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Contre le transatlantisme

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Source affiche : http://www.constituante.be



Contre le transatlantisme

 

Les 17 et 18 avril, on réfléchit et on se mobilise

contre le TTIP !

.

C’est sur les cinq continents que les mouvements sociaux appellent, le 18 avril prochain, à des actions et des mobilisations sur le thème : « Les peuples et la planète avant le profit ! ».

 

En Belgique, plusieurs plateformes (Acteurs des Temps Présents, Tout Autre Chose, Hart Boven Hard) joignent leurs efforts à ceux de l’Alliance d19-20 pour organiser deux jours d’actions et de réflexions contre les traités de libre-échange (TTIP, CETA, TISA, APE…).

 

Les réjouissances commenceront le vendredi 17 avril à 18 h 30 avec une interpellation des partis politiques : que pensent-ils des traités de libre-échange ? Vont-ils les soutenir ou s’y opposer ? À quelles conditions ?

 

Le samedi 18 avril à partir de 10 h jusqu’à 12 h 30, des ateliers thématiques seront organisés pour informer et débattre des multiples enjeux liés au libre-échange : impacts sur l’alimentation, la démocratie, la régulation bancaire, l’emploi et les conditions de travail, l’enseignement, l’environnement, les services publics, etc.  Parmi tous ces ateliers, signalons que No Transat ! et Corporate Europe Observatory coorganisent celui consacré aux rapports entre multinationales, démocratie et enjeux numériques.

 

De 12 h 30 à 13 h 30 se tiendra une Assemblée pour mettre en place des stratégies visant à enrayer les accords de libre-échange et construire des alternatives.

 

Toutes ces activités auront lieu :

rue Plétinckx, n° 19

à 1000 Bruxelles

 

Enfin, toujours à Bruxelles une

GRANDE MANIFESTATION démarrera à 14 h pour dire :


  • NOUS SAVONS CE QUI SE MANIGANCE DANS LES GRANDES NÉGOCIATIONS INTERNATIONALES,


  • NOUS NE SOMMES PAS D’ACCORD,


  • NOUS NE NOUS LAISSERONS PAS FAIRE !!!

 

C’est pourquoi nous espérons vous y voir nombreuses et nombreux.

D’ici là, vous pouvez aussi…

 

Alertez votre entourage de l’existence des négociations transatlantiques (par exemple en diffusant la vidéo Transatlantique Arnaque, La Casse du Siècle).


Imprimez et distribuez les tracts annonçant les actions des 17 et 18 avril 2015.

 

Merci de votre soutien, et à bientôt…

 

 

Par no-transat.be – 30 mars 2015

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Mexique : comment en est-on arrivé là ?

Mexique : comment en est-on arrivé là ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Mexique : comment en est-on arrivé là ?

Par Raffaele Morgantini, Tarik Bouafia

 

Depuis quelques années, le Mexique occupe de plus en plus d’espace dans la chronique de nos médias : narcotrafic, immigration, violence, décapitations, disparitions d’étudiants, etc. Comme d’habitude s’opère une occultation systématique des véritables origines de cette situation. Pourquoi ? Que se passe-t-il réellement au Mexique ? Quelles sont les forces maîtresses de ce « jeu », et surtout, quels sont leurs intérêts ? Afin de décanter cette situation d’embrouille, nous nous sommes entretenus avec le sociologue mexicain Luis Martinez Andrade, fin connaisseur de la situation sociale et politique de son pays

 

 

 

— Pouvez-vous nous dresser un bilan de l’histoire et du développement des mouvements sociaux au Mexique ?

 

Pour commencer, il est important de souligner que le Mexique a une large tradition de mouvements sociaux depuis son indépendance. Pendant la révolution de 1910, ces mouvements acquièrent des nouvelles teintes, et en leur sein, différentes tendances voient le jour. Il y a par exemple, la tendance plus « paysanne et zapatiste » dans le sud du pays, une autre tendance au nord, qui s’inspire du révolutionnaire Pancho Villa, et il existe aussi une tendance anarchiste avec l’influence des frères Flores-Magon.

 

Avec la formation de l’État mexicain, on assiste à un développement, dit-on, favorable aux mouvements sociaux : il y a une réforme agraire, les mouvements gagnent la bataille pour certains droits sociaux (la journée de 8 h par exemple). C’est ainsi qu’au Mexique, on peut observer les caractéristiques d’un Etat social bien avant la révolution russe de 1917.

