Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL
686.4K views | +0 today
Follow
Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL
La Gazette des campus de LLN et de WSL-UCL ainsi que diverses infos intéressantes visant la vérité ou l'autre vérité (qui que ce soit qui la dise, mais sans forcément prôner l'auteur).  -  Duc
Curated by Koter Info
Your new post is loading...
Your new post is loading...
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Du « flash totalitaire » français au stroboscope US

Du « flash totalitaire » français  au stroboscope US | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : lanacelle.hautetfort.com


 

Du « flash totalitaire » français

 au stroboscope US

 

On dirait une accélération filmée au ralenti. En vision panoramique, on voit la multiplication exponentielle des crises qui agitent la scène géopolitique mondiale. Et si l’on zoome sur une crise ou sur l’autre, on observe que toutes, absolument toutes, s’aggravent et s’amplifient par la grâce d’une lente mécanique de pourrissement quasi automatique. Moteur de ce désordre globalisé : un Système atlantiste en décomposition qui, comme pris dans des sables mouvants, précipite sa disparition d’autant plus vite qu’il s’agite en tous sens. C’est que l’effondrement de sa contre-civilisation se fracasse désormais à la fois contre la montée en puissance des pays émergents ; et contre le mur des contradictions de son modèle néolibéral. Comme attendu, le Système atlantiste cherche dès lors à persévérer dans son être par la guerre à l’extérieur (1), et la dérive totalitaire à l’intérieur. Et là, du « flash » français au stroboscope US, les choses se précisent.

 

 

L’extension permanente du domaine du chaos

 

On ne s’étendra pas sur la guerre portée à l’extérieur que nous commentons régulièrement ici. Signalons simplement que toutes les crises « extérieures » pourrissent tranquillement comme il se doit, chaque initiative du Bloc contribuant à en augmenter le degré de désordre.

 

Au Moyen-Orient, le monstre Daesh que l’Occident a créé de toutes pièces est en train de dévaster toute la région. Formellement, l’Irak et la Syrie n’existent déjà plus. Et il est toujours fascinant d’entendre les « spécialistes » agréés du Système atlantiste analyser la situation dans leurs débats convenus (type « C dans l’air ») ; évoquer une « guerre de 30 ans » ; évaluer dès lors les chances de la so called « coalition », chacun passant comme chat sur braise lorsqu’il s’agit de rappeler dans cette affaire la culpabilité pleine et entière des USA au premier chef, et de l’Occident en général.

 

Ce sont en effet eux qui, exterminant plus de 1,5 million d’Irakiens pour une poignée de barils ; puis soutenant les djihadistes en Syrie pour faire chuter Bachar ; puis dévastant la Libye devenue depuis la plus grande foire aux armes à ciel ouvert du monde : ce sont eux, les Bush, Rumsfeld, Cheney, Blair, Obama, Sarkozy, Hollande et consorts, eux les criminels qui ont fabriqué l’État Islamique (et qui le soutienne encore d’ailleurs au moins indirectement) et qui partagent dès lors la responsabilité de tous leurs crimes. Si la justice qu’ils invoquent ad nauseam pour perpétrer leurs crimes existait vraiment dans leur monde libre, ces gens-là seraient arrêtés, inculpés et condamnés.

 

Quant au front ukrainien de la grande russophobie ambiante, la confusion y est totale. Certes, la soudaine visite de Kerry à Lavrov au lendemain de célébrations du 70e anniversaire de la Victoire – qui ont montré une Russie plus que jamais forte et unie derrière son Président – témoigne d’un accès de panique US devant l’impasse qu’ils ont créée en Ukraine et de leur volonté d’apaisement sur ce dossier. Et cela au grand dam d’Européens qui ne savent dès lors plus de quel côté ramper.

 

Pour autant, le risque reste grand que la guerre reprenne avant l’été dans le Donbass à l’initiative de Kiev. Dans sa grande sagesse et son inspiration infinie, l’Occident y a en effet installé une pègre oligarchique plus féroce encore que l’ancienne, et dont le jusqu’au-boutisme mafieux teinté de néonazisme apparaît comme la seule option de survie à la fois politique et physique.

