Premiers cas de sites bloqués en France pour apologie du terrorisme | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Dessin : monquotidien.fr


 

Premiers cas de sites bloqués en France

pour apologie du terrorisme

 

Les premiers blocages administratifs de sites Internet accusés de faire l’apologie du terrorisme et de proposer du contenu pédopornographique ont été activés ce week-end. Cinq sites sont actuellement concernés. Ils ont en commun d’héberger du contenu djihadiste (textes officiels de l’État islamique, revue Inspire, discours traduits d’El-Baghdadi, etc.), et de ne pas présenter d’intérêt stratégique pour les services de renseignement.

 

Le premier site visé par ce dispositif, Islamic-news.info, se définit comme un média d’information « contre la propagande chiito-Occidentale » et favorable à l’État islamique. Les internautes cherchant à se connecter sur sa page d’accueil dimanche soir tombaient sur le message suivant, assorti d’un pictogramme représentant une main rouge :  

 

« Vous avez été redirigé vers ce site officiel, car votre ordinateur allait se connecter à une page dont le contenu provoque à des actes de terrorisme ou fait publiquement l’apologie d’actes de terrorisme. »

 

Deux autres messages d’avertissement existent, l’un annonçant une page « comportant des images de pornographie enfantine », l’autre un « contenu illicite », sans davantage de précisions.

 

Islamic-news.info n’est désormais plus accessible, même de l’étranger. Le compte Twitter rattaché au site a par ailleurs été suspendu. Sa page Facebook était en revanche encore active lundi matin, et son adresse Internet n’avait pas été déréférencée de Google.

 

Les quatre autres sites semblent toujours accessibles lundi soir sur certains fournisseurs d’accès.

 

 

Le rôle des fournisseurs d’accès

 

Pour activer ces bloquages, l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) commence par dresser une liste des sites à suspendre et réclame leur retrait auprès de leur éditeur ou de leur hébergeur, quand celui-ci est connu.

 

Simultanément, le ministère de l’Intérieur envoie cette liste aux fournisseurs d’accès à l’Internet français. Ceux-ci disposent de vingt-quatre heures pour procéder à la redirection des internautes vers ces pages d’avertissement. Le site dispose d’un droit de recours administratif

 

 

Un dispositif très critiqué

 

Inscrit dans la loi depuis 2011 pour la pédopornographie, et depuis novembre 2014 pour les incitations au terrorisme, le dispositif n’avait encore jamais été mis en œuvre, faute de décret d’application. Celui-ci a finalement été promulgué, le 4 février dernier. « Aujourd’hui, vous avez 90 % de ceux qui basculent dans des activités terroristes au sein de l’Union européenne qui le font après avoir fréquenté Internet — des sites, des blogs, des vidéos », s’était alors justifié Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur. 

 

 Lire aussi : « Djihadisme sur le Web : les exagérations de Bernard Cazeneuve »

 

Avant même la mise en œuvre de cette mesure, de nombreuses voix s’étaient élevées pour contester un dispositif liberticide, le blocage s’effectuant avant tout jugement de justice. Il permet également au gouvernement de collecter des statistiques sur les connexions à ces sites.

 

Son efficacité a aussi été mise en doute. De nombreux moyens techniques, comme le réseau chiffré TOR, permettent en effet d’échapper à ce type de censure. Les sites visés peuvent également réapparaître avec de nouvelles adresses et chez de nouveaux hébergeurs, hors de France, afin d’échapper plus facilement au dispositif du ministère de l’Intérieur.

 

 

Par lemonde.fr – le 16 mars 2015