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Guerres : 90 % des morts sont des civils - sur 248 conflits, les USA en ont provoqué 201

Guerres : 90 % des morts sont des civils -  sur 248 conflits, les USA en ont provoqué 201 | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Guerres : 90 % des morts sont des civils

 sur 248 conflits,

les USA en ont provoqué 201

Par David Swanson

 

La situation en Ukraine ? Les États-Unis ont organisé le pire, ils ont ouvert une boite de Pandore qui devient incontrôlable et qui gêne de plus en plus de monde. La situation au Maghreb ? Les États-Unis ont organisé le pire là également, ils ont tenté d’utiliser le monstre de Frankenstein et celui-ci échappe également à tout contrôle. Le lien entre ces deux actualités ? Le pillage des ressources, mais également la domination sur ces régions. La nation la plus puissante de la planète ne vit plus que grâce aux menaces sur autrui, à une réputation savamment entretenue, un espionnage total et une planche à billets qui ne cesse de vomir des billets qui n’ont plus aucune valeur. Au milieu de cela, des cadavres d’enfants qui s’amoncellent dans l’indifférence la plus grande, puisque l’on nous explique depuis des décennies maintenant que le programme télé du soir est largement plus important que ce que font les États pour que vous puissiez avoir une vie décente.

 

Le numéro de juin 2014 de la revue Américaine, American Journal of Public Health note (PDF gratuit ici ; pointe de chapeau David Swanson) :

 

  • Environ 90 % de tous les décès dans les guerres sont des civils : « La proportion des décès de civils et les méthodes de classification des décès en civils restent débattues, cependant il est clair que les décès de civils constituent entre 85 % à 90 % des pertes humaines causées par la guerre, avec environ 10 civils qui meurent pour chaque combattant tué dans la bataille. »

 

  • Swanson note : « le plus grand prétexte du recours à la guerre, c’est qu’elle doit être utilisée pour empêcher quelque chose de pire, appelée génocide. Non seulement le militarisme génère des génocides plutôt que de les prévenir, mais la distinction entre la guerre et le génocide est très mince ».

 

  • Les États-Unis ont lancé 201 sur les 248 conflits armés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : « Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a eu 248 conflits armés dans 153 endroits à travers le monde. Les États-Unis ont lancé 201 des opérations militaires à l’étranger entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et 2001, et depuis lors, d’autres, notamment en Afghanistan et en Irak... »

 

  • Les dépenses militaires américaines éclipsent tous les autres pays : « Les États-Unis sont responsables de 41 % des dépenses militaires totales dans le monde

 

  • Les pays suivants (NDLGazette : loin derrière les États-Unis) sur la liste des pays qui dépensent pour leur armée sont : la Chine, avec 8,2 % ;  la Russie, 4,1 % ; et le Royaume-Uni et la France, à la fois avec 3,6 %... Si tous les frais relatifs aux forces armées... sont inclus, les États-Unis dépensent un montant annuel de 1 trillion de dollars.

 

Pour un pays qui a l’aisance de créer la monnaie à partir de rien, ça se comprend, on se demande jusqu’à quand l’arnaque du petro dollar va-t-elle continuer…

 

Selon le rapport DOD de l’exercice financier 2012 (structure de base), DOD gère une propriété globale de plus de 555 000 installations dans plus de 5000 sites, couvrant plus de 28 millions d’acres.

 

Les États-Unis entretiennent 700 à 1000 bases militaires ou des sites dans plus de 100 pays dans le monde… » comme le montre sous forme visuelle le diagramme ci-dessus.

 

Ceci n’est pas un accident…

 

Le projet sur la passation des marchés militaires note :


Pour soutenir son empire mondial de la fin du 19e siècle, la Grande-Bretagne a adopté le « two power standard (standard de deux puissances), qui demandait à la Royal Navy à être égale à la force combinée des deux prochaines plus grandes marines du monde. Les États-Unis ont plus que doublé cette norme en ce qui concerne les budgets, et pourtant les politiciens américains et les hauts fonctionnaires de la défense se plaignent notamment que le montant des dépenses soit insuffisant.

