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La Turquie en danger

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Photo : M. Erdoğan a perdu le contrôle de la situation.


La Turquie en danger

Par Thierry Meyssan (*)


Alors que la presse occidentale salue l’autorisation faite par la Turquie aux États-Unis d’utiliser ses bases militaires pour combattre Daesh, Thierry Meyssan observe les tensions internes de ce pays. Selon lui, le maintien de M. Erdoğan au pouvoir comme l’absence de nouvelle majorité lors des prochaines élections législatives conduiront sans délai à la guerre civile.


Depuis une quinzaine d’années, George Friedman, le fondateur de l’agence de renseignement privée Stratfor, persuade les dirigeants occidentaux que les BRICS ne joueront pas de rôle important au XXIe siècle, mais que la Turquie islamique y parviendra [1]. Friedman est un ancien collaborateur d’Andrew Marshall, le stratège du Pentagone de 1973 à 2015 [2].


La propagande en faveur de l’islamisme turc, comme modèle économique et politique, a été renforcée par le patronat islamique turc via certaines personnalités françaises qui se sont laissées corrompre (Anne Lauvergeon, Alexandre Adler, Joachim Bitterlich, Hélène Conway-Mouret, Jean-François Copé, Henri de Castries, Augustin de Romanet, Laurence Dumont, Claude Fischer, Stéphane Fouks, Bernard Guetta, Élisabeth Guigou, Hubert Haenel, Jean-Pierre Jouyet, Alain Juppé, Pierre Lellouche, Gérard Mestrallet, Thierry de Montbrial, Pierre Moscovici, Philippe Petitcolin, Alain Richard, Michel Rocard, Daniel Rondeau, Bernard Soulage, Catherine Tasca, Denis Verret, Wilfried Verstraete, pour ne citer qu’eux).

Pourtant, la Turquie est aujourd’hui au bord de l’implosion au point que sa survie, en tant qu’État, est directement menacée.



Le projet de démantèlement de la Turquie


En 2001, les stratèges straussiens du département de la Défense envisageaient un remodelage du « Moyen-Orient élargi » qui prévoyait la division de la Turquie au profit d’un Kurdistan indépendant, réunissant les Kurdes de l’actuelle Turquie, ceux d’Irak et d’Iran. Ce projet supposait la sortie de la Turquie de l’OTAN, la réconciliation de tribus kurdes que tout sépare — y compris la langue — et des déplacements considérables de population. Le colonel Ralph Peters a évoqué ce plan dans un article de Parameters dès 2001, avant d’en publier la carte, en 2005. Peters est un élève de Robert Strausz-Hupé, l’ancien ambassadeur des États-Unis à Ankara et le théoricien du Novus orbis terranum (le « Nouvel ordre mondial ») [3].


Ce projet insensé a refait surface, il y a un mois, avec l’accord israélo-saoudien négocié en marge des pourparlers 5+1 sur le nucléaire iranien [4]. Tel-Aviv et Riyad comptaient sur la Turquie pour renverser la République arabe syrienne. En effet, Ankara s’était fermement engagé dans ce sens lorsque l’OTAN avait terminé le transfert du LandCom (commandement joint des Forces terrestres) à Izmir, en juillet 2013 [5]. Désemparé par la passivité états-unienne, M. Erdoğan avait alors organisé sous faux drapeau le bombardement chimique de la Ghouta pour contraindre l’OTAN à intervenir. Mais en vain. Il avait récidivé, un an plus tard, en promettant d’utiliser la Coalition internationale anti-Daesh pour prendre Damas. Israël et l’Arabie saoudite qui ont fait les frais de ces promesses non tenues n’auront aucune retenue à provoquer la guerre civile en Turquie.



Le changement de politique à Washington


Cependant, deux éléments semblent s’opposer au démantèlement de la Turquie.


Premièrement, le secrétariat à la Défense lui-même. Depuis le départ d’Andrew Marshall, le nouveau stratège, le colonel James H. Baker, n’est pas un straussien. Il raisonne dans le cadre des principes de la paix de Westphalie et oriente le Pentagone vers une confrontation de type Guerre froide [6]. La vision de Baker correspond à celle de la nouvelle National Military Strategy [7]. En outre, elle est partagée par le nouveau chef d’état-major interarmes, le général Joseph Dundord [8]. En d’autres termes, le Pentagone aurait abandonné la « stratégie du chaos » [9] et souhaiterait désormais s’appuyer à nouveau sur des États.


Deuxièmement, préoccupée par le possible déplacement de l’Émirat islamique (« Daesh ») du Levant vers le Caucase, la Russie a négocié — avec l’accord de Washington — un accord entre  la Syrie (actuellement attaquée par Daesh),  l’Arabie saoudite (principal financier actuel de l’organisation terroriste)  et la Turquie (qui assure le commandement opérationnel de l’organisation).


Ce plan a été présenté le 29 juin par le président Vladimir Poutine au ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, et à la conseillère spéciale du président Bachar el-Assad, Bouthaina Shaaban [10]. Il a immédiatement été suivi d’échanges entre les parties. 


• Le 5 juillet, une délégation des services secrets syriens était reçue par le prince héritier saoudien, Mohamad ben Salman. 

• La Turquie a reçu un émissaire officieux de Damas, puis a envoyé le sien à Damas. Après la signature de l’accord 5+1, elle a stoppé son soutien à Daesh et a arrêté 29 passeurs [11].


Les deux évolutions sont donc actuellement possibles : soit un déplacement de la guerre de la Syrie vers la Turquie, soit une coordination régionale contre Daesh.



La situation en Turquie


Quoi qu’il en soit, la Turquie s’est transformée au cours des quatre dernières années.


Premièrement, son économie s’est effondrée. Son engagement dans la guerre contre la Libye l’a privée d’un de ses principaux clients et elle n’en a tiré aucun profit, car ce client est devenu insolvable. Son engagement dans la guerre contre la Syrie a été moins dramatique, car le marché commun syro-irano-turc était encore embryonnaire. Mais l’effet cumulé de ces deux guerres a cassé la croissance du pays qui est sur le point de devenir négative. En outre, une partie de l’économie turque est actuellement basée sur la vente de produits fabriqués pour des grandes marques européennes qui sont détournées des circuits commerciaux légaux à l’insu de leurs commanditaires. Ce piratage massif porte désormais atteinte à l’économie de l’Union européenne.


Deuxièmement, pour conquérir le pouvoir Recep Tayyip Erdoğan s’est protégé d’un coup d’État militaire en arrêtant des officiers supérieurs et en les accusant de comploter contre l’État. Dans un premier temps, il s’en est pris aux réseaux Gladio de l’OTAN (Ergenekon dans sa version turque) [12]. Puis, dans un deuxième temps, il fit arrêter les officiers qui envisageaient de changer d’alliance avec la fin de la Guerre froide et avaient pris contact avec l’Armée populaire chinoise en les accusant d’appartenir au même groupe Ergenekon, ce qui n’avait aucun sens [13]. En définitive, à la suite de ces purges, la majorité des officiers supérieurs a été arrêtée et incarcérée. Du coup, les armées turques sont affaiblies et ont perdu leur attrait au sein de l’OTAN.


Troisièmement, la politique islamiste de l’administration Erdoğan a profondément divisé le pays et a fait naître une haine d’abord entre les laïques et les religieux, puis entre les communautés sunnites, kurdes et alévies. De sorte que le parallèle avec le scénario égyptien, que j’évoquais il y a plus d’un an, devient aujourd’hui possible [14]. La Turquie est devenue une poudrière. Il suffirait d’une étincelle pour faire éclater une véritable guerre civile que personne ne pourra arrêter et qui ravagera durablement le pays.


Quatrièmement, la rivalité entre le clan islamiste de M. Erdoğan, la Millî Görüş (créé dans les années 70 par l’ancien Premier ministre Necmettin Erbakan), et le Hizmet de Fethullah Gülen a détruit le parti au pouvoir, l’AKP. Les deux écoles partagent la même vision obscurantiste de l’islam, mais Fethullah Gülen (qui vit aujourd’hui aux États-Unis) avait été recruté à la CIA par Graham E. Fuller et prêche une alliance des croyants autour de l’OTAN chrétien et d’Israël, tandis que la Millî Görüş défend le suprémacisme musulman. En outre, on ne voit pas comment les partisans de l’ancien président Turgut Özal (également islamistes et à ce titre membres de l’AKP, mais favorables à la reconnaissance du génocide arménien, à l’égalité en droit des Kurdes, et à une fédération des États turcophones d’Asie centrale) continueraient à lier leur sort à celui de M. Erdoğan.


Cinquièmement, en acceptant la proposition du président Vladimir Poutine de construire le gazoduc Turkish Stream, le président Erdoğan s’est directement attaqué à la stratégie globale des États-Unis. En effet, ce gazoduc, s’il doit voir le jour, ouvrira une voie de communication continentale et menacera la doctrine de « contrôle des espaces communs » par laquelle Washington maintient sa suprématie sur le reste du monde [15]. Il permettra à la Russie de contourner le chaos ukrainien et de passer outre l’embargo européen.

L’OTAN ne veut plus jouer.


Si les liens personnels de M. Erdoğan avec al-Qaïda ont été établis par la Justice turque, il ne fait plus aucun doute qu’il dirige personnellement Daesh.


En effet : 

L’organisation terroriste est officiellement commandée par Abu Bakr el-Baghdadi. Mais cette personnalité n’est mise en avant que parce que c’est un membre de la tribu de Qurays et donc un descendant du Prophète. Le commandement exécutif est confié à Abu Alaa al-Afri et Fadel al-Hayali (dit Abu Muslim al-Turkmani), deux Turkmènes agents du MIT (services secrets turcs). Les autres membres de l’état-major sont issus de l’ancienne URSS.  Les exportations de pétrole brut, qui ont récemment repris en violation de la résolution 2701 du Conseil de sécurité, ne sont plus assurées par Palmali Shipping & Agency JSC, la compagnie du milliardaire turco-azéri Mubariz Gurbanoğlu, mais par BMZ Ltd, la société de Bilal Erdoğan, le fils du président.  Les soins importants aux jihadistes blessés de Daesh sont fournis par le MIT en Turquie, dans un hôpital clandestin situé à Şanlıurfa et placé sous la supervision de Sümeyye Erdoğan, la fille du président [16].


C’est pourquoi, le 22 juillet, le président Barack Obama a téléphoné à son homologue turc, Recep Tayyip Erdoğan, et l’a lourdement menacé. Selon nos informations, le président états-unien a déclaré s’être mis d’accord avec le Premier ministre britannique David Cameron pour exclure la Turquie de l’OTAN — ce qui implique la guerre civile et la division en deux États — si la Turquie 


 1. ne rompt pas immédiatement l’accord gazier avec la Russie ;  2. ne participe pas immédiatement à la coalition internationale anti-Daesh.


Le président Erdoğan, qui a une formation islamique, mais pas politique [17], a réagi à la fois en tentant d’apaiser Washington et en poursuivant ses lubies. 


 1. la Turquie a autorisé l’OTAN à utiliser ses bases sur le territoire turc pour lutter contre Daesh, a arrêté des passeurs de Daesh, et a participé à des bombardements symboliques de Daesh en Syrie ;  


2. en outre, M. Erdoğan a déployé des efforts bien plus importants contre son opposition kurde que contre Daesh en bombardant massivement des positions du PKK en Irak, en arrêtant des membres du PKK en Turquie et bloquant de nombreux sites internet kurdes [18]. Le PKK a répondu par un communiqué laconique constatant que le gouvernement venait de rouvrir unilatéralement les hostilités ; 


 3. on ignore, pour le moment, les décisions relatives au gazoduc Turkish Stream.


Les États-Unis, par la voix du représentant spécial adjoint pour la lutte contre Daesh, Brett McGurk, et l’Union européenne, par la voix de la Hautre représentante pour la politique extérieure, Federica Mogherini, ont vivement critiqué l’attaque contre le PKK et souligné l’absolue nécessité de maintenir le cessez-le-feu. De son côté, Massoud Barzani, le président du gouvernement régional kurde d’Irak, a publié un communiqué pour contredire le Premier ministre Davutoğlu qui avait prétendu avoir reçu son soutien.


Nous arrivons maintenant à l’issue du délai constitutionnel de 45 jours au terme duquel le chef du principal groupe parlementaire devait constituer un gouvernement. Les trois principaux partis d’opposition, conseillés par l’ambassade des États-Unis, ayant refusé de s’allier avec l’AKP, Ahmet Davutoğlu n’y est pas parvenu. De nouvelles élections législatives devraient être convoquées. Compte tenu d’une part de la division de l’AKP (islamistes) et d’autre part, de la haine entre le MHP (conservateurs) et le HPD (gauche et kurdes), il sera difficile de trouver une majorité. Si tel est le cas ou si l’AKP parvient à se maintenir, la Turquie entrera en guerre civile.



Par Thierry Meyssan (*) - RÉSEAU VOLTAIRE | DAMAS (SYRIE) | 27 JUILLET 2015.



(*) Thierry Meyssan : consultant politique, président fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

Notes : 

[1] The Next 100 Years : A Forecast for the 21st Century, George Friedman (2009). L’ouvrage a été traduit avec un grand retard en français sous le titre Les 100 Ans à venir : Un Scénario pour le XXIe siècle (ZDL, 2012).

[2] « Après 42 ans, Andy Marshall quitte le Pentagone », Réseau Voltaire, 7 janvier 2015.

[3] Sur les travaux de Strausz-Hupé et de Peters, se reporter à L’Effroyable imposture 2, pp.117-224.

[4] « Les projets secrets d’Israël et de l’Arabie saoudite », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 22 juin 2015.

[5] “Izmir base likely to become NATO’s Land Component Command”, Todays Zaman, June 6, 2011.

[6] « Ashton Carter nomme le nouveau stratège du Pentagone », Réseau Voltaire, 17 mai 2015.

[7] « L’Europe encore en première ligne », par Manlio Dinucci, Traduction Marie-Ange Patrizio, Il Manifesto (Italie), Réseau Voltaire, 16 juillet 2015.

[8] « Le général Dunford désigne la Russie comme menace principale », Réseau Voltaire, 13 juillet 2015.

[9] “Stumbling World Order and Its Impacts”, by Imad Fawzi Shueibi, Voltaire Network, 5 April 2015.

[10] « La Russie tire ses marrons du feu », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 13 juillet 2015.

[11] « Premières conséquences de l’accord 5+1 », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 20 juillet 2015.

[12] « Ergenekon : une légende urbaine ? », par Orhan Kemal Cengiz ;. « L’organisation Ergenekon mise en cause pour ses relations privilégiées avec Hizb ut-Tahrir », par Mutlu Özay et Mustafa Turan, Traduction Nathalie Krieg, Today Zaman (Turquie), Réseau Voltaire, 9 juillet et 3 août 2009.

[13] « Le coup d’État judiciaire de l’AKP », par Thierry Meyssan, Al-Watan (Syrie), Réseau Voltaire, 19 août 2013.

[14] « La division de la Turquie », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 31 mars 2014.

[15] “The Geopolitics of American Global Decline”, by Alfred McCoy, Tom Dispatch (USA), Voltaire Network, 22 June 2015.

[16] « Le rôle de la famille Erdoğan au sein de Daesh », Réseau Voltaire, 26 juillet 2015.

[17] « Vers la fin du système Erdoğan », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 15 juin 2015.

[18] Dont Rudaw, BasNews, DİHA, ANHA, le quotidien Özgür Gündem, Yüksekova Haber, Sendika.Org et RojNews. Actuellement 81 000 sites internet sont inaccessibles depuis la Turquie.

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L’apport des BRICS a été décisif pour conclure l’accord avec l’Iran

L’apport des BRICS a été décisif pour conclure l’accord avec l’Iran | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : les négociations sur le programme nucléaire de l’Iran - crédit : RT

 

 

L’apport des BRICS a été décisif pour

conclure l’accord avec l’Iran

 

Le Plan d’action conjoint (JCPA en anglais), conclu le 14 juillet à Genève entre l’Iran et le groupe P5+1, pourrait être salué comme un grand changement positif de la politique mondiale, si ce n’était le manque de transparence et de bonne volonté de la part des grandes puissances, en l’occurrence Washington et le président Obama en personne, ainsi que Londres, qui poursuivent conjointement leur politique de changement de régime au Moyen-Orient et de provocation à l’égard de la Russie et de la Chine.

 

À première vue, le JCPA est un pas important vers une solution diplomatique aux problèmes de sécurité bien épineux au niveau mondial. L’accord stipule que l’Iran bénéficiera d’un relâchement des sanctions terriblement contraignantes imposées par les Nations unies, les États-Unis et l’UE, s’il est prouvé qu’il respecte bien les termes de l’accord. Cela sera vérifié par l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), dont le directeur général, Yukia Amano, a signé le 14 juillet une « feuille de route » avec le vice-président iranien Ali Akbar Salehi. Les inspecteurs de l’AIEA se verront accorder un accès régulier aux sites nucléaires iraniens.

 

La condition la plus importante en échange est que l’Iran devra amputer de 98 % ses stocks d’uranium enrichi, et réduire le nombre de centrifugeuses de 19 000 à 6000 pour au moins 15 ans. L’Iran renonce aussi à enrichir l’uranium à plus de 3,7 % pendant la même période et à construire des installations d’enrichissement ou de production d’eau lourde. Une seule usine d’enrichissement sera conservée, utilisant des centrifugeuses de première génération. Les autres installations seront converties pour éviter tout risque de prolifération.

 

Les négociations, qui ont traîné pendant plus de dix ans, étaient cependant fondées sur une fausse prémisse : l’idée que l’Iran travaillait à fabriquer une arme nucléaire. Même les agences de renseignement américaines ont reconnu dans leurs « rapports d’évaluation » de 2007 et de 2011 que cette affirmation ne pouvait être prouvée. L’Iran a toujours nié sa volonté de développer l’arme nucléaire et le guide spirituel suprême, l’Ayatollah Khamenei, a même publié un décret religieux, une fatwa, interdisant le développement d’armes nucléaires ou chimiques.

 

Cependant, l’Iran a toujours insisté sur son droit à développer et utiliser la technologie nucléaire, et ses négociateurs et dirigeants politiques ont annoncé à juste titre qu’ils avaient gagné cette bataille le 14 juillet. D’autre part, le président Obama a déclaré qu’il avait remporté une victoire majeure en empêchant l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire.

 

En tout état de cause, la participation des responsables russes et chinois a beaucoup contribué à la conclusion d’un accord. Désormais, si les sanctions économiques sont réellement levées, l’Iran pourra devenir une puissance économique et un marché régional majeurs. Au-delà, la stratégie de la Nouvelle route de la soie de coopération entre l’Est et l’Ouest se verra propulsée dans une toute nouvelle dimension.

 

Barack Obama, suite au succès des négociations, a remercié la Russie de Vladimir Poutine pour son rôle positif dans l’obtention d’un accord, mais n’a pas pu s’empêcher de proférer des nouvelles menaces contre l’Iran, « au cas où » le pays ne respecterait pas tous ses engagements, y compris le recours à la force militaire. Ceci montre que l’objectif d’Obama n’est pas de défendre la paix, mais simplement de redorer son image écornée de Prix Nobel de la paix.

 

Le monde n’a pas oublié qu’en dépit du fait que l’Irak de Saddam Hussein s’était entièrement plié aux inspections de l’ONU sur les armes de destruction massive, et en dépit du fait qu’il n’en possédait pas, ce que Washington et Londres savaient parfaitement, le pays a été envahi en 2003 et son président pendu par la suite, provoquant un chaos et des conflits sanglants qui se poursuivent encore aujourd’hui.

 

Le président libyen Mouammar Kadhafi avait lui aussi cédé et remis aux autorités internationales son arsenal d’armes nucléaires, sans obtenir en contrepartie d’assurance contre une invasion de l’OTAN, réalisée avec l’aide des terroristes islamistes qui l’ont exécuté en 2011, plongeant le pays dans le chaos.

 

Pendant ce temps, l’hystérie générale que ce plan a déclenchée en Israël et en Arabie saoudite n’augure rien de bon pour la région. Les deux pays ont juré de bloquer tout accord, s’engageant dans une guerre par procuration contre l’Iran et ses alliés dans l’ensemble de la région. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou n’a pas caché sa volonté d’utiliser la force militaire contre les installations nucléaires iraniennes. Mais sans le soutien des États-Unis, il ne le fera pas, et tous les experts en sécurité en Israël connaissent les conséquences catastrophiques que cela pourrait entraîner. Face aux desseins d’Israël et de l’Arabie saoudite, il est essentiel que les États-Unis et l’UE refrènent les ardeurs bellicistes de leurs deux alliés.

 

Bien que le JCPA ait été accueilli en Iran, et même en Europe et aux États-Unis, comme une grande percée – ce qu’il est effectivement, du moins potentiellement – la route vers la paix est encore longue, semée d’embûches et de nombreuses mines.

 

 

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 22 juillet 2015.

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DRAME SYRIEN/DESSOUS DE TABLE HONTEUX…

DRAME SYRIEN/DESSOUS DE TABLE HONTEUX… | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


DRAME SYRIEN/DESSOUS DE TABLE HONTEUX…

 

Intéressons-nous brièvement au rôle des Britanniques dans la récente configuration du printemps arabe du Moyen-Orient. Deux ans avant le début du printemps arabe, en juin 2008, Sir Vincent Fean, alors ambassadeur britannique en Libye, écrit à Tony Blair en signalant l’imminence de la signature d’un accord entre la Libye et Londres : la libération d’Abdelbaset al-Megrahi (et de plusieurs prisonniers), détenu en Écosse et impliqué dans l’attentat de Lockerbie, en échange d’un contrat d’armement de 400 millions de livres, passé par la présidence libyenne.

 

À ce moment-là, Tony Blair n’était plus Premier ministre, mais agissait dans le cadre de ses nouvelles fonctions au service des forces occultes du mondialisme. Il se rendait à Tripoli pour y rencontrer Mouammar Kadhafi.

 

L’accord de transfert de prisonniers a finalement été signé en novembre 2008, mais c’est seulement en août 2009 que les Écossais libérèrent Megrahi pour des raisons humanitaires : il souffrait d’un cancer en phase terminale. [Il décèdera en mai 2012.] Quant au contrat d’armement, il n’a jamais été conclu !

 

Quand Tony Blair a rencontré Kadhafi en mai 2007, il avait consenti à acquérir le système de défense antimissile MBDA, fourni par un fabricant d’armes sous tutelle de BAE Systems, contre 400 millions de livres. À la clé : 2 000 emplois pour le Royaume-Uni.

 

La décision de liquider Mouammar Kadhafi aurait été prise après l’échec de la conversation engagée avec Tony Blair, le 8 JUIN 2008.

 

D’autres sources, faisant référence à une note confidentielle échangée entre Sir Vincent Fean et Tony Blair, signalent que la Libye devait également investir 80 milliards de livres dans un fonds souverain londonien. Ces manigances expliquent les confidences faites par l’ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas, publiées dans le numéro 283 de LIESI, selon lesquelles :

 

  • « Je vais vous dire quelque chose. J’étais en Angleterre deux ans avant les violences en Syrie pour une autre affaire. J’ai rencontré de hauts fonctionnaires britanniques. Ils m’ont confié qu’ils préparaient quelque chose en Syrie… Ils finançaient l’invasion de rebelles en Syrie. Ils m’ont demandé, même si je n’étais plus ministre des Affaires étrangères, si je souhaitais y participer. Naturellement, j’ai refusé… » « La seule chose que je sais [concernant les dirigeants français], c’est qu’ils sont devenus fous. Le président Sarkozy a accueilli Kadhafi à l’Élysée avec tapis rouge et tous les honneurs. Quelques mois plus tard, Sarkozy menait une guerre. Je regrette de voir mon pays devenir un instrument de l’OTAN… »

 

Les mésaventures du complexe militaro-industriel britannique, comme les problèmes de financement de campagne de N. Sarkozy avec Kadhafi, ne sont que des excuses pour impliquer la coalition Paris/Londres dans l’attaque de la Libye. Comme l’expression printemps arabe n’est qu’un écran de fumée pour ne pas évoquer un agenda mondialiste secret. L’attaque de la Libye et le soutien des voyous de Benghazi ont finalement permis d’armer puissamment les groupes[1] nécessaires à la déstabilisation de la Syrie et de l’Afrique (Mali et ses suites). Benghazi a été le moyen de justifier une vaste opération de contrebande d’armes, fournies par les États-Unis et les alliés occidentaux de l’OTAN, en vue de déstabiliser toute la région.

 

 

 

VIDÉO - Conférence de Mère Agnès Mariam de la Croix

 

Nous ajoutons ce lien pour écouter la conférence de Mère Agnès Mariam de la Croix lundi à Paris sur le remodelage du Moyen-Orient, et en Syrie en particulier.

 

 

 

Par liesidotorg.com – le 9 juillet 2015.


[1] Selon le libéral démocrate britannique Paddy Ashdown, les rebelles ont reçu plus de 3 500 tonnes d’armes en provenance de la Croatie (avec l’aide de la CIA), financées par l’Arabie saoudite et le Qatar. Une grande partie de cet armement est destiné aux groupes salafistes et wahhabites. [Ces mêmes groupes que plusieurs maires de France soutiennent pour donner des cours d’islam dans les mosquées… de France.] Extrait de la lettre confidentielle LIESI.