 

Cependant, avec la consolidation du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel) un nouveau pacte social voit le jour, accompagné par la recomposition d’une nouvelle élite qui prend la place de l’élite familiale prérévolutionnaire. Au Mexique, on parle de la « révolution trahie » ou « volée ».

 

Les communautés indigènes qui plaidaient pour plus de représentation sont écartées du pouvoir, tout comme les communautés paysannes les plus vulnérables ou encore les partis de la gauche révolutionnaire. Le PRI va consolider ce que Gramsci appellerait un « bloc hégémonique », où les groupes subalternes vont adopter l’apparat étatique pour essayer de s’emparer des revendications sociales, tout en conservant dans le même temps, un caractère fortement réactionnaire. C’est ainsi que s’est construit un imaginaire collectif d’ascension sociale au sein des communautés indigènes, qui, dans les faits, n’a jamais cessé d’être que fictif.

 

Face à cette situation, on voit surgir une forme de résistance populaire qui ira jusqu’à la guerre et plus précisément, jusqu’à la guérilla, notamment dans le sud du pays, la partie la plus pauvre du pays et à majorité indigène. Mais cette guérilla se répand aussi en zone urbaine. Le commandant Marcos par exemple, construit le début de sa carrière au sein de groupes de guérilleros urbains, pour après, émigrer vers des zones plus rurales et essayer de mener une révolution guevariste (d’Ernesto Che Guevara) par la création de foyers de guérilla révolutionnaires.

 

Aujourd’hui, grâce au mouvement zapatiste, le peuple mexicain est en train de se rendre compte que différentes façons de s’organiser sont possibles, qu’un autre modèle est envisageable. Et cela est certes, une note positive. Mais ce dont le Mexique a besoin aujourd’hui c’est d’un grand front commun, anti-néolibéral, anticapitaliste, progressiste et émancipateur. Mais il n’y a pas de canalisateurs, il faut donc une structure d’organisation bien définie, et cela prendra du temps.

 

 

— D’un point de vue politique, économique et social, comment en est-on arrivé à la situation dramatique d’aujourd’hui ? Comment un pays aussi riche en ressources naturelles, et pouvant compter sur des mouvements sociaux nombreux et bien structurés, est devenu un pays détruit par la violence, la pauvreté, le narcotrafic, etc. ?

 

Il y a deux phénomènes parallèles qui peuvent nous aider à comprendre cette situation. Le premier élément, c’est le rôle des États-Unis, qui depuis le coup d’État organisé au Guatemala contre le président Arbenz, en 1954, n’ont jamais cessé d’intervenir en Amérique latine, directement ou indirectement, là où leurs intérêts étaient menacés. La force et la violence d’intervention des USA à l’égard de l’Amérique latine, et du Mexique plus en particulier, ne sont pas discutables, c’est un fait établi.

 

Le deuxième élément, c’est le développement du néolibéralisme, impulsé également par les USA et les instances financières internationales comme le FMI ou la Banque Mondiale. Cette période commence à la fin des années 70 – début des années 80, avec une vague de privatisations des entreprises publiques, justifiées par le mythe qu’une entreprise publique ne peut pas être rentable si elle est étatique. L’iceberg de cette dynamique est la signature du traité de libre-échange en 1994 avec les USA et le Canada : l’ALENA (Accord de Libre-échange Nord-Américain).

 

La privatisation commence avec les grandes banques publiques et la grande entreprise publique de téléphonie, ouvrant la porte au développement d’une classe managériale qui va s’enrichir énormément au cours des dernières années, opposée à un peuple en voie de paupérisation en raison des mesures d’austérité imposées par les programmes d’ajustement structurel du FMI/Banque Mondiale.

 

Dans ce contexte on doit se rappeler des enseignements du penseur marxiste Louis Althusser quand il analyse les apparats idéologiques de l’État. Il analyse la façon dont les individus se sont pliés aux exigences de l’État néolibéral et comment, à travers le système éducatif étatique ou la télévision (qui sont des moyens de propagande idéologique de l’État), ils ont accepté de se soumettre à ses lois. En 1968 par exemple, l’entreprise de télécommunication Televisa nie le massacre de centaines d’étudiants par les forces de l’ordre. L’histoire se répète en 1988, avec l’occultation systématique des scandales des fraudes électorales.

 

Le néolibéralisme a entrainé une véritable décomposition de l’État et de la structure politique et sociale mexicaine. Il ne faut pas oublier que le néolibéralisme et la militarisation de la société sont deux phénomènes qui vont de pair, deux faces d’une même pièce. Pensez au Chili. D’après vous, le néolibéralisme a-t-il pu s’imposer pacifiquement ? Bien sûr que non, cela s’est fait par un coup d’État militaire, par une « stratégie du choc » comme le dirait Naomi Klein. La même chose est en train de se passer ici, au Mexique, le tout, avec l’appui des moyens de communication monopolistiques, véhicules et porte-paroles fondamentaux de cette dictature.

