Ukraine/Donbass : un conflit en pleine mutation | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ukraine/Donbass : un conflit en pleine mutation

 

La présence militaire étrangère en Ukraine « proeuropéenne » n’a fait que se renforcer ces derniers mois. Il y aurait désormais plus de 15.000 « instructeurs » et autres « conseillers » sur le sol ukrainien, sans compter les « contractors » engagés dans les unités de combat. Le conflit du Donbass est en train de muter progressivement en un affrontement plus régionalisé. Washington cherche à faire durer la guerre et s’investit encore plus dans ce pays déchiré en proie à une dictature effroyable motivée par une idéologie criminogène d’un autre âge. C’est sans compter la réaction de la Russie qui, n’en doutons pas, a toujours les « blancs ».

 

Alors qu’il est venu pleurnicher à Paris, Petro Porochenko, le boucher de Kiev, fort de la terreur que son régime fait régner sur son pays, a déclaré vouloir organiser un référendum sur l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique. On connaît déjà les résultats : ce sera un « oui » à près de 90 %… Les dernières consultations électorales en Ukraine béhachélisée furent édifiantes quant à la manière dont la junte manie avec dextérité la fraude électorale, la corruption et la désinformation. En Ukraine « proeuropéenne », la liberté d’opinion n’est qu’un vague souvenir. Comment dans ces conditions garantir une campagne référendaire digne de ce nom ? Et, cerise sur le gâteau du mensonge : le dictateur « proeuropéen » a osé affirmer qu’il n’y a pas d’organisation d’extrême droite en Ukraine ! Prière de ne pas rire !

 

 

Vers une vietnamisation du conflit en Ukraine ?

 

 

 

Selon les rapports du renseignement militaire des forces républicaines, dans la zone de Volnovakha tenue par les Ukrainiens, quelque 70 « contractors » de la société « Academi » (ex-Blackwater) seraient sur place et encadreraient des unités kiéviennes. À l’hiver dernier, sur le même secteur géographique, on signalait des mercenaires polonais. Sur l’ensemble du territoire ukrainien (frontières d’avant-guerre), il y aurait actuellement quelque 15.000 « instructeurs » occidentaux issus des armées des pays membres de l’OTAN, sans compter les « contractors » (de sociétés de guerre privées telles que Academi, ASBS Otago, Greystone…) et autres « conseillers » de toutes origines (y compris dans la police politique qui est directement soumise à l’antenne de la CIA à Kiev).

 

En plus de cette présence inquiétante qui est une véritable ingérence dans les affaires intérieures de l’Ukraine, on peut aussi souligner le fait que le Pentagone fournit régulièrement du renseignement militaire au commandement opérationnel de Kiev, en plus de la livraison de matériels militaires de tous ordres, y compris de moyens lourds (Hummers, radars de contre-batterie…), et de la fourniture par des Etats membres de l’Union européenne de matériels militaires, y compris des blindés (Saxons britanniques, vieux stocks de blindés et d’hélicoptères polonais, hongrois, tchèques, etc.). Il faut aussi ajouter l’inquiétante concentration en Europe centrale d’unités mécanisées de l’armée américaine.

 

Afin que la situation militaire évolue en faveur du régime de Kiev, l’effort des « conseillers » et autres instructeurs » occidentaux devra se porter vers une nette amélioration de la logistique, du renseignement, du traitement des informations et des transmissions aux commandements opérationnels au sein des unités engagées sur le front du Donbass. Mais ces mutations nécessaires seront forcément lentes et ne correspondent sans doute pas à l’agenda de Washington.

 

Par contre l’implication étrangère dans ce conflit va progressivement se renforcer dans les semaines et les mois à venir, au point de voir la guerre du Donbass se muter en un affrontement RussieOccident aux conséquences incalculables.

 

Pour l’instant, la présence de « contractors » dans les rangs d’unités extrémistes affiliées ou non à la garde nationale (comme les compagnies DUK, les unités « Azov », « Dnepr-1 », etc.) est sans doute le moyen le plus approprié et sans doute le moins coûteux pour juguler tant bien que mal la puissance grandissante de ces paramilitaires néobandéristes et néonazis au sein de la politique intérieure du pays, influence néfaste dont même le journal allemand Die Zeit s’inquiétait dernièrement.

 

Au fil des mois, cet accroissement significatif de la présence militaire étrangère en Ukraine et son implication dans l’ensemble des structures défensives du pays, va mener à une situation qui commence à ressembler aux scenarii des guerres de Corée et du Vietnam.

 

 

Renforts de part et d’autre sur le front

 

Le nombre de bénévoles qui rejoignent les rangs des forces de Nouvelle Russie dépasse actuellement la capacité des FAN à les équiper convenablement et à les armer. En face, on continue à acheminer des renforts : vers Konstantinovka, nord-ouest de Donetsk, ce matin, un grand convoi militaire a été aperçu faisant route vers le sud. On enregistre aussi un net renforcement des moyens d’artillerie comme pour préparer une offensive dans la zone à l’ouest de Peski, au nord-nord-ouest de Donetsk, et sur Avdeevka. De plus, on signale l’arrivée, au nord-ouest de Slaviansk, de deux convois militaires ferroviaires.