 

Sur le front extérieur, c’est donc l’extension permanente du domaine du chaos.

 

Reste deux interprétations possibles à un tel degré d’entropie : soit la classe dirigeante occidentale fait preuve de la plus effarante des incompétences tant par l’ampleur que par la durée ; soit ce désordre et ce chaos, par ailleurs très lucratif (2), est précisément le but recherché dans une sorte de « stratégie de tension » globalisée.

 

Nous y voyons volontiers quant à nous un savant mélange des deux.

 

 

Du « flash totalitaire » français…

 

Venons-en dès lors à ce qui nous intéresse plus singulièrement aujourd’hui, à savoir d’observer plus en détail l’accélération de la dérive totalitaire qui agite l’intérieur du Système aujourd’hui.

 

Dans son livre « Qui est Charlie », Emmanuel Todd a ainsi stigmatisé le « flash totalitaire » qui a saisi la caste politico-médiatique française, et une partie du pays, lors des manifestations monstres du 11 janvier après la tuerie de Charlie Hebdo. Chacun se souvient en effet, non sans gêne, de ces minutes de silence imposées à tous dans les écoles ; de l’audition par la police d’enfants de 8 ans pour des propos malheureux (séditieux ?) ; de la comparution d’adolescents pour des tweets ou des dessins bref, de l’obligation faite à chacun d’endosser l’uniforme Charlie sous peine d’excommunication, voire de poursuites judiciaires.

 

Fameux moment « de grâce » et de « communion » comme « ils » disent, où la responsable du service politique de France 2 avait appelé à « repérer et traiter ceux qui ne sont pas Charlie » (3).

 

 

 

Un processus déjà ancien


 

Mais n’était-ce vraiment qu’un flash ? Ou, au contraire, le caractère paroxystique de l’épisode n’a-t-il pas plutôt libéré une parole, une pensée, une tentation voire une intention, jusque-là contenue, autocensurée, dissimulée ?

 

Bien sûr, comme le suggère Todd, la plupart des citoyens qui ont participé à l’évènement ont « vécu le « JeSuisCharlie » comme un épisode d’aliénation par la pensée d’autrui, de dépersonnalisation temporaire ». Mais les autres, ceux de la caste politico-médiatique qui ont précisément construit cette pensée aliénante et appelé à « traiter ceux qui ne sont pas Charlie » ? Ont-ils eux aussi été saisis par une pensée étrangère à eux-mêmes ? Ont-ils eux aussi été momentanément dépersonnalisés ?

On a toutes les raisons d’en douter.

 

L’épisode d’aliénation « JeSuisCharlie » s’inscrit en effet dans un processus déjà ancien d’endoctrinement et de marginalisation de toute critique de la narrative du Système. L’incroyable désinformation de masse qui prévaut sur les conflits irakiens, libyens, syriens et ukrainiens témoigne ainsi d’un alignement quasi complet des médias français sur le discours officiel de l’État. Ajoutez à cela le bannissement d’intellectuels ou artistes considérés comme déviants, et l’on retrouve des caractéristiques généralement associées aux régimes à tendance totalitaire.

 

On pourrait aussi évoquer le système de parti unique à deux têtes (4) ; le passage en force de lois contre l’avis du peuple (Traité de Lisbonne) ou du Parlement (Loi Macron), pour achever de démontrer l’état de déliquescence d’un système politique français devenu une sorte de Canada dry de la démocratie.

 

Enfin, on ne saurait plus parler de « flash » concernant l’élite du pays lorsque celle-ci instrumentalise « l’effet Charlie » pour imposer, des mois après, un Patriot Act à la française au travers d’une Loi sur le Renseignement totalement inutile en matière de lutte contre le terrorisme, mais bel et bien liberticide et dangereuse (5).