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Vidéo - USA - « Email-gate Clintonien » Libye, le double jeu occidental…

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Vidéo - USA - « Email-gate Clintonien » :

Libye, le double jeu occidental…

 

Parmi les e-mails envoyés depuis un compte privé par Hillary Clinton lorsqu’elle était secrétaire d’État d’Obama et rendus publics à la demande de la justice, plusieurs centaines concernent la guerre de 2011 en Libye et ses conséquences.

 

Certains courriels envoyés par Sidney Blumenthal — vieil ami du couple Clinton — mettent un coup de projecteur sur les magouilles de la Grande-Bretagne et de la France concernant la division de la Libye.

 

Anissa Naouai, présentatrice de l’émission In the Now, reçoit Catherine Shakdam, spécialiste du Moyen-Orient.

 

>>> Voir la vidéo ici

 

 

Vidéo ajoutée par Véro Rehearsais sur YouTube le 23 juin 2015.

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Petit précis de logistique : d’où viennent les armes de l’EIIL ?

Petit précis de logistique :  d’où viennent les armes de l’EIIL ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Petit précis de logistique :

D’où viennent les armes de l’EIIL ?

 

Voici une analyse concernant l’État Islamique que l’on peut qualifier de rare. Car dès qu’il s’agit de cette engeance, il y a comme une sorte de gel des neurones chez les intellectuels, ce qui les oblige à ressortir les clichés et les leçons apprises dans les livres des recettes de la propagande selon lesquels DAECH a la capacité de réaliser ce qu’aucune armée au monde ne saurait faire. Il n’est pas besoin de l’École de Guerre pour savoir que les exploits militaires qui sont prêtés à DAECH ne peuvent être réalisés sans une aide logistique extérieure, aide abordée dans les médias de manière toujours pudique avec tout le floutage nécessaire. Tony Cartalucci lui, n’a aucune pudeur à appeler un chat un chat. RI

 

 ***

 

Depuis les anciens temps, une armée a toujours demandé un grand soutien logistique afin d’être performante dans quelque campagne militaire que ce soit. Dans la Rome antique, on construisit un vaste réseau de routes non seulement pour faciliter transport et commerce, mais aussi pour permettre aux légions romaines de se déplacer bien plus rapidement là où on en avait besoin et aussi pour accélérer le processus de ravitaillement très important que suscitaient ces légions.


À la fin du XVIIIe siècle, le général français et stratège expert Napoléon Bonaparte notait qu’« une armée marche sur son estomac », se référant au réseau logistique extrême nécessaire pour maintenir une armée en campagne bien nourrie et ainsi maintenir sa capacité de combat. Pour les Français, leur incapacité à maintenir une logistique et un ravitaillement adéquats à leurs forces combattantes, notamment en Russie et la décision des Russes de pratiquer la stratégie de la terre brûlée afin d’empêcher les forces françaises envahisseuses de se nourrir sur le pays, finalement les vainquirent.

 

L’Allemagne nazie souffrait d’un destin similaire lorsqu’elle étira par trop ses capacités logistiques lors de l’opération Barbe Rousse d’invasion de l’URSS. Une fois de plus, les armées de l’envahisseur furent bloquées par leurs ressources limitées avant d’être coupées de leur ravitaillement et annihilées ou forcées de battre en retraite.

 

Dans les temps plus récents, pendant la guerre du Golfe du début des années 1990, une longue ligne de ravitaillement trop loin des troupes alliées envahissant l’Irak ainsi qu’un choc anticipé avec le gros des forces de Saddam Hussein mirent un coup d’arrêt à ce qui fut autrement une avance éclair et qui fut comprise par erreur comme ayant pu atteindre Bagdad si la volonté politique y avait été. La volonté de conquérir était présente, c’est l’intendance qui ne suivait pas…

 

Aussi claires que soient les leçons de l’histoire, elles semblent toujours disparaître avec la troupe de politiciens et d’agences de presse occidentale qui est soit totalement ignorante, soit incroyablement trompeuse.

 

 

Les lignes de soutien logistique de l’EIIL

 

Le conflit actuel qui consume le Moyen-Orient, particulièrement en Irak et en Syrie où le soi-disant « État Islamique » EI ou EIIL opère et combat simultanément, battant, les forces régulières syriennes, libanaises, irakiennes et iraniennes, est nous dit-on, bâti sur un réseau logistique de marché noir de la vente de pétrole et de paiements de rançons.

 

La capacité de combat de l’EIIL est celle d’un État-nation. Il contrôle de vastes portions de territoires s’étalant de la Syrie à l’Irak et il est non seulement capable de défendre militairement ce territoire étendu, mais il possède les ressources pour l’occuper, incluant des ressources pour administrer les populations subjuguées en son sein (NDT : comme un nouvel État COLONIAL tiens, tiens…)

 

Pour les analystes militaires, surtout les anciens des forces armées occidentales et aussi les membres des médias occidentaux qui se rappellent les convois de camions gigantesques qui furent requis pour pouvoir envahir l’Irak dans les années 1990 puis de nouveau en 2003, ils se demandent tous aujourd’hui où sont les camions de l’EIIL ? Après tout, si les ressources pour maintenir la capacité de combat exhibée par l’EIIL étaient disponibles au sein des seuls territoires syriens et irakiens occupés, alors certainement que les forces irakiennes et syriennes posséderaient également une capacité de combat au moins égale sinon supérieure à celle de l’EIIL, mais elles ne l’ont tout simplement pas.

 

Et si les lignes logistiques de ravitaillement de l’EIIL étaient uniquement confinées sur le territoire irakien et syrien, alors certainement que les forces régulières irakiennes et syriennes utiliseraient un des grands avantages qu’elles ont leur possession, leur puissance aérienne, pour couper la ligne de ravitaillement des combattants de l’EIIL de sa source. Mais ceci ne se produit pas et… IL Y A UNE TRÈS BONNE RAISON À CELA.

 

Les lignes de ravitaillement de l’EIIL sillonnent précisément des endroits où les forces aériennes irakienne et syrienne ne peuvent pas aller. Au nord chez le voisin turc membre de l’OTAN et au sud-ouest chez les alliés des États-Unis que sont la Jordanie et l’Arabie Saoudite. Au-delà de ces frontières existe un réseau logistique qui s’étend sur une région qui englobe l’Europe de l’Est et l’Afrique du Nord.

 

Les terroristes et les armes qui furent laissés après l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011 furent rapidement envoyés en Turquie puis en Syrie, le tout coordonné par les officiels du ministère des Affaires étrangères américain et des services de renseignement basés à Benghazi, un nid de terroristes depuis des décennies.

 

Dans un article de 2013, The London Telegraph rapportait, « CIA « running arms smuggling team in Benghazi when consulate was attacked », » que :

 

[CNN] a dit qu’une équipe de la CIA travaillait dans une annexe proche du consulat sur un projet de fournir des missiles libyens récupérés aux rebelles syriens. Des armes provenaient également d’Europe de l’Est comme le rapportait le New York Times dans un article de 2 013, « Arms Airlift to Syria Rebels Expands, With Aid From C.I.A., » que : 

Depuis des bureaux dans des endroits tenus secrets, des officiers des services actions du renseignement américain avaient aidé des gouvernements arabes à faire leurs emplettes d’armes, incluant de larges livraisons en provenance de la Croatie et ont parlementé avec les chefs rebelles pour savoir qui devrait recevoir les armes à leur arrivée, d’après des officiels américains parlant sous condition d’anonymat. »

 

Quand les sources médiatiques occidentales se réfèrent continuellement à l’EIIL et autres factions opérant sous la bannière d’Al Qaïda comme à des rebelles « modérés », il est très clair que si ces milliards de dollars d’armement allaient vraiment à ces « rebelles modérés » alors ce serait eux et non pas l’EIIL, qui domineraient le champ de bataille, or ce n’est pas le cas.

 

De récentes infos ont révélé que dès 2012 le ministère de la Défense des USA n’avait pas seulement anticipé la création d’une « principauté salafiste » s’étendant de la Syrie à l’Irak, précisément là où existe l’EIIL aujourd’hui, mais qu’il l’encourageait vivement et contribuait aux circonstances de sa création et réalisation pratique.

 

 


Quel est le degré d’extension des lignes

de logistique de l’EIIL ?

 

Alors que beaucoup en Occident jouent les ignorants sur la manière dont l’EIIL obtient son approvisionnement afin de maintenir optimale sa capacité de combat, quelques journalistes se sont rendus dans la région et ont filmé et rapporté les convois de camions sans fin qui suppléent l’armée terroriste.

 

Est-ce que ces camions roulaient depuis des usines saisies par l’EIIL dans les territoires irakiens et syriens ? Non. Ils venaient de loin en Turquie, traversant la frontière syrienne en toute impunité et se dirigeaient vers leurs destinations sous la protection évidente de l’armée turque. Les tentatives par l’aviation syrienne d’attaquer ces convois de ravitaillement et les terroristes qui les accompagnent ont été contrées par la défense antiaérienne turque…

 

La chaîne internationale allemande Deutsche Welle (DW) a publié le premier constat vidéo d’un média occidental illustrant et documentant que l’EIIL n’est pas fourni par la vente au marché noir de pétrole ou par l’argent issu de rançons d’otages, mais par des ravitaillements valant des milliards de dollars transportés en Syrie depuis la Turquie, membre de l’OTAN. La frontière turco-syrienne voit passer des centaines de camions par jour…

 

Le rapport intitulé, « ‘IS’ supply channels through Turkey, » confirme ce qui a été rapporté par des analystes politiques (reported by geopolitical analysts) depuis 2011 à savoir que l’EIIL ne peut survivre et ne survit de fait que grâce à un énorme sponsorship d’état multinational incluant évidemment la Turquie elle-même.

 

En regardant les cartes du territoire tenu par l’EIIL et en lisant les rapports d’action de ses manœuvres offensives à travers la région et au-delà, on peut facilement imaginer les centaines de camions par jour que cela nécessite pour maintenir un tel niveau de capacité combattante.. On peut facilement imaginer des convois similaires traversant les frontières de l’Irak en provenance de la Jordanie et de l’Arabie Saoudite. Des convois similaires passent certainement en Syrie depuis la Jordanie.

 

Ainsi, considérant les réalités logistiques et leur importance de tout temps dans les campagnes militaires au travers de l’histoire humaine, il n’y a pas d’autre explication plausible quant à la capacité de l’EIIL de perpétrer une guerre en Syrie et en Irak sans avoir les immenses ressources qui lui sont envoyées depuis l’étranger.

 

Si une armée marche sur son estomac et les estomacs de l’EIIL sont remplis des vivres en provenance de l’OTAN et du Golfe, alors l’EIIL continuera à marcher pendant longtemps, probablement même de plus en plus vite. Le point clef pour briser les reins de l’EIIL est de briser les reins de sa ligne de ravitaillement. Pour pouvoir le faire néanmoins, et précisément c’est pour cela que le conflit traîne tant en longueur, il faudrait que l’Irak, la Syrie et l’Iran et autres pays sécurisent éventuellement leurs frontières et forcent l’EIIL à combattre en Turquie, en Jordanie et en Arabie Saoudite, scénario difficile à mettre en place, car des nations comme la Turquie ont créé des zones tampons de facto en territoire syrien qui demanderait une confrontation directe avec les forces turques pour les éliminer.

 

Avec l’Iran rejoignant l’équipée avec le déploiement supposé de quelques milliers de soldats pour renforcer les opérations de l’armée syrienne, de grands principes de dissuasion pourraient empêcher la Turquie de renforcer ses zones tampons.

 

Ceci nous laisse avec cette perspective de la région totalement tenue en otage par l’OTAN avec la perspective d’une guerre régionale catastrophique dans le but de défendre et de perpétuer le carnage perpétré par l’EIIL en Syrie, le tout totalement soutenu de manière sous-jacente par un réseau logistique émanant de territoires de l’OTAN.

 

 

Par Tony Cartalucci (journal-neo.org) – Résistance 71 - reseauinternational.net – le 13 juin 2015

 

 

Note de Résistance 71 :

N’oublions jamais que l’OTAN = Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord. Ceci est une fois de plus prouvé. Quand assez est-il assez ?…


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Sommet de l’OTAN : quand des hauts responsables se mettent à chanter « We Are the World »

Sommet de l’OTAN : quand des hauts responsables se mettent à chanter « We Are the World » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Federica Mogherini, la lady Pesc (1) dans le chœur de l’OTAN

 

Sommet de l’OTAN :

quand des hauts responsables se mettent à chanter « We Are the World »

 

 

C’est un mauvais rêve. Lors du sommet de l’OTAN en Turquie, le commandeur Philip Breedlove a invité les ministres des Affaires étrangères à chanter avec lui « We Are the World ». Cette mascarade était d’autant plus pénible que l’œuvre avait été composée pour collecter des fonds afin de vaincre la famine en Éthiopie (1984-85) ; un terrible épisode de la Guerre froide.

 

 

 

Federica Mogherini, la « Lady Pesc » [1] qui représente la politique étrangère de l’Union européenne, prise bras dessous bras dessus par le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, chante « We are the world » (la chanson de Michael Jackson) avec lui et les ministres des Affaires étrangères l’Alliance. Avec cette scène emblématique (voir la vidéo ci-dessus) s’est conclu en Turquie le sommet de l’OTAN, auquel Mogherini a eu l’honneur d’être invitée.

 

« L’UE et l’OTAN — a-t-elle déclaré — ont une nature différente, mais partagent les mêmes valeurs ». Il y a des « défis autour de nous qui nous unissent », de l’Ukraine à la Libye. Est donc « extrêmement importante l’étroite, excellente coopération que nous avons entre Union européenne et Otan au niveau de la Défense et de la Politique étrangère, entre moi et le secrétaire général, et nos staffs, qui se rencontrent régulièrement ».

 

Cette « coopération structurelle », qui rend « complémentaires » UE et OTAN, est renforcée par des « invitations réciproques » : après avoir été invitée au sommet de l’OTAN, Mogherini a invité le secrétaire de l’Alliance à la réunion des ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l’UE, le 18 mai, pour parler d’« opérations militaires ». Stoltenberg et Mogherini ont chargé leurs staffs respectifs d’« intensifier la coopération OTANn-UE », parce que « nos stratégies sont complémentaires » (c’est-à-dire que celle de l’UE est fonctionnelle à celle de l’OTAN), de façon à « opérer ensemble rapidement et efficacement en cas de menace hybride contre n’importe lequel de nos membres ».

 

L’Union européenne, dont 23 des 28 pays sont en même temps membres de l’OTAN, se trouve ainsi liée à l’OTAN sous commandement états-unien (le Commandant suprême allié en Europe est toujours nommé par le président des États-Unis). L’Alliance qui, déclare Stoltenberg, « est en train de réaliser le plus grand renforcement de la défense collective depuis la fin de la Guerre froide ».

 

Tandis que Stoltenberg, à la demande de Washington, fait pression sur les membres européens de l’OTAN pour qu’ils augmentent la dépense militaire, Mogherini annonce que « l’Union européenne relancera en juin les investissements dans la Défense ».

 

Tandis que Stoltenberg confirme que l’OTAN est en train de potentialiser sa « Force de riposte », Mogherini annonce que « l’UE a besoin d’accroître la capacité de riposte aux crises », capacité « non nécessairement militaire, mais qui n’exclut pas un aspect militaire ».

 

Tandis que Stoltenberg souligne que l’OTAN est engagée sur deux fronts — celui oriental où « nous faisons face à une Russie plus menaçante, responsable d’actions agressives en Ukraine », celui méridional où « nous voyons le tumulte et la violence se répandre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord » — Mogherini annonce que l’Union européenne est en train de potentialiser le « Partnership oriental », pour soutenir surtout l’Ukraine et la Géorgie (de fait déjà intégrées dans l’OTAN), planifie ce que Stoltenberg définit comme « une opération UE en Méditerranée et autour de la Méditerranée », officiellement pour faire face à « la tragédie des migrants », en laissant entendre que l’OTAN est prête à la soutenir. Stoltenberg rappelle à ce propos que « l’opération OTAN en Libye en 2011 » servit à « protéger les civils de la violence du régime de Kadhafi », mais que « les efforts pour stabiliser le pays n’ont pas réussi », et que, de ce fait, il faut aujourd’hui « établir un gouvernement unitaire en Libye ».

 

On prépare donc une nouvelle opération militaire de l’OTAN, sous le sigle UE. Sous cet éclairage, les mots « We are the world » (Nous sommes le monde) chantés au sommet de l’OTAN, avec le contre-chant de la représentante de l’UE, sonnent de façon menaçante. Et ces « We are the children » (Nous sommes les enfants) sonnent comme une insulte aux millions d’enfants morts, de l’Irak à la Libye, à cause des guerres des USA et de l’OTAN.

 

 

 

Par Manlio Dinucci (*), Il Manifesto (Italie) - traduction

Marie-Ange Patrizio - RÉSEAU VOLTAIRE | ROME (ITALIE) | 21 MAI 2015 - wikistrike.com – le 24 mai 2015.

 

 

(*) Manlio Dinucci : géographe et géopolitologue. Derniers ouvrages publiés : Laboratorio di geografia, Zanichelli 2014 ; Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013 ; Escalation. Anatomia della guerra infinita, Ed. DeriveApprodi 2005.

 

 

Notes :

[1] Pesc, acronyme de « Politique étrangère et de sécurité commune ».

 

 

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Porochenko : criminel dans le Donbass, criminel en Côte d’Ivoire

Porochenko : criminel dans le Donbass, criminel en Côte d’Ivoire | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : © AP Photo/ Rebecca Blackwell

 

 

Porochenko : criminel dans le Donbass,

criminel en Côte d’Ivoire

 

Quand on parle de la guerre civile qui a eu lieu en Côte d’Ivoire, on pense généralement à toutes les magouilles françaises de Chirac à Sarkozy, et des intérêts des grands groupes français, mentionnant à peine l’autre grand fléau ivoirien dû à sa qualité de premier producteur de cacao. Et pour le cacao, ce n’est pas en France qu’il faut chercher.

 

De ce point de vue, la situation en Cote d’Ivoire concernait beaucoup de monde, à commencer par certains de nos voisins, et tous les ténors de ce secteur, comme Porochenko. La France y a joué un rôle de mercenaire, le même qu’en Libye, pour placer un homme choisi par les puissances financières internationales, alors que ses intérêts n’étaient pas vraiment menacés (les grands groupes français étaient toujours aussi solidement implantés dans le pays, malgré la guerre), et Laurent Gbagbo était très ouvert à toutes les négociations avec la France, avec, il est vrai, la carte chinoise qui lui donnait des atouts supplémentaires.

 

 

***

 

 

Le président ukrainien Piotr Porochenko est un criminel. Cela est bien connu. Le génocide engagé contre la population du Donbass a montré clairement son visage, ainsi que celui de ses maîtres étasuniens.

 

Mais il y a une face cachée de ce sinistre personnage que beaucoup ne connaissent pas. Le « roi du chocolat » est également responsable de génocide contre la population de Côte d’Ivoire.

 

Certains ignorent encore d’où vient la richesse du président actuel de l’Ukraine. Cet oligarque pro-occidental a fait sa fortune grâce au chocolat. Sa marque Roshen est de loin le plus gros producteur ukrainien de confiserie et fait partie du TOP 15 mondial (http://fr.wikipedia.org/wiki/Roshen).

 

Chose « incroyable », la marque du président pro-européen a renforcé de près de 10 fois ses positions sur le marché ukrainien depuis l’accès au pouvoir des putschistes à Kiev. Après tout, il faut « bien » utiliser sa position. Les crimes de la junte kiévienne contre la population civile du Donbass sont aujourd’hui connus pratiquement de tous. Les partisans néofascistes de la junte le reconnaissent sans remords. Après tout, l’objectif est clair : éliminer tous ceux qui ne se soumettent pas au diktat pro-US.

 

Mais beaucoup d’Ivoiriens et plus généralement Africains seraient plus qu’intéressés d’apprendre que l’actuel président de l’Ukraine est responsable des crimes en masse contre la population ivoirienne, et du chaos qui s’est créé en Côte d’Ivoire depuis 2002.

 

En effet, Porochenko à l’instar de ses amis occidentaux, n’a jamais caché son aversion pour Laurent Gbagbo, dont les idées et objectifs ne pouvaient aucunement arranger les intérêts oligarchiques des premiers. Le président ivoirien Laurent Gbagbo était révolutionnaire. Il le reste toujours d’ailleurs bien qu’étant emprisonné dans l’injustice totale par la Cour pénale internationale (CPI). Il voulait arracher la dignité pour son peuple, son pays et son continent. Il a dû en payer les frais de la plus dure des manières, dans la lignée des grands leaders d’Afrique : Lumumba, Sankara, Mandela, Kadhafi pour ne citer qu’eux.

 

Les idées révolutionnaires du président Gbagbo concernaient bien évidemment aussi le secteur du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le leader absolu en termes de production : plus de 35 % de la production mondiale des fèves de cacao. Plus d’un tiers de chance que les barres de chocolat que nous achetons dans les supermarchés aient été produites grâce aux fèves de Côte d’Ivoire.

 

La volonté de Gbagbo de diversifier les relations dans ce secteur clé de l’économie ivoirienne, notamment avec la Chine, et donner ainsi la possibilité à son pays, de loin le premier producteur mondial, d’en tirer plus profit, n’était aucunement du goût des principales sociétés occidentales du secteur, ni de Roshen de Porochenko… On connait la suite : l’armée néocoloniale française a délogé par les armes le président légitime ivoirien du palais présidentiel en humiliant totalement l’indépendance et la souveraineté ivoirienne.

 

Mais derrière et bien avant l’humiliation ultime, il y avait ceux qui ont contribué à la création de la rébellion armée, et ce depuis 2002. On y retrouve les mêmes : la France (ou plutôt l’Élysée), les USA et… Piotr Porochenko, l’actuel président ukrainien qui ne pouvait lui aussi permettre que le principal producteur mondial de cacao échappe au contrôle de ses énormes intérêts financiers, d’autant plus liés directement à ce secteur.

 

Selon le média eurasien et panafricain EODE TV, qui enquête en permanence sur les réseaux occidentaux en Afrique et qui l’avait abordé depuis avril de l’année dernière, Porochenko n’hésitera donc pas à « investir » dans le massacre des Ivoiriens et dans la déstabilisation de la Côte d’Ivoire : participation au financement de la rébellion armée, guerre entre importateurs, après tout le sang des citoyens ivoiriens ne vaut rien pour les prédateurs assoiffés des énormes profits.

 

Et après cela, quelqu’un s’étonne-t-il encore du massacre massif contre la population de Novorossia, ayant refusé de se soumettre au diktat de Washington et de ses sous-traitants maïdanesques kiéviens ?

 

Le fait est que tôt ou tard, ce sinistre personnage devra bien répondre de ses crimes devant une nouvelle justice internationale (certainement pas à la CPI puisque cette organisation s’est discréditée en tant qu’organe de justice). Et lorsque cela arrivera, en plus des habitants du Donbass, les citoyens de Côte d’Ivoire auront toute la légitimité de demander réparation audit criminel pour tous les crimes, massacres et chaos créés dans leur pays. Ce temps viendra, soyez-en sûrs.

 

Et à chaque fois que vous reverrez encore son sourire hypocrite, ainsi que celui de ses « amis » de l’élite politique occidentale, repensez à toutes ces victimes ivoiriennes ayant pour seule faute le soutien à la dignité de leur nation.

 

Sputnik va obligatoirement revenir sur ce sujet, notamment à travers des témoignages et analyses d’experts. Les bourreaux doivent bien comprendre que l’impunité n’est pas éternelle.

 

 

 

Par Mikhail Gamandiy-Egorov - fr.sputniknews.com – le 30 mai 2015

  

Pour plus d’infos :

- Ukraine : Porochenko sept fois plus riche après une année au pouvoir

- Où va l’argent des oligarques ukrainiens ?

- Une radio américaine accuse Porochenko d’abus de pouvoir

 

 

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La chute de Palmyre renverse l’équilibre géopolitique au Levant

La chute de Palmyre renverse l’équilibre géopolitique au Levant | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La chute de Palmyre renverse l’équilibre

géopolitique au Levant

Par Thierry Meyssan (*)

 

 

La situation s’est considérablement aggravée au Levant avec la coupure par l’Émirat islamique de l’antique « route de la soie », c’est-à-dire du passage de l’Iran à la Méditerranée. Il n’existe que deux options possibles : soit par Deir ez-Zor et Alep, soit par Palmyre et Damas. Le premier chemin est coupé depuis début 2013, le second vient de l’être. La chute de Palmyre aura donc des conséquences considérables sur l’ensemble de l’équilibre régional.

 

La presse occidentale consacre ces jours-ci ses « une » à la Syrie ; une situation que l’on n’a pas connue depuis deux ans, lors de l’affaire des bombardements chimiques de la ghouta et du projet d’intervention de l’OTAN. Les journalistes s’inquiètent de la progression de l’Émirat islamique et de la possible destruction de la ville antique de Palmyre.

