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Vidéo - Le scandale de la crise grecque expliqué en 10 minutes

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Vidéo - Le scandale de la crise grecque

expliqué en 10 minutes

 

 

>>> Voir la vidéo « Le scandale de la crise grecque expliqué en 10 minutes - Blabla #05 - Osons Causer »


 

 

LES VRAIES CAUSES DE LA DETTE GRECQUE :

 

– Pour comprendre comment la dette publique a profité aux gros (baisse des impôts, hausse des taux d’intérêt, surtout période avant 2008) : un lien vers une synthèse rédigée par le Collectif pour un Audit citoyen de la dette : ‪http://www.audit-citoyen.org/wp-conte….


– Sur le même thème : un rapport parlementaire grec plus récent et détaillé, en anglais (ce rapport décortique la spéculation postérieure à 2008) :

‪http://cadtm.org/IMG/pdf/Report.pdf.


– Sur le même thème, en français : une vidéo de présentation et d’explicitation du même rapport parlementaire : ‪https://www.dailymotion.com/video/x2u….


– Pour comprendre comment les peuples ont été volés, trahis et écartés des décisions : un article sur les enjeux politiques de cette dette illégitime : ‪http://www.reporterre.net/La-politiqu….


– Pour comprendre l’ampleur de la falsification des comptes grecs par les gouvernements corrompus, un rapport du Sénat : ‪http://www.senat.fr/rap/r09-374/r09-3….


Le rôle de Draghi et Goldman Sachs est couvert dans la vidéo Médiapart (lien plus bas dans le descriptif) et dans cet article : ‪http://www.lemonde.fr/idees/article/2….




L’AUSTERITÉ TUE ET EST INEFFICACE

ÉCONOMIQUEMENT :

 

– Pour avoir une idée des ravages économiques et humains de l’austérité grecque, une infographie d’Alternatives Economiques : ‪http://www.alterecoplus.fr/infographi….


– Un MUST SEE. Pour comprendre, entre autres, l’historique de la dette grecque, les ravages inouïs de l’austérité, les fondements viciés de la construction de l’euro et l’intransigeance de la Troïka pour saigner les pauvres et ménager les riches : Le débat organisé par Médiapart (30’30 pour l’anecdote sur le mémorandum) : ‪http://www.dailymotion.com/video/x2xg7sm.


– La position de Krugman ici : ‪http://www.courrierinternational.com/….


– Pour comprendre l’inefficacité économique de l’austérité en contexte de récession, voir la synthèse de Joseph Stoglitz, prix Nobel d’économie : ‪http://www.lesechos.fr/idees-debats/e…

 

 


COUPER LES LIQUIDITÉS EST UN ACTE DE GUERRE

DESTINÉ À MATER SYRIZA :

 

– Le débat vidéo de Mediapart (lien plus haut) est l’illustration la plus parlante de ce que représente un tel choc économique pour la vie réelle des gens.

 

– Pour s’introduire aux enjeux d’un arrêt des liquidités : ‪http://www.francetvinfo.fr/economie/c…

 

– Pour comprendre la manière dont la BCE a restreint l’accès aux liquidités aux banques privées grecques et pour se faire une idée de la violence des négociations : voir ces deux articles de Médiapart. Ils sont inaccessibles sans abonnement. Envoyez-nous (dans les commentaire ou en MP) votre email, nous vous enverrons une copie :

‪http://www.mediapart.fr/journal/econo…

‪http://www.mediapart.fr/journal/inter…

 

– Pour comprendre la dimension politique (les élites contre les peuples) de ce coup de force financier européen, voir l’article exigeant mais complet de l’économiste Frédéric Lordon :‪http://blog.mondediplo.net/2015-06-29…

 

– Le troisième mémorandum dans la lignée des précédents : ‪http://www.latribune.fr/economie/unio….


– Enfin, les différents prétextes loufoques ayant déclenché des guerres (le match de foot concernait le Honduras et le Salvador, nos excuses aux Equatoriens) : ‪https://fr.wikipedia.org/wiki/Casus_b…

 

 

QUELQUES ANALYSES AU SUJET DE

L’EURO ET DU GREXIT :

 

– L’analyse d’Emmanuel Todd :

‪http://www.lesoir.be/932378/article/d…

– Celle de Jacques Sapir : ‪http://russeurope.hypotheses.org/4118

– Le témoignage plus circonstanciée de Varoufakis, ancien ministre grec des finances :‪ http://blogs.mediapart.fr/blog/monica…

 

 

 

Par Mickael -   News360x – le 27 juillet 2015.

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Varoufakis : cet accord sonne comme un nouveau Traité de Versailles

Varoufakis : cet accord sonne comme un nouveau Traité de Versailles | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

IMAGE : FORMER GREEK FINANCE MINISTER YANIS VAROUFAKIS SPEAKS TO THE PRESS AFTER PLACING HIS VOTE IN THE AUSTERITY REFERENDUM IN ATHENS ON JULY 5, 2015 (MILOS BICANSKI/GETTY IMAGES) - abc.net.au



 

Varoufakis : cet accord sonne comme

un nouveau Traité de Versailles


 

Dans sa première interview depuis sa démission plus tôt ce mois-ci, l’ancien ministre des Finances grecques Yanis Varoufakis a décrit l’accord à 86 milliards de sauvetage approuvé par le Premier ministre Alexis Tsipras comme « un nouveau traité de Versailles ».

 

Dans un coup d’État de choix, l’arme utilisée pour faire baisser la démocratie était les tanks. Eh bien, cette fois, ce sont les banques.

 

YANIS Varoufakis :

 

« Ceci est la politique de l’humiliation, dit-il à Late Night Live. « La troïka a fait en sorte que chaque mot qu’il prononçait soit critiqué au cours des cinq dernières années. Non seulement pendant ces six mois que nous avons été dans le gouvernement, mais aussi dans les années avant cela.


« Cela n’a rien à voir ni avec l’économie ni avec la mise de la Grèce sur la voie de la reprise. Ceci est un nouveau traité de Versailles qui hante à nouveau l’Europe, et le Premier ministre le sait. Il sait qu’il est damné s’il le fait et il est damné s’il ne le fait pas.»

 

L’accord accepté ce lundi après 17 heures de discussions avec les dirigeants de la zone euro contient des conditions difficiles, y compris la réduction des retraites, des augmentations d’impôt et le mouvement des biens publics dans un fonds fiduciaire pour la recapitalisation des banques grecques.

 

M. Varoufakis a rejeté l’accord dans les termes les plus forts possible, le comparant au coup d’État de 1967 qui a installé une dictature militaire dans la nation méditerranéenne.

 

« Dans un coup d’État, le choix de l’arme utilisée pour faire baisser la démocratie était alors les tanks. Eh bien, cette fois, ce sont les banques. Les banques ont été utilisées par des puissances étrangères pour prendre le contrôle du gouvernement. La différence est que cette fois ils prennent en plus tous les biens publics ».

 

M. Varoufakis a suggéré que M. Tsipras puisse appeler à des élections anticipées plutôt que de présenter l’affaire devant le parlement grec, en disant qu’il serait « très surpris » si M. Tsipras voulait rester Premier ministre.

 

Il a insisté, cependant, sur le fait que lui et M. Tsipras resteraient en bons termes, et qu’il a gardé un profil bas la semaine dernière afin de soutenir M. Tsipras et son successeur au ministère des Finances, Euclide Tsakolotos.

 

« J’ai sauté plus qu’on m’a poussé, dit M. Varoufakis, décrivant sa démission au lendemain du« non » lors du référendum du 6 juillet sur des conditions similaires à celles acceptées lundi.

« Je suis entré dans le bureau du Premier ministre exalté. Je voyageais sur un beau nuage poussé par les vents du bel enthousiasme du public pour la victoire de la démocratie grecque au référendum. Le moment où je suis entré dans le bureau du Premier ministre, je sentais immédiatement un certain sentiment de résignation, une atmosphère chargée négativement. Je fus confronté à un air de défaite, qui était complètement en désaccord avec ce qui se passait à l’extérieur.

 

« À ce point j’ai du dire au Premier ministre : « Si vous voulez utiliser le buzz de la démocratie à l’extérieur des portes de ce bâtiment, vous pouvez compter sur moi. Mais si, d’autre part vous vous sentez comme si vous ne pouvez pas gérer ce majestueux « non » face à une proposition irrationnelle de nos partenaires européens, je vais tout simplement m’envoler dans la nuit. »

 

L’ancien ministre des Finances a également décrit les préparations secrètes du gouvernement grec pour imprimer des drachmes dans le cas du pays serait contraints de quitter l’euro.

 

« En tant que gouvernement responsable, sachant très bien qu’il y avait une alliance très importante au sein de l’Eurogroupe dont le but était de nous jeter dehors de l’euro, nous avons dû faire face à l’éventualité, dit-il. « Nous devions avoir une petite équipe de personnes dans le secret qui créerait le plan au cas où nous aurons été obligés de quitter l’union monétaire connue sous le nom de la zone euro. »

 

« Bien sûr, il y a une énigme ici. Une fois que ce plan commence à être mis en œuvre, une fois que vous commencez à travailler avec cinq personnes, vous arrivez vite à 500  personnes ce qui est le minimum dont vous avez besoin pour mettre en œuvre ce qui devient donc de notoriété publique. Le moment où il devient de notoriété publique, le pouvoir de la prophétie crée une dynamique qui lui est propre…

 

On n’a jamais fait la transition de cinq à 500. On n’a jamais senti que nous avions un mandat pour le faire. On n’a jamais prévu de le faire. Nous avons eu la conception sur papier, mais cela n’a jamais été activé.


M. Varoufakis dit qu’il restera comme simple député dans le parlement grec, où il a « beaucoup plus de marge de manœuvre pour dire la vérité ». Il a toutefois averti que l’austérité va encore enhardir l’extrême droite du pays.

 

« Au Parlement, je dois rester en regardant le côté droit de l’auditorium, où siègent 10 nazis, représentant l’Aube dorée. Si notre parti, Syriza, qui a cultivé tant d’espoir en Grèce… si nous trahissons cette espérance et inclinons nos têtes à cette nouvelle forme d’occupation postmoderne, alors je ne vois pas d’autre issue possible que la poursuite du renforcement de l’Aube dorée. Ils hériteront de la campagne anti-austérité, tragiquement.

 

« Le projet d’une démocratie européenne, d’une union démocratique européenne unie, vient de subir une catastrophe majeure. »

 

 

 

 

Par Alex McClintock, interview ABC radio australienne (abc.net.au) – traduit de l’anglais par histoireetsociete.wordpress.com - le 13 juillet 2015.

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Derrière la dette grecque

Derrière la dette grecque | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photos :

De gauche à droite :

1) Joseph Retinger, ex-fasciste polonais devenu agent britannique. Dans le cadre de ses fonctions au MI6, il fonda l’European League for Economic Cooperation dont il devint le secrétaire général. À ce titre, il est le père de l’euro. Par la suite, il anima le Mouvement européen et créa le Club de Bilderberg.

 

2) Walter Hallstein, haut fonctionnaire allemand, rédigea le projet hitlérien d’Europe fédérale. Il s’agissait de détruire les États européens et de fédérer les populations par ethnies autour du Reich aryen. L’ensemble aurait été soumis à la dictature d’une bureaucratie non élue, contrôlée par Berlin. À la Libération, il mit en œuvre son projet avec l’aide des Anglo-Saxons et devint, en 1958, le premier président de la Commission européenne.

 

3) Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, est l’ancien vice-président Europe de la banque Goldman-Sachs. Il a masqué au Parlement européen son rôle dans les malversations opérées par la banque pour le compte du gouvernement grec, pourtant attesté par des documents de la banque.

 

4) Jean-Claude Juncker s’est indigné du référendum grec qu’il a qualifié de « trahison ». M. Juncker a été contraint à la démission de ses fonctions de Premier ministre du Luxembourg, après que l’ont eut établi son appartenance au réseau d’espionnage Gladio de l’Alliance atlantique. Un an plus tard, il devenait président de la Commission européenne.

 

 

 

Derrière la dette grecque

Par Thierry Meyssan (*)

 

Le débat actuel sur la dette grecque a donné lieu à toutes sortes de menaces, d’abord contre le gouvernement Tsípras, puis contre les électeurs grecs. S’abstenant d’entrer dans une discussion sur la partie odieuse de cette dette, Thierry Meyssan observe la campagne internationale contre la sortie de la Grèce de la zone euro. Il met en lumière le projet historique de l’Union et de l’euro, tel que formulé en 1946 par Churchill et Truman, pour conclure que la Grèce est aujourd’hui piégée par l’environnement géopolitique international et non pas par sa situation économique.

 

Le référendum grec a donné lieu à de vifs débats dans l’Union européenne qui illustrent l’ignorance générale sur les règles du jeu. Les participants se sont déchirés pour savoir si les Grecs étaient ou non responsables de leur dette tout en veillant à ne jamais accuser leurs créanciers d’usure. Mais ils l’ont fait en ignorant l’histoire de l’euro et les motifs de sa création.

 

 

L’euro : un projet anglo-saxon de la Guerre froide

 

Depuis le Traité de Rome, il y a soixante-quatre ans, les instances administratives successives du « projet européen » (CECA, CEE, UE) ont dépensé des sommes colossales et sans équivalent pour financer leur propagande dans les médias. Quotidiennement des centaines d’articles, d’émissions de radio et de télévision, sont payées par Bruxelles pour nous raconter une version mensongère de son histoire et nous faire croire que le « projet européen » actuel est celui des Européens de l’entre-deux-guerres.

 

Les archives sont pourtant désormais accessibles à tous. Elles montrent qu’en 1946, Winston Churchill et Harry Truman décidèrent de diviser le continent européen en deux : d’un côté, leurs vassaux, de l’autre l’URSS et les siens. Pour s’assurer qu’aucun État ne s’affranchirait de leur suzeraineté, ils décidèrent de manipuler les idéaux de leur époque.

 

Ce que l’on appelait alors le « projet européen » ne consistait pas à défendre de prétendues valeurs communes, mais à fusionner l’exploitation des matières premières et des industries de Défense de la France et de l’Allemagne de manière à être certain que ces pays ne pourraient plus se faire la guerre (théorie de Louis Loucheur et du comte Richard de Coudenhove-Kalergi [1]). Il ne s’agissait pas de nier de profondes différences idéologiques, mais de s’assurer qu’elles ne se confronteraient plus par la force.

 

Le MI6 britannique et la CIA états-unienne ont alors été chargés d’organiser le premier « Congrès de l’Europe », à La Haye en mai 1948, auquel participèrent 750 personnalités (dont François Mitterrand) de 16 pays. Il s’agissait, ni plus ni moins, que de ressusciter le « projet d’Europe fédérale » (rédigé par Walter Hallstein — le futur président de la Commission européenne — pour le chancelier Adolf Hitler) en se basant sur la rhétorique de Coudenhove-Kalergi.

 

Plusieurs idées fausses doivent être corrigées à propos de ce Congrès.


En premier lieu, il convient de le replacer dans son contexte. Les États-Unis et le Royaume-Uni venaient de déclarer la Guerre froide à l’URSS. Celle-ci répliqua en soutenant les communistes tchèques qui parvinrent légalement à s’emparer du pouvoir lors du « Coup de Prague » (« Février victorieux », selon l’historiographie soviétique). Washington et Londres organisèrent alors le Traité de Bruxelles qui préfigure la création de l’OTAN. Tous les participants au Congrès de l’Europe étaient pro-Anglo-Saxons et anti-Soviétiques.


— Deuxièmement, lorsque Winston Churchill prononça son discours, il employa le terme « Européen » pour désigner les habitants du continent européen (pas ceux du Royaume-Uni qui, selon lui, ne sont pas des Européens) qui se disaient anticommuniste. Il n’était pas question, à l’époque pour Churchill, que Londres adhère à l’Union européenne, mais uniquement qu’il la supervise.


— Troisièmement, deux tendances se firent jour au sein du Congrès : les « unionistes » pour qui il s’agissait uniquement de mettre en commun des moyens pour résister à l’expansion du communisme, et les « fédéralistes » qui souhaitaient réaliser le projet nazi d’État fédéral placé sous l’autorité d’une administration non élue.

 

 

Le Congrès précisa tout ce qui a été réalisé depuis sous les noms successifs de CECA, CEE et UE.

 

Le Congrès adopta le principe d’une monnaie commune. Mais le MI6 et la CIA avaient déjà fondé l’Independent League for European Cooperation (ILEC) [2] —devenue European League for Economic Cooperation (ELEC)—. Son objectif était, une fois les institutions de l’Union créées, de passer de la monnaie commune (la future European Currency Unit – ECU) à une monnaie unique (l’euro), de sorte que les pays adhérents à l’Union ne puissent plus la quitter [3].

C’est ce projet que François Mitterrand réalisa, en 1992. Au regard de l’Histoire et de la participation de François Mitterrand au Congrès de La Haye, en 1948, il est absurde de prétendre aujourd’hui que l’euro ait eu un autre but. C’est pourquoi, en toute logique, les Traités actuels ne prévoient pas la sortie de l’euro, contraignant la Grèce, si elle le souhaite, à sortir d’abord de l’Union pour pouvoir sortir de l’euro.

 

 

Le glissement du « projet européen »

dans le système états-unien

 

L’Union a connu deux tournants principaux :

 

À la fin des années 60, le Royaume-Uni refusa de participer à la guerre du Vietnam et retira ses troupes du Golfe persique et d’Asie. Les Britanniques cessèrent alors de se penser en 51e État des États-Unis et d’invoquer leur « special relationship » avec Washington. Ils décidèrent donc d’adhérer à l’Union (1973).

 

 À la dissolution de l’URSS, les États-Unis restèrent seuls maîtres du jeu, le Royaume-Uni les assista, et les autres États leur obéirent. Par conséquent, l’Union n’a jamais délibéré de son élargissement à l’Est, mais uniquement validé une décision prise par Washington et annoncée par son secrétaire d’État James Baker. De même, elle a adopté aussi bien la stratégie militaire des États-Unis [4] que leur modèle économique et social caractérisé par de très fortes inégalités.


Le référendum grec a fait apparaître une ligne de partage entre d’un côté des élites européennes qui trouvent la vie de plus en plus facile et soutiennent sans réserve le « projet européen » et, d’autre part, des classes laborieuses qui souffrent de ce système et le rejettent ; un phénomène qui s’était déjà exprimé, mais uniquement à l’échelle nationale, lors de la ratification du Traité de Maastricht et du projet de Constitution européenne par le Danemark et la France.

 

Dans un premier temps, les dirigeants européens ont mis en cause la validité démocratique du référendum. Le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland (l’homme qui a été viré du jury Nobel pour corruption [5]) a déclaré :

 

— que la durée de la campagne était trop courte (10 jours au lieu de 14) ;

— qu’il ne pourrait pas être surveillé par des organisations internationales (trop longues à s’organiser),

— et que la question posée n’était ni claire ni compréhensible (alors que la proposition de l’Union publiée au Journal officiel est bien plus courte et simple que les Traités européens qui furent soumis à référendum).

Cependant, la polémique a fait long feu après que le Conseil d’État grec, saisi par des particuliers de ces trois points, a validé la légalité de cette consultation.

 

La presse dominante a alors affirmé qu’en votant « non », l’économie grecque sauterait dans l’inconnu.

 

Pourtant, le fait d’appartenir à la zone euro n’est pas une garantie de performance économique. Si l’on se réfère à la liste du FMI du Produit intérieur brut (PIB) en Parité de pouvoir d’achat (PPA), un seul État membre de l’Union se trouve parmi les 10 premiers dans le monde : le paradis fiscal du Luxembourg. La France ne figure qu’en 25e position sur 193.

 

La croissance de l’Union européenne était de 1,2 % en 2014, ce qui la classe au 173e rang mondial, c’est-à-dire un des plus mauvais résultats dans le monde (la moyenne mondiale est de 2,2 %).

 

Force est de constater qu’appartenir à l’Union et utiliser l’euro ne sont pas des garanties de succès. Mais si les élites européennes soutiennent ce « projet », c’est qu’il leur est profitable. En effet, en créant un marché unique, puis une monnaie unique, les Unionistes ont brouillé les cartes. Désormais, les différences ne sont plus entre les États membres, mais entre des classes sociales qui se sont uniformisées à l’échelle européenne. C’est pourquoi les plus riches défendent l’Union, tandis que les plus pauvres aspirent au retour des États membres.