 

En d’autres termes, l’Amérique a apparemment adopté une « norme de puissance totale »… dépenser plus militairement que la plupart du reste du monde combiné :

 

Les États-Unis ont dépensé plus pour leurs forces armées que les 13 les plus grandes nations réunies en 2011.

 

Non seulement la guerre est néfaste pour les civils, elle est aussi mauvaise pour l’économie et rend les citoyens plus pauvres.

 

Les oligarques sont les seuls qui en bénéficient.

 

 


Par David Swanson (écrivain et activiste américain) (washingtonsblog.com) - Flashmagonline via Allainjules.com - lesmoutonsenrages.fr – le 21 février 2015.

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10 guerres, 10 médiamensonges

10 guerres, 10 médiamensonges | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : fr.forwallpaper.com


 

 

10 guerres, 10 médiamensonges

Par Michel Collon

 

Chaque guerre est précédée d’un grand médiamensonge…

Chaque grande guerre est « justifiée » par ce qui apparaîtra plus tard (trop tard) comme une désinformation.

 

Inventaire rapide..., (NDLGazette : mais non exhaustif) — Article daté du 16 mai 2008

 

***

 

1. VIETNAM (1964-1975) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Les 2 et 3 août, le Nord-Vietnam aurait attaqué deux navires US dans la baie du Tonkin.

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : L’attaque n’a jamais eu lieu. C’est une invention de la Maison-Blanche.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Empêcher l’indépendance du Vietnam et maintenir la domination US sur la région.

 

— CONSÉQUENCES : Millions de victimes, malformations génétiques (Agent Orange), énormes problèmes sociaux.

 

 

2. GRENADE (1983) :

 

— MÉDIAMENSONGE : La petite île des Caraïbes est accusée de construire une base militaire soviétique et de mettre en danger la vie de médecins US.

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : Entièrement faux. Le président US Reagan a fabriqué ces prétextes de toutes pièces.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Empêcher les réformes sociales et démocratiques du Premier ministre Bishop (qui sera assassiné).

 

— CONSÉQUENCES : Répression brutale et rétablissement de la mainmise de Washington.

 

 

3. PANAMA (1989) :

 

— MÉDIAMENSONGE : L’invasion vise à arrêter le président Noriega pour trafic de drogue.

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : Créature de la CIA, Noriega réclamait la souveraineté à la fin du bail du canal. Intolérable pour les USA.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Maintenir le contrôle US sur cette voie de communication stratégique.

 

— CONSÉQUENCES : Les bombardements US ont tué 2.000 à 4.000 civils, ignorés des médias.

 

 

4. IRAK (1991) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Les Irakiens auraient volé les couveuses de la maternité de Koweït-City

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : Invention totale par une agence publicitaire payée par l’émir du Koweït, Hill & Knowlton.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Empêcher que le Moyen-Orient résiste à Israël et acquière son indépendance envers les USA.

 

— CONSÉQUENCES : D’innombrables victimes par la guerre, puis un long embargo y compris sur les médicaments.

 

 

5. SOMALIE (1993) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Monsieur Kouchner se « met en scène » comme héros d’une intervention humanitaire.

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : Quatre sociétés US avaient acheté un quart du sous-sol somalien riche en pétrole.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Contrôler une région militairement stratégique

 

— CONSÉQUENCES : Ne parvenant pas à la contrôler, les États-Unis maintiendront la région dans un chaos prolongé.

 

 

6. BOSNIE (1992 — 1995) :

 

— MÉDIAMENSONGE : La firme US Ruder Finn et Bernard Kouchner mettent en scène de prétendus camps serbes d’extermination.

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : Ruder Finn et Kouchner mentaient. C’étaient des camps de prisonniers en vue d’échanges. Le président musulman Izetbegovic l’a avoué.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Briser la Yougoslavie trop à gauche, éliminer son système social, soumettre la zone aux multinationales, contrôler le Danube et les routes stratégiques des Balkans.

 

— CONSÉQUENCES : Quatre années d’une guerre atroce pour toutes les nationalités (musulmans, serbes, croates). Provoquée par Berlin, prolongée par Washington.

