Ukraine/Donbass : situation confuse sur Shirokino | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ukraine/Donbass :

situation confuse sur Shirokino

 

Le nombre de volontaires de la Fédération de Russie intégrés dans les rangs des armées des Républiques populaires de Lugansk et de Donetsk ne dépasse pas les 2 %. Un élément de plus qui remet en cause le mythe de « l’invasion russe » si choyé du côté de Kiev, de Bruxelles et de Washington. Dans les rangs des forces de Kiev, en revanche, la présence étrangère y est très forte et quasi omniprésente au sein d’unités comme « Azov », dans les « bataillons » DUK ou dans « Dnepr-1 ». D’ailleurs, ces derniers jours, on a encore décompté nombre de ces personnels étrangers parmi les victimes d’accrochages intensifs, sur Shirokino par exemple. Shirokino où, ce soir, la situation est incertaine.

 

Depuis ce début du mois de juillet, aucun changement significatif n’est intervenu sur l’ensemble de la ligne de front. Néanmoins, on note une généralisation des frappes de l’artillerie kiévienne contre les grandes agglomérations de Gorlovka et de Donetsk (Lugansk est encore relativement épargnée), tous les soirs à partir de 20 h (heure locale).

 

L’information centrale de ces dernières 48 heures se situe sur la partie la plus au sud du front du Donbass, sur le village côtier de Shirokino qui viendrait d’être déclaré « zone démilitarisée » et où la situation est particulièrement confuse ce soir.

 

 

Shirokino « démilitarisé » ?

 

La situation est très opaque depuis au moins 24 heures sur Shirokino. Avant-hier, après l’annonce du « retrait » des forces de Kiev du village côtier de Berdyanskoe jouxtant au sud-ouest Shirokino (suite aux pilonnages de l’artillerie républicaine), le porte-parole du ministère de la Défense de la RPD, Eduard Basurin, déclarait que la démilitarisation de Shirokino était en cours sous la responsabilité de mission de l’OSCE. Le 1er juillet, le représentant officiel de la RPD pour les négociations concernant les accords de Minsk, Denis Pushilin, avait affirmé qu’un retrait « unilatéral » des forces de Nouvelle Russie avait été décidé.

 

Pourtant, les combats se poursuivaient, toujours aussi intenses… Du côté de la partie ukrainienne, on se permettait alors de nouvelles provocations : c’est ainsi que Shirokino fut une fois de plus copieusement pilonné et que la presse kiévienne s’empressa d’accuser les… « Russes » ! Tout en confirmant le retrait des forces indépendantistes du village…

 

En même temps, on apprenait que de nouveaux renforts étaient arrivés sur Mariupol et qu’entre 55 et 70 engins d’artillerie (obusiers tractés, lance-roquettes multiples, automoteurs d’artillerie…) étaient positionnés à l’est immédiat de Mariupol faisant face à la ligne Pavlopol-Shirokino. Du 1er juin au soir jusqu’au lendemain, on a enregistré sur l’ensemble de ce secteur une augmentation des combats d’infanterie avec le soutien de l’artillerie des deux côtés, et cela jusque plus au nord vers Telmanovo.

 

Les affrontements furent tels que les forces ukrainiennes durent finalement reconnaître nombre de pertes comme cet officier géorgien, sans doute rattaché au « régiment » de néonazis « Azov », Kote Lashkhi, « tué dans un accident » (sic). Le nouveau gouverneur de la région d’Odessa, l’ex-dictateur géorgien Mikhail Saakachvili, a même affirmé sur sa page Facebook le connaître. Selon lui, l’officier se serait « noyé dans la mer » (sic)… Et l’ex-potentat atlantiste de Tbilissi de rappeler que nombre d’« officiers géorgiens ont été tués (sous-entendu en Ukraine depuis le conflit) : Giorgi Janelidze, Alexander Grigolashvili, Tamaz Sukhiashvili, des centaines de Géorgiens défendent l’Ukraine dans les différentes unités de combat ukrainiennes. Ils sont tous venus pour défendre notre avenir commun (sic). » Il n’a pas précisé s’ils avaient appris à nager.

 

Hier soir, des informations non confirmées faisaient état du retour sur Shirokino de groupes de miliciens (infos confirmées cet après-midi par un tweet de Pushilin), alors que des pilonnages massifs sur Sakhanka étaient signalés depuis le retrait officiel des FAN du village côtier. Si les raisons de quitter Shirokino étaient de réduire l’intensité des combats dans cette zone, c’est à l’évidence un échec puisque les forces de Kiev se concentrent désormais contre Sakhanka (quelques kilomètres au nord-est), obligeant les forces républicaines à riposter aux mortiers de 120 et même en employant des automoteurs d’artillerie de 152. Un accrochage a eu lieu sur le village vers 16 h 20 (heure locale).

 

À l’heure actuelle, il est impossible de savoir avec certitude qui contrôle Shirokino. En tout état de cause, les forces ukrainiennes ne sont pas dans le village.

 

D’un point de vue opérationnel ; l’abandon ou pas de Shirokino ne change rien fondamentalement, mais du point de vue de la propagande, la junte va tenter d’exploiter ce phénomène local afin de mobiliser son opinion publique. Depuis l’hiver dernier, les combats dans et autour du village ont tué 70 combattants d’« Azov » (sans doute aussi de « Donbass » et de l’unité islamiste tchétchène affiliée au DUK/Praviy Sektor) et blessé 200 à 250 d’entre eux. C’est ce qu’a reconnu à la télévision ukrainienne le commandant officiel de l’unité néonazie Andrey Biletsky. Vu le profil du personnage, on peut donc s’attendre au double voire au triple en ce qui concerne les pertes.

 

 

À l’Est rien de nouveau…

 

Ailleurs, la pression sur la « Piste Bahmutka », sur le nord de Pervomaïsk, sur Gorlovka et bien entendu sur Donetsk ne faiblit pas. Les jours se suivent et se ressemblent avec leurs lots de pertes humaines et matérielles ; alors que les tentatives conjointes de reconnaissances offensives au nord et à l’ouest de Donetsk ont fait chou blanc.

 

Si le commandement kiévien semble insister dans sa volonté de reprendre les attaques pour tenter une percée sur la ligne de front, au sein de nombre d’unités sur le terrain, la lassitude gagne parfois la troupe.

 

Ainsi, les médias ukrainiens ont dernièrement évoqué le fait que des soldats de la 28e brigade mécanisée avaient exprimé leur mécontentement parce qu’ils n’avaient pas été relevés depuis 10 mois. De plus, les familles de ces soldats ont reproché au régime en place le manque d’assistance médicale et psychologique constaté pour les combattants éprouvés. Autant dire que le moral des troupes n’est pas au mieux.

 

Avec seulement 9 % de bénévoles, la cinquième conscription ukrainienne est loin d’être une réussite. On peut comprendre les conscrits qui, chaque jour, apprennent par les entrefilets de la presse, en consultant Internet ou par le bouche-à-oreille qu’un aller simple pour le Donbass équivaut souvent à un retour dans un sac à viande froide ou sur une civière.

 

Ainsi, hier vers 18 h 15, à la station de Berdyansk (à environ 40 km au sud-ouest de Mariupol, région de Zaporije), d’aucuns ont pu apercevoir un convoi ferroviaire de blessés qui, à lui seul, en disait long sur les affrontements quotidiens sur la ligne de contact.

 

 

 

Par Jacques FrèreNationsPresse.info – le 3 juillet 2015.