La magie des vrais fruits (partie 1/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

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1) Professeur Henri Joyeux — ereflexion.org

2) fruits secs — fr.cdn.v5.futura-sciences.com

3) fruits frais — thelifeyoulive.com

 

 

La magie des vrais fruits (partie 1/2)

Par le Professeur Henri Joyeux (*)

 

L’été est la saison idéale pour se régaler des fruits que nous procure la nature, et réfléchir à leurs divers intérêts pour notre santé. Certaines personnes croient qu’elles ne peuvent pas manger de fruits du fait d’une fragilité intestinale, comme celles qui souffrent de diverticules par exemple. C’est parfaitement faux. Il faut juste faire les choses en douceur, progressivement, comme nous allons le voir.

 

Il y a quelque temps, je suis allé dans une école publique rencontrer des élèves de CM2 pour une intervention de prévention santé. Je leur ai demandé : « Comment appelle-t-on le sucre du fruit frais ? »

Arthur a répondu : « Monsieur, c’est le fruibiose ».

 

Je félicite vivement ce petit Arthur, car c’est ainsi que devrait s’appeler le sucre des fruits frais bio, le fruibiose. C’est un néologisme tellement poétique, et riche de sens ! Les biochimistes, eux, ont nommé le sucre des fruits « fructose ». Hélas, ce terme recouvre des réalités très différentes : car tous les fructoses ne se valent pas.

 

 

Les confusions « fruibiose » - fructose

 

Affirmer que le fructose est le principal moteur du diabète est vrai s’il s’agit du fructose raffiné, isolé par l’industrie agroalimentaire, pour être ensuite ajouté aux aliments et boissons. Celui-là, c’est exact, participe à faire le lit du diabète de type 2 Et de certaines autres pathologies articulaires, telles la goutte.


Celui que nous appellerions volontiers « fruibiose » n’est pas en cause dans le diabète, car c’est le sucre naturel des fruits. Le fructose « en poudre », en revanche, est en cause.

 

« Il existe un énorme corpus de preuves scientifiques, de données d’observation et de résultats d’essais cliniques qui suggèrent que le fructose ajouté – même par rapport à d’autres sucres – est le principal moteur du développement du diabète et de ses conséquences », a indiqué dans un communiqué la célèbre Mayo Clinic de Rochester, aux États-Unis, le 29 mars 2015. « L’ajout de fructose – que ce soit sous forme de saccharose ou de sirop de maïs à haute teneur en fructose – est associé à une série d’effets biologiques indésirables chez l’homme comme chez l’animal ».

 

Par souci de précision, ajoutons que le « saccharose » n’est autre que le sucre de cuisine, très couramment utilisé, qui contient 50 % de fructose et 50 % de glucose.

 

 

Vous l’avez compris, le sirop de maïs à haute teneur en fructose (jusqu’à 65 %) est, lui, un vrai toxique. Il doit disparaître de notre alimentation.

 

Dès que vous le voyez sur une étiquette, dans l’intérêt de tous, boycottez sans hésiter. Aux États-Unis, chaque habitant consomme en moyenne 25 kg de fructose par an, sans le savoir. L’obésité due surtout aux sucres atteint plus de 30 % de la population américaine et elle coûte 200 milliards de dollars.

 

Comment est-ce possible ? Tout simplement par le biais de la consommation des boissons industrielles de toute sorte, et à travers l’immense majorité des aliments emballés ou préparés.

 

Ce fléau s’est répandu sur une large partie de la planète : les populations du Canada, du Mexique, mais aussi du Japon, tous plus ou moins sous influence américaine, sont de gros consommateurs des ces aliments et boissons issus de l’industrie agroalimentaire. Et ces sociétés sont très dépendantes des publicités radiotélévisées. En France aussi ce phénomène se développe : nous atteignons au moins 1 kg de fructose par habitant et par an et nous sommes poussés par les publicités à imiter de plus en plus les Américains.

 

 

Le diabète, un véritable fléau mondial

 

Près d’une personne sur dix dans le monde est touchée par le diabète et la fréquence augmente avec l’âge.

Dans le diabète de type 1, une anomalie immunitaire, génétique ou non, empêche le pancréas de fabriquer sa deuxième hormone [1] l’insuline.

 

Celle-ci est normalement hypoglycémiante, elle facilite l’entrée du glucose dans les cellules. Si l’insuline n’est pas fabriquée ou insuffisamment, il en résulte une augmentation du taux de sucre dans le sang qui passe au-dessus de la barre de 1 g/litre de sang.

 

Une consommation excessive de sucres « rapides » par les sodas, les pâtisseries, le pain blanc, les pâtes blanches, les jus de fruits industriels, augmente le taux de sucre dans le sang. Le taux d’Insuline augmente alors aussi dans le sang, et les cellules de l’organisme y sont de moins en moins sensibles. On parle d’insulino-résistance.

 

La sensibilité à l’insuline augmente jusqu’à ce que le médecin soit obligé de prescrire un antidiabétique oral, puis de l’insuline.

 

C’est de cette manière que l’on crée le diabète de type 2, essentiellement par une alimentation trop riche en sucres rapides. Ces sucres rapides en excès seront transformés en graisse par le foie, stockés d’abord dans le foie (foie gras ou stéatose hépatique) puis dans le tissu adipeux du ventre, des fesses, des hanches… partout !

 

Cette hyperinsulinémie est associée à une augmentation des triglycérides et des graisses saturées. Elle diminue fortement votre espérance de vie parce qu’elle augmente le risque de maladies cardiovasculaires.