 

 

7. YOUGOSLAVIE (1999) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Les Serbes commettent un génocide sur les Albanais du Kosovo

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD :

Invention pure et simple de l’OTAN comme le reconnut Jamie Shea, son porte-parole officiel.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Imposer la domination de l’OTAN sur les Balkans, et sa transformation en gendarme du monde. Installer une base militaire US au Kosovo.

 

— CONSÉQUENCES : Deux mille victimes des bombardements OTAN. Nettoyage ethnique du Kosovo par l’UCK, protégée de l’OTAN.

 

 

8. AFGHANISTAN (2001) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Bush prétend venger le 11 septembre et capturer Ben Laden

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : Aucune preuve que ce réseau existe. De toute façon, les talibans avaient proposé d’extrader Ben Laden.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Contrôler militairement le centre stratégique de l’Asie, construire un pipeline permettant de contrôler l’approvisionnement énergétique de l’Asie du Sud.

 

— CONSÉQUENCES : Occupation de très longue durée, et forte hausse de la production et du trafic d’opium.

 

 

9. IRAK (2003) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Saddam posséderait de dangereuses armes de destruction, affirme Colin Powell à l’ONU, éprouvette en main.

 

— CE QU’ON APPRENDRA PLUS TARD : La Maison-Blanche a ordonné à ses services de falsifier des rapports (affaire Libby) ou d’en fabriquer.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Contrôler tout le pétrole et pouvoir faire chanter ses rivaux : Europe, Japon, Chine...

 

— CONSÉQUENCES : L’Irak plongé dans la barbarie, les femmes ramenées à la soumission et l’obscurantisme.

 

 

10. VENEZUELA - ÉQUATEUR  (2008 ?) :

 

— MÉDIAMENSONGE : Chavez soutiendrait le terrorisme, importerait des armes, serait un dictateur (le prétexte définitif ne semble pas encore choisi).

 

— CE QU’ON SAIT DÉJÀ : Plusieurs médiamensonges précédents se sont déjà dégonflés : Chavez tirant sur son peuple, Chavez antisémite, Chavez militariste... Mais la diabolisation continue.

 

— VÉRITABLE OBJECTIF : Les multinationales US veulent garder le contrôle du pétrole et des autres richesses de toute l’Amérique latine, ils craignent la libération sociale et démocratique du continent.

 

— CONSÉQUENCES : Washington mène une guerre globale contre le continent : coups d’État, sabotages économiques, chantages, développement de bases militaires près des richesses naturelles.

 

***

 

Bref, chaque guerre est précédée et « justifiée » par un grand médiamensonge. Et notre inventaire est loin d’être complet !

 

Empêcher les guerres, c’est démasquer ces médiamensonges le plus tôt possible et le plus largement possible…

 

 

 

Par Michel Collon – Investig’Action – le 11 juillet 2008


Koter Info's insight:


Raison pour laquelle, dans les médias, on tente de ridiculiser les lanceurs d'alertes appelés également conspirationnistes.


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France - La commandante de police lance une bombe

France - La commandante de police lance une bombe | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



La commandante de police lance une bombe

 

 

La policière met en cause la hiérarchie de la banque

 

La bien-pensance libérale avait beaucoup ironisé (au printemps 2014) sur la « pseudo-conversion religieuse » de Jérôme Kerviel et sur le soutien que lui apportaient, conjointement, Jean-Luc Mélenchon, le prêtre catholique poitevin Patrice Gourrier et Mgr Di Falco, évêque de Gap : des soutiens « improbables », mais, surtout, un Kerviel indéfendable ; c’est-à-dire à ne pas défendre, puisque la Banque et la Justice avaient tranché... 

 

Le P. Patrice Gourrier.

