Ukraine/Donbass : la montée des tensions | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ukraine/Donbass : la montée des tensions

 

Il y a le feu à l’Ukraine « proeuropéenne ». Et pas qu’un incendie de forêt mal maîtrisé près de Tchernobyl ! La tension sur la ligne de front ne cesse de croître, à tel point que tout le monde s’attend à une attaque majeure des forces ukrainiennes vers le 9 mai. Il y a le feu aussi à l’arrière avec les « bataillons » de néobandéristes et de néonazis qui font des leurs face au pouvoir de Porochenko. À ce rythme, l’intégration de ces soudards dans les troupes régulières risque de ne jamais se faire… Pour légitimer sa politique criminogène, le régime du boucher de Kiev voudrait que l’Union européenne s’implique militairement dans le Donbass. Un aveu de faiblesse qui sonne comme un glas.

 

 

 

 

Le 27 avril, le potentat kiévien a déclaré vouloir renforcer le rôle de l’Union européenne afin de résoudre le conflit dans le Donbass. Il cherche en fait à impliquer militairement les États membres de l’UE, ce qui permettrait de facto d’impliquer l’OTAN et d’étendre la guerre à l’ensemble régional de l’Europe centrale. Mais du côté de Bruxelles, on est assez peu enclin à se lancer dans une telle aventure, en raison de restrictions budgétaires, mais aussi parce que chacun sait que cela entrainerait une réponse de Moscou dont aucun pays membre de l’UE ne semble disposé à en affronter les conséquences.

 

Ce même 27 avril, le président de la commission des services armés de la Chambre des représentants à Washington, Mac Thornberry, a présenté un projet de budget de la défense des États-Unis pour l’exercice 2016, dans lequel il est clairement proposé d’étendre l’aide militaire directe et indirecte à l’Ukraine, « jusqu’au 30 septembre 2016 ». Le document souligne que cette aide « doit impliquer la fourniture d’armements létaux pour les forces de sécurité ukrainiennes. »

 

 

Sur la ligne de front : la tension monte d’un cran

 

Le niveau d’alerte des unités de Nouvelle Russie augmente chaque jour à l’approche du mois de mai, car plusieurs sources de renseignement corroborent le fait qu’il est hautement probable qu’une offensive ukrainienne, aux environs du 9 mai, puisse être déclenchée à grande échelle : on note depuis plusieurs semaines le renforcement des unités ukrainiennes à proximité de la ligne de contact en moyens d’artillerie, l’accélération de la fourniture d’équipements aux unités de 1er et de 2e échelon, la suspension des permissions, les divers renforcements des positions, etc. (source : Erwan Castel).

 

 

 

 

L’environnement opérationnel de la ligne de front continue de se réchauffer. Le 28 avril, un pilonnage massif de l’artillerie ukrainienne contre Gorlovka a causé de très nombreuses victimes (a priori pas de décès) et des dégâts importants. Dans le secteur au sud-est de Donetsk, c’est la zone à l’ouest de Telmanovo qui subit en ce moment un harcèlement continuel, comme si les forces de Kiev préparaient une attaque très prochainement. Dans la zone à l’ouest et au nord-ouest de Donetsk, l’intensité des combats a quelque peu baissé, en revanche vers Shirokino elle se maintient.

 

La permanence des accrochages et des tirs d’artillerie au nord-ouest et au nord de Lugansk ne permet pas la moindre modification de la ligne de front. Pourtant, chaque jour les forces de Kiev, et dans une moindre mesure les FAN, enregistrent des pertes en hommes et en matériels. Dans la matinée du 29 avril, la zone du village de Trehizbenke a été l’objet d’un énième accrochage d’intensité moyenne. Trois soldats ukrainiens semblent avoir été blessés, à la suite d’une tentative d’infiltration de la ligne de front qui jouxte la Seversky Donets.

