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Pourquoi nous avons un be­soin vital de CO2

 Par István E. Markó


Le CO2 n’est ni un poi­son, ni un pol­luant. Il ne l’a ja­mais été et il ne le sera ja­mais. Mal­gré les nom­breuses cam­pagnes me­nées par des ONG en­vi­ron­ne­men­ta­listes, en dépit des ac­cu­sa­tions mé­dia­tiques, et non­obs­tant sa condam­na­tion par cer­tains po­li­ti­ciens, le CO2 est et reste ce qu’il a tou­jours été : l’une des mo­lé­cules les plus im­por­tantes de la vie ! Pas de CO2 et pas de vie sur Terre telle que nous la connais­sons.

 

Le CO2, c’est avant tout "la nour­ri­ture" des plantes. C’est leur ali­ment de base. La pho­to­syn­thèse, cette mer­veilleuse trans­for­ma­tion que les plantes ont ap­pris à maî­tri­ser, uti­lise la lu­mière du so­leil et le CO2 pour fa­bri­quer sucres, cel­lu­lose et ami­don et don­ner vie à nos vé­gé­taux. Pas de CO2, pas de plantes et donc pas d’her­bi­vores, ni de car­ni­vores, ni… d’hu­mains. Le CO2 est vrai­ment source de vie.

 

 

Nos vé­gé­taux ont faim

 

Nous sa­vons au­jour­d’hui que nos vé­gé­taux sont af­fa­més en CO2. De nom­breux scien­ti­fiques ont mon­tré que la quan­tité de CO2 dans l’air était plus im­por­tante au­pa­ra­vant et que nos plantes souffrent d’un manque chro­nique de gaz car­bo­nique. Elles ont faim.


Tous ceux qui cultivent dans une serre bo­ta­nique in­dus­trielle savent très bien que la quan­tité de CO2 à l’in­té­rieur de la serre est en­vi­ron trois fois plus éle­vée (1100 à 1200 ppmv) que celle pré­sente dans l’at­mo­sphère que nous res­pi­rons (un peu moins de 400 ppmv en 2015).

 

Dans ces condi­tions, les vé­gé­taux poussent plus vite, sont plus ro­bustes, ap­pré­cient une tem­pé­ra­ture plus éle­vée et consomment moins d’eau.

 

Cette der­nière pro­priété ex­plique aussi pour­quoi, de­puis plus de 30 ans, on ob­serve un ver­dis­se­ment de la pla­nète de plus de 20 %. Oui, vous lisez bien! Il y a 20 % de ver­dure en plus sur Terre au­jour­d’hui qu’il n’y en avait il y a trente ans. Mal­gré la dé­fo­res­ta­tion conti­nue et l’ac­tion des hommes, les plantes poussent plus vite et en plus grand nombre, car elles ont enfin da­van­tage de nour­ri­ture.

 

L’un des ré­sul­tats les plus vi­sibles (par sa­tel­lite) de ces condi­tions fa­vo­rables à la crois­sance des plantes est le recul de cer­tains dé­serts, dont celui du Sahel. L’autre est l’aug­men­ta­tion constante de la pro­duc­tion mon­diale de cé­réales pour les­quelles une hausse du taux de CO2 at­mo­sphé­rique est un for­mi­dable bonus. Une belle gifle pour ceux qui veulent di­mi­nuer la quan­tité de CO2 pré­sent dans l’at­mo­sphère. La na­ture nous donne un tout autre mes­sage : en­core du CO2 ! Plus de CO2 !

 

 

L’ap­port du phy­to­planc­ton

 

Pour vivre, la plu­part des ani­maux, en ce com­pris les hu­mains, ont be­soin d’oxy­gène. Ce­lui-ci est pro­duit no­tam­ment par les arbres et les vé­gé­taux, mais en quan­ti­tés re­la­ti­ve­ment faibles.

 

La ma­jo­rité de l’oxy­gène que nous res­pi­rons pro­vient du phy­to­planc­ton. Ces mi­nus­cules or­ga­nismes ma­rins uti­lisent la lu­mière du so­leil et le CO2 at­mo­sphé­rique pour se nour­rir. Ils re­jettent en même temps d’im­por­tantes quan­ti­tés d’oxy­gène. Plus de 75% de l’oxy­gène pré­sent dans l’at­mo­sphère pro­vient de ce phy­to­planc­ton et donc, du CO2 qu’ils uti­lisent.


Pas de CO2, pas de phy­to­planc­ton et donc pas assez d’oxy­gène pour vivre. À l’in­verse de ce que l’on tente de nous im­pri­mer, les fo­rêts ne sont pas les "pou­mons" de la Terre, à peine quelques pe­tites al­véoles pul­mo­naires. Les vrais pou­mons, ce sont les phy­to­planc­tons !

 

 

Bête noire

 

Mal­gré toutes ces qua­li­tés vi­tales à notre sur­vie, le CO2 est de­venu la bête noire des cli­matologues alar­mistes du GIEC (Grou­pe­ment In­ter­gou­ver­ne­men­tal pour l’Étude du Cli­mat) et des ONG en­vi­ron­ne­men­ta­listes qui ac­cusent le CO2 pro­duit par l’Homme (uni­que­ment ce­lui-là…) d’être res­pon­sable de l’aug­men­ta­tion de la "tem­pé­ra­ture moyenne" de notre globe de­puis le début de l’ère in­dus­trielle.

 

Pour­tant, le CO2 est un gaz à "effet de serre" dont la puis­sance de ré­chauf­fe­ment est égale à… 1 ! À titre de com­pa­rai­son, la va­peur d’eau est 10 fois plus puis­sante et cer­tains fréons plus de 10.000 fois !

 

 

 

Par István E. Markó, pro­fes­seur à l'UCL (*) - lecho.be – le 16 avril 2015

 

(*)  L’au­teur s’ex­prime à titre per­son­nel.