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Réflexions générales sur le concept d’« Eurasie »

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Réflexions générales sur le concept d’« Eurasie »

 

 

Conférence préparée pour une rencontre eurasiste à Marseille, le 12 juillet 2014, présentée lors des « Rencontres eurasistes » de Bruxelles, le 18 octobre 2014

 

 

Quand on parle d’eurasisme actuellement, on a tendance à y voir une sorte d’ersatz des idéologies défuntes, qui devrait incessamment en prendre le relais, comme le voulaient par ailleurs les eurasistes des années 20 et 30, dont les démarches ont été analysées avec minutie par le Professeur Marlène Laruelle (1).


Celle-ci démontre le caractère éminemment russe de la démarche eurasiste des années 20 et 30. Par conséquent, si l’Europe, le sous-continent indien, la Chine et d’autres puissances d’Asie centrale ou d’Asie orientale adoptent une stratégie « eurasienne » ou « eurasiste », le concept d’un eurasisme nouveau, conforme aux aspirations de l’Europe ou de ces autres puissances petites ou grandes, doit certes garder son noyau théorique russe, vu la qualité des arguments développés par les eurasistes de l’émigration russe de Berlin, Prague, Bruxelles et Paris entre 1920 et 1940, mais il doit aussi être élargi pour en faire la pratique naturelle des puissances du BRICS et donner corps à la géopolitique pragmatique suggérée à tous par le président kazakh Nazarbaïev, qui assure aujourd’hui les destinées de l’État le plus central de la masse continentale eurasienne, du « Heartland » tel qu’il fut théorisé par Sir Halford John Mackinder en 1904.


Les Chinois et les Japonais (la filière géopolitique « mandchoue » de l’école dite de Tokyo, inspirée par les thèses grandes continentales de Karl Haushofer) apporteront certainement leur pierre au nouvel édifice et la tâche de futures « rencontres eurasistes » pourraient fort bien être d’illustrer et de commenter des travaux réalisés à l’autre extrémité de la masse continentale eurasienne, car la raison pragmatique nous induit tout naturellement à penser que l’avenir de l’Extrême-Orient aurait bien sûr tout à gagner d’un apaisement des tensions récentes entre la Chine et le Japon et à une réactivation des projets d’une grande « sphère de coprospérité est-asiatique » (Daitoa Kyoeiken), théorisés immédiatement avant la Seconde Guerre mondiale par le Prince Konoe, par le ministre japonais des Affaires étrangères Matsuoka Yosuke et par le géopolitologue Sato Hiroshi (qui parlait également d’une « sphère de coprospérité des mers du Sud ») (2).


Sato Hiroshi se réclamait de Haushofer dans la mesure où celui-ci estimait dans ses écrits que le Japon avait pour mission historique de contrôler les espaces de la « zone des moussons », dont la géopolitique américaine d’aujourd’hui reparle d’ailleurs avec grande précision, formulant un projet de contrôle serré de cette zone au départ de bases situées dans l’Océan Indien pour que Washington hérite définitivement, ou du moins durablement, des atouts que possédait l’Empire britannique jusqu’en 1947, année où les deux puissances rivales du sous-continent indien ont acquis leur indépendance (3).

  

 

 

L’Europe-cul-de-sac

 

Aucune perspective géopolitique valable ne peut vouloir ce statut médiocre d’isolé en cul-de-sac, où semblent aujourd’hui se complaire les eurocrates, animés par des idéologies boiteuses, amnésiques, méprisables qui font dire à l’écrivain russe contemporain Édouard Limonov que l’Europe occidentale est devenue un « Grand Hospice ». Déjà au 12e siècle, l’érudit anglais Guillaume de Malmesbury justifiait les Croisades non pas par le désir pathologique de faire la guerre à ses voisins, mais de sortir de ce cul-de-sac pour récupérer les ports d’accès aux routes de la soie, pour ne pas mariner dans un isolement qui conduit à l’implosion, ce que confirme par ailleurs la grande spécialiste allemande contemporaine de l’histoire d’Arménie, Tessa Hofmann (5), quand elle évoque les royaumes arméniens de Cilicie aux 13e et 14e siècles.