 

Mai 2015 : une bombe ! Selon une investigatrice de Mediapart, qui vient d’en témoigner à la télévision, la commandante de police Nathalie Le Roy (qui avait dirigé l’enquête sur la perte de 4,9 milliards d’euros par la Société Générale en janvier 2008), vient de déclarer au juge Roger Le Loire : « À l’occasion des différentes auditions et des différents documents que j’ai pu avoir entre les mains, j’ai eu le sentiment puis la certitude que la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait pas ignorer les positions [spéculatives] prises par ce dernier. »

 

La policière avait notamment recueilli la déposition d’un ex-membre du service des  risques opérationnels de la Société Générale, selon lequel « l’activité de Kerviel était connue ». Ce témoin avait déclaré avoir informé en urgence l’adjointe au directeur dudit service. La policière avait alors demandé (par réquisition judiciaire) communication des échanges de courriels entre le salarié et la direction. Laquelle n’avait pas obtempéré...

 

Les enquêtes de 2008 avaient néanmoins découvert (selon la policière) que les folies spéculatives de Kerviel avaient été signalées plus de vingt fois à la direction de la banque, qui n’en avait pas tenu compte.

 

Mais c’est la version de la direction qui allait prévaloir lors du procès correctionnel, en première instance et en appel, avec l’issue que l’on connaît : Kerviel déclaré unique coupable (solitaire génie du Mal), et condamné à des dommages-intérêts ubuesques.

 

La bombe lancée cette semaine par Mediapart semble secouer la Société Générale, qui riposte par un « circulez, il n’y a rien à voir » : « L’affaire liée aux agissements frauduleux de Jérôme Kerviel remonte maintenant à plus de sept ans et a fait l’objet de plusieurs décisions de justice qui toutes ont reconnu la culpabilité pénale exclusive de Jérôme Kerviel. »

 

Mais un procès Kerviel au civil doit se tenir en janvier 2016. Son objet est d’établir les responsabilités exactes dans la perte de 4,9 milliards. D’où peut-être les révélations de la commandante Le Roy. Qui vont susciter quelques questions gênantes au PDG de la Société Générale (Frédéric Oudéa) lors de l’assemblée générale, qui se tient demain mardi...

 

En attendant, voici les déclarations de Kerviel au site catholique Aleteia, en février 2014 :

 

Économie 10.02.2014

 

Jérôme Kerviel : « Je suis le monstre créé et recraché par la finance »

 

<< Aleteia : Pourquoi acceptez-vous de vous exprimer aujourd’hui, à la veille du jugement de « l’affaire Kerviel » en cassation ?

 


Jérôme Kerviel : Parce que mon nom est devenu le synonyme de ce que la finance a pu créer de pire. Il m’a été infligé une condamnation sans précédent de près de 5 milliards d’euros. Personne avant moi n’avait eu à supporter une telle condamnation, un tel châtiment. Cette condamnation s’appuie sur des mensonges : la Société Générale aurait ignoré que j’ai pris sur les marchés spéculatifs des positions de 50 milliards d’euros. J’ai été présenté comme ayant inventé « un système » alors, qu’un an avant l’éclatement médiatique de cette affaire, un salarié de cette même banque s’était suicidé après avoir appliqué ce même système que nos supérieurs nous apprenaient et auquel nous avons été formés. Je souhaite m’exprimer parce qu’au-delà de la justice et de mon propre sort, je veux rendre compte des épreuves qu’il m’est désormais imposé d’affronter, en espérant que tout ceci ne soit pas vain.

 

— Au-delà de l’argent, de votre dette, humainement, que vous a coûté l’affaire qui porte votre nom ?

 


J.K. : Elle m’a coûté ce que je suis devenu. Je suis devenu ce que la banque a fait de moi : d’abord un bon soldat, sans grande profondeur, puis une sorte de coupable renfermé. Je suis timide et réservé, mon ami et avocat en rit en disant que c’est parce que je suis Breton et que les Bretons sont taiseux. J’ai les atouts d’un coupable idéal parce que je m’exprime peu et que ma voix est basse. Cela a été longtemps pris pour du mépris et de l’arrogance, mais c’est tout l’inverse. À chaque stade de l’affaire, j’ai eu peur et j’ai été dépassé. Je ne sais jamais ce qui va se passer demain et cela m’épuise littéralement. Je me bats pour laver le nom de ma famille : j’ai été présenté comme le responsable de la crise financière de 2008. J’ai eu l’occasion de le dire : je suis le monstre créé et recraché par la finance. Mon père est mort fier de mon « parcours » avant tous ces événements et si je regrette son absence, je suis soulagé qu’il n’ait pas assisté à ce que j’ai enduré par la suite. Ma mère est tombée très gravement malade immédiatement après l’éclatement de l’affaire, et ne survivra probablement pas à mon incarcération. Je ne veux pas qu’elle meure en se disant que j’ai sali notre nom.