 

 

Tout en haut, le Veau d’or

 

Invité à se justifier devant les tribunaux audiovisuels de Charlie pour avoir osé porté un jugement défavorable à la grande communion cosmique du 11 janvier, Emmanuel Todd a toutefois défendu son concept de « flash totalitaire », en soulignant que « la France centrale est vraiment libérale (…) anarchiste, incontrôlable », donc « incapable d’un régime totalitaire » dans la durée (6).

 

Malgré l’immense admiration que nous avons pour Emmanuel Todd, nous estimons qu’il nourrit là une illusion. D’abord parce que la France n’est qu’un rouage du Système néolibéral globalisé sous direction US auquel elle appartient. Elle est en effet aujourd’hui totalement embarquée sur l’Hyper-Titanic de ce modèle de contre-civilisation prosterné devant le Veau d’or et qui, tout en épuisant le monde, concentre tous les pouvoirs et toutes les richesses aux mains d’une caste de plus en plus réduite d’élus dont l’arsenal répressif, du fait des progrès technologiques, est désormais d’une puissance absolument inégalée dans l’Histoire.

 

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce Système néolibéral, indépendamment des nations qui le composent et qu’il digère sans effort, impose uniformément la même recette de naturalisation de l’économie, parallèlement à une lobotomisation des masses par le divertissement et leur emprisonnement dans la dette, la précarité et la multiplication des désirs et de leur impossibilité.

 

Sans rupture radicale d’avec un tel Système globalisé (mais comment ?), on voit mal comment la France pourrait in fine se révéler véritablement « incontrôlable ».

 

 

… au stroboscope étasunien

 

De l’autre côté de l’Atlantique, la matrice du Système néolibéral dispose, en matière de dérive totalitaire comme en toutes choses bien entendu, de sa fameuse longueur d’avance.
La multiplication des meurtres racistes (7) ces dernières années, dont le caractère absolument exponentiel pourrait faire suspecter une politique délibérée, a donné lieu à des émeutes importantes qui ont elles-mêmes servi de prétexte à une militarisation des forces de police.

 

Sur Infowars.com, Michael Thomas a développé la thèse selon laquelle l’administration Obama était en train de favoriser une « guerre raciale » aux USA, avec le secret dessein qu’en opposant blancs et noirs, il pouvait écarter le spectre d’une « guerre des classes », c’est-à-dire la révolte des 99 % contre les 1 % (8).
Quoi qu’il en soit, de Fergusson à Baltimore, on a assisté à une véritable mutation des forces de police américaines qui furent déployées avec des tactiques et des équipements calqués sur ceux des GI en Irak ou en Afghanistan avec mitrailleuses, drones et même des MRAP qui sont ni plus ni moins que des chars légers. 
Au-delà de cette militarisation des forces de police, l’idée d’une fédéralisation des polices locales fait également son chemin et l’on observe dès lors une tendance très forte, à Washington, pour se doter des moyens de mater des révoltes populaires de grande ampleur.



 

 

« Violente dislocation stratégique »

 

C’est que contrairement à la narrative, la situation intérieure des USA est catastrophique. La pauvreté y atteint des sommets épouvantables avec des dizaines de millions d’Américains vivant grâce aux bons d’alimentation ; une concentration phénoménale des richesses et des désordres sociaux permanents. 
Il y a 7 ans déjà, l’US Army War College avait d’ailleurs édité un rapport qui préconisait que l’armée se prépare à une « violente dislocation stratégique à l’intérieur même des États-Unis » qui pourrait être provoquée par « un effondrement économique imprévu », « une résistance intérieure délibérée », « une catastrophe sanitaire » ou « un vide de pouvoir juridique et légal ». La « violence civile généralisée », dit le document, « forcerait les responsables de la défense à réorienter in extremis les priorités pour défendre l’ordre intérieur et la sécurité des individus» (9).


