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Pour l’Empire, la finalité c’est le chaos, pas la victoire

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Pour l’Empire,

la finalité c’est le chaos, pas la victoire

Par Peter Koenig (*)

 

 « Une fois de plus, un pays « libéré » par les Occidentaux bascule inéluctablement dans le chaos. » Global Research

Ce pourrait être n’importe lequel de ces pays à feu et à sang où Washington et ses séides d’Europe de l’Ouest et de l’Est ont semé la guerre – spirale sans fin de chaos, de ruine et de mort – et la soumission.

 

Le cœur même du problème : en réalité, la stratégie de Washington et de l’OTAN n’est pas de gagner la guerre ou le conflit, mais de créer et maintenir les conditions d’un chaos permanent. Un moyen imparable de contrôler à la fois les populations, les nations et les ressources, et de garantir à l’Ouest une demande permanente de troupes et de matériel militaire – aux États-Unis, le complexe militaro-industriel et les industries et services connexes représentent à eux seuls plus de 50 % du PIB. Par définition, un pays en pleine débâcle ou en plein chaos est en banqueroute et manque toujours d’argent – l’argent des conditions drastiques, l’argent de l’austérité, celui que dispensent le FMI, la Banque Mondiale et d’autres « institutions de développement » aussi sinistrement notoires, entre autres usuriers. Un argent synonyme d’esclavage, a fortiori lorsqu’accordé à des dirigeants corrompus qui se fichent pas mal de leur peuple.

 

Et c’est ça qui est visé, pas autre chose, au Yémen, en Ukraine, en Syrie, en Irak, au Soudan, en Centrafrique, en Libye… et n’importe où ailleurs. Peu importe qui se bat contre qui. EI / Isil / IS/ Daish / Daesh / Al-Qaeda, quelque nom d’organisation de tueurs mercenaires qu’on veuille ajouter à la liste, c’est autant d’étiquettes pour noyer le poisson. On peut aussi bien y ajouter Blackwater, Xe, Academi et tous les autres noms utilisés successivement pour mieux brouiller les pistes. Les prostituées de l’Empire anglo-saxon sioniste, les prostituées de bas étage, à côté des prostituées de luxe que sont l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Bahreïn et les autres États du Golfe ; avec en plus la France et l’Angleterre bien sûr.

 

François Hollande venait à peine de signer pour plusieurs millions d’Euros de contrat, rien qu’avec le Qatar, pour la vente de 24 chasseurs bombardiers Rafale, qu’il repartait aussitôt pour Riyad pour discuter avec le roi Salman de la vente de nouveaux Rafales. Les affaires vont bien ! Et puis c’est bien pratique pour « éradiquer » des ennemis fabriqués de toutes pièces ; et aussi pour pouvoir prendre part au sommet du Conseil de la Coopération du Golfe (CCG) le 5 mai. Sujet des discussions au sommet : les « crises » de la région, notamment au Yémen, créées par l’Occident dans l’intérêt de Washington (et de ses maîtres sionistes) et imputées aux « rebelles », qui se battent simplement pour un gouvernement plus juste.

 

L’Occident a inventé tout un vocabulaire à vous rendre malade. C’est comme un virus qu’on vous inocule dans le cerveau – du moins ce qu’il en reste – au point qu’on en devient incapable de se rappeler ce que les mots veulent dire réellement. On les répète tels quels et on prend le tout pour argent comptant. Après tout, les médias de masse vous les enfoncent jusqu’aux tripes du matin au soir. Quand des gens se battent pour leur liberté, pour leur survie, contre des régimes oppresseurs, ce sont des « terroristes », des « rebelles ». Les réfugiés d’Afrique qui fuient les pays frappés par les conflits infligés par Washington – réfugiés dont plus de 4 000 ont déjà péri en mer cette année en tentant d’aller chercher « une vie meilleure » de l’autre côté de la Méditerranée – sont commodément rebaptisés « immigrants » [euphémisme d’usage pour éluder le statut de réfugié]. Généralement on précise « immigrants illégaux » pour enfoncer le clou. Les immigrants sont autant de mendiants ; les immigrants illégaux, du gibier de potence ! Tout ça n’a rien à voir avec le chaos et l’horreur économique où les Occidentaux ont plongé leurs pays. Tiens donc ! Honte à toi Bruxelles !