 

 

— Avez-vous encore confiance dans la justice ?

J.K. : Il a été décidé que je devais être le « bouc émissaire » de cette affaire. Cela fait maintenant six ans que je me bats pour prouver mon innocence. Mon emprisonnement injuste est peut-être imminent. Ce dossier est devenu, malgré moi, un sujet de société qui dépasse l’être humain que je suis. Mais les errements judiciaires qui entachent chaque pan de mon dossier ont achevé de me faire perdre toute confiance dans la justice des hommes.

 

 

— Êtes-vous prêt aujourd’hui à reconnaître en toute franchise que vous vous êtes trompé ?

J.K. : Je me suis trompé dans ce qui me semblait et m’était présenté comme un accomplissement absolu. Je me suis trompé en participant à ce système. Je dois avouer que si je ne m’étais pas retrouvé au cœur de cette affaire, je ne suis pas certain que j’aurais acquis le recul nécessaire pour prendre conscience de ce que je faisais et mesurer l’impact de mes actions. J’ai fait ce que la banque m’a appris à faire et je n’ai volé personne.

 

 

— Mais reconnaissez-vous une responsabilité personnelle dans cette affaire ?



 

J.K. : Il y a deux interrogations dans votre question. Il est tout à fait indiscutable que le système financier, faussement régulé de par le monde, est à l’origine des crises successives qui ont de lourdes conséquences sur la plupart des femmes et des hommes de la planète. Ce système, tel qu’il existe aujourd’hui, sera la cause de son propre effondrement si les dirigeants de ce monde n’acceptent pas de se saisir du sujet.

 

Mais suis-je coupable de ce dont je suis accusé, c’est-à-dire d’avoir spéculé sans que mon employeur le sache ? La réponse est résolument non. Je maintiens ce que j’ai toujours dit : ma hiérarchie connaissait mes positions de trading au jour le jour et tout allait bien tant que mes positions faisaient gagner de l’argent à la banque. D’ailleurs, à ma connaissance, il n’existe nulle part, dans le monde, d’affaires où un système financier aurait dénoncé les agissements d’un trader alors que celui-ci était en train de lui faire gagner de l’argent. C’est un système d’une très grande hypocrisie, un système auquel j’ai activement participé.

 

Pour autant, ma part de responsabilité personnelle, je n’ai jamais tenté de m’y soustraire : oui, dans le cadre de mon travail, j’ai spéculé contre certaines entreprises induisant en cela des conséquences sur l’emploi de ces entreprises. J’ai spéculé contre des monnaies contribuant à les affaiblir. Oui, j’ai spéculé, faisant ainsi gagner beaucoup d’argent à mon employeur, sur diverses crises financières et politiques. C’est à cela que j’ai été formé. Oui, en résumé, j’ai participé à l’œuvre de la finance dans ce qu’elle a de pire, de plus malsain et de plus inavouable. Ce que nous faisions nous était présenté comme une « activité normale et utile », alors que c’était radicalement le contraire.

 

 

— En quelques mots, comment décririez-vous le fonctionnement de la finance spéculative ?

J.K. : Ce système se nourrit de catastrophes et malheurs puisque tout est prétexte pour spéculer pour faire de l’argent, sans avoir rien fabriqué au préalable. Comprenez-moi bien, la spéculation ne crée rien. Pour vous donner un exemple de la perversité du système spéculatif, il suffit de se souvenir que les journées de trading les plus profitables pour les banques sont celles où se déroulent de grandes catastrophes : attentats, tsunami, déclarations de guerre)

 

 

— Quelles leçons n’avons-nous pas encore tirées de la crise financière ?