 

Or dans la situation présente, plusieurs scénarios envisagés par le document deviennent plausibles, qu’il s’agisse de l’« effondrement économique imprévu » – par exemple lié à l’affrontement géopolitique en cours avec les pays du Brics et la dédollarisation qu’ils ont entamée – ; ou « une résistance intérieure délibérée » – qui recouvrirait quant à elle une généralisation des émeutes, ou même la tentative de sécession déjà évoquée par certains États comme le Texas notamment.

 

 

Lien de confiance rompu

 

C’est dans ce contexte de troubles et d’incertitudes qu’il faut placer l’émoi énorme suscité outre-Atlantique par un exercice militaire d’une nature et d’une ampleur inédites, prévu sur le sol des États-Unis en juillet prochain. 
Cet exercice, baptisé Jade Helm 15, implique notamment les forces spéciales, dont les bérets verts et les Navy SEALS, et selon le scénario prévu le Texas, l’Utah ainsi que le sud de la Californie y sont catalogués comme « zones hostiles ».

 

Dans le contexte de troubles sociaux qui prévaut aujourd’hui, certains y voient un exercice grandeur nature pour l’application d’une loi martiale aux États-Unis.
Pour prendre la mesure de l’émoi suscité par l’exercice, il suffit de relever que le Gouverneur du Texas lui-même s’oppose à JH15 et a annoncé qu’il mobiliserait de son côté la Garde Nationale pour parer à toute éventualité et surveiller les agissements de l’US Army, ce qui en dit long sur la confiance qui règne vis-à-vis des intentions de Washington (10).
Une méfiance au demeurant absolument partagée par la population.
Selon un sondage, entre 32 % et 45 % des citoyens US se disent plus ou moins inquiets, et voient dans JH15 une manœuvre du gouvernement pour établir un contrôle militaire et policier de la population (11).


 

À ce stade, deux constats s’imposent donc. 
Le premier est que la militarisation des forces de police US témoigne du fait que le pouvoir washingtonien tend de plus en plus à considérer le peuple comme un ennemi potentiel, ou à tout le moins qu’il a intégré l’hypothèse, ou la probabilité, de troubles sociaux d’une ampleur sans précédent avec affrontements armés à la clé.
Le deuxième est que cette méfiance a son miroir. Quelle que soit la réalité de la situation ou des intentions s’agissant de l’exercice JH15, ce qui frappe, c’est la défiance manifeste d’une très large partie des citoyens US vis-à-vis du pouvoir central de Washington. Le lien de confiance entre le peuple et le gouvernement est rompu.



 

 

Conclusions

 

Du « flash totalitaire » français au stroboscope US, la tentation totalitaire est donc bel et bien une réalité que l’on retrouve d’ailleurs dans nombre d’autres pays du Bloc atlantiste (Royaume-Uni, Canada, etc.). 
Nous avons souvent dit que le Système néolibéral atlantiste, de par l’hyperpuissance qui est la sienne aujourd’hui, ne pouvait être concurrencé ni vaincu par aucun autre système rival. Et qu’en toute logique, son effondrement ne pouvait survenir que de l’intérieur.
C’est donc peut-être, sans doute, cet effondrement intérieur là – qui ferait voler en éclat plus sûrement que n’importe quelle pression extérieure toute la belle mécanique néolibérale du Système et la domination atlantiste du monde –, dont les élites du Système semblent vouloir se prémunir désormais, même au prix d’une dérive totalitaire.

 

 

 

Par entrefilets.com - le 22 mai 2015

 

Auteur : ex-journaliste repenti, spécialiste du Moyen-Orient (couverture de la « Guerre de Libération » au Liban, reportages en Irak, Algérie, en Palestine occupée, etc.). A vécu au Caire et à Beyrouth.

 

 

Notes :

1 Pourquoi notre Hyper-Titanic va couler

Les troubles au Moyen-Orient sont une grande source de bénéfices pour les États-Unis

3 « Tous Américains », « Tous Charlie », tous en guerre !

