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« L’UE doit être détruite ! » : déchainement d’euroscepticisme au Parlement européen

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Photo : les membres du Parlement tiennet des pancartes « Freedom to Greece » (« Liberté pour la Grèce ») - Source : Reuters

 

  

« L’UE doit être détruite ! » : déchainement d’euroscepticisme au Parlement européen

 

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a été invité, mercredi 8 juillet, à participer à une séance plénière du Parlement européen. Sa présence a suscité un débat enflammé sur l’avenir de son pays et de toute l’Union.

 

« C’est un moment crucial pour la Grèce et pour la zone euro tout entière », a déclaré Alexis Tsipras en s’adressant mercredi matin aux membres du Parlement européen. Et cette phrase est devenue le leitmotiv de la séance. Alors que le dirigeant grec a appelé les parlementaires à respecter le choix démocratique de son peuple en prenant leurs décisions et estimé : « l’UE devra être démocratique où elle aura du mal à survivre », les représentants de l’Allemagne se sont mis à fustiger l’un après l’autre le gouvernement de Tsipras, en provoquant une réaction outragée des eurosceptiques.

 


« Tsipras a eu le courage de défier la politique

antidémocratique de l’Europe »

 

Un représentant de la délégation allemande, Manfred Weber du groupe PPE a fermement critiqué la politique du Premier ministre Alexis Tsipras, estimant qu’il était en train de « détruire la confiance en l’Europe ». « Vous engagez une provocation, et nous engageons un compromis. Vous détestez l’Europe, et nous l’aimons », a-t-il dit dans son intervention très mal accueillie par la délégation grecque.  

 

La position ferme des parlementaires allemands n’a pas recueilli beaucoup d’approbation au sein des délégués des autres pays. Le leader du parti eurosceptique britannique UKIP, Nigel Farage, a salué l’audace d’Alexis Tsipras qui défie la politique de l’UE. « Ils ne vont pas vous donner plus d’argent, mais si vous en avez le courage, vous devez conduire votre peuple à la sortie de la zone euro », a-t-il déclaré. Farage a également estimé que le plan de sauvetage de la Grèce ne visait pas à aider le peuple grec, mais les banques allemandes, françaises et belges.

 

 

  

« Les peuples de l’Europe commencent à montrer qu’ils n’ont jamais été consultés sur leur souhait de voir se construire cette union monétaire », a en outre estimé le parlementaire, disant qu’aucune organisation ne pouvait fonctionner si elle rassemblait des peuples aussi différents que ceux du sud et du nord de l’Europe.


« Je remercie M. Tsipras et le peuple grec » pour avoir eu le courage de « lancer un défi à cette cage antidémocratique qu’est l’Europe », et à la « monnaie unique que nous n’avons jamais souhaitée », a ajouté Matteo Salvini, un député italien de la Ligue du Nord. Ce dernier a aussi condamné les traités internationaux « abominables qui ont servi les intérêts des multinationales américaines et non de nos peuples et de nos ouvriers ».

 

 

 

« Il faut dissoudre de manière concertée la zone euro »

 

Les membres du groupe sociodémocrate (S & D) au sein du Parlement ont mis en garde contre un possible Grexit, qui serait désastreux pour l’UE. « L’avenir de l’Europe est en jeu, et pour le bien de l’Europe, les socialistes n’accepteront pas le Grexit », a déclaré le parlementaire italien Gianni Pittella. « Si la Grèce sort de l’euro, toute la construction de l’Europe, aujourd’hui stable et parfaite, va se démanteler », a estimé le député polonais Ryszard Legutko du groupe conservateur (ECR).


Ce n’est toutefois pas l’avis de Marine Le Pen, qui a également appelé à mettre fin à l’euro. « Vous n’avez pas peur que la Grèce fasse faillite, mais qu’elle montre qu’on peut sortir de la zone euro mieux qu’avant », a-t-elle lancé en s’adressant à la délégation allemande, en appelant Athènes à « tranquillement et d’une manière concertée sortir de l’euro ». 

 

 

 

 

« Il faut dissoudre de manière concertée la zone euro, et les tensions entre les peuples européens s’apaiseront enfin », a finalement estimé Le Pen.

