France - Convoqué par la police pour avoir « diffamé » Pierre Bergé | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


France - Convoqué par la police pour

avoir « diffamé » Pierre Bergé

 

Rapporter la mention de l’homme d’affaires Pierre Bergé -nommément évoqué — dans une enquête judiciaire sur l’existence possible de réseaux pédophiles au Maroc peut vous conduire au tribunal. Tel est mon cas.

 

Journaliste indépendant et fondateur du site d’investigation Panamza, je devrai prochainement me présenter devant une juge d’instruction à la suite d’une plainte en diffamation déposée à mon encontre par un éminent multimillionnaire : Pierre Bergé.

 

Un policier en charge du dossier m’a reçu à son bureau, jeudi 18 juin, pour m’en informer.

 

La veille, sa collègue et lui se sont même déplacés expressément à mon domicile pour me remettre la convocation. Le papier m’indiquait que je devais être « entendu en qualité de mis en cause, dans le cadre d’une procédure judiciaire diligentée » — selon « une commission rogatoire » — par la magistrate Carole Vujasinovic et pour laquelle je suis « soupçonné d’avoir commis l’infraction de diffamation publique envers un particulier, faits commis à Paris, le 29/10/2014 ».

 


Quels sont les faits ?

 

La mise en ligne sur mon site Panamza — et le relais consécutif sur les réseaux sociaux — de mon article intitulé « Scandale : Jack Lang et Frédéric Mitterrand célèbrent Pierre Bergé à l’Institut du monde arabe ».

 

Le sujet au cœur du papier ?

 

L’impunité et l’opacité relatives à une longue investigation policière, menée en 2011/2012 par la Brigade de protection des mineurs de Paris et finalement classée sans suite, à propos de l’implication de Français dans des réseaux pédophiles au Maroc. Interrogé par les enquêteurs, un prêtre — également sollicité ultérieurement par le magazine VSD — affirma ainsi avoir recueilli le témoignage de « parents de jeunes victimes » à Marrakech lors de ses séjours touristiques en 2003 et 2007. D’après lui, des faits de « prostitution de mineurs » se seraient déroulés dans la luxueuse villa Majorelle, propriété (depuis 1980) d’Yves Saint-Laurent et de Pierre Bergé. 

 

 

 

 

 

 

Depuis le 28 mars 2013 — date de parution de leur papier dans VSD, Nathalie Gillot, Armel Mehani et François Croz (coauteurs de l’enquête) n’ont pas été poursuivis en justice par Pierre Bergé.

 

Pourquoi, dès lors, porter plainte contre la publication — pourtant factuelle et étayée — de Panamza qui reprend, pour l’essentiel, des détails évoqués initialement, dix-neuf mois plus tôt, par l’hebdomadaire ?

 

 

Intimidation judiciaire

 

Âgé de 84 ans, Pierre Bergé n’est pas seulement richissime homme d’affaires et mécène courtisé.

 

 

 

 

Il est également un généreux contributeur des réseaux sionistes régulièrement exposés par Panamza.

 

Deux illustrations : 

 

* Le 21 janvier 2014, il « organisa », au sein de sa propre fondation, la soirée de l’association (membre du Crif) des Amis français du musée d’Israël de Jérusalem. Parmi les convives : Nicole Guedj, présidente de la Fondation France-Israël qui compara, comme l’avait révélé l’auteur de ces lignes, le Quai d’Orsay à une « maison bourrée d’Arabes déguisés ».

 

* Le 21 juin 2015, Pierre Bergé sera salué comme le « soutien » (en l’occurrence, financier) d’une conférence tenue par Mohamed Sifaoui (agent médiatique de la mouvance ultra-sioniste) et organisée par la revue du pro-Israélien radical Bernard-Henri Lévy.

 

Pierre Bergé est par ailleurs un prétendu défenseur de la laïcité qui réserve sa fougue anticléricale à l’encontre — uniquement — du christianisme et de l’islam. Celui qui prône ainsi « la suppression intégrale de toutes les fêtes chrétiennes » s’était aussi distingué — auprès du Figaro, en septembre 1996 — en faisant savoir, de manière péremptoire, qu’il jugeait l’islam « incompatible avec la laïcité », allant jusqu’à assimiler le simple « voile » (porté en France) au « tchador » (vêtement traditionnel iranien recouvrant le corps).

 

Nulle surprise, enfin, que l’homme influent qui attaque aujourd’hui Panamza en justice soit non seulement un donateur méconnu des soutiens d’Israël, mais également une figure tutélaire du Parti socialiste dont l’actuel tandem exécutif (François Hollande et Manuel Valls) a souvent été embarrassé par les nombreuses révélations du site à leur sujet. 

 

Pierre Bergé a d’ailleurs été promu, le 21 avril, « Grand officier de la Légion d’honneur » par le chef de l’État.

 

 

 

 

 

 

Pourvoyeur financier de SOS Racisme et patron — intrusif — de presse (Le Monde, l’Obs, Rue89), celui qui incarna le visage emblématique de la « gauche caviar » des années 80/90 sera défendu, dans le procès qu’il m’a intenté, par Emmanuel Pierrat, franc-maçon féru du marquis de Sade, ex-conseiller municipal apparenté PS et militant engagé en faveur d’une « liberté d’expression » à géométrie variable (pour celle de Charlie Hebdo et Michel Houellebecq, contre celle de Dieudonné).

 

Pierre Bergé est enfin le cofondateur de Comité Laïcité République, groupuscule paramaçonnique préoccupé par l’islam et dirigé par Patrick Kessel, ancien grand maître du Grand Orient de France. En 2013, Jeannette Bougrab y avait reçu un prix décerné par l’écrivain algérien Boualem Sansal — en présence de Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur. L’année précédente, Stéphane Charbonnier alias Charb (au milieu de la photo ci-dessus), directeur assassiné de Charlie Hebdo et prétendu compagnon de Bougrab, en était d’ailleurs le président du jury.

 

Rappel : la plainte déposée en décembre par Pierre Bergé à mon encontre fait suite à ma mise en examen — également pour « diffamation » — pour avoir qualifié Caroline Fourest de « désinformatrice ».

 

 

Par Hicham Hamza - panamza.com - le 20 juin 2015.