 

Pourtant, rares sont ceux qui connaissent l’histoire de la reine Zénobie qui, profitant au IIIe siècle de la faiblesse de Rome, dont les Gaules s’étaient déjà affranchies, proclama son propre fils empereur et elle-même régente. Elle libéra non seulement la Syrie, mais aussi les peuples d’Égypte, de Palestine, de Jordanie, du Liban, d’Irak, d’une partie de la Turquie et même de l’Iran actuels. Sa capitale, Palmyre, fut une cité d’un grand raffinement, ouverte à toutes les religions, étape brillante de la route de la soie reliant la Méditerranée à la Chine. Cependant, le général Aurélien ayant réalisé un coup d’État à Rome parvint à rétablir l’unité de l’empire, écrasant d’abord l’impératrice Zénobie, puis l’empire des Gaules, avant de mettre un terme à la liberté religieuse, d’imposer le culte du Soleil invaincu et de se proclamer Dieu. Cette histoire prestigieuse fait de Palmyre le symbole de la Résistance du Levant à l’impérialisme occidental de son époque.

 

On peut s’étonner de l’importance donnée à la chute de Palmyre par la presse occidentale. D’autant que la plus importante progression de Daesh cette semaine n’était pas en Syrie, ni en Irak, mais en Libye avec la chute de Syrte, une ville cinq ou six fois plus peuplée que la syrienne Palmyre. Pourtant, les mêmes journalistes qui s’étalaient longuement durant les deux derniers mois sur la situation chaotique libyenne et appelaient à une intervention militaire européenne pour mettre fin au transit de migrants ne l’ont pas mentionnée. Il est vrai qu’en Libye, Daesh est commandée par Abdelhakim Belhaj, nommé gouverneur militaire de Tripoli sous les auspices de l’OTAN [1] et reçu officiellement, le 2 mai 2014 à Paris, par le Quai d’Orsay.

 

Pour dramatiser un peu plus, les journalistes occidentaux affirment à l’unisson que désormais « Daesh contrôle la moitié du territoire syrien » (sic). Toutefois, leurs propres cartes les contredisent puisqu’ils n’y montrent qu’un contrôle sur quelques villes et sur des routes, et non pas sur des régions.

 

À l’évidence, le traitement médiatique de la situation au « Moyen-Orient élargi » ne vise pas à rendre compte de la réalité, mais instrumente certains éléments judicieusement sélectionnés pour justifier des politiques.

 

 

Daesh et l’enjeu de Palmyre

 

Nous souhaiterions que l’émotion soulevée par la chute de Palmyre soit sincère et que les Occidentaux, après avoir massacré en une décennie plusieurs millions de personnes dans cette région aient décidé d’en finir avec ces crimes. Mais nous ne sommes pas dupes. Cette émotion sur commande vise à justifier d’une réaction militaire contre ou à propos de Daesh.

 

Celle-ci est indispensable si Washington souhaite toujours signer l’accord qu’il a négocié, deux ans durant, avec Téhéran.

 

En effet, Daesh a été créé par les États-Unis avec le soutien de la Turquie, des monarchies du Golfe et d’Israël, comme nous l’avons toujours dit et ainsi qu’en témoigne un document partiellement déclassifié cette semaine de la Defense Intelligence Agency (DIA) que le lecteur pourra télécharger au bas de cette page.

 

Contrairement aux inepties de certains journalistes qui accusent le « régime de Bachar » (sic) d’avoir fabriqué cette organisation pour diviser son opposition et la faire glisser dans le radicalisme, la DIA atteste que l’Émirat islamique est fonctionnel à la stratégie états-unienne. Ce rapport, daté du 12 août 2012 et qui a largement circulé dans l’ensemble de l’administration Obama, annonçait clairement les plans de Washington :

 

« Si la situation se dénoue, il y aura la possibilité d’établir une principauté de salafistes, reconnue ou non, à l’Est de la Syrie (Hassaké et Deir ez-Zor), ce qui est exactement l’objectif des soutiens de l’opposition [les États occidentaux, les États du Golfe et la Turquie], afin d’isoler le régime syrien, qui est considéré comme la profondeur stratégique de l’expansion chiite (Irak et Iran) ».

 

Ainsi que nous l’avons toujours dit, l’Émirat islamique a été développé par une décision du Congrès des États-Unis, réuni en séance secrète en janvier 2014, afin de réaliser le plan Wright. Il s’agissait de créer un « Kurdistan » et un « Sunnistan » à cheval sur la Syrie et l’Irak ayant pour finalité de couper la « route de la soie » après l’achat de Deir ez-Zor (la ville a été achetée à des fonctionnaires corrompus, sans combat).

 

Depuis la plus haute antiquité, un faisceau de voies de communication relie Xi’an (l’ancienne capitale chinoise) à la Méditerranée. Cette route relie l’Iran à la mer à travers le désert, soit par Deir ez-Zor et Alep, soit par Palmyre et Damas. Elle est aujourd’hui utilisée pour transiter des armes vers la Syrie et le Hezbollah libanais et devrait être utilisée pour transporter le gaz du champ de Fars (Iran), vers le port de Lattaquié (Syrie).

 

Palmyre, la « cité du désert », n’est donc pas simplement un vestige d’un passé merveilleux, c’est une pièce stratégique dans l’équilibre régional. C’est pourquoi il est grotesque de prétendre que l’Armée arabe syrienne n’a pas cherché à la défendre. En réalité, cette armée a agi comme elle le fait toujours depuis l’arrivée des mercenaires dans le pays : de manière à minimiser les pertes civiles, elle se retire lorsqu’ils avancent en petits groupes coordonnés (grâce aux moyens de communication que leur fournit l’Occident) et les frappe lorsqu’ils se regroupent.

 

La Coalition internationale anti-Daesh, créée par les États-Unis en août 2014, n’a jamais combattu les jihadistes. Il est au contraire attesté — non pas une seule « par erreur », mais une quarantaine de fois — que les avions occidentaux ont largué des armes et des munitions à l’Émirat islamique.

 

Au demeurant, ladite Coalition de 22 États prétend disposer d’un nombre supérieur d’hommes, qui sont mieux formés et disposent de meilleurs matériels que Daesh. Pourtant, elle n’a pas fait reculer l’Émirat islamique, mais celui-ci ne cesse de conquérir de nouvelles routes.

 

 

L’évolution des intérêts états-uniens

 

Quoi qu’il en soit, Washington a changé de stratégie. Ainsi que l’atteste la nomination du colonel James H. Baker comme nouveau stratège du Pentagone [2], la page de la stratégie du chaos est tournée. Les États-Unis reviennent à une conception impériale classique, fondée sur des États stables. Et pour signer leur accord avec l’Iran, ils doivent maintenant évacuer l’Émirat islamique du Levant avant le 30 juin.

 

La campagne de presse démesurée sur la chute de Palmyre pourrait n’être qu’une préparation de l’opinion publique à un véritable engagement militaire contre Daesh. Ce sera le sens de la réunion des 22 membres de la Coalition (et de 2 organisations internationales) à Paris, le 2 juin. D’ici là, le Pentagone devra décider s’il détruit l’Émirat islamique ou s’il le déplace et l’utilise ailleurs à d’autres tâches. Trois destinations sont envisageables : déplacer les jihadistes en Libye ; en Afrique noire ; ou dans le Caucase.

 

Dans le cas contraire, l’Iran ne signera pas et la guerre continuera à son paroxysme, car la chute de Palmyre sous les coups de jihadistes fabriqués par l’Occident aura les mêmes conséquences que sa prise par les légions d’Aurélien. D’ores et déjà, elle menace la survie de l’« Axe de la Résistance », c’est-à-dire de la coalition Iran-Irak-Syrie-Liban-Palestine. Le Hezbollah envisage de décréter la mobilisation générale.

 

 

 

Par Thierry Meyssan (*) - RÉSEAU VOLTAIRE | DAMAS (SYRIE) - LE 25 MAI 2015

 

 

Document joint :

Rapport de la DIA sur les jihadistes au Levant, 12 août 2012.

(PDF - 582.2 ko)

 

Notes :

[1] « Comment les hommes d’Al-Qaida sont arrivés au pouvoir en Libye », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 septembre 2011 ; « L’Armée syrienne libre est commandée par le gouverneur militaire de Tripoli », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 décembre 2011 ; « Selon Interpol, Abdelhakim Belhaj est le chef de Daesh au Maghreb », Réseau Voltaire, 25 février 2015.

[2] « Ashton Carter nomme le nouveau stratège du Pentagone », Réseau Voltaire, 17 mai 2015.

 

 

(*) Thierry Meyssan : consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

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État islamique & coalition arabo-occidentale : Document ahurissant du Renseignement US, preuve cynique de la collusion

État islamique & coalition arabo-occidentale : Document ahurissant du Renseignement US, preuve cynique de la collusion | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


État islamique & coalition arabo-occidentale : Document ahurissant du Renseignement US, preuve cynique de la collusion

 

Cela fait longtemps que nous savons que l’État islamique est cornaqué par la coalition arabo-occidentale, bénéficiant de camps d’entrainement et de formation. MPI vous a donné au fur et à mesure les documents et les recoupements. Mais cette fois-ci c’est un document officiel du Pentagone qui l’atteste avec un cynisme ahurissant. 

 

Judicial Watch se définit elle-même comme « une fondation conservatrice, qui se bat pour la responsabilité et l’intégrité du droit, la politique et le gouvernement, afin que personne ne soit au-dessus de la loi, » aux USA.

 

Judicial Watch a publié le 18 mai dernier une sélection de documents déclassifiés suite à un procès fédéral intenté contre le département américain de la Défense et le département d’État ; procès que la fondation a gagné. Les documents ont donc été déclassifiés et ouverts au public.

 

L’un de ces documents déclassifiés, rédigé en 2012, émis par la Défense Intelligence Agency (l’Agence de renseignements américaine), manifeste clairement le souhait d’un « État islamique » dans l’est de la Syrie pour que l’Occident, les pays du Golfe et la Turquie, unis dans un même complot, puissent arriver à leurs fins dans la région contre le gouvernement légitime syrien : « l’Occident, les pays du Golfe et la Turquie soutiennent l’opposition » et « La possibilité d’établir un émirat salafiste officiel ou pas, dans l’est de la Syrie (Hasaka et der Zor), et c’est exactement ce que veulent les forces qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien »  … (Source : doc. DIA)

 

Le rapport de la DIA, déclassifié, daté du 12 août 2012, a été largement diffusé parmi les divers organes gouvernementaux, y compris CENTCOM, la CIA, le FBI, le DHS, NGA, le Département d’État et beaucoup d’autres.

 

Le document montre que, dès 2012, le renseignement américain avait prévu la montée de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (ISIL ou ISIS), mais au lieu de désigner clairement le groupe comme un ennemi, le rapport envisage le groupe terroriste comme un atout stratégique américain. (Source)

 

« Les 7 pages du document de la DIA indiquent qu’al-Qaïda en Irak (AQI) a été le précurseur de l' « État islamique en Irak (ISI) », qui est devenu l’« État islamique en Irak et au Levant qui soutenait l’opposition syrienne dés le commencement, à la fois idéologiquement et à travers les médias ». (source)

 

Le rapport déclassifié du Pentagone note que la « montée de l’insurrection en Syrie » prend une « direction de plus en plus sectaire, » attirant le soutien de « pouvoirs religieux et tribaux sunnites » de toute la région. (Source : doc. DIA)

 

Dans une section intitulée « Les hypothèses futures de la crise », le rapport de la DIA prédit que si le régime d’Assad venait à survivre en conservant le contrôle du territoire syrien, la crise continuerait à monter « en guerre par procuration. » (S’agit-il de la guerre par procuration des l’islamiste [et néanmoins atroces assassins], au profit de la coalition arabo-occidentale ?)

 

Notant que les salafistes, les Frères musulmans, et al-Qaïda en Irak (AQI) sont « les principales forces motrices de l’opposition en Syrie », le document stipule que « l’Ouest, les Pays du Golf et la Turquie soutiennent l’opposition, cependant, la Russie, la Chine et l’Iran, soutiennent le régime. » (Source : doc. DIA).

 

On notera que les islamistes agissent pour le compte de l’Occident, mais avant tout pour leur propre compte. Il est donc inexact de prétendre que l’islam n’est pas responsable et que seuls les USA seraient responsables. Comme en 1915 l’islam est en train de perpétrer un nouveau génocide des chrétiens, avec, cette fois-ci, la complicité des autorités occidentales qui trahissent le plus hypocritement du monde leurs propres ressortissants, dont la majorité sont chrétiens, en leur faisant avaler de grosses couleuvres. 

 

En Libye, les rebelles anti-Kadhafi, dont la plupart étaient affiliés à Al-Qaïda, ont été protégés par l’OTAN comme des « havres de paix » que sont les « zones d’exclusion aérienne ». Et le document suggère d’utiliser de mêmes zones d’exclusion aérienne humanitaires pour servir de base de repli aux islamistes

 

Le document du Pentagone évoque explicitement la déclaration probable d’un « État islamique par son union avec d’autres organisations terroristes en Irak et en Syrie. » (Le levant). Cette constatation n’empêche pas « les pays occidentaux, les pays du Golfe et la Turquie de soutenir ces efforts » comme étant « les forces d’opposition » syriennes qui se battent pour « contrôler les régions de l’Est (Hasaka et Der Zor), adjacentes aux provinces irakiennes occidentales (Mossoul et Anbar) ».

 

Anbar est la région irakienne de Ramadi qui jouxte la région de Palmyre en Syrie. La région d’Anbar et Palmyre sont tombées ces derniers jours, alors que le document est datée d’août 2012.

 

« … Il y a la possibilité d’établir un émirat salafiste déclaré ou non dans l’est de la Syrie (Hasaka et Der Zor), ce qui est exactement ce que veulent les forces qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien, qui est considéré comme le support stratégique de l’expansion chiite (l’Irak et l’Iran) « . (Source : doc. DIA)

 

 

Pour résumer :

l’ex-document secret du Pentagone fournit la confirmation que la coalition arabo-occidentale menée par les USA et qui prétend se battre (fort mollement, il est vrai) contre l’État Islamique, avait il y a trois ans salué l’émergence d’un « califat salafiste » en Irak, suggérant qu’il pourrait s’étendre à la Syrie comme un moyen de faire chuter le pouvoir légitime d’Assad, et de bloquer l’expansion stratégique de l’Iran. 

 

La coalition arabo-occidentale est clairement identifiée tout au long du document comme étant « l’Occident, les pays du Golfe et la Turquie. » Les pays du Golfe comprenant l’Arabie saoudite, et l’ensemble des Émirats Arabes-Unis, dont le Qatar, Abou Dhabi, Dubaï et quatre autres.

 

Les analystes du Pentagone montrent qu’ils étaient bien conscients en été 2012 des risques terribles de cette stratégie ; ils craignaient que le califat crée l’atmosphère idéale pour qu’Al Qaïda s’empare de Mossoul et de Ramadi. Depuis, les islamistes se sont emparés de ces régions. Celle de Ramadi (région d’Anbar en Irak) a été prise il y a quatre ou cinq jours.

 

Ils ajoutent qu’un tel califat sera : « … Un élan de rassemblement autour du djihad chez les sunnites d’Irak et de Syrie, et avec le reste des sunnites dans le monde arabe contre ce qu’ils considèrent comme un ennemi. L’EI pourrait également déclarer un État islamique au travers de son union avec d’autres organisations terroristes en Irak et en Syrie, ce qui créera un grave danger en ce qui concerne l’unification de l’Irak et la protection du territoire ». 

 

Depuis ce document, à partir du Moyen-Orient, l’islamisme s’est mis à dévaster de nombreux pays d’Afrique noire et s’est imprégné dans de nombreux esprits en Occident, où il était latent il est vrai. Mais rien ne démontre que la politique de la coalition ait évolué pour autant, bien au contraire.

 

Suite aux révélations de ce document, un porte-parole du Foreign Office a déclaré :

 

« Al Qaïda et l’EI sont des organisations terroristes proscrites. Le Royaume-Uni s’oppose à toutes les formes de terrorisme. AQ, ISIL et leurs sociétés affiliées constituent une menace directe pour la sécurité nationale du Royaume-Uni. Nous faisons partie d’une coalition militaire et politique pour vaincre ISIL en Irak et en Syrie, et nous travaillons avec des partenaires internationaux pour contrer la menace d’Al Qaïda et d’autres groupes terroristes dans cette région. En Syrie, nous avons toujours soutenu les groupes d’opposition modérés qui s’opposent à la tyrannie de Assad et à la brutalité des extrémistes ». (Source)

 

Nous reconnaissons dans ce commentaire du Foreign Office, outre la langue de bois, les fameux et fumeux prétendus « opposants modérés à Bachar el Assad » (selon le terme requis), que les Américains se sont vantés de former en grand nombre dans des camps en Turquie, en Jordanie et ailleurs, avec des « citoyens de tous les pays », selon l’ambassadeur de Géorgie aux USA.

 

Ce document est la confirmation au plus haut niveau du Renseignement US, que les autorités occidentales et leurs alliés sunnites de Turquie, d’Arabie Saoudite et des autres émirats du Golfe, ont vu, sciemment, la création d’un califat et en ont suggéré l’extension, pour s’en servir comme de leur outil propre, pour faire sauter les autorités légales de la Syrie.

 

Cela n’empêchera pas l’Occident de continuer à tromper la majorité de ses populations en laissant croire qu’il combat l’islamisme au Moyen-Orient. Pas plus tard que jeudi, François Hollande a versé des larmes de crocodile sur les morts de l’État islamique…

 

Ici, le document déclassifié du renseignement américain, qui a servi de base à cet article.

 

 

 

Par ÉMILIE DEFRESNE - medias-presse.info – le 24 mai 2015.

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La nouvelle guerre de 1 000 ans !

La nouvelle guerre de 1 000 ans ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



La nouvelle guerre de 1 000 ans !

 

Depuis mars 2003 et l’invasion de l’Irak par l’armada américaine, la région du Moyen-Orient vit sous l’emprise de la guerre et de la violence. Douze ans après cette agression, l’ancienne Mésopotamie est aujourd’hui ruinée et dépecée alors que les guerres ethniques et confessionnelles font rage. Pas loin, un nouveau front a été ouvert en Syrie, qui dure depuis maintenant quatre ans. Une Syrie dévastée qui connaît le sort de son voisin irakien. Ce sont deux berceaux de la civilisation humaine qui sont ainsi mis à mal.

 

Et il y a le Yémen qui, en conflit latent depuis 2011, est désormais à son tour engagé dans une guerre sanglante, dont personne ne peut en prévoir l’issue. À l’ouest de la région arabe, au Maghreb, la situation n’est guère meilleure dont la Libye, qui entre dans la quatrième année d’une guerre fratricide, illustre parfaitement la donne. En Égypte, le nouveau pouvoir militaire — qui organise une meurtrière traque aux opposants — initie des procès de masse inédits dans le monde, créant un effrayant remake de la chasse aux sorcières des âges sauvages.


Le Liban, sans président ni Parlement, depuis le 25 mai 2014, est retombé dans ses travers et un rien pourrait rallumer la flamme de la discorde. Reste la Palestine, avec des guerres qui durent depuis 68 ans, traversant des phases chaudes et froides. Un cas que l’on a rendu et que l’on a voulu insoluble avec, quelque part, une responsabilité patente de dirigeants arabes incapables d’élever le ton et d’aider concrètement les Palestiniens.


Mais, ceux qui bloquent de tous les freins l’émergence d’un État en Palestine sont ceux-là qui jouent les sous-traitants des impérialismes américain et occidental. Or, un point commun lie ces différents évènements du Machrek et du Maghreb : l’interventionnisme tous azimuts des Al Saoud. En fait, les Saoudiens, dont le trône ne tient qu’à la protection des États-Unis, ne sont pas pour peu dans la dégradation des situations en Irak, en Syrie et au Yémen, notamment, où Riyad mène, dans ce dernier pays depuis le 25 mars, une guerre de destruction.


Les Saoudiens ont été à bonne école, avec leur opération « Tempête décisive » au Yémen à l’imitation des « tempêtes » désastreuses US contre l’Irak, dans les guerres du Golfe, ou d’Israël contre les Palestiniens. On ne peut comprendre les évènements qui marquent ces pays arabes — en particulier depuis l’avènement dudit « Printemps arabe » — si l’on ne remet pas les faits dans leur contexte géostratégique, et si l’on ne revient pas sur les carences des dirigeants arabes — plus préoccupés à faire pérenniser leur pouvoir que construire des États forts, appuyés sur l’État de droit, la démocratie et les libertés — qui ont de la sorte facilité les ingérences étrangères. Les États-Unis et Israël, notamment, n’ont eu qu’à mettre à profit cette situation pour aggraver, si cela se pouvait, les clivages entre les Arabes. Pendant que ceux-ci s’entre-tuent dans de nouvelles guerres de religion et/ou de leadership, leur monde recule sur tous les plans. Cette région qui avait le potentiel — grâce à son homogénéité historique et linguistique et forte de ses près de 400 millions d’habitants — de devenir une grande puissance, a à contrario gravement régressé et s’est enlisée, sous l’impulsion d’un wahhabisme rampant, dans les guerres tribales et claniques.

 

Alors que le Monde dit « arabe » se vide de son intelligentsia au profit de pays — à leur tête les États-Unis — qui font tout pour le maintenir dans l’obscurantisme et le despotisme, certains régimes arabes, particulièrement l’Arabie saoudite, donnent des coups de pouce décisifs à cette rétrogradation arabe. En fait, Riyad assume l’entière responsabilité de l’avènement de l’islam radical en ayant été à l’origine de la fondation — dans les années 1980 — de la nébuleuse Al Qaïda, conjointement avec les États-Unis. C’est encore l’Arabie saoudite qui finance le terrorisme transfrontalier, singulièrement, en Syrie — où opère l’un de ses bras armés le groupe jihadiste Al Nosra — et dont l’action armée au Yémen tend à détruire le plus pauvre des pays arabes.

 

De fait, tous les ingrédients se trouvent aujourd’hui réunis pour plonger le Monde dit « arabe » dans une guerre de 1 000 ans. Les Al Qaïda et l’autoproclamé « État islamique » (EI/Daesh) — faut-il s’étonner que Daesh qui a détruit en Irak et en Syrie les assises des civilisations anciennes, ne s’en prend ni à Israël, ni aux États-Unis ? — semblent avoir eu pour mission de renvoyer les Arabes à la période de la Jahiliya. Comment peut-il en être autrement quand ces groupes terroristes s’attaquent aux seuls pays arabes ayant fait de la modernité leur credo ? L’histoire ne manquera pas de le relever et de noter le rôle joué par Riyad dans la déroute dudit « Monde arabe ».

 

 

Par Karim MOHSEN (lexpressiondz.com, journal algérien) - Pierre Royant (reseauinternational.net) - le 23 mai 2015.

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Vidéo - Nigel Farage : le plan d’accueil des exilés est une menace directe pour notre civilisation

Vidéo - Nigel Farage : le plan d’accueil des exilés est une menace directe pour notre civilisation | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Nigel Farage : le plan d’accueil des exilés est une

menace directe pour notre civilisation

 

Nigel Farage dénonce la politique hypocrite des pays de l’Union Européenne et préconise de suivre la même politique que l’Australie en ce qui concerne l’immigration venant de Libye et de Syrie.

 

 

>>> voir la vidéo « Nigel Farage : le plan d'accueil des exilés est une menace directe pour notre civilisation » ici.


Par l’agenceinfolibre.fr – le 30 aril 2015.


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Le Mali voit sa dette annulée par la France : contrats pétroliers et achats d’armement en retour ?

Le Mali voit sa dette annulée par la France : contrats pétroliers et achats d’armement en retour ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Le Mali voit sa dette annulée par la France : contrats pétroliers et achats d’armement en retour ?

 

Simple coïncidence ? Permettez-moi d’en douter… alors que France et Espagne se sont rendues ensemble au Sénégal à la fin octobre, avant de se rendre au Mali, quelques fortes odeurs de pétrole flânant ici ou là, le ministre français des Finances Michel Sapin vient d’informer officiellement le président malien Ibrahim Boubacar Keïta de l’annulation de la dette du Mali se chiffrant à 43 milliards de francs CFA, soit 65 millions d’euros. Michel Sapin, présent à Bamako pour une réunion des ministres de la zone franc, en a fait part jeudi soir à M. Keïta.

 

Le retour sur « investissement » ne devrait tarder à apparaître à mon humble avis… se chiffrant en pétrodollars… ou autre monnaie de même ordre.

 

Rappelons que la France détenait cette créance auprès de Bamako depuis 1984, d’un montant initial de 229 millions d’euros et qui faisait suite à la réintégration du pays dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). C’est donc trente ans après et alors que – quoiqu’on en dise – une véritable guerre du pétrole agite le Sahel que Paris distille ses largesses…

 

« La France apporte son soutien au Mali pour lui permettre de lutter contre le terrorisme, de lui permettre d’affirmer son intégrité territoriale dans le dialogue. On le fait pour l’aider à satisfaire les impératifs de développement », a expliqué pour sa part le ministre français lors d’une conférence de presse.

 

Ajoutant : « le terrorisme, quelle qu’en soit la nature, a besoin de financement. Si on veut éradiquer la terreur, il faut lutter contre son financement par des mécanismes appropriés ».

