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Santé en Grèce, des cobayes de l’austérité au laboratoire de l’autogestion : soyons fous, marchons sur la dette !

Santé en Grèce, des cobayes de l’austérité au laboratoire de l’autogestion : soyons fous, marchons sur la dette ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : la pharmacie du Dispensaire KIFA, dans le centre d’Athènes

 

 

Santé en Grèce, des cobayes de l’austérité au laboratoire de l’autogestion : soyons fous, marchons sur la dette !

 

 

Une délégation française au cœur de la tourmente grecque pour témoigner de la crise humanitaire imposée là-bas par les mémoranda européens, mais surtout pour apprendre de la résistance et de la dignité de ceux qui refusent de baisser les bras.

 

Au mois de mai, une délégation du collectif « Solidarité France Grèce pour la Santé » s’est rendue à Athènes pour rencontrer des équipes des dispensaires sociaux solidaires. Ce collectif soutient les personnels des dispensaires sociaux et solidaires autogérés grecs depuis deux ans, grâce à des actions concrètes comme la collecte et l’envoi de médicaments, de matériel médical et d’argent, mais aussi sur un plan politique en informant sur cette nouvelle forme de résistance à l’austérité.

 

Du 11 au 16 mai 2015, professionnels de la santé, militants syndicaux, membres de partis politiques et personnes issues de la société civile, toutes membres de la délégation de « Solidarité France Grèce pour la Santé », ont pu visiter une dizaine de dispensaires, mais aussi rencontrer la coordination athénienne des dispensaires et pharmacies sociaux solidaires, l’association « Solidarité pour tous », la commission santé de Syriza ainsi que le ministre délégué à la santé, la confédération syndicale du privé et les équipes hospitalières et syndicales dans trois établissements.

 

Au moment où la délégation arrivait à Athènes, les femmes de ménage du Ministère des Finances fêtaient leur réintégration après 22 mois de lutte et d’occupation d’un coin de la place Syntagma. Leur emblème était un poing dans un gant de ménage rouge. Un signe encourageant.

 

 

Des dispensaires pour un accès à la santé pour tous

 

C’est leur engagement militant qui distingue ces structures au nombre de cinquante actuellement dans tout le pays, des structures humanitaires ou ONG. Les dispensaires sociaux et solidaires s’inscrivent dans une multitude d’actions solidaires sur les déterminants de santé que sont l’alimentation, le logement, les vêtements, la culture, l’éducation... Les volontaires de ces dispensaires rapportent unanimement que trois besoins font cruellement défaut actuellement : les soins bucco-dentaires, une demande psychiatrique et psychologique forte de la part des usager-es, conséquences directes de la pauvreté et de la précarité, la carence en médicaments pédiatriques et notamment vaccins et traitements de longue durée pour le diabète ou le cancer par exemple.

 

Les dispensaires sociaux solidaires réunissent des volontaires professionnels de la santé, médecins, infirmiers, pédiatres, sages-femmes, dentistes, etc., mais aussi de simples citoyens, souvent habitants du quartier, qui œuvrent au fonctionnement de la structure, que ce soit en gérant l’administration, le secrétariat ou en faisant le ménage. Lorsqu’ils ne peuvent pas offrir les consultations spécialisées sur place, les dispensaires dirigent leurs patients vers des praticiens en ville qui offrent des consultations gratuites. Ces dispensaires autogérés fonctionnent en assemblée générale de façon tout à fait horizontale. Les dispensaires sociaux et solidaires de la région d’Athènes (50 % de la population grecque) travaillent en réseau, grâce à une coordination qui permet les échanges de médicaments et d’information.

 

Toutefois leur démarche de solidarité ne s’arrête pas aux frontières : le soutien aux combattantes et combattants kurdes de Kobané par l’apport de matériel médical en témoigne ainsi que l’aide à l’obtention de papiers pour les personnes émigrées.