4 Marché-Système en déroute : petit survol d’une grande crise

5 Loi sur le Renseignement : un mensonge d’État

6 Emmanuel Todd chez Bourdin

7 Killed By Police, un graphique édifiant

8 Why Obama administration is so determined to start a race war

9 Le complot de Baltimore Vers un état policier et une dictature militaire ?

10 Unclear dangers

11 Nearly Half of US Believes Military Drills Point to Fed Takeover of States

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Première application concrète de la liberté d’expression post #jesuischarlie : l’humoriste Dieudonné inculpé pour « apologie du terrorisme »

Première application concrète de la liberté d’expression post #jesuischarlie : l’humoriste Dieudonné inculpé pour « apologie du terrorisme » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 


Première application concrète de la liberté d’expression post #jesuischarlie : l’humoriste Dieudonné

inculpé pour « apologie du terrorisme »

 

Dimanche dernier dans toute la France se sont déroulées des manifestations en mémoire des victimes des attaques terroristes du 7 janvier et en faveur de la « liberté d’expression », symbolisée selon le pouvoir médiatico-politique par l’hebdomadaire Charlie Hebdo.


Certains ont déploré avec raison la présence de criminels de guerre à ces manifestations ou de représentants de régimes d’apartheid, comme le Premier ministre israélien B Netanyahou ou le président ukrainien Porochenko.


Le dessinateur de Charlie Hebdo Willem a également déclaré dans la presse néerlandaise qu’il vomissait « sur ceux qui, subitement, disent être nos amis ». Il cite entre autres le Pape, la reine Élisabeth, ou encore Marine Le Pen.

 

Le président François Hollande et la classe politique ont élevé dans un bel unanimisme les membres de la rédaction du journal assassinés au rang de « héros » morts pour la « liberté d’expression ». C’est également au nom de cette dernière que près de 3 millions de Français sont descendus dans la rue et que l’ensemble du système médiatique s’est associé à la rédaction du journal satirique en affichant une bannière proclamant « je suis Charlie ».

 

Pourtant, la première décision prise à la suite des attentats par le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve réuni avec ses homologues européens a été d’annoncer le renforcement des mesures antiterroristes, chose somme toute logique, mais qui ne parviendra cependant peut-être pas à masquer l’inefficacité coupable des services de renseignements français.


Selon le journal Le Parisien, les ministres se seraient mis d’accord afin de repenser les accords de Schengen, qui instaurent la libre circulation des personnes entre les pays signataires. Il s’agira de renforcer le contrôle des ressortissants européens aux frontières extérieures, afin notamment de limiter le départ des candidats au djihad, mais aussi d’améliorer les échanges d’information entre les services de police étrangers. Pas sûr là non plus que cela permette d’éviter un nouvel epic fail aux renseignements français. On se souvient en effet de leur embarras suite à l’interpellation manquée de trois djihadistes revenant de Syrie au mois de septembre qui avaient atterri à l’aéroport de Marseille alors que les forces de police les attendaient à Orly… Le ministère de l’Intérieur communiqua immédiatement à ce sujet en chargeant les services de renseignement turc, les djihadistes ayant transité par un vol en provenance de Turquie. Ainsi, selon le communiqué du ministère : « Les services français ont été informés par leurs homologues turcs de ce changement de vol après l’arrivée sur le sol français des trois ressortissants expulsés ». Tout était donc de la faute des Turcs incompétents. Or, selon le quotidien algérien Réflexion, cet epic fail serait dû à un plantage du système informatisé de surveillance CHEOPS qui était précisément tombé en rade à Marseille ce jour-là…


La deuxième mesure annoncée par Cazeneuve fut le renforcement de la surveillance, particulièrement au niveau du réseau Internet. Le ministre a ainsi insisté sur la nécessité d’une collaboration plus étroite avec les fournisseurs d’accès, soit la mise en place d’un système PRISM à la française : « Nous avons marqué avec force le besoin d’une plus grande coopération avec les entreprises de l’Internet pour garantir le signalement et le retrait des contenus illicites et notamment les contenus faisant l’apologie du terrorisme ou appelant à la violence ou la haine. »

 

Sous couvert de lutte contre le terrorisme et dans la garantie « des libertés individuelles », un système de surveillance généralisé va donc prochainement être mis en place, mais rassurez vous, c’est pour votre bien. Et d’ailleurs, vous n’avez rien à cacher, non ?

