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La Gazette des campus de LLN et de WSL-UCL ainsi que diverses infos intéressantes visant la vérité ou l'autre vérité (qui que ce soit qui la dise, mais sans forcément prôner l'auteur).  -  Duc
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La jeunesse, cible capitale pour l’Union Européenne

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La jeunesse, cible capitale pour

l’Union Européenne

 

 

Dès sa construction, l’Union Européenne a été pensée comme un outil au service de la bourgeoisie pour anéantir les conquêtes sociales et démocratiques du mouvement ouvrier.

 

C’est une machine pour opprimer les travailleurs qui n’a fait qu’accentuer leur exploitation en les mettant en concurrence. Pour se justifier, la construction européenne s’est cependant galvanisée de grands idéaux de progrès, d’universalisme, de liberté, etc., et se présente tout particulièrement comme une opportunité pour les jeunes.

 

Voici en effet ce que l’on peut lire sur le site de la Commission européenne : « Plus de 75 millions de jeunes entre 15 et 25 ans vivent aujourd’hui en Europe. L’UE leur offre de nombreuses opportunités en développant des programmes pour accroître leur mobilité, leur permettre de parler plusieurs langues, et les inciter à s’impliquer davantage dans l’aventure européenne. »

 

Pourtant, loin de cette vision idyllique, l’UE ne sert qu’à maintenir voire à accentuer la précarisation des jeunes. Tout d’abord, les jeunes sont les premières victimes du chômage. Le taux de chômage de moins de 25 ans atteint des sommets (23,5 %) à l’échelle européenne. Les pays qui subissent le plus les politiques d’austérité imposées par les dirigeants européens (l’Allemagne en tête) sont les plus touchés. La Grèce affiche un taux de chômage des jeunes de 57,3 %. Pour l’Espagne, il atteint 56,5 %. Les conséquences de la crise systémique du capitalisme dépassent cependant la question du chômage : elles touchent en son cœur la jeunesse et son avenir.

 


Si le taux de pauvreté moyen dans l’UE s’élève à 25,1 % en 2012, selon les statistiques officielles, il grimpe à 31,3 % chez les 16-24 ans.
Cette hausse de la pauvreté est concomitante à la précarisation et la baisse des revenus qui frappent les peuples d’Europe. En Grèce, en Espagne et au Portugal, par exemple, les salaires minimums pour les jeunes avoisinent les 500 € à temps plein. En outre, leur précarité s’accentue avec la multiplication des contrats à durée déterminée, des temps partiels et des stages. Les entreprises culpabilisent les jeunes en leur renvoyant des nécessités de compétitivité, alors même que toutes les mesures européennes sur l’éducation ont contribué à mettre en concurrence les jeunes des différents pays en détruisant progressivement la valeur des diplômes et en faisant de l’université un milieu de plus en plus élitiste, qui reproduit toutes les logiques de domination économique, sociale et culturelle.

 

Le processus en cours a pour objectif de mettre en correspondance le système éducatif avec les nouvelles exigences de l’économie capitaliste. Après l’ère de la « massification », l’enseignement est à l’ère de la « marchandisation » et se rapproche de plus en plus d’un service privatisé par les grandes entreprises.

 

Depuis 1998, le Processus de Bologne a amorcé des réformes structurelles dans le système universitaire de tous les pays d’Europe, avec pour objectif de construire « l’enseignement supérieur le plus compétitif au monde ». En France, cela s’est traduit par la loi LRU (qui a soumis les universités aux logiques néolibérales, fixant aux conditions d’enseignements des obligations de performance et de rentabilité économique par un désengagement massif de l’État). La création d’un marché européen de l’emploi n’a fait qu’accroître ces dynamiques.

 

La propagande des médias dominants au service des dirigeants politiques sur la jeunesse consiste à relayer l’illusion que l’UE aurait fait de la jeunesse une « priorité ». Pour justifier cette promesse, un certain nombre de programmes ont été mis en place, en particulier afin de promouvoir la « mobilité ». Tous sont des leurres qui ne font que renforcer les inégalités économiques inhérentes au système capitaliste. Ainsi, le programme Leonardo par exemple, qui se présente comme « un programme mis en place par l’Union Européenne ayant pour but la mise en œuvre d’une politique de formation professionnelle en Europe » s’apparente en fait à du travail gratuit, où les jeunes sont payés une misère. C’est l’une des nombreuses manières que les capitalistes ont trouvées pour exploiter les jeunes en dépit des lois en les payant en dessous de tous les minima sociaux.

