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Qui a signé la condamnation à mort de la France en 1940 ? (partie I/II)

Qui a signé la condamnation à mort de la France en 1940 ? (partie I/II) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : chars allemands en France. Ni Paris ni Londres ne s’attendaient à ce que Hitler ne se risque à une véritable attaque de l’Occident. Ce qui explique pourquoi ils sont tombés si rapidement.

 

 

Qui a signé la condamnation à mort de la France

en 1940 ? (partie I/II)

Par Nikolay STARIKOV (Russie)

 

 

C’est quelque chose que vous devriez savoir : chaque fois que nous aurons à choisir entre l’Europe et le Grand Large, nous choisirons toujours le Grand Large.

Winston Churchill [1]

 

Il avait suffi d’un revers sur le continent pour que la Grande-Bretagne voulût s’absorber dans sa propre défense ».

Charles de Gaulle [2]

 

Le 6 octobre 1939, deux semaines après la chute de Varsovie et la fin de la campagne de Pologne, Hitler a parlé au Reichstag :

 

« Mon effort principal a été de débarrasser nos relations avec la France de toute trace de mauvaise volonté et les rendre supportables pour les deux nations… L’Allemagne ne demande rien d’autre à la France… J’ai même refusé d’évoquer le problème de l’Alsace-Lorraine… En France, j’ai toujours exprimé mon désir d’enterrer pour toujours notre ancienne inimitié et de rassembler ces deux nations, qui ont toutes deux un passé si glorieux…

J’ai consacré au moins autant d’efforts pour construire une entente anglo-allemande, et, mieux encore, une amitié anglo-allemande. À aucun moment et en aucun lieu, jamais, je n’ai agi à l’encontre des intérêts britanniques… Aujourd’hui encore, je crois qu’il ne peut y avoir de paix véritable en Europe et dans le monde que si l’Allemagne et l’Angleterre arrivent à s’entendre. (William Shirer. The Rise and Fall of the Third Reich , p. 576)

 

 

En lisant la transcription de l’allocution de Hitler, on pourrait penser qu’il s’agit des sentiments du plus grand Pacificateur de tous les temps et de toutes les nations, et non du discours du plus grand criminel de l’histoire de l’humanité.

 

Au cours de sa carrière politique, le Führer a parlé souvent et longuement de paix, tout en se préparant pour la guerre. Mais il y avait quelque chose de spécial au sujet de ce discours. C’était comme s’il parlait à d’invisibles associés à Londres et à Paris, essayant de les convaincre en expliquant une fois de plus sa position, pour tenter d’influencer leur décision, bien qu’il y a peu de doute qu’il la connaissait déjà.

 

Quel était le but de Hitler, en faisant ce discours ? Se défendre devant les générations futures ? Afficher son désir fictif de paix devant la nation allemande, afin que plus tard, il lui soit plus facile de lancer son peuple dans l’enfer de la plus terrible des guerres ? C’est possible. Mais il me semble que ceux auxquels était destiné ce discours ne représentaient que quelques dizaines de personnes qui tentaient d’évaluer la politique de la Grande-Bretagne et avec elle, les futurs événements de l’histoire.

 

Pourquoi cette guerre en Occident devrait-elle avoir lieu ? Pour la restauration de la Pologne ? La Pologne du traité de Versailles ne ressuscitera jamais… La question du rétablissement de l’État polonais est un problème qui ne sera pas résolu par une guerre en Occident, mais exclusivement par la Russie et l’Allemagne… Il serait insensé d’anéantir des millions d’hommes et détruire des biens valant des millions afin de reconstruire un État qui, dès sa naissance même, a été appelé à avorter par tous ceux qui ne sont pas d’origine polonaise.

 

Quelle autre raison existe-t-il ?…

 

Si cette guerre doit vraiment être menée uniquement pour mettre en place un nouveau régime en Allemagne… alors des millions de vies humaines seront sacrifiées pour rien… Non, cette guerre en Occident ne peut pas régler tous les problèmes… (ibid., 641)

« à aucun moment et en aucun lieu, jamais, je n’ai agi à l’encontre des intérêts britanniques » prétend Hitler.