 

Une phrase qui résonne tout particulièrement alors que nous rapportions ici même les propos de Gérard Longuet –  ministre français de la Défense de 2011 à 2012 – lors de l’un des ateliers organisés dans le cadre du forum qui s’est tenu le 15 et 16 décembre 2014 à Dakar (Sénégal) sur la Paix et Sécurité en Afrique.

 

S’exprimant lors d’une séance de travail, ce dernier n’y est pas allé par quatre chemins… affirmant aux ministres de la défense africaine présents dans la salle : « n’achetez pas du matériel ancien » pour assurer votre sécurité, notamment en ce qui concerne les équipements satellitaires et les drones. Cela aura eu le mérite d’être clair alors que des sociétés telles que tels que DCNS, Thalès, Airbus, MBDA (missiles), LH Aviation (drones, LH-10 Ellipse) participent en tant que partenaires…

 

Là aussi, le retour sur investissement pourrait être beaucoup plus rapide que l’on ne croit, la France pouvant ainsi en « annulant » la dette du Mali lui offrir la possibilité de s’équiper auprès des fleurons industriels français…

Quoi qu’il en soit, le ministre des Finances malien, Mamadou Igor Diarra, a tenu à saluer le geste de Paris, précisant que Bamako y voyait aussi « un encouragement dans une période où de nombreux défis sont à relever, notamment dans le domaine sécuritaire », avec l’aide de la France. « Nous avons décidé de couper le chemin du financement du terrorisme. Tous nos efforts (de développement) sont sapés par des gens qui ont des idéologies d’autres siècles », a par ailleurs déploré M. Diarra.

 

Ce dernier aurait-il déjà oublié que lors du Forum Paix et Sécurité à Dakar qui s’est tenu en décembre dernier, les pays africains avaient laissé entendre qu’ils étaient trop dépendants des financements extérieurs à l’Afrique pour assurer leur propre sécurité… Nous y reviendrons.

 

 

-  France et Espagne, main dans la main au Mali… pour terrorisme… et pétrole ?…

 

En dehors des achats de matériel militaire qui pourraient s’avérer fort lucratifs pour les finances de l’Hexagone, rappelons que c’est fort discrètement que le 23 et 24 octobre 2014, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense de la République française, s’est rendu à Dakar, accompagné par son homologue espagnol, monsieur Pedro Morenés Eulate, et ce, avant de se rendre à Bamako. En ligne de mire : le Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, avais-je alors suggéré, supputant également qu’il puisse s’agir de contrats pétroliers…

 

Quelques recherches sur internet avec les mots clés « Mali » et « Repsol » auront alors conforté mes premières intuitions.


En effet, selon les termes mêmes de Afrimag, pas plus tard qu’en avril 2014, le groupe énergétique espagnol Repsol a annoncé avoir gagné le jackpot à Taoudéni. Taoudéni, bassin pétrolier et gazier très prometteur que je soupçonne depuis fort longtemps – et ce, bien avant le déclenchement de la guerre au Mali – être à l’origine des tensions qui frappent la région depuis quelques mois.

 

Rappelons en effet que le bassin de Taoudéni est un large bassin couvrant une zone de plus de 500 000 km2 sur la partie Sud et Est de la Mauritanie, et se prolongeant vers l’Est jusqu’à une zone similaire dans la partie Ouest du Mali. Offrant ainsi des ressources en matières premières qui ne peuvent qu’attirer les appétits…

 

Malgré la taille gigantesque du bassin, seulement 6 268 km de levés sismiques 2D ont été acquis dans la partie mauritanienne du bassin, et seuls deux puits y ont été forés Abolag-1 (Texaco, 1974) et Ouasa-1 (Agip, 1974).

 

En avril 2014, Repsol  a ainsi déclaré via communiqué de presse que des indicateurs « très probants » attestaient l’existence de quantités considérables de pétrole dans le bassin de Taoudéni. Ravivant ainsi les espoirs de la Mauritanie de devenir un grand producteur de pétrole. Selon la presse internationale, le groupe espagnol aurait décidé, le 18 mars 2014, de proroger ses opérations de prospection dans le bloc 10  du bassin, côté mauritanien.

 

Un nouvel espoir, donc, pour Repsol, un temps échaudé par l’évaluation peu convaincante d’un précédent forage. Le groupe était même à deux doigts de quitter la Mauritanie, avant la découverte de ces nouveaux indices attestant la présence de réserves considérables de pétrole dans le bloc 10 du bassin de Taoudéni.

 

Alors que nous avions alerté avant même le début du conflit malien, que le Sahel et ses richesses pétrolières et gazières pouvaient conduire la région au chaos, situation que certaines puissances mondiales auraient intérêt à développer, histoire de s’approprier les ressources locales ou au « mieux » éviter qu’elles ne tombent aux mains de leurs concurrents – les faits semblaient nous donner raison à plusieurs reprises. Mêlant à la fois le pétrole, les ressources énergétiques de l’Afrique… et les paradis fiscaux tels que les îles Caymans.

 

Un communiqué du Conseil des ministres tenu le 10 juillet 2013 au Mali faisait en effet état d’un accord de 35 millions de dollars portant sur le partage de production du bloc 6 de Taoudeni, l’exploitation, le transport et le raffinage des hydrocarbures liquides ou gazeux.

 

La convention avec la société de droit des iles Caïmans est inscrite « dans le cadre de la promotion de la recherche et de l’exploitation d’hydrocarbure pour favoriser le développement économique du Mali », avaient précisé les autorités maliennes…

 

Ladite convention a été approuvée par un projet de décret adopté par le Conseil des ministres tenu sous la présidence du chef de l’État par intérim, le professeur Dioncounda Traoré. Un accord signé quelques jours à peine avant un scrutin majeur pour le pays, l’élection présidentielle devant se tenir avant la fin du mois de juillet au Mali…

 

Rappelons par ailleurs qu’en février 2013, des médias algériens avaient indiqué que Sonatrach avait décidé de geler l’ensemble de ses activités dans le bassin de Taoudeni. Une décision qui intervenait alors qu’en 2012, le groupe énergétique algérien avait pu obtenir une prolongation de deux ans de son contrat d’exploration accordé par le gouvernement malien.

 

La presse algérienne rappelait parallèlement que depuis 2007, l’Algérie avait du faire face à une rude concurrence avec des compagnies internationales pour la prospection pétrolière dans le bassin de Taoudeni, tel le français Total mais également Woodside, Dana, IPG, le chinois CNPCIM, l’espagnol Repsol, l’égyptien Foxoil.

 

Si en 2006, le groupe pétrolier ENI avait pu acquérir cinq licences en partenariat avec la société publique algérienne Sonatrach dans la zone, un porte-parole du groupe avait indiqué au début 2013 que la société italienne avait rendu ses licences. Raisons invoquées par ENI : « le très faible potentiel de la région ». Tout en précisant que les licences avaient été rendues avant le début de l’opération militaire française Serval.

 

Reste que la revue Africa Energy Intelligence annonçait quant à elle le 8 janvier 2013, que le 18 décembre 2012, soit trois jours après sa reconduction au gouvernement, le ministre malien des mines Amadou Baba Sy avait signé un décret stipulant la reprise par l’État malien du bloc 4 jusqu’alors opéré par ENI et Sipex (Sonatrach).

 

En février 2011, la presse algérienne indiquait que le groupe français Total et le groupe énergétique national algérien Sonatrach avaient dans leurs besaces plusieurs projets au Sahel. L’essentiel semblant être pour les deux groupes de « rafler » le plus de projets possible, au Mali et au Niger. Rappelons parallèlement qu’en 2012, à trois mois de l’élection présidentielle, le gouvernement malien, déjà confronté aux enlèvements d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et à la menace d’une crise alimentaire, avait dû faire face à une nouvelle rébellion touareg puis à un coup d’État. Ces attaques étant alors les premières de ce type depuis un accord ayant mis fin à la rébellion, mais également depuis le retour de Libye de centaines d’hommes armés ayant combattu aux côtés des forces du leader libyen Mouammar Kadhafi.

 

En avril 2011, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton s’était prononcée quant à elle en faveur d’une aide de 25 millions de dollars pour les rebelles libyens. Aide qui n’inclurait pas la fourniture d’armes… si l’on en croyait ses propos. Des subsides destinés à permettre aux rebelles de lutter contre les mercenaires de Kadhafi. Ces derniers étant en grande partie des milliers de jeunes Touareg, recrutés pour apporter leur soutien au dirigeant libyen, selon la presse.

 

Une situation qui inquiétait d’ores et déjà grandement le Mali, lequel redoutait dès cette période des répercussions dans la région, et plus particulièrement au Sahel, tout juste identifié – hasard de calendrier ? – comme un nouvel eldorado pétrolier. Précisons que ces populations nomades originaires du Mali, du Niger, et de l’Algérie ont, depuis les années 80, trouvé refuge auprès de l’ex-dirigeant libyen lui promettant de sécuriser le Sud-Soudan, en échange de sa protection.

 

« Nous sommes à plus d’un titre très inquiets. Ces jeunes sont en train de monter massivement (en Libye). C’est très dangereux pour nous, que Kadhafi résiste ou qu’il tombe, il y aura un impact dans notre région », avait ainsi déclaré Abdou Salam Ag Assalat, président de l’Assemblée régionale de Kidal (Mali). « Tout ça me fait peur, vraiment, car un jour ils vont revenir avec les mêmes armes pour déstabiliser le Sahel », avait-il ajouté.

 

Situation d’autant plus inquiétante que Mouammar Kadhafi aurait pu être également tenté – la manne pétrolière aidant – de recruter auprès des jeunes Touaregs du Mali et du Niger, avais-je alors indiqué.

 

À Bamako et à Niamey, des élus et des responsables politiques craignaient d’ores et déjà à l’époque que la chute de Kadhafi provoque un reflux massif de réfugiés touaregs dans une région du Sahel déjà très fragile, une situation qui pourrait conduire à une déstabilisation de la région… redoutaient-ils alors.

 

 

 

Par Élisabeth STUDERleblogfinance.com – le 12 avril 2015

Sources : lequotidien.sn, Afrimag.net, Quai d’Orsay, Repsol.

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Un protégé de l’OTAN à la tête de l’État Islamique en Libye

Un protégé de l’OTAN à la tête de l’État Islamique en Libye | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 


Un protégé de l’OTAN à la tête de

l’État Islamique en Libye

Par Georges Berghezan (*)

 

Dans les années » 80, Belhadj combat les Soviétiques en Afghanistan, probablement recruté par le réseau de Ben Laden, soutenu par l’Arabie saoudite, le Pakistan et la CIA. Revenu en Libye, il participer à la fondation du Groupe islamique combattant en Libye (GICL), dont il deviendra un de ses « émirs », et tente, à quatre reprises entre 1995 et 1998, d’assassiner Mouammar Kadhafi, pour le compte du MI6 britannique, le service extérieur de sa Gracieuse Majesté. Il se réfugie ensuite auprès de Ben Laden, en Afghanistan, jusqu’à ce que les attentats de septembre 2001 aux États-Unis, revendiqués par Al-Qaida, le forcent à fuir à travers divers pays. Il est arrêté en mars 2004 en Malaisie, transféré et torturé dans une prison secrète de la CIA en Thaïlande, puis rapatrié de force en Libye, où il est à nouveau torturé, mais sous la supervision de ses anciens amis du MI6 cette fois. Selon le Premier ministre espagnol, Aznar, il aurait été impliqué dans les attentats de Madrid, survenus quelques jours après son arrestation.

 

Sous la promesse de renoncer à la lutte armée, Belhadj quitte en mars 2010 les geôles libyennes, en compagnie de près de 200 autres islamistes, et prend le chemin du Qatar. Une année plus tard, il est de retour pour participer à l’insurrection qui secoue son pays. Après la chute de Tripoli, il est nommé gouverneur militaire de la capitale, sur proposition de l’OTAN, qui n’a pas encore cessé de pilonner le pays. Accordant de nombreuses interviews à la presse occidentale, qui le décrit souvent comme un « ancien djihadiste » devenu « combattant de la liberté », parfois même comme un « modéré », il fait l’éloge de la France, mais porte plainte contre la Grande-Bretagne à laquelle il ne pardonne pas le traitement que lui a infligé le MI6.

 

La même année, il se rend en Syrie, pour combattre au sein de l’Armée syrienne libre, la faction choyée par le camp occidental pour déstabiliser le pays. De retour en Libye, il tente de se lancer dans la politique en créant son parti, le Hizb al-Watan. Mais, si le soutien financier, d’origine qatarie, est abondant, le soutien populaire fait défaut, et Abdelhakim n’est pas élu aux élections constituantes de juillet 2012. Malgré cet échec, il consolide son pouvoir à Tripoli et demeure, aux yeux des Occidentaux au moins, un partenaire-clé, puisqu’il est reçu au Quai d’Orsay, le ministère français des Affaires étrangères, quelques semaines avant les élections législatives de juin 2014.

 

Après ces élections, il se joint à la coalition de milices islamistes et tribales, Fajr Libya, qui n’en reconnait pas les résultats et s’empare de l’ouest du pays. Depuis, de violents combats opposent Fajr Libya aux forces dites « loyales » du gouvernement issu des dernières élections et siégeant à Tobrouk, à l’extrême-est de la Libye.

 

La situation devient encore plus chaotique au début 2015 lorsqu’une faction, se réclamant de l’État islamique, fait scission de Fajr Libya et se met à combattre ses anciens alliés, notamment à Syrte. Elle se fait connaître du grand public en décapitant 21 Égyptiens, coupables d’être de rite copte, et espère manifestement engranger financement, armes et combattants en capitalisant sur la sinistre renommée du « commandement central », qui contrôle de vastes territoires en Syrie et en Irak. C’est donc cette nouvelle faction que dirigerait, selon la justice égyptienne, Abdelhakim Belhadj.

 

La barbarie de l’État islamique et les attentats qu’il perpètre en Occident risquent-ils de mettre fin à cette alliance ? À en croire les allégations d’élus, de l’armée et des services secrets irakiens, cela ne semble pas à l’ordre du jour. En effet, depuis plusieurs mois, il est question de parachutages d’armes par des avions britanniques et étatsuniens à destination de l’État islamique. À une reprise, près de Kobane, en Syrie, les États-Unis ont reconnu un tel parachutage, mais qu’ils auraient commis « par erreur ».

 

Quoi qu’il en soit, la carrière d’Abdelhakim Belhadj, de l’Afghanistan à la Libye, avec un crochet par la Syrie, est l’illustration vivante de l’alliance tumultueuse entre les tenants de l’« ingérence humanitaire » occidentale et les djihadistes, nouée il y a plus de trente ans. Il n’y a guère qu’en Bosnie-Herzégovine, où l’OTAN et les États-Unis avaient facilité l’envoi de milliers de moudjahidines, dont des membres d’Al-Qaida, pendant la guerre civile, où Belhadj ne semble n’avoir jamais mis les pieds.

La Bosnie qui est devenue aujourd’hui le principal contributeur européen, relativement à sa population, en mercenaires combattant au sein de l’État islamique…

 

Article publié simultanément dans Alerte OTAN ! n° 56, bulletin du Comité de surveillance OTAN

 

 

Par Georges Berghezan (*) Investig’Action/michelcollon.info – le 30 mars 2015

 

(*) Berghezan Georges : après avoir travaillé au GRIP (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, centre de recherche indépendant, reconnu comme organisation d’éducation permanente par la Fédération Wallonie-Bruxelles [Belgique]) durant les années 1980, Georges Berghezan y est revenu au début des années 2000. Il concentre depuis ses activités sur les nombreux conflits « post-guerre froide », particulièrement en Afrique subsaharienne...

...il a effectué plusieurs séjours en Afrique centrale afin d’y mener ou coordonner des recherches ou pour y organiser des activités de formation de la société civile, notamment via le réseau RAFAL dont il est un des coordonnateurs. La question des trafics d’armes est également au cœur de ses recherches, en particulier ceux violant des embargos internationaux. Enfin, il continue de suivre de près la situation dans les Balkans, région où il effectua de nombreux reportages à l’époque des guerres d’ex-Yougoslavie...(Source : Grip)

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L’Algérie réaffirme son refus des bases étrangères

L’Algérie réaffirme son refus des bases étrangères | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Abdelkader Messahel - almanar.com.lb


 

L’Algérie réaffirme son refus

des bases étrangères

 

Par la bouche de son ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel qui intervenait à la veille de l’ouverture de la Conférence internationale sur la lutte contre l’extrémisme et la dé-radicalisation, l’Algérie vient de réaffirmer son refus de toute base étrangère sur son sol. Pour justifier une telle position, M. Messahel a usé d’un langage diplomatique assez pertinent. Il a notamment soutenu qu’un « État capable » n’a pas besoin de bases étrangères pour combattre la menace terroriste, sachant que les puissances étrangères qui désirent établir des bases militaires en Afrique du Nord utilisent généralement le mobile de la lutte antiterroriste pour justifier leur demande. Et M. Messahel d’affirmer que l’État algérien a toutes les capacités pour faire face à la menace terroriste à ses frontières et sur son territoire. Une façon de « remercier » intelligemment les puissances étrangères qui proposent leur « aide » intéressée sous la forme d’une base militaire.

 

La position algérienne telle qu’elle a été exposée par M. Messahel permet de repousser les pressions qui se multiplient ces derniers temps en vue d’établir des bases étrangères sur le territoire national tout en évitant que ce refus algérien ne soit interprété comme un signe d’hostilité à l’égard de ces mêmes puissances dont la « capacité de nuisance » ne doit pas être négligée. Le rappel de la position algérienne concernant cette question sensible par M. Messahel est à mettre en rapport avec la dernière mise au point publique d’un autre haut responsable politique algérien. En effet, dans le cadre de sa dernière sortie médiatique, Ahmed Ouyahia, secrétaire général par intérim du RND et directeur du cabinet à la présidence de la république a rappelé clairement les raisons qui pourraient expliquer les difficultés auxquelles fait face l’Algérie dans la conjoncture régionale et internationale actuelle.

 

M. Ouyahia a rappelé notamment le fait que l’Algérie refuse d’envoyer son armée guerroyer en dehors de ses frontières (sous-entendu en Libye et au Moyen-Orient) et le fait qu’outre la Syrie (dont on sait ce qu’il en est advenu malheureusement) l’Algérie est le seul pays arabe à demeurer debout aux côtés du peuple palestinien contre l’occupant israélien. M. Ouyahia est allé jusqu’à déclarer que l’Algérie est toujours « juridiquement en guerre » (contre Israël).


Les observateurs diplomatiques n’hésitent pas à mettre en rapport ces positions officielles de l’Algérie contre l’interventionnisme des grandes puissances dans la région et les pressions exercées sur l’Algérie sous différentes formes, y compris sous la forme d’actions de déstabilisation visant à porter atteinte à la paix civile et à l’unité nationale comme cela s’est produit récemment dans la wilaya de Ghardaïa.

 

 

 

Par la Rédaction d’Algérie Solidaire – le 21 juillet 2015.

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À l’heure grecque : pourquoi ne pas supprimer le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » ?

À l’heure grecque : pourquoi ne pas supprimer le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


À l’heure grecque : pourquoi ne pas supprimer

le « droit des peuples

à disposer d’eux-mêmes » ?

Par Robert Charvin

 

 

L’indépendance des peuples, leur droit à disposer d’eux-mêmes, l’égale souveraineté des États font l’objet d’une contestation de fait de plus en plus vive de la part des puissances occidentales.

 

On a en mémoire les prétentions du « national-socialisme » et son « Ost-politique » visant à transformer les peuples européens écrasés militairement en colonies pour que l’Allemagne ait une main-d’œuvre, des terres et des ressources minières à bas prix, au nom de la supériorité de la race aryenne et de « l’espace vital » allemand : la souveraineté des États était purement et simplement niée.

 

On se souvient de l’hostilité au temps de la « décolonisation » au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est-à-dire lorsque les mouvements de libération nationale voulaient en finir avec une domination directe exercée par quelques États européens, au nom d’une « mission civilisatrice » qui n’en finissait pas et qui générait un racisme institutionnalisé.

 

Jusqu’à la veille des indépendances, la pensée dominante, en France par exemple, considérait que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, principe fondamental de la Charte des Nations Unies, n’était qu’une disposition « politique » sans valeur juridique positive ni force contraignante.

 

Les États colonisateurs, la France en particulier, invoquaient leur souveraineté dans les affaires coloniales et l’exception de compétence réservée contre toute intervention de l’ONU. Ils allaient jusqu’à refuser de communiquer les renseignements sur l’évolution des « territoires non autonomes » en violation de l’article 73 de la Charte [1].

 

En tout état de cause, lorsque le principe de souveraineté protégeait les colonisateurs contre les indépendances, il était « sacralisé » ! Il servait à neutraliser le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui n’était, selon les puissances européennes, qu’une condamnation a posteriori de la volonté de conquête de l’Allemagne nazie contre les autres pays européens.

 

1. Aujourd’hui on constate que les grands États occidentaux, avec plus ou moins de retenue, refusent toute souveraineté aux peuples et aux États qui manifestent leur insoumission à une dominance qui est celle, avant tout, de pouvoirs privés (banques, firmes transnationales) qui n’ont pourtant aucune légitimité et aucun titre à exercer leur hégémonie.

 

Ces pouvoirs publics et privés occidentaux ne supportent aucun contre-pouvoir : ils applaudissent à l’exercice démocratique des élections et même aux « révolutions » seulement lorsqu’ils s’inscrivent dans la mouvance du système néolibéral.

 

Tous les « drapeaux » politiques sont tolérés pourvu qu’ils confortent l’espace financier et économique ouvert aux intérêts privés dominants : il peut s’agir du Qatar, de l’Arabie saoudite, quasi-féodaux et plus ou moins salafistes, de la Colombie des trafiquants de stupéfiants, de la Lettonie ou de la Hongrie qui malmènent les droits des minorités. Cette « diversité » n’a aucune importance : les responsables de ces pays savent parfaitement signer des contrats « rentables » pour eux-mêmes et pour l’oligarchie planétaire. Cette capacité basique est jugée suffisante !

 

Par contre, tous les moyens sont utilisés pour détruire les forces qui ne jouent pas suffisamment le jeu du néolibéralisme. Soit pour les empêcher d’accéder au pouvoir politique de leur pays, soit pour les liquider (et avec eux, s’il le faut, l’État) s’ils y sont. C’est ainsi que la Grèce de Syrisa est menacée.

 

Leur conception de la démocratie est très restrictive : elle ne concerne pas les droits économiques et sociaux ; elle est favorable au principe du pluralisme tout en marginalisant, par tous les moyens, ceux qu’elle considère comme « extrémistes », variables selon les circonstances ; elle se fait la championne de la liberté d’expression dont elle fixe cependant des limites (en France, par exemple, on applaudit vivement à « Charlie », mais on assassine certaines émissions dérangeantes de radio ou de télévision et le droit à l’information est sous le contrôle strict de quelques oligarques). La démocratie à l’occidentale est en réalité surtout celle du bavardage : l’impact recherché est une canalisation « soft » vers une pensée unique !

 

À défaut, on multiplie des « coups procéduraux », les blocages financiers, les sanctions de toutes natures. Ce que subit la Grèce de Syrisa en est une illustration : celle des Colonels et de la droite associée au Parti socialiste bénéficiait au contraire de toutes les indulgences, comme aujourd’hui la Hongrie de Orban ou la Lettonie, spécialiste en maltraitance des minorités, malgré les obligations de principe des membres de l’Union Européenne.

 

Enfin, on répugne de moins en moins à utiliser la violence et la force armée pour réaliser des coups d’État sous couverture « populaire ».

 

Le pouvoir néolibéral, à tous les niveaux, n’accepte pas son éventuelle remise en cause : les enjeux sont en effet devenus gigantesques.

 

Il n’entend pas dissoudre l’État : celui-ci joue un rôle d’auxiliaire des pouvoirs privés très utile. Sauf bien sûr, si l’État les perturbe ; dans ce cas, ils n’hésitent pas à le casser, lui préférant le chaos dont ils pourront, au moins partiellement, tirer profit. C’est le cas en Irak, en Libye, en Syrie, au Yémen.

 

Il sait aussi le faire imploser en créant des micro-États peu viables, comme ce fut le cas pour la Yougoslavie. À l’époque de l’abaissement des frontières, de l’intensification des relations transnationales, ce n’est pas le moindre des paradoxes que de voir augmenter le nombre d’États, souvent artificiels, comme le Kosovo, par exemple !

 

Ce pouvoir néolibéral global dont le cœur est étasunien a les moyens financiers d’organiser la subversion à l’intérieur des États et de transformer les inévitables conflits internes en guerre civile rapidement internationalisée, comme en Ukraine.

 

Il apparaît très ambigu dans la guerre contre Daech et son Califat, médiatiquement mis au premier plan, mais qu’il semble vouloir instrumentaliser (par exemple, contre Damas) tout en le combattant... avec modération : les Islamistes ont le mérite de participer à la destruction des États et de leurs frontières[2] !

 

Les institutions régionales participent aussi de ce bouleversement de l’ordre international. Les États-Unis ont ainsi réussi à subordonner le Canada et à exploiter le Mexique dans une structure commune ; l’Union Européenne a permis de ligoter ses États membres, imposant, quelles que soient les réactions politiques (en France en 2005, par exemple), une logique néolibérale à tous. La souveraineté de la Grèce, par exemple, n’est qu’une formule creuse, même si le Président Hollande prend la précaution hypocrite de rappeler qu’il « respecte » la démocratie grecque, sans pour autant en tirer la moindre conséquence politique !

