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Véritable carnage à Gaza : un an après, rien n’a changé

Véritable carnage à Gaza : un an après, rien n’a changé | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Véritable carnage à Gaza :

Un an après, rien n’a changé

 

7 Juillet 2014, 7 juillet 2015 ! Un an déjà, un an a passé, un an s’est écoulé depuis le début de la nouvelle agression israélienne contre la bande de Gaza en juillet-août 2014-la troisième en cinq ans. C’est comme si c’était hier, un événement terrible en Palestine, un véritable carnage à Gaza, des crimes et des massacres israéliens contre des civils et des innocents.

 

Cette nouvelle attaque avait pour objectif de briser la volonté d’une population résistante, d’une population courageuse qui a résolu de défier le blocus, mais qui a surtout décidé de rester attachée à sa terre, en dépit de toutes les difficultés et des mesures atroces d’une occupation aveugle.

 

Je ne vais pas revenir dans cet article sur les événements tragiques de cette dernière offensive contre la population civile de Gaza, une offensive menée par une puissance militaire contre des enfants, des femmes, des personnes âgées, et des innocents, dans un territoire enfermé, isolé et soumis à un blocus inhumain, offensive qui a duré plus de 50 jours.

 

Je ne vais rappeler les pertes humaines de ce nouveau pilonnage – plus de 2 200 morts, parmi eux, 600 enfants, et 11 000 blessés, civils et enfants en majorité —, sans oublier la destruction massive de l’infrastructure civile de la bande de Gaza.

 

Je ne vais rappeler ce drame, parce que le monde entier le connaît, mais je veux seulement dire à ce monde que rien n’a changé dans notre région oubliée, un an après ce nouveau massacre contre nos civils.

 

Ces jours-ci, les Palestiniens en général, les habitants de Gaza en particulier et avec eux, tous les solidaires internationaux, commémorent le premier anniversaire de l’agression israélienne de l’été 2014.

 

Difficile d’oublier — et il sera difficile d’oublier, même après des années et des années —, difficile de sortir de nos mémoires ces images bouleversantes de 50 jours de bombes, de missiles et d’attaques sanglantes.

 

Il est impossible pour nous Palestiniens de Gaza d’oublier la guerre, les morts et les blessés, les maisons et les écoles détruites, les massacres, et les crimes commis par cette armée d’occupation, contre nos femmes et nos enfants, contre nos biens et nos structures, contre notre volonté et notre résistance, contre notre avenir et notre existence.

 

Un an après : aucun projet de reconstruction privé ou public n’a commencé dans les rues de Gaza qui témoignent de la barbarie subie pendant ces 50 jours. Partout, ce ne sont que ruines des maisons, des immeubles, des mosquées, des écoles, des stades, des usines ou des bâtiments détruits et visés par les bombardements israéliens.

 

Un an après : les attaques et les agressions se poursuivent jour et nuit provoquant la mort de civils et des dégâts importants. Et cela se poursuivra tant que ces crimes resteront impunis, et tant que cet état d’apartheid et d’occupation ne sera pas jugé pour les crimes de guerre commis contre les enfants de Gaza.

 

Un an après : rien n’a changé pour les sans-abris, plus de 10.000 habitants vivent toujours sous des tentes ou à côté des ruines de leurs maisons détruites dans des conditions très difficiles, aucune habitation n’a été réparée, à cause du maintien du blocus et de l’interdiction d’entrée, par ordre militaire israélien, des matériaux de construction.

 

Un an après : beaucoup d’événements se sont passé en Palestine, dans la région, et dans le monde, mais pour la population civile de cette région abandonnée : rien n’a changé.

 

Un an après : Gaza est toujours sous blocus, Gaza subit les bombardements et les raids israéliens, Gaza est plus que jamais une prison à ciel ouvert. Et l’armée de l’occupation interdit et attaque les flottilles de liberté internationales qui visent à briser ce blocus inhumain.

 

Un an après cette nouvelle offensive, la situation stagne, rien ne bouge. Pour plus de 1,8 million Gazaouis  toujours enfermés, cette situation reste très grave à tous les niveaux, surtout sur le plan humanitaire, malgré, partout dans le monde, la mobilisation internationale contre les crimes israéliens et malgré les promesses de reconstruction rapide.

