Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL
686.4K views | +0 today
Follow
Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL
La Gazette des campus de LLN et de WSL-UCL ainsi que diverses infos intéressantes visant la vérité ou l'autre vérité (qui que ce soit qui la dise, mais sans forcément prôner l'auteur).  -  Duc
Curated by Koter Info
Your new post is loading...
Your new post is loading...
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Vers 1 nouvelle réalité en Syrie ? (2/2)

Vers 1 nouvelle réalité en Syrie ? (2/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

© AP Photo/ UNRWA

 

Vers une nouvelle réalité en Syrie ? (2/2)

 

Cette alliance entre deux puissances du golfe et un pays de l’OTAN, accompagne donc maintenant une coalition militaire composée de combattants djihadistes proches des frères musulmans et de salafistes, dans une coalition hétéroclite et radicale qui pourrait rassembler jusque 70.000 combattants.

 

Lors de l’assaut contre Idlib, de nombreuses sources bien informées affirment que si l’équipement était majoritairement fourni par Riyad, plusieurs milliers de combattants se sont infiltrés en quelques heures sur le territoire Syrien par la frontière turque, frontière d’où un soutien médical a même été apporté aux djihadistes blessés qui ont pu franchir la frontière pour être traites dans les hôpitaux en Turquie (source ici et ).

 

Les mêmes sources affirment que Riyad et Ankara envisageraient des opérations militaires en Syrie, même si cela semble à ce jour encore improbable, et il faut rappeler que la Turquie a déjà proposé l’établissement par voie militaire d’une zone tampon, aérienne et au sol, dans le nord du pays.

 

En outre, avec l’aide des États-Unis, ce nouvel axe va former dans les prochains mois un contingent de 5.000 hommes pour combattre tant le pouvoir syrien que l’Emirat Islamique. Ces changements importants interviennent dans un contexte international et régional mouvant lié à l’Iran.

 

L’accord sur le nucléaire Iranien et la plausible levée des sanctions ont créé une vive inquiétude au sein des monarchies du golfe qui craignent par-dessus tout l’influence régionale de Téhéran. La mort du roi Abdallah au début de l’année 2015 et l’accession au trône de son demi-frère Salman a eu pour conséquence un retournement de la politique étrangère saoudienne, accéléré sans doute par l’opération au Yémen que Riyad mène contre les rebelles Houtis qui ont le soutien de Téhéran.

 

En lien direct avec l’Iran, le Hezbollah semble de plus en plus devenir une des clefs du dossier syrien sur le plan militaire. À la frontière avec le Liban, le Hezbollah augmente son implication sur le terrain. Il a lancé au cours de ce mois de mai une opération militaire de très grande envergure dans les monts Qalamoum, visant à sécuriser la frontière et cette zone stratégique qui donne directement accès à la capitale syrienne.

 

Jusque-là, le Hezbollah se contentait d’intervenir dans des zones périphériques et plus ou moins frontalières du Liban, hormis de rares exceptions. Mais le 12 décembre dans un discours d’importance, Hassan Nasrallah a clairement laissé entendre que le Hezbollah allait désormais combattre partout où il le faudrait sur le territoire Syrien pour ne pas permettre la défaite du régime. Il semble du reste plausible qu’après la bataille de Qalamoun le Hezbollah soit déployé dans le sud du pays, accentuant de fait la crainte de la Jordanie de voir l’influence de Téhéran s’approcher de ses frontières, tandis que dans le même temps l’Emirat Islamique semble de son côté vouloir s’implanter en Jordanie.

Que peut-il se passer maintenant en Syrie ?

 

 

Sur le plan intérieur

 

On peut imaginer que l’État syrien ne devrait pas s’effondrer après la perte de plusieurs centaines de soldats et de dizaines de tanks dans la terrible bataille en cours pour la province d’Idlib. La montée en puissance du Hezbollah semble montrer clairement le problème principal auquel fait face l’armée syrienne pour garder le contrôle sur la totalité du territoire syrien : la dispersion des forces sur des fronts de plus en plus nombreux et étendus. En quatre ans de guerre, l’armée syrienne et les forces de défense nationale ont perdu plusieurs dizaines de milliers d’hommes. Il est donc de plus en plus difficile de mener des opérations importantes sur plusieurs fronts à la fois, tout en sécurisant les territoires sous contrôle de l’État.