 

À propos de chaos, M. Hollande sait pertinemment que ses chasseurs bombardiers servent en réalité les intérêts du Parain pour semer davantage de chaos et de destruction dans toute la région, davantage de morts, davantage de misère, davantage d’esclavage – davantage de réfugiés sombrant en Méditerranée – et davantage encore de ce chaos sans fin, de gens à la limite de la survie, de gens qui n’ont plus les moyens de se battre pour défendre leur pays, leurs ressources, leur liberté, car ils doivent avant tout se battre pour leur propre survie, pour la survie de leurs enfants ou celle de leur famille. Tu parles d’un empire !

 

Non, franchement, quand quelqu’un vend à d’autres pays des chasseurs bombardiers ou n’importe quel type de machine à tuer, en sachant pertinemment que ces armes servent à tuer des gens, à détruire des pays, est-ce que ce type n’est pas un criminel contre l’humanité ? N’est-ce pas un criminel de guerre de la pire espèce ?

 

M. Hollande, en plus d’être un criminel de guerre, est un parfait larbin, persuadé qu’au bout du compte quelques miettes du butin de ce pillage énorme finiront par tomber dans son assiette et qu’il pourra un jour nager avec ses maitres dans un paradisiaque océan de lait et de miel. Pense-t-il vraiment sauver l’économie de son illustre pays, qui produisait jadis des Victor Hugo, des Balzac, des Stendhal et autres Dumas, en vendant des machines à tuer aux autres séides de l’Empire ? Est-ce que ça l’intéresse que 83 % de son électorat le méprise ?

 

Semer le désordre, le chaos et la ruine, c’est tout ce que Washington et ses vassaux savent faire. C’est pas gagner des guerres qu’ils veulent, ce qu’ils veulent c’est le chaos éternel et la ruine, des populations faciles à écraser. Ils appellent ça « full spectrum dominance » [domination totale ou dans tous les domaines].

 

Et comme l’armée américaine et son « Big Brother » (ou big sister) l’OTAN ne peuvent pas être partout, ne veulent pas qu’on les voie partout, ils se payent des tueurs. Washington invente et crée, puis finance avec son intarissable flot d’argent les ISIS, Daesh ou Al-Qaeda – et le répertoire de s’élargir au bon vouloir du maitre – afin qu’ils combattent pour elle, qu’ils tuent pour elle, pour produire chaos et « false flags » [opérations dites « sous fausse bannière », ou pseudo-ennemis qui servent nos intérêts], de sorte qu’au final, l’OTAN et le Pentagone, son bulldozer, puissent intervenir et prétendre « détruire » ces mercenaires qu’ils ont eux-mêmes créés depuis le début. Jamais les médias ne vous diront la vérité là-dessus.


Ils vous mettent dans la tête que les Houtis – secte shiite humanitaire de gauche – et les sunnites s’entretuent au Yémen pour le pouvoir ; que les Saoudiens et leur coalition de monarques ne font que libérer le Yémen d’une bande de terroristes ; que les Houtis ont le soutien de l’Iran (majoritairement shiite) – affirmation récemment démentie avec véhémence par un responsable de l’ONU – et que les Houtis doivent donc être brisés. Une bonne occasion de plus pour Washington de tout faire retomber sur le dos de l’Iran ! Et une fois les Houtis asservis et décimés en nombre suffisant, un président fantoche sera mis en place, comme l’ex-président Saleh ou son successeur Hadi, de façon que Washington puisse indéfiniment verser de l’huile sur le feu et oppresser la population du pays, pour garder un accès illimité au port stratégique d’Aden – et au golfe d’Aden.

 

Même chose pour l’Ukraine : est-ce que Daesh, ISIL, ISIS, Al-Qaïda ou quelque nom qu’on veuille lui donner est présent en Ukraine ? Je vous le donne en mille, sous les ordres de la CIA et de quelque 6 000 militaires américains – envoyés comme instructeurs uniquement, bien sûr. Ils forment les troupes de Kiev à la meilleure manière d’exterminer rapidement leurs propres frères, dans le Donbass. Ils les entrainent à y enraciner le chaos. Et si les soldats refusent d’être formés à tuer leurs frères, le régime nazi de Kiev les fusillera comme traîtres. Point final ! C’est tellement simple. Comme ça, personne ne résiste.