 

Au cours de leur séjour, les membres de la délégation ont débattu avec les militants de l’association grecque « Solidarité pour tous ». Elles et ils animent des groupes de réflexion locaux pour travailler autrement, relancer les petites entreprises en autogestion, raccourcir les circuits entre les agriculteurs et les consommateurs tout en luttant contre le gaspillage… Sur le volet de la santé, ce « facilitateur » d’entraide, comme aime à se définir « Solidarité pour tous », milite aux côtés du nouveau gouvernement pour que la prise en charge des soins de santé ne dépende pas du fait d’avoir un travail, comme c’est actuellement le cas en Grèce.

 

Depuis un an et demi, elles et ils travaillent avec des organisations syndicales et ouvrières autour de la question de la solidarité comme élément constitutif de leurs actions.

 

 

Le cofondateur du premier dispensaire autogéré au gouvernement

 

C’est avec une grande simplicité et une grande disponibilité que l’actuel ministre délégué à la Santé, Andréas Xanthos, a reçu les membres de la délégation de « Solidarité France Grèce pour la Santé » dans son ministère. Médecin hospitalier, Andréas Xanthos est le cofondateur du premier dispensaire social en Crête. C’était en 2008 dans le but de venir en aide aux migrants.

 

Le ministre délégué a insisté sur la dégradation de la situation sanitaire, sous-évaluée jusqu’en 2012 par les autorités et sur la désorganisation du service public au profit du secteur privé. C’est ainsi que la demande de soin envers le secteur public a progressé de 30 % quand les moyens ont diminué de 40 % et l’effectif en personnel a diminué dans un même temps de 30 %. 2,5 millions de Grec-ques sont actuellement sans couverture sociale.

 

Andréas Xanthos considère que l’existence des dispensaires a permis de mesurer la réalité de la catastrophe sanitaire en Grèce. Il a argumenté ensuite sur le fait que l’affrontement sévère entre le gouvernement grec et l’Union européenne concerne tous les peuples européens dans le sens où la Grèce sert de cobaye à l’Europe de la finance.


Le programme de santé du nouveau gouvernement Syriza prône le rétablissement et l’extension de la couverture maladie ; la suppression du forfait hospitalier de 5 € ; un accès aux soins primaires gratuits quelle que soit la nationalité, le revenu, le statut de l’emploi et la position sociale ; la restauration du système de santé (soins primaires et hôpital) ; la nécessité de créer un rapport de force européen sur la question du médicament face à la puissance des multinationales.

 

 

Le défi de Syriza

 

Quelques jours plus tard, direction le Parlement pour la délégation qui a été reçue par dix député-es de Syriza, tous membres des commissions santé. Les membres de la délégation ont particulièrement noté que la crise du service public confronté aux mesures d’austérité des mémoranda s’était couplée à une demande croissante de la population. Une demande toujours liée aux effets de la crise sur les ressources des grec-ques et sur leur santé. Les député-es de Syriza reconnaissent que les dispensaires sociaux solidaires constituent un élément essentiel de résistance et de mobilisation. Chacun d’eux alloue 20 % de leurs indemnités parlementaires à « Solidarité pour tous ». De nombreux projets sont bloqués faute de financement dans le cadre du bras de fer politique avec la Commission européenne et la Banque Centrale Européenne (BCE).

 

En ce mois de mai, l’attente est longue, l’angoisse est grande et la fébrilité est presque palpable. Les visiteurs français se sont également beaucoup intéressés au fonctionnement du débat au sein de Syriza et à la manière dont le gouvernement pourra relever le défi.

 

 

Les hôpitaux publics au bord de l’effondrement

 

Sous financement, manque crucial de personnel et de matériel, les hôpitaux de Sotiria, Geniko Kratiko Athinas et l’hôpital psychiatrique de Daphni témoignent des mêmes maux. En Grèce aujourd’hui, l’incidence de la tuberculose explose, le taux de suicide augmente et la plupart des cancers ne sont plus soignés. La malaria et la rage sont réapparues. La surcharge de travail des personnels soignants est énorme et en partie due à la désorganisation des soins primaires.