 

Le célèbre programme Erasmus est lui aussi particulièrement discriminant et contribue pleinement au renforcement des inégalités déjà existantes dans un système éducatif qui n’a pour projet que de reproduire les inégalités sociales qui lui préexistent. En effet, s’il entend permettre aux étudiants de faire leurs études à l’étranger, elle ne le permet que pour ceux qui en ont les moyens. Alors même que les étudiants en France sont plus de la moitié à vivre dans la difficulté financière, le manque de moyens (près de la moitié vit en dessous du seuil de pauvreté !) est encore plus criant quand il s’agit d’étudier à l’étranger. Plus de 20 % renoncent à se soigner par manque de moyens, il est donc encore moins envisageable d’imaginer partir étudier à l’étranger.

 


Mais, le programme Erasmus est aussi discriminant parce qu’il sélectionne les étudiants en fonction de leurs résultats, alors que les statistiques montrent que la précarité renforce les difficultés scolaires. Le salariat, par exemple, favorise largement l’échec, simplement parce qu’il implique moins d’heures disponibles pour le travail scolaire.

 

L’hypocrisie totale des gouvernants européens vis-à-vis de la jeunesse est particulièrement criante lorsque l’on sort du cadre continental et que l’on replace les politiques de l’Union européenne dans le cadre du système impérialiste qu’elle alimente. Alors même qu’elle prétend défendre la jeunesse, l’UE organise un massacre institutionnel de masse, en particulier des jeunes qui veulent « tenter leur chance » en Europe, avec le maintien de la forteresse Europe, renforcée par l’agence FRONTEX, dont le budget est en permanente augmentation.

 

 

 

Par Anya & Naïm - Investig’Action - le 4 juillet 2015.

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Et la précarité réelle ?

Et la précarité réelle ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Syd est maman, mais une maman en colère. Cette année, ses fêtes de fin d'année ont un goût amer. Dans une lettre adressée à la rédaction, elle fait part de son mal-être.


Un témoignage poignant mais aussi très réaliste.

Je ne devrais pas me plaindre, je sais, j’ai un toit, une maison chauffée (mais pas surchauffée), un congélateur rempli jusqu’à la fin du mois (ou pas)… 67 centimes sur le compte et nous sommes le 23/12…


Pas de fêtes prévues, pas de réveillons au calendrier, juste quelques cadeaux sous l’arbre pour les enfants, achetés au fur et à mesure depuis le mois de mai.


Je ne devrais donc pas me plaindre, pourtant…


Mon mari a perdu son emploi au mois de mai, je suis sans emploi depuis 3 ans et aucun espoir d’en retrouver, parce que :

  • j’ai fait des études ?
  • je suis trop diplômée ?
  • je dépasse l’âge légal ?
  • je suis vieille…
  • Cochez la mention inutile.


Depuis que je suis rentrée en Belgique, il y a un an, je n’ai plus aucuns droits (j’y ai pourtant travaillé toute ma vie), je n’ai plus de mutuelle (je suis à la charge de mon époux), je n’existe plus !


A l’heure où tout le monde s’apprête à fêter Noël, où toutes les télés nous abreuvent de jolis marchés, de magasins remplis de jouets, de menus de réveillon, nous voici, nous, murés dans nos quatre murs en souhaitant juste nous réveiller à l’aube du 2 janvier et oublier tout ça !


Arrêtez de me souhaiter de bons vœux, ceux de l’année dernière n’ont pas amélioré mon quotidien, loin de là!


D’ordinaire optimiste, je ne suis actuellement pas très en phase avec moi-même!


Oui, nous avons la télé (la vieille parce que la nouvelle s’est pris un orage cet été, et merci les assurances, nous n’avons pas su la faire réparer), oui nous avons internet, notre seul lien avec les amis aujourd’hui, oui nous avons une voiture, mais pas diesel… et le reste qui tombe en panne à tour de rôle (aujourd’hui le sèche-linge !)…


Je suis fatiguée d’espérer des jours meilleurs, fatiguée de faire bonne figure, fatiguée de me démener pour terminer les fins de mois convenablement, fatiguée d’avoir fait pendant 6 semaines des décos de Noël pour le marché de Noël de l’école où, au final, nous n’avons rien vendu, fatiguée de vendre des vêtements de seconde main et nos bouquins, fatiguée de faire des concours pour gagner ne fût-ce qu’une place de ciné!


Bref, ces fêtes de fin d’années ont pour moi, aujourd’hui, un arrière-goût amer…


A tous ceux qui ne se sentent pas concernés, je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année !