 

Un an après, suite à leur résistance remarquable contre les armes de l’aviation, de la marine et la force terrestre israéliennes, rien ne semble différent pour les Palestiniens de Gaza, toujours à la recherche d’une solution politique et pas seulement humanitaire. Les passages et les frontières avec l’extérieur sont souvent fermés par ordre militaire israélien et les produits alimentaires et autres qui entrent à Gaza sont rares. Les autorités israéliennes ouvrent le seul passage commercial qui relie la bande de Gaza à l’extérieur deux ou trois fois par semaine pour permettre l’entrée de 300 camions et de quelques convois humanitaires. Parmi ces camions, 5 à 6  seulement contiennent des matériaux de construction, souvent destinés aux projets internationaux. Ce passage se ferme sous n’importe quel prétexte, par décision israélienne, sans prendre en considération les besoins énormes de la population civile.

 

Chaque foyer à Gaza n’a droit qu’à 8 heures d’électricité par jour, car la seule centrale électrique, qui a été détruite en juillet dernier, ne fonctionne pas, par manque de fioul et de carburant. Les conséquences sont dramatiques pour les hôpitaux, les centres médicaux, et les institutions éducatives.

 

L’armée israélienne viole presque tous les jours l’accord du cessez-le-feu et ne respecte pas la trêve. Souvent, les chars mènent des incursions dans la bande de Gaza. Les soldats contrôlent toujours les zones tampons sur les zones frontalières et tirent sur les paysans. La marine empêche l’extension de la zone de pêche et tire sur les pêcheurs palestiniens et leurs bateaux. Malgré la retenue des factions de Gaza, l’armée d’occupation poursuit ses provocations.

 

Les Palestiniens de Gaza craignent la reprise des attaques israéliennes à n’importe quel moment et sous n’importe quel prétexte, car la communauté internationale officielle qui a gardé un silence complice durant l’offensive israélienne de l’été dernier, n’exerce pas de pressions sur le gouvernement israélien afin qu’il lève le blocus imposé à la population depuis plus de 8 ans.

 

Les habitants de Gaza, épuisés à la fin de cette nouvelle agression, ont peur pour leurs enfants et leur avenir. Ils espèrent le début rapide des projets de reconstruction, notamment après les promesses internationales.

 

L’aspect le plus grave de toute cette situation difficile, aspect qui marque l’esprit de la majorité des habitants, est l’absence de perspectives pour ces gens qui ne voient aucun changement. C’est un sentiment horrible qui va influencer l’avenir de cette génération, surtout des jeunes.

 

Les Palestiniens de Gaza attendent, attendent. Ils attendent une ouverture, ils attendent la levée de ce blocus inhumain, imposé depuis plus de 8 ans, ils attendent une réelle réaction internationale qui mette fin à l’impunité de cet occupant. Ils attendent avec un courage à toute épreuve, une sérénité exemplaire et une volonté remarquable.

 

En attendant, à Gaza, la vie continue, ses habitants confiants et déterminés s’adaptent et montrent une patience extraordinaire, ils tiennent bon, persistent, patientent, résistent, restent à côté de leurs maisons détruites, mais surtout, ils continuent d’espérer, espérer un changement radical, une solution politique. Ils espèrent en un lendemain meilleur, un lendemain de liberté, de paix, mais, avant tout et surtout, un lendemain de justice.

 

 

 

Par Ziad Medoukh mondialisation.ca – le 7 juillet 2015.

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USA - Un banquier de Wall Street démissionne et ouvre une pizzeria pour les sans-abri

USA - Un banquier de Wall Street démissionne et ouvre une pizzeria pour les sans-abri | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Mason Wartman, le bon samaritain qui a ouvert un commerce pour venir en aide aux SDF sur le concept de la part de pizza « en attente »

 

 

 

 

USA - Un banquier de Wall Street démissionne et ouvre une pizzeria pour les sans-abri

Par Florian Colas

 

En 2013, Mason Wartman a quitté son emploi à Wall Street pour ouvrir Rosa’s Fresh Pizza, une boutique qui vend des parts de pizza pour seulement 1 $ (taxes incluses). Le concept est très populaire à New York et Mason Wartman a voulu exporter l’idée dans sa ville natale de Philadelphie. Un jour, un client lui a demandé s’il pouvait acheter une part « en attente » pour quelqu’un dans le besoin. Mason a été touché par le geste et a alors dessiné un smiley sur un post-it et l’a collé sur le mur pour symboliser une part gratuite pour quelqu’un qui en avait le plus besoin, à savoir un sans domicile fixe ou quelqu’un qui souffrait de la faim.