 

Avant l’arrivée de Syriza au pouvoir, l’administration demandait par exemple entre 600 et 1 000 € aux femmes enceintes pour accoucher. À défaut de paiement, l’administration fiscale faisait pression sur les membres de la famille. Une pression qui pouvait aller jusqu’à la saisie des biens au domicile. Des familles étaient poussées à la ruine dans les cas où un de leurs membres était atteint de maladies chroniques nécessitant une hospitalisation. Il a été ainsi fait état par le personnel hospitalier de personnes se suicidant à l’annonce d’une maladie grave pour éviter d’être une charge intolérable pour leurs proches.

 

 

Hôpital psychiatrique en résistance

 

Sur huit établissements publics de psychiatrie, il n’en reste que trois d’ouverts. Les structures extrahospitalières et associatives ont fermé les unes après les autres. À Daphni, 500 postes de soignant-es demeurent pourvus sur les mille à l’origine. Ce personnel assure les soins pour 1 100 patient-es hospitalisé-es et l’accompagnement de 600 autres en soin extra-hospitalier.

 

La demande de soins a augmenté de 60 % en quelques années, et la part des hospitalisations sur demande judiciaire est largement majoritaire (60 %). Les autres patient-es sont abandonné-es à la rue ou à charge des familles. Personnels et malades collaborent à la survie de l’hôpital en vendant le produit de cultures vivrières locales à l’entrée de l’hôpital. Si les mesures imposées par l’Union européenne sont suivies, cet hôpital devra fermer en juin. Les personnels s’organisent pour résister coûte que coûte.

 

Dans tout ce marasme, les personnels encore présents, toutes catégories confondues, œuvrent à maintenir des soins diversifiés et de qualité. Comme elles l’ont confié aux membres de la délégation, ces personnes sont aujourd’hui confrontées à un paradoxe. Alors qu’à une autre époque la plupart militaient pour une psychiatrie extra-hospitalière sectorisée, elles et ils sont contraintes aujourd’hui de se battre pour sauver leur hôpital, seule condition pour garder leurs maigres moyens. La pédopsychiatrie est réduite à quasi-néant et il faut plus de sept mois d’attente pour obtenir un rendez-vous.

 

 

Pour une Europe sociale

 

La résistance du peuple de Grèce est une force motrice qui aujourd’hui doit servir de référence aux autres peuples d’Europe. Le slogan souvent repris par les militant-es rencontré-es se traduit par : « Nous ne devons pas ! Nous ne vendons pas ! Nous ne payons pas ! »

 

Les membres de la délégation du collectif « Solidarité France Grèce pour la Santé » ont été émus par ces rencontres souvent chaleureuses et militantes, qui témoignent de la dignité et d’un refus de la fatalité. Ils et elles retiendront l’immense engagement des volontaires, personnels, militant-es engagé-es dans des processus de solidarité, de convivialité et de lutte pour maintenir en autogestion un système de soin, dans le souci de préserver la dignité de chacun-es.

 

Les membres de la délégation retiendront aussi la nécessité de tous les peuples d’Europe de s’engager dans une lutte coordonnée et solidaire contre une austérité décrétée par des politiques qui agissent contre l’intérêt des peuples, pour revendiquer la construction d’un Europe sociale. Faute de quoi la situation subie aujourd’hui en Grèce sera la norme pour tous les peuples.

 

Le bilan de la délégation sous forme d’un dépliant PDF de 4 pages est disponible ici. N’hésitez pas à le faire circuler à vos contacts. D’autres articles, vidéos et documents sonores seront bientôt publiés sur le blog et la page Facebook du collectif.

 

 

 

Par Solidarité France Grèce pour la Santé - okeanews.fr – le 8 juin 2015.

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Mozambique : des rats pour détecter la tuberculose

Mozambique : des rats pour détecter la tuberculose | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : après entraînement, les rats détectent 67 % des cas de tuberculose, contre 50 % en moyenne pour les méthodes standards employées au Mozambique, selon Apopo. PHOTO YASUYOSHI CHIBA, ARCHIVES AFP

 

 

Mozambique : des rats pour détecter la tuberculose

 

Elle n’est pas homologuée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais, désireuse de reproduire son programme de recherche mené depuis plus de 10 ans en Tanzanie, dans l’est de l’Afrique, Apopo s’est installé en janvier 2013 à Maputo, la capitale du Mozambique, l’un des pays les plus touchés par la tuberculose, selon l’OMS.