 

Il faudra observer dans les prochains mois si le régime peut continuer à se maintenir dans ces avant-postes que sont Alep ou Deir-Ez-Zor, mais aussi et surtout continuer à contrôler les axes routiers menant à ces villes. De cela dépendra beaucoup l’avenir de la Syrie qui pourrait voir le régime choisir d’abandonner, au moins provisoirement, le nord et l’est du pays qui tomberaient ainsi sous contrôle total de l’Émirat Islamique (de l’Est d’Alep à la frontière Irakienne) et du Front Al-Nosra donc d’Al-Qaïda pour ce qui est de la province d’Idlib.

 

Mais ce scénario de repli des forces gouvernementales reste une option qui dépendra de l’évolution de la situation militaire dans les semaines qui viennent et de la capacité du régime à alimenter en hommes les nombreux fronts militaires.

 

 

Sur le plan extérieur

 

Une ligne de rupture semble se dessiner entre les préoccupations prioritaires des Occidentaux et celles des acteurs régionaux.

 

Les occidentaux sont désormais focalisés sur l’Emirat Islamique et les risques qu’il fait courir à la région, mais aussi aux états d’Europe puisque plusieurs milliers de ressortissants européens musulmans ont rejoint les rangs de l’organisation.

 

Par contre, pour Ankara ou les puissances du golfe, la priorité est clairement de contrecarrer l’influence iranienne et surtout de ne pas laisser l’axe Téhéran-Damas-Hezbollah prendre le dessus dans ce conflit syrien. Tout dépendra de la pression que l’Iran peut exercer. Téhéran peut décider de passer à la vitesse supérieure (mais sous quelle forme ?) pour maintenir Assad au pouvoir et appuyer le processus en cours visiblement de transformation du Hezbollah en « État dans l’État » au sein du système étatique syrien.

 

De toute manière, le conflit Syrien ne semble pas près de se terminer, le pays voit se dérouler sur son territoire une terrible guerre proxy, entre une bien étrange coalition des démocraties occidentales, des dictatures du golfe et de la Turquie, contre un axe regroupant la Syrie laïque, l’axe Chiite Téhéran-Hezbollah et en arrière-plan la Russie.

 

Difficile d’imaginer quelle nouvelle réalité est en train d’émerger en Syrie.

 

Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur.

 

 

 

Par Alexandre Latsa - fr.sputniknews.com – le 19 mai 2015.



Plus d’infos :

Vers une nouvelle réalité en Syrie ? (1/2)

Syrie : l’OTAN pas en mesure d’instaurer une zone d’exclusion aérienne

Syrie : la Maison-Blanche et le Pentagone confirment un raid contre l’EI

Les USA vont entraîner les rebelles syriens

Syrie : l’émissaire de l’ONU appelle à poursuivre les tentatives de règlement

Syrie/trafic d’armes : l’Iran appelle à durcir le contrôle aux frontières

 

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Les impérialistes pleurent le roi Abdallah

Les impérialistes pleurent le roi Abdallah | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

Les impérialistes pleurent le roi Abdallah

 

Il serait difficile de trouver quelque chose de plus dégoutant, en termes de servilité et d’hypocrisie, que le déluge d’éloges des puissances impérialistes pour pleurer la mort du roi Abdallah d’Arabie saoudite. Le roi Abdallah est mort le 23 janvier à l’âge de 90 ans.

 

Des hommages sont parvenus des gouvernements aux quatre coins de la planète.


À Londres, le gouvernement britannique a mis en berne les drapeaux des édifices gouvernementaux et du Palais de Buckingham. Le prince Charles et le Premier ministre David Cameron se sont rendu en Arabie saoudite le weekend suivant sa mort.