 

Alors que certains intervenants appelaient à réfléchir à un « vrai compromis européen », c’est l’euroscepticisme radical qui a rapidement dominé l’hémicycle. « La question aujourd’hui est : peut-on réconcilier l’euro et la démocratie ? », a estimé la parlementaire espagnole Teresa Rodriguez-Rubio de la Gauche unitaire. « C’est triste à dire, mais l’euro ne marche pas », a dit le conservateur britannique Ashley Fox.

 

 

 

 

« Le projet européen doit être profondément repensé, sinon il est voué à l’échec », a pour sa part déclaré la députée italienne du groupe Démocratie directe (EFDD) Laura Ferrara en évoquant notamment « les défis fondamentaux qui pèsent sur l’UE : le problème des migrants et la crise que traverse la Grèce ». 

 

Quant au parlementaire polonais du groupe des non-inscrits, Janusz Korwin-Mikke, il a exprimé un verdict radical : « L’Union européenne doit être détruite ! » Cette position qui aurait paru extrême il y a quelques années, semble aujourd’hui gagner une partie importante des parlementaires européens quel que soit leur groupe.

 

 

 

Par francais.rt.com – le 8 juillet 2015.

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Européisme et nazisme... Das Jahr 2015 (Partie 1/3)

Européisme et nazisme... Das Jahr 2015 (Partie 1/3) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Yórgos Ioánnou (1927-1985)

 


Européisme et nazisme... Das Jahr 2015 (Partie 1/3)

Par Panagiotis Grigoriou (*)

 

Nos annalistes et écrivains d’hier, entrevoyaient parfois assez clairement les fentes du temps humain qui est le nôtre. « Je me souviens de la maison sous l’Occupation, toujours fermée. Pendant la Guerre civile, même chose. Plus tard, je dus m’éloigner pour longtemps. Le régiment, les bateaux, des amours interminables et des tas de soucis, que je considérais comme uniques et pénibles entre tous. Jusqu’au jour où les deuils me ramenèrent chez nous. J’étais devenu le chef de famille. Moi, chef de quelque chose ».

 

« Quant à la maison toute fermée, non seulement elle n’existait plus, mais on ne savait même plus où se trouvait la rue autrefois. Le plan d’urbanisme, que tracent habituellement des gens qui nous ignorent et se fichent de notre avis, avait tout effacé d’un trait de plume. », écrivait Yórgos Ioánnou (« Les Cris », « Le Sarcophage », recueils, traduction de Michel Volkovitch. Vingt-six histoires autobiographiques, où revivent les années sombres de l’Occupation allemande et des « années médusées » qui ont suivi).

 

Yórgos Ioánnou (1927-1985) dont l’œuvre est reconnue comme l’une des plus originales de la littérature contemporaine grecque est né à Thessalonique en 1927 dans une famille de réfugiés de Thrace orientale. Jeune garçon quand la Seconde Guerre mondiale éclate, il ne profitera pas davantage de ses vingt ans dans la tourmente de la Guerre civile qui s’ensuit (1944-1949). Une jeunesse meurtrie par la faim et les exactions, et qui porte en gestation les éléments majeurs de son œuvre à travers cette conscience d’une génération vaincue, la sienne, d’où l’obsession d’une mort subite et prématurée.

 

Dans la nouvelle « Le seul héritage », il décrit la mort prématurée des membres de sa famille. Texte alors prémonitoire puisque Yórgos Ioánnou meurt le 16 février 1985 à l’âge de 57 ans, suite à une erreur médicale. Greek Crisis lui rend donc hommage, trente ans après sa disparition.

 

Ioánnou a introduit en Grèce un genre nouveau, où la réalité la plus quotidienne et la plus intime se trouvait transposée en des textes courts, à mi-chemin de la nouvelle et de la confession, écrits toujours à la première personne. Car Ioánnou plus que romancier ; était un observateur lucide de son temps et peut-être bien, de la préhistoire et des racines de notre temps apocalyptique.

 

Je ne l’avais connu directement (autrement que par le truchement de ses textes), sauf que mon ami Théodoros a eu la rare occasion d’échanger avec Ioánnou, quelques années avant la disparition de l’écrivain. « Très humble de l’existence et aux manières... comptées, comme on dit parfois, il était tout le contraire d’un écrivain prétentieux aux hypocrisies surfaites », se souvient-il mon ami.

 

Si j’évoque Yórgos Ioánnou et son œuvre par ce moment si crucial dans la géopolitique de l’Ordre... fraîchement nouveau, et autant dramatiquement européiste, c’est autant, pour faire saisir certaines filiations d’époque avec certaines histoires et avec certaines affaires, celles justement, ignorées intentionnellement par les journalistes et par les analystes mainstream.