 

Plus à l’ouest, le renforcement des forces de Kiev en artillerie se fait de moins en moins discrètement : sur Artemovsk (au nord de l’ancienne poche de Debaltsevo), on note la présente récente d’une batterie de 6 BM-21 Grad et d’une section de 3 BM-27 Uragan. Il semblerait qu’une section de BM-30 Smerch soit aussi arrivée dernièrement dans ce secteur.

 

Hier soir, à partir de 23 h 30, Gorlovka a encore été touché par l’artillerie lourde de Kiev, essentiellement à partir de positions vers Dzerzhynsk. La ville a connu sa plus forte attaque d’artillerie depuis début avril : quelques maisons ont été détruites (selon les données préliminaires 5 bâtiments) et on décompte plusieurs blessés. Dans la journée, on notait le départ par la route de plusieurs dizaines de familles. Sur la zone de Donetsk, les tirs de l’artillerie kiévienne ressemblent plus à du harcèlement ou à des provocations destinées à faire en sorte que les unités républicaines se découvrent ou réagissent, qu’à des pilonnages concentrés. On note tout de même quelques frappes de sections de lance-roquettes multiples de 122 mm.

 

 

Réchauffement du secteur situé entre Donetsk et Mariupol

 

Le secteur situé entre le sud-est de Donetsk et le nord-est de Mariupol, là où la distance entre la frontière russe et la ligne de front est la plus faible (15 km au niveau de Granitnoe) semble se réchauffer sérieusement depuis une bonne semaine. Hier, des batteries ukrainiennes Grad, disposées vers Granitnoe, ont ouvert le feu sur Novolaspa (à environ 25 km à l’est de Volnovakha).

 

Dans la matinée du 28 avril, dans la zone de Volnovakha les forces républicaines ont observé un redéploiement de véhicules blindés légers de l’armée ukrainienne vers Novotroitskoe en première ligne. Les frappes de l’artillerie ukrainienne et les accrochages se sont soldés par des pertes de part et d’autre sur l’ensemble de ce sous-secteur du front. Le 26 avril à 10 h, au point de contrôle kiévien dans le village de Granitnoe, tenu par une section de la 72e brigade, un accrochage avec la milice s’est soldé par un tué du côté des forces de Kiev.

 

Le 28 avril, entre 12 h 30 et 13 h 15, des combats entre la milice et l’armée ukrainienne ont été signalés vers Pavlopol. Une section mécanisée a tenté une reconnaissance offensive, vite stoppée par deux sections d’infanterie montées sur blindés des FAN qui ont contre-attaqué avec l’appui de 2 chars. L’avantage obtenu n’a pu être exploité par les forces républicaines en raison des restrictions d’engagements dues aux accords de Minsk.

 

Près de Chermalyk sur la rive gauche du fleuve Kalmius, les accrochages se sont limités à des tirs de roquettes antichars et de mortiers de 82. Un quartier résidentiel de ce bourg a été frappé par des salves d’artillerie, tuant un civil.

 

Plus au nord, vers 23 h 20 hier soir, une vingtaine d’habitations ont été endommagées par des frappes d’artillerie dans le village de Naberezhnoe tenu par les FAN. L’agglomération compte environ 150 civils, dont 34 enfants.

 

Le secteur de Novomarevka, près de Telmanovo reste sous tension après les frappes de l’artillerie ukrainienne de ces dernières 48 heures.

La zone risque encore de connaître d’autres frappes dans la mesure où les forces de Kiev ne se cachent même plus pour renforcer leurs positions d’artillerie et acheminer de nouvelles batteries. Vers la zone de Pionerskoe-Sopino, par exemple, plusieurs batteries de 122 D-30 et de 2S1 Gvozdika (automoteurs de 122) ont été signalées. Il s’agit bien évidemment d’appuyer les troupes ukrainiennes qui sont bloquées devant le petit village de Shirokino où des combats localisés se poursuivent. De plus, plusieurs témoins confirment qu’à l’aéroport de Mariupol, on a enregistré ces derniers jours l’arrivée d’une batterie de 6 automoteurs 2S3 Akatsiya de 152 mm.