 

Et à présent les « conseillers » militaires américains et la CIA, avec l’aide de leurs tueurs professionnels (les nazis de Kiev, ISIS/Daesh/Al-Qaeda, peu importe) accumulent les provocations pour embarquer Poutine dans une vraie guerre – autant que possible une Troisième guerre mondiale. Si ! La troisième en moins de cent ans, tout à fait susceptible de dévaster l’Europe et peut-être même le monde entier. Jusqu’ici, le monde était passé à côté d’un tel désastre, principalement grâce à la sage stratégie de non-confrontation des Russes.

 

De fait, c’est clair, ISIS/Daesh/Al-Qaïda est en Ukraine. Ils sont partout où l’Empire exige qu’ils soient présents. C’est à ça qu’on les paye. Un vrai boulot de prostituées. Des prostituées spécialement conçues pour ça ; et bien payées en plus. Ici, l’idéologie n’est qu’une feuille de vigne bien commode pour les médias – comme ça nous pouvons tous nous convaincre qu’en fait, ce sont les musulmans qui sont pourris – et certains plus que d’autres. L’Occident doit les combattre, car ils représentent un danger énorme et imminent pour nos libertés, pour notre liberté, pour nos démocraties – et en particulier pour les valeurs néolibérales de notre économie de marché version tout est gratuit.

 

Parce que c’est ça l’ultime finalité : l’humain comme simple élément de fonctionnement du marché, jetable, réductible à autant de chair à canon, exterminable en masse avec des OGM empoisonnés, des drones, des bombes, des famines créées artificiellement, de sorte qu’en fin de compte les survivants soient réduits au servage, aux mains d’une élite extrêmement réduite, qui contrôle les quatre coins du globe et TOUTES ses ressources, pour maintenir le standing de gens exceptionnels – mais oui, la nation exceptionnelle finira elle-même par se réduire à une poignée de personnes exceptionnelles vautrées dans l’opulence.

 

Rappelez-vous cette phrase abjecte d’Henry Kissinger (la vision de l’un des plus épouvantables criminels de guerre encore vivant aujourd’hui), Prix Nobel de la Paix, lui aussi d’ailleurs (sic) : « Qui contrôle les réserves de nourriture contrôle les peuples ; qui contrôle l’énergie peut contrôler des continents entiers ; qui contrôle l’argent peut contrôler le monde. »

 

Ces mots sonnent chaque jour plus vrai. Mais seulement tant que nous le permettons ; tant que nous, le peuple, nous les 99,999 % des habitants du globe, nous acceptons qu’il en soit ainsi.

 

 

 

Par Peter Koenig (*), Chaos – not Victory – is the Empire’s “Name of the Game”, Global Research, 6 mai 2015 - traduction : Dominique Arias - mondialisation.ca – le 16 mai 2015.

 

 

(*) Peter Kœnig est économiste et analyste géopolitique. Ancien cadre de la Banque Mondiale, il a travaillé dans le monde entier comme le domaine de l’environnement et des ressources en eau. Il écrit régulièrement pour Global Research, ICH, RT, Sputnik News, The Voice of Russia, Ria Novosti, TeleSur, The Vineyard of the Staker Blog, entre autres sites Internet. Il est l’auteur de Implosion – An Economic Thriller about War, Environmental Destruction and Corporate Greed – ouvrage de fiction base sur des faits réels et sur 30 ans d’expérience de la Banque Mondiale autour du monde.

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La Belgique envisage-t-elle de participer à des frappes nucléaires ?

La Belgique envisage-t-elle de participer à des frappes nucléaires ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Image : Photo : test d’un F-35 américain, l’avion le plus cher jamais construit. Crédit : US Navy - Carte : localisation des armes nucléaires américaines en Europe

 

La Belgique envisage-t-elle de participer

à des frappes nucléaires ?


Par Guillaume Dubost & Karel Vereycken

 

 

Le débat sur le type d’avion qu’il faudra pour remplacer les 54 F-16 actuels de l’Armée belge fait éclater au grand jour un secret de polichinelle : bien que notre pays ait signé le Traité de non-prolifération (TNP) [1] et que 61 % des Belges souhaitent une Belgique dénucléarisée [2], plusieurs dizaines d’armes atomiques américaines restent stockées sur notre territoire.


