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Élections britanniques : les cris et les réalités

Par Patrice de Plunkett (*)

 

Les titres vociférants de la presse pro-Cameron ne peuvent cacher les vrais résultats économiques du tout libéral : 

 

« Sauvez notre bacon », hurle le Sun (toujours chic) ! Il tonitrue qu’en 48 heures M. Miliband ferait à la Grande-Bretagne le même sort qu’au sandwich figurant sur la photo... Sur un ton d’apocalypse, le Daily Mail proclame : « Au nom du bon sens, ne laissez pas un zélote de la lutte des classes [M. Miliband] et le SNP [les séparatistes écossais] détruire notre économie et notre nation* ! »... Quant au Daily Telegraph, il se contente d’annoncer qu’en cas de défaite (de M. Cameron), ce serait « Cauchemar à Downing Street »

 

À la veille des élections générales britanniques, la violence des titres de la presse de droite – des tabloïds aux journaux respectables – est inversement proportionnelle à l’incertitude des sondages en ce qui concerne les deux « grands » partis : conservateurs et travaillistes. 

 

Cette violence fait comme si l’idée d’une défaite de M. Cameron était indécente, parce que le bilan économique de ce dernier serait impeccable. « La plus forte croissance des grands pays occidentaux », proclame-t-il dans ses discours...

 

Or le bilan de M. Cameron n’a rien de probant. Étudier les pages intérieures de la presse économique londonienne donne une impression qui ne ressemble pas aux propos péremptoires de nos Parisiens « expatriés » à Londres, petits messieurs auprès desquels Zlatan passerait pour francophile. Résumé de la situation britannique réelle, par l’analyste financier Paul Jackson** :

 

« Est-ce que vous investiriez dans un pays émergent qui a un déficit de ses comptes courants de 6 %, dont la position extérieure se détériore rapidement, où la banque centrale a triplé la taille de son bilan en quelques mois, où le gouvernement, bien qu’il ait rempli les poches de ses supporters, ne semble pas capable d’éviter un brutal virage à gauche ou à droite, et où des dissensions politiques internes semblent probables après les prochaines élections ? Si la réponse est non, pourquoi investissez-vous au Royaume-Uni ? »

 

Le déficit des comptes courants britanniques atteint 6 % du PIB : l’argent prend la fuite. Le déficit budgétaire atteint 5,2 % du PIB : le pays dépend de l’étranger. La dette nette publique et privée atteint 25 % du PIB : c’est plus que celle de la France... Les analystes londoniens eux-mêmes soulignent que cette hémorragie financière vient de « l’ouverture de l’économie britannique », célébrée en permanence par M. Cameron comme la réponse à tout. Ceci devrait inciter les journaux cameroniens à crier moins fort ; et nos jeunes expat » français, à baisser d’un ton dans leur francophobie à l’usage des beaux quartiers.

 

 

 

Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com – le 6 mai 2015

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* Encore faudrait-il que l’Écosse soit la même « nation » que l’Angleterre : ce qui est historiquement inexact... (Et les « ScotNats » sont en pleine ascension dans les sondages).

** Paul Jackson, note de la société financière Source, mars 2015. 

 

 

(*) Patrice de Plunkett, né à Paris le 9 janvier 1947, est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (Source Wikipédia)