Les additifs favorisent la perméabilité intestinale et l’auto-immunité | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Les additifs favorisent la perméabilité

intestinale et l’auto-immunité

Par Marie-Céline Jacquier

 

 

Lorsque l’intestin ne joue plus son rôle de barrière, le passage d’antigènes peut induire des maladies auto-immunes. Une situation favorisée par les additifs alimentaires.

 

La fréquence des maladies auto-immunes s’est beaucoup accrue ces dernières décennies dans les pays occidentaux, suggérant une cause environnementale. Deux articles, dont l’un paru en février 2015 (1), suggèrent que les additifs alimentaires, plus fréquents dans notre alimentation, modifient la perméabilité intestinale et augmentent ainsi le risque de maladies auto-immunes.

 

L’intestin, en plus de son rôle de digestion et d’absorption, constitue une barrière entre le milieu intérieur et l’environnement. À ce titre, il doit empêcher les pathogènes, allergènes, toxines, présents dans la lumière de l’intestin d’entrer dans l’organisme.

 

 

Lire l’avis du Dr Outi Vaarala : « Le lait de vache augmenterait la perméabilité intestinale »

 

 

Dans une revue parue dans Autoimmunity Reviews, deux auteurs montrent que des changements de la perméabilité intestinale sont associés aux additifs alimentaires. Les auteurs signalent que le glucose, le sel, les émulsifiants, les solvants organiques, le gluten, les nanoparticules sont de plus en plus utilisés par l’industrie agroalimentaire. Mais ces additifs censés améliorer la qualité des aliments augmentent les fuites au niveau des jonctions serrées et donc la perméabilité intestinale.

 

Les jonctions serrées situées entre les cellules de l’épithélium intestinal permettent un équilibre entre la tolérance et l’immunité contre les antigènes du non-Soi. Le mauvais fonctionnement des jonctions serrées est fréquent dans des malades auto-immunes. La déstabilisation des jonctions serrées conduit à l’entrée d’antigènes étrangers immunogènes qui activent la cascade auto-immune. Un mauvais fonctionnement de la barrière intestinale pourrait donc expliquer l’incidence croissante des maladies auto-immunes.

 

Dans un autre article datant de 2011 (2), une chercheuse hongroise expliquait déjà comment des additifs alimentaires (les surfactants) pouvaient causer des dysfonctionnements de la barrière intestinale. Le terme de surfactant désigne des molécules amphipathiques ayant une portion hydrophobe non polaire attachée à un groupement hydrophile. On les appelle aussi détergents ou émulsifiants, selon les applications de ces molécules.

 

 

Lire : 22 additifs qui n’ont rien à faire dans nos assiettes

 

 

Pour la chercheuse, en parallèle de l’utilisation des surfactants comme additifs, il y a eu une augmentation de l’incidence des maladies liées à l’hyperperméabilité intestinale. D’après elle, les surfactants ou émulsifiants augmentent la perméabilité intestinale. Une hyperperméabilité peut induire un processus inflammatoire qui conduit à encore plus de perméabilité, d’où un cercle vicieux. Ceci pourrait favoriser les maladies allergiques et auto-immunes.

 

 

Lire l’avis de Georges Mouton : « Les maladies auto-immunes et les allergies sont liées aux désordres intestinaux »

 

 

Des études sur les jumeaux ont montré que l’hérédité compterait pour 1/3 du risque de maladie auto-immune et l’environnement pour les 2/3 restants. Pour développer une maladie auto-immune, il faudrait donc 3 conditions : une prédisposition génétique, une exposition à un antigène et un mauvais fonctionnement de la barrière intestinale.

 

Le régime Seignalet, qui élimine gluten et produits laitiers, a pour but de restaurer la perméabilité de l’intestin. Des milliers de personnes rapportent qu’elles ont été améliorées par ce régime, qui ne guérit pas, mais comme l’indique Jean-Marie Magnien « met au silence la maladie ». Il faudrait donc, pour augmenter son efficacité, prêter attention aux additifs alimentaires.

 

 

Lire : Un extrait de « Comment j’ai vaincu la douleur et l’inflammation » de Jacqueline Lagacé

 

 

 

Par Marie-Céline Jacquier - lanutrition.fr – le 2 mars 2015

 

 

Sources

(1) Lerner A, Matthias T. Changes in intestinal tight junction permeability associated with industrial food additives explain the rising incidence of autoimmune disease. Autoimmun Rev. 2015 Feb 9. pii : S1568-9972 (15) 00024-5. doi : 10.1016/j.autrev.2015.01.009.

(2) Csáki KF. Synthetic surfactant food additives can cause intestinal barrier dysfunction. Med Hypotheses. 2011 May;76(5) : 676-81. doi : 10.1016/j.mehy.2011.01.030.