 


J.K. : Aucune réforme de fond et concertée n’a été engagée alors que les hommes politiques de tous les pays n’ont eu de cesse de dénoncer les effets pervers et dévastateurs de la finance. Si vous me permettez un parallèle, les dérives de la finance sont traitées avec la même désinvolture que le dérèglement climatique : tout le monde comprend que nous courrons à la catastrophe sans être capables de mobiliser l’énergie suffisante permettant un sursaut collectif et des réformes en profondeur.

 

 

— Au bout de six ans de combat, vous sentez-vous prêt à affronter la prison ?

 


J.K. : Non, personne, innocent de ce dont il est accusé, ne peut s’y résoudre. Le système financier préfèrera toujours un seul coupable à un exercice de remise en cause collectif. Alors je serai celui-là, mais je ne suis pas disposé à l’accepter. Sur le plan personnel, ma vie a été bouleversée par cette affaire et a causé injustement du tort à mes proches, à commencer par ma mère, qui fait face avec courage à la maladie. Cette affaire aura également causé du tort à bien des honnêtes personnes qui travaillent à la Société Générale et qui sont au contact des clients. Mais je dois aussi souligner que bon nombre de ces salariés m’ont apporté un soutien réconfortant.

 

 

— Vous parlez d’honnêteté et de morale. Qui selon vous incarne aujourd’hui ce message et ces valeurs ?

 


J.K. : Le Pape François représente pour moi une figure — LA figure — morale d’honnêteté et de droiture. Ses prises de paroles engagées font écho à l’éducation et aux valeurs qui m’ont été inculquées par mes parents, et dont je n’aurais sans doute jamais dû m’éloigner. De par ses actes et ses actions concrètes, il est évident que le Pape place l’humain au centre de son discours et de son action. Selon moi, la condamnation par le Pape des dérives de la finance internationale, la fermeture de plus de 900 comptes bancaires présentés par la presse comme extrêmement douteux, constitue un acte fondateur, de courage absolu et de clarté dans le chemin qui doit être emprunté pour améliorer la vie des gens. Ce que je ne comprenais pas alors et que je perçois aujourd’hui, c’est que les dérives de la finance, qui profitent à très peu de personnes, nuisent gravement à la vie du plus grand nombre. Il est étrange pour moi de vous dire ça, car j’avoue que ma foi est fragile et qu’elle a été entamée largement par toute l’injustice de cette affaire et dans le même temps, j’ai foi en cet homme et sa détermination. C’est pour moi l’image d’un phare qui montre un cap, seul à même de moraliser le système et de mettre en échec l’insupportable relégation de l’humain au second plan.

 

 

Propos recueillis par Jesús Colina et Yvon Bertorello

Avec la collaboration de Judikael Hirel pour l’édition française.

Lire aussi l’analyse de Jesús Colina : Les trois leçons de l’affaire Kerviel. >>

 

 

 

Par Patrice de Plunkett - plunkett.hautetfort.com - le 18 mai 2015.

 

 

(*) Patrice de Plunkett, né à Paris le 9 janvier 1947, est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (source Wikipédia)

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L’impérialisme, stade suprême du capitalisme

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L’impérialisme, stade suprême du capitalisme

Par Rosa Llorens (*)

 

L’historienne Annie Lacroix-Riz, spécialiste de la première moitié du XXe siècle, prononçait le 14 février, à la Sorbonne, une conférence intitulée : Partages et repartages du monde à l’époque des Première et Deuxième Guerres mondiales. Un point de vue marxiste-léniniste sur les rivalités interimpérialistes.

 

Mais d’abord, elle a resitué son intervention dans le contexte universitaire et intellectuel français d’aujourd’hui, un contexte de censure proprement maccarthyste, où même les bibliothèques universitaires ne donnent accès aux étudiants qu’aux ouvrages d’une seule ligne politique, la ligne officielle. Alors que, sur l’histoire de l’URSS, le catalogue présente des livres de Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann (dont on connaît le sérieux et les compétences !), le bibliothécaire de Paris I Sorbonne a refusé l’achat d’un livre de référence, Les Guerres de Staline, de Jeffrey Roberts (publié en français en 2014 par les éditions Delga), en prétextant son défaut d’objectivité. Une pétition a été lancée, pour protester contre la censure à l’Université, qu’on peut trouver sur le site d’Annie Lacroix-Riz.