 

 

 

La ligne de feu vers Shirokino ne bouge pas. Le petit village côtier est constamment harcelé par des tirs de mortiers de 120 et des salves de 122, alors que les FAN ne peuvent riposter en raison des accords de Minsk. Les batteries Grad et de 122 mm des FAN sont remisées près de la frontière avec la Fédération de Russie.

 

 

 


 

 

 

Tensions entre les paramilitaires et le régime

 

Bien que Porochenko ait fait un accord avec Praviy Sektor et d’autres formations politiques extrémistes pour intégrer les unités de paramilitaires « indépendantes » au sein des forces armées de l’Ukraine, la tension perdure entre l’extrême droite galicienne néobandériste et néonazie et le pouvoir kiévien. On sait que les événements et la tension entretenue sur Shirokino sont en partie dus au fait que les paramilitaires du « régiment Azov » jouent leur réputation et n’obéissent pas forcément aux ordres reçus par leur hiérarchie (en l’espèce le commandement opérationnel du « Secteur M »). On sait moins que l’intégration des unités DUK (Corps des volontaires de l’Ukraine, la branche armée de Dmytro Yaroch, le « Führer » de Praviy Sektor ») présente plus de problèmes qu’elle n’en résout.

 

Le 28 avril, un camp de base près de Dniepropetrovsk de la compagnie 5-DUK a été encerclé par des unités des 25e et 93e brigades de l’armée de terre, en plus d’unités du SBU. On reproche à ce « bataillon » (en fait il a l’effectif d’une simple compagnie de combat soit dans les 100 à 150 paramilitaires tout au plus) de vouloir faire le coup de force à Kiev devant les bâtiments officiels de la présidence afin de dénoncer la « trahison » de Porochenko et du gouvernement depuis des mois, l’abandon de Debaltsevo, les accords de Minsk, etc.

 

Dans la journée, ce rassemblement n’a regroupé que quelque 200 nervis, bien encadrés par les forces antiémeutes et des unités de la garde nationale fidèles au régime. D’autres manifestations sont prévues en fin de semaine.

 

Depuis lors, un face à face a lieu entre ce détachement DUK et les forces loyales à Kiev près de Dniepropetrovsk.

 

Pour envenimer les choses, en dépit qu’il soit salarié du ministère de la Défense, Yaroch a ordonné à toutes les unités du « Secteur droit » de ne pas remettre leurs armes. Le chef de Praviy Sektor suit la logique d’un agenda qui semble lui avoir été dicté de Washington.

 

Le même jour à la mi-journée, la base du 40e « bataillon Kryvbas » (ou ce qu’il en reste depuis son broyage dans la poche de Debaltsevo) dans la région de Dniepropetrovsk a été elle aussi bloquée par des soldats des 25e et 95e brigades. Contrairement aux unités DUK, « Kryvbas » est répertorié comme un « bataillon » du ministère des Affaires intérieures, mais il était dernièrement question de le dissoudre, faute d’effectifs, et de reverser ces maigres résidus dans des unités de l’armée de terre.

 

À l’heure où nous bouclons cet article, la crise ne semble pas résolue.

 

Une crise d’importance qui ne semble pourtant pas troubler le camp des va-t-en-guerre de la junte puisque la police politique du régime, le SBU, vient aujourd’hui de lancer une opération de ratissage dans Odessa dans le cadre d’un « nettoyage » (c’est le terme employé par le service de presse du SBU) à la veille des vacances de mai : une douzaine de civils auraient déjà été arrêtés. On notera que les forces spéciales du SBU engagées dans cette opération répressive étaient équipées des véhicules de l’armée américaine, des Humvees (HMMWV), livrés dernièrement par Washington à Kiev et aux couleurs du théâtre irakien… Prémonitoire !

 

 

 

Par Jacques FrèreNationsPresse.info – le 29 avril 2015.