Aux autres, je souhaite beaucoup de courage !


Et si vous vous demandez pourquoi nous n’avons pas encore demandé à être aidé, je vous répondrai que nous sommes certainement trop fiers et que la honte ne doit pas être très loin…


Source : Lavenir.net


Koter Info's insight:


Triste réalité made in Belgium !


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Belgique - Nouvelles précarité et titres-services

Belgique - Nouvelles précarité  et titres-services | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : Michael Summers@flickr

 

Belgique - Nouvelles précarités

 et titres-services

Par Renaud Maes

 

L’ONEM définit les titre-services comme « un système subventionné par l’État Fédéral permettant aux particuliers de disposer d’un travailleur d’une entreprise agréée pour l’exécution de tâches ménagères au domicile ou en dehors de celui-ci ; (…) le titre-service permet à de nombreux travailleurs de revenir dans le circuit du travail et de disposer d’un salaire mensuel garanti. » On le constate, la description officielle ne peut manquer d’insister sur un « bienfait » annoncé de cette mesure : le retour à l’emploi et la garantie de salaire pour des travailleurs jusque là sans emploi. Mais, au juste, de quels emplois parle-t-on ? S’agit-il d’emplois « convenables » au sens de la législation, s’agit-il d’emplois voulus ? En particulier, quelles sont les conditions de travail des « bénéficiaires » de cette mesure largement financée par l’État ?

 

Dans le cadre d’une enquête sur les « nouvelles formes de précarité » amorcée en 2009 et qui couvre la région bruxelloise, j’ai suivi les parcours d’une vingtaine de travailleurs sous statut [1] « titres-services ». Pour cet article, j’ai volontairement sélectionné, parmi ces témoignages, les témoignages de cinq femmes [2] qui travaillaient en septembre 2011 comme aide-ménagères : il s’agit en effet de ceux qui révèlent le mieux d’une part les difficultés que vivent les travailleurs sous ce type de statuts et d’autre part, la précarisation croissante des femmes célibataires en région bruxelloise.

 

 

Travail subi

 

Aucune de ces femmes n’a réellement choisi de travailler via le dispositif titres-services : chacune rapporte à sa manière que c’est la menace d’une sanction du chômage ou du CPAS qui l’a poussé à postuler auprès d’une agence pour obtenir un travail sous ce statut.


Maria (42 ans, 3 enfants à charge) : « J’ai beaucoup hésité avant de postuler à l’agence, mais je n’ai pas eu le choix : le conseiller de l’ONEM a beaucoup insisté parce que vu mon profil, comme il dit, j’ai pas le luxe de choisir mon boulot. »

 

Aïcha (45 ans, 1 enfant à charge) : « Il n’y a pas de choix, quand tu vois que tu veux du travail, tu postules partout et puis tu prends et voilà. Moi je n’ai pas choisi, je veux travailler, alors voilà je travaille. C’est mieux que ne rien faire, je gagne [ma vie] honnêtement, moi. Et si je n’acceptais pas les titres-services, l’agence d’intérim me mettait tout au bas de la liste, et je n’aurais plus jamais eu de travail même d’intérim. »

 

Sophie (50 ans, 1 enfant polyhandicapé à charge) : « L’assistante sociale m’a dit qu’à mon âge, à part faire du ménage, ce n’est pas possible. Pourtant j’ai quand même eu des postes d’assistante de direction et tout, mais là c’est fini : trop vieille, ça coûte trop cher. Et me voilà faire le ménage chez les autres alors que je déteste faire ça même chez moi ! »

 

Florence (37 ans, 4 enfants à charge) : « Tu crois vraiment qu’on a envie de nettoyer chez quelqu’un ? Tu crois pas que nous aussi, on aimerait avoir une bonne pour s’occuper de nettoyer ? Moi, si je le pouvais, je ferais des études et pas ça. »

 

Isabelle (30 ans, 2 enfants à charge dont une petite fille de 10 mois) : « Oui ce n’est pas gai comme boulot, surtout quand on enchaîne plusieurs clients éloignés, avec le tram et tout. Mais bon, c’est un travail avec un contrat, et un horaire pas trop lourd… Enfin, c’est quand même bien pour ma fille, c’est l’assistante sociale qui a eu l’idée pour me permettre de m’en occuper. »

 

