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Grèce - Ce que l’austérité a fait au système de santé

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Grèce - Ce que l’austérité a fait au système de santé

Par Louise Irvine (*)

 

Au mois d’octobre 2014, j’ai visité la Grèce pour observer l’impact de l’austérité sur le peuple grec et en particulier sur la santé et sur le système des soins.

J’ai rejoint d’autres travailleurs du secteur de la santé et la Campagne de solidarité avec la Grèce pour visiter des hôpitaux, des cliniques et des marchés de denrées alimentaires. J’ai discuté avec des soignants, avec des volontaires, avec des politiciens et avec des membres des gouvernements locaux.

 

Ce que j’ai observé m’a consternée et attristée.

 

Dans l’hôpital le plus important de Grèce, l’Evangelismos à Athènes, les conditions étaient pires que celles que j’ai rencontrées dans des pays en voie de développement.

 

Dès que les portes de l’hôpital s’ouvrent les jours « d’urgence » |1|, les gens affluent. L’effondrement des services de santé publique primaires et collectifs fait que toutes celles et tous ceux qui ont besoin de soins doivent se rendre au service des urgences et des accidents des grands hôpitaux, que ce soit pour un accident grave, pour des médicaments, pour des maladies chroniques ou pour faire vacciner les enfants. Des membres du personnel m’ont dit que des victimes de traumatismes majeurs devaient souvent attendre durant des heures pour une radiographie et un traitement à cause du manque de personnel |2|. Lorsque de trop nombreux cas affluent en même temps, il arrive que les gens meurent avant d’avoir été pris en charge.

 

Les conditions d’austérité imposées en Grèce par la Troïka pour assurer le paiement de la dette aux créanciers, en priorité les banques, ont entraîné la fermeture de nombreux hôpitaux (y compris trois hôpitaux psychiatriques) et cliniques de soins primaires |3|. Ceux qui sont restés ouverts doivent effectuer des coupes drastiques dans le personnel. Des milliers de travailleurs de la santé ont été licenciés.

 

Trente pour cent de la population grecque vit dans la pauvreté, sans accès à des soins de santé abordables |4|. Les soins de santé sont financés par l’assurance payée par les employeurs et lorsque les gens perdent leur emploi ils perdent du même coup leur assurance médicale. Le gouvernement prétend avoir rétabli les soins de santé pour les plus pauvres, mais des médecins et des infirmières m’ont affirmé que c’était faux. Les commissions d’enquête promises pour évaluer et financer les requêtes de ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir accès aux soins n’ont pas encore été créées.

 

À Evangelismos, j’ai vu 50 patients psychiatriques entassés dans une salle de 25 lits, partageant deux toilettes et une seule infirmière en psychiatrie. Des patients psychiatriques d’âges et de sexes différents étaient allongés, amorphes, sur des brancards sur les deux côtés d’un long couloir. Au bout de ce couloir, j’en ai vu un autre aménagé de manière analogue. Ces brancards étroits et inconfortables, serrés les uns contre les autres, étaient le seul espace personnel des patients. Les infirmières et les médecins m’ont dit qu’il était impossible de faire un travail thérapeutique dans de telles conditions.

 

Malgré sa surpopulation, la salle était sinistrement silencieuse. J’ai eu l’impression que la majorité des patients étaient sous sédation, ou bien qu’ils avaient baissé les bras, succombant au désespoir.

 

L’austérité et les coupes budgétaires ont entraîné une forte augmentation des cas de dépression. Les suicides ont augmenté de 45 %. Les patients à Evangelismos ont encore de la chance – beaucoup d’autres patients qui auraient besoin de lit ont été abandonnés dans la rue, sans soutien de la part de la collectivité. J’étais sur le point de quitter l’hôpital lorsqu’un médecin m’a demandé de dire aux gens du Royaume-Uni ce que j’avais vu et entendu. Il a ajouté qu’ils voulaient « non pas de la charité, mais de la solidarité ».

 

Les gens sont en train de s’organiser pour résister et pour défendre leurs quartiers contre les impacts les plus désastreux de l’austérité. La multiplication des structures de solidarité dans les quartiers pour venir en aide aux gens qui manquent de nourriture ou de soins de santé est une expression de cette organisation sociale. Des cliniques de santé solidaires ont été mises sur pied partout en Grèce, avec du personnel bénévole qui essaie de fournir des soins de base à ceux qui n’ont pas accès aux structures de soins. Des médecins, des infirmières et des pharmaciens se portent volontaires dans ces cliniques, mais cela ne suffit pas de loin à satisfaire tous les besoins.