 

Quant aux États-Unis, l’administration Obama a annoncé qu’elle modifierait l’itinéraire du président, qui était alors en Inde, afin qu’il puisse faire un voyage spécial à Riyad pour rendre visite au successeur d’Abdallah, son demi-frère de 79 ans, Salmane. La Maison-Blanche a publié un communiqué notant l’«amitié authentique et chaleureuse » entre le président Obama et le défunt monarque.

 

Salmane est le sixième des enfants d’al-Saoud, le fondateur du régime semi-féodal. Le fait qu’il soit atteint de la maladie d’Alzheimer est peut-être un reflet approprié de la nature du gouvernement dont il sera le dirigeant. Simon Henderson, le directeur du programme pour le Golfe et la politique énergétique à l’Institut sur la politique du Proche-Orient à Washington, a écrit le mois dernier que « le cerveau de Salmane est manifestement ravagé par la démence. Des visiteurs ont rapporté qu’après quelques minutes de conversation, il devient incohérent. »

 

Il est bien sûr possible pour un dirigeant, même avec des capacités grandement réduites, d’occuper un poste de figure de proue sans aucun pouvoir réel pendant une longue période de temps, comme Ronald Reagan l’a fait pendant la majeure partie de sa présidence. Mais, cela montre de toute évidence pourquoi il était de la plus grande importance, du point de vue de la Maison-Blanche, du Pentagone et du département d’État que le premier geste du nouveau roi était de confirmer que son successeur et prince héritier serait le plus jeune des fils d’al-Saoud, le prince Moqren, âgé de 69 ans.

 

La sélection du prince Mohammed Ben Nayef, le ministre de l’Intérieur, en tant que vice prince héritier et présumé successeur de Moqren était encore plus critique, du point de vue de l’impérialisme américain. Âgé de 55 ans, le prince est le premier occupant potentiel du trône choisi par la génération des petits-fils d’al-Saoud. En tant que chef des opérations antiterroristes de l’Arabie saoudite, il a travaillé étroitement avec la CIA et le Pentagone. Le Wall Street Journal a écrit dans un éditorial : « Le prince Mohammed a été longtemps vu comme le candidat favori de Washington parmi les jeunes princes qui aspirent à être roi. »

 

La collaboration étroite entre Washington et le régime saoudien en dit long sur la nature de l’intervention américaine au Moyen-Orient. Malgré le fait qu’une administration après l’autre a prétendu que la politique étrangère américaine défendait la démocratie, l’impérialisme américain a recours depuis longtemps au régime le plus réactionnaire et oppressif du Moyen-Orient. Depuis 70 ans, il y a un accord entre les États-Unis et la monarchie saoudienne : les États-Unis arment le régime jusqu’aux dents contre des menaces aussi bien intérieures qu’extérieures, tandis que l’Arabie saoudite les approvisionne en pétrole et défend généralement la politique étrangère américaine.

 

Même si les administrations américaines ont, pendant plus d’une décennie, adhéré à la « guerre contre le terrorisme », maintenant décrite par l’administration Obama comme une « lutte contre l’extrémisme violent », la pierre angulaire de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient a été une alliance avec un État qui défend le fondamentalisme islamique et qui finance et arme des groupes fondamentalistes islamiques droitistes dans la région.

 

Dans les années 1980, l’administration Reagan et l’Arabie saoudite ont conjointement commandité les moudjahidines afghans, la guérilla de fondamentalistes islamiques recrutée par la CIA et sanctionnée et payée par l’Arabie saoudite, afin de combattre le régime prosoviétique en Afghanistan. La collaboration entre les États-Unis et l’Arabie saoudite en Afghanistan a donné naissance à Al-Qaïda, mené par Oussama Ben Laden, le fils d’un magnat de la construction devenu riche par ses contrats en Arabie saoudite. L’argent de l’Arabie saoudite – dont une partie provenait directement de la monarchie – a financé les attaques terroristes du 11—Septembre contre les États-Unis et 15 des 19 pirates de l’air étaient des Saoudiens.

 

Mais, l’administration Bush a glissé ces liens sous le tapis, premièrement en envahissant l’Afghanistan et, ensuite, en concoctant un lien entre Saddam Hussein et le 11—Septembre dans le but de justifier l’invasion et l’occupation criminelles de l’Irak en 2003. Même si les Saoudiens se sont opposés verbalement à l’intervention américaine (parce qu’ils voyaient Saddam Hussein comme un rempart contre l’Iran), l’armée américaine a bénéficié d’un accès complet aux bases saoudiennes afin de mener leurs opérations militaires pendant la guerre.