Après avoir reçu l’amical aval du grand Empereur Frédéric I Barberousse, ceux-ci branchaient, via les éléments croisés qui structuraient et protégeaient la région, l’Europe occidentale du moyen-âge sur le commerce d’Asie, première tentative de rompre l’encerclement, l’enclavement, qui étouffait l’Europe en occupant durablement la région d’Antioche, en tenant à distance les éléments seldjouks qui prétendaient couper les communications. Les Arméniens du « Comté d’Edesse » ont initié les caravaniers italiens aux routes de la Soie : c’est au départ des ports ciliciens, aux mains des Arméniens et des Croisés, que Nicola et Marco Polo entreprendront leurs voyages vers les immensités asiatiques ou vers la Cour du Grand Khan.

 

 

« Shatterbelt » et « gateway regions »

 

 

Quand on se complait dans l’idée médiocre d’une « Europe-cul-de-sac », on pose les limites orientales de l’Europe, limites purement théoriques, totalement dépourvues de pertinence, sur les Monts Oural alors que le sommet le plus élevé de cette chaine de collines est de 1 600 m, exactement comme le Chasseral dans le Jura suisse.


Entre l’Europe proprement dite, celle de l’espace civilisationnel médiéval, et les autres espaces impériaux d’Asie, de Perse et d’Inde, se situe un « shatterbelt » de zones mixtes, de zones de transit que le géopolitologue américain contemporain Saul B. Cohen (6) nomme également les « gateway regions » ou les « gateway states » : la Cilicie arménienne du temps des Croisades était une porte d’accès au « gateway » géant qu’est la Route de la soie ; l’Ukraine d’aujourd’hui est une autre « gateway region » et c’est, par la force des choses, une zone de fortes turbulences géopolitiques, tout comme le Nord de la Syrie et tout l’espace bouleversé par les forces de l’EIIL, un espace qui est bel et bien le correspondant actuel et l’extension vers la Perse de la Cilicie des 13 et 14e siècles, mais un espace cette fois bouleversé de fond en comble, au point de ne plus pouvoir jouer pleinement son rôle de « gateway ».


Début 2015, les observateurs les plus pertinents des effervescences en gestation pronostiquent d’ores et déjà de nouvelles zones de turbulence en Moldavie et au Turkménistan voire un affaiblissement programmé de l’Europe par une variante nouvelle des  « révolutions de couleur », sous la forme d’une confrontation entre populations autochtones (opérations PEGIDA en Allemagne et « Je suis Charlie » en France) et immigrés musulmans qui grèvera dangereusement les budgets des États et fragiliseront l’euro, suite à la crise grecque et à la victoire probable de l’extrême gauche hellénique. 


Cette brûlante actualité doit nous obliger à signaler les débuts d’une constante de l’histoire : les cavaliers proto-iraniens de la protohistoire, et leurs successeurs scythes ou alains, ont lié le vaste « shatterbelt » entre l’Europe et l’Inde, entre l’Europe et la Chine. Cette réalisation n’a suscité que nostalgies : l’Empire romain voulait rétablir la liaison avec l’Inde et la Chine, on le sait désormais comme le prouve l’importance de certains ports antiques en mer Rouge, le site caravanier transarabique de Pétra en Jordanie ou les campagnes des empereurs romains en Mésopotamie.


L’histoire des vagues successives de peuples cavaliers indo-européens vers l’Inde et la Chine devrait donc relever d’un savoir indispensable, digne complément des anciennes « humanités » (sabotées par des politiciens veules et criminels), nécessaire noyau d’une future paedia renaissanciste, dont les jalons ont été posés par Iaroslav Lebedynsky, auteur de monographies précises sur chacun des peuples cavaliers de la grande « gateway region » steppique entre Europe et Chine.

 

...

 


 

Par Robert Steuckers - robertsteuckers.blogspot.com.es – le 19 février 2015

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De Bernard Lewis à Pegida : qui tire les ficelles du choc de civilisations ?

De Bernard Lewis à Pegida : qui tire les ficelles du choc de civilisations ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


De Bernard Lewis à Pegida : qui tire les ficelles

du choc de civilisations ?

 

Pas un lundi ne passe, depuis quelques mois, sans que se déroule dans une grande ville allemande une manifestation de citoyens furieux clamant « nous sommes le peuple ! »

 

Si bon nombre des manifestants « battent le pavé » pour exprimer leur rejet d’une politique d’affrontement avec la Russie et les politiques d’austérité qu’on lui impose, force est de constater que l’oligarchie financière cherche à se mettre à l’abri de la colère populaire, en la détournant vers les victimes de la crise, notamment les immigrés.