 


— Pouvez-vous nous expliquer le développement du narcotrafic dans votre pays ? Quels sont les liens entre l’État mexicain et le narcotrafic ? La situation est-elle similaire à la Colombie, où les liens entre la politique et les grands producteurs de drogue sont désormais une évidence ?

 

Avant tout, il y a quelque chose qu’il faut clarifier. Quand on aborde le thème du narcotrafic, on se trouve dans une situation plutôt « floue ». Par exemple, le blanchiment d’argent sale : comment peut-on être sûr de son ampleur, tant que demeure le secret bancaire ? Suivre la piste du narcotrafic est difficile, car il n’y a pas de données précises. On sait bien qu’il fonctionne comme une entreprise, mais il est très difficile à détecter, et presque impossible d’en comprendre les mouvements et les mécanismes. C’est un monde de spéculation.

 

Que se passe-t-il dans cette relation narcotrafic État ? C’est un sujet très intéressant. La question du trafic est complexe. Ce n’est pas uniquement la vente de marijuana ou de cocaïne, c’est également le trafic d’organes, d’armes, de femmes, etc. Tous ces trafics impliquent le blanchiment d’argent, l’existence d’entreprises illicites, etc. Déjà, dès les années 20-30 il y a avait des camions de marijuana qui partaient vers les USA…

 

Néanmoins, on peut identifier un moment de rupture : ce sont les années de la présidence de Vicente Fox entre 2000 et 2006. C’est sous sa présidence que Chapo Guzman (membre de l’un des plus grands cartels de la drogue du pays) s’enfuit de la prison de haute surveillance, dans laquelle il est prisonnier, et ceci, dans des circonstances très obscures. Apparemment, selon l’avis d’experts, le gouvernement de Fox a déclaré la guerre à certains cartels, et a pactisé avec d’autres. Cela a généré beaucoup de méfiance au sein de certains cartels, car ils se sont rendu compte que l’État était en train de prendre une position stratégique au sein même de la guerre entre les cartels. Cela a rendu la situation encore plus tendue et a exacerbé la lutte de pouvoir au sein du monde narcotrafiquant. Le problème c’est qu’à partir de là, il y a eu une forte infiltration du narcotrafic au sein de la police. Une infiltration qui, peu à peu, est remontée jusqu’aux hautes sphères de l’État.

 

Cette situation larvaire explose sous le gouvernement de Felipe Calderon. À cause d’un soutien populaire très faible, Calderon décide de déclarer la guerre au narcotrafic. Par contre, ne pouvant pas compter sur la police à cause de la corruption généralisée, le président décide d’utiliser l’armée. Il est très intéressant à cet égard de rappeler que quelques années auparavant, il y a eu, au sein de l’armée, le développement d’une élite fortement réactionnaire, entrainée, imaginez-vous, par le Mossad, la CIA et des assesseurs colombiens d’Alvaro Uribe. Ce groupe d’élite a été formé et mis en place pour lutter contre les cartels de la drogue, mais immédiatement, ils ont compris qu’il y avait moyen de gagner beaucoup plus d’argent… En formant leur propre cartel de la drogue ! C’est ainsi que ce groupe d’élite de l’armée s’est transformé en un véritable cartel. En fait, ce sont justement eux qui vont commencer à mener des actions d’une violence sans précédent, avec des décapitations, des pendaisons, et par une stratégie de terreur, exactement comme ce qui se passe en Colombie.

 

Il faut aussi rappeler que déjà en 1994 on parlait du « Plan Mexique-Panama », qui par la suite, a échoué et a été recyclé dans le « Plan Colombie ». Là, on a pu voir le rôle des USA qui visaient à mettre sur pied des plans stratégiques pour détruire toute forme de résistance dans les pays sous leur sphère d’influence, là même où l’expansion et l’accumulation des capitaux étaient remises en question par des mouvements progressistes, syndicalistes, indigènes, etc. Auparavant, on utilisait l’armée, mais aujourd’hui, on a recours aux paramilitaires, à partir du moment où le fait d’utiliser l’armée équivaut à impliquer directement l’autorité publique. Au Mexique on est même arrivé à un stade supérieur, c’est-à-dire à l’utilisation du narcotrafic comme moyen de lutte réactionnaire.