 

 

Les contresens à propos de l’Union et de l’euro

 

Voici des années que le débat est faussé par le vocabulaire officiel : les Européens ne seraient pas les porteurs de la culture européenne, mais uniquement les membres de l’Union. Depuis la Guerre froide, on affirme ainsi que les Russes ne seraient pas Européens, et désormais qu’en sortant de l’Union, la Grèce quitterait la culture européenne dont elle est le berceau.

 

Or, « les chiens ne font pas des chats ». L’Union a été conçue par les Anglo-Saxons, avec d’anciens nazis, contre l’URSS. Elle soutient aujourd’hui le gouvernement ukrainien, nazis inclus, et a déclaré la guerre économique à la Russie en la parant du nom de « sanctions ».

 

Comme son nom ne l’indique pas, l’Union n’a pas été créée pour unir le continent européen, mais pour le diviser, en écartant définitivement la Russie. C’est ce que Charles De Gaulle avait dénoncé en plaidant, lui, pour une Europe « de Brest à Vladivostok ».

 

Les unionistes assurent que le « projet européen » a permis la paix en Europe depuis 65 ans. Mais parlent-ils de l’appartenance à l’Union ou de leur vassalité aux États-Unis ? En réalité, c’est celle-ci qui a garanti la paix entre les États ouest-européens, tout en maintenant leur rivalité hors de la zone OTAN. Doit-on rappeler, par exemple, que les membres de l’Union européenne ont soutenu des camps différents en ex-Yougoslavie avant de s’unifier derrière l’OTAN ? Et doit-on considérer que s’ils redevenaient souverains, les membres de l’Union recommenceraient nécessairement à se quereller ?

 

Pour revenir au cas grec, les experts ont largement démontré que cette dette est imputable à des problèmes nationaux non résolus depuis la fin de l’Empire ottoman tout autant qu’à une escroquerie de grandes banques privées et de dirigeants politiques. Au demeurant, cette dette est insolvable comme le sont également les dettes des principaux États développés [6]. Quoi qu’il en soit, Athènes pourrait facilement s’en sortir en refusant de payer la partie odieuse de sa dette [7], en quittant l’Union, et en faisant alliance avec la Russie qui est pour elle un partenaire historique et culturel bien plus sérieux que la bureaucratie bruxelloise. La volonté de Moscou et de Beijing d’investir en Grèce et d’y créer de nouvelles institutions internationales est un secret de polichinelle. Cependant, la situation de la Grèce est d’autant plus complexe qu’elle est également membre de l’OTAN et que l’Alliance y avait organisé un coup d’État militaire, en 1967, pour l’empêcher de se rapprocher de l’URSS [8].

 

 

 

Par Thierry Meyssan (*) - RÉSEAU VOLTAIRE | DAMAS (SYRIE) | LE 6 JUILLET 2015

 

 

(*) Thierry Meyssan : Consultant politique, président fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.

 

Notes :

[1] « Histoire secrète de l’Union européenne », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 28 juin 2004.

[2] La section française prend le nom de Ligue européenne de coopération économique (LECE). Elle est présidée par Edmond Giscard d’Estaing, père du futur président de la République et créateur de l’ECU.

[3] MI6 : Inside the Covert World of Her Majesty’s Secret Intelligence Service, Stephen Dorril, The Free Press, 2000.

[4] « Stratégie européenne de sécurité », Réseau Voltaire, 12 décembre 2003.

[5] « Thorbjørn Jagland destitué de ses fonctions de président du Nobel de la Paix », Réseau Voltaire, 5 mars 2015.

[6] « Selon la BRI, la dette des États développés est insolvable », Réseau Voltaire, 13 avril 2010.

[7] Cf. la théorie économique d’Alexander Sack.

[8] « La guerre secrète en Grèce », par Daniele Ganser ; « Grèce, le facteur Otan », par Manlio Dinucci, Traduction Marie-Ange Patrizio, Il Manifesto (Italie), Réseau Voltaire, 24 août 2013 et 7 avril 2015.

 

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Grèce : l’Issue

Grèce : l’Issue | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustrations : Peter Kœnig - couverture du livre "Implosion" de Peter Kœnig : thriller économique sur la guerre, la destruction de l’environnement et la rapacité des grands groupes - Inédit en français - Universe – 2008 - 336 pages

 

 

Grèce : l’Issue

 

Ce que la troïka est en train de faire à la Grèce en ce moment est le summum du terrorisme financier. C’est le supplice de la baignoire appliqué à l’économie. C’est du chantage à l’état pur. Ces gens sont des fascistes néolibéraux qui mettent la Grèce devant un dilemme : « soit vous nous proposez une liste acceptable de mesures d’austérité*, soit nous vous en imposons une ». Sous-entendu : ce plan d’austérité, vous feriez mieux de l’accepter sous peine d’être mis en faillite et de vous retrouver expulsés de l’union monétaire européenne, voire même de l’U.E. C’est là ce dont ils les menacent. C’est là ce que Bruxelles fait à un pays frère, à un des siens**. Il ne reste plus le moindre brin de solidarité dans cette si mal nommée « Union ». Cette « Union » ne mérite pas d’exister.

 

« Aucune solidarité » est la marque distinctive de l’Europe. On la voit s’étaler partout sur la carte. Un autre exemple flagrant est son refus d’accorder l’asile aux réfugiés transméditerranéens victimes des guerres et des conflits suscités par Washington et mis en œuvre avec la totale complicité de l’Europe : Libye, Syrie, Soudan, Irak, Égypte, Somalie, Afrique Centrale, Yémen, et d’autres encore.

 

En Grèce, la troïka applique la stratégie des « objectifs inversés ». L’U.E. ne veut pas que la Grèce, ou tout autre membre, si économiquement faible soit-il, de l’Union quitte l’Eurozone. Une sortie de la Grèce (« Grexit » en pidgin. NDT) pourrait provoquer une réaction en chaîne. En menaçant la Grèce d’expulsion, ces braves gens la poussent à implorer leur pitié.

 

Au début de ces mois de « négociations » sans fin, Madame Lagarde, la Dame de Fer du FMI, le prototype de la marionnette des maîtres de Washington, a eu le culot de déclarer qu’elle voulait traiter « avec des adultes » un plan d’austérité « plus sérieux ». On ne saurait mieux incarner le suprématisme du FMI.

 

Il faut dire que c’est le FMI, bras armé du trésor US, qui mène le bal à Bruxelles. L’U.E., vassale exemplaire, danse comme le pipeau joue, en totale complicité idéologique. Un gouvernement socialiste, dans l’U.E., ne peut tout simplement pas être toléré, et ce d’autant moins que le pays loge, sur son sol, la base-clé de l’OTAN en Europe. Les Grecs sont pénalisés pour avoir eu l’audace d’élire un gouvernement socialiste. Comment osent-ils ! Le verdict ne s’est pas fait attendre.

 

Il est cependant très surprenant de voir avec quelle inflexibilité M. Tsipras et Syriza défendent l’idée de rester à tout prix dans l’Eurozone. Pourquoi diable ? Les jours de l’Euro, vieux d’à peine 15 ans, sont comptés. Qui ne se rappelle le temps heureux où nous avions nos propres monnaies nationales ? Avec l’arrivée de l’Euro, les Européens se sont retrouvés esclaves d’un système bancaire prédateur. L’Europe a abandonné sa souveraineté à un gang de mégamonstres bancaires, tous liés à Wall Street.

 

En réalité, la Banque Centrale Européenne (BCE) n’est pas une banque centrale du tout, mais un simple instrument de Wall Street. M. Draghi, le président de la BCE, est un ancien cadre de Goldman Sachs, ce qui signifie que Goldman Sachs dirige la politique monétaire et économique de l’Europe.

 

Reste ce mystère : pourquoi se suicider, pourquoi entraîner le suicide d’une nation entière en s’accrochant à tout prix à un bateau qui coule ? Car, oui, le système monétaire occidental, avec son économie rapace fondée sur le dollar, est condamné à mort. Ce n’est qu’une question de temps. Les mots fatidiques sont écrits sur le mur.

 

Est- ce que les Grecs qui croient encore à l’image volée en éclats du « glamoureux » euro savent cela ? Est-ce que le citoyen européen lambda se rend compte que l’épargne de toute sa vie peut se dissoudre du jour au lendemain dans l’air léger ?

 

La Commission Européenne vient d’édicter une loi qui donne aux banques le droit de voler – oui, de voler – l’argent qu’elles ont reçu en dépôt, si cela doit les sauver de l’effondrement. Cela s’appelle « bailing in » (renflouement de la dette par saisie d’actifs), par opposition à « bailing out » (plan de sauvetage par prêt-accroissement de la dette), qui a constitué le crime précédent – mineur – de voler l’argent des contribuables.

 

Le « bail-in » a déjà été expérimenté à Chypre : rappelez-vous comment, le 25 mars 2013, un essai de fonctionnement d’une nouvelle stratégie de sauvetage des too-big-to-fail (« trop gros pour faire faillite ») s’est déroulé à la face du monde à Chypre, où 50 % des dépôts bancaires ont été volés par les banques. Le reste de l’Europe s’est contenté de sourire moqueusement : voilà qui ne pourrait jamais nous arriver à nous. Ils ont même, avec dédain, appelé cette entourloupe « marge de sécurité ». Aucune solidarité alors, aucune solidarité aujourd’hui.

 

À partir d’août 2015, cette stratégie de duperie et de vol aura force de loi dans l’Eurozone. On dirait que pas un seul Européen n’en a conscience. Sinon, ce serait la ruée sur les banques. Ou peut-être les gens se bercent-ils de l’illusion que cela n’arrivera jamais. Cela arrivera. Ce n’est qu’une question de temps. Mais le jour où cela arrivera, il sera trop tard pour agir. C’est maintenant qu’il faut le faire. Un des moyens d’action consiste à sortir de l’Eurozone.

 

La Grèce a une occasion unique de sortir de la zone euro gracieusement, la tête haute,  en disant à la troïka, et en particulier au gang fratricide de Bruxelles, que, pour elle, honorer les engagements pris à l’égard du peuple grec est une priorité – plus d’austérité, plus de privatisation des services publics ni de la propriété publique, plus de fermetures d’hôpitaux – et que,  pour ces raisons honorables, la Grèce sort de la zone euro, ne capitule pas, ne capitulera jamais. Ce pas de la capitulation, c’est une décision sage qui conduira la Grèce vers un avenir différent, un avenir prospère.

 

Il y a deux manières de s’y prendre. La première serait de se déclarer en faillite à la fin de juin, dans l’incapacité où est le pays de rembourser les 1,6 milliards d’euros dus au FMI pour son plan de « sauvetage » mal-conçu. Cette illustre, mais criminelle institution a déjà déclaré le 25 juin qu’elle ne prolongerait pas d’un jour la date d’échéance du 30, car ce serait « contraire à sa politique ».

 

Faire faillite n’est pas un phénomène nouveau. C’est arrivé à bien des pays avant la Grèce : l’Argentine, la Bolivie, l’Equateur et, oui, l’Allemagne. Selon l’historien économique allemand Albrecht Ritschl, l’Allemagne s’est déclarée en cessation de paiement pas moins de trois fois au XXe siècle. La dernière fois, dans les années 1990. Il qualifie les faillites de l’Allemagne de « plus énormes défauts de paiements dans l’histoire de l’Europe ».

 

La dette grecque fait pâle figure, comparée aux faillites allemandes. Pourquoi personne ne semble-t-il s’en souvenir ? C’est simple : parce que les médias dominants, qui sont tous  vendus, se gardent bien d’en parler jamais.

 

Se déclarant incapable de rembourser sa dette, la Grèce déclarerait en même temps qu’elle sort de l’Eurozone, qu’elle reprend son autonomie monétaire et fiscale, et qu’elle revient à sa propre monnaie : la drachme. L’étape suivante consisterait à nationaliser et réguler les banques grecques, à réactiver la Banque Centrale Grecque en tant qu’institution souveraine apte à conduire sa propre politique monétaire et à se servir des autres banques pour faire redémarrer l’économie nationale ; elle consisterait ensuite à négocier sa dette de 360 milliards d’Euros avec ses créanciers – avec une drachme dévaluée – à ses propres conditions.

 

Une solution plus audacieuse, mais totalement légale – appelons-la le plan B – consisterait, pour la Banque Centrale Grecque souveraine à produire (électroniquement, comme le font toutes les banques y compris la BCE) sa propre monnaie : l’Euro. « Imprimer » sa propre monnaie est le droit souverain de toute nation. L’Euro est toujours la monnaie de la Grèce. Pour une banque, produire de l’argent, c’est produire de la dette. Dans ce cas, la Banque Centrale de Grèce produirait (créerait) une dette interne de 1,6 milliard d’euros pour rembourser le prêt du FMI à la fin du mois de juin : dette interne à traiter intérieurement, sans interférence extérieure. Il n’y a aucune règle de l’U.E. ou de la BCE qui interdise à une banque centrale de créer sa propre masse monétaire. Cela peut ne s’être jamais produit, mais ce n’est contraire à aucune règle. Ce serait un « coup de maître » probablement admiré par des tas de pays se débattant dans le même genre de situation.

 

En même temps, la Grèce déclarerait quitter l’Eurozone, revenir à la drachme, nationaliser et restructurer son système bancaire, lequel pourrait alors prêter de l’argent aux secteurs productifs et de services, dans le but de réorganiser rapidement son économie. C’est là une action légale et souveraine.

 

À Bruxelles, ils seraient sans doute furieux et sous le choc. Appelleraient-ils au boycott dans toute l’U.E. et même au-delà ? Peut-être. Et alors ? N’y a-t-il pas la Russie et la Chine et les autres pays des BRICS et de l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghaï) qui pourraient « renflouer » la Grèce en lui procurant des biens de première nécessité ? Ces pays sont de ceux qui n’ont pas encore oublié la signification du mot « solidarité ». La Grèce pourrait très vite se retrouver entourée d’amigos, même d’Europe, d’amis qui pensent de la même manière et souhaitent agir de concert, mais qui n’ont simplement jamais osé.

 

Comme l’a dit récemment un des plus brillants économistes russes, Sergeï Glazyev, l’avenir de la Grèce est dans la diversité, y compris à l’Est ; il consiste à restaurer et à développer son économie en association avec la Russie et avec la Chine et d’être partie prenante dans la nouvelle Route de la Soie, une initiative chinoise de développement économique qui va s’étendre, depuis Shanghaï, à travers l’Asie Centrale et la Russie, et peut-être même l’Europe si et quand l’Europe se réveillera.

 

Ce système malsain et malade que dirige Washington a besoin d’une douche froide et d’une bonne gifle.

 

La Grèce, indéniablement, continuera à faire partie de l’Europe, mais elle pourrait bien aussi devenir la voie d’accès à une NOUVELLE Europe d’états souverains fédérés, pour lesquels la solidarité serait un principe d’union, une Europe découplée de l’hégémonie du dollar et arrachée aux crocs de l’Empire US en décomposition.

 

 

 

 

Par Peter Kœnig (informationclearinghouse.info) - Traduit par c. l. pour Les Grosses Orchades - reseauinternational.netle 30 juin 2015.


Notes : 

*C.-à-d. de privations conduisant à la perte du droit le plus élémentaire à la vie. NDT.

**Comme l’a expérimenté naguère la Yougoslavie. NDT.

 

Pendant presque toute sa carrière (trente ans) Peter Kœnig a travaillé pour la Banque Mondiale en qualité d’économiste et de spécialiste des ressources en eau. À ce titre, il a voyagé dans toutes les parties du monde. La plupart des scènes de son roman Implosion (voir ci-dessous) proviennent de sa propre expérience. Son épouse et lui vivent en Europe et en Amérique du Sud. Leurs deux filles et leur fils vivent en Suisse. On peut le joindre à l’adresse implosion.pk@rcn.com.


Koter Info's insight:


Vous aussi, participez au référendum grec du 5 juillet 2015, cliquez sur ce lien !


Vos prénom, nom et localité seront imprimés au dos d'une carte postale géante qui sera remise à l'ambassade de Grèce, au plus tard ce vendredi 3 juillet.


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Grèce : entre culpabilité, honte et salissure morale

Grèce : entre culpabilité, honte et salissure morale | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : resistanceauthentique.wordpress.com


 

 

Grèce : entre culpabilité, honte

et salissure morale

 

Si, d’aventure, la Grèce quitte la zone euro, nous serons honteux.

Profondément honteux. Fugacement apaisés, mais rongés de culpabilité.

Ce projet politique de monnaie unique, sans aucun fondement économique satisfaisant, devait apporter la croissance.C’était l’héritage de la jeunesse des années soixante devenue mature. Pas celui des vieux patriciens qui dirigent le continent.

 

Car qui sont ces gens qui nous dirigent sans aucun sens de l’histoire ? Sans comprendre que c’est dramatique d’avoir plongé tous les pays du Sud dans un chômage inextricable et la moitié de sa jeunesse sans emploi ?

 

Comprennent-ils qu’ils deviennent les censeurs d’une histoire qui leur échappe ?

 

Et si une monnaie ne doit pas découler d’un acte politique, mais d’un alignement économique qui était inexistant, c’est justement aujourd’hui qu’il faut considérer l’euro sous l’angle de la politique, et pas de l’exclusive économie.

 

Lors de cette crise, le premier réflexe fut d’assouvir la jeunesse à l’austérité et à la rigueur.

Dans les pays du Sud, elle tomba au champ d’honneur de la monnaie, qu’on voulait forte au détriment du travail qu’il fallait appauvrir.

 

C’est Bernanos qui avait raison quand il suggérait que tous les vingt ans, la jeunesse pose aux vieillards une question à laquelle ils n’ont pas de réponse.

 

Je le dis paisiblement : le Nord de l’Europe sortira sali d’une sortie de la Grèce de l’euro.

 

 

Par Bruno Colmant - blogs.lecho.be – le 18 juin 2015.

http://blogs.lecho.be/colmant/2015/06/grèce-entre-culpabilité-honte-et-salissure-morale.html

  

Bruno Colmant est membre de l’Académie Royale de Belgique, Docteur en Économie Appliquée (ULB) et Master of Science de l’Université de Purdue (États-Unis). Il enseigne la finance appliquée et l’économie à la Solvay Business School (ULB), à la Louvain School of Management (UCL), à l’ICHEC, à la Vlerick Business School et à l’Université de Luxembourg. Sa carrière est à la croisée des secteurs privés, publics et académiques.

 

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Les dirigeants du G7 nous précipitent vers la guerre

Les dirigeants du G7 nous précipitent vers la guerre | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Les dirigeants du G7 nous précipitent

vers la guerre

 

Réunis le week-end dernier en Bavière, les dirigeants incompétents du G7, conduits par le président Obama et le Premier ministre Cameron, ont considérablement renforcé le danger de guerre en durcissant le ton à l’égard de la Russie, tout en maintenant la pression sado-monétariste sur la Grèce.

 

Avant même la fin de la réunion des Sept, la Maison-Blanche déclarait le 7 juin que « le président Obama et la chancelière Merkel » se sont mis d’accord pour prolonger les sanctions contre la Russie, tant que Moscou n’aura pas mis en œuvre toutes les dispositions des accords de Minsk.

 

Entre-temps, fort de l’aide militaire de l’Ouest, Kiev vient d’adopter une loi autorisant les soldats étrangers à combattre aux côtés de l’Armée ukrainienne sur le territoire, tandis que le président Porochenko clame que Moscou prépare une offensive « colossale » contre son pays.

 

Le 6 juin, le président Poutine a confirmé que pour les Russes, les accords de Minsk représentent la seule solution possible pour l’Ukraine, mais que c’est le gouvernement de Kiev qui les bafoue, tout en refusant de reconnaître comme interlocuteurs les prétendus « indépendantistes ». Poutine a fait ces remarques dans un long entretien accordé au quotidien Corriere della Sera, publiée aussi en anglais sur le site du Kremlin.