 

Ces mesures visant à « garantir notre sécurité » et les manifestations pour la « liberté d’expression » trouvent aujourd’hui leur première application concrète, par une sorte de télescopage contre nature, mais prévisible, dans l’inculpation de l’humoriste Dieudonné pour le motif « d’apologie du terrorisme ».

Le crime du polémiste ? Avoir posté en rentrant de la manifestation de dimanche sur son statut Facebook la mention « je me sens Charlie Coulibaly ». De très nombreux internautes ont immédiatement signalé la page à la plate forme de signalement des contenus illicites PHAROS. Le Premier ministre Manuel Valls a emboîté le pas en appelant « à ne pas confondre la liberté d’expression et l’antisémitisme ». Bernard Cazeneuve a également réagi en qualifiant les propos tenus par l’humoriste « d’abjection » et a annoncé le lancement d’une inculpation.

 

Cet événement montre les limites très étroites et très politiques qu’entendent accorder les services de l’État à la liberté d’expression post #jesuischarlie au nom de laquelle des millions de veaux français sont descendus manifester dans les rues dimanche. L’humoriste a ensuite publié une explication de texte sur sa page Facebook, à destination de Bernard Cazeneuve dans laquelle il dénonce le harcèlement dont il fait l’objet de la part des services de l’état, avec 80 procédures judiciaires ouvertes à son encontre. Il conclut en disant « On me considère comme un Amédy Coulibaly alors que je suis Charlie », ce qui constitue effectivement le fond de son message posté précédemment et ayant suscité l’hallali gouvernemental.


Preuve s’il en est que l’humour reste décidément difficilement accessible aux cons. La conclusion est limpide et revient donc à l’humoriste : « mes propos ne vous intéressent que lorsque vous pouvez les détourner pour mieux vous indigner ».

 

C’est effectivement tout le sens de la nouvelle « liberté d’expression » post #jesuischarlie qui semble se mettre en place : une liberté encore plus sélective et soumise à la surveillance renforcée de l’État et de ses relais médiatiques, une liberté d’expression qui sera, au nom de la « lutte contre le terrorisme » et du « vivre ensemble » soumise à la police de la pensée. Non, décidément, #jenesuispascharlie. 

 

 

Par Guillaume Borel les moutons enragés – le 12 janvier 2015

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Tous Américains, tous Charlie, tous en guerre !

Tous Américains, tous Charlie, tous en guerre ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source image : formerplushaut.com


 

Tous Américains, tous Charlie, tous en guerre !

 

Deux semaines après le massacre de Paris et le déclenchement de l’immense opération de brainwashing « JeSuisCharlie », la poussière des émotions retombe enfin et on commence à mesurer l’étendue des dégâts.


L’instrumentalisation jusqu’à la nausée de l’affaire a fonctionné à merveille. Le cadavre politique Flanby et sa cour ont ressuscité dans les sondages et, surtout, la mobilisation complète de la machinerie politico-merdiatique hexagonale a provoqué une sorte de « reset » permettant l’incorporation instantanée de la France dans le grand délire islamophobe du choc des civilisations US.


Au plan intérieur, la tentation totalitaire est bien réelle avec une classe dirigeante qui a d’ores et déjà réduit la liberté d’expression à l’expression de ses seules opinions.

 

 

Islamophobie et paranoïa


 

Le bilan est désastreux. Au moment même où tous les Charlies de l’Hexagone prétendaient manifester pour la liberté d’expression : des dizaines de personnes ont été arrêtées pour « apologie de terrorisme » (dont une jeune fille de 14 ans) parfois pour de simples commentaires ironiques (1) ou même un dessin ; Dieudonné a été placé en garde à vue pour un tweet ; des dizaines d’attaques islamophobes ont été perpétrées à travers la France (2).