Et la « modernisation » de ces armes, décidée par Obama, est le prétexte idéal pour obliger les alliés à « moderniser » leurs avions pour pouvoir les larguer efficacement sur « l’ennemi »


Alors que nos parents avaient espéré nous épargner la crainte permanente d’une annihilation de l’humanité par l’arme atomique, la nouvelle « guerre froide » lancée par Washington contre les pays émergents (BRICS) risque de nous conduire à l’abîme. À nous de réagir.

 

 

La « force de frappe » belge ?

 

Depuis le début des années 1960, la présence d’ogives nucléaires sur la base de Kleine-Brogel (Peer, Limbourg) a été entourée d’un halo de mystère et n’a jamais été ni confirmée ni démentie par le gouvernement – à l’exception d’un aveu fait en 1988, par le ministre de la Défense de l’époque, Guy Coëme.


C’est le prix à payer lorsqu’on renonce en partie à sa souveraineté. « Au sein du gouvernement belge, très peu de personnes sont au courant du nombre exact de bombes à Kleine-Brogel », souligne Hans Kristensen, un expert de la Fédération des scientifiques américains (FAS) spécialisé dans l’armement nucléaire américain.

 

« Le ministre de la Défense, dit-il, est certainement au courant, le Premier ministre a peut-être été informé. Et s’ils décidaient de révéler l’étendue exacte de la présence d’armes nucléaires en Belgique, les États-Unis refuseraient toute confirmation ou infirmation. »

 

Six bases américaines, réparties sur cinq pays (Allemagne, Italie, Belgique, Turquie et Pays-Bas), accueillent 183 ogives nucléaires, selon Kristensen. La base de Kleine-Brogel abrite une vingtaine de bombes B61 dont la puissance peut atteindre les 170 kilotonnes en équivalent TNT, à comparer avec les 15 kt de celle larguée sur Hiroshima


Dans le cadre de la dissuasion nucléaire américaine, l’OTAN est prête à larguer ces bombes américaines avec les bombardiers F-16 belges. Leur protection est assurée par les 130 militaires américains de la 52e Munition Support Squadron (MUNSS) de l’US Air Force.

 

 

Les conséquences d’une guerre nucléaire

 

À notre époque où l’on confond souvent le réel avec le virtuel, il n’est pas inutile de rappeler les effets directs et indirects de l’utilisation des armes nucléaires, car ils dépassent à tous égards ceux des autres armes de destruction massive.

 

D’abord, une onde de choc énorme dont la force atteint celle d’un ouragan souffle tous les bâtiments dans un rayon important. L’onde thermique déclenche une tempête de feu inextinguible. Le rayonnement initial de neutrons et de rayons gamma provoque des doses de rayonnement mortelles à proximité de l’explosion tandis que les retombées irradient des zones situées jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres du point d’impact.

 

L’explosion atomique provoque également une impulsion électromagnétique qui rend inutilisables tous les appareils électroniques situés dans une zone étendue et qui paralyse les systèmes de communication. Enfin, en cas d’utilisation combinée de plusieurs armes nucléaires, la masse de poussières, de suies et de gaz toxiques formant le « champignon », qui est chassée dans l’atmosphère par la tempête de feu, reste en grande partie suspendue au-dessus de la région sinistrée, provoquant ainsi une baisse temporaire de la température (hiver nucléaire).

 

 

L’utopie suicidaire d’une guerre nucléaire limitée

 

La pression américaine pour l’acquisition de ces chasseurs bombardiers va de pair avec le programme de modernisation de l’arsenal nucléaire des États-Unis, initié en 2013 par le gouvernement Obama. Ce programme est aussi fortement critiqué, d’abord pour son coût exorbitant de 1 100 milliards de dollars, mais surtout pour le danger qu’il représente. Theodore A. Postol, professeur émérite du Massachusetts Institute for Technology (MIT), a posé la question qui fâche dans le quotidien américain The Nation :

 

  • « Pourquoi l’administration entreprend-elle un programme ambitieux de modernisation des armes nucléaires augmentant de façon dramatique la menace d’une guerre nucléaire ? »

 

Et s’il y avait encore des doutes sur la cible d’une telle guerre, il ajoute :

 

  • « Une analyse détaillée du programme révèle qu’il s’agit d’un effort sophistiqué sur le plan technologique pour préparer les forces nucléaires américaines à un affrontement direct avec la Russie. »

 

Le programme de modernisation révèle également que les États-Unis promeuvent l’utopie suicidaire qu’une guerre nucléaire limitée à l’Europe et l’Eurasie est envisageable !