 

Poutine se demande aussi pourquoi les dirigeants européens qui ont joué les intermédiaires dans l’accord du 23 février 2014 entre le gouvernement de Kiev et les émeutiers néonazis du Maidan n’ont pas désavoué ces derniers lorsqu’ils ont bafoué cet accord en opérant un véritable coup d’État.

 

À propos des relations avec l’UE en général, Poutine a proposé de bâtir un espace économique commun de Vladivostok à Lisbonne, alors que l’UE tente d’ériger une « nouvelle frontière » entre la Russie et l’Europe de l’Est.

 

Au lieu de répondre aux problèmes soulevés par le président russe, les dirigeants du G7 ont continué à lancer des ultimatums. En arrivant en Bavière, Obama a affirmé qu’il faut « résister à l’agression russe », alors que Merkel disait à ZDF  : « Nous devons envoyer un signal clair. (...) Des sanctions pour parvenir à une fin. »

 

En même temps, les dirigeants de l’UE, soutenus par Washington, poussent à l’affrontement avec la Grèce pour tenter de sauver l’euro.

Comme nous l’avons dit et répété, l’enjeu n’est pas la dette en tant que telle, qui est plutôt minime, mais les produits dérivés qui lui sont liés et, plus important encore, l’impact politique qu’aurait un Grexit en établissant un précédent et en modifiant la nature même de l’Union monétaire.

 

Elle ne serait plus une unité « irréversible », comme l’affirmait Mario Draghi, mais un système construit de pièces détachables qui peut en fin de compte se dissoudre. Cela signifierait remplacer l’étiquette « sûr » sur les actifs libellés en euros par « pas sûr », coupant ainsi l’herbe sous le pied du système.

 

Quelle que soit l’issue des négociations entre l’UE et Athènes, l’euro s’annonce déjà sur son lit de mort. Et pour les oligarques du système transatlantique, le seul salut serait la guerre.

 

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 9 juin 2015

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Une Europe Détestable, conduite par des gens méprisables

Une Europe Détestable, conduite par des gens méprisables | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Charles Gave - Copyright Reuters (Crédits : Svetlana Bahchevanova) - latribune.fr


 

 

Une Europe Détestable,

conduite par des gens méprisables.

Par Charles Gave(*)

 

Revenons en arrière, aux années 90. L’Euro est en préparation et tous « les oints du Seigneur » de service de nous expliquer que l’introduction de l’Euro va amener à une croissance plus forte, à une hausse de l’emploi, au développement d’un système bancaire intégré, solide et puissant, à une amélioration extraordinaire de la protection sociale, à des femmes plus belles et à des hommes plus aimables… et que tout cela n’aura aucun coût.

 

Une citation entre mille : « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

 

Quel génie ! Le sergent Maginot apparait comme un visionnaire en comparaison de Michel Rocard…

 

Quelques voix, Philippe Villin, J.C Rosa et quelques autres dont votre serviteur, s’élevaient — déjà — à l’époque contre ce qui paraissait être une ânerie économique, mais surtout une faute politique.

 

Je ne vais pas avoir la cruauté de montrer une fois de plus les résultats économiques désastreux de ce Frankenstein financier, car la réalité parle d’elle-même.

 

En réalité, ma principale critique a toujours été que l’Euro allait détruire l’Europe que j’aimais, celle de la diversité pour la remplacer par une Europe technocratique et inhumaine, ce qui ne manquerait pas de faire renaitre les vielles haines entre peuples tout en permettant l’émergence de mouvements populistes dont l’Histoire a montré qu’ils pouvaient être extraordinairement dangereux.

 

C’est sur cet aspect politique que je veux écrire aujourd’hui, car c’est de loin le plus important.

 

Ma thèse, depuis le début, a toujours été que la construction de l’Euro avait été organisée par un groupe de gens non élus et ne rendant de comptes à personne pour prendre le pouvoir politique et que donc cela s’assimilait à un coup d’État.

 

En ce qui concerne l’Europe, dès son origine, il y a eu deux conceptions qui s’affrontaient

 

  • Celle de la Démocratie Chrétienne, représentée par de Gasperi, Adenauer ou Schuman, fondée sur un principe essentiel de l’Église Catholique, la subsidiarité et ancrée dans des pratiques démocratiques.
  • Celle de Jean Monnet, et ensuite de partis socialistes Européens qui voulaient créer un Etat Européen, qui aurait vocation à se substituer aux États nationaux. Cet État serait non démocratique, mais technocratique (Jean Monnet se méfiait profondément de la Démocratie) et géré bien sûr par les hauts fonctionnaires français.

 

Ces deux conceptions ont navigué de pair tant bien que mal jusqu’à la réunification allemande où il devint évident que l’Allemagne allait disposer du pouvoir monétaire en Europe grâce à la Bundesbank et au DM.

 

Les partisans français de l’État européen (Delors, Trichet etc… ) décidèrent alors de faire un coup d’État et de forcer la création de cet État en commençant par la monnaie, c’est-à-dire l’Euro, ce qui était censé coincer l’Allemagne, Mitterrand annonçant fièrement alors « qu’il avait cloué les mains de l’Allemagne sur la table de l’Euro ». On le vérifie chaque jour.

 

À l’époque, j’avais écrit » des Lions menés par des Ânes », mon premier livre, dans lequel j’expliquais que l’Euro allait amener à trop de maisons en Espagne, trop de fonctionnaires en France et trop d’usines en Allemagne et où j’annonçais un désastre économique sans précédent dans l’Europe du Sud.

 

Et pour cause, je ne connais pas dans l’Histoire de fixation de taux de changes fixes entre deux pays avec une productivité différente qui ne se soit pas terminée par un désastre.

 

Et la conclusion de ce livre était que l’Euro allait tuer l’Europe que j’aimais, c’est à dire l’Europe de la diversité et faire remonter les vieilles haines ancestrales à la surface…

 

Car toutes les tentatives dans l’Histoire de recréer l’Empire Romain, ce fantôme qui hante notre histoire, se sont terminées dans la guerre et dans le sang.

 

Comme on pouvait s’y attendre, depuis ce coup d’État, les procédures de remises au pas de ceux qui ne sont pas d’accord sont devenues de moins en moins démocratiques.

 

Lorsque la crise Grecque, la première, commença, un socialiste, Papandreou était au pouvoir. Il accepta les conditions imposées par le FMI qu’il avait appelé à la rescousse (présidé alors par Strauss-Kahn…), à la condition que le peuple grec soit consulté par referendum. Il fut instantanément remplacé, après de sordides manœuvres de couloir par un dénommé Papademos… ancien vice gouverneur de la BCE.

 

Quelque temps après, Berlusconi, le Premier ministre italien, émit l’idée que si l’Allemagne continuait à suivre une politique déflationniste qui tuait ses voisins, alors l’Italie pourrait décider de quitter l’Euro. Lui aussi fut promptement débarqué et remplacé par le Quisling de service, un ancien Commissaire européen, dénommé Monti, que personne n’avait jamais élu et qui avait fait toute sa carrière à Bruxelles.

 

Dans les deux cas de figure, un Premier ministre parfaitement légitime qui avait osé remettre en cause la Doxa européenne a été débarqué manu militari pour être remplacé par quelqu’un de plus… souple.

 

Mais tout cela s’est fait dans une certaine discrétion, le but étant de ne pas affoler les populations.

 

Avec les dernières élections grecques, les masques sont tombés.

 

Tour à tour, nous avons eu :

 

  • Monsieur Barroso, ancien mao/trotskyste et ancien Président de la Commission européenne qui déclare que les élus ne savent pas résister aux demandes incongrues de la population et que donc les responsabilités doivent être exercées par des gens non élus, peu sensibles aux foucades du corps électoral…
  • Schäuble, le ministre des finances allemand qui dit que les élections grecques ne changeaient rien. Pourquoi voter ?
  • Et enfin Juncker, le fraudeur fiscal, viré par les électeurs luxembourgeois et instantanément nommé comme Président de la Commission européenne qui annonce qu’il n’existe pas de sortie « démocratique » aux Institutions européennes.

 

Et donc, ces trois éminents personnages nous annoncent tranquillement qu’ils s’assoient avec beaucoup d’assurance et sur la Démocratie et sur la Souveraineté de chaque Nation européenne. Et cette attitude est de plus en plus visible chez leurs seconds couteaux.

 

Une participante grecque — aux dernières négociations à Athènes a dit que l’un des membres de la Troïka avait suggéré pour régler les problèmes de cash-flow de l’État local que celui-ci ne paye ni les retraites ni les fonctionnaires pendant un ou deux mois. Proposition rejetée avec indignation par le ministre des Finances, cela va sans dire. On ne peut s’empêcher de penser au fameux « Ils n’ont pas de pain ?  Qu’ils mangent de la brioche » de Marie Antoinette.

 

Cela m’amène à poser une seule question : Pour les Peuples Européens, de quel espoir est porteur aujourd’hui l’Europe telle que les technocrates nous l’ont bâti ?

 

Qui est prêt à mourir pour cette Europe ?

La « Démocratie Européenne ressemble de plus en plus à l’évidence aux  « Démocraties populaires » d’il y a peu.

 

On sait comment on y entre, on ne sait pas comment en sortir.

Nous sommes en train d’arriver à ce que je craignais par-dessus tout : Une dé-légitimation de l’idée Européenne née après la Seconde Guerre mondiale et voilà qui me rend fort triste. À ce point, le lecteur va me demander : mais que faire ?

 

La réponse est toujours la même.

  • Croire que le mal existe et lutter contre.
  • Savoir dire non.
  • Agir au niveau individuel.
  • Ne pas croire en un homme providentiel.
  • Influencer ceux qui sont autour de vous,
  • Éduquer les autres sans relâche.
  • Transmettre ce que vous savez.
  • Soutenir ceux qui ont le courage de lutter et qui y consacrent leurs vies.
  • Se retrouver avec ceux qui partagent les mêmes valeurs. Et ici, je songe par exemple à l’Institut de Formation Politique dont l’Institut des Libertés est proche.

 

Le pire n’est jamais sûr, et c’est pendant la profondeur de la nuit disait Péguy (je crois, à moins que ce ne fût Bernanos) qu’il est beau de croire à l’Aurore.

 

 

Par Charles Gave(*) - institutdeslibertes.org – le 16 mars 2015

(*) Charles Gave : économiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 « Des Lions menés par des ânes » (Éditions Robert Laffont) ou il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage « L’État est mort, vive l’état » Éditions François Bourin 2009 prévoyait la chute de la Grèce et de l’Espagne. Il est le fondateur et président de Gavekal research (www.gavekal.com) et Gavekal securities et membre du conseil d’administration de SCOR.


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Euro : le sauvetage, pire que le naufrage - L’UE achète du temps avant la catastrophe

Euro : le sauvetage, pire que le naufrage - L’UE achète du temps avant la catastrophe | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Reynaldo Paganelli/SIPA/1503240924

 

Euro : le sauvetage, pire que le naufrage

L’UE achète du temps avant la catastrophe

 

Si l’on doutait encore de la soumission des Européens aux États-Unis, cette information, dont toute la presse allemande parlait au matin du 17 mars 2015, viendra lever les incertitudes. Elle prouve aussi que Jean-Claude Trichet – désormais président de la Trilatérale, think tank cadet de Bilderberg, présidé par Henri de Castries – est sous influence directe de l’administration américaine.

 

C’est l’ancien économiste en chef de la BCE, Jürgen Stark, qui l’affirme : le président Obama aurait exercé d’énormes pressions sur la BCE, lorsqu’il s’agissait de sauver l’euro. Le but des Américains était que la Banque centrale de l’Union européenne intervienne de manière aussi agressive que la FED sur les marchés. Peu après ces pressions, un programme d’achat massif d’emprunts d’État fut élaboré.

 

Ce mois-ci, Mario Draghi a mis en place son programme de stabilisation de l’euro, annoncé de longue date. Selon ses prévisions, réalisées avec la participation active des Américains, 60 milliards d’euros d’emprunts doivent être achetés chaque mois. Jürgen Stark rapporte dans un document réalisé par la télévision allemande ARD comment, le soir d’une session de la BCE, quelqu’un lui avait remis une enveloppe. Celle-ci contenait les consignes détaillées demandant à la BCE d’acheter massivement les emprunts d’État. Ces plans lui étaient alors totalement inconnus. « Ça a été pour moi un choc incroyable », déclare Stark à propos de cet épisode, qui aurait eu lieu à Lisbonne en mai 2010.

 

Ce genre de programme d’emprunts est vivement contesté par les juristes, et même les juges de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe le tiennent pour illégal. « Les pressions de l’administration américaine étaient énormes, de tous côtés, en particulier de la part du président Obama », précise Stark, qui a fini par présenter sa démission sous l’administration Trichet, en 2011. La presse française en avait rendu compte à l’époque, estimant Trichet affaibli par cette démission. Les déclarations de Stark ont été confirmées, durant la crise financière, par Philipp Hildebrand, le président de la Banque Nationale suisse : « Lors de l’entrée en fonction de Mario Draghi, j’ai reçu un coup de fil de Tim Geithner, le ministre des finances américain, qui voulait savoir comment amener la BCE à adopter un style tout aussi agressif, comme c’est l’usage à la FED et en Grande-Bretagne. »

 

Et puis soudain, durant le sommet de l’Union européenne qui vient de se tenir entre Junker, Merkel, Tsipras, Hollande et Draghi, l’UE déclare que la situation de la Grèce représente une catastrophe humanitaire. On sort alors du chapeau pointu européen un « fonds inconnu de 2 milliards d’euros, destiné au développement » (on se demande quel développement). Junker décide donc que cette somme sera attribuée aux Grecs. Il charge le Commissaire européen Valdis Dombrowski « de voir » comment celle-ci serait absorbée par la Grèce… Après le sommet, Junker déclare que cet argent doit servir à maîtriser les problèmes sociaux du pays et aider les PME à se développer. Mais il omet de préciser comment il va contrôler l’attribution de cette somme à Athènes.

 

Tout ceci n’a pu que satisfaire Alexis Tsipras, en récompense de son alignement à l’UE et, par ricochet, aux États-Unis. Les autres États membres de l’UE, eux, n’ont pas été associés à ces négociations, bien qu’il s’agisse de l’argent de leurs contribuables. Le journal économique allemand Deutsche Wirtschaftsnachrichten précise : « Par cette décision, la troïka a désormais les mains libres pour demander d’autres milliards à la BCE et au FMI au titre de la dette grecque. Cette action risquée est connue du grand public sous le nom de « sauvetage de la Grèce » et a déjà coûté au contribuable européen 240 milliards euros. » Comme mentionné dans le reportage de la première chaîne allemande ARD, l’UE achète encore une fois du temps avant la catastrophe. Ainsi Georges Friedman, fondateur de la plus importante agence de renseignements privée au monde, Stratfor Global Intelligence, estimait-il à l’occasion d’une récente conférence à Chicago que l’euro et l’Europe imploseront.

 

En attendant, les États-Unis peuvent toujours faire pression, car, comme le dit Georges Friedman, « l’Europe est devenue incontrôlable ». Preuve de sa dérive autocratique, une déclaration de Junker, cité par Der Spiegel, devrait choquer chacun des citoyens que nous sommes : « Nous décidons des choses et les laissons de côté, pour attendre quelque temps et voir ce qui va se passer. S’il n’y a pas de grandes protestations et autres émeutes – car, de toute façon, personne ne comprend ce que nous décidons – alors nous continuons, pas à pas, jusqu’à ce qu’un retour en arrière devienne impossible. » Ainsi va la démocratie en UERSS !

 

 

 

Par Sylvia Bourdon - causeur.fr – le 25 mars 2015

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Les évènements s’accélèrent, et le chaos approche

Les évènements s’accélèrent, et le chaos approche | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source image : chaos-controle.com

 

  

Les évènements s’accélèrent,

et le chaos approche

Par Jim Willie CB (*)

 

 Ceux qui s’attendaient à voir les évènements s’accélérer dès le mois de janvier n’auront pas été déçus. En temps normal, des évènements importants se produisent à quelques semaines d’intervalle, voire quelques mois. Mais au cours de ces trois dernières semaines, dix évènements de taille se sont déjà produits. Leur succession s’est dramatiquement accélérée. La grande accélération a commencé. Quelque chose de terrible arrive droit vers nous.

 

Les évènements en question sont à observer en détail, puisqu’ils ont tous d’importantes implications et conséquences.

 

— 1. La Russie a sauté du train du recyclage du pétrodollar. Ses échanges commerciaux pétroliers ne seront désormais plus établis en dollars. Ils seront à partir de maintenant établis en roubles. Attendez-vous à voir des roubles transformés en renminbis dans le cadre des échanges bilatéraux de la Russie avec la Chine. L’action de la Russie s’intègre dans le cadre de la disparition du pétrodollar. Le n’a fait que réagir au boycott lancé par les États-Unis.

 

— 2. La Suisse a mis fin à l’arrimage de sa devise avec l’euro. Pendant plus de trois ans, la banque centrale suisse a maintenu ses réserves d’euros, qui s’élevaient quelque part autour de 800 milliards d’euros. La situation est finalement devenue insoutenable. La Suisse maintenait alors une position à la vente sur le dollar tout en ayant une position à découvert sur l’or, et a finalement décidé de renverser la donne. L’équipe Langley disposait de milliards de francs suisses pressés sur des palettes. Et elle en a grandement profité. Les Suisses semblent avoir ouvert les portes de l’enfer pour le marché de l’or, et se sont peut-être retrouvés écrasés par un appel de marge à mesure que l’or physique prêté s’amenuisait.

 

— 3. Les Grecs se sont préparés à quitter l’Union européenne et à faire défaut de leur dette. Le parti Syriza a gagné les élections, avec une majorité de gauche. Apparaîtront ensuite de sévères perturbations. Il se peut qu’ils impriment de la monnaie pour rembourser leur dette externe, ce qui serait une justice bien ironique. Attendez-vous à en voir des répercussions en Grèce et au travers de l’Europe, dans le même temps que les Russes feront danser la carotte d’un pipeline sous le nez des Grecs. Avec ce pipeline arriveront des revenus significatifs en Grèce. Le pays quittera l’Union européenne, c’est une certitude. Il exportera bientôt des produits alimentaires vers la Russie, et relèvera son économie.

 

— 4. La Banque centrale européenne a annoncé son dernier programme de QE en date. Elle devrait se lancer dans une vague d’achats d’actifs et d’obligations, dans l’espoir de ne pas les voir devenir stériles et corrosifs en termes de gestes coopératifs avec les pays membres. Quels qu’en soient les détails, les Allemands se font une joie de critiquer les procédures de Draghi. L’opposition fait rage entre la BCE et la Bundesbank. Je suis certain que l’Allemagne quittera elle aussi l’Union européenne, qu’elle quittera l’euro, et enfin l’OTAN. Les oppositions à la décision de Draghi mèneront à une crise en Union européenne.

 

— 5. Avec la mort du roi Abdullah commence une période de transition pour la famille royale. Le roi a été remplacé par l’ancien prince Salman, qui souffre de sénilité et de démence, et aura beaucoup de difficultés à régner sur le pays. La bataille pour sa succession vient de commencer. Des tribus rivales se disputent le pouvoir, après plusieurs décennies d’exclusion. Les évènements au sein des frontières saoudiennes se multiplieront, s’intensifieront, et auront de lourdes conséquences. Les pressions en faveur d’une réforme seront plus fortes que jamais.

 

— 6. L’Allemagne a fait une offre d’union commerciale à la Russie, qui mettrait de côté le pacte commercial transatlantique contrôlé par les États-Unis. Lors du Sommet économique de Davos, la chancelière allemande a offert une union commerciale à la Russie, et implicitement rejeté le Partenariat de commerce et d’investissement transatlantique avec les États-Unis. Le plus ironique, c’est que Merkel a proposé une union similaire à celle que la Russie et la Chine ont établie au cours de ces deux dernières années, connue sous le nom de Zone d’échange eurasiatique. L’Allemagne cherche clairement à quitter l’Union européenne.