 

Quels mots étranges ! Qu’essayait-il de rationaliser devant ceux qui avaient déclaré la guerre à son pays ? « Les intérêts allemands ne sont pas contraires aux intérêts britanniques », c’est ce qu’il aurait dû dire. Avec un « mais » – seulement si Adolf Hitler avait lui-même pris le pouvoir dans son propre pays et que personne d’autre que les industriels allemands n’avaient mis la main dans sa carrière. Mais nous avons déjà montré comment l’Angleterre, la France et les États-Unis ont joué un rôle dans la mise en place du régime nazi.

 

Ainsi, Adolf Hitler était en train de justifier devant ses sponsors britanniques le fait qu’il était en train de s’affranchir de leur contrôle et qu’il allait couper la « laisse ». Et il essayait d’argumenter avec un point important : malgré ce qui est arrivé, il n’avait pas empiété sur leur empire et voulait seulement traiter avec eux comme un égal. C’est ce que voulaient dire ses observations sur le fait que l’Occident n’avait pas besoin d’une guerre.

 

Mais les discours d’Hitler n’étaient pas un appel pour la paix. C’était une tentative pour secouer les Britanniques et les Français et les sortir de leur réticence obstinée à faire de l’Allemagne un partenaire à part entière sur la scène politique internationale. Leurs différences se résumaient à quelque chose de très simple : Hitler voulait d’abord s’assurer qu’il recevrait un traitement d’égal à égal, et alors seulement il serait prêt à frapper la Russie, qu’il avait toujours haïe.

 

Mais les dirigeants occidentaux refusaient d’accueillir les Allemands à leurs côtés à la même table, tant que Berlin ne s’était pas acquitté de son devoir d’écraser la Russie/l’USSR. Ils voulaient que Hitler retire les troupes allemandes du territoire polonais et restaure l’État polonais. Dans quel but ? Afin d’atteindre l’objectif de longue date de la politique occidentale, qui devait provoquer un conflit entre l’Allemagne et la Russie. Après tout, il était peu probable que Staline accepte de rendre tout simplement les terres qui avaient été cédées à l’Union Soviétique avec le Pacte de non-agression germano-soviétique. Les conditions de la « restauration de la Pologne » sonnaient bien, mais en fait, n’avaient rien à voir avec la paix sur le continent européen, mais étaient plutôt pour remplacer une guerre « étrange » par une autre, plus « correcte ».

 

Les pensées que Hitler a exprimées du haut de la tribune du Reichstag le 6 octobre 1939 avaient déjà été relayées aux dirigeants du Royaume-Uni et des États-Unis par l’entremise de canaux confidentiels. Le 26 septembre 1939, Hitler a personnellement chargé Hermann Göring de la nécessité de communiquer ces idées à Londres via un intermédiaire le Suédois Birger Dahlerus. Dans le même temps, le Führer utilisait un magnat du pétrole américain, William Rhodes Davis, pour transmettre ses propositions au Président Roosevelt. Ainsi, les propositions de paix d’Hitler étaient destinées à tomber sur un sol très « fertile ». Ce qui signifie qu’il y avait de bonnes chances pour que le chef allemand voie l’Occident changer de position et accepter de discuter les conditions préalables pour que l’Allemagne rejoigne l’ordre existant du monde anglo-saxon. C’est pourquoi le discours d’Adolf Hitler avait tant d’accents pacifiques, assez pour que l’on puisse l’attribuer à n’importe quel éminent « militant pour la paix mondiale. » Le lendemain, les gros titres ont fait la une de l’ensemble des journaux allemands : « Volonté de l’Allemagne pour la paix », « L’Allemagne ne veut la guerre ni contre la France ni l’Angleterre – aucune autre réclamation, sauf pour les colonies ». « Réduction des armements » (ibid., 642)

 