 

L’idée a rapidement fait le tour de la ville et même du pays, comme quoi n’importe qui dans le besoin pouvait se rendre dans cette pizzeria et utiliser l’un des post-its sur le mur comme un bon pour une part gratuite. Depuis que le premier client a payé en avance une part en mars 2014, plus de 8 300 parts ont été offertes par Rosa’s Fresh Pizza pour nourrir ceux qui en avaient besoin.

 

Mason Wartman estime que sa pizzeria Rosa’s (dont le nom est inspiré de celui de sa mère), donne environ 30 à 40 parts par jour. Les clients généreux ayant entendu parler de l’initiative ont été si nombreux que Mason doit tenir un registre rigoureux des post-its sur les murs de son commerce. Une personne a même fait don de 10 000 $. Les post-its donnent un style très décoratif à la pizzeria.

 

Aujourd’hui, le projet de pizzeria solidaire de Mason Wartman a fait le tour du monde et l’info a été reprise dans les journaux du monde entier.

 

 

Par Florian Colas - toolito.com – le 8 février 2015

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Folies aux USA

Folies aux USA | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source photo : maisondeveloppementdurable.org - François Pesant


 

Folies aux USA

 Par David Brooks (*)


Un homme d’environ 30 ans fait la manche dans un wagon du métro de New York, bien habillé, soigné, avec de bonnes chaussures en cuir et une allure tranquille. « Je suis un vétéran, je traverse une mauvaise passe, ceux qui peuvent m’aider je les remercie », répète-t-il. Son trajet le mène d’un côté à l’autre du wagon et il attend la prochaine station pour passer au wagon suivant. Il commence en parlant à voix haute, mais sans crier, ne voyant personne et tout le monde en même temps, et presque tous feignent de ne pas l’écouter ni de le voir. « Je suis parti à la guerre, j’y suis allé parce que je pensais que c’était ma responsabilité de le faire pour les autres, pour servir ce pays et parce que je croyais en la Constitution ». Il s’arrête, regarde autour de lui, et continue. « On rentre et ils vous prennent tout, tout. N’est-ce pas une violation des droits de l’homme, des droits de l’homme des vétérans ? »

 

Les portes s’ouvrent et entre le son d’un trio d’instruments à vent qui joue Hello Dolly. Le vétéran sort, sans attendre de réponses. Peut-être sait-il qu’il n’y en a pas.

 

Environ 2.600.000 Étasuniens (et quelques immigrants) ont servi leur pays en Afghanistan et en Irak, les plus longues guerres de l’histoire des États-Unis d’Amérique, et plus de la moitié d’entre eux souffrent de problèmes de santé physique et (ou) mentale, se sentent marginaux dans la vie civile et pensent que le gouvernement ne s’occupe pas de leurs besoins, selon une enquête nationale du Washington Post parue l’an dernier.


Presque 50.000 vétérans (y compris des guerres les plus récentes, mais aussi des précédentes comme le Viêt Nam), selon des calculs officiels, sont des sans-abris dans les rues de ce pays, tandis que 22 suicides de vétérans sont enregistrés en moyenne chaque jour. Ce sont les coûts, en grand partie occultés, des guerres décidées par les hommes politiques et autres vendeurs de sécurité nationale, tandis que des jeunes sont envoyés tuer d’autres jeunes, et qu’il n’y a presque jamais un quelconque fils d’homme politique ou d’entrepreneur sur le champ de bataille.

 

Dans une autre station de métro, un jeune homme afroétasunien a un livre à la main qu’il consulte toutes les deux minutes, il le ferme, l’ouvre ; il a une couverture rigide et large, mais on n’arrive pas voir le titre. À voix haute, pendant les deux minutes durant lesquelles il ne consulte pas le livre, il parle et enchaîne une succession de bras d’honneurs. « Personne ne veut savoir la vérité », répète-t-il à chacune de ses diatribes sur la violence contre les pauvres, sur l’éducation inférieure pour les Afro-Étasuniens, sur le manque d’emploi.

 

Les portes sont ouvertes, et un saxophone et un trombone jouent Mackie le Surineur de Brecht et de Weil.

 

À Broadway, une femme habillée de vêtements sales, qui affronte un monde de neige et vents froids insupportables passe en murmurant : « qu’est-ce qui est arrivé à la bonté ? »

 

Tous les jours on tombe sur ces « fous » qui offrent parfois un éclair de lucidité au milieu de la cacophonie incessante des hommes politiques et de leurs patrons, qui croient qu’ils sont raisonnables, mais qui ne proposent que la folie.


