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L’OPPOSITION DÉMOCRATIQUE  EN RUSSIE

Par Yvan Blot (*)


On refuse de voir la réalité : les électeurs russes sont en majorité poutiniens et l’opposition reste dominée par le parti communiste de Russie. De plus, la plupart des partis représentés au parlement donc représentant effectivement une fraction populaire importante, sont patriotes. D’autres sondages évoqués dans la brochure de club de Valdaï de 2013 sur l’identité nationale révèlent que 81 % des Russes se disent patriotes ou très patriotes.

 

Les élites occidentales trouvent commode de se prononcer contre Poutine, mais en réalité elles s’opposent à l’immense majorité de la société civile russe qui défend les valeurs traditionnelles et le patriotisme. Ces élites ont d’ailleurs des problèmes croissants avec leur propre opinion publique : en France, en Angleterre, en Italie, et plus récemment en Allemagne, on observe une montée du patriotisme et des valeurs conservatrices surtout chez les jeunes. Ces élites devraient plutôt s’interroger sur leur défaveur croissante dans le public plutôt que de rêver sur une déstabilisation de la Russie parfaitement invraisemblable dans l’état de la sociologie politique de la Russie

 

Si l’on considère que la démocratie est un régime « par le peuple et pour le peuple » comme c’est écrit dans l’article deux de la Constitution française, la Russie est bien plus démocratique aujourd’hui que la plupart des régimes d’Occident (sauf la Suisse). Les valeurs des élites politiques russes et du peuple russe sont les mêmes : valeurs traditionnelles, notamment chrétiennes et patriotisme.

 

Par contre, en Occident, il y a un fossé croissant entre le peuple et les élites politiques comme je l’ai montré dans mon livre « l’oligarchie au pouvoir ». En France, MM. Bréchon et Tchernia, du CNRS ont montré que seulement 35 % de la population fait confiance au gouvernement et au Parlement ; les partis ont le score catastrophique de 18 % de confiance et le président Hollande n’a guère plus de soutien. Curieuse démocratie que la France où les citoyens donnent au régime la note de satisfaction de 3,9 sur 10 chiffre qui ne fait que baisser depuis une vingtaine d’années. Ce chiffre est de 8 sur 10 en Suisse, pays où les citoyens sont consultés fréquemment par référendums.

 

La Russie est actuellement attachée à son président qui a une légitimité démocratique réelle que beaucoup de présidents de pays occidentaux pourraient lui envier. C’est peut-être la source d’une jalousie maladive ! Mais l’opposition démocratique représentée au Parlement défend elle aussi des valeurs traditionnelles et patriotiques, ce qui est inadmissible pour des médias occidentaux formés aux valeurs de mai 68, hostiles à la famille, aux traditions, aux racines historiques et chrétiennes et détestant le sentiment patriotique lui-même.

 

Donc ces médias se raccrochent à des opposants de rue très minoritaires dans l’électorat, adulés par les élites politiques occidentales, mais peu reconnues au sein du peuple russe. En fait l’hystérie antirusse n’est pas seulement tournée contre Poutine, mais aussi contre l’opposition démocratique représentée au parlement russe. C’est pour cela que l’on fait silence sur cette opposition.

 

Cette attitude est un aveu : en réalité les manipulateurs de l’opinion en Occident se méfient de tous les peuples, et cette méfiance leur est d’ailleurs justement retournée : 38 % seulement des citoyens en France (études de Bréchon et Tchernia déjà citées) disent faire confiance aux médias pour dire la vérité !

 

Il ne faut donc pas s’attendre à une déstabilisation de la Russie, mais plutôt à une déstabilisation en Europe occidentale où les dirigeants ont d’ores et déjà perdu beaucoup de leur légitimité populaire !

 

 

 

Par Yvan Blot (*) - metamag.fr - le 16 mars 2015

 

(*) Yvan Blot est un haut fonctionnaire, homme politique, essayiste et consultant français… (Source : Wikipédia)