Cette Chine qui réussit en refusant les potions néolibérales | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Cette Chine qui réussit en refusant

les potions néolibérales

 

 

Dirigisme contre néolibéralisme

 

The Economist a publié un papier passionnant sur l’agriculture chinoise, dénonçant la forte augmentation des subventions, passées de 1,4 à 2,3 % du PIB en 15 ans, soit la bagatelle de 165 milliards de dollars. À titre de comparaison, la PAC a un budget d’environ 50 milliards, soit 0,5 % du PIB de l’UE. En clair, la Chine consacre près de 5 fois plus d’argent en proportion de sa richesse nationale que les Européens. Et The Economist souligne que Pékin permet donc aux prix agricoles d’être sensiblement supérieurs aux prix mondiaux pour assurer son indépendance alimentaire, appliquant finalement des recettes assez proches de celles de la PAC, avant que l’UE ne cède aux sirènes néolibérales.

 

 

La question démocratique

 

 

Il ne s’agit pas de dire que la Chine serait un modèle indépassable. On peut penser que la démocratie est un prérequis essentiel pour nos sociétés. D’ailleurs, curieusement, on voit chez certains néolibéraux une forme de fascination pour la réussite de certains modèles autocratiques. Dans un dossier réalisé il y a deux mois par The Economist sur Singapour, pouvait poindre une forme de relativisme sur le caractère non démocratique du régime de la Cité-Etat, sans oublier que le journal oubliait que sa réussite économique devait largement à sa petite taille et à sa position, comme le Luxembourg ou la Suisse sur le continent européen. Mais le néolibéralisme n’est pas toujours démocratique

 

Mais sans renoncer à ses idéaux démocratiques, on peut également respecter la Chine et le chemin qu’elle prend. Après tout, le Japon et la Corée du Sud ont évolué progressivement et lentement vers des régimes de plus en plus ouverts et démocratiques. Après tout, la Chine pourrait évoluer de la même manière et on trouve quelques premiers signes de cela dans une plus grande liberté des citoyens, qui gagnent un mot à dire dans les affaires locales, à travers les nouvelles technologies. Et de toutes les façons, il faut respecter le chemin pris par les sociétés et ne pas céder à un tropisme français. Les interventions des 15 dernières années montrent qu’un mode de fonctionnement ne s’impose pas.

 

Merci donc à la Chine de démontrer que la religion néolibérale n’est qu’une religion totalement abstraite, si souvent contredite par une réalité que ses missionnaires, dont quelques-uns sévissent régulièrement sur le blog, préfèrent ne pas voir, dans leur vision du monde en noir et blanc. 

 

 

 

Par gaullistelibre.com – le 2 juin 2015.