 

J’ai visité la Clinique de solidarité sociale à Peristeri, un district d’Athènes ayant une population d’environ 400 000 personnes. Le personnel bénévole, composé de médecins et d’infirmières, qui travaillait dans cette structure m’a expliqué que la plupart des cliniques locales gérées par l’État avaient été fermées. Le gouvernement avait également fermé toutes les policliniques, avant de rouvrir récemment certaines d’entre elles, mais avec seulement 30 % des médecins nécessaires. Là où il y avait autrefois 150 médecins pour fournir des services de santé dans le district, il n’y en a actuellement que 50. Une policlinique pour une population de 400 000 personnes n’avait ni gynécologue ni dermatologue et seulement deux cardiologues.

 

« Nous voulons qu’on nous rende nos médecins ! » disait une des volontaires avec qui j’ai discuté. Des milliers de médecins ont quitté le pays |5|. Ceux qui restent – y compris des médecins hospitaliers de haut niveau – gagnent environ 12 000 euros par année.

 

La Clinique de solidarité sociale de Peristeri fonctionne depuis un an et demi grâce à 60 bénévoles, dont 25 médecins qui ont proposé leurs services gratuitement. La clinique est pourvue d’une simple salle de consultation et d’une petite pharmacie de médicaments offerts. Les bénévoles de la clinique disaient que les gens souffrant de maladies chroniques comme le diabète ou les cancéreux avaient d’énormes problèmes pour obtenir les traitements dont ils auraient besoin. Les patients cancéreux non assurés ne peuvent pas payer une chimiothérapie. Les organisations de solidarité demandent aux personnes suivant une chimiothérapie de donner l’équivalent d’un jour de médicaments pour les patients qui n’ont pas les moyens de se procurer ces produits.

 

Le gouvernement grec [avant l’élection de Syriza] a passé une loi en janvier 2014 permettant de confisquer des biens immobiliers de personnes endettées auprès d’institutions étatiques. Il y en a qui renoncent à poursuivre leur traitement pour éviter de contracter des dettes qui pourraient entraîner la perte du logement pour leur famille.

 

Actuellement les mères grecques doivent débourser 600 euros pour un accouchement et 1 200 euros s’il y a une césarienne ou des complications. Pour les étrangères vivant en Grèce, le prix est deux fois plus élevé. La mère doit payer la facture en quittant l’hôpital. Au début, lorsque ces tarifs ont été introduits et si la mère ne pouvait pas payer, l’hôpital gardait le bébé jusqu’au paiement de la facture. Condamnée à l’échelle internationale, cette pratique a été interrompue et l’argent est désormais récupéré au moyen d’une taxe supplémentaire. Néanmoins, si la famille n’a pas les moyens de payer, son logement ou sa propriété peut être confisqué. Et si elle ne peut toujours pas payer, elle peut être emprisonnée |6|. Un nombre croissant de nouveau-nés sont abandonnés à l’hôpital. Un obstétricien avec qui j’ai discuté l’a appelé « la criminalisation de l’accouchement ». La contraception est inaccessible pour beaucoup de gens – l’assurance maladie ne couvre même pas son achat. Les avortements sont devenus beaucoup plus nombreux (30 000 par année) et, pour la première fois, le nombre de décès en Grèce est en train de dépasser celui des naissances. Les gens ne peuvent plus se permettre financièrement d’avoir des bébés. C’est déjà suffisamment dur de nourrir et soigner les enfants existants.

 

D’après un rapport récent |7| compilé par l’Unicef et par l’université d’Athènes, 35,4 % des enfants grecs soit connaissent la pauvreté, soit risquent d’y basculer. Un article dans The Lancetdu 22 février 2014 intitulé « La crise du système de santé grec : de l’austérité au déni » a évalué que le taux de mort-nés avait augmenté de 21 % et celui de la mortalité infantile de 40 % entre 2008 et 2011. De nombreuses familles vivent uniquement grâce à la maigre pension d’un grand-parent – en général d’environ 500 euros par mois. L’effondrement du système de santé primaire signifie que des milliers d’enfants ne sont pas vaccinés. Un cycle de vaccinations infantiles coûte environ 80 euros, et ce prix est trop élevé pour beaucoup de familles.

