Le Pentagone cherche-t-il un casus-belli en Ukraine ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Le Pentagone cherche-t-il un

casus-belli en Ukraine ?

Par Patrice de Plunkett (*)



N'acceptant pas l'accord de Minsk-2, Washington intervient pour relancer les hostilités dans le Donbass : 


Tout se passe comme si Obama avait fait un deal avec les trigger-happy (**) du Pentagone et de la droite républicaine : ceux-ci le laissent faire quelques pas vers Téhéran ; en échange, il les laisse faire la politique du pire en Ukraine.


Sur le front du Donbass, un cessez-le-feu (fragile et nerveux) s'est installé depuis les accords de Minsk-2.


Mais Washington ne peut accepter ces accords, pour deux raisons

1. ils suspendent les hostilités en Ukraine, privant ainsi le Pentagone de la conflagration qu'il paraît souhaiter ;


 2. ils ont été conclus sous la pression de Paris et Berlin, alors que Washington ne veut tolérer aucune Ostpolitik européenne.


De leur côté, les dirigeants de Kiev font ce qu'ils peuvent pour désavouer leur signature de Minsk. Le président Porochenko avait promis aux habitants du Donbass des mesures décentralisatrices ; le Premier ministre Iatseniouk, pion du Pentagone et soutenu par les ligues nationales-socialistes ukrainiennes, refuse d'appliquer ces mesures. L'objectif de Kiev est de rallumer la guerre du Donbass pour attirer cette fois l'armée russe en Ukraine (Armageddon programmé par le Pentagone) ; refuser de tenir les promesses de Minsk en est le moyen à leurs yeux.


Mais pour rallumer la guerre, il faut que Kiev ait des combattants... L'armée kiévienne s'est fait étriller par les rebelles ; une restructuration est donc en train de s'opérer. Elle consiste à transformer les bataillons privés nationaux-socialistes (seuls unités kiéviennes à s'être réellement battues dans le Donbass) en fer de lance (***) de l'armée régulière, et à faire encadrer le tout par l'armée américaine.


Cette semaine, des éléments de la 173e brigade aéroportée US (basée en Italie) sont arrivés en Ukraine et ont été déployés dans la région de Lviv. Leur mission officielle - « entraîner les soldats ukrainiens devant combattre les séparatistes pro-russes »  équivaut à une négation américaine du cessez-le-feu conclu à Minsk


Pour commencer, les parachutistes US sont chargés d'élever le niveau opérationnel de la nouvelle Garde nationale ukrainienne, issue des groupes de combat nationaux-socialistes. Des instructeurs militaires britanniques et canadiens viendront faire le même travail dans d'autres unités.


Selon le Pentagone, les « équipements militaires américains » utilisés durant ces entraînements « ne seront pas livrés ensuite aux forces ukrainiennes ». C'est une clause de style, pour ne pas gêner Obama qui a dit plusieurs fois, depuis six mois, que Washington ne livrerait pas d'armements aux Ukrainiens... Mais les armes américaines sont livrées à la Pologne et à la Lituanie (membres de l'OTAN), qui les font parvenir en Ukraine. C'est un circuit rodé.


Le scénario du pire se remet donc en marche par la volonté de Washington, et contre celle des dirigeants franco-allemands qui n'ont aucun moyen de s'y opposer. Ce qui va se passer à l'Est est contraire aux intérêts de l'Europe occidentale, et confirme le fait que l'alliance américaine est une dangereuse illusion désormais pour les Européens ; lesquels ne sont pourtant pas près d'y renoncer.



Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com – le 17 avril 2015.



Notes : 

(*) NDLGazette : Patrice de Plunkett est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (Source Wikipédia)

(**) fous de la gâchette.

(***) En langue de bois officielle : « entretenir et renforcer le professionnalisme et le savoir-faire du personnel militaire ».