Maintenant, les gouvernements de la Grande-Bretagne et de la France pourraient, du point de vue du Führer, prêter main-forte au troisième Reich sans perdre la face. Après tout, ce n’était pas eux qui avaient demandé la paix, mais l’Allemagne elle-même. Donc, les ouvertures de paix d’Hitler à l’Occident étaient très probablement tout à fait sérieuses. Mais avec l’intention, plus tard, de les transformer en une guerre avec l’Est. Mais les initiatives du Führer sont restées sans réponses. Ou plutôt, la réponse fut non. Le lendemain, le 7 octobre 1939, le Premier ministre français Édouard Daladier dit à Hitler que la France ne déposerait les armes que quand des garanties pour une « paix réelle et la sécurité générale » auraient été obtenues (ibid., 643). Le 12 octobre 1939, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain qualifie les propositions d’Hitler de « vagues et incertaines ». Mais ce que l’Anglais a ajouté ne devrait pas être incompris. Le dirigeant britannique a déclaré que si l’Allemagne voulait la paix, « des actes – pas seulement des mots – devraient suivre. » Hitler devait montrer à Londres des « preuves convaincantes » qu’il voulait vraiment la paix, c’est-à-dire, qu’il devait attaquer l’URSS.

 

Que pouvait faire Adolf Hitler ? Il a offert la paix et celle-ci avait été rejetée. Il ne lui restait plus qu’à se préparer à se battre. Donc, il a attendu trois jours, ensuite il a donné l’ordre d’élaborer un plan pour balayer l’ennemi qui était le plus proche, celui qu’il avait à portée de main – la France.

 

Nous ne saurons jamais ce que Adolf Hitler voulait vraiment ou à quel point ses intentions de décimer les Français étaient sérieuses. Mais en regardant certains faits, nous pouvons discerner que son idée principale était encore de négocier avec l’Occident. Quels sont les faits ? Par exemple, si Hitler avait vraiment voulu se battre contre Londres et Paris, il n’aurait pas empêché les marins allemands de mener à bien ce qui aurait dû être une mission sans ambiguïté, c’est-à-dire, couler les navires ennemis.

 

Mais la marine allemande a commencé les combats avec un tel héroïsme que le Führer a dû rapidement intervenir afin de freiner ses capitaines trop zélés. Au cours de la première semaine de la guerre, les Allemands ont coulé 11 navires, pour un total de 64 595 tonnes. Si cela avait continué, il n’y aurait plus eu, bientôt, que des sous-marins allemands autour des îles britanniques. Après la première semaine, il y eut alors un véritable miracle : le tonnage des navires anglais qui furent coulés pendant la deuxième semaine de la guerre ne s’élevait plus qu’à seulement 51 561, puis 12 750 tonnes dans la troisième semaine et seulement 4 646 tonnes à la quatrième (ibid., 635).

 

Qu’est-ce qui a conduit à cette perte d’efficacité des sous-marins allemands ? Peut-être les Britanniques avaient-ils appris à les couler ? Ou les capitaines des navires britanniques étaient-ils devenus plus prudents et plus expérimentés ? Non, les marins britanniques eux-mêmes ont été surpris par ces chiffres. Mais ce n’est pas difficile de comprendre comment ce « miracle » s’est produit. Hitler a demandé à ses commandants de marine de ne pas couler les navires anglais et français ! L’Amiral allemand Erich Raeder note dans son journal que la politique générale a été pour l’essentiel « de faire preuve de retenue jusqu’à ce que la situation politique dans l’ouest soit devenue plus claire » (ibid., 636). Il y avait un incident bien connu, dans lequel un capitaine de sous-marin allemand a demandé la permission d’attaquer un navire de guerre français, le Dunkerque, qui était dans une position vulnérable, mais la permission lui a été refusée. [3] le Führer ayant personnellement interdit l’attaque !

 

L’histoire de l’attaque de Hitler contre la France semble tout aussi improbable. Hitler avait tout d’abord programmé l’offensive pour le 12 novembre 1939 [4], mais elle n’a en fait eu lieu que le 10 mai 1940. Au cours de cette période, Hitler a reporté l’offensive 20 fois ! [5] (il est intéressant de noter que le premier retard dans l’offensive s’est produit après la tentative d’« assassinat préventif » contre Hitler orchestré par des agents secrets britanniques le 8 novembre 1939 dans la salle de la bière Bürgerbräukeller à Munich).

 

Comment les Britanniques et les Français se sont-ils préparés à repousser son agression ? Parfois, il semblait que jusqu’à la fin ils ne pouvaient simplement pas croire que le Führer se déciderait à bouger. Alors même que les combats faisaient rage en Norvège entre les forces allemandes et britanniques, les Britanniques ont toujours gardé leurs avions au sol. Seuls quelques avions ont effectué quelques raids – dans un premier temps au cours de la journée et puis surtout pendant la nuit. Durant ces sorties, les avions britanniques ont continué à lâcher d’innombrables tracts de propagande destinés au public allemand. Et cette idylle dura jusqu’en mai 1940, c’est-à-dire jusqu’au début de l’offensive allemande.