 

2. Malgré cette pratique sans retenue, la pensée néolibérale reste honteuse

 

Dans les années 1930-1940, les courants autoritaires qui s’exprimaient dans toute l’Europe, et pas seulement en Allemagne, s’opposaient frontalement aux courants progressistes.

 

L’Espagne républicaine a été agressée par les armées allemandes et italiennes en soutien aux rebelles franquistes au mépris le plus absolu de la souveraineté de l’État espagnol.

 

Une fois vaincues, les forces progressistes étaient éliminées au nom de principes marqués de radicalité totalitaire.

 

Aujourd’hui, les dominants néolibéraux sont handicapés par leur faux démocratisme et leur pseudo « droitdel’hommisme ». Ils s’efforcent donc de conjuguer la poursuite de leurs intérêts par tous les moyens en les enveloppant de doctrines et de discours « humanistes », qui ont aussi l’avantage de contribuer à « tuer le politique » dans l’opinion[3] ! Ils avancent masqués.

 

Toutes les violations de la souveraineté, par des résolutions du Conseil de Sécurité, comme par les grandes puissances occidentales intervenant unilatéralement, s’appuient formellement et sans complexe sur un rappel approximatif du principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de l’égale souveraineté des États consacrés par la Charte des Nations Unies.

 

Un certain droit humanitaire annihile le droit international général dont la Charte est le noyau dur et unifie les règles applicables aussi bien aux conflits internes qu’aux affrontements internationaux.

 

Les juristes de Cour, proches des ministères et de l’OTAN, inventent successivement, selon l’air du temps, ce qu’ils voudraient être de nouvelles normes, parfaitement adaptées aux intérêts d’une « globale gouvernance » de type occidentalolibéral.

 

Le professeur Mario Bettati, par exemple, qui a été conseiller du ministre des Affaires Étrangères, B. Kouchner, n’a cessé de militer, dans tous les cénacles de juristes « officiels » en faveur du « droit d’ingérence », première mouture de l’interventionnisme occidental anti-souveraineté, puis de la « responsabilité de protéger », seconde mouture « rafraîchissant » un droit d’ingérence largement discrédité, notamment dans les pays du Sud. Et de dénoncer la Russie (pour la Tchétchénie), la Chine (pour le Tibet) ou la Birmanie (ce qui ne coûte rien à personne), dans le droit fil de la stratégie de l’OTAN.

 

Pour M. Bettati et consort (notamment l’Organisation internationale de la Francophonie qui a oublié sa raison d’être originaire), la légitimité des « guerres justes » (concept archaïque et nocif) ne peut être limitée par une légalité « dépassée » : on feint, dans la doctrine occidentale dominante (dont les acteurs sont médiatiquement et professionnellement privilégiés), de croire à une philanthropie internationale incarnée par le seul Occident. Il s’agirait « d’épargner la douleur de l’injustice, le scandale de l’impunité, la révolte de la dignité bafouée » (sic) [4].

 

Cependant, cette « responsabilité de protéger » implique qu’une puissance tierce (ou une alliance politico-militaire comme l’OTAN) soit mieux à même d’assurer la protection des populations civiles que l’État directement responsable de ses citoyens.

 

Pourtant, de nombreuses questions sans réponse se posent :

 

• Seuls les États puissants sont en mesure d’user de cette pseudo nouvelle norme.

 

• La logique universaliste qui sous-tend le droit international et le principe établi de l’égale souveraineté des États est balayée au profit de certains « super » États s’autoproclamant champions de l’humanitaire.

 

• Il y a déformalisation (d’origine étasunienne) du droit en raison de la confusion avec une morale internationale, proche de celle du XIXe siècle.

 

• Il y a impossibilité de déterminer un seuil de déclenchement de la responsabilité de protéger : de vagues rapports de l’ONU financés par des Fondations occidentales seront-ils décisifs et garants de « l’objectivité » de leur appel à intervention (par exemple les Comités Tchétchénie, Human Rights Watch, ou l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme basé à Londres) ? La pratique des « deux poids, deux mesures » a toujours été flagrante en la matière.

 

Si toutes ces objections sont récusées, la logique occidentale voudrait que le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et celui de la souveraineté soit purement et simplement abrogé à la suite d’une révision explicite de la Charte des Nations Unies. Mais, le monde occidental ne peut se permettre de proposer des mesures aussi transparentes. Toute sa stratégie est basée sur l’occultation du réel et la manipulation des opinions. L’hégémonie de ses élites et l’absence de tout contrôle effectif sur elles doivent être dissimulées grâce à l’usage de procédures sophistiquées et de fictions juridiques.

 

La Nation souveraine et l’État indépendant, qui n’ont pas encore épuisé leur rôle historique, doivent néanmoins ne pas constituer un handicap pour le processus de mondialisation : les mondialisés, qu’ils soient grecs ou autres, doivent se soumettre de fait aux mondialisateurs étasuniens ou européens.

 

Ces mondialisateurs politico-affairistes sont dans l’obligation de tricher avec les citoyens de leurs pays, avec l’opinion dans les relations internationales, tout en séduisant par divers moyens une intelligentsia aux ordres pour renouveler les doctrines légitimatrices[5].

 

Ces tricheurs poursuivent donc leur travail de destruction de facto (et non de jure) de la souveraineté nationale, comme le démontre l’exemple grec, après tant d’autres événements de même nature, tout en lui rendant hommage... pour la forme.

 

 

 

Par Robert CHARVIN - Investig’Action – le 9 juillet 2015

 

Robert CHARVIN Professeur Emérite à l’Université de Nice - Sophia-Antipolis

 

 

 

Notes :

[1] Voir F. Luchaire. Droit d’Outre-Mer. PUF. 1959, p. 53. Et avant l’indépendance des colonies, l’argument du gouvernement français et de certains juristes était que l’indépendance juridique ne pouvait régler le problème du sous-développement, « au contraire, elle en complique les solutions » ! (p. 52), écrit François Luchaire. 


[2] Il convient de rappeler concernant le Moyen-Orient que les frontières étatiques en cours de bouleversement ont été édifiées au début du XX° siècle par les États européens, utilisant le nationalisme arabe contre l’Islamisme de l’Empire Ottoman ! Il y a par ailleurs longtemps que les États-Unis pactisent avec les Frères Musulmans, puis avec les Talibans. 


[3] Tous les problèmes sont prétendument évalués par les gouvernements occidentaux et leurs médias à l’aune des droits de l’homme, ce qui fausse profondément la réalité politique : c’est par exemple que la question israélo-palestinienne, de type colonial, est pervertie en un problème essentiellement humanitaire ! 


[4] Cf. Allocution de M. Bettati à l’ouverture du Colloque se la Société Française « pour » le droit international. La responsabilité de protéger. Pédone. 2008, p. 14. La préface de J.P. Cot, éphémère ministre de la Coopération de P. Mauroy, est plus réservée, ce qui n’est guère surprenant. 


[5] Cette intelligentsia qui délibérément se refuse à savoir, largement médiatisée, constate cependant que le monde change ce qui dispenserait de vouloir le changer, mais oblige à changer les idées et les concepts que l’on porte sur lui. Ces intellectuels assurent un service volontaire (gratifiant) en tant qu’auxiliaires des classes dirigeantes : ils en perdent la capacité à comprendre le monde qu’ils sont censés déchiffrer. Fonctionnant en vase clos, ils font la navette entre les petits mondes interconnectés de la politique, des médias et des idées, en ignorant leur ignorance. Comprendre le monde pour le transformer n’est pas leur préoccupation : ce n’est plus un produit mode. Quoiqu’il se passe, y compris si l’on étouffe le peuple grec, après bien d’autres, ces intellectuels éminents ne « s’occupent que de la météo du jour et bloquent l’aiguille au beau fixe ». Voir J.P. Garnier et L. Janover. La pensée aveugle. Éditions Spendler. 1993.


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Immigration : l’Europe paie les pots cassés

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Légende photo : Danielle Ryan

Source du dessin (en dessous) : boxdessins.over-blog.com


 

 

Immigration : l’Europe paie les pots cassés

La couverture médiatique sur la crise des migrants en Europe ignore la cause principale : l’OTAN

Par Danielle Ryan

 

Les médias semblent déterminés à ne pas mettre le doigt sur la principale cause de la vague d’immigration clandestine que subit l’Europe, c’est-à-dire le chaos et la misère provoqués par la politique des États-Unis en Libye, en Syrie, en Irak, au Yémen et en Somalie.

 

L’ampleur de cette crise que subit l’Europe ne doit pas être sous-estimée. Elle est vraiment sans précédent. Ce qui est plutôt sous-estimé, on peut même dire complètement ignoré par les médias de masse, sont les causes réelles de cette crise.

 

Le débat autour de l’immigration clandestine en Europe se passe presque entièrement sans référence aux causes de ce récent afflux de migrants originaires d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. L’éléphant dans le magasin de porcelaine se nomme OTAN et personne ne veut vraiment en parler.

 

Des centaines d’articles, construits autour de chiffres, de propositions et de prédictions, évitent pourtant d’établir le moindre lien entre une cause et son effet. Les journaux d’actualités semblent stupéfaits, la mâchoire tombante, à la vue des photos d’apocalypse qu’ils voient arriver sur leurs bureaux, et pourtant personne n’a l’air de vouloir en tirer une déduction évidente. Elle est pourtant si simple et logique qu’il est difficile à comprendre pourquoi elle n’est pas énoncée régulièrement et à voix haute.

 

Cela tient peut-être au fait que les journalistes sont si conditionnés à présenter les stratégies américaines et de l’OTAN sous un jour positif que cette déduction ne leur vient même pas à l’esprit. Ou alors ils sont tellement embarrassés qu’ils essayent de détourner l’attention de leur ancien et fort soutien aux différentes interventions militaires occidentales dans ces pays.

 

Il résulte de cette attitude une histoire faite pour croire que cette crise est apparue de manière soudaine et aléatoire. On assiste à une conversation sur la manière de gérer ces arrivées de bateaux remplis de Libyens cherchant à traverser la Méditerranée, comme si la Libye était un pays qui venait tout juste d’exploser et sans aucune raison apparente.

 

Le débat fait rage sur que faire de ces migrants, ce qui se comprend, car c’est effectivement le problème urgent ; mais nous avons aussi besoin de débattre sur la politique, celle de l’OTAN, qui a été le catalyseur de cette crise.

 

Même si l’Europe réussit à formuler une solution au problème, celle si ne sera qu’un cautère sur une jambe de bois, car elle ne s’adressera qu’aux symptômes. En vérité, à quoi sert de panser votre blessure alors que le gars qui vous a blessé est encore dans la pièce avec son couteau ? Pas besoin d’être très malin pour deviner comment l’histoire se terminera.

 

Même si la cause est parfois mentionnée, à contrecœur, par les médias, elle ne l’est que brièvement et de manière abstraite lorsque, par exemple, un auteur en parle en utilisant le terme conflit ou fait mention de nouvelles flambées de violence dans ces pays.

 

Les éditeurs du New York Times, quant à eux, adorent mettre carrément la faute sur le dos de l’Europe. Comme dans cet article qui dit que la crise des migrants « met en évidence les erreurs politiques de l’Europe ». Un autre article, écrit par le comité éditorial, fait la leçon aux Européens sur la meilleure manière de gérer la situation.

 

En avril, le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a plaidé pour une solution globale à la crise et promis que l’OTAN aiderait à stabiliser la situation. Le rôle de l’alliance dans la stabilisation de l’Afghanistan est une partie de cette solution globale à la crise des migrants en Méditerranée, a-t-il dit.

 

Bien vu de la part d’un chef d’une alliance, faite pour la défense et la sécurité, mais qui a poursuivi pendant des années une stratégie de déstabilisation offensive dans les régions même d’où sont originaires les personnes fuyant, par centaines de milliers, cette situation. Mais les commentaires de Stoltenberg et les actions de l’OTAN sont facilement décodables avec un peu de logique.

 

Le modus operandi de l’OTAN est clair. Cette tactique, employée à chaque fois, implique la déstabilisation totale d’une région suivie prestement par la mise en place d’une solution de l’OTAN au problème. Couplé à l’utilisation de porte-paroles mentant sans vergogne ou feignant l’ignorance (Jen Paksi, Marie Harf…) et de médias assez complaisants pour régurgiter la ligne officielle, sans remise en question, et vous obtenez la situation actuelle.

 

L’intervention de l’OTAN en Libye de 2011 a été autorisée par les Nations Unies sur des bases humanitaires et a abouti à la mort de 50 000 à 100 000 personnes et au déplacement de 2 millions d’autres. Belle réussite humanitaire.

 

De même, à la suite de la campagne américaine de déstabilisation en Syrie dans le but de renverser Bashar al-Assad et de faciliter (et même soutenir) l’avènement d’EI dans la région, un nombre impressionnant de 10 millions de personnes ont été déplacées (selon Amnesty international) et les pays européens doivent maintenant recoller les morceaux. L’Allemagne, par exemple, s’est engagée à héberger 30 000 réfugiés syriens. La Suède, qui ne fait pas partie de l’OTAN, a avancé des chiffres identiques.

 

Il faut quand même avoir conscience que ces chiffres promis par les pays européens sont pâlichons comparés au nombre de personnes déjà accueillies par les pays du Moyen-Orient. Le Liban accueille 1,1 million de réfugiés syriens, la Jordanie plus de 600 000, l’Irak presque un quart de million et la Turquie 1,6 million.

 

Il existe par contre un pays qui s’en sort bien, du moins à ce niveau là, ce sont les États-Unis. Ils ont hébergé moins de 900 réfugiés syriens en quatre ans de guerre. Des fonctionnaires américains ont présenté la sécurité nationale comme excuse pour ne pas en accueillir plus et quand même prétendu vouloir voir ce chiffre augmenter.

 

 

Débat non autorisé

 

On peut aussi percevoir entre les lignes une deuxième faute journalistique : dans les pays européens où un afflux massif d’immigrants du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord a provoqué de sérieux problèmes sociétaux, où les migrants ont du mal à s’assimiler (pour un ensemble de raisons allant des politiques gouvernementales aux croyances religieuses radicales), les médias occidentaux n’autoriseront personne à en parler franchement et cloueront au pilori tous ceux qui s’y essayent.

 

En Suède par exemple, ou la maladie du politiquement correct en est à un stade encore plus avancé que dans le reste de l’Europe, toute tentative de débat sur la cohérence de la politique d’immigration toutes portes grandes ouvertes est cataloguée de raciste. Et, ironie du contexte suédois, le pays fait face à une crise du logement et en manquera donc pour héberger les gens qu’ils ont promis d’accueillir. Quel bon sens dans la planification !

 

Il en résulte un mélange explosif pour l’Europe. Un intenable mélange d’afflux migratoire, de politique extérieur qui perpétue cet afflux, de médias complaisants et une épidémie de politiquement correct qui a contaminé tout le continent.

 

Recette pour une crise migratoire : parler beaucoup de migrants, ne dites pas pourquoi ils fuient et traitez quiconque en fait un problème de raciste – Succès garanti. Vous gagnerez même une partie gratuite si vous pouvez, en passant, relier cela avec un peu d’agression russe, de Vladimir Poutine et d’OTAN comme alliance défensive.

 

Quelques pays européens tentent une approche plus dure et se font réprimander pour cela. La Hongrie par exemple voudrait construire une barrière le long de sa frontière avec la Serbie comme celles déjà construites le long des frontières Grèce–Turquie et Bulgarie-Turquie. Là encore, cela lui a valu d’être accusée de xénophobie et de racisme de la part des médias et des instances politiques européennes.

 

Mais cela fait partie du jeu, n’est-ce pas ? Si les soutiens aux guerres de l’OTAN peuvent centrer le débat sur le fait que quiconque voulant critiquer la politique d’immigration soit raciste, nous éviterons ainsi de nous demander pourquoi les migrants débarquent en masse et pourquoi ils font face à de si sévères conditions chez eux.

 

Oksana Boiko de Russia Today a récemment essayé d’aborder le sujet avec Peter Sutherland, le représentant de l’ONU pour les migrations internationales et le développement, mais cela ne mena nulle part. Elle argumenta que l’on ne peut avoir de débat au sujet de l’immigration en Union européenne sans s’occuper d’abord du cœur même du problème, mais elle s’aperçut que la politique de l’OTAN est un sujet dont on ne peut pas discuter.

 

Débattre de la crise migratoire européenne sans reconnaitre le contexte dans lequel elle est apparue est inutile. Cela reviendrait à demander aux Américains de débattre des brutalités policières sans aborder la question du racisme. Les deux sujets sont intimement interconnectés et toute solution émergeant d’un débat biaisé serait vouée à l’échec.

 

En tous cas, il semble que pour l’instant l’Europe doive continuer à débattre de cette crise migratoire en termes de quoi faire sans penser à comment l’arrêter et rester ainsi à tourner dans ce cercle vicieux.

 

La solution évidente serait que l’OTAN arrête ses campagnes de déstabilisation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, mais cela nécessiterait d’abord de reconnaitre et accepter des vérités un peu dures a avaler.

 

 

 

Par Danielle Ryan (Russia Insider) – traduit par Wayan, relu par Diane pour le Saker francophone - le 23 juin 2015.

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Pourquoi l’Occident devient de plus en plus agressif en Afrique ?

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Carte : source : Tom Dispatch

 

Pourquoi l’Occident devient

de plus en plus agressif en Afrique ?

Par Olivier A. Ndenkop

 

Le Soudan, la Côte-d’Ivoire, la Libye, la RCA, le Mali sont les nouveaux laboratoires de l’agressivité d’un capitalisme occidental en crise structurelle depuis 2008. Pourquoi l’Occident qui ne s’est jamais comporté en enfant de chœur devient-il encore plus agressif en Afrique ? C’est parce que ce continent, qui était considéré depuis le 19e siècle comme une réserve de matières premières à la disposition exclusive du capitalisme européen et nord-américain, a décidé de s’émanciper en s’ouvrant à d’autres partenaires, notamment la Chine et les autres pays émergents. Un véritable crime de lèse colonisateur !

 

 

La crise de 2008, une crise du système capitaliste

 

Fin 2008 début 2009, l’économie états-unienne entre dans une profonde crise causée par les prêts immobiliers à risque. Les bénéficiaires de ces prêts n’ayant pas pu respecter les échéances, le système financier s’est bloqué. Les banques, les sociétés immobilières, les industries… tombaient progressivement en faillite et la crise des subprimes est devenue la crise tout court. Les fleurons de la puissance états-unienne comme American International Group, Ford, General Motors, Chrysler n’ont pu être sauvés que par l’argent du contribuable mobilisé pour aider les capitalistes spéculateurs victimes de leur boulimie du profit.

 

Le coût/coup social de ce krach est énorme : montée vertigineuse du chômage, réduction des revenus, augmentation du taux de suicide… Comme une trainée de poudre, la crise traverse les États-Unis d’Amérique et atteint l’Europe. Si aux USA ce sont les entreprises qui sont tombées en faillite, en Europe ce sont les États qui sombrent dans cette situation infamante. Le Portugal et la Grèce sont officiellement déclarés en récession. Pour la première fois dans l’histoire, plus vieux colonisateur européen (le Portugal) est allé demander de l’aide à l’une de ses anciennes colonies : l’Angola. Mais le cercle des États occidentaux en difficulté va bien au-delà des deux cités. En témoignent l’évocation et la mise en place de cures d’« austérité » dans des pays comme la France, l’Angleterre, etc. De fait, les grandes puissances occidentales n’ont plus les moyens de maintenir le niveau de vie de leurs citoyens. Ils n’ont plus les moyens de faire fonctionner de manière optimale les institutions étatiques. Pis, les coupes opérées sur les secteurs sociaux (éducation, santé, sécurité sociale, retraite) — toujours les premières victimes de la récession — ne sont ni suffisantes ni efficaces à long terme puisqu’elles rendent les régimes impopulaires.

 

 

Une crise aux conséquences désastreuses

 

La première conséquence de cette crise est qu’elle a détruit le mythe de l’inébranlabilité du système capitaliste que l’État-Unien d’origine japonaise Francis Fukuyama avait tôt fait de présenter comme « la fin de l’histoire », enthousiasmé qu’il était par la chute de l’Union des Républiques socialistes et soviétiques (URSS). Avec la crise de 2008, qui n’était pas une simple crise due à une mauvaise gestion du capital par les hommes, mais une crise du système capitaliste dans lequel l’absence de règles est érigée en règle, l’humanité a compris que l’histoire du capitalisme ne faisait que commencer. Deuxième conséquence qui découle d’ailleurs de la première : les BRICS (pays émergents conduits par la Chine) ont profité de la faillite de l’Occident pour conquérir des parts de marché au point de constituer un véritable contrepoids à l’hégémonie des puissances occidentales.

 

Très vite, une guerre d’un genre particulier a donc été ouverte avec, comme belligérants, les pays occidentaux d’une part et les puissantes émergentes d’autre part. Pour l’Occident, cette guerre pour la (re) conquête de l’hégémonie mondiale a trois objectifs. Elle doit permettre de mettre la main sur les matières premières afin de relancer la machine capitaliste grippée. Ensuite, empêcher aux pays émergents de prendre le contrôle de ces ressources pour accélérer leur industrialisation. Enfin, l’Occident fait la guerre pour fragiliser l’Afrique afin d’y empêcher tout véritable développement endogène. Il n’échappe à personne que les chefs d’Etat qui s’engagent à développer leur pays sont : assassiné (Kadhafi), renversé (Gbagbo) ou diabolisés (Bouteflika, Mugabe, Obiang Nguema, Kabila, Dos Santos).

 

 

Afrique, premier théâtre de guerre de l’Occident

 

La thèse selon laquelle « tout ce qui arrive à l’Afrique (guerres, pillage, corruption) n’est que le résultat des turpitudes des Africain(es). L’étranger n’y est pour rien » ne manque pas de défenseurs. Mais cette « théorie de l’ultra-naïveté (1) », fille de la propagande de guerre n’enlève rien au fait que les guerres en Côte-d’Ivoire, en Libye, au Mali, en RCA étaient avant tout des guerres de l’Occident impérial pour relancer son économie en crise profonde.

 

En Côte-d’Ivoire, premier pays producteur de cacao au monde, première économie d’Afrique de l’Ouest, la France, ancienne puissance coloniale, a tenté depuis 2002 de renverser le régime du président démocratiquement élu Laurent Gbagbo. Le malheur de l’ancien opposant devenu chef d’État est d’avoir voulu faire passer le développement de son pays et le bien-être des Ivoiriens avant les intérêts des multinationales occidentales qui régnaient en maîtres incontestés dans le pays. Soit dit en passant, c’est Félix Houphouët-Boigny, premier président ivoirien qui a inventé le terme Françafrique pour désigner le cadre des relations privilégiées qu’il souhaitait entre la France et l’Afrique. Pour ne pas perdre « sa » Côte-d’Ivoire, Nicolas Sarkozy a déployé les troupes et l’artillerie française pour pilonner le palais présidentiel ivoirien et en extraire le chef de l’État et l’envoyer à la Cour pénale internationale où il est incarcéré jusqu’aujourd’hui. En lieu et place, Alassane Ouattara, ami personnel de Sarkozy est installé. Depuis lors, les entreprises occidentales sont remontées en selle. Et guise de récompense, Ouattara dont l’épouse est française bénéficie de la plus grande attention des dirigeants et des médias occidentaux.

 

En Libye, l’un des rares pays au monde où l’argent du pétrole était investi dans le développement du pays, Mouammar Kadhafi a commis l’« erreur » de mobiliser des fonds pour lancer le premier satellite africain, créer la Banque centrale africaine (BCA), le Fonds monétaire africain (FMA), la Banque africaine d’investissements (BAI)… Tous ces projets étant lancés, l’Occident se voyait perdre une part importante des ressources nécessaires à sa survie. Avec le satellite africain, l’Occident perdait 500 milliards de FCFA (1 milliard de dollars), montant que les sociétés de téléphonie et les chaînes de télévision africaines payent chaque année pour être hébergées par les satellites occidentaux. Avec l’entrée en fonctionnement du FMA, de la BCA et du FAI, l’Occident, qui tire d’énormes profits du service de la dette devenu le fonds de commerce des institutions de Bretton Woods perdait de faramineuses sommes d’argent. Pour avoir voulu priver l’empire de cette rente, Kadhafi était devenu un ennemi à abattre. Et il a été abattu avec la bénédiction de l’Organisation des Nations Unies.


Pendant les bombardements de l’OTAN, l’Occident prétendait vouloir instaurer la démocratie en Libye. Aujourd’hui, le pays est devenu le quartier général du djihad dans la bande sahélo-sahélienne. Mais aucune goutte de pétrole ne rate sa destination ! L’expédition a donc été un succès pour les impérialistes qui profitent du chaos pour avoir le pétrole libyen à des prix plus abordables qu’à l’ère Kadhafi.