 

À la tête de cette opération, selon la presse allemande, une équipe plurinationale et anonyme de douze personnes qui pilote le mouvement PEGIDA (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident), qui cherche à s’implanter dans toute l’Europe. Pour comprendre aujourd’hui l’émergence d’un mouvement de masse synthétique contre « l’islamisation de l’Occident », il faut en identifier la matrice conceptuelle et en retracer l’historique.

 

Ce qui suit complétera utilement tout ce qu’a pu en dire Jacques Cheminade, lors d’un colloque organisé par l’Académie géopolitique de Paris à l’Assemblée nationale, où il a identifié les « racines britanniques du terrorisme ».

 

Car PEGIDA et ses clones ne sont rien d’autre qu’un produit de grande consommation élaboré par le géopoliticien britannique nonagénaire Bernard Lewis.



Sommaire de cet article de fond : 


 

>>> Pour consulter l’entièreté de ce très intéressant document de fond veuillez cliquer ici 



Le terrorisme n’est donc que le sommet visible d’un iceberg qui s’appelle la stratégie du choc des civilisations. Aujourd’hui, tout pays qui résiste aux diktats d’une oligarchie financière désespérément en faillite, se retrouvera rapidement désigné comme cible.


Il s’agit en premier lieu des pays des BRICS qui tranquillement mais avec détermination bâtissent un monde émergeant, mais également des pays comme la France qui refusent de s’aligner dans une nouvelle guerre froide contre la Russie.


Lutter contre le terrorisme oblige donc de mettre fin au choc des civilisations.


Pour y arriver, il faut porter un coup fatal à la City de Londres et à Wall Street et contribuer le meilleur de ce dont nous disposons à la dynamique des BRICS.


C’est cela faire de la politique !

 

Par Karel Vereycken Solidarité & Progrès

le 29 janvier 2015

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Copenhague : deux questions sur le 14 février

Copenhague : deux questions sur le 14 février | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Dessin : Christian Larivière - chris.blog.mongenie.com


 

Copenhague : deux questions sur le 14 février

Par Patrice de Plunkett (*)

 

 

Elles sont pénibles, mais nécessaires :

 

1. Samedi 14 février à Copenhague, que faisait l’ambassadeur de France dans un simple centre culturel de quartier, devant moins de quarante personnes et à la même tribune que l’Ukrainienne Inna Chevchenko, chef des très douteuses Femen ? Que M. Zimeray n’ait pas reculé devant cet invraisemblable amalgame entre Femen et Quai d’Orsay (provocation c/diplomatie) en dit long sur le délabrement mental des pouvoirs publics.

 

2. Que faisait notre ambassadeur dans ce « débat », sachant qu’il était organisé en l’honneur du dessinateur suédois Lars Vilks, par le comité qui porte son nom ? Auteur du « Mahomet en chien » de 2007, Vilks est certes visé par des terroristes et vit sous protection policière armée (d’où l’échec d’Omar el-Hussein le 14 février). Mais il a participé en septembre 2012, à New York, à une réunion internationale organisée par l’English Defence League, mouvement de provocateurs dont beaucoup de militants ont soutenu le massacreur norvégien Breivik lors de son procès. De même, le galeriste de Vilks à Malmö a été l’organisateur de la première marche Pegida en Suède...

 

Inna Chevchenko est issue de la pire extrême droite ouest-ukrainienne.

Lars Vilks, qualifié de « type un peu étrange » même par Libération (16/02), a des fréquentations qui semblent se situer à la droite de Gengis Khan. Force est de constater que Laurent Fabius, tellement intransigeant paraît-il sur les Valeurs d’Aujourd’hui, laisse ses représentants s’afficher en pareille compagnie.


Il est vrai que M. Fabius s’est laissé photographier attablé à Kiev avec le leader « social-nationaliste » Oleg Tyagnybok en février 2014...


Le plus simple serait que le gouvernement français publie un aide-mémoire pour nous dire en quels lieux le nauséabond est fréquentable, et en quels lieux il ne l’est pas. (J’ai une idée de la réponse).

  



Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com – le 14 février 2015

 

(*) Patrice de Plunkett est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (Source Wikipédia)

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