 

Ils oublient que la Russie n’a pas la moindre intention de capituler devant la modernisation de la triade nucléaire américaine ni devant le système antimissile de l’OTAN, et les pays des BRICS, en particulier la Chine, ont la ferme intention de la soutenir.

 

 

Le dindon de la farce

 

Dès 2014, le ministre de la Défense Pieter de Crem, alors candidat au poste de Secrétaire général de l’OTAN, avait annoncé sa préférence pour le F-35 américain de Lockheed Martin.

 

Pourtant, de nombreux spécialistes de l’aviation militaire sont très critiques sur la fiabilité technique du F-35, et sur ses capacités opérationnelles. Pierre Sprey, co-concepteur du F-16, le compare même à une « dinde », qui ne pourrait pas tenir face à ses concurrents comme le Rafale français ou le Gripen suédois. Et même de l’intérieur du Pentagone, le doute s’installe quant à la fiabilité de l’appareil.

 

Avec leurs propres arguments, les députés Dirk Van der Maelen (sp.a) et Alain Top (sp.a) ont donc raison de refuser le choix du F-35 que veut nous imposer l’état-major de l’armée. Alain Top a dénoncé l’absence de transparence dans le processus des appels d’offres.

 

C’est l’état-major de l’armée qui a rédigé le questionnaire biaisé utilisé dans ce processus, à la demande de l’ex-ministre de la Défense, Pieter De Crem. Mais la demande n’a jamais été soumise au Conseil des ministres. Alain Top ironise que cette façon de faire est digne d’une dictature militaire, « où les généraux décident pour le gouvernement quel matériel il faut acheter. »

 

Pour sa part, Van der Maelen estime que :

 

  • « Moderniser les bombes tactiques qui sont à Kleine-Brogel comme l’ont décidé les États-Unis, risque d’être une invitation faite aux Russes pour qu’ils modernisent à leur tour leur arsenal tactique. Cela relancerait la course à l’armement, alors que depuis des années la tendance est au désarmement. Or, le désarmement, c’est la politique officielle de notre gouvernement. L’accord de gouvernement prévoit que la Belgique va se joindre aux efforts de ceux qui veulent diminuer la présence de l’arme nucléaire sur la planète. Accepter la modernisation des bombes stationnées chez nous, c’est contraire à cet accord de gouvernement. »


Dans un communiqué, le député Groen Wouter De Vriendt ajoute que poursuivre la procédure de remplacement rend inutile tout débat sur le futur de l’armée :

 

  • « Est-ce la défense que nous souhaitons ? Une défense autour d’une aviation musclée à l’américaine qu’on déploie en première ligne dans une guerre et capable d’intervenir, le cas échéant, dans une guerre nucléaire ? »

 

 

La guerre est à l’ordre du jour

 

Comme d’autres, De Vriendt s’étonne et semble tomber des nues lorsqu’il se rend à l’évidence que pour les États-Unis d’Obama, pourtant prix Nobel de la paix, et l’OTAN, se doter de moyens plus performants pour mener une guerre thermonucléaire est à l’ordre du jour !

 

Soyons plus clairs : l’OTAN, qui a provoqué la Russie en trahissant sa parole donnée en 1989, en organisant, de façon méthodique, son élargissement à l’Est, a adopté de nouveau une politique de « chantage nucléaire ». Sa volonté de puissance est telle que Victoria Nuland, la secrétaire d’État américaine adjointe aux affaires eurasiatiques, n’hésite pas à soutenir ouvertement des mouvements néo-fascistes à Kiev !

