Les paysans du Burkina Faso dénoncent l’illusion des « OGM qui aident les peuples pauvres » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : manifestation à Ouagadougou le 23 mai

 

Les paysans du Burkina Faso dénoncent l’illusion

des « OGM qui aident les peuples pauvres »

Par Patrice de Plunkett (*)

 

Manifestation dans la capitale du Burkina Faso samedi dernier : petits paysans et agronomes ont crié « virez Monsanto ! ». C’était la journée mondiale de résistance aux OGM : et, là, les bien-pensants ne pourront pas dire que la résistance à Monsanto est le fait d’intellectuels de l’hémisphère nord. On avait vu les évêques de l’Inde demander l’interdiction totale des OGM dans le sous-continent « pour protéger les paysans pauvres » ; voici des Africains qui demandent la même chose.

 

L’ex-président Compaoré avait fait du Burkina Faso le seul pays ouest-africain à cultiver en plein champ le coton transgénique (OGM insecticide Bt). Aujourd’hui cet OGM couvre 73 % de la production nationale. Sa généralisation a été opérée – comme ailleurs – avec des promesses de rendements mirobolants... Puis, comme ailleurs, les paysans se sont aperçus que le sol perdait sa fertilité au fil des récoltes.

 

Et ils ont découvert concrètement ce qu’implique le système Monsanto : devoir racheter tous les ans les semences OGM, vingt fois plus chères que les semences traditionnelles ; devoir acheter toujours plus d’engrais, le sol perdant sa fertilité ; et devoir acheter des insecticides de complément, parce que même l’efficacité anti-insectes du Bt est aléatoire ! La pauvreté du paysan burkinabé ne lui permettant pas de faire ces achats, il est obligé d’emprunter.


Sans compter que la qualité du coton diminue avec l’OGM Bt, dont la fibre est « plus courte que celle du coton traditionnel »...

 

Résultat, explique le syndicaliste paysan Issouf Sanou (Libération, 25/05) : « C’est une prison, ce système ! Il faut tout le temps produire du coton pour payer tes dettes ! » Cette situation touchant les 3,5 millions de Burkinabés qui vivent du coton, les manifestants de Ouagadougou réclament « un moratoire de dix ans sur les OGM » : le temps de réaliser les expertises indépendantes... que Monsanto esquive, partout et depuis toujours.

 

Il faut faire circuler cette information : pour éradiquer – là où elle persisterait encore – la vieille fable bien-pensante des « OGM qui nourrissent les peuples pauvres ». Et le non moins vieux scrupule bien-pensant : « gardons-nous de paraître critiquer la Technique... »

 

 

 

Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com – le 25 mai 2015

(*) Patrice de Plunkett, né à Paris le 9 janvier 1947, est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (Source Wikipédia)


 

http://burkina24.com/2015/05/23/marche-contre-les-ogm-a-ouagadougou-proces-en-regle-contre-mosanto/

http://news.aouaga.com/v/37965.html

http://www.jeuneafrique.com/Article/DEPAFP20150524113247/