Ukraine/Donbass : l’armée de Kiev en lambeaux | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Ukraine/Donbass : l’armée de Kiev en lambeaux

 

La contestation gronde dans les rangs kiéviens. Le pouvoir politique « proeuropéen » est confronté à une crise majeure. La fin de la bataille pour Debaltsevo aurait dû réduire l’intensité des combats, mais la permanence du pilonnage des grandes agglomérations comme Donetsk par les batteries ukrainiennes, de même que la situation très tendue à l’est du port de Mariupol, nous laissent penser que la trêve est une fois de plus mort-née. On pilonne les zones résidentielles, parce qu’on est incapable de riposter militairement à la catastrophe de Debaltsevo. Et on échange des prisonniers : d’un côté ceux faits par les FAN, des militaires, des paramilitaires ; de l’autre, une majorité de civils raflés par les forces de Kiev au préalable. L’honneur et le respect de la parole donnée n’ont pas leur place dans l’Ukraine « proeuropéenne » !

 

Il arrive, parfois, que le président français François Hollande ait quelques instants de lucidité : il a reconnu vendredi qu’il n’avait pas de confirmation de la présence de matériels de guerre russe en Ukraine. « Je n’ai pas de confirmation de l’entrée de chars russes en Ukraine, mais il y a des risques qu’il y ait des escalades s’il y a un non-respect du cessez-le-feu », a déclaré le maître mou de l’Élysée lors d’une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande Angela Merkel, en visite à Paris.

 

 

 

 

Carnage et désenchantement


Les forces de répression ukrainiennes sont à l’heure actuelle totalement inaptes à toute offensive ou réaction militaire cohérente et organisée destinée à riposter à la catastrophe Debaltsevo. De surcroît, de nombreux signes nous laissent croire que l’effondrement du front menacerait. Le commandement opérationnel est confronté à des problèmes de discipline, habituellement récurrents, mais d’une intensité jamais égalée depuis la débâcle d’août dernier. De plus, la provocation contre le poste de commandement opérationnel à Kramatorsk, la veille des pourparlers de Minsk, quand plusieurs salves de BM-30 Smerch ont touché les installations militaires et la ville, n’a pas donné les effets escomptés. Pire : une partie du commandement ukrainien remet en cause les choix ubuesques et criminogènes de sa hiérarchie et des politiciens qui décident, in fine, de tout.


Une grande partie des bataillons de la garde nationale (surtout ceux présents dans la poche de Debaltsevo) sont désormais non opérationnels, la plupart de leurs rescapés sur Artemovsk errent dans les rues et sont la cause de toutes sortes de désordres et même d’agressions.


Pour ce qui est de l’armée de terre, la 128e brigade mécanisée de montagne n’existe plus que sur le papier, la 25e est désormais rayée des effectifs, la 55e d’artillerie ne disposerait plus que d’un tiers de son effectif initial, la 17e de chars n’a plus un seul char lourd opérationnel. Les militaires ukrainiens, quant à eux, sont parfaitement conscients d’avoir été sacrifiés à Debaltsevo. Beaucoup découvrent que cette guerre est désormais perdue, que le régime de Kiev est à bout de souffle, que la trahison est la règle à la tête de l’État depuis le coup d’État du Maidan il y a un peu plus d’un an, quand ce n’est pas la démence…


Le blogueur Bertrand Rivière faisait remarquer, il y a peu, l’esprit particulièrement déconnecté des réalités du potentat kiévien, en reprenant un tweet de Porochenko : « Nos soldats, braves défenseurs de notre terre, ont donné un coup dans les dents à ceux qui tentaient de les encercler et se sont retirés de Debaltseve »

Réponse de Sergeï Bar : « Donc, avons-nous déjà gagné la guerre ou devons-nous encore attendre que vous ayez réussi a perdre Kharkov pour célébrer vos dons de stratège ? »

 

 

 

 

La contestation tend à se généraliser, ces jours derniers, au sein des forces de Kiev confrontées aux réalités du front. Un des militaires ukrainiens ayant échappé à l’enfer de Debaltsevo a déclaré au quotidien britannique The Independent que Petro Porochenko les avait envoyés au « carnage ». « Nous lui exprimons notre reconnaissance. