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Des Belges lancent un nouveau pesticide biologique

 

Stimuler les défenses naturelles des plantes pour qu’elles apprennent à lutter contre leurs agresseurs au lieu de les asperger de produits chimiques ? C’est l’idée innovante, fruit de 10 ans de recherches, lancée par une spin off belge !

 

Actuellement, l’agriculture mondiale s’appuie fortement sur les produits chimiques pour stimuler la croissance des cultures et les protéger. Près de 1.000 substances actives ont été mises sur le marché depuis les années 50. Leur but : tuer chimiquement les organismes nuisibles. Il existe près de 100 familles chimiques de pesticides (organophosphorés, organochlorés, carbamates, pyréthrinoïdes, triazines…). Ils sont aujourd’hui omniprésents dans l’environnement (air, eau, sol, chaîne alimentaire…) et le risque d’exposition est chronique.

 

Or, « les pesticides sont, par définition, des substances destinées à lutter contre des organismes vivants considérés comme nuisibles pour d’autres organismes vivants. Ils agissent chimiquement sur des effecteurs qui sont souvent impliqués dans des fonctions vitales ou la reproduction. Ils perturbent la signalisation nerveuse ou hormonale, la respiration cellulaire, la division cellulaire ou la synthèse de protéines, permettant le contrôle efficace du nuisible « . Et ce caractère toxique n’épargne pas les espèces non ciblées, dont l’homme.

 

Pour l’agriculture biologique de demain, il apparait urgent de développer des alternatives à la fois efficaces, plus saines et respectueuses de l’environnement. Dans ce contexte, FytoFend, une spin-off innovante de l’Université de Namur, membre de l’Académie Louvain (*) (Belgique), a développé des produits de substitution afin d’apporter des solutions innovantes pour le secteur de la protection des cultures. Des solutions dépourvues de toute toxicité pour l’homme et l’environnement.

 

En pratique, la protection des végétaux est garantie par des éliciteurs (des stimulateurs de défenses naturelles de la plante) contre un éventail de maladies tels que le mildiou du vignoble ou de la pomme de terre, la tavelure du pommier, l’alternariose de la tomate,… Aucune manipulation génétique ne serait donc nécessaire, la plante se protège elle-même.

 

FytoFend a obtenu, le mois dernier, le feu vert des autorités européennes pour commercialiser un nouveau biopesticide en Belgique (et, à terme, dans d’autres pays européens). Dix ans de recherche ont été nécessaires pour mettre au point ce produit qui agit, tel un vaccin, de manière préventive : « Nous combinons un extrait de champignon, qui est un ennemi naturel des plantes, avec une molécule issue de la dégradation de la paroi de la plante elle-même, explique le professeur Pierre Van Cutsem, le fondateur de Fytofend. C’est un double signal d’agression pour la plante, qui active alors ses défenses naturelles. Et, quand l’ennemi se présente réellement – un microbe, un champignon, un insecte ravageur – elle est prête au combat, en quelque sorte. »

 

Ce biopesticide sera d’abord utilisé pour les légumes cultivés en serre qui sont soumis à des exigences de plus en plus sévères vis-à-vis des résidus de pesticides (comme les courgettes, les aubergines, les poivrons ou les concombres). FytoFend espère bientôt obtenir une homologation pour les vignobles, un secteur où le bio est en pleine expansion. En augmentant la productivité de l’agriculture biologique, ces biopesticides pourraient-ils renverser un jour l’agriculture conventionnelle ? Et pourquoi pas résoudre certains problèmes environnementaux et sanitaires générés par l’utilisation abusive de pesticides chimiques ?

 

 

Par mrmondialisation.org – le 14 mars 2015

Sources : rtbf.be/fytofend.com/actu-environnement.com/

 

(*) L'Académie universitaire ‘Louvain’ compte trois universités membres : l’Université Catholique de Louvain (UCL), l'Université de Namur (UNamur), l'Université Saint-Louis Bruxelles (USL).