Son œuvre étant traduite en français, les biographies disponibles, notent entre autres, que Yórgos Ioánnou fut également fondateur, d’une revue littéraire (« To Phylládio »), il a traduit Tacite et l’Anthologie Palatine, traductions lesquels y étaient publiés par fragments.

 

Car Yórgos Ioánnou entreprit alors en 1978, la rédaction de cette brochure littéraire, justement intitulée « La Brochure » (To Phylládio), à mi-chemin entre la chronique et l’autoanthologie sélective et variée, certains de ses textes qui selon l’avis de l’auteur ne pouvaient pas être publiés par les journaux et les revues de l’époque, trouvèrent alors refuge et toute leur place, dans cette Brochure à la périodicité incertaine et assumée comme telle, par son créateur.

 

Ainsi, et à part ses propres (et courts) récits et poèmes, ces brochures (jamais traduites en français à ma connaissance), (elles) ont constitué la seule occasion et possibilité pour Ioánnou, de publier ses « Touffes » (« Thyssanoi »), textes alors brefs, abondants et successifs, en guise de véritable recueil de « micro nouvelles », chroniques, pamphlets, nécrologies, polémiques, réflexions politiques en somme, ou épisodes, brièvement relatés de son enfance durant la Guerre et la guerre civile (1940-1940). Un premier... blog sans doute.

 

Je voudrais alors, pour les besoins de mon analyse, préciser un certain angle manifeste quant à la lecture des textes, et... pour ainsi dire ignorés des lecteurs d’Ioánnou au-delà de la Grèce. L’époque où cette brochure littéraire naquit, était celle du débat, très violent en Grèce, opposant les artisans (et partisans) de l’intégration du pays dans l’ensemble que constituait alors la CEE (devenue effective en 1981), et les... eurosceptiques du moment.

 

Yórgos Ioánnou était donc farouchement opposé à cette sombre perspective, et cela, dès le départ. Il faut préciser que de réserves très fortes allant dans ce même sens eurosceptique, avaient été exprimées, entre autres, par le poète Odysséas Elýtis (Prix Nobel de littérature en 1979), et par les compositeurs, Mános Hadjidákis et Míkis Theodorákis.

 

« C’est un jour maudit, je le considère ainsi en tout cas, ce 21 décembre 1978 où, soi-disant, nous avons réussi notre adhésion en qualité de membre à part entière au sein de la CEE. Nous le regretterons très amèrement c’est certain, sauf qu’il ne nous sera plus possible de nous en défaire. Les liens économiques sont encore plus solides que les alliances militaires, entre les pays. (...) Ces affaires ne sont pas faites pour nous, elles ne s’accordent guère avec notre histoire ni avec le caractère de notre peuple. Ni même, avec la situation réelle de la Grèce en ce moment. Nous serons effacés en tant que pays, en tant que nation. Et ce n’est pas parce que d’autres perspectives ne sont pas suffisamment en vue, qu’il va falloir nous engouffrer dans cette voie (...) »

 

« Il ne restera plus rien dans le pays. Déjà, de voleurs sans scrupules bien de chez nous, très nombreux, et encore, certains malfrats internationaux sillonnent le pays pour voler des antiquités et des icônes. Ainsi, les salopards et les fainéants, ont trouvé le filon pour s’enrichir facilement et pour s’offrir ainsi la belle vie. Et tous ces esthètes, cette vermine, découvrent alors une nouvelle manière... de décorer leurs salons. Là, il va falloir taper très fort. Et j’imagine ce qui s’en suivra, depuis précisément notre... liaison avec la CEE. Dieu sait seulement... quelles « perles » internationales, viendront-elles alors jusqu’ici, pour s’emparer de leur nouveau terrain. »

 

« Je regarde ces jours-ci à la télévision « l’Holocauste », ce film sur l’extermination des Juifs d’Europe. Son timbre mesuré est pour moi émouvant, ce même ton qui choque alors les plus jeunes. Sauf que je le trouve insuffisant pour évoquer toute cette horreur, tel que j’ai pu la vivre en 1943, à Thessalonique. En dehors bien entendu, des séquences authentiques et d’époque que ce film comporte. À l’époque c’était autre chose. L’horreur, sur toute la ligne. Autre chose, impossible à raconter : C’était en avril 1943, à Salonique sous l’Occupation noire. » (Yórgos Ioánnou, “Fylládio” 3/4, 1978-1979).

