Belgique - Les nouveaux Belges doivent prêter serment, juge le CDH | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

Belgique - Les nouveaux Belges doivent

prêter serment, juge le CDH

 

Prêter serment quand on acquiert la nationalité belge est l’une des propositions que le Cepess, le centre d’études du CDH, inclut dans le rapport qu’il publie ce vendredi pour lutter contre le radicalisme.

 

L’idée, soutenue par le CDH, est de mieux intégrer les immigrants et leur proposer une société belge inclusive, plutôt qu’un pays où coexistent plusieurs communautés.

 

Ce rapport est le fruit de plusieurs semaines de travail et de rencontres avec une vingtaine d’experts, dont Gilles de Kerchove, Alain Grignard, Felice Dassetto, Michael Privot ou encore Fatima Zibouh. Il avait été commandé par le bureau politique du CDH après les attentats de « Charlie Hebdo ».

 

« Nous proposons de finaliser l’acquisition de la nationalité belge par une cérémonie d’accueil au niveau communal qui inclut une prestation de serment de respecter la Constitution et les textes pertinents en matière des droits de l’homme », souligne ce rapport très complet intitulé « Radicalisme : conséquence d’une fracture ? Comprendre et agir ».

 

« Aujourd’hui, obtenir la nationalité belge est une procédure bureaucratique. Le gars reçoit une lettre dans sa boîte, et c’est fini », explique Georges Dallemagne, ancien président de la commission des naturalisations à la Chambre, qui annonce le dépôt d’une proposition de loi après l’été. « Or, c’est un événement important, et nous l’avons banalisé. » La prestation de serment est une pratique courante dans de nombreux pays, dont les États-Unis.

 

Les auteurs du rapport, remis lundi dernier au CDH, proposent aussi que chaque nouveau Belge reçoive une lettre du Roi « le félicitant d’être devenu belge ». Tout cela pour renforcer le sentiment d’appartenance des immigrés au pays.

 

 

La théorie du nénuphar

 

Car sur le fond, le Cepess part du constat qu’une partie de l’immigration n’a pas été intégrée dans la société belge, qu’elle a été attirée par l’islam salafiste soutenu par l’Arabie Saoudite après le choc pétrolier des années 1970 et par le mouvement des Frères musulmans dans les années 1990 et 2000, enfin qu’elle n’a pas le même taux de réussite sur le plan scolaire que les « jeunes autochtones ».

 

Une petite fraction des jeunes s’est orientée vers le djihadisme. Une dizaine part encore chaque mois vers la Syrie et l’Irak, selon les chiffres du ministre de l’Intérieur, Jan Jambon.

 

« Les observateurs sont très clairs sur le fait que les jeunes partis en Syrie s’apparentent davantage à des « radicaux islamisés », pour qui le rattachement à un discours religieux violent est un justificatif a posteriori, qu’à des islamistes radicaux », ajoute le rapport.

 

Une fois dans les mains des groupes djihadistes, ces jeunes recrutent leurs amis, proches et voisins selon le modèle du nénuphar comme l’a joliment appelé la Sûreté de l’État. « Tous ceux qui partent deviennent des recruteurs, car ils sont payés par les groupes armés radicaux en fonction du nombre de personnes recrutées », note le Cepess.

 

 

Manque de coordination

 

Internet a joué un rôle crucial dans leur radicalisation ; voilà pourquoi le CDH a déposé mercredi une proposition de loi.

Le CDH, dans l’opposition, n’a évidemment pas la haute main sur les textes de loi. Mais ses idées croisent souvent celles de la coalition au pouvoir.

 

Ainsi en est-il du retrait temporaire de la carte d’identité (que le gouvernement Michel vient d’adopter) ou des mesures que préconise le ministre de la Justice Koen Geens pour éviter la radicalisation en prison.

 

Mais ce qui manque en Belgique, dans la lutte contre le radicalisme, estime la députée fédérale CDH Vanessa Matz, c’est « un pilote dans l’avion », une coordination interfédérale. « Chacun fait son business dans son coin. »

 

 

Blocage administratif des sites Internet ?

 

Dans une proposition de loi déposée mercredi, les députés Dallemagne et Matz proposent de confier à la Federal Computer Crime Unit (FCCU) et à son pendant régional, le soin de demander aux fournisseurs d’accès Internet comme Proximus ou Telenet de bloquer les sites qui font l’apologie du terrorisme ou de la xénophobie, deux infractions selon la loi. Le parquet serait tenu informé.

 

L’objectif est d’aller plus vite que le blocage judiciaire, plus lent, qui passe par un juge d’instruction. Car les sites djihadistes foisonnent et sont, dans 91 % des cas selon une étude française, un canal de recrutement des djihadistes. On parle du coup de « radicalisation en chambre ».

 

Une option est d’aller demander à Google ou Facebook de retirer ces contenus illégaux. C’est la méthode choisie par Scotland Yard qui parvient à faire retirer 93 % des contenus litigieux. Georges Dallemagne et Vanessa Matz proposent d’agir aussi en Belgique.

 

Proximus n’y croit guère. « On peut empêcher nos clients d’accéder à un site hébergé à l’étranger », explique Haroun Fenaux, son porte-parole. « Mais l’adresse du site peut être changée rapidement. Il suffit d’ajouter une virgule. »

 

  

Par CHRISTOPHE LAMFALUSSY - lalibre.be – le 18 juin 2015.