 

Après entraînement, les rats détectent 67 % des cas de tuberculose, contre 50 % en moyenne pour les méthodes standards employées au Mozambique, selon Apopo.

 

« En 30 minutes, le rat peut examiner une centaine d’échantillons, au lieu de quatre jours pour un technicien travaillant en laboratoire », assure Emilio Valverde, le directeur du programme tuberculose d’Apopo.

 

Pays au fort potentiel économique, mais à la population majoritairement très pauvre plus de 20 ans après la fin de la guerre civile, le Mozambique a des infrastructures de santé encore minimales, avec seulement six médecins pour 100 000 habitants.

 

L’utilisation des rats présente donc deux avantages majeurs : c’est à la fois plus rapide et moins cher, selon Apopo.

 

Dans le cadre champêtre de la faculté vétérinaire de l’université Eduardo Mondlane, neuf rats géants testent quotidiennement des échantillons de crachats, récupérés dans 15 centres de santé à travers la capitale.

 

Les bestioles utilisées sont de très lointains cousins des rats d’égouts, répondant au nom scientifique de « cricétones des savanes ». Ceux-ci ont plus l’allure et la taille d’un chaton, mesurant une trentaine de centimètres [sans la queue] pour un poids d’un kilo à un kilo et demi.

 

« Ils sont originaires de la sous-région, plus faciles à attraper, à dresser et plus gentils », explique M. Valverde.

 

Élevés en Tanzanie, les rats sont entraînés pendant six mois à associer l’odeur émise par les bactéries responsables de la tuberculose à une récompense sous forme de nourriture.

 

Dans une cage en verre, chaque rat passe ensuite d’échantillon en échantillon et s’arrête ou se frotte les pattes pour indiquer ceux des prélèvements qui sont infectés.

 

À l’aide d’une grande seringue, le laborantin le récompense en le nourrissant chaque fois qu’il parvient à identifier un échantillon de crachat humain infecté par la tuberculose.

 

Pour les besoins de la recherche, ces échantillons ont déjà été testés en centre de santé par des procédés standards.

 

 

Objectif : homologation

 

Mais il arrive que les rats identifient comme positifs des échantillons qui étaient considérés négatifs. Après vérification au microscope à fluorescence, il s’agit souvent de cas de tuberculose mal diagnostiqués.

 

« Sur les 35 000 échantillons testés par les rats d’Apopo depuis le début du programme au Mozambique, 1 200 cas supplémentaires ont été décelés », affirme M. Valverde.

 

L’enjeu pour l’ONG est désormais de faire homologuer la technique par l’OMS, un processus qui pourrait prendre cinq ans. « Il nous faut encore réaliser beaucoup d’études et tester l’utilisation des rats dans d’autres villes du pays », ajoute-t-il.

 

Le gouvernement mozambicain, qui accompagne Apopo dans ses recherches, reste prudent.

 

« Cela reste une initiative de recherche privée, nous attendons les résultats », explique à l’AFP Ivan Manhica, directeur du programme national pour la tuberculose au ministère de la Santé.

 

« Il faudra comparer cette technique aux autres qui sont disponibles et homologuées par l’OMS, comme le test GeneXpert ou le microscope LED », dit-il, citant des techniques de diagnostic efficaces, mais chères.

 

La tuberculose, une maladie curable, mais qui tue 1,5 million de personnes dans le monde faute de diagnostic ou de soins, se développe quand les défenses immunitaires sont affaiblies, notamment par le virus du sida.

 

Environ 10 % des Mozambicains âgés de 15 à 49 ans sont séropositifs.

 

 

 

PAR ADRIEN BARBIER (Agence France-Presse) - lapresse.ca – le 22 mars 2015

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