 

Nous voilà dans une Europe (déjà du Sud), où alors l’ultralibéralisme des financiers, associé à la politique menée par les élites de l’Allemagne, s’assimilent à de figures du « nouveau nazisme » estiment certains analystes dans les pays du sud de la zone euro, et surtout, une bonne partie de l’opinion. Qu’en est-il réellement ? Et pourquoi alors, cette réaction, irrite-t-elle tant les journalistes mainstream, à l’instar des dirigeants de l’Allemagne (et de la France) actuelles ?

 

À un certain niveau d’analyse, il faut d’abord comprendre la survie des mémoires collectives d’autant plus, que la place actuelle du (presque) seul pays grand gagnant de l’architecture européiste (l’Allemagne) permet certaines analogies, au risque même des anachronismes. Sauf que les anachronismes s’avèrent parfois relatifs, et que l’Histoire... s’expérimente fondamentalement dans les nuances du gris.

 

 

Par Panagiotis Grigoriou (*) - greekcrisis.fr – le 8 mars 2015

 

(*) Panagiotis Grigoriou : historien et ethnologue, il porte un regard à la fois ethnographique et de chroniqueur (correspondant en France de NemecisMag 2000-2008). Depuis 2008, parcourant une bonne partie de la Grèce continentale, il s’est rendu sur plus d'une trentaine d'iles en mer Égée et Ionienne, il a rencontré le quotidien de plusieurs milieux sociaux et culturels, touchant aux fractures qui se multiplient tant au niveaux des syllogismes collectifs, qu'à celui des relations interpersonnelles dans un contexte de temps de mutations… (Source : blogger.com)

Koter Info's insight:


Très intéressant et développé en 3 parties, voir :

  1. partie 1
  2. partie 2
  3. partie 3


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ICE : Bruxelles ne veut surtout pas soigner son allergie à la démocratie

ICE : Bruxelles ne veut surtout pas soigner son allergie à la démocratie | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : cc GlynLowe.com

 


ICE : Bruxelles ne veut surtout pas soigner

son allergie à la démocratie

 

Depuis 2012, l’Initiative citoyenne européenne permet au peuple d’obliger la Commission à présenter une proposition législative. Mais Bruxelles prend bien soin de ne faire aboutir aucune de ces initiatives, et s’oppose maintenant à leur réforme.

 

La semaine prochaine promet d’être compliquée pour la Commission européenne. Samedi 18 avril, la Journée internationale anti-TAFTA, qui se déroule un peu partout dans le monde, s’annonce déjà comme une réussite. Mais auparavant, lundi 13, aura eu lieu la Journée de l’Initiative citoyenne européenne, qui tombe à point nommé. Car le Parlement européen envisage de réformer cette ICE, outil démocratique créé en 2012 qui permet théoriquement aux citoyens européens – s’ils sont plus d’un million et issus d’au moins sept pays – de présenter une proposition législative à la Commission. Dans les faits, Bruxelles s’en moque comme du référendum de 2005. Que le peuple puisse, de son propre chef, avoir une quelconque influence sur les décisions politiques, c’est dur à accepter, surtout pour un gouvernement non élu.

 

 

Redonner voix aux citoyens

 

Stanislas Jourdan, représentant de la Campagne ICE (ONG proréforme) en France, est très clair à ce propos : « Pour que la Commission prenne au sérieux les ICE, ce n’est malheureusement pas seulement le règlement européen qu’il faudrait changer, mais le traité de Lisbonne qui lui a donné naissance. » Cet ancien organisateur de l’ICE pour le revenu de base commence à se lasser du double jeu de la Commission, à la fois juge et partie. Il préfèrerait que ce soit au Parlement de jouer ce rôle, afin de donner enfin une « vraie voix aux citoyens ».