 

Sur la partie nord du front du Donbass, la nuit dernière, un très important accrochage a duré 4 heures au niveau de Schachtye. Il semblerait que des groupes tactiques ukrainiens ont tenté de percer en pleine nuit les lignes républicaines. Si des tirs de harcèlement aux mortiers de 120 et de 82 sont toujours constatés au niveau de Schachtye contre les positions de Nouvelle Russie, l’essentiel des accrochages ces dernières 48 heures se porte sur la cote 175,9 (tenue par les forces de Kiev) au nord-ouest de Lugansk et au sud de la rivière Donets, face à Krymskoe, de même que sur les positions de la milice vers le point fort 31.

 

Plusieurs attaques kiéviennes ont eu lieu, ces dernières 24 heures, avec des blindés et même des chars lourds en appui. Toutes ont échoué, mais il semblerait que les forces ukrainiennes se limiteraient à tester le dispositif des FAN et leurs capacités de réaction. Toute la zone de la « Piste Bahmutka » a été dernièrement renforcée d’éléments mécanisés en prévision d’une possible reconnaissance offensive des unités ukrainiennes.

 

À Chernukhino, à l’est de Debaltsevo, on a ressorti une partie de l’artillerie lourde en prévision d’attaques massives éventuelles des forces ukrainiennes. Sur Alchevsk et Syakhanov, plusieurs groupes tactiques mécanisés républicains sont en attente de monter en ligne en cas de coup dur sur le secteur Pervomaïsk – Delbaltsevo. Car sur Popasna, les forces de Kiev se sont considérablement renforcées depuis la chute de la poche de Debaltsevo. Au moins deux compagnies d’infanterie motorisée, appuyées par deux compagnies de chars lourds et un bataillon d’artillerie lourde ont été signalés. C’est beaucoup trop pour un simple dispositif défensif sur cette zone.

 

La région de Gorlovka, et notamment le secteur nord-ouest, est toujours sous la pression de l’artillerie lourde ukrainienne. Autour de 3 h le 22 avril, d’intenses pilonnages ont eu lieu contre la périphérie nord de la ville. Il est possible que les Ukrainiens aient utilisé à cette occasion des batteries de 152 mm. On sait que des batteries Giatsint-S et Giatsint-B sont dans ce secteur. Les pilonnages ont repris la nuit dernière. Les forces de Nouvelle Russie ont mis en alerte une compagnie mécanisée d’une quinzaine de BMP et de BTR, renforcée d’une section de 4 chars T-72B sur Enakievo.

 

Si les frappes de l’artillerie ukrainienne peuvent être estimées, contre la partie ouest de l’agglomération de Donetsk, de moyenne intensité, en revanche la situation de l’aéroport s’est aggravée depuis le 20 avril au soir.

 

À Peski, près de l’aéroport, plusieurs attaques au mortier ont eu lieu contre la ligne de défense des FAN à l’est du village. Plusieurs accrochages ont été déclenchés par les Ukrainiens, sans possibilité pour ces derniers de percer. Ils auraient même eu des pertes significatives. Il semblerait que des éléments du « bataillon Dnepr-1 » soient désormais sur zone, en renfort au bataillon de la 93e brigade mécanisée qui tient ce secteur, en plus d’une compagnie affaiblie d’« OUN » (jointe à la 93e et d’une compagnie 5-DUK [pas encore intégrée aux forces armées] arrivée dernièrement sur zone. Au moins une compagnie de « Dnepr-1 » était jusqu’alors sur Granitnoe, au nord-est de Mariupol.

 

On évoque depuis peu une possible « démilitarisation » du secteur est de Mariupol et notamment du village côtier de Shirokino, toujours tenu par les FAN. Kiev, avec le concours de l’OSCE, espère ainsi faire reculer les forces républicaines là où ses unités de combat ont été mises constamment en échec. Un plan souhaité, semble-t-il, par le ci-devant pasteur baptiste Oleksandr Turchinov, le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense, très introduit chez les Américains, un chaud partisan de la guerre à outrance contre les Russes et les russophones du Donbass, un proche des milieux néonazis et néobandéristes. Autant dire que ce projet ne sent pas bon du tout…

 

Ce secteur reste une zone sous tension où les accrochages se succèdent aux tirs d’artillerie, y compris avec des obusiers lourds pour la partie kiéviennes. Le village côtier est aujourd’hui détruit à 90 % pour ce qui concerne ses infrastructures, et seulement 37 civils y vivent encore tant bien que mal. En temps de paix, Shirokino avait plus de 1 200 résidents locaux, la plupart de la population vivant de la pêche et de la transformation du poisson dans de petites usines.

 

 

 

 

Sur les arrières des forces de Kiev, les opérations de harcèlement et de sabotage des groupes infiltrés et des partisans ne faiblissent pas.

 

Dernièrement à Kharkov, le 21 avril à 3 h 40 [heure locale], dans la rue des Cosmonautes, un véhicule Opel Frontera de couleur camouflé, a été signalé en feu. Il appartenait au ministère des Affaires intérieures de la région de Kharkov.

 

À l’extérieur de l’agglomération de Kharkov, on note l’apparition de lignes de défense avec casemates et tranchées aménagées, notamment sur la partie ouest, et sud-ouest de la ville.

 

Ces dernières semaines, on signale en outre l’augmentation de patrouilles de paramilitaires et de policiers dans les régions d’Odessa, de Dniepropetrovsk, de Kharkov et même de Kiev.

 

 

 

Par Jacques FrèreNationsPresse.info – le 23 avril 2015.