 

 

 

Par Nikolay STARIKOV (Russie)- ORIENTAL REVIEW - le texte original a été adapté pour la traduction en anglais par ORIENTAL REVIEW - traduit par Avic – Réseau International – le 26 mai 2015

 

Source : ORIENTAL REVIEW publie en exclusivité des chapitres provenant de la recherche documentaire de Nikolay Starikov « Qui a poussé Hitler à attaquer Staline » (Saint-Pétersbourg, 2008). M. Starikov est historien russe et activiste civil. Le texte original a été adapté pour la traduction en anglais par ORIENTAL REVIEW

 

NOTES :

[1] Charles de Gaulle, The Complete guerre mémoires de Charles de Gaulle (New York : Carroll & Graf Publishers, 1998) 557.

[2] ibid.. , 59.

[3] Albert Speer. À l’intérieur du troisième Reich. Mémoires (New York : Simon & Schuster, 1997) 165.

[4] Franz Halder. Le journal de guerre de Halder, 1939-1942 (Novato, CA: Presidio Press, 1988) 672.

[5] Hans-Adolf Jacobsen, 1939-1945. Belaïa Mirovaïa Voina / / Vtoraya Mirovaïa Voina : Dva Vzglyada. 13.

 

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Voir la partie II/II ici : http://sco.lt/5c1LRh


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POUR EN FINIR AVEC LE MYTHE CHURCHILL

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Photo : lepeuple.be


 

POUR EN FINIR AVEC LE MYTHE CHURCHILL

 


Le cinquantenaire de la mort de Churchill (jan 1965) est l’occasion de rappeler quelques vérités qui feront tomber de son piédestal cette figure tutélaire. Avant de devenir l’icône de la résistance au nazisme, Winston Churchill a d’abord été un fervent défenseur de l’Empire britannique et un anti-bolchevique convaincu, un antisémite, mais aussi un malin.



— En 1919, Winston Churchill alors Secrétaire d’État à la Guerre décide d’utiliser les grands moyens : « Les Arabes et les Kurdes savent maintenant ce que signifie un véritable bombardement. En 45 minutes nous sommes capables de raser un village et de tuer ou blesser un tiers de sa population. » Il poursuit : « Je ne comprends pas la sensiblerie par rapport à l’utilisation du gaz contre des tribus non civilisées »

 

— Winston Churchill présenta un Livre blanc en 1926, dans lequel le gouvernement britannique réaffirmait qu’il allait créer un foyer national juif en Palestine (y compris sur des terres déjà habitées). Sioniste le Churchill ? En tout cas antisémite en témoigne ses textes: « Il se peut en effet qu’involontairement, les juifs invitent à la persécution, qu’ils soient en partie responsables de l’hostilité dont ils souffrent ». Il serait facile d’attribuer l’hostilité aux Juifs à la méchanceté des persécuteurs, mais cela ne concorde pas avec tous les faits. Le fait central qui domine les relations entre Juif et non-juif est que le Juif est « différent » ». « Il a l’air différent. Il pense différemment. Il a une tradition et un héritage culturel différents. Il refuse d’être assimilé ».

 


— Après la bataille de Stalingrad, en 1943, qui s’était soldée par une défaite de la Wehrmacht, Churchill et Roosevelt se sont réunis le 20 août à Québec. À l’ordre du jour figurait le retrait éventuel des États-Unis et de la Grande-Bretagne de la coalition antihitlérienne et leur entrée en alliance avec les généraux nazis pour combattre ensemble l’Union soviétique. Difficilement tenable cette position est finalement abandonnée, ils se contenteront de retarder l’ouverture d'un second front en 1944.

L’opération Unthinkable fut tout de même un projet britannique qui visait à attaquer l’Union soviétique à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La création du plan a été or-donnée par Winston Churchill et mise au point par l’armée britannique. Toutefois, elle ne fut jamais mise en œuvre du fait de de l’importance des forces soviétiques déployées en Europe. Ces plans ne furent rendus publics qu’en 1998.