 

Ce climat, du reste, ne s’est pas installé d’un coup ; cette censure, pas même étroitement antimarxiste, mais dirigée contre tous les auteurs qui ne suivent pas la ligne atlantiste, sévit depuis les années 1980, et un épisode marquant s’est déroulé dans les années 1990 : sur le refus de plusieurs éditeurs de faire traduire en français le livre d’Éric Hobsbawm, L’Âge des extrêmes, histoire du court XXe siècle, le Monde diplomatique s’associa à une initiative privée pour le traduire et le publier, et l’ouvrage fut un grand succès de librairie.

 

Annie Lacroix-Riz, elle, prolonge la tradition marxiste, qui a fait la gloire, en d’autres temps, de l’Université française, et confirme l’impression qu’on ressent confusément : nous vivons une période d’obscurantisme, où les œuvres stimulantes, en littérature comme en histoire, ont du mal à se faire jour. Que peut apporter à la science un historien comme Christopher Clark qui, dans Les Somnambules, explique le déclenchement de la Première Guerre mondiale par les caprices ou les affaires de cœur des dirigeants, quand ce n’est pas par la sauvagerie consubstantielle au Serbe (voire « la culture de l’assassinat politique » chez les Serbes, selon la recension du Monde des livres, pour qui il s’agit d’une « recherche orientée, mais exemplaire dans son genre ») ?

 

Annie Lacroix-Riz dénonce enfin l’orientation des manuels d’histoire du secondaire qui, en imposant la notion confusionniste de totalitarisme, qui amalgame nazisme et communisme, habitue les jeunes à ne rien comprendre à leur Histoire et à leur contexte historique.

 

Le fil directeur de la conférence est, lui, rigoureusement clair et argumenté, et appuyé sur l’ouvrage de Lénine, L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme : non, les dirigeants politiques ne se comportent pas en somnambules, ils ne déclenchent pas des guerres par inadvertance ; les guerres sont tout, sauf absurdes (oublions les lieux communs à la Voltaire et Prévert). Les guerres du XXe siècle ont été des guerres impérialistes, commandées par une logique économique et géostratégique tellement forte qu’elle explique encore, après les guerres de 1914-1918 et de 1940-1945, celles d’aujourd’hui (celles qui sont en cours et cette Troisième Guerre mondiale qui est à nos portes et qu’on redoute de plus en plus).

 

En effet, Annie Lacroix-Riz insiste sur la constance des buts de guerre des deux grandes puissances impérialistes qui ont dominé le XXe siècle, l’Allemagne et les États-Unis. Pour la première, Fritz Fischer, en 1961, montrait, dans Les Buts de guerre de l’Allemagne impériale, l’identité de la politique extérieure du IIe Reich, de la République de Weimar et du IIIe Reich. L’Allemagne luttait déjà avant 1914 pour s’imposer en Afrique, dans l’Est de l’Europe et dans l’Empire ottoman (qui, en 1907, lui attribue la ligne de chemin de fer de Bagdad), et ces luttes sont déjà des luttes pour les minerais et le pétrole.

 

Quant aux États-Unis, ils se voyaient déjà comme la grande puissance mondiale au début du XXe siècle. Annie Lacroix-Riz remet les pendules à l’heure en ce qui concerne le mythe de l’isolationnisme des USA : d’abord, il inclut toute l’Amérique latine dans sa zone d’influence intérieure, et il n’exclut pas qu’elle en sorte quand la situation est favorable ; ainsi, en 1899, on s’insurge, aux USA, contre le monopole que les Européens se sont taillé en Chine.