 

L’effondrement du système de santé publique a entraîné un doublement des cas de tuberculose, la réémergence de la malaria qui avait disparu depuis 40 ans et une multiplication par 700 des infections HIV. La pauvreté de l’alimentation entraîne également une détérioration de la santé de la population. D’après l’OCDE, 1,7 million de Grecs, soit presque un sur cinq, n’ont pas assez à manger |8|. À Athènes nous avons visité un marché alimentaire organisé par le mouvement de solidarité sociale, qui organise la distribution d’aliments directement des paysans à la population. En éliminant ainsi les intermédiaires, les marchés de solidarité sociale obtiennent que la nourriture soit moins chère qu’au supermarché, tout en permettant aux paysans d’être correctement payés. En contrepartie, les paysans donnent un pourcentage de leur production, qui est alors distribué gratuitement aux familles dans le besoin. Une banderole au-dessus du marché proclame « Mettre en pratique l’espoir ». Pour moi c’était là un parfait exemple de l’esprit que j’ai rencontré partout où je suis allée – l’espoir d’un changement combiné avec une approche très pragmatique pour créer des structures de soutien. Pour les personnes avec lesquelles j’ai discuté, il était évident que ces structures n’étaient pas destinées à remplacer des structures d’État, ce qui ne serait pas possible – mais constituaient un moyen de soutenir la vie et la résistance pour empêcher que les gens coulent dans la misère et le désespoir. Ils disaient que ce qu’il fallait c’était une action au niveau gouvernemental.

 

Le succès du parti de Syriza n’est pas surprenant. Nous avons rencontré Alexis Tsipras, le dirigeant de Syriza, qui a dit que la reconstruction du système de santé serait une priorité pour son gouvernement s’il était élu.

 

On peut trouver plus d’informations sur la situation de la santé en Grèce et sur les actions de solidarité sur le site du collectif Solidarité France Grèce pour la Santé : https://solidaritefrancogrecque.wor...

 

Par Louise Irvine (*) — cadtm.org — le 2 mai 2015

Source : Inprecor

 

Notes :

|1| Depuis la « réorganisation » du système de santé dans le cadre des mémorandums, les urgences sont concentrées pour le Grand Athènes (plus de 4 millions d’habitants) dans un seul hôpital chargé, tous les 4 jours, d’assurer la permanence. L’hôpital Evangelismos, le plus grand, dispose de 950 lits et de 3 000 salariés.

|2| Le budget du service public de la santé s’élevait à 16,1 milliards d’euros en 2009, il n’était plus que de 11,2 milliards d’euros en 2013. Le nombre d’hôpitaux est passé de 135 à 115 (avec une réduction à 80 prévue dans le plan « Santé 2020 »), avant les mémorandums, la Grèce était dotée d’environ 200 centres en zone rurale, seule la moitié fonctionne encore. Le secteur hospitalier public a perdu 15 000 salariés – médecins, infirmières et infirmiers, aides-soignants… Selon le Dr Ilias Sioras, cardiologue et président du syndicat des travailleurs d’Evangelismos, « Pour remettre l’hôpital à flot, il faudrait augmenter le personnel soignant de 15 000 personnes et recruter 5 000 médecins ». Cf. Fabien Perrier, « La Grèce malade du démantèlement de son système de santé », http://www.regards.fr/web/article/l...

|3| En 1978, dans sa déclaration d’Alma-Ata, l’OMS donnait cette définition des « soins de santé primaires » : « Les soins de santé primaires sont des soins de santé essentiels fondés sur des méthodes et une technologie pratiques, scientifiquement viables et socialement acceptables, rendus universellement accessibles aux individus et aux familles dans la communauté par leur pleine participation et à un coût que la communauté et le pays puissent assumer à chaque stade de leur développement dans un esprit d’autoresponsabilité et d’autodétermination. »

|4| En février 2014, The Lancet estimait que 47 % des Grecs n’avaient pas accès à des soins adéquats.

|5| Fin 2014, plus de 3 500 médecins grecs travaillaient en Allemagne…

|6| Cette loi a été supprimée par le nouveau gouvernement.

|7| Qui donne les chiffres de fin 2012.

|8| Depuis la publication du rapport de l’OCDE, ce chiffre macabre a encore augmenté.