Sous couvert de réflexe républicain, chacun y est allé de son islamophobie en exigeant des musulmans qu’ils condamnent le massacre.


Comme si cette tuerie avait un quelconque rapport avec l’Islam en tant que religion.


A-t-on exigé des Juifs de France qu’ils condamnent le massacre de plus de 2.000 Palestiniens, dont 500 enfants par les Israéliens en mars 2014 ?

 

Rupert Murdoch, possesseur du plus grand groupe de presse du monde, aura parfaitement résumé la puanteur de l’esprit du moment dans un seul tweet : « Peut-être que la plupart des musulmans sont pacifiques, mais jusqu’à ce qu’ils reconnaissent et détruisent leur cancer djihadiste croissant, ils doivent être tenus pour responsables. » (3).

 

 

Tentation totalitaire


 

Autre sujet d’inquiétude : la tentation totalitaire qui s’est manifestée au plus haut niveau.

 

Le concept de « totalitarisme » vient, rappelons-le, du fait qu’il ne s’agit pas seulement de contrôler l’activité des personnes, comme le ferait une dictature classique, mais de s’immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l’adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté.

 

Et là, sans s’arrêter à l’appel de la députée UMP des Yvelines Valérie Pécresse pour un « Patriot Act à la française », la palme de la dérive totalitaire revient à Nathalie Saint-Cricq, journaliste de France2, responsable du service politique de la chaîne depuis juin 2012 : « C’est justement ceux qui ne sont pas « Charlie » qu’il faut repérer, ceux qui, dans certains établissements scolaires ont refusé la minute de silence, ceux qui « balancent » sur les réseaux sociaux et ceux qui ne voient pas en quoi ce combat est le leur. Eh bien, ce sont eux que nous devons repérer, traiter, intégrer ou réintégrer dans la communauté nationale. »
No comment.

 

 


L’école mobilisée pour former des Charlies ?


 

Les déclarations de la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem sont également stupéfiantes : « Même là où il n’y a pas eu d’incidents, il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des élèves. Et nous avons tous entendu les « Oui je soutiens Charlie, mais… », les « deux poids, deux mesures », les « pourquoi défendre la liberté d’expression ici et pas là ? » Ces questions nous sont insupportables, surtout lorsqu’on les entend à l’école, qui est chargée de transmettre des valeurs. »
 Mais alors de quelles valeurs s’agit-il exactement ?

 

La ministre Belkacem en a dessiné les contours après l’annonce du Président-Poire Flanby d’un « acte II » de la refondation de l’école (4).

Les mesures proposées sont notamment :

 

« Un nouvel enseignement moral et civique »
 [s’agit-il d’inculquer aux enfants les valeurs du Système en leur imposant de renoncer à leur libre arbitre ?] ;

 

« Un renforcement de l’éducation aux médias et à l’information »
[s’agit-il d’apprendre aux enfants à aimer la propagande officielle et ses canaux, et à renoncer à la tentation de l’information dissidente sur internet ?]

 

« une Journée de la laïcité célébrée chaque 9 décembre »
 [S’agit-il de promouvoir une laïcité respectueuse des religions, ou cette laïcité nihiliste à la CharlieHebdo qui impose à chacun (enfin presque) d’accepter que sa religion soit injuriée sans broncher, bref, s’agit-il de former des Charlies ?]

 

Lorsqu’une ministre de l’éducation estime que les questions des élèves sont insupportables, l’inquiétude est en effet plus que légitime.

 

Reste qu’aujourd’hui, au lendemain de ce qui se prétendait être un grand rassemblement républicain, la France n’a jamais été aussi divisée entre prédateurs et travailleurs, classe politico-merdiatique et peuple, bobos des villes et kaïras des cités, Juifs, laïcs, musulmans et, désormais, entre Charlie et pas Charlie.