 

— 7. Le policier financier allemand BaFin n’a pas pu apporter de preuves à la manipulation du marché de l’or. Du point de vue de Deutsche Bank. Cette décision représente un pas en arrière pour le camp qui s’oppose à la corruption des marchés des obligations, des taux de change et de la comptabilité bancaire. Les conséquences en seront nombreuses, et forceront l’arrivée de marchés plus justes. La manipulation des marchés ne semble jamais prendre fin. En Allemagne, deux camps s’opposent. Les politiciens sont dominés par l’élite bancaire, bien que des voix se fassent entendre en provenance des ministères. Les capitaines industriels gèrent l’aspect commercial, et cherchent à éviter des dommages économiques profonds. L’alliance américaine ne fonctionne plus pour le bénéfice des Allemands. Le camp industriel va prévaloir, mais seulement après une longue bataille, qui présentera un certain nombre de valeurs inconnues.

 

— 8. Les Suisses ont installé un centre d’échange de renminbis à Zürich. Une compétition intéressante est sur le point de faire son apparition, alors que Londres, Zürich et Francfort se confronteront pour le contrôle du flux financier de renminbis. Alors que Londres possède l’avantage de la tradition et que Zürich a l’avantage du prestige, les Allemands ont été sélectionnés par le Kremlin et par Pékin pour servir de berceau pour le lien de l’Europe avec l’Asie. Les liens industriels de la Russie et de la Chine s’étendront au travers de l’Allemagne, en parallèle à une croissance des échanges et des investissements.

 

— 9. Les détails relatifs à l’extension du pipeline de Gazprom au travers de la Turquie ont été révélés. Il passera par la mer Noire, et les volumes ont été indiqués dans les plans. Gazprom a soudainement décidé d’exclure l’Ukraine de son projet de construction de pipeline, qui ne passera finalement pas par l’Europe de l’Est, ou les pots de vin du gouvernement américain, les menaces et les entreprises corrompues s’acharnent à bloquer ses projets. Le pipeline passera désormais au travers de la Turquie, et un centre sera installé sur la frontière grecque. Il a été baptisé Turk Stream. La construction du pipeline prendra environ 18 mois. D’ici là, les nations européennes devront trouver un moyen de se connecter à ces lignes pétrolières et d’éviter la catastrophe imminente de leur alliance destructrice avec les États-Unis.

 

— 10. L’économie américaine a enregistré une forte baisse en matière de commandes. La liste de licenciements et d’annulation de projets aux États-Unis, au Canada, en Angleterre et en Europe faisait six pages de long en janvier. Il s’agit d’une véritable procession de faillites d’entreprises et d’échecs de politiques monétaires et économiques. L’économie américaine est frappée par une récession qui dure depuis plusieurs années. Le QE aggrave la détérioration économique. Un certain nombre de corporations ont recours à des licenciements de masse, la plus récente ayant été IBM. Les grosses banques et les firmes liées au domaine de l’énergie dominent ce genre d’actualité.

 

Les évènements se succèdent à une vitesse étourdissante. Il n’est absolument pas possible d’anticiper quel sera le prochain évènement à paraître, mais nous pouvons être certains que quelque chose se produira tous les deux à trois jours, quelque chose d’important, qui aura des conséquences extrêmes.

 

En plus des évènements cités plus haut, le secteur du pétrole et du gaz de schiste américain ferme ses portes, sans aucun évènement vers lequel pointer le doigt. L’implosion de la dette de schiste est imminente. Les dommages n’en seront que plus grands au fil du temps. L’année 2015 a commencé sur une explosion insoutenable, comme je m’y attendais. Notez qu’aucun des évènements cités plus haut ne concerne les BRICS. Leur mouvement renforcera la transition de paradigme et forcera le retour à un étalon or. Puisque les banquiers américains et britanniques contrôlent le secteur financier et les devises Forex, les obligations souveraines et les systèmes bancaires, l’Orient fera tout son possible pour raviver l’étalon or.

 

 

Par Jim Willie CB (*) - 24hgold.com – le 13 mars 2015

 

(*) Docteur en Statistiques, Jim Willie CB a exercé pendant 24 ans avant de se consacrer à la finance. Pour plus d’infos, voir ici.

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Le maintien de la Grèce dans la zone euro coûtera 100 milliards d’euros

Le maintien de la Grèce dans la zone euro coûtera 100 milliards d’euros | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : sans-langue-de-bois.eklablog.fr


  

Le maintien de la Grèce dans la zone euro

coûtera 100 milliards d’euros

Par Bruno Colmant (*)

 

La dette publique grecque devra être rééchelonnéeC’est une évidence que seuls les économistes d’eau douce ne comprennent pas.

 

En effet, l’euro est une monnaie trop forte pour une économie qui est génétiquement faible, telle celle de la Grèce.

 

En temps normaux, la Grèce aurait dû s’acquitter d’un taux d’intérêt plus élevé (ou prime de risque) sur ses emprunts afin d’indemniser ses créanciers contre la dévaluation régulière de la Drachme.

 

L’entrée dans la zone euro de la Grèce constitua donc pour ce pays un effet d’aubaine unique, puisque cette prime de risque fut gommée. La Grèce put emprunter à des conditions allemandes dont elle « emprunta » le rating.

 

Mais aujourd’hui, la dévaluation de la Drachme ne peut être effectuée que par un abattement de sa dette publique, exprimée en euro.

 

La question est de savoir de quel pourcentage la dette grecque devrait être abattue ?

 

Ce pourcentage devrait correspondre à celui de la dévaluation de la Drachme par rapport à la monnaie unique si ce pays quittait la zone euro.

 

Sur base de différents textes (certes imprécis), on peut estimer ce pourcentage d’abattement à 50 %.

 

Ce sera le taux perte qui devra être absorbée par les créanciers de la Grèce, dont les pays européens sont les principaux, sur un capital de près de 200 milliards (sous une forme de prêts directs ou au travers d’un organisme de stabilisation) prêté à la Grèce.

 

Le maintien de la zone euro coûtera donc 200 milliards d’euros fois 50 %, soit 100 milliards d’euros aux autres États membres de la zone euro.

 

Le calcul est bien sûr simplifié et simpliste, mais son ordre de grandeur est intuitivement correct.

 

Il s’agit bien sûr d’une perte sèche pour les créanciers de la Grèce puisque les intérêts qu’ils auraient reçus en Drachmes auraient été largement supérieurs à ceux qu’ils reçoivent actuellement.

 

 

 

Par Bruno Colmant (*) - blogs.lecho.be – le 21 février 2015.

Source : http://blogs.lecho.be/colmant/2015/02/le-maintien-de-la-grèce-dans-la-zone-euro-coûtera-100-milliards-deuros.html



(*) Bruno Colmant est membre de l’Académie Royale de Belgique, Docteur en Économie Appliquée (ULB) et Master of Science de l’Université de Purdue (États-Unis). Il enseigne la finance appliquée et l’économie à la Solvay Business School (ULB), à la Louvain School of Management (UCL), à l’ICHEC, à la Vlerick Business School et à l’Université de Luxembourg. Sa carrière est à la croisée des secteurs privés, publics et académiques.


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Grèce : et si le véritable problème était l’euro ?

Grèce : et si le véritable problème était l’euro ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source image : globalresearch.ca


 

 Grèce : et si le véritable problème était l’euro ?

Par Bruno Colmant (*)

 

La renégociation des plans d’aide et de refinancement grecs cristallise le débat sociopolitique autour de l’opposition entre l’expression démocratique d’un peuple et la souveraineté monétaire dont il a choisi de se déposséder en 2001, lorsque la Grèce est entrée dans la zone euro.

 

Mais le problème est-il bien posé ?

 

En effet, si la Grèce n’était pas entrée dans la zone euro, ses capacités d’emprunt auraient été contraintes par des taux d’intérêt élevés, destinés à couvrir le risque de dépréciation de la drachme.

 

En adhérant à la zone euro, la Grèce a bénéficié d’un effet d’aubaine stupéfiant, à savoir d’une capacité d’emprunt à des conditions allemandes dont elle a « emprunté » le rating, comme l’ont fait la plupart des pays du Sud européen.

 

La dette publique grecque est aujourd’hui impayable avec une monnaie plus forte que celle de l’économie domestique.

 

Au lieu de déprécier sa devise, la Grèce va devoir – en bonne logique économique – déprécier son endettement public par un inévitable défaut ou rééchelonnement.

 

Mais le problème grec peut être transposé à d’autres économies périphériques et méditerranéennes. Il s’agit d’un manque de compatibilité entre une devise artificiellement forte (en termes relatifs) et des économies tangentes qui sont hétérogènes et plus faibles en termes de croissance économique que le Nord de l’Europe.

 

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on impose à ces économies affaiblies des dévaluations internes, c’est-à-dire des appauvrissements supplémentaires, pour assurer leur ancrage à une devise qui est trop forte. En d’autres termes, on dévalue, par des programmes d’austérité domestiques, des pays au motif qu’on leur impose une monnaie qui leur est incompatible.

 

Mon intuition se transforme en conviction : la formulation de l’euro est viciée.

 

Cette union monétaire ne repose sur aucun fédéralisme budgétaire et fiscal.

 

Les réponses aux crises sont politiques et dogmatiques, et non éconiomiques. Elle n’a suscité aucune politique industrielle cohérente, ni d’allocation des ressources dont la meilleure illustration est l’accumulation de surplus commerciaux inouïs de l’Allemagne qui trouvent leur contrepartie dans des déficits commerciaux chez ses partenaires.

 

La seule réponse qui fut trouvée au manque de congruence des économies fut la mise en œuvre de politiques récessionnaires qui furent elles-mêmes amplifiées par une politique déflationniste de la BCE.

 

Que d’erreurs sur erreurs.

 

 

Par Bruno Colmant (*) - blogs.lecho.be – le 21 février 2015

 

(*) Bruno Colmant est membre de l’Académie Royale de Belgique, Docteur en Économie Appliquée (ULB) et Master of Science de l’Université de Purdue (États-Unis). Il enseigne la finance appliquée et l’économie à la Solvay Business School (ULB), à la Louvain School of Management (UCL), à l’ICHEC, à la Vlerick Business School et à l’Université de Luxembourg. Sa carrière est à la croisée des secteurs privés, publics et académiques. (Source : blogs.lecho.be


Koter Info's insight:


Si on pouvait poursuivre les politiciens pour leur mauvaise gestion, alors tout irait probablement beaucoup mieux !


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De Gaulle = Mendès

De Gaulle = Mendès | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : De Gaulle et Mendès-France (© : DROITS RESERVES) - meretmarine.com


 

De Gaulle = Mendès

Par Jacques Cheminade (*)

 

 

Nous sommes en 1959. Je vois sur les murs de Paris « De Gaulle = Mendès ». Je ne comprends pas cette équation assimilant un homme de droite à un homme de gauche. Les « nationalistes » me disent que ce sont tous deux des bradeurs d’Empire. Je leur réponds que notre pays est une République et non un Empire, une certaine idée et non un territoire, et que c’est cette idée qui doit être défendue contre tout bradage.

 

Aujourd’hui, encore plus qu’alors, le moment est venu de retrouver ce qui définit notre mission de patriote et citoyen du monde, et non de sujet adossé à ses possessions ou replié sur ses certitudes. S’abstenir reviendrait une fois de plus à collaborer avec ce qui porte les germes de la barbarie.

 

J’y pensais en participant aux manifestations de soutien au peuple grec, les 11 et 15 février à Paris. Que faut-il de plus pour arrêter la machine infernale, que faut-il de plus pour transformer en force positive et organisée l’élan émotionnel du 11 janvier ?

 

Dire d’abord que le roi est nu. C’est-à-dire montrer que la dette grecque n’est pas un cas particulier, une anomalie, mais la conséquence extrême d’un ordre financier destructeur pour tous. Le peuple grec n’a bénéficié que très marginalement des crédits accordés, ce sont les financiers prédateurs qui ont détourné les fonds à leur profit, avec la collaboration d’une oligarchie qui acquérait des armes pour le compte de l’OTAN.


Le peuple grec s’est vu infliger une souffrance inouïe, comme les peuples argentin, serbe ou africains, sur lesquels se sont abattus les vautours financiers et les trafiquants de toute espèce. C’est le système de la City et de Wall Street qui en est la cause, la finance folle et non les folles dépenses des Grecs pris au piège de la corruption. Si nous n’arrêtons pas ce système, ce sera bientôt le tour, avec ou sans euro, du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie, puis le nôtre.

 

Il faut ensuite montrer aux Français que ce système conduit à la guerre. Il ne peut en effet assurer un avenir, car il fait prévaloir le gain immédiat sur l’équipement de l’homme et de la nature. Il perd donc à la fois sa base économique réelle et sa base sociale, tandis que son château de fausses cartes menace de s’effondrer à tout instant. Aux abois, il recourt au chantage militaire pour conserver son pouvoir, ce qui explique la marche de l’OTAN vers l’Est. Sans canal régulier de communication entre Obama et Poutine, comme il en existait entre dirigeants russes et américains pendant la Guerre froide.

 

La peur de la guerre ne suffit cependant plus à réveiller des hommes et des femmes enfumés par une idéologie de la possession et de la cupidité. Il faut leur dire, et c’est la dimension qui manquait dans les manifestations de Paris, qu’une stratégie de paix est désormais possible. C’est la résistance des pays membres des BRICS et leurs projets de développement économique mutuel qui nous en offrent l’occasion.

 

Se joindre à leur élan suppose de rétablir chez nous un sens de l’État et du service public, comme entend le faire en Grèce l’alliance de Syriza et des Grecs indépendants. Ici revient l’équation « De Gaulle = Mendès » de mon adolescence.

 

Car tous deux partageaient la conviction du gouvernement grec actuel. De Gaulle l’exprime dans ses discours sur « l’économie dirigée » du 12 septembre 1944 au Palais de Chaillot et du 1er octobre 1944 à Lille, Mendès-France, dans le chapitre VI de sa République moderne.

 

Oui, il faut revenir à ce type d’entente sur l’essentiel pour retrouver notre récit national et effacer quarante années de trahison.

 

Quiconque n’a pas revécu en lui-même ce moment où De Gaulle part à Londres, où Jean Moulin saute en parachute vers le sol de France et où Jeanne d’Arc répond à ses bourreaux « Dieu premier servi » n’est pas prêt à une aventure qui le transcende. Ma plus profonde conviction est que le peuple français, comme le peuple grec, peut se transcender.

 

 

 

Par Jacques Cheminade (*) jacquescheminade.fr – le 18 février 2015

  

(*) Jacques Cheminade, né le 20 août 1941 à Buenos Aires, en Argentine, est un homme politique et essayiste français, fondateur du parti politique Solidarité et progrès, affilé au mouvement de Lyndon LaRouche. Il est candidat à l’élection présidentielle de 1995  puis à celle de 2012… (Source : Wikipédia)


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L’ultimatum de Francfort à la Grèce

L’ultimatum de Francfort à la Grèce | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

 

 

L’ultimatum de Francfort à la Grèce

 Par Jacques Sapir (*) 


La Banque Centrale Européenne (BCE) vient de choisir son camp, et c’est – qui s’en étonnera – celui de l’Allemagne. Par la mesure qu’elle vient de prendre contre la Grèce, elle envoie un signal très clair au nouveau gouvernement : restez dans le cadre du plan d’aide décidé par la « Troïka ». Mais, elle vient de déclencher un processus qui peut aboutir à l’inverse de ce qu’elle recherche. Loin de faire céder le gouvernement grec, cette mesure pourrait le forcer à prendre des mesures radicales qui, à terme, provoqueraient une rupture définitive entre la Grèce et ses créanciers et conduiraient ce pays à sortir de l’Euro. Telle est la logique du jeu de « poulette » (chicken) que l’on a décrit dans la note précédente [1].

 

 

Les mesures de la BCE

 

La BCE a donc décidé le mercredi 4 février au soir de suspendre l’exception qu’elle consentait à la Grèce, le fait d’accepter temporairement les obligations d’État grecques en collatéral pour des prêts des banques grecques. Les raisons de cette exception étaient l’adhésion de la Grèce au plan d’aide élaboré par la Troïka, et dont les conséquences ont été si désastreuses, que ce soit pour les Grecs ou pour les finances de l’État. En soi, cette mesure n’est nullement décisive.


Mais, il y a peu de doutes qu’elle provoque dans les jours qui viennent à Athènes une panique bancaire, ce que les économistes appellent un « bank run ». Les banques grecques auront désespérément besoin de liquidités. Elles pourront en demander à la BCE dans le cadre d’un programme d’aide urgent à la liquidité bancaire nommé « ELA ». Mais ce programme est soumis aux règles de la Troïka et il n’a été renouvelé que jusqu’au 28 février.


Concrètement, cela équivaut à mettre un pistolet sur la tempe d’un gouvernement nouvellement élu pour exiger de lui qu’il renonce à des mesures approuvées par son électorat. On appréciera le sens aigu de la démocratie des dirigeants de la BCE et plus généralement des autorités européennes.


 

Les possibles réactions du gouvernement grec

 

Face à ce qu’il faut bien appeler un ultimatum, le gouvernement grec peut se décider à capituler. Ce faisant, il se saborderait politiquement. Un sondage réalisé dimanche dernier montre que 70 % des Grecs, soit en réalité bien plus que ceux qui ont voté SYRIZA le 25 janvier, soutiennent le gouvernement et le pensent capable de mener une véritable politique de survie pour le pays.

 

Le gouvernement grec peut donc mettre en place des contre-mesures. Certaines sont techniques (fermeture momentanée des banques, limites aux retraits des particuliers). Mais d’autres sont plus politiques. En réalité, quand la BCE dit prêter aux banques grecques, cela veut dire qu’elle autorise la Banque Centrale de Grèce à le faire. L’organisation de la BCE n’a pas supprimé les différentes Banques Centrales des pays membres de la zone euro. Elle les a mises en réseau et sous l’autorité de la BCE, opérant depuis Francfort. Le gouvernement grec peut donc décider de réquisitionner la Banque Centrale pour la contraindre de continuer à alimenter en liquidités (en Euro) les banques grecques. Mais, ce faisant, il viole les traités constituant l’Union Économique et Monétaire, c’est-à-dire la zone euro. Il pourrait donc le faire constatant la menace que fait peser la BCE sur la Grèce, et prenant à témoin la population de ce fait inouï d’une instance technique s’immisçant dans les choix politiques d’un peuple souverain.

 

 

Les conséquences

 

Une telle décision serait bien entendu lourde de conséquences. Ce serait au tour de la BCE d’être le dos au mur. Si elle acceptait la mesure de réquisition, elle reconnaitrait son impuissance et donnerait des idées d’indépendance aux autres pays. Ceci dans un cadre où elle a déjà pris acte de la fragmentation croissante de la zone euro, comme en témoignait les mesures annoncées par Mario Draghi le 22 janvier, et que l’on a un peu hâtivement assimilées à un « quantitative easing ».

 

En fait, la pression allemande, directe et indirecte (par le biais de pays alliés à l’Allemagne comme la Finlande et l’Autriche) est aujourd’hui telle sur la BCE que l’on voit mal cette dernière accepter un possible fait accompli venant d’Athènes. Il faut le répéter, ce qui est en cause c’est la politique d’austérité de Mme Merkel et surtout son imposition à l’ensemble de l’Europe, condition nécessaire à ce que ne se mette pas en place une logique d’Union de Transfert au détriment de l’Allemagne. Cette dernière ne peut céder, ou alors elle verra sa crédibilité disparaître instantanément.

 

En cas de réquisition de la Banque Centrale de Grèce, réquisition qui pourrait alors survenir le 28 février ou le 1er mars, la Banque Centrale Européenne pourrait décider de ne plus accepter en circulation les euros « grecs ». Une telle mesure a déjà été temporairement appliquée à Chypre. Cela revient à expulser, ou à menacer de le faire, un pays de la zone euro.

 

 

Une sortie de l’Euro ?