 

Récemment, l’Arabie saoudite a appuyé la guerre de l’OTAN menée par les États-Unis contre la Libye et est fortement intervenue en Syrie dans le cadre de la campagne orchestrée par les États-Unis pour déstabiliser le régime de Bachar al-Assad, un allié de l’Iran, le principal rival régional de l’Arabie saoudite.

 

L’alliance entre l’Arabie saoudite et les États-Unis a été un désastre sans équivoque pour les habitants du Moyen-Orient. L’Irak, la Syrie, la Libye et maintenant le Yémen, qui se trouve à la frontière sud de l’Arabie saoudite, ne sont plus des sociétés fonctionnelles et ont été dévastées par des offensives militaires (que ce soit directement, comme dans le cas de l’Irak ou de la Libye, ou indirectement, comme dans le cas de la Syrie ou à distance, via des frappes de missiles par drones, comme dans le cas du Yémen).

 

Les forces militaires saoudiennes ont envahi le Royaume de Bahreïn – le siège social des opérations navales américaines dans le Golfe persique – afin de supprimer l’opposition populaire à la famille dirigeante. En 2013, Washington et Riyad ont appuyé le coup d’État du général Al-Sisi en Égypte et le retour d’une dictature militaire contre l’État le plus peuplé du monde arabe.

 

En Syrie, les dollars saoudiens et les armes américaines fournies par l’Arabie saoudite ont alimenté l’émergence de l’État islamique en Irak et en Syrie (EI ou ISIS en anglais). Cela a mené à la débâcle de l’été dernier, lorsque les combattants d’ISIS ont conquis la majeure partie de l’ouest de l’Irak, incluant la deuxième plus grande ville d’Irak, Mossoul. Maintenant, les pilotes saoudiens ont rejoint la campagne de bombardement mené par les États-Unis en Syrie, le prélude à un conflit de beaucoup plus grande envergure et encore plus sanglant.

 

Le dernier exemple de collaboration entre les États-Unis et l’Arabie saoudite est la décision de l’OPEC, avec l’Arabie saoudite en tête, de rejeter toute réduction de production de pétrole au moment même où les prix chutent. Ce geste vise à acculer l’Iran et la Russie, deux alliés majeurs de la Syrie, à la faillite, en coupant les revenus que ces gouvernements peuvent tirer des exportations de pétrole dont ils dépendent.

 

Mais c’est un couteau à double tranchant. Aux États-Unis, la chute des prix du pétrole a dévasté l’industrie du gaz de schiste et a commencé à créer du chômage de masse au Texas et au Dakota du Nord. En Arabie saoudite, la chute des prix du pétrole a créé un manque à gagner de près de 40 milliards de dollars dans le budget national, forçant le pays à puiser dans ses réserves internationales.

 

La pauvreté et le chômage se répandent dans le pays, malgré sa richesse pétrolière. Une récente étude la CIA sur ce pays a estimé que 506.000 jeunes vont entrer sur le marché du travail en Arabie saoudite en 2015, où plus de la moitié de la population de 27 millions a moins de 25 ans. Étant donné que seulement 1,7 des 8,4 millions de salariés en Arabie saoudite sont des citoyens saoudiens – la grande majorité d’entre eux sont des immigrants –, le régime fait face à ce qu’un stratège impérialiste décrit comme étant « un défi incroyable en terme de stabilité nationale ».

 

La force la plus réactionnaire de la région – la monarchie saoudienne – est alliée avec la force la plus réactionnaire de la planète – l’impérialisme américain. Il en résulte une combinaison toxique de convulsions économiques, d’intensification des conflits tribaux et sectaires et d’escalade des interventions militaires impérialistes.

 

 

Par Patrick Martin mondialisation.ca – le 30 janvier 2015

Article paru d’abord en anglais, WSWS, le 26 janvier 2015

No comment yet.