 

Il ne faut pas perdre de vue le fait que le narcotrafic et la classe politique dominante ne sont pas deux entités antagonistes. Il y a quelques différents, c’est clair, car toutes ces oligarchies sont en conflit entre elles. Mais finalement ils représentent la même force, c’est-à-dire celle d’une élite dominante au pouvoir. Le narcotrafic est le bourreau du peuple, tout comme l’élite oligarchique capitaliste au pouvoir. Je pense que les cartels de la drogue font partie d’une stratégie de contre-insurrection. Grâce à eux, l’État possède un prétexte pour accroître la militarisation de la société. Finalement on peut dire que les cartels ne constituent pas une menace pour l’État, ils sont un instrument de l’État !

 

 

— Quel est le rôle du paramilitarisme au Mexique ? Comment s’est-il développé ?

 

Les paramilitaires jouaient déjà un rôle important dans les années 70, pour démanteler les mouvements de résistance. On parlait alors de « guerre sale » pour décrire ce qui se passait dans l’État de Guerrero, une région très pauvre qui a connu un développement important de groupes de guérilleros marxistes. En 1994, cette guerre sale connaît un essor considérable avec l’arrivée du mouvement zapatiste. On parle aussi de « guerre de faible intensité » (le même concept utilisé pour décrire les guerres anticommunistes dans les pays de l’Amérique centrale). Cette guerre consiste dans la formation d’escadrons paramilitaires formés par l’armée régulière pour semer le chaos entre les différentes ethnies et cultures existantes dans ces régions. Les médias ont par la suite « fini le boulot », en faisant passer ces guerres pour des guerres ethniques, et entre différents groupes politiques. Aujourd’hui, au sein même des cartels, la confusion règne.

 

La même manipulation de masse s’est passée avec les 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa. Dans un premier temps en effet, les moyens de communication ont relayé l’information que les étudiants étaient liés à des groupes de délinquants. Le paramilitarisme s’est ainsi avant tout, vu divisé, laissé intimider, et réprimer.

 

Il faut savoir aussi que l’État du Chiapas (où il y a eu le soulèvement du mouvement zapatiste EZLN) est très riche en ressources naturelles. Il y a également beaucoup de ressources hydriques, et minières. L’État, pour s’approprier ces terres, a recours au paramilitarisme. Exactement comme en Colombie.

 



— Mais alors peut-on affirmer qu’il y a un lien entre la montée du paramilitarisme et du narcotrafic, et la mise en place autoritaire du modèle néolibéral ?

 

Oui bien sûr. Le paramilitarisme a connu un décollage important justement à partir de la période où s’est mis en place le néolibéralisme. En ce sens, ce n’est pas une surprise que les deux pays, où le problème du paramilitarisme/narcotrafic est le plus significatif soient le Mexique et la Colombie, les deux pays latino-américains où le modèle néolibéral a pu s’imposer (presque) sans résistance aucune, grâce à la présence d’une oligarchie capitaliste assujettie aux intérêts des USA. Le néolibéralisme en Amérique latine implique l’accaparement des terres par les multinationales, la destruction des droits sociaux, du tissu social, des droits des indigènes, etc. Pour que cela soit soutenable, le néolibéralisme a besoin d’une force qui fait respecter le statu quo, et cette tâche a été confiée justement au paramilitaires...

 



— Le Mexique possède d’énormes réserves de pétrole. L’ingérence des USA dans le pays, peut-elle aussi s’expliquer par la présence de cette ressource ?

 

En décembre 2013 le président Peña Nieto privatise la dernière grande entreprise pétrolière étatique. Cette privatisation correspond au modèle classique capitaliste et au développement de la mondialisation, là où les pays riches du centre volent les ressources des pays pauvres de la périphérie. Cela perdure depuis des siècles, depuis le début de la colonisation au 16e siècle. La privatisation du pétrole s’inscrit dans cette même logique de pillage des ressources des pays du sud, exercée autrefois par les colonialistes espagnols, et aujourd’hui, par les États-Unis.

 

Au Mexique, la lutte sera longue et compliquée. Mais le peuple n’est pas stupide. Cette situation ne pourra pas durer toujours.

 

Je vais terminer par une phrase du philosophe français Daniel Bensaïd : « Ah la révolution, soit elle arrive trop tôt, soit elle arrive trop tard, mais jamais à l’heure. »

 

 


Par Raffaele Morgantini, Tarik Bouafia - Investig’Action – le 19 mars 2015

 

Source : cet article fait partie du Dossier Ayotzinapa du Journal de Notre Amérique n° 2, Investig’Action, mars 2015

 

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