 

 

(*) Louise Irvine est médecin généraliste, présidente de la campagne pour sauver l’hôpital de Lewisham dans le district du Grand Londres (Grande-Bretagne) et candidate à la députation pour le Parti d’action nationale de la santé dans la circonscription South West Surrey, contre le ministre de la Santé, Jeremy Hunt, député sortant. Cet article, écrit avant les élections du 25 janvier 2015, a été publié le 26 janvier 2015 par Open Democracy (https://www.opendemocracy.net), traduit de l’anglais et publié en français par À l’Encontre : http://alencontre.org/ (Les notes sont de la rédaction d’Inprecor).

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Notre système de santé aux soins intensifs - Deux spécialistes au chevet du malade

Notre système de santé aux soins intensifs - Deux spécialistes au chevet du malade | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

 

Notre système de santé

aux soins intensifs

Deux spécialistes au chevet du malade

Par Josée Blanchette (*)

 

 

Manipulation des données (par le Dr Barrette aussi), corruption, faillite éthique, capture réglementaire, précipice fiscal. Les compliments sortent dru et décoiffent. « Nous avons confié la banque aux bandits ! », conclut le Dr Fernand Turcotte en faisant allusion aux compagnies pharmaceutiques, administrateurs et autres marchands du temple qui ont pris le contrôle du système de santé dans l’ensemble des pays riches.

 

Nos institutions publiques, destinées à protéger la collectivité, servent désormais des intérêts commerciaux et privés. Les médecins sont devenus des pushers de tests de plus en plus pointus et de médicaments coûteux, encouragés par les patients qui veulent piger dans le buffet « à volonté » et par un establishment frileux qui craint les poursuites. Je caricature à peine.

 

En gros, la santé hérite de presque la moitié de nos impôts. Et nous sommes victimes de politiques à courte vue alors que nous aurions besoin du télescope Hubble pour prendre une distance.

 

Devant moi, j’ai deux électrons libres qui connaissent à fond les rouages de notre système de santé, qu’ils rebaptisent « système de maladie ». L’une est éthicienne clinique (formation en droit, en communications et en bioéthique), l’autre est retraité de l’enseignement, cofondateur du département de médecine sociale et préventive à l’Université Laval, un bonze de la santé publique.

 

Delphine Roigt fait partie d’une « secte de sages » qui compte une dizaine de membres principalement affiliés au réseau hospitalier au Québec. Le Dr Fernand Turcotte, lui, a pris sa retraite, il y a dix ans, pour se consacrer à la traduction de livres de vulgarisation médicale sur les abus du système.

 

À 73 ans, le Dr Turcotte est l’un des rares médecins à s’indigner des excès de notre business médical subventionné et « gratuit ». Son cheval de bataille ? Le surdiagnostic. On l’invite dans les congrès de médecins pour en discourir ; son franc-parler et sa crédibilité scientifique font le reste.

 

Selon le président de l’Association médicale du Québec, le Dr Laurent Marcoux, cité dans le magazine L’actualité de septembre dernier, le surdiagnostic représenterait cinq milliards de dollars sur un budget qui compte plus de 30 milliards au Québec. Aux États-Unis, on estimait les pertes entre 158 et 226 milliards en 2011. Qui dit surdiagnostic dit surtraitement et surmédication, voire mortalité. « Les médicaments sont la troisième cause de décès après les maladies cardiovasculaires et les cancers », martèle le doc Turcotte, qui traduit en ce moment un livre sur les médicaments et ce qu’il baptise le « crime organisé ».

 

« Quand un phénomène de santé est lié à un développement technologique, méfiez-vous ! On inflige du surdiagnostic ! » Mme Roigt opine : « Des patients me disent : « Si j’avais su que c’était ça, un pacemaker, je m’en serais passé. » On ne les avait pas informés des effets secondaires. Et c’est malheureusement vrai dans d’autres cas. »

 

Tant que ce n’est pas brisé, on ne répare pas

 

Certains économistes prévoient une croissance de 100 % du budget de santé au Québec d’ici 2030. Selon le docteur Turcotte (et les médecins américains qu’il traduit), nous avons tout faux en ciblant le vieillissement de la population pour expliquer la flambée des coûts à venir. Nous avons associé vieillissement et dépistage systématique, d’où la dérive actuelle.