 

En France, près de 5 % de la population est atteinte par le diabète de type 2, aux USA près de 40 % des adultes, ce qui devient un véritable fléau social. L’INSERM considère que ce pourcentage est faux chez nous, car « 20 % des personnes diabétiques âgées de 18 à 74 ans ne sont pas diagnostiquées. »

 

 

17 milliards d’euros : le poids économique du diabète en France

 

Le surpoids et l’obésité sont donc le plus sûr chemin pour devenir diabétique. Et je ne détaillerai même pas la longue liste de complications que cela peut entraîner [2] !

 

Dites-vous bien que les lobbies de l’industrie pharmaceutique ne sont pas malheureux de vous proposer de multiples traitements, de vous suivre régulièrement. Le diabète coûte à la France 12,5 milliards d’euros par an et 5 milliards de coûts indirects… Le poids économique total atteint 17 milliards !

 

 

Revenons-en aux fruits.

 

Dans les fruits, le fructose naturel, notre cher « fruibiose » ne représente que 1 % du poids d’une pêche mûre, tandis que le fructose représente souvent jusqu’à 50 % du poids (parfois plus !) des sucres ajoutés.

 

L’alimentation industrielle ne se gêne pas pour ajouter de grandes quantités de fructose. D’abord avec le saccharose, ce sucre qui associe une molécule de glucose et une de fructose, que nous connaissons sous forme de poudre ou de morceaux (sucres raffinés). Puis, de plus en plus, avec le sirop de maïs dont 32 % proviennent de plantes génétiquement modifiées (PGM). Leur objectif est de nous rendre « addicts », une dépendance qui nous incitera à consommer toujours davantage.

 

 

Les fruits sont excellents pour votre santé :

pourquoi ?

 

La consommation d’« au moins 5 fruits et légumes par jour », comme cela est recommandé par le Programme national nutrition santé (PNNS), est une goutte d’eau pour votre santé. Surtout quand on ne précise pas quel type de fruits et comment les consommer.

 

 

La composition des fruits : une pluie de minéraux

et de vitamines excellents pour la santé

 

Demandez à votre médecin la quantité de calcium qui est contenue dans un fruit. Il vous répondra évasivement qu’il n’y en a pas ou si peu, et que le calcium se trouve seulement dans le lait. Vous pourrez donc gentiment lui offrir cette lettre !

 

  •  L’eau des fruits est excellente. Le fruit en contient jusqu’à 80 % de son poids. Lorsque la chaleur nous écrase en été, il faut consommer beaucoup de fruits mûrs et de saison, qui sont bien plus efficaces que tous les brumisateurs…


  • Les minéraux sont les meilleurs pour l’organisme, car provenant du végétal, ils sont absorbés jusqu’à 75 % par le tube digestif. C’est notamment vrai pour le calcium. Pour cela, il faut que les fruits soient longuement mastiqués, et goûtés dans « le palais des saveurs ».

 

 

Calcium : les fruits qui présentent les meilleurs apports (en milligrammes dans 100 g de fruits)

 

Il y a 254 mg de calcium dans les amandes, 200 dans les noisettes, 126 dans une figue sèche, 105 dans une olive verte, 82 dans les noix et 176 dans celles du Brésil, 74 dans une châtaigne sèche, 71 dans une datte sèche, 67 dans un abricot sec, 56 dans une airelle fraîche, 55 dans le cassis frais, 45 dans la framboise fraîche, 33 dans une mandarine, 30 dans une orange, 16 dans un abricot frais

 

 

Magnésium : les fruits qui présentent les meilleurs apports (en milligrammes dans 100 g de fruits)

 

Il y a 254 mg dans les amandes sèches, 150 dans les noisettes, 129 dans les noix, 100 dans la cerise des Antilles, 70 dans la figue sèche, 62 dans l’abricot frais, 45 dans l’avocat et 35 dans la banane

 

 

Potassium : les fruits qui présentent les meilleurs apports (en milligrammes dans 100 g de fruits)

 

Il y a 1 370 mg de potassium dans l’abricot sec, 1 010 dans la figue sèche, 278 dans la fraîche, 800 dans l’amande sèche, 680 dans l’avocat, 380 dans la banane fraîche, 650 pour la datte sèche, 350 pour la fraîche, 379 pour la grenade fraîche, 268 dans la nectarine, 260 dans la pêche, 250 dans la cerise douce, 160 dans le citron frais et la fraise fraîche, 150 dans la cerise des Antilles et 120 dans la pomme.

 

 

Par ailleurs, les fruits sont pauvres en sodium. À l’exception des olives en saumure (2 400 mg pour 100 g), le taux de sodium est très faible dans les fruits. Cela permet aux personnes âgées, y compris insuffisants cardiaques, de les consommer aisément. Ils aident à limiter les effets des excès de sodium chez les hypertendus.

 

 

 

Professeur Henri Joyeux (*) - santenatureinnovation.com - le 23 juin 2015

 Notes :

[1] La première souvent peu connue est le glucagon qui est hyperglycémiant.

[2] Infections dentaires (gingivites, parodontites) – Les reins sont dépassés par le sucre que normalement ils ne doivent pas filtrer, donc risques d’insuffisances rénales progressives jusqu’au rein artificiel – Hypertension artérielle et atteintes cardiaque (infarctus) et cérébrale (AVC) – Problèmes rétiniens jusqu’à la cécité et de cornée – Obstructions de petits vaisseaux, ce sont les artérites des membres inférieurs, jusqu’à la gangrène qui nécessite l’amputation – Mauvaise cicatrisation des plaies (pied diabétique insensible et infecté) – Troubles métaboliques avec acidocétose par manque d’insuline pouvant conduire au coma…

 

(*) NDLGazette : Henri Joyeux, né le 28 juin 1945 à Montpellier est professeur des universités, praticien hospitalier de cancérologie et de chirurgie digestive à l’université Montpellier 1. Il est également écrivain, conférencier, marié et père de six enfants. Wikipédia