Au Mali, début 2014, une horde de djihadistes (certains avaient été utilisés par l’Occident pour déstabiliser la Libye et assassiner Kadhafi) s’est jointe aux irrédentistes locaux pour lancer une large offensive sécessionniste dans le nord du pays. Dans une interview publiée en mars dernier dans le Journal de l’Afrique N° 9, http://www.michelcollon.info/La-Fra... Hama Ag Mahmoud, affirmait sans ambages que la France avait activement contribué à la partition du Mali en soutenant le Mouvement intégriste MNLA contre le pouvoir de Bamako. Voulant diviser le Mali pour mieux le piller, « La France nous avait donné son feu vert pour créer l’État de l’Azawad », a révélé Hama Ag Mahmoud, ancien responsable des Affaires extérieures dans le Conseil Transitoire de l’État de l’Azawad. Il faut dire que la stratégie n’est pas nouvelle. Pour piller les ressources du Soudan, les Occidentaux qui n’ont pas réussi à renverser le régime d’Omar El Béchir ont décidé de partitionner le pays en deux. La partie sud est devenue en 2011 la République du Soudan du Sud. Aussitôt créé, le 54e État africain a sombré dans une guerre pour le pillage des ressources. Depuis juillet 2013, deux frères ennemis Riek Machar et Salvakiir s’y battent pour le contrôle de la présidence. Les morts et les déplacés se comptent en millions. Mais le pétrole et le caoutchouc produits dans le pays prennent la destination de l’Occident. Sans surprise pour qui connait leur mode de fonctionnement, les grands médias présentent soigneusement la guerre au Soudan du Sud comme « un conflit tribal opposant les tribus Neur et les Dinka ».


En République centrafricaine, François Bozizé a été renversé par une coalition de rebelles soutenue par la France à travers son relais sous régional : le président tchadien Idriss Déby. La principale « faute » de Bozizé était d’avoir ouvert son pays à la Chine au point de céder la réserve pétrolière de Boromata à l’Empire du Milieu, malgré les nombreuses mises en garde de Paris http://www.michelcollon.info/Centra....

 

Comme dans la fable « Le loup et l’agneau » de Jean De La Fontaine, Bozizé sera puni pour sa témérité et remplacé par un chef rebelle appelé Michel Djotodia. Le président déchu aura appris à ses dépens que « la raison du plus fort est toujours la meilleure » !

 

 

France-USA : le nouveau couple anthropophage

 

Dans le but de faire main basse sur les ressources africaines, d’empêcher les concurrents asiatiques d’en profiter et d’endiguer tout véritable développement endogène, l’Occident quadrille progressivement le continent. Deux pays sont en tête de ce nouveau déploiement : la France et les USA qui constituent le nouveau couple anthropophage de fait.

 

Votre téléviseur ne vous en a rien dit. Vos quotidiens et magazines préférés non plus. Et pourtant, en 2013 les USA, à travers le Commandement militaire pour l’Afrique (AFRICOM), ont mené… 546 interventions sur le sol africain. Soit précisément « 55 opérations, 10 exercices et 481 activités de coopération dans le domaine sécuritaire (2) », détaillait le général Rodriguez, commandant d’AFRICOM au Congrès étasunien en mars 2014. À la décharge de nos grands médias, précisons que la nouvelle stratégie militaire US mise en application sous Obama (3) a été conçue pour permettre au pays d’intervenir en restant en retrait (leading from behind » et sans laisser de traces « light footprint ».

 

Sous la direction de Maya Kandel, l’Institut de Recherche Stratégique de l’École militaire [IRSEM] a publié en décembre 2014 une étude de 104 pages sur « La stratégie américaine en Afrique ». Le light footprint y est apparait comme « l’usage des drones, des forces spéciales et autres modalités discrètes d’intervention, l’importance de la surveillance, enfin l’appui sur les partenariats [4] ». La carte ci-dessus donne de plus amples informations sur la présence militaire US en Afrique.

 

En 2008, la France s’est dotée d’une nouvelle bible de guerre appelée Livre blanc de la Défense. Ce document présente l’Afrique, notamment sa partie sahélienne, comme une zone de crise [il faut préciser qu’en 2008 il n’y a pas encore les printemps arabes en Tunisie, en Égypte et en Libye, ni l’avancée des djihadistes au Mali]. En novembre 2009, un contingent de l’armée tricolore a été envoyé en Mauritanie pour officiellement former les militaires contre le terrorisme. C’est l’opération Sabre. En janvier 2010, Paris a envoyé d’autres troupes spéciales à Mopti pour officiellement former l’armée malienne contre le même ennemi jusqu’alors invisible. Suite à la prise d’otages sur le site du géant nucléaire français Areva, un important dispositif français est déployé au Burkina Faso. On le voit, la France positionne progressivement ses troupes dans la région. Subitement, en janvier 2013, le Mali sombre dans la guerre. La France prend la tête de l’intervention étrangère et lance l’opération Serval. En 2014, le président Hollande déclare la fin de l’opération Serval. Sans attendre le retour des soldats français, il annonce l’opération Barkhane. Celle-ci va plus loin que la précédente. Elle couvre cinq pays : Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger et Tchad. Mais la présence militaire hexagonale s’étend à d’autres régions du continent, notamment l’Afrique centrale et de l’ouest.

 

 

Le couple francoétasunien en action

 

En Libye, les USA ont très vite intégré l’« opération Harmattan » lancée par la France et la Grande-Bretagne contre Kadhafi. Mais c’est au Mali que l’idylle franco-états-unienne prend toute sa forme. L’appui de l’allié US « a été décisif en termes de renseignement et d’observation comme de ravitaillement en vol », se réjouissent les rédacteurs du Rapport d’information N° 1288 déposé le 18 juillet 2013 à l’Assemblée Nationale française par la commission de la Défense Nationale et des forces armées, en conclusion des travaux d’une mission d’information sur l’opération Serval au Mali. Le même satisfecit au Sénat où le Rapport d’information N° 513, fait au nom de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées par le groupe de travail Sahel et déposé le 16 avril 2013, s’extasie en ces termes : « Les États-Unis sont aujourd’hui le principal partenaire des Français en termes financiers et un maillon important en termes opérationnels [au Mali]. Les États-Unis ont apporté immédiatement leur appui politique à l’opération française ». Concrètement, l’aide des USA a été multiforme : drones et avions de reconnaissance, transport aérien stratégique à travers trois C-17, ravitaillement en vol avec trois KC 135. La Maison-Blanche a mobilisé une enveloppe budgétaire spéciale [presidential drawdown] de 50 millions de dollars pour soutenir l’action de Paris au Mali.

 

La France a acquis les drones Reapers et, à Niamey, la base des drones français jouxte celle des drones états-uniens. Lors d’une visite aux USA en février 2014, François Hollande et Barack Obama ont assumé leur nouvelle alliance impérialiste en ces termes : « plus qu’ailleurs c’est peut-être en Afrique que notre nouveau partenariat trouve son expression la plus visible [6] ». Tout est dit.

 

 

Le retour de l’impérialisme allemand

 

Avant la crise de 2008, l’économie africaine ne faisait pas partie des priorités de Berlin. Le continent était perçu outre-Rhin comme une vaste aire de misère qu’il fallait aider pour libérer sa conscience ! Cela est d’autant plus vrai que c’est le ministère de la Coopération Economique et du Développement [Bundesministerium für wirtschaftliche Zusammenarbeit und Entwicklung, BMZ] qui s’occupait de près de l’Afrique, suivi par le ministère des Affaires étrangères. En juin 2000, le BMZ a publié un document de travail intitulé « Points forts de la coopération au développement ». 14 pays africains y sont désignés comme des « États prioritaires » et neuf autres comme des « États partenaires ». Mais la nature de ce partenariat est bien précisée : « coopération au développement ». L’accent est mis sur le respect des droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit. En 2001, le ministère des Affaires étrangères publie à son tour un document avec pour titre : une « stratégie pour l’Afrique ». Il se rapproche du premier par les thèmes abordés : droits de l’homme, démocratie, état de droit.

 

Avec la crise, l’Allemagne change sa vision de l’Afrique. Comme le confirme Tobias Koepf, auteur de L’Allemagne à la recherche d’une stratégie de politique africaine, « à compter de 2008, un discours relativement nouveau vint se juxtaposer au discours sécuritaire [en Allemagne] : l’Afrique n’y était plus présentée comme le continent de la pauvreté, mais plutôt comme le continent des opportunités [7] ». À quoi était dû ce changement de perspective ? Tobias Koepf répond : « au boom économique enregistré dans certains pays africains […]. L’économie allemande étant par tradition fortement tournée vers l’exportation, les milieux économiques allemands, qui avaient jusque-là prêté peu d’attention à l’Afrique subsaharienne commencèrent à s’y intéresser de plus près. Le gouvernement fédéral leur emboîta le pas, surtout après l’entrée en fonction du gouvernement de coalition CDU-FDP en 2009 [8] ». Sur le terrain, les ministres Guido Westerwelle des Affaires étrangères et Dirk Niebel du Développement intensifient les visites en Afrique, notamment au Ghana, au Mozambique, au Nigéria, en Tanzanie et en Afrique du Sud.

 

Suivant une gradation ascendante, l’Allemagne avance chaque jour dans la conquête de l’Afrique. En 2014, Berlin a adopté les « orientations de la politique africaine du gouvernement ». La deuxième partie de ce document programmatique s’intitule : « Notre engagement en Afrique ».

 

On peut y lire : « Les marchés africains sont dynamiques et, au-delà des industries extractives, de plus en plus intéressants pour les entreprises allemandes ». Outre la conquête des parts de marché, l’Allemagne s’illustre par un activisme militaire croissant en Afrique. En 2011, le gouvernement allemand s’était officiellement déclaré contre le bombardement par l’OTAN de la Libye. Mais, réalisant que les pays qui ont bombardé ce pays en ont tiré un important bénéfice en termes de contrats passés avec les nouvelles autorités, Berlin a ajusté ses positions. Début 2013, le parlement allemand a fait volte-face pour soutenir l’« intervention militaire française au Mali en envoyant des soldats dans ce pays.

 

Depuis, on a déployé des contingents plus forts au Sénégal, en Afrique centrale, dans la Corne de l’Afrique, au Sahara occidental, au Soudan, au Sud-Soudan et en Somalie [9] ». C’est à Berlin que l’Afrique avait été partagée comme un gâteau par les impérialistes en 1885. Mais le pays d’Otto Von Bismarck va perdre toutes ses colonies après sa défaite dans la Première Guerre mondiale [1914-1918]. Un siècle après, l’impérialisme allemand revient en force. Les Allemands ne sont pas seuls à renfiler leur manteau colonial. Plusieurs pays évoqués plus haut sont à leurs côtés. Mais la liste est beaucoup plus longue. Les Africains doivent donc être très vigilants pour éviter cette recolonisation. Les fils et filles du continent ont une chance aujourd’hui : la multipolarisation du monde. L’Occident ne peut plus se comporter comme à l’époque où il contrôlait le monde. Il est challengé par les BRICS. Ces derniers ne peuvent pas non plus reproduire les méthodes de l’Occident, au moins pour deux raisons : 1 — Ils ne contrôlent pas encore l’économie mondiale. 2— En utilisant les mêmes méthodes, les BRICS vont éroder le capital sympathique dont ils jouissent en Afrique. Et après La haine de l’Occident, Jean Ziegler aura de la matière pour écrire La haine des BRICS.

 

 

Par Le Journal de l’Afrique n° 11, Investig’Action, juin 2015.

Lien pour lire le Journal en entier : http://michelcollon.info/Le-Journal...

 

Notes :

 

(1) L’expression est de Michel Collon dans la préface du livre d’Eva Golinger, Code Chavez. CIA contre Venezuela, Oser dire, P.31

 

[2] Audition du général Rodriguez : « Statement of Gal David Rodriguez, Commander, US AFRICA COMMAND before the Senate Armed Service Committee Posture Hearing », 4 mars 2014.

 

(3) Lire le document stratégique du Pentagone de janvier 2012.

 

(4) Maya KANDEL [dir.], La stratégie américaine en Afrique, Étude de l’IRSEM n° 36, décembre 2014.

 

(5) Maya Kandel, La stratégie américaine en Afrique, P.22

 

(6) Tribune commune publiée par Obama et Hollande sous le titre : « Une alliance transformée », Le Monde, 11 février 2014.

 

(7) Tobias Koepf, L’Allemagne à la recherche d’une stratégie de politique africaine, janvier 2015, P.12

 

(8) Ibid.

 

(9) Johannes Stern, https://www.wsws.org/fr/articles/20..., 

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La brûlante vérité d’Ilaria, journaliste assassinée

La brûlante vérité d’Ilaria, journaliste assassinée | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



La brûlante vérité d’Ilaria, 

journaliste assassinée

Par Manlio Dinucci (*)

 

La docufiction « Ilaria Alpi – L’Ultimo Viaggio » (« Ilaria Alpi-Le dernier voyage », visible sur le site de Rai Tre[1]) met en lumière, surtout grâce aux preuves découvertes par le journaliste Luigi Grimaldi, l’homicide de la journaliste et de son opérateur Miran Hrovatin le 20 mars 1994 à Mogadiscio. Ils ont été assassinés, dans un guet-apens organisé par la CIA avec l’aide de Gladio[2] et des services secrets italiens, parce qu’ils avaient découvert un trafic d’armes géré par la CIA à travers la flotte de la société Schifco, donnée par la Coopération italienne à la Somalie officiellement pour la pêche.

 

En réalité, au début des années 90, les navires de la Schifco étaient utilisés, avec des navires de Lettonie, pour transporter des armes étasuniennes et des déchets toxiques, y compris radioactifs, en Somalie, et pour approvisionner en armes la Croatie en guerre contre la Yougoslavie. Même si l’on n’en parle pas dans la docufiction, il s’avère qu’un navire de la Schifco, le 21 Oktoobar II (ensuite sous bannière panaméenne sous le nom de Urgull), se trouvait le 10 avril 1991 dans le port de Livourne où était en cours une opération secrète de transbordage d’armes étasuniennes revenues à Camp Darby après la guerre en Irak, et où se consomma la tragédie du Moby Prince dans laquelle moururent 140 personnes.

 

Sur le cas Alpi, après huit procès (avec la condamnation d’un Somalien jugé innocent par les parents mêmes d’Ilaria) et quatre commissions parlementaires, la vérité est en train de venir au jour : à savoir ce qu’Ilaria avait découvert et noté dans ses carnets, que les services secrets ont fait disparaître. Une vérité d’actualité brûlante, dramatique.

 

L’opération « Restore Hope », lancée en décembre 1992 en Somalie (pays de grande importance géostratégique) par le président Bush, avec l’assentiment du néo-président Clinton, a été la première mission d’« ingérence humanitaire ». Avec la même motivation, à savoir intervenir militairement quand est en danger la survie d’un peuple, ont été lancées les successives guerres USA/OTAN contre la Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie et d’autres opérations comme celles au Yémen et en Ukraine. Préparées et accompagnées, en costume « humanitaire », par des activités secrètes. Une enquête du New York Times (26 mars 2013 [3]) a confirmé l’existence d’un réseau international de la CIA qui, avec des avions qataris, jordaniens et saoudiens, fournit aux « rebelles » en Syrie, par la Turquie, des armes provenant aussi de la Croatie, qui rend ainsi à la CIA la « faveur » reçue dans les années 90.

 

Quand le 29 mai dernier le quotidien turc Cumhuriyet a publié une vidéo montrant le transit de ces armes à travers la Turquie, le président Erdogan a déclaré que le directeur du journal aller payer « un lourd prix ».

 

 

 

Il y a vingt et un ans Ilaria Alpi paya de sa vie la tentative de démontrer que la réalité de la guerre n’est pas seulement celle que l’on nous met sous les yeux.

 

Depuis lors la guerre est devenue de plus en plus « couverte ». Comme le confirme un reportage du New York Times (7 juin[4]) sur le « Team 6 », unité super secrète du Commandement USA pour les opérations spéciales, chargées des « meurtres silencieux ». Ses spécialistes « ont tramé des actions mortelles depuis des bases secrètes sur les calanques de la Somalie ; en Afghanistan ils se sont engagés dans des combats si rapprochés qu’ils sont rentrés trempés d’un sang qui n’était pas le leur », en tuant y compris avec des « tomahawks primitifs ». En utilisant « des stations d’espionnage dans le monde entier », en se camouflant en « employés civils de sociétés ou en fonctionnaires d’ambassades », ils suivent ceux que « les États-Unis veulent tuer ou capturer ». La « Team 6 » est devenue « une machine mondiale de chasse à l’homme ».

Les tueurs d’Ilaria Alpi sont encore plus puissants aujourd’hui.

Mais la vérité est dure à tuer.

 

 

 

Par Manlio Dinucci (*) - Édition de mardi 9 juin 2015 de il manifesto - traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio - mondialisation.ca – le 9 juin 2015.

 

(*) Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire « L’art de la guerre » au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres : Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013 ; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014 ; Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

 

 

Notes :

[1] http://www.rai.tv/dl/RaiTV/programmi/media/ContentItem-77f45782-2361-40cd-a00a-1ede256a8794.html

[2] Sur le réseau Gladio voir notamment :

http://www.voltairenet.org/article162763.html ;

sur Mondialisation.ca, Les historiens, le 11-Septembre et les armées secrètes de Gladio par Daniele Ganser, 22 mai 2014.

[3] http://www.nytimes.com/2013/03/25/world/middleeast/arms-airlift-to-syrian-rebels-expands-with-cia-aid.html?_r=0

[4] http://www.nytimes.com/2015/06/07/world/asia/the-secret-history-of-seal-team-6.html?_r=0

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Guerre au Yémen : les USA comptent utiliser des armes nucléaires au Moyen-Orient

Guerre au Yémen : les USA comptent utiliser des armes nucléaires au Moyen-Orient | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photos :

Au-dessus : B-52 larguant une MOP escorté par un F-16 pendant une mise à l’essai

En dessous : MOAB : « la mère de toutes les bombes »

 

 

Guerre au Yémen : les USA comptent utiliser

des armes nucléaires au Moyen-Orient

Par Michel Chossudovsky (*)

 

Des rapports non confirmés qui se fondent sur une vidéo datée du 20 mai 2015 attirent l’attention sur une explosion massive sans précédent au Yémen. 

 

Les rapports avancent sans preuve corroborante que l’explosion pourrait être le résultat d’une frappe nucléaire, au moyen d’une arme nucléaire tactique. Il n’y a pas de preuve allant dans ce sens. 

Mais peu importe la nature de cette explosion, il s’agit tout de même d’un crime contre l’humanité. 

 

Malgré l’absence de preuve concrète que l’alliance dirigée par les USA utilise des armes nucléaires contre le Yémen, ce qui s’est passé rend la question plus globale d’une guerre nucléaire au Moyen-Orient plus pertinente que jamais. 

 

Le programme nucléaire de Washington tel que défini dans le « bilan de posture nucléaire de 2001 » consiste à se doter d’un arsenal nucléaire tactique en vue de son utilisation contre des États non dotés d’armes nucléaires.  

 

Depuis 2002, des armes nucléaires tactiques ayant pour cible le Moyen-Orient sont entièrement déployées par les USA et l’OTAN

 

Les armes nucléaires tactiques, les soi-disant « mini-nukes » ou bombes nucléaires miniaturisées, sont des bombes antibunker munies d’une ogive nucléaire. Leur capacité explosive (par exemple, la bombe B61-11) va du tiers de la puissance de la bombe d’Hiroshima à six fois cette puissance.

 

La bombe B61-11 est une véritable bombe thermonucléaire, une arme de destruction massive dans le vrai sens du terme. Jusqu’à maintenant, nous disposons de preuves bien minces. Il n’y a pas eu de rapport sur les conséquences de la frappe présumée au Yémen qui aurait pu nous éclairer davantage.


Les médias institutionnels n’ont pas rapporté la nouvelle. La question nécessite une enquête plus approfondie dans le contexte de l’existence d’un programme de longue date aux USA qui prévoit l’utilisation d’armes nucléaires contre des cibles au Moyen-Orient.

 

 

Vidéo : Explosion de la bombe au Yémen 

 

L’utilisation présumée, mais pas encore confirmée, d’armes nucléaires miniaturisées (« mini-nukes ») au Yémen soulève la question plus large de la doctrine nucléaire des USA :

 

— 1  Des armes nucléaires tactiques ou « mini-nukes » font partie de l’arsenal des USA et de l’OTAN.

— 2  En 2002, le Sénat des USA a autorisé leur utilisation dans un théâtre d’opérations militaires conventionnelles.

— 3 Elles peuvent être utilisées sans l’autorisation du commandant en chef.

— 4 Les militaires étasuniens soutiennent que les « mini-nukes » sont des « bombes humanitaires » qui réduisent au minimum les « dommages collatéraux ». Sur la base d’avis de scientifiques travaillant à forfait au Pentagone, elles sont « inoffensives pour la population civile à proximité parce que l’explosion est souterraine ».

 

Bien que la preuve (qui est bien mince) d’une attaque nucléaire contre le Yémen ne soit pas encore confirmée, l’utilisation de « mini-nukes » contre des pays du Moyen-Orient est sur la table à dessin du Pentagone depuis au moins 20 ans. En 1996, sous l’administration Clinton, les USA étaient prêts à recourir à l’arme nucléaire tactique B61-11 dans une attaque contre la Libye.

 

L’homme derrière ce projet diabolique de lancer une bombe nucléaire contre la Libye était le secrétaire adjoint à la Défense Harold Palmer Smith Junior. « Avant même que la bombe B61 ne soit prête, la Libye était considérée comme une cible potentielle ». (Bulletin of the Atomic Scientists, septembre-octobre 1997, p. 27, caractères gras ajoutés)

 

Harold Palmer Smith a été nommé par le président Bill Clinton pour superviser les programmes de défense nucléaire, chimique et biologique en privilégiant « la réduction et l’entretien de l’arsenal d’armes nucléaires des USA ». Dès le départ, son véritable mandat n’était pas de « réduire », mais bien « d’augmenter » l’arsenal nucléaire, en favorisant la mise au point d’une nouvelle génération de bombes nucléaires miniaturisées « inoffensives » en vue de leur utilisation sur un théâtre d’opérations militaires au Moyen-Orient.

 

L’objectif du département de la Défense sous les conseils d’Harold Smith était d’accélérer la « mise à l’essai » de la bombe nucléaire tactique B61-11 dans un pays du Moyen-Orient.

 

« Cinq mois après que [le secrétaire adjoint à la Défense] Harold Smith ait appelé à une accélération de l’échéancier de production de la [bombe nucléaire] B61-11, il a annoncé publiquement que l’armée de l’air utiliserait la bombe B61-11 contre la Libye… » (http://www.nukestrat.com/us/afn/B61-11.htm,)

 

Bien que le Pentagone ait nié par la suite son intention de bombarder l’usine de Tarhunah en Libye, il n’en a pas moins confirmé que « Washington n’écartait pas l’utilisation d’armes nucléaires [contre la Libye] ». (ibid., caractères gras ajoutés.)

 

Quelle est la pertinence de cette histoire concernant la bombe nucléaire tactique B61-11 et les menaces proférées alors par l’administration Clinton contre la Libye ?

Le projet de frappe nucléaire contre la Libye a-t-il été mis au rancart ?

 

Des pays du Moyen-Orient sont-ils pris pour cibles potentielles d’une attaque nucléaire ? (pour en savoir plus, lire l’article de Michel Chossudovsky intitulé Dangerous Crossroads : Is America Considering the Use of Nuclear Weapons against Libya? Global Research, avril 2011).

 

Les armes nucléaires tactiques ont été spécialement conçues pour être utilisées dans des « conflits conventionnels avec des pays du Tiers-Monde » pendant la période de l’après-guerre froide. En octobre 2001, soit juste après le 11 septembre, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a envisagé d’utiliser la bombe B61-11 en Afghanistan. Les cibles étaient les bunkers souterrains d’Al-Qaïda dans les montagnes de Tora Bora.

 

Rumsfeld a affirmé à l’époque que les bombes antibunker « conventionnelles seraient en mesure « de faire le travail », mais il n’a pas écarté la possibilité de recourir éventuellement à des armes nucléaires ». (citation dans le Houston Chronicle, 20 octobre 2001, caractères gras ajoutés.)

 

L’utilisation de la bombe B61-11 a été également évoquée durant le bombardement et l’invasion de l’Irak en 2003, tout comme lors des bombardements de la Libye par l’OTAN en 2011.

 

La bombe B61-11 était alors décrite comme « une arme nucléaire à petit rayon d’action précise qui pénètre dans le sol, capable de frapper des cibles souterraines de haute valeur », ce qui comprenait les bunkers souterrains de Saddam Hussein :

« Si Saddam était à la rigueur la cible ayant la plus haute valeur en Irak, il était alors fondé de défendre l’utilisation d’une arme nucléaire comme la bombe B61-11 pour s’assurer de son élimination et de la décapitation du régime. » (Defense News, 8 décembre 2003).

 

Il n’existe toutefois aucune preuve documentaire que la bombe B61-11 a été utilisée contre l’Irak.

 

L’utilisation de bombes nucléaires miniaturisées contre des États du Moyen-Orient non dotés d’armes nucléaires comme l’indique le « bilan de posture nucléaire de 2001 » demeure sur la table à dessin du Pentagone. En outre, l’arme nucléaire tactique qu’est la bombe B61-11 (Made in America) ainsi que sa version mise à jour B61-12 ont été déployées en vue de leur utilisation contre des cibles au Moyen-Orient, notamment en Iran, en Syrie et en Libye, par plusieurs pays européens, y compris cinq États non dotés d’armes nucléaires (Belgique, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Turquie).