 

Mais le point essentiel de la conférence, c’est l’implication des USA en Europe et leurs relations traditionnellement complexes avec l’Allemagne qui, à l’issue de la Première Guerre mondiale, leur sert à la fois de cheval de Troie et constitue pour eux un sérieux rival. Cet axe USA/Allemagne affaiblit les deux autres impérialismes, français et anglais, qui, en 1918, sont déjà épuisés et ne joueront plus qu’un rôle secondaire. Dès 1918, l’Allemagne, appuyée par les USA, part à la conquête des pays baltes et de l’Ukraine (riche, outre sa situation stratégique, de blé, fer, charbon) ; la famine de 1920-1921 lui permettra, sous couvert d’opération humanitaire, d’avancer ses pions.

 

Ainsi, le vaincu apparent, l’Allemagne, est en fait le vrai vainqueur. À partir des années 1920, l’Angleterre et la France, qui ne sont plus en mesure de développer leurs propres intérêts en Europe centrale, se retrouvent, du fait de l’imbrication des intérêts industriels et financiers, les alliés de l’Allemagne. Cette situation les conduira à la politique des concessions à l’Allemagne : en 1935, l’Angleterre lui reconnaît le droit à une marine de guerre, égale au tiers de la sienne, ce qui permettra à l’Allemagne de préparer la guerre contre la Russie dans la Baltique. Puis ce sera le lâchage de la Tchécoslovaquie, dont le Français Schneider contrôle pourtant la sidérurgie, mais il préfère céder Skoda à Krupp, et ce sont les accords de Munich en septembre 1938. En Espagne, c’est l’Angleterre qui joue un rôle de premier plan dans la métallurgie et les chemins de fer, mais elle aussi s’incline devant l’Allemagne. Ce n’est qu’en 1939 que l’exacerbation des rivalités entre Allemagne et USA les contraindra à choisir entre les deux.

 

Il faut cesser de voir la Deuxième Guerre mondiale comme une belle histoire de lutte antifasciste. C’est encore une guerre pour les ressources énergétiques et, là encore, les deux grands impérialismes ont le même objectif : l’Ukraine et, au-delà, la Russie. L’Allemagne essaie de l’atteindre par sa puissance militaire, et les USA par leur puissance financière : pendant que les belligérants s’usent, les USA, eux, s’enrichissent et, comme en 1918, ils n’interviendront militairement que le plus tard possible, une fois l’issue acquise, grâce à Stalingrad et au sacrifice de 20 millions de Soviétiques (on ne le répétera jamais assez face aux tentatives de réécriture de l’Histoire, comme celle du responsable polonais qui attribuait la libération d’Auschwitz aux Ukrainiens !). Dès ce moment, les USA visent à arrêter l’avance de l’Armée rouge, et préparent, dès avant la défaite de l’Allemagne, la future guerre contre l’URSS.

 

Ce retour en arrière est essentiel pour comprendre la situation actuelle : nous sommes, dit Annie Lacroix-Riz, dans une situation finlandaise : comme, en 1939, on avait lancé la Finlande contre l’URSS, on lance aujourd’hui l’Ukraine contre la Russie. Et comme alors aussi, Allemagne et USA, tout en étant alliées et complices, s’affrontent sur tous les terrains, comme elles se sont affrontées en Yougoslavie dans les années 1990 (voir Michel Collon, Poker menteur. Les grandes puissances, la Yougoslavie et les prochaines guerres, 1998).

 

L’impérialisme, stade suprême du capitalisme : toutes les époques de crise présentent les mêmes caractères économiques et politiques, mouvement de concentration du capital, impérialisme virulent, extrême violence dans les rapports politiques et sociaux, renforcement de la propagande, corruption exacerbée.


La baisse de la part laissée aux salaires, même si elle descendait à zéro, comme dans les camps de concentration, ne suffira pas à inverser la baisse tendancielle du taux de profit.

Selon Annie Lacroix-Riz, le capitalisme, comme le féodalisme avant lui, est moribond parce qu’il ne permet plus le développement des forces productives. Face à cette situation critique, et à ce qui nous attend encore, il faut que le plus grand nombre possible de citoyens comprenne ce qui se joue autour de nous.

 

Par Rosa Llorens (*) - echelledejacob.blogspot.be – le 15 février 2015

(*) Rosa Llorens est normalienne, agrégée de lettres classiques et professeur de lettres en classe préparatoire.

 

 

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