 


— Octobre 1944, les nazis viennent tout juste de se retirer de Grèce qu’un corps expéditionnaire britannique installe à Athènes le gouvernement, sous tutelle d’un gouverneur militaire britannique, Ronald Scobie. Churchill demande au gouverneur militaire d’écraser la rébellion communiste qui reprend les armes, car elle se rend compte que les collabos grecs (les mains encore sanguinolentes) sont toujours au pouvoir. Une centaine de milliers d’hommes sont détournés du front italien et du combat contre les nazis pour mater la résistance communiste. C’est le début de la guerre civile qui dura 4 ans et qui couta la vie à 150.000 individus.

 


— Lors de son second passage au 10 downing street, il réprima la révolte Mau Mau au Kenya avec énergie (11.000 morts) ou alors n’hésita pas de bombarder à l’agent orange la Malaisie pour mater la rébellion. Tout cela pour conserver une partie d’empire. En fait il a bien résumé son action en déclarant : « nous sommes tous des assassins, mais l’important est d’être du côté des vainqueurs » peut être pensait-il alors au bombardement de Dresde en février 1945 qu’il avait ordonné sans que la Venise de l’Elbe ne fût en rien stratégique, sinon qu’elle s’apprêtait à devenir est-allemande (120.000 morts)…

 

 

Voir aussi : QUAND LES AMÉRICAINS VOULAIENT GOUVERNER LA FRANCE

.

« Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation »… Friedrich Engels

 

 

Par Robert Gil - 2ccr.unblog.fr – le 28 février 2015

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Et "ceux" d'aujourd'hui ne sont pas meilleurs, même arborant de beaux sourires, il faut le savoir.


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La Seconde Guerre mondiale organisée par les ploutocrates anglo-américains (I/II)

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La Seconde Guerre mondiale organisée par

les ploutocrates anglo-américains (I/II)

Par Valentin KATASONOV(*)

 

La guerre n’a pas été déclenchée par un Führer enragé qui se trouvait à diriger l’Allemagne à cette époque. La Seconde Guerre mondiale est l’œuvre d’une oligarchie mondiale, ou plus précisément des ploutocrates anglo-américains.

 

Utilisant des instruments tels que la Réserve fédérale US et la Banque d’Angleterre, ils ont commencé à se préparer pour le prochain conflit d’ampleur mondiale immédiatement après la Première Guerre mondiale. Leur cible était l’URSS.

 

Les plans Dawes et Young, la création de la Banque des règlements internationaux (BRI), la suspension du paiement des réparations par l’Allemagne prévues par le Traité de Versailles et l’acquiescement des anciens alliés de la Russie à cette décision, les investissements étrangers massifs dans l’économie du Troisième Reich, la militarisation de l’économie allemande et les violations du Traité de Versailles sont autant de jalons sur le chemin conduisant à la guerre.

 

Derrière ce complot se tenaient des personnages-clefs : les Rockefeller, les Morgan, Lord Montagu Norman (gouverneur de la Banque d’Angleterre) et Hjalmar Schacht (président de la Reichsbank et ministre de l’Économie du gouvernement de Hitler). Le programme stratégique des Rockefeller et des Morgan était de subjuguer l’Europe économiquement, de saturer l’Allemagne d’investissements et de crédits étrangers, et de l’amener à délivrer un coup mortel à la Russie soviétique, afin que celle-ci revienne au capitalisme en tant que colonie.

 

Montagu Norman (1871-1950) a joué un rôle important d’intermédiaire dans le dialogue entre les milieux financiers américains et les chefs d’entreprise allemands. Hjalmar Schacht a organisé la reconstitution du secteur défense de l’économie allemande. L’opération menée par les ploutocrates était dissimulée par des politiciens tels que Franklin Roosevelt, Neville Chamberlain et Winston Churchill. En Allemagne, ces projets étaient exécutés par Hitler et Hjalmar Schacht. Selon certains historiens, Hjalmar Schacht a joué un rôle plus important que Hitler. Seulement, il restait dans l’ombre.

 

À l’issue de la Première Guerre mondiale, le Plan Dawes visait à compromettre la Triple Entente et à collecter les réparations de guerre auprès de l’Allemagne. Le Plan Dawes (proposé par le Comité Dawes, présidé par Charles G. Dawes) désignait une tentative faite en 1924 de résoudre le problème des réparations, qui avait miné la politique internationale après la Première Guerre mondiale et le Traité de Versailles (la France, réticente, a perçu plus de 50 % du montant des réparations).