 

Si les institutions européennes sont paralysées par une Commission bureaucratique, celle-ci manie la diplomatie à merveille. Pour preuve, la déclaration de Danuta Hübner, députée européenne et présidente de la commission parlementaire aux affaires constitutionnelles : « Je crains que nous n’ayons pas encore intégré le fait que les citoyens sont sur un pied d’égalité avec le Parlement et le Conseil au moment de demander à la Commission d’introduire une proposition législative. C’est pourtant une révolution copernicienne dans le paysage institutionnel européen. »

 

Qu’importe, au moins tout le monde semble être d’accord, il faut réformer l’ICE pour que l’UE devienne enfin un espace de démocratie. Premier défaut à gommer, l’ICE serait trop lourde et trop complexe techniquement à mettre en œuvre [1], ce qui dissuaderait d’éventuels intéressés. D’après Stanislas Jourdan, au-delà les améliorations techniques, « c’est l’aspect politique qui est le plus crucial » Son ONG avance douze propositions pour réformer l’ICE, assouplissant notamment les critères d’admissibilité et en obligeant à ce que toute ICE réussie aboutisse automatiquement à une procédure législative.

 

 

Sur 46 initiatives, aucune n’a abouti

 

Carsten Berg, coordinateur général de la Campagne ICE, est formel : « La réglementation actuelle de l’Initiative citoyenne européenne [...] permet à la Commission de limiter la liberté d’expression en les rejetant pour des raisons juridiques douteuses. » Pour lui, la réforme est impérative : « Ce n’est que comme ça que nous parviendrons à maintenir l’Union européenne. »

 

Depuis janvier de cette année, les europarlementaires ont commencé à se saisir du dossier. Il leur a fallu attendre le 1er avril pour qu’un rapport de la Commission vienne leur faire un cours magistral sur l’ICE et affirmer qu’il ne faut rien changer, à quelques détails près. Stanislas Jourdan en est resté abasourdi : « La Commission a adopté une posture assez incroyable, en minimisant l’aspect politique de la réforme nécessaire, ce qui montre qu’elle n’est pas spécialement prête à prendre davantage au sérieux les initiatives. »

 

Depuis sa création, sur les 46 ICE soumises à la Commission, 26 ont été enregistrées, deux ont été approuvées et... aucune n’a rien donné de concret ! Aujourd’hui, il n’y a plus que trois ICE en cours. Et face à cette défaite sans issue de la démocratie participative, la Commission persiste à considérer que ce système est viable... Quand son président Jean-Claude Juncker déclarait : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens », il fallait bien comprendre qu’il ne s’adressait pas seulement à la Grèce.

 

 

Une crise démocratique qui s’aggrave

 

L’ICE la plus impressionnante en terme de mobilisation citoyenne concerne celle qui propose d’abandonner le TAFTA (Traité transatlantique, appelé aussi TTIP). Le collectif Stop TTIP avait pourtant déposé son ICE en bonne et due forme, le 15 juillet 2014. Une initiative qui avait recueilli plus d’un million de signatures et rempli toutes les conditions nécessaires à sa validité. Mais rien n’y fait, et à la fin, la Commission n’a même pas enregistré la requête. Motif du refus ? « Votre proposition d’Initiative citoyenne est manifestement en dehors du cadre des attributions de la Commission en vertu desquelles elle peut présenter une proposition d’acte juridique de l’Union aux fins de l’application des traités. » Ou comment noyer le poisson dans le verbiage technocratique [2].

 

Dans le camp d’en face, on regrette que la Commission n’accepte pas de laisser vivre un débat qui inquiète tant de citoyens. « C’est une double erreur : à la fois pour l’esprit démocratique de l’Europe, et pour son image, commente Stanislas Jourdan. À chaque fois que la Commission s’enferme dans sa tour d’ivoire, elle donne raison aux eurosceptiques. »

 

Entre 2012 et 2013, la Commission a multiplié les consultations d’entreprises concernées par le TAFTA (lire aussi « Comment le lobby financier condamne Bruxelles à l’impuissance politique »). Le peuple lui, n’a eu droit qu’à perdre son temps en procédures administratives vouées au néant. Michael Efler, membre du collectif Stop TTIP, regrette cette attitude que ne fait que « confirmer la stratégie de la Commission d’exclure les citoyens », au profit des lobbyistes. Mais au moins cela donne raison à la devise de cette entité qu’est l’Union européenne : « Unie dans l’adversité ». À moins que ce soit autre chose...

 


Par Loïc Le Clerc - regards.fr – le 8 avril 2015.



Notes :

[1] Personne ne vous aide à traduire votre requête dans toutes les langues de l’UE, il faut donner un certain nombre de données personnelles, etc.

[2] lire aussi « Contre le Grand marché transatlantique, « une victoire est tout à fait possible » »

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