LLN - Le cuivre de la piscine | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Pour désinfecter l'eau de baignade, la piscine du Centre sportif de Blocry n'utilise pas du chlore mais une solution à base de cuivre et d'argent. En principe, c'est moins nocif pour le personnel technique et les nageurs. Mais du coup, il y a trop de cuivre dans les égouts de Louvain-la-Neuve et à la station d'épuration de Wavre. Le Centre sportif essaie désormais de récupérer le cuivre à la source.


Le problème est apparu en 2013 lors de la remise en route de la station d'épuration de la vallée de la Dyle à Wavre. Le taux de cuivre mesuré dans les boues d'épuration était trop élevé, au-dessus des normes tolérées pour l'épandage agricole de ces boues. Du coup, l'Intercommunale du Brabant wallon (IBW) a dû se résoudre à incinérer ces boues plutôt que de les valoriser en agriculture. Il a fallu quelques mois de recherche et d'analyse pour identifier l'origine de cette pollution : les piscines du Centre sportif de Blocry à Louvain-la-Neuve.


Pour désinfecter les eaux de baignade, le Blocry utilise un système électrolytique à base de cuivre et d'argent, censé comporter des avantages par rapport au chlore. "L'efficacité bactéricide est sans doute plus faible que le chlore, mais néanmoins suffisante, estime Marc Jeanmoye, le directeur du Centre sportif. Et c'est une solution moins agressive pour les nageurs (ndlr : 400 000 par an) et pour le personnel de la piscine". Au départ, la technique paraissait même avantageuse sur un plan environnemental. Le chlore, en effet, impose un renouvellement périodique de l'eau et de l'air pour éliminer les déchets de chlorasine, ce qui entraîne des rejets de gaz dans l'atmosphère et augmente la consommation d'énergie pour chauffer la piscine.


C'était un peu trop beau... D'après le rapport réalisé en 2013 par le Centre d'expertise en traitement et gestion de l'eau (Cebedeau), "le rejet de la piscine de Louvain-la-Neuve contient beaucoup de cuivre, nettement plus que la concentration limite autorisée pour un rejet en égout (...) La masse de cuivre déversée dans le réseau d'égouttage est considérable, près de 6,5 kg en deux jours. Extrapolée sur une année civile, la charge atteint 330 kg de cuivre par an, sur la base de 2 purges de nettoyage des filtres par semaine."


D'après l'IBW, ce sont ces rejets dans les égouts de Louvain-la-Neuve qui expliquent le forte teneur en cuivre dans les boues de la station d'épuration de Wavre. "En 2013, nous avons régulièrement dépassé la norme de 600 mg par kilo admis par les pouvoirs publics pour l'épandage agricole, explique Vincent Gooris, directeur adjoint du département Assainissement de l'IBW. Dans un premier temps, les boues polluées ont été incinérées. En 2014, nous sommes parvenus à redescendre sous la norme en mélangeant plusieurs types de boue afin de diminuer le taux de cuivre."


Mais en juin 2014, l'IBW a mis le Centre sportif de Blocry en demeure de trouver une solution pour diminuer ses rejets de cuivre dans les égouts. "Nous avons provisoirement conçu un système de récupération du cuivre à la source, explique Marc Jeanmoye. Lors du nettoyage des filtres de nos piscines, l’eau du lavage est conservée dans un bac tampon, où le cuivre se dépose au fond du récipient par décantation accélérée. Nous récupérons ainsi plusieurs centaines de litres d'eau très chargées en cuivre, qui ne partent plus à l'égout."


Malheureusement, la manipulation entraîne plusieurs heures de travail supplémentaires pour le personnel d'entretien de la piscine et n'est pas économiquement viable à long terme. "Nous avons entamé une recherche en collaboration avec l'UCL pour trouver une solution plus durable", ajoute Marc Jeanmoye.


D'après les premières mesures, ce dispositif provisoire réduirait de 30 % les rejets en cuivre dans les égouts de Louvain-la-Neuve. Et l'IBW confirme de son côté que les taux dans les boues de la station d'épuration de Wavre sont retombés à des niveaux acceptables.


François Louis

Source : RTBF