 

Entre 1924 et 1929, l’Allemagne a reçu 2,5 milliards de dollars des États-Unis et 1,5 milliard de la Grande-Bretagne dans le cadre du Plan Dawes. Il s’agit de sommes considérables, qui correspondent à 1 trillion (mille milliards) de dollars d’aujourd’hui. Hjalmar Schacht a joué un rôle actif dans la mise en œuvre du Plan Dawes. En 1929, il a résumé les résultats en déclarant qu’en 5 ans, l’Allemagne avait reçu davantage de prêts étrangers que les États-Unis au cours des 40 années ayant précédé la Première Guerre mondiale. En conséquence, en 1929, l’Allemagne était devenue la deuxième puissance industrielle mondiale, devant la Grande-Bretagne.

 

Dans les années 1930, l’Allemagne a continué de bénéficier d’investissements et de prêts. Rédigé en 1929 et adopté officiellement en 1930, le Plan Dawes désignait un programme visant à régler les dettes de guerre allemandes à l’issue de la Première Guerre mondiale. Il a été présenté par le comité présidé (1929-30) par l’industriel américain Owen D. Young, fondateur et ex-premier président de Radio Corporation of America (RCA). À l’époque, Young siégeait également au conseil d’administration de la Fondation Rockefeller, et il avait en outre été l’un des représentants impliqués dans un dispositif de réaménagement des réparations de guerre, le Plan Dawes de 1924.

 

Selon le plan, la Banque des Règlements Internationaux (BRI) a été créée en 1930 pour permettre à l’Allemagne de payer les réparations aux vainqueurs. En réalité, l’argent a pris une tout autre direction, à savoir qu’il est parti des États-Unis et de la Grande-Bretagne pour arriver en Allemagne. Le capital de la majorité des sociétés allemandes ayant une importance stratégique était, intégralement ou partiellement, américain.

 

Une partie était détenue par des investisseurs britanniques. Les secteurs du raffinage du pétrole et de la liquéfaction du charbon de l’économie allemande étaient dans les mains de Standard Oil (les Rockefeller). Le géant de l’industrie chimique Farbenindustrie AG est passé sous le contrôle du groupe Morgan. Quarante pour cent du réseau téléphonique et 30 % des actions de Focke Wulf étaient sous le contrôle de la société américaine ITT. La radio et les géants de l’industrie électrique AEG, Siemens et Osram sont passés sous le contrôle d’American General Electric. ITT et General Electric faisaient partie de l’empire de Morgan. Cent pour cent des actions Volkswagen appartenaient à l’Américain Ford.

 

Au moment où Hitler a accédé au pouvoir, le capital financier US contrôlait quasiment tous les secteurs d’importance stratégique de l’industrie allemande : raffinage du pétrole, production de carburant de synthèse, chimie, construction automobile, aviation, ingénierie électrique, radio, ainsi qu’une grande partie de l’industrie de la construction mécanique (278 sociétés au total). Les grandes banques allemandes, telles que la Deutsche Bank, la Dresdner Bank, la Donat Bank et quelques autres, étaient sous contrôle US.

 

Le 30 janvier 1933, Hitler devenait chancelier d’Allemagne. Auparavant, sa candidature avait été étudiée à la loupe par les banquiers américains. Hjalmar Schacht s’est rendu aux États-Unis à l’automne 1930 pour parler de cette nomination avec des collègues américains. La désignation de Hitler a finalement été approuvée lors d’une réunion secrète de financiers aux États-Unis. Schacht a passé toute l’année 1932 à convaincre les banquiers allemands que Hitler était le meilleur candidat au poste. Il a atteint son objectif. À la mi-novembre 1932, 17 des plus grands banquiers et industriels allemands ont adressé une lettre au Président Hindenburg, dans laquelle ils exigeaient qu’il nomme Hitler chancelier. La dernière réunion de travail des financiers allemands avant l’élection s’est tenue le 4 janvier 1933 à Cologne, au domicile du banquier Kurt von Schröder. Ensuite, le parti national-socialiste est arrivé au pouvoir. Les relations financières et économiques de l’Allemagne avec les Anglo-saxons se sont alors resserrées d’un cran.