Ceux qui répètent que la guerre et les actions belliqueuses sont menées au nom de la paix, que l’espionnage massif et la violation de la liberté d’expression sont nécessaires pour garantir les droits et la liberté, ceux qui insistent pour juger d’autres pays tandis que persiste la violation systématique des droits de l’homme des minorités, des immigrants et des pauvres selon les rapports d’Amnesty International et Human Rights Watch dans ce pays, ceux qui ne cessent de remercier le sacrifice des vétérans et des troupes, et ceux qui tous les jours livrent leur grande rhétorique sur la pauvreté tandis qu’ils promeuvent des politiques qui accélèrent l’inégalité économique, qui est arrivée à tel niveau que même certains riches se demandent si leur avarice collective est excessive.

 

Quand les « fous » sont plus cohérents que les raisonnables : comment vont se passer les choses ?

 

Parfois faire quelque chose d’insolite, d’un peu « fou », est l’unique réponse raisonnable.

 

Comme Ève Tetaz, maîtresse d’école publique à la retraite, de 83 ans, et Nashua Chantal, militante pour la paix, de 62 ans, qui ont été jugées en Géorgie pour être entrées de façon illégale à Fort Benning, siège de « L’Institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération » (l’ex-École des Amériques), où les États-Unis d’Amérique forment des militaires latino-américains.

Dans l’action de protestation annuelle organisée par l’ONG School of the les Amériques Watch, les deux femmes ont risqué six mois de prison après être entrées sur la base militaire lors d’une action de désobéissance civile. Toutes deux ont affirmé qu’elles y ont participé pour défendre les droits de l’homme en l’Amérique Latine et pour dénoncer les programmes US qui ont participé à ces violations dans l’hémisphère américain.

 

Ou bien l’action menée la semaine dernière par des militants antiguerre du « Code Pink » qui ont fait irruption lors d’une audience au Sénat US pour protester contre la présence de l’invité principal, Henry Kissinger. Avec une pancarte qui dénonçait que Kissinger était un criminel de guerre, ils se sont approchés de l’invité avec des menottes avant d’être expulsés sur ordre du président du Comité, John McCain, qui a crié : « hors d’ici, saleté de la pire espèce ! ». « Code Pink » a répondu que la saleté était justement l’invité officiel.

 

Ou bien quand on arrête de demander l’autorisation de manifester, comme quand s’est exprimé le mouvement contre la brutalité policière et l’impunité officielle, qui a éclaté dans ce pays ces derniers mois, où les rues sont investies ou des actions sont menées dans des centres commerciaux, et il se trouve qu’au lieu d’un rejet du public, la réponse traduit l’expression de son soutien.

 

Ou bien quand les plus vulnérables de tous, les immigrants sans papiers, surtout les jeunes, prennent les rues, ou se présentent devant des parlementaires et huissiers, et même face au président, et crient : Basta ya !, en demandant le respect de leurs droits de l’homme.

 

Les « fous », dont certains souffrent de problèmes mentaux comme d’autres décident de faire des folies pour interrompre et (ou) pour se moquer de ceux qui cherchent à paraitre normal, offrent un quelconque espoir.

 

José Marti : « L’impossible est possible. Les fous, nous nous sommes raisonnables ».

 



Par David Brooks pour La Jornada (Mexique, 2 février 2015) traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi - le 4 février 2015


(*) David Brooks est journaliste et correspondant aux USA pour le quotidien mexicain La Jornada

Koter Info's insight:


Les "fous" peuvent parfois être plus cohérents que les "raisonnables" !


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Les sans-abris, malvenus dans l’espace public

Les sans-abris, malvenus dans l’espace public | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : dispositif anti-SDF à New York. Photo de Cory Doctorow.

  


Les sans-abris, malvenus dans l’espace public

Par Lucie Martin

 

Article résumé par l’Observatoire belge des inégalités avec l’accord de l’auteure, à partir de la version originale en ligne sur le site du JIM.

 

 

Parce qu’ils n’ont pas de logement, l’espace public est un élément central de la vie des personnes sans abri, qui par ailleurs les définit largement : on parle des « gens de la rue ». Or, l’espace, s’il est public, n’en est pas moins pourvu de normes, de règles formelles et tacites qui régulent les comportements et que les personnes sans abri ont vite fait de transgresser pour usage « anormal » de l’espace.