Il faut noter qu’un argument généralement utilisé pour légitimer les titres-services est de lutter contre le travail au noir. Cependant, il n’apparaît pas du tout évident que l’introduction de cette mesure ait contribué à la diminution du travail au noir en Belgique. Comme l’a montré l’enquête SUBLEC [3], les statistiques européennes sous-estiment largement le volume représenté par le travail non déclaré — et la baisse apparente de ces indicateurs est bien inférieure à l’erreur d’estimation. Ajoutons que toutes les études menées auprès des travailleurs concernés comme des utilisateurs du système montrent qu’une fraction tout à fait minoritaire (moins de 10 %) d’entre eux ont régularisé une situation de travail non déclaré. Pire encore, le système titres-services a provoqué un volume de fraudes très important. Comme le concluent des chercheurs de la KUL :

 

« Globalement, lorsqu’un secteur entier doit être subventionné à 80 % pour être blanchi à 10 % environ, entraînant par là un coût budgétaire considérable, le système peut difficilement être décrit comme un instrument efficace dans la lutte contre la fraude [4]. Il est en effet évident que la fraction extravagante du budget du fédéral couvrant le coût annuel de la mesure — elle aussi largement sous-estimée par les statistiques officielles, pourrait être consacrée à d’autres types de mesures plus efficaces, notamment un renforcement des contrôles.

 

 

Les missions et la relation au « client »

 

Les prestations prévues pour les titres-services sont théoriquement limitées : le nettoyage du domicile y compris les vitres ; la lessive et le repassage ; les petits travaux de couture occasionnels ; la préparation de repas et les petites courses ménagères couvrant les courses pour les besoins quotidiens. Il faut noter aussi qu’aucune prestation « titre-service » ne peut contribuer à l’activité professionnelle du « client ». Bien sûr, vu que le contrôle est très faible, les tâches réellement effectuées dépassent ce cadre. Cela n’est pas forcément mal vécu par nos témoins, cependant elles ne sont ni formées ni rémunérées pour des missions d’aide-soignante ou d’aide-comptable, pour prendre des exemples frappants !

 

Florence : « Chez un client, tu dois t’occuper à la fois du gamin et faire le repas. Puis après Madame elle veut prendre son bain, alors tu dois courir remplir la baignoire. Ils croient que c’est une bonniche qu’ils ont à disposition, tu vois. »

 

Sophie : « Il y a une vieille dame très vieille et je dois aussi m’occuper de sa toilette. Cela ne me dérange pas, elle est gentille, mais je ne pense pas que je dois faire ça normalement, en fait je ne sais pas. »

 

Maria : « Chez un client, on est plusieurs à aller parce qu’il a beaucoup besoin d’aide — c’est un vieux monsieur. Il a parfois besoin d’aide pour ses papiers, alors on l’aide. Je l’accompagne aussi à la poste, et tout. »

 

Aïcha : « Bon j’ai un médecin qui me fait nettoyer son cabinet avec des produits désinfectants, et aussi un avocat qui me fait trier des dossiers. Je crois que ça on ne peut pas. Si je le leur dis, ils voudront une autre et l’agence la leur enverra. Donc je fais tout ça aussi parce qu’en plus, c’est pas trop ennuyeux. Même si désinfecter la table chez le médecin ça dégoûte un peu ! »

 

Toutes témoignent de difficultés avec certains clients. Dans ce cas, l’attitude de l’agence dont elles dépendent s’avère défavorable aux travailleuses. Ajoutons que toutes font état de dépassements horaires non rémunérés fréquents.

Maria : « Bon, y a évidemment des clients difficiles. Par exemple, tu recouds un bouton et on te crie dessus parce que c’est pas « bien fait ». J’en ai un aussi qui est maniaque, il regarde s’il reste des traces de poussière et il envoie des messages à l’agence. »

 

Florence : « Les clients dont je te parlais, ceux-là avec le gamin insupportable, ils me crient dessus et tout. Bon, moi je m’en moque, ça glisse sur moi. Mais c’est sûr que c’est n’importe quoi et toi tu dois la fermer. Il y en a quand même plusieurs, des comme ça. Puis il y en a aussi des sympathiques, ne crois pas que je dise que tous sont des mauvais. Mais ceux-là, c’est le cauchemar. (…) Et l’agence elle ne fera rien, elle le sait bien. Mais on n’a qu’à prendre sur nous, pour eux c’est facile puisque des comme nous il y en a plein : tu peux me remplacer quand tu veux par une autre qui cherche un boulot, tu vois ? »

 

Aïcha : « J’en ai un qui me fait un chantage sur les chèques. Si je ne preste pas plus d’heures, il ne déclare pas les chèques. Et l’agence le sait, hein. Mais elle ne fait rien non plus. Donc pour lui, je fais plus d’heures et tout le monde trouve que c’est normal»

 

 

Précaires

 

Toutes les femmes interrogées sont endettées. Leur précarité est importante et leur salaire mensuel ne couvre pas leurs dépenses — il est à noter que toutes travaillent à temps partiel (souvent mi-temps). L’allocation complémentaire dont certaines disposent (chômage ou CPAS) leur est absolument nécessaire.