 

S’il était ministre de la Santé, le Dr Turcotte abolirait tous les examens annuels sur des bien portants, toutes les campagnes de vaccination antigrippale, tous les tests de dépistage systématique (le mot est important) de cancer du sein, de la peau, de la prostate ou du côlon.

 

Des tests parfaitement inutiles, selon lui, puisque la courbe de mortalité demeure presque inchangée, tests ou pas. Côlon ou seins, à titre d’exemple, on réchapperait cinq patients sur 1 000 personnes testées par période de dix ans. Évidemment, quand c’est toi la statistique trouble-fête, ça change tout… je parle en connaissance de cause.

 

Pour le cancer de la prostate, un homme sur 1000 en mourrait prématurément. Les 999 autres décèdent avec leur cancer, mais pas à cause de lui. « Le traitement est souvent pire que la maladie, croit le médecin. Depuis 1992, on a les études qui démontrent que les mammographies sont inutiles. Même chose pour la prostate : ça fait bientôt six ans qu’on dispose de preuves en platine que ces tests (PSA) devraient être arrêtés. Tous les hommes de plus de 60 ans ont un cancer de la prostate, mais il va se développer tellement lentement que ça va nous faire mourir après notre mort. »

 

Mon grand-père est mort de sa belle mort à 96 ans avec son cancer de la prostate en sourdine. Si j’avais une prostate, je souscrirais entièrement à l’approche non interventionniste du Dr Turcotte. « Compte tenu des efforts investis pour faire peur au monde avec le cancer, cela va prendre des efforts de longue durée pour réparer les torts faits par notre démagogie. »

 

Selon lui, les départements d’oncologie sont les secteurs les plus corrompus du système parce que les patients paniqués sont prêts à prendre et à faire n’importe quoi, même avec des taux de succès de 3 % à la clé.

 

« J’ai eu à régler un cas où la CSST obligeait un patient à subir une chimio qu’il refusait, mentionne l’éthicienne clinique. S’il la refusait, c’est qu’il n’était pas malade, donc, on lui coupait ses prestations… »

 


Ce qu’on ne sait pas ne nous fait pas mal

 

Delphine Roigt et le Dr Turcotte s’entendent parfaitement sur l’histoire de cas et le traitement : les médecins sont pris dans un étau qui les force à prescrire quelque chose et les patients sont à responsabiliser et à éduquer. « Le médecin se sent incompétent s’il n’a rien à offrir au patient. De plus, il ne s’estime pas appuyé par ses collègues ou l’administration s’il exerce son jugement et décide qu’un traitement ne s’applique pas », souligne l’éthicienne.

 

« Nous n’avons pas les moyens financiers de tout offrir à tout le monde, tout le temps », insiste le Dr Turcotte.

 

Autrement dit, ce n’est pas parce que le médicament ou le test existe que vous devriez vous en prévaloir. Au contraire, même. Le doc est coupant comme un scalpel : « Les médecins sont naïfs et se font rouler dans la farine. On leur ment sur l’efficacité des médicaments. Quant aux pharmaceutiques, je ne les crois plus car nous n’avons pas accès aux données primaires ; ce sont des secrets industriels. Ils racontent ce qu’ils veulent. »

 

Un ticket modérateur avec ça, docteur ? « Oui, et ce devrait être aux médecins de le payer — pas aux patients — pour toutes les demandes futiles et tests inutiles. Le médecin est le seul à détenir l’information. »

 

En plus de se faire traiter de paresseux, on leur reproche de gaspiller ; c’est assez pour rendre malade.

 

 

Par Josée Blanchette (*) - ledevoir.com – le 23 janvier 2015

 

 

(*) Josée Blanchette (née le 30 mars 1963 à Montréal) est une animatrice et chroniqueuse québécoise. Journaliste au journal Le Devoir depuis 1993, elle publie depuis plusieurs années dans ce journal la section Zeitgeist de l’édition du vendredi. Elle a également collaboré à l’émission radiophonique C’est bien meilleur le matin et animée plusieurs émissions diffusées à la Télévision de Radio-Canada, Télé-Québec et Canal Vie. Depuis 2005, elle tient un blogue hébergé par le magazine Châtelaine… (Source Wikipédia)


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Inauguration de la BCE : on reprend leur fête en main !

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Photo : jeune-nation.com


 

 

Inauguration de la BCE :

on reprend leur fête en main !

