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Un extrémiste dangereux à la tête de l’armée de Kiev

Par Patrice de Plunkett (*)

 *

Dmytro Iaroch nommé « conseiller »

du chef d’état-major :



Cette décision appelle six commentaires :

 

► M. Dmytro Iaroch est sous le coup d’un mandat d’arrêt d’Interpol depuis juillet 2014, pour « appel au terrorisme ». Il considère comme « trop mou » le parti Svoboda, naguère Parti social nationaliste d’Ukraine... (Ukrainska Pravda, 04/02/2014).

 

Pravyi Sektor est un mouvement national-socialiste qui se réclame de juin 1941.

 

► C’est un mouvement paramilitaire, doté d’unités engagées sur le front du Donbass : le « Corps des volontaires ukrainiens », seule formation kiévienne à se battre vraiment* (l’infanterie officielle étant déficiente). Pravyi Sektor fut le bras armé du putsch de Maïdan en février 2014. Il a organisé un certain nombre de pogroms russophobes, comme l’incendie de la Maison des syndicats d’Odessa le 2 mai 2014 : 40 morts et 200 blessés.

 

Ce mouvement national-socialiste était financé par l’oligarque Kolomoïski, rival du président Porochenko et gouverneur (démissionnaire) de Dniepropetrovsk. C’est désormais le ministère kiévien de la Défense qui le financera.

 

► Interviewé par Le Monde**, un porte-parole de M. Iaroch se réjouit : « Nos combattants seront désormais bien armés ». Des armes lourdes américaines, transitant discrètement par Varsovie et Vilnius, équiperont donc des nostalgiques de 1941... Washington n’avait encore rien fait d’aussi obscène : même au temps où la CIA armait les escadrons de la mort en Amérique latine

 

► Le terme « conseiller du chef d’état-major » est un euphémisme, car :


1. le chef d’état-major officiel (Viktor Moujenko) étant une nullité et l’ayant prouvé, Iaroch arrive comme patron à poigne ;


2. Iaroch travaille en liaison étroite avec l’actuel Premier ministre Iatseniouk depuis le putsch armé de Maïdan ;


3. l’intégration officielle des bataillons bruns dans l’armée de Kiev crée une situation sulfureuse. Dixit le porte-parole de l’armée, Oleksii Mazepa : « Nous voulons être unis face à l’ennemi et notre objectif est la coopération des bataillons de volontaires au sein des forces armées ». Mais ces bataillons ont deux buts non dissimulés : empêcher la paix à l’est et faire pression sur le président Porochenko ; voire l’éliminer si besoin est. « Si M. Porochenko ne se reprend pas, il aura le sort de Ianoukovitch, nous aurons un nouveau président et chef des armées », déclarait M. Iaroch en septembre 2014.

 

Il dit aussi : « Notre attitude envers les Russes, tout comme à l’égard d’autres représentants des minorités ethniques, s’inscrit pleinement dans la méthodologie proposée par Stepan Bandera » (Ce dernier était le chef des nationalistes ukrainiens proallemands en 1941). Dans la bouche de M. Iaroch, « méthodologie » veut dire « épuration ethnique ».

 

 

Dmytro Iaroch, « objectifs pour un État national-ukrainien »:

 

  •  obliger Kiev à couper les gazoducs à destination de l’Europe,
  •  obliger l’Europe à résilier ses contrats avec la Russie,
  • obliger les États européens à choisir leur camp (« pour ou contre la Russie ») en matière économique, énergétique et militaire.

(mars 2014)

 

 

Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com – le 7 avril 2015

 

(*) Patrice de Plunkett est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine. (Source : Wikipédia)

 

 

Notes :

[1] ainsi que deux autres formations ouvertement nationales-socialistes : les bataillons Azov et Aïdar (financés eux aussi par l’oligarque Kolomoïski). Ce sont ces combattants bruns qui ont perdu la bataille de l’aéroport de Donetsk contre les rebelles « novorusses ».

[2] Collant à la ligne de Washington, Le Monde s’évertue à ne pas voir de nazis là où il y en a vraiment. Cf les articles de Vitkine minimisant les gros défilés à la gloire des SS dans les pays baltes. Ou affirmant que le drapeau de 1941 arboré dans Kiev est l’emblème d’une « lutte antiautoritaire ».