La nouvelle bombe B61 12 est une arme d’une puissance de 50 kilotonnes pouvant être larguée d’un avion de combat F‑35.


Selon des rapports, Israël aussi possède un arsenal d’armes nucléaires tactiques.

 

 Source : Federation of American Scientists

 

 

La nature de l’explosion au Yémen 

 

 

>>> voir la vidéo ici

 

Bien que l’explosion au Yémen que l’on voit dans la vidéo (ci‑dessus) semble similaire à celle d’une bombe nucléaire tactique B61-11 avec son champignon caractéristique, il convient de noter que la bombe conventionnelle appelée Massive Ordnance Penetrator (MOP) déclenche une explosion similaire.

 

Qualifiée aussi de « mère de toutes les bombes », la bombe appelée Massive Ordnance Penetrator (MOP) est la plus grosse bombe conventionnelle de l’arsenal des USA. L’explosion de cette bombe conventionnelle est (d’après la preuve photographique) similaire à ce que la vidéo du Yémen nous montre. De plus, selon des rapports non confirmés, la MOP a été utilisée lors de la guerre en Irak.

 

Autrement dit, la nature de l’explosion au Yémen ne prouve pas en soi qu’il s’agit du résultat d’une frappe nucléaire (tactique). Il pourrait s’agir de l’explosion d’une MOP ou d’une bombe antibunker. Mais la preuve demeure bien maigre dans tous les cas.


La MOP et la « mini-nuke » sont toutes les deux des bombes antibunker capables de pénétrer dans le sol. La MOP est toutefois une arme conventionnelle. Elle n’est pas équipée d’une ogive nucléaire.

 

Il convient de noter qu’à la mi-janvier 2015, soit deux mois avant l’assaut ayant déclenché la campagne de bombardement saoudienne contre le Yémen, « le Pentagone procédait à la mise à l’essai de la plus grosse bombe de son arsenal », soit une version améliorée de la Massive Ordnance Penetrator (MOP), sa bombe antibunker fabriquée par Boeing.

 

Selon des rapports, la Massive Ordnance Penetrator, ou MOP GBU-57, serait livrée avec un bombardier B-52 ou B-2 en raison de son poids. La décision d’effectuer une frappe au moyen d’une MOP proviendrait du « Global Strike Command » (commandement majeur de la US Air Force).

 

Il y a cependant des indications selon lesquelles une version plus légère de la MOP serait mise au point. D’après le Air Force Magazine, le lieutenant-général des Forces aériennes des USA Phillip Breedlove (actuel commandant en chef de l’OTAN) a affirmé en juin 2010 que « la prochaine génération d’armes de pénétration devrait équivaloir au tiers de la grosseur de la MOP, de façon à pouvoir être transportée par un avion plus économique ».

 

 

Par Michel Chossudovsky (*) (globalresearch.ca) - traduit par Daniel pour Mondialisation.ca – le 5 juin 2015

 

 Article original en anglais : The War on Yemen, America’s Plans to Use Nuclear Weapons against the Middle East, 2 juin 2015

 

(*) Michel Chossudovsky est un économiste canadien, professeur à la faculté des sciences sociales de l'université d'Ottawa, fondateur et directeur du Centre de recherche sur la mondialisation à Montréal (Québec). (Source : Wikipédia)

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Moscou : personne n’est placé sur la liste noire par hasard

Moscou : personne n’est placé sur la liste noire par hasard | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : la frontière russe - © Andreï Iglov Source: RIA NOVOSTI

 

 

Moscou : personne n’est placé sur

la liste noire par hasard

 

En réponse aux sanctions européennes, la Russie a établi une liste noire des personnalités européennes qui ont l’interdiction de pénétrer sur le territoire russe. La liste est longue de 89 personnes, dont quatre Français.

 

La Russie a remis à plusieurs ambassades de pays européens une liste noire répertoriant 89 personnalités qui ne peuvent plus entrer sur son territoire. La plupart d’entre eux sont Britanniques, Suédois, Polonais et Baltes. C’est la réponse de Moscou aux sanctions que l’Union européenne (UE) a prises contre la Russie depuis l’année dernière en raison de la crise ukrainienne. L’UE a interdit à 150 Russes ou assimilés et à une quarantaine d’entités juridiques d’entrer sur son territoire. Elle a aussi gelé les avoirs qu’ils détiennent dans des banques européennes. Parmi les cibles de l’UE, on trouve des responsables de l’administration présidentielle, du ministère de la Défense et des agences de sécurité.

 

Moscou ne divulgue pas les noms des personnalités qui sont interdites de séjour en Russie. Mais certains États européens ont confirmé qu’une interdiction avait bien été signifiée à certains de leurs ressortissants. C’est notamment le cas pour l’ancien commissaire européen à l’élargissement Stefan Füle, l’ancien Premier ministre belge et actuel parlementaire européen Guy Verhofstadt, l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères et l’ancien ministre de la Défense Malcolm Rifkind. L’ambassadeur russe auprès de l’UE, Vladimir Tchijov a confirmé l’existence de cette liste noire. « Une telle liste existe vraiment. Et personne n’y a été placé par hasard », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il ne s’agissait « pas de dirigeants ou de hauts responsables ».

 

Quatre Français sont épinglés sur la liste. Il s’agit de Daniel Cohn-Bendit, de Bernard-Henri Lévy, du président du Comité économique et social européen Henri Malosse et du député socialiste Bruno Le Roux. Il n’est pas difficile de deviner pourquoi ces personnes ne sont pas bienvenues en Russie. L’ancien député écologiste européen Daniel Cohn-Bendit n’a jamais caché l’aversion qu’il éprouvait à l’égard de Vladimir Poutine et des autorités russes. Il avait, par exemple, appelé au boycott des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, l’an dernier. Bernard-Henri Lévy, à qui l’intervention des forces de l’OTAN en Libye qui a fortement déplu à Moscou doit beaucoup, s’était également rendu à Kiev pour soutenir les manifestants de Maïdan avant le coup d’État de février 2014.

 

La réaction à la liste noire russe ne se fait pas attendre. Certains peinent à la comprendre. Ainsi, une porte-parole de la diplomatie de l’Union européenne a déclaré : « Nous considérons cette mesure comme étant totalement arbitraire et injustifiée, surtout en l’absence de toute clarification ultérieure et de transparence ».

D’autres se réjouissent ostensiblement et se félicitent même sur Twitter.

 

Au cours des derniers mois, quelques personnalités européennes n’ont pas pu passer les contrôles douaniers et entrer sur le territoire russe. Elles ont simplement été renvoyées d’où elles venaient sans autre explication. Les cas du député allemand Karl-Georg Wellmann, de la députée européenne de Lettonie Sandra Kalniete et du président du Sénat polonais Bogdan Borousevitch ont été les plus marquants.

 

 

 

Par francais.rt.com – le 31 mai 2015.

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Trafic des migrants : l’UE sabote les efforts de la Russie et de l’Égypte

Trafic des migrants : l’UE sabote les efforts de la Russie et de l’Égypte | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Crédit : AP

 

Trafic des migrants : l’UE sabote les efforts

de la Russie et de l’Égypte

 

La mission navale en voie de préparation par l’Union européenne, ayant soi-disant pour objectif de mettre fin au trafic d’êtres humains en Libye, est une opération britannique visant à saboter et éventuellement bloquer l’effort amorcé par les gouvernements russe et égyptien (avec le soutien d’une faction des cercles militaires américains) pour stabiliser l’économie du pays. Le plan de stabilisation comprend un soutien aux efforts du gouvernement légitime aujourd’hui basé à Tobrouk, ainsi que de son commandant des forces aériennes, le général Haftar, pour détruire les forces djihadistes et rétablir un État de droit sur l’ensemble du territoire national.

 

L’Égypte a organisé le 25 mai une conférence impliquant toutes les tribus libyennes, afin de les rallier à ce plan. Cette approche a été toutefois complètement ignorée par l’envoyé spécial de l’ONU, Bernardino Leon, qui cherche, avec le soutien de Washington, a conclure un accord entre le gouvernement de Tobrouk et les forces rebelles de l’Aube libyenne qui contrôlent Tripoli et les autres villes du pays. L’Aube libyenne, soutenue par la Grande-Bretagne, l’Arabie saoudite et la Turquie, est connue pour sa protection des cercles contrôlant le trafic de migrants.

 

Selon un rapport publié sur le site mebriefing.com, une faction au sein du Pentagone fait pression sur la Maison-Blanche pour qu’elle laisse tomber cette politique et pour l’amener à jouer la « carte al-Sissi ». Ceci aurait des répercussions plus vastes, dans la mesure où l’Égypte joue un rôle de premier plan dans les efforts pour mettre en place une politique de développement faisant partie de la stratégie de la Nouvelle route de la soie et de l’alliance avec les pays membres des BRICS.

 

En revanche, la mission navale mise sur pied par l’UE ne vise qu’à détruire les embarcations des contrebandiers, ainsi que les réservoirs d’essence et les bases situées sur les rives libyennes, afin d’empêcher les migrants d’atteindre l’Europe. Rien n’est prévu pour stabiliser la Libye et l’ensemble de la région.

 

La résolution de l’UE a été entièrement rédigée par le gouvernement britannique, celui-là même qui a lancé en 2011, en coopération avec la France et les E.-U., l’opération pour renverser Kadhafi, et provoquer le chaos actuel dans le pays.

 

De la même manière, comme l’a fait remarquer l’homme politique américain Lyndon LaRouche, le mouvement islamique dans cette région, soutenu par les Saoudiens, est un instrument géopolitique au service de l’Empire du chaos mis en place par la City de Londres et Wall Street.

 

L’Italie est censée conduire une mission navale, mais des doutes sérieux au sein des dirigeants militaires français et italiens subsistent en raison des risques de dommages collatéraux, mais aussi parce que cela pourrait impliquer des opérations au sol.

 

Le gouvernement libyen n’apporte pas son soutien à cette mission. L’envoyé du gouvernement libyen à Washington, Wafa Bugaighis, a déclaré au Libya Herald le 24 mai que même si elles étaient amenées à accepter une mission contre les trafiquants dans les eaux internationales, toute opération de ce type sur son territoire nécessitera l’aval préalable des autorités libyennes.

 

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 26 mai 2015.

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Pour l’Empire, la finalité c’est le chaos, pas la victoire

Pour l’Empire, la finalité c’est le chaos, pas la victoire | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Pour l’Empire,

la finalité c’est le chaos, pas la victoire

Par Peter Koenig (*)

 

 « Une fois de plus, un pays « libéré » par les Occidentaux bascule inéluctablement dans le chaos. » Global Research

Ce pourrait être n’importe lequel de ces pays à feu et à sang où Washington et ses séides d’Europe de l’Ouest et de l’Est ont semé la guerre – spirale sans fin de chaos, de ruine et de mort – et la soumission.

 

Le cœur même du problème : en réalité, la stratégie de Washington et de l’OTAN n’est pas de gagner la guerre ou le conflit, mais de créer et maintenir les conditions d’un chaos permanent. Un moyen imparable de contrôler à la fois les populations, les nations et les ressources, et de garantir à l’Ouest une demande permanente de troupes et de matériel militaire – aux États-Unis, le complexe militaro-industriel et les industries et services connexes représentent à eux seuls plus de 50 % du PIB. Par définition, un pays en pleine débâcle ou en plein chaos est en banqueroute et manque toujours d’argent – l’argent des conditions drastiques, l’argent de l’austérité, celui que dispensent le FMI, la Banque Mondiale et d’autres « institutions de développement » aussi sinistrement notoires, entre autres usuriers. Un argent synonyme d’esclavage, a fortiori lorsqu’accordé à des dirigeants corrompus qui se fichent pas mal de leur peuple.

 

Et c’est ça qui est visé, pas autre chose, au Yémen, en Ukraine, en Syrie, en Irak, au Soudan, en Centrafrique, en Libye… et n’importe où ailleurs. Peu importe qui se bat contre qui. EI / Isil / IS/ Daish / Daesh / Al-Qaeda, quelque nom d’organisation de tueurs mercenaires qu’on veuille ajouter à la liste, c’est autant d’étiquettes pour noyer le poisson. On peut aussi bien y ajouter Blackwater, Xe, Academi et tous les autres noms utilisés successivement pour mieux brouiller les pistes. Les prostituées de l’Empire anglo-saxon sioniste, les prostituées de bas étage, à côté des prostituées de luxe que sont l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Bahreïn et les autres États du Golfe ; avec en plus la France et l’Angleterre bien sûr.

 

François Hollande venait à peine de signer pour plusieurs millions d’Euros de contrat, rien qu’avec le Qatar, pour la vente de 24 chasseurs bombardiers Rafale, qu’il repartait aussitôt pour Riyad pour discuter avec le roi Salman de la vente de nouveaux Rafales. Les affaires vont bien ! Et puis c’est bien pratique pour « éradiquer » des ennemis fabriqués de toutes pièces ; et aussi pour pouvoir prendre part au sommet du Conseil de la Coopération du Golfe (CCG) le 5 mai. Sujet des discussions au sommet : les « crises » de la région, notamment au Yémen, créées par l’Occident dans l’intérêt de Washington (et de ses maîtres sionistes) et imputées aux « rebelles », qui se battent simplement pour un gouvernement plus juste.

 

L’Occident a inventé tout un vocabulaire à vous rendre malade. C’est comme un virus qu’on vous inocule dans le cerveau – du moins ce qu’il en reste – au point qu’on en devient incapable de se rappeler ce que les mots veulent dire réellement. On les répète tels quels et on prend le tout pour argent comptant. Après tout, les médias de masse vous les enfoncent jusqu’aux tripes du matin au soir. Quand des gens se battent pour leur liberté, pour leur survie, contre des régimes oppresseurs, ce sont des « terroristes », des « rebelles ». Les réfugiés d’Afrique qui fuient les pays frappés par les conflits infligés par Washington – réfugiés dont plus de 4 000 ont déjà péri en mer cette année en tentant d’aller chercher « une vie meilleure » de l’autre côté de la Méditerranée – sont commodément rebaptisés « immigrants » [euphémisme d’usage pour éluder le statut de réfugié]. Généralement on précise « immigrants illégaux » pour enfoncer le clou. Les immigrants sont autant de mendiants ; les immigrants illégaux, du gibier de potence ! Tout ça n’a rien à voir avec le chaos et l’horreur économique où les Occidentaux ont plongé leurs pays. Tiens donc ! Honte à toi Bruxelles !

 

À propos de chaos, M. Hollande sait pertinemment que ses chasseurs bombardiers servent en réalité les intérêts du Parain pour semer davantage de chaos et de destruction dans toute la région, davantage de morts, davantage de misère, davantage d’esclavage – davantage de réfugiés sombrant en Méditerranée – et davantage encore de ce chaos sans fin, de gens à la limite de la survie, de gens qui n’ont plus les moyens de se battre pour défendre leur pays, leurs ressources, leur liberté, car ils doivent avant tout se battre pour leur propre survie, pour la survie de leurs enfants ou celle de leur famille. Tu parles d’un empire !

 

Non, franchement, quand quelqu’un vend à d’autres pays des chasseurs bombardiers ou n’importe quel type de machine à tuer, en sachant pertinemment que ces armes servent à tuer des gens, à détruire des pays, est-ce que ce type n’est pas un criminel contre l’humanité ? N’est-ce pas un criminel de guerre de la pire espèce ?

 

M. Hollande, en plus d’être un criminel de guerre, est un parfait larbin, persuadé qu’au bout du compte quelques miettes du butin de ce pillage énorme finiront par tomber dans son assiette et qu’il pourra un jour nager avec ses maitres dans un paradisiaque océan de lait et de miel. Pense-t-il vraiment sauver l’économie de son illustre pays, qui produisait jadis des Victor Hugo, des Balzac, des Stendhal et autres Dumas, en vendant des machines à tuer aux autres séides de l’Empire ? Est-ce que ça l’intéresse que 83 % de son électorat le méprise ?

 

Semer le désordre, le chaos et la ruine, c’est tout ce que Washington et ses vassaux savent faire. C’est pas gagner des guerres qu’ils veulent, ce qu’ils veulent c’est le chaos éternel et la ruine, des populations faciles à écraser. Ils appellent ça « full spectrum dominance » [domination totale ou dans tous les domaines].

 

Et comme l’armée américaine et son « Big Brother » (ou big sister) l’OTAN ne peuvent pas être partout, ne veulent pas qu’on les voie partout, ils se payent des tueurs. Washington invente et crée, puis finance avec son intarissable flot d’argent les ISIS, Daesh ou Al-Qaeda – et le répertoire de s’élargir au bon vouloir du maitre – afin qu’ils combattent pour elle, qu’ils tuent pour elle, pour produire chaos et « false flags » [opérations dites « sous fausse bannière », ou pseudo-ennemis qui servent nos intérêts], de sorte qu’au final, l’OTAN et le Pentagone, son bulldozer, puissent intervenir et prétendre « détruire » ces mercenaires qu’ils ont eux-mêmes créés depuis le début. Jamais les médias ne vous diront la vérité là-dessus.


Ils vous mettent dans la tête que les Houtis – secte shiite humanitaire de gauche – et les sunnites s’entretuent au Yémen pour le pouvoir ; que les Saoudiens et leur coalition de monarques ne font que libérer le Yémen d’une bande de terroristes ; que les Houtis ont le soutien de l’Iran (majoritairement shiite) – affirmation récemment démentie avec véhémence par un responsable de l’ONU – et que les Houtis doivent donc être brisés. Une bonne occasion de plus pour Washington de tout faire retomber sur le dos de l’Iran ! Et une fois les Houtis asservis et décimés en nombre suffisant, un président fantoche sera mis en place, comme l’ex-président Saleh ou son successeur Hadi, de façon que Washington puisse indéfiniment verser de l’huile sur le feu et oppresser la population du pays, pour garder un accès illimité au port stratégique d’Aden – et au golfe d’Aden.

 

Même chose pour l’Ukraine : est-ce que Daesh, ISIL, ISIS, Al-Qaïda ou quelque nom qu’on veuille lui donner est présent en Ukraine ? Je vous le donne en mille, sous les ordres de la CIA et de quelque 6 000 militaires américains – envoyés comme instructeurs uniquement, bien sûr. Ils forment les troupes de Kiev à la meilleure manière d’exterminer rapidement leurs propres frères, dans le Donbass. Ils les entrainent à y enraciner le chaos. Et si les soldats refusent d’être formés à tuer leurs frères, le régime nazi de Kiev les fusillera comme traîtres. Point final ! C’est tellement simple. Comme ça, personne ne résiste.

 

Et à présent les « conseillers » militaires américains et la CIA, avec l’aide de leurs tueurs professionnels (les nazis de Kiev, ISIS/Daesh/Al-Qaeda, peu importe) accumulent les provocations pour embarquer Poutine dans une vraie guerre – autant que possible une Troisième guerre mondiale. Si ! La troisième en moins de cent ans, tout à fait susceptible de dévaster l’Europe et peut-être même le monde entier. Jusqu’ici, le monde était passé à côté d’un tel désastre, principalement grâce à la sage stratégie de non-confrontation des Russes.

 

De fait, c’est clair, ISIS/Daesh/Al-Qaïda est en Ukraine. Ils sont partout où l’Empire exige qu’ils soient présents. C’est à ça qu’on les paye. Un vrai boulot de prostituées. Des prostituées spécialement conçues pour ça ; et bien payées en plus. Ici, l’idéologie n’est qu’une feuille de vigne bien commode pour les médias – comme ça nous pouvons tous nous convaincre qu’en fait, ce sont les musulmans qui sont pourris – et certains plus que d’autres. L’Occident doit les combattre, car ils représentent un danger énorme et imminent pour nos libertés, pour notre liberté, pour nos démocraties – et en particulier pour les valeurs néolibérales de notre économie de marché version tout est gratuit.

 

Parce que c’est ça l’ultime finalité : l’humain comme simple élément de fonctionnement du marché, jetable, réductible à autant de chair à canon, exterminable en masse avec des OGM empoisonnés, des drones, des bombes, des famines créées artificiellement, de sorte qu’en fin de compte les survivants soient réduits au servage, aux mains d’une élite extrêmement réduite, qui contrôle les quatre coins du globe et TOUTES ses ressources, pour maintenir le standing de gens exceptionnels – mais oui, la nation exceptionnelle finira elle-même par se réduire à une poignée de personnes exceptionnelles vautrées dans l’opulence.

 

Rappelez-vous cette phrase abjecte d’Henry Kissinger (la vision de l’un des plus épouvantables criminels de guerre encore vivant aujourd’hui), Prix Nobel de la Paix, lui aussi d’ailleurs (sic) : « Qui contrôle les réserves de nourriture contrôle les peuples ; qui contrôle l’énergie peut contrôler des continents entiers ; qui contrôle l’argent peut contrôler le monde. »

 

Ces mots sonnent chaque jour plus vrai. Mais seulement tant que nous le permettons ; tant que nous, le peuple, nous les 99,999 % des habitants du globe, nous acceptons qu’il en soit ainsi.

 

 

 

Par Peter Koenig (*), Chaos – not Victory – is the Empire’s “Name of the Game”, Global Research, 6 mai 2015 - traduction : Dominique Arias - mondialisation.ca – le 16 mai 2015.

 

 

(*) Peter Kœnig est économiste et analyste géopolitique. Ancien cadre de la Banque Mondiale, il a travaillé dans le monde entier comme le domaine de l’environnement et des ressources en eau. Il écrit régulièrement pour Global Research, ICH, RT, Sputnik News, The Voice of Russia, Ria Novosti, TeleSur, The Vineyard of the Staker Blog, entre autres sites Internet. Il est l’auteur de Implosion – An Economic Thriller about War, Environmental Destruction and Corporate Greed – ouvrage de fiction base sur des faits réels et sur 30 ans d’expérience de la Banque Mondiale autour du monde.

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La France doit cesser d’allumer la poudrière moyen-orientale !

La France doit cesser d’allumer la poudrière moyen-orientale ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : François Hollande et le roi Salman d’Arabie saoudite le 4 mai 2015 à Ryad. Crédit : Reuters


Carte : la carte qui se dessine actuellement ne ressemble-t-elle pas à celle publiée par le New York Times en 2013, avec un Alaouistan à l’ouest, un Sunnistan traversant la Syrie et l’Irak, un Kurdistan au nord du Sunnistan et un Chiistan au sud-est de l’Irak ?

 

 

La France doit cesser d’allumer

la poudrière moyen-orientale !

 

 

L’Arabie saoudite et le Qatar ont beau mettre à feu et à sang le Moyen-Orient, au nom de leurs parrains à Londres, à Washington et à Tel-Aviv, rien ne semble faire dérailler une politique française moyen-orientale qui, depuis l’élection de François Hollande, a fait de l’alliance avec les puissances sunnites les plus arriérées de la région et avec l’Israël de l’ultra-droite de Benyamin Netanyahou, le pilier de son action au Moyen-Orient.

 

La tournée de notre Président au Qatar et en Arabie saoudite, les 4 et 5 mai derniers, n’a fait que confirmer ce partenariat dans l’horreur. À Doha, M. Hollande a signé un accord pour la vente de 24 Rafale, pour 6,3 milliards de dollars.

 

En Arabie Saoudite, il a renforcé le partenariat avec ce pays, un partenariat considéré à Paris désormais, comme de « nature extrêmement politique et stratégique ». Par ailleurs, des négociations ont commencé pour des contrats pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliards de dollars, notamment dans les domaines de l’énergie (nucléaire et solaire), des transports, de l’armement et de l’aérospatial. Paris compte en effet profiter de tous les atouts de ce pays : ses milliards de dollars en revenus pétroliers, un boom démographique en cours et une volonté de construire seize centrales nucléaires.

 

N’ayant pas eu le courage de se battre pour une vraie réforme financière permettant de relancer la croissance, Paris, dont les caisses sont vides, se croit obligé de ramper pour quelques milliards, en vendant ses armements de pointe à des pays qui sont les principaux acteurs de la poudrière moyen-orientale.

 

Mais ce qui est bien plus grave est que la France veuille sceller avec l’Arabie saoudite un partenariat non seulement économique, mais stratégique. En tant que premier dirigeant occidental jamais invité à un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), rassemblant les puissances pétrolières sunnites du golfe Persique, François Hollande aligne notre pays sur les desseins de ces puissances et de leurs alliés dans la région et dans le monde.

 

Or, quels sont ces desseins ? Le 4 mai, François Hollande débarquait dans une Arabie saoudite en plein bouleversement. Le 29 avril, le roi Salmane, arrivé au trône en janvier après la mort du roi Abdallah, a mené un véritable coup de palais.

 

Bousculant l’ordre de la succession par lequel le pouvoir se transmettait aux frères puis aux demi-frères du roi, Salmane a décrété que son successeur direct serait son neveu, Mohammed Ben Nayef, l’actuel ministre de l’Intérieur, et non Moqren, dernier fils vivant d’Abdelaziz, fondateur de la dynastie.

Le deuxième dans l’ordre de la succession devient son propre fils, Mohamed Ben Salmane, actuel ministre de la Défense.