 

En réalité, la Grèce est aujourd’hui dans une meilleure situation qu’elle ne l’était en 2010 pour envisager une sortie de l’Euro. À cette époque, le budget était gravement déséquilibré. Aujourd’hui, le budget est équilibré au niveau du solde primaire, ce qui revient à dire que si la Grèce n’avait aucune dette (et donc pas d’intérêts à rembourser) elle n’aurait nul besoin d’emprunter à nouveau, et bénéficierait même d’un excédent. La balance commerciale, elle, est légèrement déficitaire. Mais, compte tenu des élasticités prix qui peuvent être calculées, si la Grèce dévaluait de 30 % à 35 %, elle accroîtrait ses exportations de manière significative et serait en excédent. Signalons d’ailleurs qu’une dévaluation de la monnaie grecque accroîtrait les ressources fiscales en monnaie locale, provenant des armateurs, car ces derniers opèrent en dollars. Quant aux investissements directs dans ce pays, on imagine sans peine qu’avec un budget à l’équilibre, un solde commercial positif et un avantage compétitif très sérieux sur ses concurrents, ils ne tarderaient pas à affluer. Bien entendu, la Grèce ferait défaut sur sa dette dans le cas d’une sortie de l’Euro. Mais, n’ayant plus à emprunter, elle ne risque rien à se couper de ses créanciers. Au contraire, ce sont ces derniers qui viendront à résipiscence, comme le montre l’histoire des nombreux pays qui sont passés par un défaut sur la dette.

 

Une dévaluation de 30 % à 35 % redonnerait à l’économie non seulement sa compétitivité, mais elle permettrait au gouvernement d’avoir des marges de manœuvre dans le domaine social, en même temps qu’il en aurait par le défaut de fait sur la dette.

 

La Grèce doit donc regarder résolument la possibilité de sortir de la zone euro. Si une telle solution devait s’imposer, ce n’est pas elle, mais la Zone Euro elle-même, qui en subirait les conséquences. Elle doit dire aux autorités de la BCE et de l’Union Européenne que, s’il le faut, elle n’hésitera pas devant une telle solution.

 

 

De quoi s’agit-il ?

 

Il convient de ne pas se laisser abuser par la technicité, réelle ou imaginaire, des différentes mesures et contre-mesures qui ont été ou qui pourront être prises. Fondamentalement, la mesure prise par la BCE pose le problème de la souveraineté populaire dans un pays membre de la Zone Euro, c’est-à-dire le problème de la démocratie.


Nous sommes aujourd’hui confrontés au conflit inexpiable entre la légitimité technocratique et la légitimité démocratique.

En cela, l’issue pour la Grèce nous concerne tous.

 

Voulons-nous vivre libres ou acceptons-nous le joug ?

 

 

 

Par Jacques Sapir  (RussEurope) — elcorreo.eu.org – le 5 février 2015

 

Notes

[1] Sapir J., « Grèce, un jeu complexe », note publiée sur RussEurope, le 3 février 2015.

 

(*) Jacques Sapir : diplômé de l’IEPP en 1976, a soutenu un Doctorat de 3e cycle sur l’organisation du travail en URSS entre 1920 et 1940 (EHESS, 1 980) puis un Doctorat d’État en économie, consacré aux cycles d’investissements dans l’économie soviétique (Paris-X, 1 986).

A enseigné la macroéconomie et l’économie financière à l’Université de Paris-X Nanterre de 1982 à 1990, et à l’ENSAE (1989-1996) avant d’entrer à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales en 1990. Il y est Directeur d’Études depuis 1996 et dirige le Centre d’Études des Modes d’Industrialisation (CEMI-EHESS). Il a aussi enseigné en Russie au Haut Collège d’Économie (1993-2000) et à l’École d’Économie de Moscou depuis 2005.

Il dirige le groupe de recherche IRSES à la FMSH, et co-organise avec l’Institut de Prévision de l’Économie Nationale (IPEN-ASR) le séminaire Franco-Russe sur les problèmes financiers et monétaires du développement de la Russie.



Koter Info's insight:


Le "monsieur propre de l'UE", Jean-Claude Juncker, a récemment affirmé que "l'UE n'était pas démocratique et que ses décisions ne pouvaient pas être contestées".


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Explosion des tensions en Europe alors que Berlin menace d’expulser la Grèce de l’euro

Explosion des tensions en Europe alors que Berlin menace d’expulser la Grèce de l’euro | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : bourse.lesechos.fr


 

 

Explosion des tensions en Europe alors que

Berlin menace d’expulser la Grèce de l’euro

Par Alex Lantier

 

Les tensions entre les principaux pouvoirs européens ont explosé au grand jour dimanche alors que les dirigeants européens étaient réunis pour discuter d’une nouvelle série de mesures d’austérité dévastatrices pour la Grèce et de sa possible sortie de l’euro.

 

C’est l’Allemagne qui a exigé pour la Grèce les conditions les plus dures, entre autres des propositions qui réduiraient de fait la Grèce à l’état d’une semi-colonie. Berlin cherche non seulement à faire rentrer la Grèce dans le rang ou à la pousser hors de la zone euro, mais encore à discipliner les autres grands pays de la zone euro comme la France et l’Italie.

 

Au début des pourparlers de dimanche, le Premier ministre italien Matteo Renzi a déclaré que l’Italie s’opposait à l’imposition, sous la menace d’une sortie de l’euro (Grexit), de nouvelles exigences à la Grèce. Il a insisté pour que la zone euro accepte les €13 milliards de mesures proposées par le Premier ministre grec Alexis Tsipras formulés par des responsables français et grecs. Cette proposition était une répudiation de l’écrasante victoire du « non » au référendum sur l’austérité du 5 juin.

 

« L’Italie ne veut pas que la Grèce quitte l’euro et je dis à l’Allemagne : ça suffit », a dit Renzi au journal Il Messaggero. « Maintenant que Tsipras a fait des propositions conformes aux exigences européennes, nous devons absolument signer un accord. Humilier un partenaire européen après que la Grèce a renoncé à presque tout est impensable ».

 

Ces commentaires de Renzi suivaient une déclaration du Premier ministre français Manuel Valls au parlement français mercredi que la France n’accepterait pas un Grexit.

 

Le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois Jean Asselborn a averti dans le Süddeutsche Zeitung dimanche qu’un Grexit risquait d’avoir des conséquences « fatales » pour la réputation internationale de l’Allemagne. « Si l’Allemagne pousse à un Grexit, cela produira un profond conflit avec la France, » a-t-il dit. « Ce serait une catastrophe pour l’Europe... la responsabilité de l’Allemagne est énorme. Il s’agit de ne pas réveiller les spectres du passé. »

 

L’allusion à peine voilée d’Asselborn aux deux guerres mondiales atteste des tensions économiques et militaires extrêmement aigües en Europe et profondément enracinées dans l’histoire du capitalisme européen. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne nazie avait occupé la Grèce, la France et une bonne partie de l’Italie, en collaboration avec les régimes fascistes locaux.

 

La ligne dure de Berlin fait ressortir les vastes implications d’une émergence de l’Allemagne comme puissance dominante de l’Europe depuis le déclenchement de la crise économique de 2008. Des universitaires et hommes politiques allemands en vue ont appelé à ce que l’Allemagne s’affirme non seulement sur le plan économique, mais aussi militaire. L’Allemagne a officiellement renoncé l’an dernier à sa politique de retenue militaire d’après la Seconde Guerre mondiale et lancé un programme de réarmement de plusieurs milliards d’euros.

 

Le ton de la discussion dimanche fut donné par un texte du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, à la tête de ceux qui menaçaient d’un Grexit. Ce texte demandait une baisse des retraites, une augmentation de la TVA, des privatisations et des mesures de libéralisation allant bien au-delà des €13 milliards du plan d’austérité de Tsipras.

 

Le texte menaçait également la Grèce d’une suspension « temporaire » de la zone euro et exigeait que la Grèce remette plus de €50 milliards de biens de l’État pour être gérés et vendu par un organisme basé au Luxembourg, l’Institution pour la croissance.

 

Selon un article paru sur le site web grec ThePressProject, l’Institution pour la croissance est une filiale de la KfW, la Banque allemande pour la reconstruction, basée à Francfort et dont le président est Wolfgang Schäuble. On peut voir sur le site web du ministère allemand des Finances que Schäuble monta l’institution en 2013 avec le Premier ministre grec de l’époque, Antonis Samaras.

 

Les propositions de Schäuble étaient incorporées à une position de négociation de quatre pages préparée par les pays de la zone euro. Tsipras a accepté ces exigences comme base de négociations et les pourparlers ont duré jusqu’à tôt lundi matin.

 

Les interventions italienne et française ont apparemment eu un certain effet. Les négociations tard dans la nuit entre Merkel, Tsipras, Hollande et le président du Conseil européen, Donald Tusk, auraient exclu la mention du transfert des actifs grecs à l’Institution pour la Croissance et un Grexit, du moins à court terme.

 

Aux pourparlers de Bruxelles, la Grèce s’est avérée être à l’épicentre d’une crise profonde du capitalisme européen et mondial. En 2010 déjà, la première éruption de la crise de la dette grecque avait révélé des antagonismes aigus en Europe. La chancelière allemande Angela Merkel avait accepté un plan de sauvetage de l’UE pour la Grèce seulement après d’âpres discussions où le président français de l’époque Nicolas Sarkozy avait menacé de quitter l’euro et averti de dommages durables aux relations franco-allemandes. Jean-Claude Trichet, le directeur de la BCE à l’époque avait dit que l’Europe vivait « la situation la plus difficile depuis la Seconde Guerre mondiale, peut-être même depuis la Première Guerre mondiale ».

 

Merkel avait mis son veto au projet d’Union méditerranéenne de Sarkozy regroupant la France et les pays d’Europe méridionale. Elle avait averti que la polarisation entre une Europe du Sud et une Europe du Nord-est, dont l’Allemagne, pourrait mener à la désintégration de l’Europe.

 

Cinq ans plus tard, dans les conditions d’une crise sociale bien plus profonde, la division potentielle de l’Europe en deux blocs est clairement apparue dans la question d’un Grexit. Les principaux adversaires d’une sortie de la Grèce de l’euro sont la France, l’Italie et l’Espagne. La campagne pour un Grexit est menée par l’Allemagne, la Finlande, les Pays-Bas et des régimes droitiers est-européens comme la Slovaquie et la Lituanie. À mesure que s’intensifient les divisions en Europe émerge aussi clairement le conflit entre l’impérialisme allemand et américain pour déterminer qui sera l’arbitre final de la politique européenne.

 

L’administration Obama a systématiquement fait pression sur l’Allemagne dans les coulisses pour qu’elle accepte un accord avec la Grèce, mais la semaine dernière elle est intervenue publiquement pour appuyer la position française. Le secrétaire américain au Trésor, Jack Lew, a appelé à un accord entre la Grèce et l’UE sur l’austérité et la restructuration de la dette. Il a implicitement visé Berlin et ses alliés, critiquant ceux qui créaient « plus de ces dates limites signifiant la vie ou la mort ».

 

Sans égard pour les inquiétudes de Washington, Schäuble a riposté de façon abrupte disant que la restructuration de la dette était contraire aux « règles européennes ».

 

 

 

Par Alex Lantier - wsws.org – le 14 juillet 2015.


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Capitulation

Capitulation | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Capitulation

Par Jacques Sapir (*)

 

Au petit matin de ce lundi 13 juillet, le Premier ministre grec, M. Alexis Tsipras, a fini par capituler. Il a capitulé sous les pressions insensées de l’Allemagne, mais aussi de la France, de la Commission européenne et de l’Eurogroupe. Il n’en reste pas moins qu’il a capitulé. Car, il n’y a pas d’autres mots pour désigner l’accord qui lui a été imposé par l’Eurogroupe, puis par les différents dirigeants européens, le revolver – ou plus précisément la menace d’une expulsion de la Grèce hors de la zone euro – sur la tempe.


Cette capitulation aura des conséquences dramatiques, en Grèce en premier lieu où l’austérité va continuer à se déployer, mais aussi au sein de l’Union européenne. Les conditions dans lesquelles cette capitulation a été arrachée font voler en éclat le mythe d’une Europe unie et pacifiée, d’une Europe de la solidarité et des compromis.


On a vu l’Allemagne obtenir de la Grèce ce que les anciens appelaient une paix carthaginoise. On sait que telle était la position dès le départ de M. Dijsselbloem, le Président de l’Eurogroupe [1]. On a vu, avec tristesse, mais aussi avec colère, la France finir par se plier à la plupart des exigences allemandes, quoi qu’en dise notre Président.

 

Ce 13 juillet est et restera dans l’histoire un jour de deuil, à la fois pour la démocratie et pour l’Europe.

 

 

Un accord détestable

 

Cet accord est un accord détestable, et pour plusieurs raisons. Il l’est dans le domaine économique. Il saigne à nouveau l’économie grecque sans lui offrir la nécessaire et réelle bouffée d’oxygène dont elle avait besoin. L’accroissement de la pression fiscale sans contreparties aura des conséquences désastreuses pour l’économie grecque. C’est la poursuite de l’austérité dans la plus pure logique d’un Pierre Laval en France, mais surtout d’un Brüning en Allemagne, ou d’un McDonald en Grande-Bretagne, ces figures tragiques des années trente qui ont aggravé par leurs politiques les conséquences de la crise de 1929.

 

La hausse de la pression fiscale exigée, les nouvelles coupes dans les dépenses ne s’accompagnent nullement du plan d’investissement massif qui aurait pu en compenser, au moins en partie, les effets. Notons ainsi que le gouvernement grec est contraint de s’engager à : « mener d’ambitieuses réformes des retraites et définir des politiques visant à compenser pleinement l’incidence budgétaire de l’arrêt de la cour constitutionnelle relatif à la réforme des pensions de 2012 et mettre en œuvre la clause de déficit zéro ou des mesures alternatives mutuellement acceptables d’ici octobre 2015 ». En d’autres termes on demande au gouvernement grec de compenser l’arrêt de la cour constitutionnelle qui avait cassé la réforme des retraites de 2012. Bref, la logique de l’austérité est ici proclamée plus importante que la constitution d’un État souverain[2].

 

Cet accord est aussi détestable dans le domaine financier aussi. Il engage donc le Mécanisme Européen de Stabilité, ou MES. Mais, cet engagement sera appelé à grandir régulièrement. L’économie grecque va, en effet, continuer à s’enfoncer dans la dépression. Les ressources fiscales vont au total stagner, voire diminuer, et cela même si la pression fiscale augmente comme il est prévu dans l’accord. La dette va donc, en proportion de la richesse produite, devenir de plus en plus lourde. Sur cette dette, le reprofilage – mot barbare qui désigne un allongement des délais de paiement du principal et un report des intérêts – ne résout rien. On sait, le Fonds Monétaire International l’a dit, qu’il faut restructurer, c’est-à-dire annuler, une partie de la dette grecque. Mais, l’Allemagne s’y refuse toujours avec obstination. Il faudra d’ici peu trouver à nouveau de l’argent pour la Grèce. L’une des raisons pour lesquelles ce plan est détestable est qu’il ne règle rien, ni économiquement ni financièrement.

 

 

Un accord de type néocolonial

 

Enfin, ce plan est détestable pour une troisième raison. Politiquement, il aboutit à mettre la Grèce en tutelle, à l’assimiler dans les faits à une colonie privée de tout pouvoir réel. Le parlement grec non seulement est sommé de voter au plus vite certaines réformes, avec deux dates butoirs, du 15 et du 22 juillet [3], mais il devra soumettre désormais les différentes mesures à prendre au contrôle et au bon vouloir des institutions européennes. En particulier, un paragraphe de l’accord est très significatif. Il dit ceci : « Le gouvernement doit consulter les institutions et convenir avec elles de tout projet législatif dans les domaines concernés dans un délai approprié avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement » [4].

 

C’est le rétablissement de ce que les Grecs appellent le « régime de la Troïka », régime qu’ils avaient répudié lors des élections du 25 janvier dernier. Et c’est là sans doute le résultat le plus inouï de cet accord. Il équivaut à annuler une élection libre et démocratique, à affirmer que les règles édictées à Bruxelles ont plus de poids que le jeu démocratique. Il faudra s’en souvenir, car, de ce point de vue, cet accord ne concerne pas les seuls grecs ; il menace aussi tous les peuples de la Zone Euro. Il nous menace donc nous aussi, les Français. Et c’est pourquoi le fait que notre Président, M. François Hollande, se soit prêté à ce crime, car il n’y a pas d’autre mot pour qualifier cet accord dans le domaine politique, doit nous emplir d’effroi. En acceptant de poser sa signature au bas de cet accord, en acceptant de la faire voter d’ici la fin de la semaine au Parlement français, François Hollande est dès lors connivent à cet étranglement de la démocratie en Grèce, mais aussi dans l’ensemble de la Zone Euro.

 

Allant toujours plus loin, cet accord organise la spoliation de la population grecque dans le paragraphe léonin qui concerne les privatisations et qui date directement de ce que l’on appelait au XIXe siècle la « politique de la canonnière ». Ce paragraphe stipule en effet que le gouvernement grec doit : « élaborer un programme de privatisation nettement plus étoffé avec une meilleure gouvernance ; des actifs grecs de valeur seront transférés dans un fonds indépendant qui monétisera les actifs par des privatisations et d’autres moyens. La monétisation des actifs constituera une source permettant le remboursement programmé du nouveau prêt du MES et générera sur la durée du nouveau prêt un montant total fixé à 50 milliards d’euros, dont 25 milliards d’euros serviront au remboursement de la recapitalisation des banques et d’autres actifs, et 50 % de chaque euro restant (c’est-à-dire 50 % de 25 milliards d’euros) serviront à diminuer le ratio d’endettement, les autres 50 % étant utilisés pour des investissements » [5]. Cela revient à dire que la Grèce ne pourra utiliser que 50 % de 25 milliards, soit 12,5 milliards issus des privatisations pour des investissements. Or, ces sommes ne seront pas disponibles – si tant est qu’elles le soient un jour – avant deux à trois ans.

 

Quand on entend François Hollande affirmer dans la matinée de ce 13 juillet que la souveraineté de la Grèce a été préservée, on se dit que notre Président a un goût douteux pour la plaisanterie. C’est ajouter l’insulte à la blessure. Car la souveraineté de la Grèce a bel et bien été piétinée par l’Eurogroupe et par l’Allemagne, avec l’aide et avec l’assentiment de la France. C’est pour cela que ce 13 juillet sera désormais un jour de deuil pour tous ceux qui défendent la démocratie, la souveraineté et la liberté des peuples.

 

 

La question de l’Euro

 

François Hollande affirme que son action a sauvé l’Euro. Il est clair que si l’Allemagne avait imposé l’expulsion de la Grèce hors de la Zone Euro, cela aurait déclenché à relativement court terme le processus de dissolution de cette zone. Mais, le maintien de la Grèce dans la zone euro ne sauve nullement l’Euro. D’une part parce que les problèmes économiques et financiers de la Grèce ne sont pas résolus. D’autre part, parce que d’autres pays sont aujourd’hui en grandes difficultés, et en particulier l’un de nos voisins, l’Italie.

 

L’Euro est, on en a eu la preuve aujourd’hui, indissolublement lié à la politique d’austérité. La politique économique menée dans la Zone Euro consolidée par le rôle des divers traités, et en particulier du dernier le TSCG ratifié en septembre 2012, ne peut que mener à l’austérité. Si on ne l’avait pas encore compris, c’est aujourd’hui parfaitement clair : l’Euro c’est l’austérité. Bien sûr, il peut y avoir des politiques d’austérité sans l’Euro. Mais l’Euro implique en réalité la politique d’austérité et toute politique menée dans le cadre de l’Euro conduit à l’austérité. Il faut comprendre le sens profond de cette affirmation. Aujourd’hui, tant que l’on restera dans la zone euro, il sera impossible de mener une autre politique économique que l’austérité. Pour ne pas avoir compris cela, Alexis Tsipras s’est mis de lui-même la tête sur le billot.

 

Cette constatation est appelée à devenir le véritable point de clivage de la politique française dans les mois et les années à venir. Ainsi, ce qu’a sauvé François Hollande, en réalité, c’est bel et bien l’austérité. On sait qu’il fit ce choix en 2012. Il n’en a pas changé. Il devra donc être jugé dessus aux prochaines élections.

 

 

 

PAR JACQUES SAPIR - russeurope.hypotheses.org – le 13 juillet

 

Notes :

[1] VAROUFAKIS : POURQUOI L’Allemagne REFUSE D’ALLÉGER LA DETTE DE LA GRÈCE, http://blogs.mediapart.fr/blog/monica-m/120715/varoufakis-pourquoi-lallemagne-refuse-dalleger-la-dette-de-la-grece

[2] Déclaration du sommet de la zone euro, Bruxelles, le 12 juillet 2015, page 3.

