UN PARTICIPANT TÉMOIGNE -  INQUIÉTUDES AU FORUM BILDERBERG | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : l’entrée de l’hôtel de luxe « Interalpen » dans le Tyrol autrichien à Telfs-Buchen où s’est réuni le forum Bilderberg 2015.

 

UN PARTICIPANT TÉMOIGNE

INQUIÉTUDES AU FORUM BILDERBERG

 

Les 133 invités triés sur le volet du groupe archi secret « Bilderberg » qui s’est réuni à huis clos à l’hôtel de luxe « Interalpen » dans le Tyrol autrichien à Telfs-Buchen de jeudi soir à dimanche dernier en sont repartis congelés, frigorifiés, abasourdis par la pente vertigineuse du monde qu’ils ont eux-mêmes dessinée.

 

 

Troisième en nombre d’invités de marque derrière les États-Unis et la Grande-Bretagne, la France ne comptait que 9 représentants au lieu des dix annoncés : en effet, le PDG de Michelin, Jean — Dominique Sénard, était retenu en France pour le match du Top 14 entre le Stade de France et Clermont-Ferrand, perdu 12-6 par l’ASM, malheureusement pour le sponsor auvergnat. Face aux firmes géantes Google, Airbus et autres Linkedin, le business français était représenté par Henri de Castries, patron de la multinationale Axa et membre du comité de direction de Bidelberg. Alors de quoi ont-ils discuté, quels cris d’alarme ont-ils poussés ? L’un des participants a bien voulu nous raconter à titre exceptionnel :

 

 « Cette année, l’accent a été mis avec insistance et souvent inquiétude sur les accélérations spectaculaires des changements en cours. Accélération économique et financière qui se traduit aujourd’hui par la fin de l’ère des taux bas et par l’envolée prévisible des taux d’intérêt. Elle va toucher, bien sûr, les États les plus endettés, mais aussi les particuliers emprunteurs. Autre accélération relevée, celle des technologies en particulier de l’intelligence artificielle.

 

 

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Tout le monde a noté : un, que les USA ont pris le leadership dans ce domaine ; deux : que les États ne sont plus dans la course. D’ailleurs, aucun membre de l’administration Obama n’était présent dans la puissante délégation américaine de 38 représentants, indice sans doute du déplacement du centre névralgique du pouvoir vers le secteur privé, ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle. Enfin, il y a une prise de conscience partagée de l’accélération géostratégique : on vit aujourd’hui la fin de l’ordre de l’après-guerre froide avec la montée de la Chine, les relations difficiles avec la Russie, l’explosion du Moyen-Orient et la montée des menaces terroristes.

 

 

Une ambiance de fin du monde

 

Et, face à ces incertitudes menaçantes, les participants ont souligné l’absolu désarroi des politiques, le manque cruel de leadership et les divisions qui s’aggravent. Notamment en Europe : on le voit bien sur les sujets chauds que sont la Grèce, l’immigration ou les migrations. Oui, l’Europe est en train d’éclater entre une Allemagne qui en aurait les moyens, mais refuse le leadership, une France qui a encore des idées, mais plus guère de capacités et une Angleterre obsédée par son Brexit et son indépendance.

 

À Bilderberg 2015, on s’est beaucoup inquiété du risque de défaut grec. Ajoutez à cela que la montée des populismes au sein des classes moyennes s’est invitée au menu des discussions… »

Les 133 privilégiés de la 63e édition du forum qui fait le plus fantasmer la planète vivaient presque, à entendre ce témoignage, dans une atmosphère de planète rouge, de Terre en voie de quasi-disparition !

 

 

 

PAR ÉLISABETH CHAVELET - parismatch.com - le 16 juin 2015.