 

Seuls des ignorants ou des imbéciles continueront donc à croire qu’un choix gouvernemental en faveur de l’achat de F-35 n’apparaîtra pas comme un chèque en blanc en faveur d’une doctrine militaire belliqueuse qui, au lieu de nous offrir de la sécurité, nous conduit vers le danger.

 

La Belgique, au nom de sa neutralité historique, doit taper du poing sur la table : ou bien l’OTAN et les États-Unis renoncent à leur doctrine actuelle, ou bien la Belgique quittera cette institution surannée dont le siège pourrait très bien, en cas de besoin, être délocalisé.

 

 

L’alternative

 

Quant à l’achat des F-35, rien que les questions budgétaires et économiques suffisent pour opter en faveur d’un autre choix. Comme l’ont démontré les calculs présentés par Van der Maelen et Top sur la base, des coûts réels payés par d’autres pays acquéreurs, le devis présenté par l’état-major, de 4 à 5 milliards d’euros pour une quarantaine d’avions (deux fois le budget belge de la défense…), sont totalement sous-évalués. Rien que les coûts d’entretien annuel représentent la moitié des coûts de fonctionnement de toute l’armée belge (Air/Mer/Terre) ! Consacrer 5 milliards d’euros pour une armée unidimensionnelle qui ne sait que bombarder. Bonjour la défense !

 

 

Économie

 

Les F-16 dont dispose actuellement notre aviation ont été fabriqués par la SONACA à Gosselies en Belgique. Les F-35 le seront par Lockheed Martin aux États-Unis. Par souci budgétaire et industriel, la Belgique, comme alternative, pourrait s’équiper, à moindre prix, de Rafales, un des meilleurs avions du monde et totalement polyvalent.

 

Le Groupement d’intérêt économique (GIE) Rafale, composé de Dassault Aviation, de Safran (Snecma) et de Thales, nous offre « un transfert de technologie à 100 % », sans aucune restriction, et un « programme de coopération industrielle qui assure à la Belgique un retour économique au moins équivalent à l’investissement qu’elle fera dans le remplacement des F-16 », précise le vice-président principal de Dassault Aviation et directeur du bureau bruxellois du GIE Rafale, Yves Robins.

 

GIE Rafale « ne privilégie pas une approche comptable, mais plutôt une stratégie de coopération à moyen et long terme qui soit réellement structurante pour l’avenir de l’industrie aéronautique belge », a assuré M. Robins.

 

Dassault est un partenaire naturel et déjà le principal actionnaire de la Société anonyme belge de construction aéronautique (SABCA) avec des sites de production à Bruxelles, à Charleroi et au Limbourg. Enfin, la formation des pilotes de chasse belges se fait en France, ce qui ne peut être qu’un atout supplémentaire.

 

 

Vu l’ensemble de ces éléments, Agora Erasmus exige :

 

  • Le renoncement définitif à l’achat des F-35 ;
  • La reconnaissance officielle par l’État belge de la présence d’armes nucléaires à Kleine-Brogel, dont nous exigeons le renvoi aux États-Unis ;
  • L’arrêt immédiat du projet de renouvellement des armes nucléaires ;
  • Le respect du Traité de non-prolifération ratifié par la Belgique;
  • L’annulation de toute participation à une alliance militaire dont la doctrine se fonde sur l’utopie suicidaire d’une guerre nucléaire limitée.

 

 

 

Par Guillaume Dubost, président d’Agora Erasmus
 & Karel Vereycken, fondateur d’Agora ErasmusSolidarité & Progrès – le 13 avril 2015

 

 

Notes :

 [1] La présence d’armes nucléaires américaines sur le territoire européen est difficile à concilier avec les Articles I et II du TNP. Selon l’Art. I : « les NWS (les Etats Nucléaires) ne peuvent transférer à qui que ce soit, ni directement ni indirectement, des armes nucléaires et autres dispositifs nucléaires explosifs ni leur donner le contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs ». L’Art. II stipule encore plus clairement que les NNWS, États non nucléaires (dont la Belgique, l’Allemagne, L’Italie, les Pays-Bas, la Turquie) s’engagent « à n’accepter de qui que ce soit, ni directement, ni indirectement, le transfert d’armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires ou du contrôle de telles armes nucléaires ou de tels dispositifs explosifs ».

[2] D’après une étude de l’Université d’Anvers.

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