[3] Le texte de l’accord précise que ce dernier ne sera valable que dans les conditions suivantes : « Ce n’est qu’après – et immédiatement après – que les quatre premières mesures susmentionnées auront fait l’objet d’une mise en œuvre au plan juridique et que le Parlement grec aura approuvé tous les engagements figurant dans le présent document, avec vérification par les institutions et l’Eurogroupe, qu’une décision pourra être prise donnant mandat aux institutions de négocier un protocole d’accord ». Déclaration du sommet de la zone euro, Bruxelles, le 12 juillet 2015, page 2.

[4] Déclaration du sommet de la zone euro, Bruxelles, le 12 juillet 2015, page 5.

[5] Déclaration du sommet de la zone euro, Bruxelles, le 12 juillet 2015, page 4.

 

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L’euro : un bâtiment en feu sans sorties de secours ?

L’euro : un bâtiment en feu sans sorties de secours ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : wmag-finance.fr


 

L’euro : un bâtiment en feu sans

sorties de secours ?

Par Bruno Colmant (*)

 

En 1998, William Hague, un conservateur anglais qui fut Secrétaire d’État sous le précédent gouvernement Cameron qualifia l’euro de « bâtiment en feu sans sorties de secours », tel que rappelé cette semaine par The Economist.

 

Il qualifia même la monnaie unique de « monument historique de la folie collective ».

 

Il n’avait sans doute pas tort, puisqu’il s’agit de regrouper des économies dissemblables et asymétriques sous une monnaie commune sans possibilité de sortie ordonnée, ainsi que la Grèce l’illustre.

 

La monnaie unique traverse aujourd’hui une crise de légitimité et de démocratie.

 

La crise, aggravée par des mesures d’austérité excessives, a exercé un effet de poulie sur les forces sociales, qui sont elles-mêmes écartelées entre leur réalité et leur expression monétaire.

 

Il faut donc trouver une solution structurelle pour assurer la solidarité budgétaire et fiscale des pays de la zone euro, parce que l’économie n’est pas suffisamment autorégulatrice pour assurer des bases cohérentes à l’euro.

 

Ou bien il faut admettre que Marx avait raison, quand il disait que la monnaie était un capital fictif, se limitant à représenter une certaine configuration sociale.

 

Mais alors, la seule sortie de l’euro, c’est la révolution.

 

Et là, c’est autre chose...

 

  

Par Bruno Colmant (*) - blogs.lecho.be – le 5 juillet 2015

  

Bruno Colmant est membre de l’Académie Royale de Belgique, Docteur en Économie Appliquée (ULB) et Master of Science de l’Université de Purdue (États-Unis). Il enseigne la finance appliquée et l’économie à la Solvay Business School (ULB), à la Louvain School of Management (UCL), à l’ICHEC, à la Vlerick Business School et à l’Université de Luxembourg. Sa carrière est à la croisée des secteurs privés, publics et académiques.

 

 

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Les trois victoires du gouvernement grec

Les trois victoires du  gouvernement grec | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : le gouvernement grec — fr.euronews.com


 

Les trois victoires du  gouvernement grec

 Par Jacques Sapir


Quel que soit le résultat de l’Eurogroupe qui doit se réunir le 22 juin, lundi prochain, il est désormais clair que le gouvernement grec, abusivement appelé « gouvernement de la gauche radicale » ou « gouvernement de SYRIZA », mais en réalité gouvernement d’union (et le fait que cette union ait été faite avec le parti souverainiste ANEL est significatif), a remporté des succès spectaculaires. Ces succès concernent tant la Grèce, où le peuple a retrouvé sa dignité, que les pays européens, ou l’exemple donné par ce gouvernement montre désormais la marche à suivre.

 

Mais, et c’est le plus important, ce gouvernement – dans la lutte sans merci qu’il a menée contre ce que l’on appelle par euphémisme les « institutions », c’est à dire pour l’essentiel l’appareil politico-économique de l’Union européenne, l’Eurogroupe, la Commission européenne et la Banque Centrale Européenne – a démontré que le « roi est nu ».

 

L’ensemble de la structure, complexe et peu transparente de cet appareil politico-économique a été mis au défi de répondre à une demande politique, et c’est avéré incapable de le faire. L’image de l’Union européenne en a été fondamentalement altérée. Quoi qu’il sorte de la réunion de lundi prochain, qu’elle se solde par un constat d’échec ou par une capitulation de l’Allemagne et du courant « austéritaire », ou même, ce que l’on ne peut exclure, par une défaite du gouvernement grec, l’appareil politico-économique de l’UE aura fait au grand jour la preuve de sa nocivité, de son incompétence et de sa rapacité. Les peuples des pays européens savent désormais où se trouve leur pire ennemi.

 

 

L’Union européenne sans stratégie.

 

Le gouvernement grec, dans le cours de la négociation qui a commencé dès la fin du mois de janvier dernier, a été confronté à la position inflexible de ces « institutions ». Mais, cette inflexibilité a traduit bien plus un manque tragique de stratégie, et la poursuite d’objectif contradictoire, qu’une réelle volonté. En effet, on a ainsi compris que ces « institutions » n’entendaient nullement céder sur le principe de l’euroaustérité, une politique d’austérité à l’échelle européenne mise en place au prétexte de « sauver l’Euro ». C’est pourquoi, elles ont adressé une fin de non-recevoir au gouvernement grec dont les propositions étaient raisonnables, comme de nombreux économistes l’ont souligné[1]. Les propositions faites par ces « institutions » ont été qualifiées d’équivalent économique de l’invasion de l’Irak en 2003 par un éditorialiste qui n’est nullement classé sur la gauche de l’échiquier politique[2]. Il faut comprendre cela comme un terrible aveu d’échec. Une position a été publiquement défendue par les représentants de l’Union européenne, alors qu’elle n’était nullement fondée sur la réalité, et qu’elle n’avait pour sa seule défense que l’idéologie la plus étroite. Ces représentants ont été incapables de faire évoluer leurs positions et se sont enferrés dans un argumentaire très souvent mensonger tout comme le gouvernement américain s’était enferré sur la question des armes de destruction massive attribuées à Saddam Hussein.

 

Dans le même temps, ces « institutions » ont toujours proclamé leur volonté de garder la Grèce au sein de la zone euro. Il faut ici comprendre l’immensité du paradoxe : on prétend une chose alors que l’on fait tout pour que son contraire survienne. Car, si les pays de l’Eurogroupe voulaient réellement que la Grèce reste au sein de la zone euro, ils devaient reconnaître que le pays avait besoin d’un effort d’investissement important sur plusieurs années, et qu’il fallait donc que l’Eurogroupe finance ce plan d’investissement. Poursuivant ainsi deux objectifs contradictoires, à la fois l’austérité et la volonté de garder la Grèce dans la zone euro, il est plus que probable que les « institutions » vont perdre sur les deux tableaux. La Grèce va sortir dans les faits de la zone euro, et la politique d’euroaustérité sera mise en échec, avec des conséquences politiques tant en Espagne qu’en Italie.

 

Le gouvernement grec, en tenant bon jusqu’à présent aux demandes des « institutions » européennes, fait éclater au grand jour la contradiction de la politique de l’Union européenne. Par son attitude, il en souligne l’incohérence. Mais, il met aussi en évidence une autre chose : la malformation congénitale de la zone euro.

 

 

L’Euro, dangereux avorton monétaire.

 

La question cependant se pose alors de comprendre pourquoi les « institutions », et en leur sein des personnalités politiques comme Angela Merkel, Jean-Claude Juncker, François Hollande, ont-ils été incapables de voir que, faute de ce grand plan d’investissement qui permettrait à l’appareil productif grec de retrouver sa compétitivité d’avant la mise en place de l’Euro, la Grèce ne pouvait pas survivre au sein de la zone euro. La réponse est assez simple : c’est la fragilité intrinsèque de la zone euro elle-même, à laquelle s’additionne l’investissement tant politique que symbolique que ces dirigeants ont consenti dans sa mise en place.

 

L’Euro se présente comme une « monnaie unique » pour les pays qui l’utilisent. Cela se reflète dans la structure technique de l’Euro. L’existence des comptes target2 et de la compensation entre l’Euro « allemand », « français », « italien » ou « grec », montre bien que nous ne sommes pas en présence d’une véritable « monnaie unique » mais d’un système établissant une règle de fer quant à la parité relative des monnaies[3].

 

En réalité, l’Euro est un régime de change fixe (comme l’était l’étalon-or) déguisé en monnaie unique, car il n’y a pas de fédéralisme budgétaire, fiscal ou social. La construction de ce fédéralisme économique est une des conditions nécessaires pour qu’une monnaie unique puisse fonctionner sur des territoires très hétérogènes[4].

 

L’idée que la mise en place de l’Euro allait, en raison même de ces absences d’institutions fédérales, provoquer le mouvement politique qui conduirait à leur construction s’est avérée fausse. J’ai le plus grand respect pour ceux qui, au sein des économistes, continuent de plaider pour la mise en place de ces institutions fédérales, mais c’est un respect qui est bien plus justifié par leur obstination que pour leur intelligence. Ils sont obstinés, en effet, mais la réalité a tranché. Il n’y aura pas de construction fédérale, et l’Euro sera condamné à n’être qu’un avorton monétaire, dont la survie n’engendre que des crises à répétition. Et cette démonstration nous la devons au gouvernement grec.

 

 

L’Euro, fausse « monnaie unique ».

 

Mais, le gouvernement grec a fait une troisième démonstration, celle de la fragilité intrinsèque de l’Euro. S’il y a bien quelqu’un qui a conscience de l’extrême fragilité de la zone euro, un point que j’avais souligné dans un article datant de 2006[5], c’est le Président de la Banque Centrale Européenne lui-même, M. Mario Draghi. Il faut écouter, et lire, ce qu’il a dit dans la conférence de presse qu’il a donné en novembre 2014 : « So it should be clear that the success of monetary union anywhere depends on its success everywhere. The Euro is – and has to be – irrevocable in all its member states, not just because the Treaties say so, but because without this there cannot be a truly single money ». (Il doit être clair que le succès de l’Union monétaire dans n’importe quel pays dépend de son succès dans tous les pays. L’Euro est – et doit être – irrévocable dans tous les États membres, non pas parce qu’ainsi le disent les Traités, mais parce que sans cela il ne peut y avoir véritablement de monnaie unique).

 

C’est une déclaration d’une extrême importance. Draghi affirme qu’un échec local de l’Euro impliquerait un échec global. Or, rien dans la théorie économique ne va dans son sens. Hier, quand l’État libre d’Irlande s’est séparé du Royaume-Uni, cela n’a pas provoqué de crise de la Livre Sterling. Si, demain, le Cachemire sortait de l’Union Indienne et adoptait sa propre monnaie, cela ne remettrait pas en cause la Roupie pour les autres États de l’Union indienne.

 

Mais, ce que dit Draghi, si ce n’est pas conforme à la théorie et à la pratique des unions monétaires, est effectivement exact dans le cas de l’Euro. Il en est ainsi parce que l’Euro n’est pas une union monétaire complète, et ne peut pas l’être dans le monde réel, et qu’il n’est qu’un subterfuge pour faire adopter aux pays européens une règle de stabilité des parités monétaires dont l’Allemagne avait le plus grand besoin pour développer son commerce et son économie. Faute des mécanismes assurant la plénitude de l’Union monétaire, et l’on sait que cela impliquerait des transferts très importants des pays d’Europe du Nord (et dans l’essentiel de l’Allemagne) vers les pays de l’Europe du Sud, l’Euro restera incomplet, et dans les faits un avorton monétaire. Telle est la raison pourquoi les dirigeants européens sont tellement affolés devant la perspective du « Grexit ». Cette perspective n’est pas celle d’une apocalypse comme le prétend le Président de la Banque Centrale de Grèce dont on ne lit que trop bien le jeu politique malsain. Des voix, aujourd’hui toujours plus nombreuses, commencent à dire que la sortie de la zone euro pourrait être pour la Grèce un moindre mal[6]. Là encore, nous devons cette démonstration au gouvernement grec, auquel nous serons largement redevables dans les années qui viennent.

 

Sur ces trois points, il est donc clair que le gouvernement grec a déjà remporté des victoires essentielles. Ces victoires, et l’exemple qu’il a donné tant en interne avec la décision des dirigeants de Syriza de s’allier aux souverainistes de l’ANEL qu’en externe dans son comportement vis-à-vis des « institutions », seront les acquis les plus précieux de la crise grecque, et ceci, quel qu’en soit son dénouement.

 

 

 

PAR JACQUES SAPIRrusseurope.hypotheses.org – le 20 juin 2015.

 

Notes :

[1] A. Sen, « The economic consequances of austerity », The New Statesman, 8 juin 2015,

http://www.newstatesman.com/politics/2015/06/amartya-sen-economic-consequences-austerity, Galbraith J., 16 juin 2015, http://www.project-syndicate.org/commentary/imf-greece-debt-restructuring-by-james-k-galbraith-2015-06

[2] Evans-Pritchard A., « Greek debt crisis is the Iraq War of finance », The Telegraph, 19 juin 2015,

http://www.telegraph.co.uk/finance/economics/11687229/Greek-debt-crisis-is-the-Iraq-War-of-finance.html

[3] Voir Coppola F., « Mario Draghi and the Holy Grail », 18 juin 2015, http://coppolacomment.blogspot.co.uk/2015/06/mario-draghi-and-holy-grail.html

[4] Sapir J., « Différenciation régionale et fédéralisme budgétaire en Russie » in Critique Internationale n° 11, avril 2001, pp. 161-178.

[5] Sapir J.,  La Crise de l’Euro : erreurs et impasses de l’Européisme » in Perspectives Républicaines, n° 2, Juin 2006, pp. 69-84.

[6] Munchau W., « Greece has nothing to lose by saying no to creditors », Financial Times, 14 juin 2015,

http://www.ft.com/intl/cms/s/0/5e38f1be-1116-11e5-9bf8-00144feabdc0.html#axzz3d3G2O5Is

 

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Brochure « Pourquoi la lutte des Grecs est aussi la nôtre »

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Brochure « Pourquoi la lutte des Grecs

est aussi la nôtre »

 

Cette brochure est un outil de discussion et de sensibilisation, une initiative conjointe de l’Initiative de solidarité avec la Grèce qui résiste et Ander Europa. Elle est une contribution à la campagne de solidarité organisée par la plateforme « Avec les Grecs ».

 

Très bonne brochure sur la question grecque, en libre accès, à diffuser sans modération avant et après la mobilisation organisée par la plateforme « Avec les Grecs » ce dimanche 21 juin à Bruxelles.

 

 

CONTENU :

 

> Est-ce que la Grèce est à l’origine de la crise en Europe ?

 

> Mais les Grecs, ne sont-ils pas les premiers responsables de leurs maux ?

 

> Qu’est-ce qui explique alors que la Grèce a accumulé une telle dette ?

 

> Mais pourquoi un pays comme l’Allemagne prospère-t-il , et d’autres ne semblent pas trop souffrir, pendant que la Grèce, le Portugal, l’Espagne … s’enfoncent dans la crise ?

 

> Faut-il en conclure que les responsables européens sont des imbéciles ?

 

> Mais alors, quelle est la différence avec les États-Unis, qui ont le dollar comme monnaie unique, mais où on n’y rencontre pas cette concurrence inter-étatique ?

 

> Never waste a good crisis ! (Ne gaspillez jamais une bonne crise !)

 

> Le mal congénital de l’euro

 

> Mais ne dit-on pas que les politiques d’austérité se sont montrées fructueuses au Portugal, en Irlande … ?

 

> Qu’en est-il alors des centaines de milliards d’aide que l’UE a injecté en Grèce ?

 

> Une aide à la Grèce qui n’en est pas une, mais une saignée du peuple grec qui est bien réelle …

 

> Quelle est alors l’intention du nouveau gouvernement SYRIZA ? Ne demande-t-il pas de nouveaux prêts de l’Europe ?

 

> Que pouvons-nous faire alors, nous citoyens, syndicalistes, électeurs européens ?

 

 

 

>>> Voir la brochure  « Pourquoi la lutte des grecs

est aussi la nôtre » ici

 

 

 

Informations sur la manifestation du 21 juin : https://www.facebook.com/events/361...

 

 

 

Par Ander Europa - cadtm.org – le 14 juin 2015.

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Et voilà qu’il faudrait avoir peur pour la Grèce… !

Et voilà qu’il faudrait avoir peur pour la Grèce… ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

  

Et voilà qu’il faudrait avoir peur pour la Grèce… !

 

Comme vous le savez, depuis 2007, nous avons sauvé la Grèce… plusieurs fois.

Comme vous le savez, nous avons sauvé les banques… plusieurs fois.

Comme vous le savez, nous avons sauvé l’euro… plusieurs fois.

Comme vous le savez, le pire était derrière nous.

Comme vous le savez, la crise était finie.

Comme vous le savez… c’est la reprise et le retour de la sainte croissance.

Sauf que nous, ici, en bas, dans la vraie vie, nous ne voyons rien d’autre que la dégradation de notre niveau de vie.

 

Nos retraités ne sont plus « augmentés » et une pension qui n’est pas revalorisée c’est, en pouvoir d’achat, une pension qui baisse.

 

Avec 6 millions de chômeurs et 12 millions de pauvres, c’est assez difficile d’obtenir une belle augmentation lorsque l’on est salarié.

 

Pourtant, les charges augmentent chaque mois. Les salaires nets baissent. Les « zimpôts » sont largement en hausse surtout pour les classes moyennes, pour celles et ceux qui gagnent entre 1 500 et 3 000 euros par mois…

 

On vous explique que la crise est finie. On vous explique que chaque crise est une nouvelle crise alors qu’il ne s’agit que des étapes successives de la même crise. Nous ne l’avons jamais quitté. Elle ne s’est jamais terminée. Et la Grèce, les États, comme les banques n’ont jamais été sauvés…

 

Alors il va falloir recommencer… Et on tourne en rond consciencieusement depuis 2007, depuis 8 ans maintenant, sans que rien ne change. On gagne du temps. Après le QE1, on a eu le 2 puis le 3. Actuellement, nous avons le QE1 européen. Nous en aurons d’autres, de plus en plus importants, de plus en plus rapidement. La seule question à laquelle personne ne sait répondre… combien de temps toute cette comédie peut-elle durer ? 8 ans déjà et pourtant… vous savez quoi ? Il y aurait un risque de nouvelle crise grecque… J’adore le terme « nouvelle crise ».

 

D’ailleurs, je pense que prochainement les journaux titreront : « Surprise ! Contre toute attente… la Grèce est en faillite… »

 

 

La Berd s’inquiète des dangers d’une nouvelle crise grecque

 

Ainsi, cette dépêche de l’AFP, notre bonne vieille agence « d’information », nous apprend que finalement, pour le moment, les Grecs et l’Europe ne sont plus d’accord sur rien.

 

Évidemment, l’équipe de Tsipras, ce sont des imbéciles qui ne savent même pas où ils veulent aller… Bon, cela c’est de la propagande. Ce qui est certain c’est que la Grèce ne veut plus de cette austérité mortifère et que progressivement l’heure des comptes se rapproche.

 

« Un échec des négociations entre la Grèce et ses créanciers risquerait de replonger le pays dans une « profonde récession » et d’entraver l’embellie actuelle en Europe centrale, a averti jeudi la Berd, déjà aux prises dans sa zone d’action avec les crises en Russie et en Ukraine… »

 

Hoooooo, alors que tout allait mieux que bien, figurez-vous que, contre toute attente et franchement on ne pouvait pas le prévoir, une « nouvelle » crise grecque pourrait entraver la belle reprise en Europe… Je me marre…

 

En plus, figurez-vous qu’il y a la guerre en Ukraine… Une guerre dont nous sommes totalement innocents. C’est « la faute à Poutine »… Oui, ce mangeur d’enfants au petit déjeuner, ce monstre de sang-froid… c’est que sa faute à lui. Bon, c’est vrai que nous avons un peu foutu la merde à Kiev, financé et aidé le renversement d’un gouvernement légitimement élu, et que nous armons des néonazis ukrainiens se livrant à quelques massacres sans que cela ne nous émeuve… Donc la crise en Ukraine, que l’on ne pouvait pas prévoir vu que nous l’avons créée de toutes pièces, pourrait également ralentir la reprise européenne… Je me marre… jaune bien sûr.