 

Autre changement, et de taille : si jusqu’à présent un consensus devait régner parmi les différents clans de la famille, le coup de palais du roi Salmane s’est fait exclusivement en faveur du clan des Soudeiri, dont il fait lui-même partie et qui est connu comme le plus fanatique de tous.

 

Le prince Bandar, soupçonné d’avoir trempé dans les attentats du 11 septembre 2001 lorsqu’il était ambassadeur aux États-Unis, est un Soudeiri. C’est l’homme qui, en collaboration avec l’oligarchie anglaise et américaine, a dirigé les opérations de déstabilisation et autres coups d’État visant les ennemis de l’Arabie saoudite et de ces pouvoirs occidentaux depuis les années 1980.

 

C’est donc avec ce clan que la France pactise aujourd’hui. Sa consolidation au pouvoir s’est d’ailleurs traduite par le lancement le 26 mars d’une guerre au Yémen qui, en mettant aux prises les deux frères ennemis de l’islam, l’Arabie saoudite et l’Iran, pourrait faire exploser toute la région. Riyad accuse abusivement les Houthis, le groupe chiite qui a pris le pouvoir à Sanaa, d’avoir mené un « putsch chiite » avec l’aide de l’Iran contre l’ancien président Abedrabbo Mansour Hadi, un allié corrompu de l’Arabie saoudite, dont le mandat était arrivé à échéance en 2014.

 

Dans un contexte où certains à Washington – une fois n’est pas coutume – tentent de tempérer les ardeurs guerrières de leur allié saoudien, soucieux de l’accord qu’ils sont au bord de signer avec l’’Iran et sous forte pression de certains élus et milieux politiques convaincus que l’Arabie saoudite continue à financer le djihadisme, la France a fait au contraire le pari de renforcer son « partenariat stratégique » avec l’Arabie saoudite !

 

Outre cette affaire du Yémen, c’est le soutien de l’Arabie saoudite à la folle course meurtrière de l’État islamique pour redessiner les frontières du Proche-Orient, qui illustre le mieux l’aventurisme de la politique engagée par Paris. Sous l’influence de Bernard-Henri Lévy, Nicolas Sarkozy a provoqué l’implosion de la Libye.

 

Alain Juppé suivi par François Hollande ont ensuite entraîné la France dans une guerre de destruction de la Syrie millénaire. Aujourd’hui, ils contribuent à l’éclatement des pays issus de l’accord Sykes-Picot pour les remplacer par des États croupion, ethniquement homogènes, sous la botte des pétromonarchies.

 

La carte qui se dessine actuellement ne ressemble-t-elle pas à celle publiée par le New York Times en 2013, avec un Alaouistan à l’ouest, un Sunnistan traversant la Syrie et l’Irak, un Kurdistan au nord du Sunnistan et un Chiistan au sud-est de l’Irak ?

 

M. Hollande croit-il pouvoir éviter à la France la destruction qu’il inflige aux nations du Proche-Orient ? Il a bien vite oublié les événements des 7 et 8 janvier 2015…

 

 

 

Par Christine Bierre - solidariteetprogres.org - le 20 mai 2015.

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Mission impossible pour l’UE, pas pour l’OTAN

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Mission impossible pour l’UE, pas pour l’OTAN

Par Manlio Dinucci (*)

 

« Identification, capture et destruction systématique des embarcations utilisées par les trafiquants d’être humains, démantèlement de leur réseau, séquestration de leurs biens » : voilà la tâche de la mission Pesd (Politique européenne de sécurité et défense) que la haute représentante UE Federica Mogherini est chargée de mettre au point. Tâche très claire, reste seulement à voir comment la réaliser.

 

La comparaison avec d’autres missions, comme celle d’Atalanta formellement dirigée contre la piraterie dans l’aire de la Corne d’Afrique, à laquelle participe la marine militaire italienne, est inconsistante : dans l’océan Indien il s’agit d’empêcher que des embarcations agiles, avec peu de personnes armées à bord, n’abordent les navires marchands ; en Méditerranée il s’agit de repérer et détruire les embarcations, dans les ports libyens avant qu’elles soient utilisées par les trafiquants, ou de les capturer si elles ont déjà pris la mer.

 

Premier problème : comment distinguer, quand elles sont au port, les embarcations des trafiquants de celles commerciales pour le transport et la pêche ?

 

Second problème : en admettant que par un drone ou un satellite on identifie une embarcation des trafiquants pendant qu’elle est au port, comment peut-on la détruire ? Avec un drone armé de missiles (comme celui USA qui a tué un coopérant italien au Pakistan) ou avec un chasseur bombardier Eurofighter Typhoon, qui provoquera un massacre de civils ? Ou bien avec des forces spéciales débarquées de nuit par un sous-marin, qui devront se battre dans un affrontement armé avec quelque milice ? Et si l’embarcation prend la mer chargée de réfugiés, comment peut-on la bloquer avec un navire de guerre sans provoquer de massacre ?

 

Troisième problème : comment démanteler le réseau des trafiquants sans envoyer de forces militaires sur le territoire libyen ? Faute d’avoir clarifié ces questions, la mission Pesd, qui part de façon retentissante, se transformera en une « Armée Brancaleone » vouée à l’échec.

 

À moins que ce ne soit justement pour ça qu’elle est lancée. Si la mission Pesd s’embourbe, l’OTAN est prête à « courir à l’aide » de l’UE.

 

 En février dernier à Rome le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a prévenu que « la détérioration de la situation en Libye pourrait déterminer de nouvelles menaces contre la sécurité européenne » et que « l’OTAN doit être prête à défendre tout allié de ces menaces ». Il a donc annoncé qu’à partir de 2016 entrera en fonction à Sigonella le nouveau système Ags (Alliance Ground Surveillance) qui, avec des drones Global Hawk et d’autres instruments, permettra de surveiller une vaste zone, de l’Afrique du Nord au Moyen-Orient, en appui des opérations OTAN, notamment celles de sa « Force de riposte ». Le premier banc d’essai sera la Libye où, a dit Stoltenberg, « la situation est hors de contrôle » (en oubliant la guerre par laquelle l’OTAN a démoli l’État libyen), mais où « l’OTAN est prête à soutenir les autorités libyennes ».

 

La mission Pesd constitue donc le passe-partout d’une autre opération sous direction OTAN, qu’on prépare en instrumentalisant l’hécatombe de réfugiés en Méditerranée pour créer une opinion publique favorable à une intervention militaire directe en Libye. Pourquoi pas sous forme d’un débarquement, en mondovision, de coopérants et humanitaires pour une « initiative humanitaire extraordinaire » qui, étant donné le chaos régnant dans le pays, devra se dérouler sous la « protection » des militaires. Avec comme but réel de constituer une tête de pont en Libye, en occupant les zones côtières les plus importantes non seulement pour leurs ressources énergétiques, mais pour leur position géographique à l’intersection entre Méditerranée, Afrique et Moyen-Orient.

 

 

 

Par Manlio Dinucci (*) (il manifesto) - traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio - mondialisation.ca – le 24 avril 2015

 

(*) Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire « L’art de la guerre » au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres : Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013 ; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014 ; Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

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Rien ne va plus au Moyen-Orient

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Rien ne va plus au Moyen-Orient

Par André Vltchek (*)

 

Rien, absolument rien, ne va plus au Moyen-Orient. Il semble n’y avoir plus d’espoir, plus de ferveur. Tout ce qui était pur a été traîné dans la boue. Tout ce qui était grand a été volé ou brisé par des intervenants extérieurs. L’enthousiasme a été raillé, puis brisé ou réduit en cendres, ou démoli par des chars et des missiles.

 

La corruption prospère – une corruption qui avait inondé toute cette région dès le lendemain de la colonisation occidentale, puis qui a été soutenue par le régime impérialiste mondial actuel.

 

La terre du Moyen-Orient est fatiguée ; elle pleure d’épuisement. Elle est marquée par les guerres. Elle est parsemée de puits de pétrole et de carcasses de véhicules blindés. Il y a des cadavres partout ; enterrés, réduits en poussière, mais toujours présents dans les esprits des survivants. Il y a des millions de cadavres, des dizaines de millions de victimes, qui hurlent à leur manière en silence, qui refusent de reposer en paix, qui pointent leurs doigts accusateurs.

 

C’est sur cette terre que tant de choses ont commencé. L’Europe n’était rien du temps de Byblos et d’Erbil, quand une civilisation légendaire se formait en Mésopotamie, quand Alep, Le Caire et Al-Qods n’avaient pour rivales que les grandes villes de Chine...

Et c’est là que la grandeur, le progrès, la politesse et la gentillesse ont été brisés et plongés dans le sang par les Croisés, et plus tard par la racaille colonialiste.

 

Les Européens aiment dire que cette partie du monde est maintenant « arriérée », parce qu’elle n’aurait jamais connu la Renaissance. Mais avant d’être brisée et humiliée, cette région était déjà bien plus avancée que la Renaissance, en suivant son propre chemin. C’est d’ici qu’une Europe médiévale primitive et agressive a tiré la plupart de ses connaissances.

 

Tout cela ne veut rien dire maintenant. Il ne reste pratiquement rien de ce passé glorieux. De grandioses villes arabes qui affichaient jadis leurs concepts socialistes fabuleux, parmi lesquels des hôpitaux et universités publics et gratuits —, et ceci plusieurs siècles avant Karl Marx — étouffent désormais dans la pollution et l’absence quasi totale de services publics. Tout a été privatisé et les monarques, généraux et mafias corrompus tiennent fermement les leviers du pouvoir, de l’Égypte jusqu’au Golfe.

 

Les peuples aspiraient exactement au contraire. Après la Seconde Guerre mondiale, de l’Afrique du Nord à l’Iran, ils optèrent pour différentes formes de socialisme. Mais ils n’ont jamais été autorisés à suivre leur propre chemin. Tout ce qui était laïc et progressiste fut brisé, détruit par les maîtres occidentaux du monde. Puis vint la deuxième vague d’États semi-socialistes : la Libye, l’Irak et la Syrie. Ces derniers ont été bombardés et détruits aussi, car rien de socialiste, rien qui puisse être au service du peuple n’est toléré dans le « tiers monde » tel que conçu par Washington, Londres et Paris.

 

Des millions sont morts. L’impérialisme occidental a orchestré des coups d’État, dressé des frères les uns contre les autres, bombardé des civils et envahi directement lorsque tous les autres moyens pour atteindre ses objectifs hégémoniques avaient échoué.

 

Il a créé, et « éduqué » une importante couche de serviteurs cyniques de l’Empire, la couche des nouvelles élites qui n’ont de comptes à rendre qu’aux gouvernements à Washington, Londres et Paris, et qui traitent leurs propres populations avec mépris et brutalité. Cette couche est maintenant au pouvoir dans presque toute la région, et entièrement soutenue par l’Occident, et donc extrêmement difficile à éjecter.

 

Récemment, à « l’Université Américaine » de Beyrouth, l’un des enseignants locaux m’a dit « cette région est condamnée à cause de la corruption ». Mais d’où vient cette corruption, me suis-je demandé à voix haute. Les uns après les autres, les dirigeants laïcs et socialistes du monde arabe ont été éliminés, renversés. L’Empire a mis au pouvoir les voyous de la pire espèce, les monarques et dictateurs les plus rétrogrades.

 

La vérité est que les peuples du Moyen-Orient, comme ceux d’Afrique, ont perdu tout espoir d’être un jour autorisés à élire des gouvernements qui les défendent et représentent leurs intérêts. Ils sont tombés en « mode survie », à l’individualisme extrême, au népotisme et au cynisme. Ils y étaient obligés, pour survivre, pour pouvoir maintenir leurs familles et leurs clans à flot dans un monde qui leur a été imposé par d’autres.

Le résultat est atroce : l’une des civilisations les plus avancées de la terre a été convertie en l’une des plus rétrogrades.

 

***

 

Le résultat, c’est l’amertume, l’humiliation et la honte qui prévaut dans tout le Moyen-Orient. Il y règne une ambiance malsaine.

Les voyous à Beyrouth, Amman, Erbil, Riyad et Le Caire conduisent des berlines et 4x4 européennes rutilantes. Des centres commerciaux de luxe neufs et même flambant neufs offrent de grandes marques de luxe pour ceux qui font d’énormes profits avec les crises de réfugiés provoquées par l’Empire, ou grâce au pétrole extrait par les travailleurs immigrés maltraités. Des femmes de ménage d’Asie du Sud humiliées, souvent torturées, violées et maltraitées, sont assises sur les sols en marbre des centres commerciaux en attendant leurs maîtres qui se livrent à des orgies de nourriture et de shopping effrénées et dépenser l’argent qu’ils ont gagné sans jamais travailler.

 

Ces collaborateurs sont extrêmement bien récompensés pour servir l’Empire, pour faire marcher les affaires et assurer le pompage des puits de pétrole, pour fournir du personnel aux agences des Nations Unies et donner une légitimité à cet état grotesque des choses, pour laver les cerveaux de la jeunesse locale dans les écoles et universités parrainées par l’Occident.

 

Tout ceci est extrêmement pénible à observer et difficile à supporter, à moins d’être sur une certaine « longueur d’ondes », vacciné, indifférent, lobotomisé et résigné à cet état du monde.

Bien sûr, le Moyen-Orient n’est pas une exception — c’est juste une partie de ce que je décris souvent comme la « ceinture » des États asservis à l’Occident ; une ceinture qui serpente de l’Indonésie par la quasi-totalité de l’Asie du Sud-Est, puis par le sous-continent et le Moyen-Orient, jusqu’au Kenya, au Rwanda et à l’Ouganda.

 

***

 

À présent l’Arabie Saoudite bombarde le Yémen. Elle le fait pour fournir un appui total au régime pro-occidental sortant, et pour porter des coups aux musulmans chiites. Les actions saoudiennes récentes, comme tant d’actions précédentes de cet État brutal asservi à Washington, ouvriront la voie au terrorisme, et tueront des milliers d’innocents. De manière choquante, cela fait probablement partie du plan.

 

Je suis en permanence invité à des émissions de radio et de télévision, pour parler de tout ça. Mais que peut-on dire de plus ?

Les horreurs des agressions occidentales, israéliennes, saoudiennes et turques (directes et indirectes) se répètent, année après année, dans différentes parties du Moyen-Orient. Des gens sont tués, beaucoup de gens, même les enfants. Il y a quelques protestations, quelques accusations, un peu d’« agitation », mais à la fin, les agresseurs s’en tirent toujours. En partie grâce aux médias de masse en Occident qui déforment tous les faits, encore et encore, et qui le font avec beaucoup d’efficacité. Et la plupart des médias arabes se sourcent directement à la propagande occidentale, pour ensuite la rediffuser à leurs propres populations, sans vergogne. Et aussi parce qu’il n’existe aucun système juridique international efficace qui pourrait punir les agresseurs.

 

Lorsque les actes ou le véritable terrorisme sont commis, l’ONU est introuvable. De temps en temps, elle se déclare « préoccupée », et parfois même « condamne » les agresseurs. Mais il n’y a jamais de sanctions ou d’embargos imposés contre Israël ou les États-Unis, ni même l’Arabie Saoudite. Il est entendu que l’Occident et ses alliés sont « au-dessus des lois ».

 

Ce qui envoie des signaux forts aux dirigeants du Moyen-Orient. L’armée égyptienne, qui a tué des milliers de pauvres juste après s’être emparée du pouvoir par un coup d’État en 2014 (et qui n’est généralement pas qualifiée de coup d’État), est redevenue « admissible à l’aide militaire des États-Unis ».

 

Les élites égyptiennes totalement prostituées ont dansé dans les rues du Caire lors du coup d’État, à l’instar des élites du Chili en 1973. Je les ai vues, lorsque je tournais un documentaire pour la chaîne sud-américaine Telesur, un documentaire sur comment l’Occident a saboté le printemps arabe. Ils posaient devant mes caméras, applaudissaient et me prenaient dans leurs bras, pensant que j’étais un des hommes de main des États-Unis ou de l’Europe.

Je me suis récemment retrouvé avec une employée égyptienne des Nations Unies qui m’a fixé d’un regard menaçant :

« Un coup d’État ? » murmura-t-elle. « Vous appelez ça un coup d’État ? Le peuple égyptien ne l’appelle pas un coup d’État ».

Comment contredire une représentante si respectable de la Nation égyptienne ? J’ai remarqué que les élites égyptiennes pro-occidentales aiment à se présenter comme « le peuple égyptien », comme si elles faisaient partie de ceux qui vivent loin de leurs demeures et limousines avec chauffeur.

 

***

 

Il y a des dizaines de millions de personnes déplacées dans cette partie du monde. Elles viennent d’Irak, de Syrie et de la Palestine. Il y a de nouveaux réfugiés et des réfugiés qui le sont depuis des décennies. Il y aura très probablement bientôt quelques millions de réfugiés yéménites supplémentaires.

 

Rien qu’au Liban, 2 millions de réfugiés syriens vivent un peu partout, certains louant des cabanes ou des maisons et d’autres, lorsqu’ils en ont les moyens, des appartements à Beyrouth. Mais il y en a des centaines de milliers, ceux de la vallée de Bekaa et ailleurs, qui n’ont pas été inscrits par l’ONU et les autorités locales. Des réfugiés m’ont dit que beaucoup d’entre eux ont fait demi-tour. Sans inscription, pas de rations alimentaires, pas d’éducation pour les enfants et pas de soins médicaux.

 

J’ai vu des réfugiés de plusieurs villes irakiennes, à Erbil, dans le Kurdistan sous administration irakienne. Ils fuyaient l’État Islamique, qui a été créé par l’Occident.

 

Un scientifique nucléaire, Ismaël Khalil, originaire de l’Université de Tikrit, m’a dit : « Tout ce que je possédais a été détruit... Les Américains sont la principale cause de cette folie — de la destruction totale de l’Irak. Vous pouvez demander à n’importe qui, à n’importe quel enfant, et vous aurez la même réponse... Nous appartenions tous à une grande et fière nation. Maintenant, tout est morcelé et ruiné. Nous n’avons plus rien — nous sommes tous devenus des mendiants et des réfugiés dans notre propre pays... je me suis enfui il y a cinq mois, après que l’EI ait dévasté mon université. Et nous savons tous qui est derrière : les alliés de l’Occident : l’Arabie Saoudite, le Qatar et d’autres... »

 

Plus tard je me tenais sur ce qui restait d’un pont reliant les deux rives de la rivière Khazer, à quelques kilomètres de la ville de Mossoul. L’EI a fait sauter le pont. Quelques villages autour ont été détruits par les bombardements américains. Un colonel kurde qui me montrait la zone était fier de préciser qu’il avait été formé au Royaume-Uni et aux États-Unis. C’était de la folie totale — toutes les forces unies dans la destruction de l’Irak avaient les mêmes origines : les États-Unis, l’OTAN et l’Occident !

 

À quelques kilomètres de la ligne de front, il y a des champs de pétrole, mais la population locale dit que les compagnies pétrolières ne faisaient que voler leurs terres ; il n’y avait aucune retombée sur les communautés locales. Tandis que les flammes des raffineries de pétrole brûlaient, les populations locales grattaient le sol à la recherche de racines et de plantes, pour survivre.

 

Et il y avait aussi un camp de réfugiés syriens à proximité. Mais les réfugiés étaient filtrés. Seuls ceux qui exprimaient leur haine du président al-Assad étaient autorisés à rester.

 

***

 

Beyrouth est symbolique de ce qui se passe dans l’ensemble du Moyen-Orient.

Jadis glorieuse, la ville se classe désormais en bas des indices de qualité de vie. Avec pratiquement aucun transport en commun, elle s’étouffe, polluée et embouteillée. Les coupures d’électricité sont fréquentes. Des quartiers misérables sont visibles partout. L’éducation et les soins médicaux sont surtout privés et inabordables pour la grande majorité des habitants. L’argent sale propulse la construction d’immeubles d’habitation luxueux, de centres commerciaux chics et de restaurants hors de prix.

Les voitures de luxe sont partout. Appartements de luxe, yachts, véhicules et vêtements de marque sont les seules unités de mesure de la valeur.

 

Tout ceci est totalement grotesque, étant donné qu’il y a 2 millions de réfugiés syriens qui luttent pour survivre partout dans ce petit pays. Il y a de vieux réfugiés palestiniens dans des camps déprimants. Il y a les Bédouins détestés et discriminés, il y a les bonnes asiatiques et africaines, victimes de violences... « Le travail est une punition », affirme un credo local. Personne ne prend vraiment la peine de travailler.

 

Il y a beaucoup d’argent, mais la plupart ne vient pas du travail. D’énormes quantités proviennent du trafic de drogue, de « l’hébergement des réfugiés », des affaires en Afrique et ailleurs, et des envois de fonds de ceux qui travaillent dans le Golfe. Israël est la porte d’à côté. Il est menaçant, et périodiquement il attaque.

 

Le Hezbollah est le seul grand mouvement dans le pays qui se bat pour le bien-être social de la population. Il se bat aussi contre Israël lorsque ce dernier envahit. Et maintenant, il est aux prises avec l’EI dans un combat épique. Mais le mouvement figure sur la liste des organisations terroristes dressée par l’Occident, parce qu’il est chiite, et parce qu’il est trop « socialiste » et trop critique envers l’Occident.

 

À Beyrouth, tout est possible. Les riches dépensent leur argent à tour de bras. Ils conduisent leurs voitures et motos de luxe sans silencieux, écrasant les gens sur les passages pour piétons, et ne cèdent jamais le passage. Ils sont principalement formés en Occident et trilingues (arabe, français et anglais). Ils font la navette entre la ville et l’Europe comme s’il s’agissant d’un village voisin.

À Beyrouth, la seule chose qui compte c’est le besoin de paraître des classes supérieures.

 

Les pauvres — la majorité du peuple libanais — n’existent pas. On n’entend jamais parler d’eux. Ils sont hors sujet.

 

***

 

Ceux qui règnent sur le Moyen-Orient sont corrompus, cyniques et antipatriotiques. Et ils ont peur, parce qu’ils savent qu’ils ont trahi leurs propres peuples. Et plus ils ont peur, plus leurs tactiques sont brutales. Je les vois en action, à Bahreïn, en Égypte, en Irak et ailleurs.

 

La plupart des mouvements et partis de gauche au Moyen-Orient ont été détruits, achetés ou dévoyés. La politique n’est plus qu’une question de clans, de sectes religieuses et d’argent. Les idées de gauche n’existent pratiquement plus. On ne connaît rien du Venezuela, de l’Équateur, de la Chine ou de la Russie. Les pauvres aiment la Russie, parce qu’« elle est contre l’Occident », mais il y a très peu de compréhension du monde en dehors du Moyen-Orient et de l’ancien maître colonial — l’Europe.

 

Rien ne se semble aller au Moyen-Orient, ces jours-ci.

De nouveaux rapports nous parviennent, accusant Israël d’interroger et de torturer de jeunes enfants palestiniens.

Le Yémen, cette terre ancienne pour laquelle j’ai eu un coup de foudre, il y a de nombreuses années, est à feu et à sang. Deux berceaux de la civilisation — l’Irak et la Syrie — sont totalement déchiquetés et dévastés.

 

La Libye se disloque, probablement de manière irrémédiable, et n’est plus un pays. L’Égypte est une fois de plus sous un terrible joug militaire. Les chiites à Bahreïn et en Arabie saoudite souffrent d’une grande discrimination et de violences.

 

Les gens meurent ; des personnes sont déplacées, victimes de discriminations. Il n’y a pas de justice, pas de justice sociale pour la majorité, le même scénario qu’en Indonésie, que dans le sous-continent, qu’en Afrique de l’Est, comme partout où l’impérialisme occidental et le néolibéralisme ont réussi à s’imposer.

 

L’Occident a travaillé très dur pour transformer le Moyen-Orient en ce qu’il est devenu. Il a fallu des siècles pour transformer cette partie du monde, d’une grande et profonde culture, en une scène d’horreur. Mais c’est fait !

 

Le reste du monde devrait observer et apprendre. Il ne faut pas que cela se reproduise ailleurs. C’est en un « Couloir Asie du Sud-Afrique de l’Est » que l’Occident veut transformer toute la planète. Mais il ne réussira pas, car il y a l’Amérique latine, la Chine, la Russie, l’Iran, l’Afrique du Sud, l’Érythrée et d’autres pays fiers et déterminés qui se dressent sur son chemin.

 

Et le Moyen-Orient, un jour, se dressera aussi. Les gens exigeront ce qui leur est dû. Ils exigeront la justice. Récemment, ils ont essayé, mais ils ont été écrasés. Je n’ai aucun doute qu’ils n’abandonneront pas — ils vont essayer encore et encore, jusqu’à la victoire.

 

 

 

Par Andre Vltchek (*) (Counterpunch) - traduction par VD - legrandsoir.info - le 6 avril 2015

  

(*) André Vltchek (né en 1963) est un romancier, philosophe, journaliste, cinéaste, photographe et auteur dramatique américain. Il a parcouru des dizaines de zones de guerre, les conflits de Bosnie, du Pérou au Sri Lanka, la RD Congo et le Timor-Leste. Après avoir vécu pendant de nombreuses années en Amérique latine et en Océanie, Vltchek réside et travaille actuellement en Asie et en Afrique… (Source : Wikipédia)


Koter Info's insight:


Le "vrai" Moyen-Orient, tel que les médias ne vous le décriront jamais !  Excellent article que tous devraient lire !


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