 

Sans abri, mendiants, errants, ceux qui incarnent la différence font partie des figures « indésirables » de la ville. Une tendance semble à cet égard se dessiner dans plusieurs pays d’Europe : celle de chasser les pauvres de l’espace public. La France a vu récemment la multiplication des arrêtés anti-mendicité, et, dans certaines villes, la création d’une interdiction de fouiller dans les poubelles (Nogent-sur-Marne) ; en Grèce, les personnes en rue qui ne respectent pas les normes d’hygiène peuvent être mises en détention et en Hongrie, dormir une nuit en rue est punissable d’une amende de plus de 200 euros, de 60 jours d’emprisonnement en cas de récidive. On observe ainsi un renforcement des mesures répressives attestant d’un traitement policier de la misère. Ces mesures, généralement prises au nom de la sécurité de tous (et « pour le bien des personnes elles-mêmes ! ») assimilent les pauvres à des délinquants, voire à des criminels. Il semblerait qu’on ait choisi de résoudre la question de la pauvreté : comme nettoyer en balayant les poussières sous les canapés [1].

 

En Belgique, la mendicité et le vagabondage ont été décriminalisés en 1993. Cependant, depuis 1999, de nouvelles mesures sanctionnent les comportements de ceux qui ne sont pas les bienvenus dans l’espace public : les sanctions administratives. Ces mesures, qui ne concernent pas explicitement les personnes sans-abri, imposent une amende ou retirent une permission accordée par les autorités locales dans le but de punir les individus qui violent les règlements communaux. Avec les sanctions administratives, le traitement des personnes sans abri est devenu une affaire locale soumise à régulation pénale. En effet, les communes peuvent définir elles-mêmes les comportements qu’elles souhaitent proscrire, ainsi que les sanctions assorties : des amendes allant jusqu’à 250 euros.

 

 


Sanctionner les comportements « menaçants »

 

Les règlements communaux et de police régulent donc un panel de comportements. Ils concernent « la propreté, la salubrité, la sureté, la sécurité publique ». L’État laisse aux communes une marge très large pour déterminer ce qui doit être entendu par ces notions. Tant les modalités que le contenu des sanctions restent libres de détermination.

 

Par exemple, le « Règlement Général de Police d’Ixelles » qui concerne la propreté et l’hygiène publique, interdit de cracher, d’uriner, de déféquer, mais aussi de se baigner ou de « salir » l’espace public, de déranger les voisins avec des mauvaises odeurs, de camper pour plus de 24 h. Mais encore : les comportements qui « menacent la sécurité publique » ou bloquent le passage pour les piétons ou les voitures aux feux rouges sont interdits ainsi que toutes les activités qui peuvent « priver les individus de l’accès à l’espace public » [2].

 

Les activités quotidiennes d’une personne sans abri peuvent facilement transgresser ces règlements, laissant aux agents une grande marge de discrétion pour décider de qui « menace la sécurité publique ». On peut d’ailleurs se demander en quoi, par exemple, une gêne olfactive porte atteinte à l’ordre public. De manière détournée, ces règlements déclarent presque qu’il est illégal d’être sans abri. Mais si ces règlements ne concernent pas uniquement les personnes sans-abri, certaines villes ou communes ont décidé d’aller plus loin en ciblant directement ceux qu’elles considèrent comme des fauteurs de trouble, et de s’attaquer à la mendicité.

 

 

Astuces : À défaut d’interdire, réguler la mendicité

 

En effet, la mendicité étant décriminalisée depuis 1993, les villes et communes ont développé une série de moyens pour contourner l’« interdiction d’interdire ». Ainsi, le Règlement de Police de Liège organise la mendicité par zones et par heures, sous forme de tournante. La mendicité est « répartie » (chaque jour les mendiants doivent changer de quartier), « régulée » selon certains horaires et interdite le dimanche et les jours fériés [3]. La loi autorise de cette façon aux agents de la sécurité locale de disperser les mendiants et de les forcer à circuler dans la ville.

 

Depuis mai 2012, la ville a durci son règlement en insérant la possibilité de procéder à des arrestations administratives pour les mendiants récidivistes [4]. À Charleroi, la mendicité est interdite sur les voiries étroites de moins de 5 mètres ainsi que dans les tunnels et sur les ponts [5]. La commune d’Etterbeek, inspirée par les mesures prises à Liège, a voté le 7 mai 2012 un nouveau règlement interdisant la mendicité devant les magasins et limitant au nombre de 4 par rue les mendiants dans certaines rues commerçantes. On assiste ainsi à l’apparition progressive de règlementations locales explicites concernant la mendicité sur l’espace public [6]. C’est ici la pauvreté qui est directement visée, et pénalisée, et si ce n’est toujours par une amende, dont on sait qu’elle restera impayée, parfois par une mise temporaire au cachot [7].