 

Hitler a immédiatement annoncé qu’il refusait de payer les réparations de guerre. Il a mis en doute la capacité de l’Angleterre et de la France à rembourser leurs propres dettes de la Première Guerre mondiale aux États-Unis. Washington n’a émis aucune objection à l’annonce de Hitler. En mai 1933, Hjalmar Schacht s’est rendu une nouvelle fois aux États-Unis. Il y a rencontré le président Franklin Roosevelt et les grands banquiers en vue de demander une ligne de crédit de 1 milliard de dollars. En juin de la même année, Hjalmar Schacht s’est rendu à Londres pour s’entretenir avec Montagu Norman. Tout est passé comme une lettre à la poste. Les Britanniques ont consenti un prêt de 2 milliards de dollars. Ils n’ont soulevé aucune objection quant à la décision de l’Allemagne de suspendre le remboursement de sa dette.

 

Selon certains historiens, les Américains et les Britanniques étaient accommodants parce que, dès 1932, l’Union soviétique avait réalisé le plan quinquennal de développement économique en vue d’atteindre de nouveaux sommets en tant que puissance industrielle. Quelques milliers d’entreprises avaient vu le jour, en particulier dans l’industrie lourde. La dépendance de l’URSS à l’importation de produits industriels avait ainsi considérablement diminué. Les chances d’étrangler l’Union soviétique économiquement s’en trouvaient quasiment réduites à zéro. Il a alors été décidé de recourir à la guerre et de lancer la militarisation accélérée de l’Allemagne.

 

Pour celle-ci, l’obtention de crédits américains ne posait aucun problème. Hitler est arrivé au pouvoir dans son pays à peu près en même temps que Franklin Roosevelt aux États-Unis. Les banquiers qui ont soutenu Hitler en 1931 sont précisément ceux qui ont soutenu l’élection de Roosevelt. Une fois en poste, le nouveau président ne pouvait guère faire moins qu’accorder de généreux crédits à l’Allemagne. D’ailleurs, beaucoup ont remarqué la grande similitude entre le New Deal de Roosevelt et la politique économique du Troisième Reich. Rien d’étonnant. Ce sont en effet les mêmes qui assuraient le sauvetage des deux gouvernements tout en les conseillant. Ils représentaient principalement les milieux financiers US.

 

Le New Deal de Roosevelt n’a pas tardé à capoter. En 1937, les États-Unis étaient embourbés dans la crise économique. En 1939, l’économie US tournait à 33 % de sa capacité industrielle (19 % au pire moment de la crise de 1929-1933).

 

Rexford G. Tugwell, un économiste du premier Brain Trust, équipe d’universitaires de l’Université de Columbia mise en place par Franklin Roosevelt et ayant contribué aux recommandations politiques qui ont conduit au New Deal de Roosevelt, écrivait qu’en 1939 le gouvernement avait échoué. La situation est restée figée jusqu’à l’invasion de la Pologne par Hitler. Seuls les puissants vents de la guerre pouvaient dissiper la brume. Quoi que Roosevelt puisse tenter, ses initiatives étaient condamnées à l’échec. (1) Seule une guerre mondiale pouvait sauver le capitalisme US. En 1939, les ploutocrates ont mis en œuvre tous les moyens à leur disposition pour faire pression sur Hitler et l’inciter à lancer une guerre à grande échelle à l’Est.

 

 

 

Par Valentin KATASONOV
(*) – Source strategic-culture - traduit par Gilles Chertier, relu par jj pour le Saker Francophone – le 4 mai 2015

  

(1) P.Tugwell, The Democratic Roosevelt, A Biography of Franklin D. Roosevelt, New York, 1 957, p 477.

 

 

(*) Valentin KATASONOV : professeur au Département de Moscou de l’Institut d’État de Finance internationale, docteur en sciences économiques, membre correspondant de l’Académie des sciences économiques et commerciales. Il fut consultant des Nations Unies (1991-93), membre du Conseil consultatif auprès du Président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) (1993-96), chef du Département des relations monétaires internationales du ministère des Affaires étrangères de la Russie (2001-11). (Source : voltairenet.org)

 

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