 

Enfin, la Russie… C’est vrai qu’en prenant nous-mêmes des sanctions économiques contre la Russie, principal fournisseur de gaz de l’Europe, les choses allaient forcément bien se passer… Du coup, avec la « crise russe », eh bien la croissance européenne pourrait battre de l’aile… Sans blague… Je me marre.

 

 

Le retour de la croissance en Grèce !

 

Je me souviens fin 2014, il y a tout juste quelques mois, on me faisait passer pour un imbécile… « Charles, regarde, même 20 Minutes qui cite l’AFP prévoit le retour de la croissance en Grèce… 3,7 % de croissance en 2015 !! »

 

Tenez, je cite très précisément et je vous donne le lien en bas de page pour que vous puissiez aller vous marrer avec moi.

 

« Reprise en vue pour la Grèce, l’Espagne et l’Irlande, selon Bruxelles La Grèce va tourner le dos à six années de récession en 2014, et sa croissance devrait ensuite accélérer pour atteindre 3,7 % en 2016, avec un chômage en baisse et une amélioration de ses finances publiques, selon les prévisions mardi de la Commission européenne ». Hahahahahaha, hihihihihi, houhououhouhouh !!

 

Maintenant que l’on est en 2015… eh bien la croissance grecque, il n’y en a pas… Et d’ailleurs je me demande si, à la surprise générale, il ne va pas y avoir une « nouvelle » crise…

 

Comme disait Einstein, « il y a deux choses infinies dans le monde. L’univers et la bêtise humaine, quoique pour l’univers je n’en sois pas certain »…

 

Il est déjà trop tard, préparez-vous.

 

 

 

Par Charles SANNAT (*) - lecontrarien.com – le 15 mai 2015

 

 

Sources :

http://www.boursorama.com/actualites/la-berd-s-inquiete-des-dangers-d-une-nouvelle-crise-grecque-13d30db639ecc0f59842192d2c1549b6

http://www.20minutes.fr/economie/1474514-20141104-reprise-vue-grece-espagne-irlande-selon-bruxelles

 

 

(*) Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques.

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Yamal (GNL) : Total fait appel à la Chine pour financer son projet avec la Russie

Yamal (GNL) : Total fait appel à la Chine pour financer son projet avec la Russie | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Yamal (GNL) : Total fait appel à la Chine

pour financer son projet avec la Russie


Ceci n’est pas un poisson d’avril, tant s’en faut ! En vue de contourner les sanctions américaines contre la Russie, prises à l’encontre de cette dernière compte tenu de sa position par rapport à l’Ukraine, le géant français Total tente de trouver une voie détournée pour arriver à ses fins, à savoir financer son projet gazier Yamal.

 

La solution ? Financer le projet en monnaie chinoise !

 

Rappelons que les mesures prises par les États-Unis empêchent les projets russes de bénéficier de prêts en dollars. Or, si le projet de Total n’est pas frappé directement par les sanctions, il s’avère que l’un des partenaires du groupe français au sein de la joint-venture établie autour du GNL de Yamal n’est autre que la société énergétique russe OAO Novatek, dans lequel Total détient une participation minoritaire. Un autre grand actionnaire de Novatek est Gennady Timchenko, qui a été spécifiquement ciblé par les sanctions américaines.

 

Les sanctions limitent également le transfert à des entreprises russes de la technologie liées à certaines techniques de forage non conventionnelles, y compris schiste bitumineux méthodes de récupération et certains projets pétroliers en Arctique et offshore. Mais Yamal, un projet de gaz naturel, n’est pas spécifiquement affecté.

 

Au final, les 27 milliards de dollars dont a besoin le projet russe Yamal pour être finalisé pourraient bien être convertis en yuan, voire en euros.

 

En vue d’obtenir l’équivalent de 10 à 15 milliards de dollars, soit la moitié des fonds nécessaires pour réaliser les travaux de forage, Total souhaite faire appel aux banques et fonds d’investissements chinois. La Chine est quant à elle grandement partie prenante puisqu’une très grande partie des 16 millions de tonnes de gaz qui devraient être produites annuellement seront destinées à l’Empire du Milieu, déjà actionnaire à 20 % du projet via China National Petroleum.

 

Il est vrai que le jeu en vaut la chandelle : le projet concerne les plus grandes réserves de gaz de la planète. Il faudra toutefois liquéfier le gaz avant de le transporter à bord de méthaniers brise-glace. Les premières livraisons de GNL sont envisagées en 2018.

 

 

 

Par Élisabeth Studerleblogfinance.com - le 31 mars 2015

Sources : WSJ, RFI


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Sommes-nous à la veille d’une crise monétaire mondiale sans précédent ?

Sommes-nous à la veille d’une crise monétaire mondiale sans précédent ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Image Credits : kjgarbutt, Flickr

 

 

Sommes-nous à la veille d’une crise monétaire

mondiale sans précédent ?

Par Michael Snyder

 

La dernière grande ruée sur le dollar américain, la mort de l’euro et 74 mille milliards de dollars en instruments dérivés en péril

 

Le mardi 10 février 2015, l’euro est tombé brièvement en-dessous $1,07 pour la première fois en près d’une douzaine d’années. Et le dollar américain continue de monter contre presque toutes les autres devise majeures. L’indice du dollar américain a augmenté de façon incroyable, 23% en seulement huit mois. C’est le rythme d’augmentation le plus rapide depuis 1981. Vous pourriez être tenté de penser qu’un dollar plus fort est une bonne nouvelle, mais ce n’est pas le cas.

 

Un dollar américain fort fait souffrir les exportations américaines, nuisant ainsi à notre économie. En outre, la faiblesse du dollar américain a alimenté l’expansion considérable des marchés émergents autour de la planète au cours de la dernière décennie.

 

Lorsque le dollar devient beaucoup plus cher, il devient beaucoup plus difficile pour ces pays d’emprunter davantage et de rembourser les anciennes dettes. En d’autres termes, le boom des marchés émergents est en train de devenir un fiasco. Non seulement cela, mais il est important de garder à l’esprit que les institutions financières mondiales parient une énorme quantité d’argent sur les mouvements de devises.

 

Selon la Banque des règlements internationaux, 74 trillions de dollars en dérivés sont liés à la valeur du dollar américain, de l’euro et d’autres devises mondiales. Lorsque les taux de change commencent à valser sur les places financières, vous pouvez être assuré que quelqu’un là-bas est en train de perdre une énorme quantité d’argent. Si cette bulle de dérivés finit par imploser, il n’y aura pas assez d’argent dans le monde entier pour sauver tout le monde.

 

Vous rappelez-vous la dernière fois qu’une telle ruée sur le dollar américain s’est produite ?

 

C’était à la mi-2008, et ce qui s’en est suivi a été la pire crise financière depuis la Grande dépression …

 

Un dollar américain qui augmente rapidement est extrêmement déflationniste pour l’économie mondiale dans son ensemble.

C’est un immense drapeau rouge, et pourtant presque personne n’en parle. Pendant ce temps, l’euro continue sa descente aux enfers dans l’oubli

 

Combien de fois l’ai-je dit ? L’euro se dirige vers le plus bas de tous les temps. Il va arriver à la parité avec le dollar américain, puis finalement il va descendre en dessous de la parité.

 

Cela va causer des maux de tête massifs dans le monde financier.

Les Européens tentent de guérir leurs problèmes économiques en créant d’énormes quantités d’argent neuf. C’est la version européenne de l’assouplissement quantitatif, mais cela a des effets secondaires très désagréables.

 

Les marchés commencent à réaliser que si la valeur du dollar américain continue d’augmenter, ce sera finalement très mauvais pour les marchés d’actions. En fait, la montée du dollar américain est citée comme la principale raison de la baisse de 332 points du Dow Jones mardi …

 

Selon CNBC : La moyenne industrielle du Dow Jones a chuté de plus de 300 points en dessous de la moyenne mobile de l’indice sur 50 jours, effaçant les gains pour l’année. Le S&P 500 a également clôturé dans le rouge pour l’année et pulvérisé sa moyenne mobile à 50 jours, ce qui est un indicateur de la tendance du marché. Seul le Nasdaq s’est accroché à des gains de 2,61%  sur l’année. « Il y a une préoccupation que l’énergie et la force du dollar soient en quelque sorte négatifs pour les actions », a déclaré Art Hogan, stratège de marché à Wunderlich Securities. Il a noté que la vitesse de la hausse du dollar était le plus grand indicateur du marché, en plus des préoccupations au sujet des données économiques et de la hausse des taux d’intérêt.

 

Et comme je l’ai mentionné ci-dessus, lorsque le dollar monte, les biens et services que nous exportons à d’autres nations deviennent plus chers pour elles, ce qui fait du mal à nos entreprises.

 

C’est si fondamental que même la Maison Blanche le comprend

 

Malgré les assurances de la Fed disant qu’un renforcement du dollar est positif pour les emplois américains, la Maison Blanche a publié la déclaration suivante: « Le renforcement de l’USD est un vent contraire pour la croissance américaine»

 

Mais, encore plus important, un dollar américain puissant rend plus difficile pour les marchés émergents du monde entier d’emprunter de nouveaux fonds et de rembourser les anciennes dettes. C’est particulièrement vrai pour les pays qui dépendent fortement des exportations de matières premières.

 

La situation devient particulièrement affreuse pour les économies de marché qui produisent des matières premières. Beaucoup de pays émergents comptent sur leurs ressources naturelles pour la croissance et n’ont pas encore développé les industries les plus avancées. Comme la valeur des produits de leur principale industrie baisse, les investisseurs étrangers suppriment les crédits disponibles, alors que leur monnaie est en baisse contre le dollar américain. Ils ne se trouvent pas seulement en difficulté pour payer leurs dettes – ils ne peuvent plus.

 

Il a été estimé que les marchés émergents ont emprunté plus de 3 trillions de dollars depuis la dernière crise financière.

 

Mais maintenant, le processus qui a créé le boom des marchés émergents commence à faire marche arrière.

L’économie mondiale est alimentée par des dollars bon marché. Donc, si le dollar américain continue d’augmenter, cela ne sera une bonne nouvelle pour personne.

 

Et bien sûr, la plus grande menace potentielle est la bulle de 74 trillions de dollars de produits dérivés de change qui pourrait finir par éclater à tout moment.

 

Les algorithmes informatiques sophistiqués que les institutions financières utilisent pour échanger des dérivés de change sont finalement basés sur des hypothèses humaines. Lorsque les devises se déplacent très peu et que les eaux sont calmes sur les marchés financiers mondiaux, ces algorithmes ont tendance à travailler vraiment, vraiment bien.

 

Mais quand l’inattendu se produit, certaines des plus grandes sociétés financières dans le monde peuvent imploser du jour au lendemain.


Rappelez-vous ce qui est arrivé à Lehman Brothers en 2008. Des événements inattendus peuvent paralyser des géants financiers en quelques heures.

 

Aujourd’hui, il y a cinq banques américaines qui ont chacune plus de 40 trillions de dollars d’exposition totale aux produits dérivés de toutes sortes. Ces cinq banques sont JPMorgan Chase, Bank of America, Goldman Sachs, Citibank et Morgan Stanley.

 

En transformant Wall Street en un gigantesque casino, ces banques ont été en mesure de gagner d’énormes sommes d’argent.

Mais elles font constamment des exercices de haute voltige. Un de ces jours, leur addiction aux jeux téméraires va revenir les hanter, et l’ensemble du système financier mondial sera sévèrement touché.

 

Comme je l’ai dit tant de fois auparavant, les dérivés vont être au cœur de la prochaine grande crise financière mondiale.

Et grâce au mouvement sauvage des devises mondiales ces derniers mois, il y a maintenant plus de 74 trillions de dollars dans les dérivés de change à risque.

 

Toute personne qui ne veut pas voir la difficulté à l’horizon en ce moment est volontairement aveugle.

 

 

 

Par Michael Snyder (infowars) - traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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L’euro au plus bas : le Nord doublement gagnant ?

L’euro au plus bas : le Nord doublement gagnant ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Image : ecb.europa.eu


 

L’euro au plus bas : le Nord doublement gagnant ?

Par Bruno Colmant (*)

 

 

À long terme, les cours de change reflètent toujours la force ou la faiblesse d’une économie.


La zone euro pénétrant dans une zone froide de déflation et de faible croissance, il est intuitif que l’euro se déprécie par rapport à une devise comme le dollar.


Pendant longtemps, la politique monétaire restrictive de la BCE a d’ailleurs artificiellement renforcé l’euro alors que toutes les banques centrales des pays développés avaient assoupli leur politique monétaire.


Cette même BCE est désormais obligée de procéder, elle aussi, à un assouplissement monétaire, mais dont l’effet sera atténué par son caractère tardif. C’est ce qui explique la chute de l’euro.


Mais cette chute n’est jamais qu’un retour à la normale.


En effet, si la BCE avait suivi le rythme de la politique monétaire américaine, le cours de l’euro par rapport au dollar aurait peut-être été de 0,90 USD/EUR, à comparer à 1,40 USD/EUR il y a quelques mois.


Mais si la chute de l’euro est salutaire pour stimuler les exportations, encore faut-il s’interroger sur les pays qu’elle va effectivement favoriser.


En effet, certains pays sont des exportateurs nets (Allemagne, Pays-Bas) tandis que d’autres sont des importateurs nets (France) avec le reste du monde (c’est-à-dire hors de la zone euro).


En bonne logique, un euro faible devrait favoriser les pays qui ont un déficit de la balance commerciale (qui mesure l’excédent des exportations sur les importations) avec le reste du monde.


Inversement, dans un système de cours de change flottants, un pays qui dégage un surplus commercial voit sa devise s’apprécier, corrigeant de facto ce même surplus.


Mais, dans le cadre de la zone euro, les pays exportateurs nets, tels l’Allemagne et les Pays-Bas, bénéficient non seulement d’un marché intérieur qui n’exige pas de réévaluation de leur devise (puisque cette dernière, l’euro, est commune) mais aussi d’un euro faible qui va renforcer leur surplus commercial dans leurs échanges avec le reste du monde.


Ces pays sont doublement gagnants.


Jour après jour, l’euro démontre son inadaptation à des économies différentes et asynchrones dans le cycle économique.


L’euro a permis aux pays du Nord de l’Europe de bénéficier d’un marché intérieur qu’une monnaie commune leur ouvrait sans appréciation de leur devise tandis que l’euro faible permet aujourd’hui de renforcer cet avantage compétitif vers le reste du monde.


Théoriquement (mais cela est impensable et entraînerait des effets collatéraux eschatologique), les pays du Sud de la zone euro devraient dévaluer leur monnaie.


C’est d’ailleurs ce que la Commission Européenne a essayé de leur imposer sous la forme d’une « dévaluation interne », c’est-à-dire d’une baisse forcée du coût du travail censée les rendre plus concurrentiels. Avec l’insuccès que l’on sait.

 

 

Par Bruno Colmant (*) - blogs.lecho.be – le 5 mars 2015

 

(*) Bruno Colmant est membre de l’Académie Royale de Belgique, Docteur en Économie Appliquée (ULB) et Master of Science de l’Université de Purdue (États-Unis). Il enseigne la finance appliquée et l’économie à la Solvay Business School (ULB), à la Louvain School of Management (UCL), à l’ICHEC, à la Vlerick Business School et à l’Université de Luxembourg. Sa carrière est à la croisée des secteurs privés, publics et académiques.


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Les États-Unis ont besoin d’un mouvement de masse pour le développement (partie 1/2)

Les États-Unis ont besoin d’un mouvement de masse pour le développement (partie 1/2) | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photos :

À gauche : Helga Zepp-LaRouche, fondatrice et présidente de l’Institut Schiller

À droite : un portrait of Friedrich von Schiller. Photograph: Roger Viollet/Getty Images (The Guardian)


 

 

Les États-Unis ont besoin d’un mouvement de masse pour le développement (partie 1/2)

 

Extraits du discours prononcé le 14 février par Helga Zepp-LaRouche, lors d’une conférence de l’Institut Schiller à New York. Sa transcription complète (en anglais), est disponible ici.

(...)

Je crois que nous sommes confrontés à une situation incroyable. Nous sommes encore très proches d’une troisième guerre mondiale, même si le danger s’est quelque peu dissipé il y a trois jours, lors de la rencontre entre Madame Merkel, le président Hollande, Poutine et Porochenko à Minsk, où un accord (dit Minsk II) a été conclu.

 

Je regrette toutefois de vous dire qu’il s’agit là d’une pause très courte, potentiellement très fragile, de quelques heures peut-être ou quelques jours. La vérité est que nous sommes à la veille, à quelques minutes ou quelques secondes seulement, d’une troisième guerre mondiale. Ceci est généralement bien mieux compris, je pense, en Europe qu’aux États-Unis. Et nous sommes également à la vieille d’un éclatement total du système financier international. C’est la raison pour laquelle nous sommes confrontés à cette menace.

 

Le danger de guerre n’est pas seulement lié à l’Ukraine : il vient du fait que l’Empire, ce système globalisé qui s’est développé depuis la fin de l’Union soviétique, est sur le point d’éclater avec beaucoup plus de force que ce que nous avons eu avec Lehman Brothers et AIG en 2008. Laissez-moi vous résumer la situation.

 

L’accord de Minsk II est un accord en dix points. (…) Il est extrêmement fragile. Pourquoi ? Parce que le « principe d’Ibykus », comme je l’appelle, symbolisant le châtiment réservé aux mauvaises actions, pourrait venir hanter ceux qui ont travaillé à cet accord. Parce que c’est bien le refus déplorable de Merkel – elle qui dirige ce gouvernement allemand, soixante-dix ans après la Deuxième Guerre mondiale et la défaite d’un régime nazi ayant tenu douze ans – de reconnaître que la crise en Ukraine a été causée par un coup d’État nazi, qui nous a conduits à cette situation. Ce coup d’État a amené dans le gouvernement ukrainien, non pas simplement des « néonazis », mais de vrais nazis, dans la lignée de Stepan Bandera et de l’organisation qui a collaboré à l’occupation de l’Ukraine au cours des années 40.

 

Ces réseaux ont été maintenus tout au long de l’après-guerre, par la CIA, le MI 6 britannique et la branche Gehlen du Bundesnachrichtendienst (BND) allemand. On les a gardés en réserve un peu comme l’opération Gladio de l’OTAN en Italie, en tant que base arrière dans l’éventualité d’un affrontement avec l’Union soviétique durant la Guerre froide.

 

Ils étaient considérés comme de « bons nazis », car contrôlés par l’Occident, mais avec l’évolution de la situation sur le Maïdan, ils ont fait un coup d’État le 21 février [2014], et ceci n’a été reconnu ni en Allemagne, ni en France, ni aux États-Unis, ni au Royaume-Uni, ni dans l’Union européenne. Tous ont toléré la situation, et tous ont prétendu que le gouvernement ukrainien avait été installé légitimement et qu’il était plus ou moins acceptable de coopérer avec lui.

 

Il se trouve qu’aussitôt signé l’accord de Minsk II, Dmytro Yaroch, le dirigeant du Secteur droit, et d’autres membres de groupes nazis intégrés dans la Garde républicaine, ainsi que des bataillons indépendants, ont annoncé qu’ils rejetaient l’accord et qu’ils allaient continuer à combattre.

 

Ces gens ont la capacité de faire échouer ce fragile accord, car ce sont des nazis. Ils sont bien équipés et le seront bientôt davantage encore grâce aux États-Unis. Alors qu’on négociait pour parvenir à l’accord de Minsk, le Lt. Gén. Ben Hodges, qui dirige l’armée américaine en Europe, a annoncé qu’il allait poursuivre les envois d’armes à ces gens, ainsi que leur entraînement, de toute évidence pour la guerre contre les « rebelles » dans l’est du pays, et potentiellement au-delà.