 

 

Gestion locale : Négocier des espaces,

apprécier des comportements

 

Si les textes communaux offrent l’image d’une condamnation stricte des incivilités, nos entretiens avec les personnes concernées (sans abri, policiers, des travailleurs de rue) suggèrent un tableau nettement plus nuancé. Les récits et anecdotes rapportés témoignent du décalage entre les pratiques d’interdiction de fait et les règlements, dévoilant à la fois le caractère local de la gestion des personnes sans abri sur l’espace public et la part d’arbitraire qui accompagne cette gestion. Tantôt chassés sans autre forme de procès, tantôt tolérés, l’issue des situations dépend de plusieurs facteurs qui s’influencent les uns les autres : interconnaissance (qualité des relations personnelles avec les acteurs en présence — commerçants, citoyens, agents de police ou de sécurité, etc.) ; temps d’« installation » ; respect de certaines règles tant informelles que formelles ainsi que de ceux qui les posent ; type de lieu (privé, semi-privé, public) ; plaintes des tiers ; représentation qu’ont les tiers des personnes sans-abri. L’issue des situations n’est jamais vraiment jouée d’avance. Parfois, les personnes sans abri, même lorsqu’elles ne violent aucun règlement, sont invitées à quitter les lieux. Généralement, l’intervention policière dépend fortement des plaintes répétées des commerçants. Elles constituent de fait, un facteur central d’« évacuation ». L’argumentation est hygiéniste, mais aussi sécuritaire. C’est d’autant plus le cas pour les espaces « quasi publics », « privés à usage public », régis par des règles plus strictes et possédant souvent leurs propres services de sécurité (centres commerciaux, sociétés de transport en commun, etc.) [8]. Ici, plus clairement qu’ailleurs, les espaces doivent être propres pour les clients.

 

 

Transformer le mobilier –

inscrire la géographie des espaces publics

 

Outre les mesures claires, traduites dans des règlements, limitant l’usage et l’accès des personnes sans abri à l’espace public, il existe des mesures bien connues, plus « douces », mais non moins insidieuses qui limitent de fait l’accès et l’utilisation de l’espace. C’est le cas des reconfigurations du mobilier urbain. Ces mesures, qui incitent au déplacement, sont symboliquement et matériellement tout autant pénalisantes. De cette façon, pénaliser des pratiques est devenu une caractéristique de la géographie des espaces publics. L’essentiel est de mettre en mouvement, ceux qui seraient tentés de « prendre racine ». Ainsi, la rénovation des stations de métro a donné lieu au remplacement des bancs traditionnels par des installations plus « modernes » qui séparent les places sur les bancs empêchant toute possibilité de s’allonger. Il en va également des petites barrières, grilles, etc. qui s’apposent à la frontière des lieux fréquemment utilisés. La présence des personnes sans abri sur l’espace public est ainsi pénalisée. Ce type de mesure relève d’une volonté, souvent avouée d’ailleurs, d’épurer les espaces des « indésirables » [9].

 

 

Intensification ? À suivre…

 

Les politiques mises en œuvre montrent à quel point le gouvernement décide de prendre les « problèmes » par les mauvais bouts, en proposant une réponse sécuritaire à un problème social. Ces mesures qui ciblent les plus pauvres sont d’autant plus inefficaces qu’elles sont plus coûteuses que de fournir un hébergement. Sous prétexte de vouloir préserver la sécurité et l’ordre public, les pauvres sur l’espace public sont assimilés à des délinquants potentiels, voire des criminels. Ils peuvent toujours crier que ce sont eux, en rue, qui sont en danger…

 

 

 

Par Lucie Martin - inegalites.be – le 30 mars 2015

 

Notes :

[1] 

L’intention de cet article est de traiter des mesures répressives envers les personnes sans-abri, particulièrement par rapport à la question de l’accès à l’espace public. Il ne s’agit pas d’analyser globalement la position de la société belge vis-à-vis du phénomène, qui oscille davantage entre logique humanitaire et logique sécuritaire, mais de nous attarder précisément sur ce deuxième pôle. Il s’agira davantage de présenter les mesures existantes et les pratiques de fait que de procéder à une analyse des changements historiques. Les données sont issues en grande partie des observations et des entretiens réalisés pour le « Belgian report on criminalisation of homeless people » (Martin L., Potts C., 2012) commandité par la Feantsa et Housing Right Watch.