 

 

La loi mobilisée pour une purge idéologique d’internet ?

 

À cette crispation idéologique viennent évidemment s’ajouter les tentations liberticides de l’appareil sécuritaire.

 

Verbatim

Jean-Jacques Urvoas, député PS : « Nous voulons avoir accès aux ordinateurs. »
 Christian Jacob, chef de file des députés UMP : « Si nécessaire, il faudra restreindre les libertés publiques et la liberté individuelle de quelques-uns. »
 Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur : « Dans le combat que nous menons contre le terrorisme, il devra y avoir Internet. »
 Là encore, l’inquiétude est plus que légitime, à plus forte raison lorsque l’on connaît la volonté quasi hystérique du Premier ministre Valls de purger internet selon son goût, et notamment en créant l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme (5).

 

Valls, discours au Trocadéro, 19 mars 2014 : « Nous devons faire corps pour combattre cet antisémitisme nouveau, qui se nourrit de l’antisionisme, qui se déverse sur la toile et sur l’Internet. Il nous faut réfléchir, il nous faut travailler, il faut si c’est nécessaire, légiférer. »


 

 

« La guerre, c’est la paix »


 

À l’internationale, bien sûr, c’est la curée.

 

Comme le relève le Figaro : « Un climat d’unanimité inédit a présidé mardi (13 janvier) au vote des députés et sénateurs sur la prolongation des frappes aériennes françaises en Irak contre l’État islamique (EI), alias Daech. »

 

Certes. Qui oserait aujourd’hui critiquer cette décision ? Et peu importe encore une fois si ces djihadistes-assassins sont un pur produit de la politique étrangère conduite par le Bloc atlantiste au Moyen-Orient depuis 25 ans (6). Peu importe si les USA et la France notamment les soutiennent, les entrainent et les financent depuis 3 ans en Syrie notamment.

 

Hier « Tous Américains » ; aujourd’hui « Tous Charlie » et, bien sûr, tous en guerre contre le terrorisme donc, dans cette guerre ingagnable (7) et éternelle à laquelle il est devenu impossible d’échapper.

 

Mais c’est tout bénéfice pour le Système, dont la France politique est devenue un simple rouage.

 

Car comme le pressentait très bien George Orwell dans son roman d’anticipation, « 1984 » : « Peu importe que la guerre ne soit pas réelle, ou, si elle l’est, que la victoire ne soit pas possible. La guerre ne vise pas à la victoire. Elle vise à être continuelle. (…) La guerre est menée par l’oligarchie contre ses propres sujets, et son objet n’est pas de remporter la victoire sur l’Eurasia ou l’Estasia, mais de garder la structure même de la société intacte. »
 La guerre sans fin contre le terrorisme n’a donc d’autre but que de permettre au Système de « perdurer dans son être » ; de permettre à ses privilégiés de conserver leurs privilèges malgré les inégalités croissantes, malgré sa toxicité, malgré la censure et le contrôle, malgré tout.

 

Comme le proclament les dirigeants du régime totalitaire imaginé par Orwell : « La guerre c’est la paix. La Liberté c’est l’esclavage. L’ignorance c’est la force. »
 Dont acte.

 

Postscriptum : « La lutte était terminée. Il avait remporté la victoire sur lui-même. Il aimait Big Brother ».

Georges Orwell, « 1984 », derniers mots.

 

 

 

Par entrefilets.com - le 23 janvier 2014

 

 

Notes :

1La France commence à incarcérer des gens pour des commentaires ironiques

2 Augmentation de 110 % des actes islamophobes

3 « Paris attacks » Pas au nom de l’Islam

4 L’école mobilisée pour former des Charlies

5 Après le terrorisme, les sites antisionistes bientôt bloqués sans juge ?

6 Le Charlie’s Sytem Magic Tour

 7 Le terrorisme ne se combat pas par la guerre, par Pierre Conesa

No comment yet.