant, car manifestement l’UE n’a pas été mise au courant. Tout d’abord, parce que J. Kerry ne lie plus les sanctions à la Crimée, comme l’affirmait encore J. Psaky, porte-parole du Département d’État, à la mi-mars. 

 

Et l’UE avait bien docilement suivi la voie américaine, le comité des affaires étrangères du Parlement européen ayant prévu un projet de renforcement des sanctions contre la Russie, qui doit être adopté en juin. Ce projet indiquant « l’annexion de la Crimée » comme un des fondements, l’autre étant « l’agression russe » en Ukraine. Donc pour favoriser la paix, les députés européens prévoient de discuter de la question de l’aide militaire de l’Ukraine. Concrètement, l’UE a un train de retard. C’est souvent le problème lorsque l’on ne peut souverainement décider de sa politique. Et l’UE n’étant souveraine à aucun point de vue, ne peut être dépendante que, dans le meilleur des cas, des choix politiques des États qui la composent, soit, en cas de défaillance de ceux-ci (ce qui est le cas), d’une force extérieure dominante. Et en l’occurrence, les États-Unis lancent un signal de recul sur le dossier ukrainien.

 

Encore un petit détail. Si le dossier ukrainien continue sur cette voie, le refus de la France de livrer les Mistrals va sembler de plus en plus ridicule. Il faut dire que les États-Unis avaient mis le paquet pour calmer l’esprit présidentiel, surchauffé par la défense de l’intérêt national. Du coup, en contrepartie, la société à St Nazaire qui construit les Mistrals a reçu une commande de la part des États-Unis pour des bâtiments civils d’un montant supérieur à celui de la commande des Mistrals. Comme le note l’analyste russe P. Shipilin, les États-Unis ont ainsi su récompenser leurs partenaires français, et par là même calmer l’ego national.

 

 

Négociation de l’Ukraine contre le Moyen-Orient

 

Quelques signes ne trompent pas. Tout d’abord, alors que l’Ukraine était officiellement à l’ordre du jour et que la célèbre dame aux petits pains, V. Nulland (qui avait distribué des petits pains aux manifestants et mis de force dans les mains des policiers sur la place Maïdan), responsable du dossier ukrainien pour le Département d’État, accompagnait J. Kerry, celle-ci est restée à la porte des négociations. Physiquement. Elle n’a pas été autorisée/invitée à y prendre part. Ce qui, de l’avis des journalistes présents, l’a fait bouillir de rage. Elle qui défend une position radicale sur le dossier ukrainien était inquiète de la tournure des évènements.

 

Ensuite, ces jours-ci, P. Poroshenko a annoncé à la presse ukrainienne que l’armée ukrainienne reprendrait rapidement l’aéroport de Donetsk, qui avait été abandonné après de longs combats. Malgré le cessez-le-feu, des coups de feu étaient toujours tirés dans la zone, mais aucune grosse offensive n’était lancée contre l’aéroport. J. Kerry, lorsque son opinion lui a été demandée, a clairement répondu : 

« Je conseillerais à l’Ukraine de bien réfléchir avant de prendre de telles décisions ». 

Il semblerait que le Président ukrainien n’ait pas bien compris les paroles de Kerry, l’attaque de l’aéroport s’étant intensifiée aujourd’hui.

 

En revanche, le sujet qui inquiète largement le Pentagone aujourd’hui est le Moyen-Orient. Les relations des États-Unis avec les pays clés dans la région ne sont pas simples, ils reconnaissent avoir commis des erreurs stratégiques, et ont besoin d’aide notamment sur le dossier syrien. Et cette aide doit venir de la Russie. Alors, finalement, l’enlisement de l’Ukraine peut attendre.

 

C’est surtout ce point qui a justifié la visite éclair et constructive du secrétaire d’État américain, la veille de l’ouverture du sommet de l’OTAN en Turquie. Et c’est cet enjeu pour la politique américaine qui a déterminé le ton de la discussion, ton que S. Lavrov a qualifié de miraculeux. 

 

 

Les enjeux pour la Russie

 

À ce jeu de menteurs, l’intérêt de la Russie n’est pas négligeable, mais la pente est glissante. Les États-Unis, comme le souligne un analyste russe, El Murid, ont pour habitude d’utiliser tous les moyens pouvant contribuer à la réalisation de leur but et ne sont jamais enclins au compromis. Autrement dit, l’intérêt aujourd’hui de la politique américaine oblige à faire alliance avec la Russie pour désamorcer la situation au Proche Orient, car la Russie, justement, y a une bonne réputation. Mais une fois l’affaire réglée, quelle sera l’orientation de la politique américaine ? L’Ukraine restera toujours un point faible tant que l’état de droit n’aura pas été restauré et affirmer que, sans la Crimée, son entrée dans l’OTAN ne poserait pas de problèmes de sécurité à la Russie doit être analysé à deux fois.

 

Car quelles seraient les garanties apportées à la Russie ? Une reconnaissance par les États-Unis de la Crimée ? On peut sérieusement en douter. La promesse que la Russie ne sera plus inquiétée sur ce dossier ? Et que vaut cette promesse faite par un gouvernement très rapidement sortant ? L’Histoire a montré que les promesses faites par les États-Unis ne valent pas cher, car elles tiennent le temps nécessaire à l’intérêt du pays.

 

Par ailleurs, l’annulation des sanctions prises par les États-Unis et l’UE contre la Russie va obliger la Russie à remettre en cause également ses sanctions. Or, cela revient à rouvrir totalement le marché, qui est aujourd’hui protégé. Les petites entreprises russes qui commencent à se développer et à tisser un véritable maillage économique ne vont, pour la majorité (et comme elles l’affirment elles-mêmes) pas pouvoir survivre, car elles ne sont pas encore concurrentielles en milieu ouvert et n’auront pas le temps de le devenir. Autre question qui se pose, celle de la ténacité politique du Gouvernement. Avec l’entrée en vigueur des sanctions, une forte politique de stimulation économique nationale est mise en œuvre, sera-t-elle poursuivie en cas même de simple allègement ? On peut en douter.

 

Bref, la Russie a, théoriquement, à y gagner la reconnaissance de la Crimée, l’annulation des sanctions, la normalisation des relations internationales. Elle a à y perdre son redressement économique, sa position et son image au Moyen-Orient, le Donbass, la neutralité de l’Ukraine. Ce qui est moins théorique. 

 

En guise de conclusion, la venue de J. Kerry est à prendre avec des pincettes. Le fait même de sa venue, après 6 ou 7 annulations de dernière minute cette année, est en soi un signe de la réorientation de la politique américaine. Mais cela n’indique pas en quoi ce changement est profond et pérenne. Cela n’indique pas que ce changement soit réellement et également dans l’intérêt de la Russie. C’est pourquoi le cadeau peut-être empoisonné. 

 

 

 

Par Karine Bechet-Golovko (*) - russiepolitics.blogspot.ch – le 13 mai 2015

 

 

(*) Karine Bechet-Golovko est une Française et une experte en droit russe, professeur invité à la faculté de droit l’Université d’État de Moscou (Lomonossov). Elle anime le blog RussiePolitics dédié à l’analyse politico-juridique de l’actualité en Russie. (Source : fr.sputniknews.com).

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