[2] 

Règlement général de Police d’Ixelles :

www.elsene.irisnet.be/site/downloads/rgp.pdf. Le règlement de police de la Ville de Bruxelles définit les mêmes interdictions : http://www.bruxelles.be/dwnld/18633022/

[3] 

Voir règlement de Police de Liège : www.liege.be

[4] 

La procédure d’application des sanctions s’établit selon une hiérarchie montante à chaque nouvelle transgression. Ainsi, en cas de première infraction au règlement, le mendiant reçoit un PV et une copie du règlement communal. À la deuxième infraction, un deuxième PV est dressé et un assistant social se voit chargé de vérifier que la personne reçoit les aides auxquelles elle a droit. C’est la troisième infraction qui peut être considérée comme trouble de l’ordre public et mener à une arrestation administrative.

[5] 

Le règlement de police de 2005, modifié en 2009 contient 10 articles concernant directement la mendicité.

http://www.charleroi.be/node/6828

[6] 

Pourtant, ces règlements spécifiques concernant la mendicité sont non nécessaires étant donné que les règlements communaux proscrivent déjà les comportements agressifs, les occupants menaçants, les personnes qui gênent le passage, etc.

[7] 

La punition commence avec une amende, mais dans l’incapacité de payer celle-ci, les « fauteurs » sont parfois envoyés en prison, ce qui instaure littéralement comme un crime le fait d’être désespérément pauvre.

[8] 

Ainsi, la Stib, dispose d’un règlement relativement précis (qui interdit un lot de comportements et d’activités allant de la mendicité au fait de gêner par son odeur, ses affaires, sa présence), mais aussi ses propres services de sécurité qui peuvent poser des amendes en cas d’infraction au règlement.

[9] 

Comme les bancs pour les sans-abri, la musique classique diffusée le soir dans les stations de métro a pour objectif de dissuader les bandes de jeunes et dissoudre le fameux sentiment d’insécurité.

 

***


Télécharger la version longue de cet article :

Des taches dans le paysage – PDF

Rapport de recherche à la base de cet article (en anglais) :

Penal Visions of Homelessness and Responsibilisation in Belgium – PDF.

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Le naufrage américain !

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Le naufrage américain !

Par Charles Sannat (*)

 

Voici un article consacré à la misère américaine, car évidemment si les chiffres du chômage sont faux, cela veut dire que la réalité sociale doit nous montrer à un moment ou à un autre que ces chiffres sont faux. Eh bien oui, la réalité sociale aux USA est désastreuse.

 

Ne croyez pas que je fasse de l’antiaméricanisme primaire. J’adore les États-Unis mythiques de mon enfance. J’adore la ruée vers l’ouest et les chercheurs d’or ! J’adore ce peuple épris de liberté, ce peuple de cow-boys habitué aux grands espaces, souvent attachants, parfois un peu trop adolescent par rapport à nous autres, issus des vieilles nations européennes. Pourtant, j’ai beau aimer cette Amérique mythique, elle a disparu un 11 septembre 2001 dans les décombres des Twin Towers.

 

Depuis, nous contemplons le lent naufrage américain. Je ne m’en réjouis pas, je constate. Je constate qu’un pays qui faisait rêver fait peur désormais. Je constate qu’un pays qui était porteur d’un rêve et porteur d’espérance pour ses habitants et tous ceux qui souhaitaient le devenir s’est transformé en enfer social pour tous.

 

Vous avez plus de 45 millions d’Américains qui ne peuvent manger que grâce aux Food Stamps qui sont des « timbres de nourriture », c’est-à-dire l’équivalent des soupes populaires modernes, mais cela évite les images de longues files d’attente pour un bol de soupe.

 

En réalité, depuis plus de 35 mois maintenant le nombre de bénéficiaires ne descend pas en dessous des 46 millions… C’est une autre statistique, nettement moins commentée, mais pourtant particulièrement révélatrice de la société américaine et de sa nouvelle réalité.

 

Mais ce n’est pas tout. Au détour de la presse américaine – mais encore faut-il simplement aller la lire –, les articles sont nombreux à traiter du problème des « homeless », les sans-abris, ici ou là. Les gens ne peuvent plus se loger, restent prisonniers des grandes villes entretenant l’illusoire espoir de jours meilleurs et de retour à l’emploi. Tous les jours, ils s’enfoncent un peu plus dans la pauvreté, tous les jours les pouvoirs politiques locaux tentent de « nettoyer » les centres-villes pour cacher cette misère que l’on ne saurait voir ! Je vous ai sélectionné deux articles. Une sélection totalement arbitraire si ce n’est qu’elle concerne les deux plus grandes villes américaines, des villes qu’en France nous « connaissons » bien même ceux qui n’y sont jamais allés. Ce sont Los Angeles et New York !