 

Actions transnationales contre l’inauguration de la BCE

 

Cette intimidante architecture du pouvoir est un symbole parfait de la distance qui sépare les élites politiques et financières des populations. Le personnel et le matériel de bureau sont déjà en cours d’installation. Mais la grande cérémonie d’inauguration – en présence de plusieurs chefs d’État européens et de l’oligarchie financière – est désormais annoncée pour le mercredi 18 mars.

 

Il n’y a pourtant rien à célébrer dans l’austérité et l’appauvrissement des populations ! Des milliers de personnes en colère et de militant-es déterminé-es de toute l’Europe vont bloquer les rues autour de la BCE et interrompre cette célébration du pouvoir et du capital, en ce jour de 144e anniversaire de la Commune de Paris. Nous allons prendre la fête en main et la transformer en lieu de jonction des résistances transnationales contre les politiques de crise en Europe et leurs conséquences catastrophiques, particulièrement pour les populations d’Europe du Sud.

 

La BCE joue un rôle important dans l’infâme Troïka, responsable de coupes brutales, d’un chômage croissant et même de la désintégration du système de santé en Grèce et dans d’autres pays de l’UE. Avec la Commission Européenne et le Conseil de l’UE, la BCE a promu l’austérité, les privatisations et la précarité. Ils n’ont eu aucune hésitation à faire chanter des gouvernements élus pour imposer leurs attaques contre les droits sociaux des populations. Alors que la crise se développait, l’UE est devenue ce régime de plus en plus autoritaire où le manque de participation démocratique est criant. Les contrôles meurtriers aux frontières et la militarisation croissante de la politique étrangère aggravent ce processus. Ils ne peuvent pas — et ne veulent même plus — nous représenter. Les élites dirigeantes ne peuvent plus rien nous offrir. Mais de nouvelles forces émergent de chaque lieu de vie, c’est notre responsabilité de construire les solidarités et une vraie démocratie par la base. Ils veulent le capitalisme sans la démocratie, nous voulons la démocratie sans le capitalisme !

 

Dans le même temps, nous devons être parfaitement conscients des dangers d’un racisme croissant et de la montée de l’extrême droite, cet immonde produit dérivé de la crise capitaliste. Tandis que leur intention est de relever les barrières autour et au sein de l’Europe, notre but est exactement à l’opposé : abattre les remparts de l’Europe forteresse.

 

Certes il est vrai qu’il n’y a plus aussi fréquemment de réunions d’urgence sur le sauvetage de l’euro et la solvabilité de certains États membres, mais cela ne signifie pas pour autant que la crise est derrière nous. Pour quelques pays, la stratégie du choc est loin d’être terminée et de nouvelles mesures brutales d’austérité sont encore imposées. Dans d’autres pays, nous faisons face à une nouvelle normalité faite d’incertitude et de pauvreté. Il est de toute façon évident depuis longtemps que les politiques déployées pendant la crise n’avaient rien de temporaire, elles étaient soigneusement implantées dans les États et les institutions de l’UE. Tout cela a préparé le terrain pour une nouvelle phase, un modèle de société de la précarité et de droits sociaux très limités. Mais nous refusons de nous y faire !

 

L’Allemagne est l’une des principales forces motrices de la politique d’austérité. Dans un sens, elle est à la fois le ventre de la bête du régime de crise européen et l’œil du cyclone où règne un calme relatif. Mais les attaques contre les droits sociaux, la précarité croissante et la pauvreté sont aussi une réalité en Allemagne. Il y a de multiples raisons pour les personnes vivant en Allemagne de se mobiliser pour une vie décente, pour l’égalité des droits et pour une vraie démocratie pour toutes et tous, quels que soient leur descendance, leur genre ou leur nationalité. Les actions contre la cérémonie d’inauguration de la Banque centrale européenne nous offrent l’occasion parfaite d’envoyer un signal clair de solidarité aux côtés de tou-tes les militant-es d’autres pays.

 

Pour toutes ces raisons, nous appelons à une forte participation internationale aux actions du 18 mars à Francfort. En plus d’une action massive de désobéissance civile, il y aura tout un éventail de manifestations, de blocages et autres formes d’actions. Les journées Blockupy 2012 et 2013 n’étaient que le commencement.

 

La protestation et la résistance seront de retour à Francfort – nous serons plus nombreux et déterminés que jamais !

 

 

Par Blockupy Frankfurt - legrandsoir.info - le 3 mars 2015

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