 

Sophie : « Mon travail c’est même pas le prix des soins pour mon gosse. Avec l’aide du CPAS et tout, ça va, tout juste. Mais je ne peux vraiment rien mettre de côté pour m’offrir quelque chose. Tu sais, pour moi ce n’est pas grave. C’est pour mon gosse que c’est dur. Je ne sais pas lui offrir les « petits plus » pour les soins. (…) Il fait du théâtre avec son école et moi je ne peux pas lui payer un costume. Alors je le lui ai fait. Mais ce n’est pas aussi beau que ceux de ses copains. Je le vois et il le voit aussi. (…) Et quand on sort de la kiné, j’aimerais bien lui offrir une glace ou une gaufre. Mais si je fais ça, c’est de nouveau la pente vers les dettes. »

 

Maria : « On a de quoi manger, payer l’école. Pas de quoi faire des fêtes. Mais ma maman qui a une pension et qui vit chez nous, elle m’aide (…) Pour faire des économies, je fais une seule fête d’anniversaire pour les enfants, mais ça ne les dérange pas. »

 

Isabelle : « La crèche et les couches : la ruine. Mon ex est même pas là pour aider – c’est moi qui l’aide, en fait. Donc sans le CPAS c’est fini. Je rembourse un peu les dettes que j’ai eues, aussi à cause de mon ex, mais je ne respecte pas l’échéancier. J’ai un peu peur, mais je crois que je vais obtenir une nouvelle médiation. Oui, en fait j’ai vraiment peur. »

 

 

Conclure ?

 

On objectera – c’est un classique – que les cinq témoignages recueillis et dont je n’ai reproduit ici que des fragments, ne sont pas représentatifs (au sens statistique du terme) et que dresser une conclusion générale quant au statut des travailleurs « titres-services » est impossible en se fondant sur ces quelques cas. Cependant, on ne peut nier l’existence de ces témoignages. Ils prouvent à l’envi que les dérives annoncées du système existent. Ce que je ne peux quantifier, bien sûr, c’est leur ampleur. Mais le fait de trouver en tirant au hasard dans une liste de plusieurs centaines de contacts, cinq situations de cet ordre, me pousserait à croire dans leur représentativité.

 

Les réalités vécues par ces cinq femmes doivent interpeler : les travailleurs sous « contrat titres-services » constituent une armée de réserve que l’on substitue déjà aux travailleurs d’une série de fonctions, précarisant par-là ces travailleurs disposant d’un meilleur statut (par exemple, les aides-soignants) ; ces travailleurs ne disposent pas du libre choix de leur travail, et leurs conditions de travail ne sont ni décentes ni convenables.

 

Mais pendant que nous posons ce constat et dans le cadre de la « préparation » à la régionalisation annoncée de l’ensemble des politiques d’emploi, les discussions pour un élargissement du dispositif à d’autres missions — par exemple dans le domaine des soins ambulatoires et dans le secteur paramédical — vont d’ores et déjà bon train…

 

 

Par Renaud Maes - Observatoire belge des inégalités.be - le 15 avril 2015

 

Notes

[1] 

Il faut noter qu’on ne peut pas vraiment considérer qu’il existe un « statut travailleur titre-service » à part entière ; bien qu’il existe un type de contrat spécifique : une grande part des travailleurs concernés cumulent leur emploi et des allocations partielles du chômage ou un revenu complémentaire octroyé par le CPAS.

[2] 

Leurs prénoms ont été remplacés par un prénom choisi par chacune d’elle.

[3] 

Jozef Pacolet, Sergio Perelman, Frederic De Wispelaere, Jérôme Schoenmaekers, Laurent Nisen, Ermano Fegatilli, Estelle Krzeslo, Marianne De Troyer, Sigrid Merckx (2012) Social and fiscal fraud in Belgium. A pilot study on declared and undeclared income and work : SUBLEC, Leuven : Acco.

[4] 

Jozef Pacolet, Frederic De Wispelaere, Sofie Cabus (2010) Les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel. Le coût réel des titres-services. Leuven : Hiva (KUL).

 

Cet article a initialement été publié sur le site du JIM.

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