 

 

New York : nombre record de 60 000 personnes sans domicile fixe

 

Il s’agit dans ce cas d’un article du Nouvel Obs que vous pourrez aller lire en entier sur le site dont je vous donne le lien ci-dessous. Voilà ce que l’on apprend :

 

« New York est connue pour ses multimillionnaires et ses tours de luxe aux loyers exorbitants, mais la plus grande ville américaine vient aussi de battre un nouveau record, celui de 60 000 personnes sans domicile fixe.

 

Cette nuit, 60 352 personnes vont dormir dans les refuges de la ville, dont plus de 25 000 enfants, affirmait mardi la coalition pour les SDF (Coalition for the homeless) sur son site Internet.

 

C’est 11 % de plus qu’en janvier 2014, comparé aux 53 615 personnes SDF hébergées par la ville en janvier 2014, selon le site.

 

Les familles représentent les quatre cinquièmes de cette population SDF. »

 

Alors vous savez, je ne suis qu’un obscur petit économiste d’en bas, mais mes grands-parents m’ont légué un sacré vieux bon sens de paysan, et lorsque l’on me parle de plein emploi et de chômage qui baisse d’un côté, mais que de l’autre les faits me montrent une augmentation évidente, palpable, mesurable, quantifiable de la misère et de la pauvreté, j’aimerais que l’on explique comment un tel paradoxe est possible dans l’une des plus grandes villes des États-Unis… Certes New York est une ville très chère, comme Londres, mais pas plus cher aujourd’hui qu’hier, et surtout ce phénomène de sans-abris est valable partout aux USA et de façon générale partout dans le monde, car en France, le nombre de SDF aussi augmente, cependant notre taux de chômage lui aussi augmente, il y a donc bien le respect de la logique économique de base à savoir qu’il ne peut pas y avoir plus de travail et plus de misère en même temps !

 

 

Nette augmentation des camps de sans-abris à la périphérie de Los Angeles !

 

C’est un article en provenance directe du Los Angeles Times, qui est un journal local parfaitement respectable, nous expliquant que le service en charge des sans-abris a reçu 767 appels au sujet des campements de rue en 2014, soit une hausse de 60 % par rapport aux 479 signalements de campements de 2013.

 

Aux USA, les villages de tentes et les nouveaux bidonvilles ne sont pas une légende. C’est devenu une réalité, là encore attestée par des chiffres incontestables. Simplement, on préfère se contenter de répéter doctement les dernières statistiques de l’emploi US qui sont « meilleures que prévu » plutôt que de tenter d’analyser avec objectivité la réalité des faits.

 

Cela peut se comprendre.

 

 

Il fallait sauver le soldat confiance !

 

Voilà le postulat de base du plus grand mensonge autour du mirage d’une prospérité économique.

 

Il n’y a pas de prospérité économique aux États-Unis, il y a un mirage tenant sur des monceaux de dettes (5 400 milliards de dollars pour l’industrie du gaz de schiste), un monceau de fausse monnaie imprimée à tout va par la Banque centrale américaine, la FED, et des statistiques erronées.

 

Pour les chiffres, il fallait faire croire aux Américains que tout allait s’arranger en espérant provoquer un « choc de confiance » salutaire capable de relancer la croissance.

 

Ce faisant, les autorités monétaires et économiques pensaient que la crise était une crise de confiance. Ils ont donc monté la confiance au cric, et la croissance pourtant n’est pas repartie. Pourquoi ? Parce que cette crise économique n’est pas une crise de confiance, mais une crise de système et de modèle. Erreur d’appréciation funeste qui me fait dire que, loin d’être finie, la crise – que nous faisons tout pour mettre sous le tapis sans rien régler des véritables causes – va nous revenir assez logiquement dans les gencives. Quand ? Impossible de le dire, mais peu importe, l’important c’est de se préparer à affronter un monde où l’on peut être durablement exclu du travail et donc du logement…

 

Il est déjà trop tard, préparez-vous.

 

 

 

Par Charles SANNAT (*) - lecontrarien.com – le 5 février 2015

Source 1 Nouvel Obs ici

 

Source 2 Los Angeles Times ici

 

(*) Charles SANNAT est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques.

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