« Nos ordinateurs fabriqués dans les pays dont on voudrait se protéger », mise en garde de professeurs UCL | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : nos données personnelles ne sont pas bien protégées – Photo News

 

 « Nos ordinateurs sont fabriqués dans les pays dont on voudrait se protéger », la mise en garde de professeurs de l’UCL 

 

À l’occasion de la journée internationale pour la protection des données, célébrée le 28 janvier, plusieurs chercheurs réunis par l’UCL ont rappelé jeudi combien les données personnelles disponibles sur le web sont devenues des produits exploitables et donc exploités.

 

« Personne n’est inviolable », a mis en garde Olivier Pereira, professeur au Pôle en ingénierie électrique de l’UCL.

 

Les données privées sont disponibles en masse, contextualise d’abord Pascal Francq, chercheur au Pôle en ingénierie informatique de l’université néolouvaniste. Elles ressortent tant de ce que nous publions nous-mêmes sur internet que de ce que nous générons par nos interactions (nos recherches sur les moteurs de recherche, nos achats, etc.), de ce que nous stockons ainsi que des informations émises par les appareils électroniques que nous utilisons (comme des localisations GPS, par exemple).

 

Grâce aux faibles coûts de stockage et au développement de méthodes permettant d’en traiter rapidement d’énormes quantités, ces données sont de plus en plus utilisées, souvent à notre insu.

 

Leur marchandisation est devenue indispensable aux fournisseurs de « services gratuits » comme Google et Facebook, tandis que les vendeurs sont avides d’informations permettant de cibler au mieux leurs clients.

 

« On pourrait se dire : où est le mal ? Mais chaque information en ligne y reste ad vitam aeternam. Elles pourraient être sorties de leur contexte. Un autre problème, c’est le formatage de nos choix. Si une application détecte que je suis un amateur de rock, elle ne me suggérera jamais d’acheter un CD de musique classique. Les internautes sont uniquement confortés dans leurs propres opinions », pointe Pascal Francq.

 

Pour Olivier Pereira, du laboratoire de cryptographie de l’UCL, « on se dirige vers un internet où tout est chiffré par défaut ». Mais, s’il existe aujourd’hui des mécanismes de chiffrement qui protègent efficacement au moment de la transmission de données, « le principal point faible devient le stockage », en ce compris celui des clés de déchiffrement.

 

« Nous avons peu de contrôle sur la manière dont nos ordinateurs sont fabriqués », souligne-t-il également. Or, nos machines viennent précisément de pays dont on voudrait se protéger, et singulièrement de Chine. « On trouve régulièrement du matériel suspect », affirme le spécialiste.

 

Avant de recourir à des méthodes coûteuses pour se protéger, les institutions publiques et privées feraient bien de se demander si elles ont vraiment besoin de stocker des données, conseille celui qui planche actuellement avec les États-Unis sur un système de vote électronique sûr.

 

Au-delà des innovations technologiques, il convient de sensibiliser les internautes, plaide de son côté Thierry De Smedt, professeur de communication à l’UCL. « Grâce à l’éducation, les utilisateurs sont capables de mieux percevoir les éventuelles utilisations non désirées de leurs informations personnelles », estime-t-il. Une approche cruciale dans une société « où tout le monde est appelé à manipuler les données personnelles des autres ».

 

 

Par sudinfo.be - Belga - le 22 janvier 2015