 

Cela doit cesser. Car sinon, si ces nazis ne sont pas désarmés, et si ceux qui les soutiennent ne sont pas dénoncés ou mis face à leurs responsabilités, la situation pourrait échapper à tout contrôle et conduire à une troisième guerre mondiale.

 

Il faut donc limoger sans délai la sous-secrétaire américaine pour les Affaires européennes et eurasiatiques Victoria Nuland, qui a soutenu sans discontinuer non seulement ces réseaux nazis, mais aussi celui qu’elle surnomme « Yats », le soi-disant Premier ministre de l’Ukraine. Vous vous souvenez tous de sa célèbre conversation téléphonique (qui a été enregistrée) avec l’ambassadeur américain à Kiev, Geoffrey Pyatt, dans laquelle elle a lâché le célèbre « f**k the EU ! » (« Que l’Europe aille se faire f** ! »), montrant ainsi qu’elle souhaitait imposer sa créature Iatseniouk plutôt que le candidat soutenu par l’Allemagne, Vladimir Klitschko. Tout le monde s’était dit choqué de l’entendre parler aussi vulgairement, mais le vrai scandale est qu’elle était prise la main dans le sac, en plein délit d’ingérence dans les affaires internes d’un pays souverain, en imposant un individu favorable aux militants de Secteur droit et autres réseaux bandéristes.

(…)

Je reviens d’un voyage de deux semaines en Allemagne et au Danemark, où j’ai participé à une série d’événements visant à faire ce que l’on tente de susciter ici : éveiller les gens à la réalité stratégique. Ce que je suis en train de vous dire ne résulte pas de la lecture de tel ou tel rapport, mais de discussions que j’ai eues en Allemagne et à Copenhague, sur ce qui a provoqué cet effort diplomatique soudain et frénétique de la part d’Angela Merkel et de François Hollande.

 

C’est venu pour ainsi dire de nulle part. Tout d’un coup, Merkel et Hollande se sont rendus à Kiev, où ils ont rencontré Porochenko, puis Iatseniouk. Ils se sont ensuite rendus à Moscou. Ils ont rencontré Poutine pendant de longues heures. Madame Merkel est ensuite rentrée en Allemagne, avant de se rendre à Washington pour s’entretenir avec Obama. De retour en Europe, elle a assisté à des réunions de l’UE, puis s’est rendue mercredi [11 février] à Minsk, en Biélorussie.

 

Je peux vous assurer que ce qui a provoqué cette soudaine éruption d’activité diplomatique, qui n’était pas, selon mes sources les plus fiables, coordonnée avec Washington, est le sentiment que le monde était sur le point d’exploser. On annonçait alors que les Américains s’apprêtaient à envoyer en Ukraine des « armes défensives létales » (peu importe ce que cela peut bien signifier) et certains ont jugé que cela s’apparentait à une provocation immédiate contre la Russie.

 

Car fournir des armes lourdes américaines à ces individus peu recommandables impliquait de facto une intervention de l’OTAN et des États-Unis en Ukraine. Or, étant donné le caractère extrêmement tendu de la situation, incluant des combats lourds, d’une grande violence, dans l’est de l’Ukraine, les Européens ont pensé que dans cette hypothèse, les Russes réagiraient et entreraient en guerre : nous aurions par conséquent une grande guerre, non seulement en Ukraine, mais dans toute l’Europe. Et de par sa nature même, une guerre thermonucléaire globale. Telle est l’origine de cette intense activité diplomatique.

 

« Le spectre nucléaire est de retour », affirmait un article paru dans le Spiegel Online au moment des allées et venues de Merkel. Il était accompagné d’une photo montrant deux ogives nucléaires dirigées vers le lecteur, transmettant bien l’idée de ce qui est sur le point d’arriver. Il citait ensuite l’analyste américain Theodore Postol, avertissant que la doctrine de première frappe des États-Unis est un mauvais calcul, puisque l’on présume qu’il est possible de gagner une guerre après une première frappe nucléaire. L’article contenait quantité d’autres arguments de ce type. Le même magazine publie aujourd’hui même un autre article, ce qui est un changement complet de ligne éditoriale, disant essentiellement : « La guerre dans la cour voisine : la diplomatie de Merkel peut-elle sauver l’Europe, ou conduira-t-elle à une guerre incontrôlée, peut-être même nucléaire ? »

 

Cela est sans précédent, je peux vous l’assurer, mais sans comparaison avec l’immédiateté du danger, car nous sommes à quelques minutes, quelques heures ou quelques jours, de l’extinction de la civilisation.

 

Nous ne sommes pas en train de parler d’une guerre quelconque, mais de l’extinction possible de l’humanité, car la logique veut que si guerre nucléaire il y a, tout l’arsenal d’armes disponibles dans le monde sera utilisé, et il ne restera plus personne. Le fait que l’on n’en parle pas est quelque chose que l’on doit absolument changer.

 

Beaucoup reconnaissent en privé que la situation actuelle est bien plus dangereuse qu’à l’apogée de la Guerre froide, incluant la crise des missiles de Cuba. Car même au plus fort de cette crise, il existait une ligne de communication secrète entre Khrouchtchev et Kennedy. On a appris récemment que les deux dirigeants dialoguaient entre eux, alors que plusieurs experts viennent de reconnaître qu’il n’existe pas de liaison similaire entre Obama et Poutine. Ils ne communiquent pas. Il y a certes des conversations téléphoniques entre les militaires russes et américains, mais, comme plusieurs personnes impliquées me l’ont personnellement confié, ils ignorent si ce dont ils s’entretiennent a l’aval de leurs dirigeants politiques.

 

C’est une source d’inquiétude extrême.

 

En France, en Allemagne, en Italie et ailleurs, on entend certaines discussions privées, mais qui restent prudentes : l’Europe devrait-elle affirmer ses propres intérêts ou bien se laisser entraîner dans une guerre nucléaire ? Ceci est un phénomène nouveau. Tout le fondement de l’après-guerre, l’Alliance transatlantique, semble en train de s’éroder. Et lorsque le vice-président Biden a déclaré comme par enchantement (c’était, je crois, lors de la récente Conférence de Munich sur la sécurité), qu’il n’y avait aucune dissension au sein de l’Alliance atlantique et qu’il était sur la même ligne que Merkel, il s’agissait de toute évidence d’une tentative fragile pour dissimuler la réalité.

 

C’est intéressant, car l’ancien chef d’état-major de l’armée allemande, le général Kujat, avait, quelques jours plus tôt, participé à une émission télévisée très suivie, sur la première chaîne allemande, pour dire que le sursis obtenu avec l’accord de Minsk II ne peut conduire à une solution que si les États-Unis changent de politique.

 

C’est seulement si Obama et Poutine peuvent s’asseoir à la même table et se mettre d’accord tant sur l’Ukraine que sur un changement général de stratégie, que le calme pourrait revenir. L’Ukraine serait obligée de suivre, en raison de sa forte dépendance à l’égard des États-Unis, autant que la Russie, parce qu’elle aurait le sentiment d’être reconnue comme partenaire à part entière des États-Unis, et non pas traitée de manière irrespectueuse, en tant que « puissance régionale », comme l’avait fait Obama naguère. Tout pays disposant de missiles balistiques intercontinentaux armés d’ogives nucléaires n’est pas une « puissance régionale », a rappelé Kujat. Il faut aussi reconnaître clairement, a-t-il ajouté, que la Russie n’a jamais eu l’intention d’intervenir par la force en Ukraine ; si elle avait choisi de le faire, le conflit n’aurait pas dépassé 48 heures et les Russes auraient occupé Kiev en quelques jours seulement. Il a également souligné qu’en dépit d’éléments nazis bien équipés dans les milices et la Garde républicaine, l’armée ukrainienne est dans un état déplorable. Il faudrait des années pour en faire une force de combat efficace.

 

Comme je l’ai dit, en dépit de l’accord de Minsk, le Lt. Gén. Ben Hodges a déclaré qu’il n’allait pas ralentir le rythme des activités de l’armée américaine en Ukraine et que l’on maintiendrait les postes d’avant-garde de l’OTAN en Pologne, à Szczecin, ainsi que le transfert d’un bataillon de 600 parachutistes depuis Vicenza en Italie pour entraîner les Ukrainiens. Je le répète, ils entendent entraîner la Garde républicaine, Secteur droit, les groupes nazis, ces groupes qui déambulent avec des swastikas et autres symboles nazis.

 

Voilà ce à quoi nous devons faire face. (…)

 

La véritable cause de ce danger de guerre est la faillite du système financier transatlantique, autrement appelé « mondialisation », qui est la combinaison de Wall Street, de la City de Londres et autres institutions affiliées. La faillite d’une seule banque « trop grosse pour sombrer » provoquerait l’effondrement de tout le système.

 

C’est pourquoi Poutine affirme à juste titre que s’il n’y avait pas eu l’Ukraine, ils auraient trouvé un autre prétexte pour chercher querelle à la Russie. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré la même chose : que l’Ukraine n’est qu’un simple prétexte, cachant un objectif géopolitique plus général. C’est aussi l’avis de l’ancien ambassadeur de Ronald Reagan en Union soviétique, Jack Matlock, qui a déclaré partager l’analyse de Lavrov lors d’une conférence de presse à Washington.

(...)

 

Un vent de changement en Europe

 

On assiste à un immense changement en Europe. Celle-ci n’est plus ce qu’elle était il y a quelques semaines, avant la victoire électorale de Syriza et des Grecs indépendants en Grèce. Ceux-ci avaient fondé leur campagne électorale sur la promesse de mettre fin à l’austérité brutale de la Troïka, politique qui, au cours des dernières années, a fait chuter d’un tiers l’activité industrielle, a accru le taux de mortalité et de suicide, provoqué la chute de la natalité et fait grimper à 65 % le taux de chômage parmi les jeunes. Vous pouvez imaginer ce que peut être le sentiment général dans un pays où les deux tiers des jeunes sont sans emploi.

 

C’est cette volonté de mettre fin à la politique de la Troïka qui a donné au chef de file de Syriza, Alexis Tsipras, allié aux Grecs indépendants, une victoire écrasante : pas la majorité absolue, mais presque. Les deux partis ont formé un gouvernement qui bénéficie, selon les derniers sondages, du soutien de 70 % du peuple grec.

 

Une chose sans précédent est arrivée : ils ont été élus, et aussitôt après leur élection, ils ont déclaré : « Nous allons honorer notre promesse. » Cela ne s’est jamais vu dans l’histoire récente d’aucun pays occidental. (…) C’est pourquoi les élites sont totalement paniquées, et pourquoi Schäuble, Merkel, et même Hollande, en dépit de quelques déclarations de circonstance, se retrouvent aux côtés de l’Italien Renzi, de la BCE, sur une ligne dure, disant : « Nous insistons pour que la livre de chair soit payée, les Grecs doivent s’en tenir au mémorandum, il n’y aura aucun compromis. » Ceci nous conduit également à un affrontement [à la fin de l’euro].

(…)

 

Pourquoi l’euro est-il fini ? Parce que si la BCE accepte le compromis et adoucit les conditions imposées à la Grèce, alors les autres pays qui souffrent de politiques d’austérité similaires, tels l’Italie, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande et même la France (dont la population déteste la politique d’austérité à l’allemande) y verront un signal, ouvrant la voie à un rejet de ces politiques. Si, à l’opposé, ils poussent la Grèce hors de l’Europe, ce qui pourrait survenir très rapidement, la Grèce se verrait alors forcée (et vous venez d’entendre le professeur Katsanevas à ce sujet) de se joindre aux BRICS, chercher d’autres sources de financement. (...)

 

La raison pour laquelle ils ont si peur n’est pas que la Grèce se soit refusée à rembourser sa dette, puisqu’elle n’a dépensé que 10 % des fonds de renflouement, 90 % étant retournés dans les coffres des banques – allemandes, françaises, italiennes ou espagnoles. Par conséquent, le nouveau gouvernement demande pourquoi il devrait payer pour ce que la Grèce n’a jamais reçu et affirme ne pas vouloir payer. La raison de cette panique est liée à la bulle des produits dérivés.

 

Personne ne connaît exactement l’étendue de l’exposition des banques à la bulle des dérivés, et toute modification du service de la dette grecque affecterait gravement non seulement les banques européennes, mais aussi celles de Wall Street. Car toute la procédure de renflouement a été conçue autour d’un accord de swap entre la Réserve fédérale américaine et les banques européennes, et pendant que la Fed déployait sa politique d’assouplissement quantitatif et faisait tourner la planche à billets, une grande partie de cet argent, peut-être la moitié, finissait en réalité dans les coffres des banques européennes. Toutes ces banques sont complètement empêtrées dans ce système, et c’est ce qui a semé la panique.

 

Sur les 246 milliards d’euros qui ont été accordés en principe à la Grèce au cours des cinq dernières années, seuls 24 milliards environ sont restés dans le pays, ce qui est fort peu, après tout. Le système bancaire transatlantique est en faillite totale. L’exposition totale aux dérivés atteint 2 millions de milliards de dollars, et tout cela ne sera jamais remboursé. Ces gens sont donc prêts à partir en guerre, et se disent : « Nous voulons sauver notre système et lorsque nous voyons émerger l’Asie, en particulier la Chine, nous préférons faire tomber la Russie, qui est membre des BRICS, et détruire cette combinaison avec l’Asie, plutôt que de reconnaître que nos politiques ont été un échec. » (…)

 

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 21 février 2015


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« Et si la France sortait de l’euro par France 5 ! »

« Et si la France sortait de l’euro par France 5 ! » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

« Et si la France sortait de l’euro…

par France 5 ! »

 

 

L’Italie est en proie à la crise. En effet, suite à la faillite de quatre grandes banques italiennes, la troisième économie de la zone euro est obligée d’annoncer sa sortie et son retour à la lire… Voilà pour le scénario de départ.

 

Phase panique, catastrophe, crash des marchés, tout y passe, tout est noir, tout est affreux.

 

 

Pourtant, il ne doit s’agir ni de rassurer ni de faire peur, mais de faire face !


Et là réside toute la bêtise d’une classe politico-médiatique qui, croyant bien faire pour « sauver » l’euro, ne fait en réalité que l’enfoncer chaque jour un peu plus dans l’esprit de citoyens commençant à se sentir pour le moins excédés par l’absence de décisions, de changements, d’évolution et de prise en compte de leurs réalités quotidiennes.

 

 

Faire face aux problèmes posés par l’euro !

 

Je suis pour l’euro (dans l’absolu et dans mes rêves), mais je suis contre dans la réalité. Pas contre parce que l’idée n’est pas belle, l’idée est belle, mais une idée aussi belle soit-elle doit-être réaliste. L’euro pourrait être viable sans problème, mais cela demande un cadre permettant cette viabilité. Sans un cadre permettant la viabilité de l’euro alors il est condamné, et sa mise en place suivie de sa destruction nous apportera bien plus de malheur que si nous n’avions rien fait ! C’est en leur temps ce que des hommes comme Seguin ou encore comme J.P Chevènement avait tenté d’expliquer lors du référendum de Maastricht.


Il y a aujourd’hui deux catégories de gens : les idéologues doctrinaires défendant l’euro à cor et à cri et les pragmatiques qui ne veulent ni la mort de l’euro ni sa survie, mais qui constatent factuellement son échec et son impossibilité à poursuivre son existence sans régler ses problèmes de fabrication.

 

Je rappelle, pour tous ceux et celles qui ne l’auraient pas encore compris, que l’euro c’est une monnaie unique sur des économies hétérogènes. Il n’y a rien à voir entre les structures de l’économie de la Grèce, de la France, de l’Allemagne et du Portugal… Résultat ? L’euro est super pour l’Allemagne, mauvais pour la France, catastrophique pour la Grèce. L’Allemagne bat tous ses records d’excédents et nous, de déficits commerciaux… Mais ce n’est pas grave si nous mettons en place une union de transfert.

 

 

Qu’est-ce qu’une union de transfert ?

 

C’est ce qu’il y a en France entre les Parisiens (très riches) qui payent tout plein d’impôts qui servent à financer les écoles à construire dans le Gers… Ce n’est pas une critique ! Je suis très fier en tant que citoyen de participer à l’équilibre économique dans notre pays. En clair, dans une union de transfert, les sous des uns les plus riches sont transférés vers les autres les plus pauvres. Vous avez la même chose entre l’Italie du Nord assez riche et l’Italie du Sud plutôt pauvre ! L’État central répartit les ressources.

 

Alors l’équation finalement est assez simple : soit nous allons vers plus d’Europe et l’Allemagne accepte de payer pour les pays les plus pauvres dans le cadre de la mise en place d’une vaste union de transfert européenne et à ce moment-là alors on pourra considérer l’euro éventuellement comme techniquement viable (bien que les problèmes de conception de l’euro soient tout de même plus larges et bien plus vastes), soit l’Allemagne refuse de payer pour les autres, ce qui relève de sa propre liberté et alors l’euro rien que sur ce point est condamné à l’échec.

 

Pour le moment, l’Allemagne ne veut pas payer et ne voudra jamais payer, mais personne ne veut le reconnaître, car cela obligerait à tirer des conclusions à savoir que s’il n’y a pas plus d’Europe alors ce sera plus d’Europe du tout !

 

 

Après restent le choix et la volonté politique

 

Et la question qui vient immédiatement est « veut-on seulement encore plus d’Europe ? », tout en sachant que l’ensemble des peuples composant l’Europe refusent désormais d’aller vers plus d’Europe tant cette Europe qui nous a été construite est la négation des choix démocratiques et un outil indéniable au service des multinationales, du grand capital, de la grande finance et aussi de l’idéologie ultralibérale au sens large. Dans cette Europe-là, aucun peuple n’y trouve son intérêt. Personne n’en veut. Pour imposer plus d’Europe, il n’y a donc pas d’autre choix que de dépasser la démocratie, expression pudique pour parler de l’instauration d’une dictature plus ou moins douce pour imposer en force une Europe détestée et rejetée… à juste titre par les peuples.

 

Nous en sommes donc là. Et croyez-moi, au bout du compte ne nous attendent que de mauvaises solutions et de mauvais choix.

 

Il est déjà trop tard, préparez-vous.

 

 

 

Par Charles SANNAT (*) - lecontrarien.com – le 19 février 2015

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques.

 

« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)


 

 

 

 

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L’EURO VA S’EFFONDRER EN CAS DE DÉPART DE LA GRÈCE, SELON VAROUFAKIS

L’EURO VA S’EFFONDRER EN CAS DE DÉPART DE LA GRÈCE, SELON VAROUFAKIS | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Yanis Varoufakis à Londres

 

L’EURO VA S’EFFONDRER EN CAS DE DÉPART

DE LA GRÈCE, SELON VAROUFAKIS

 

 

Si la Grèce est contrainte à sortir de la zone euro, d’autres pays suivront inévitablement et le bloc de la monnaie s’effondrera, a déclaré dimanche le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis.

 

Le nouveau gouvernement de la Grèce tente de renégocier les remboursements de sa dette et a commencé à faire reculer les politiques d’austérité convenues avec ses créanciers internationaux.

Dans une interview sur la chaîne italienne RAI, Varoufakis a déclaré que les problèmes d’endettement de la Grèce doivent être résolus dans le cadre d’un rejet des politiques d’austérité pour la zone euro dans son ensemble. Il a appelé à un « New Deal » : programme massif d’investissement financé par la Banque européenne d’investissement.

 

« L’euro est fragile, construit comme un château de cartes, si vous retirez la carte grecque, les autres vont s’effondrer » a déclaré Varoufakis selon une transcription de l’entrevue publiée par la RAI.

 

La zone euro est confrontée à un risque de fragmentation et de « dé-construction », sauf si elle est confrontée au fait que la Grèce, et pas seulement la Grèce est incapable de rembourser sa dette dans les conditions actuelles, a dit Varoufakis.

 

« Je mets en garde tous ceux qui envisagent stratégiquement d’amputer la Grèce de l’Europe parce que c’est très dangereux », a-t-il ajouté.

 

« Qui sera le prochain après nous ? Le Portugal ? Qu’est-ce qui se passera quand l’Italie découvrira qu’il est impossible de rester à l’intérieur du carcan de l’austérité ? »

 

 

Par Okeanos - okeanews.fr – le 9 février 2015

Source : ekathimerini.com


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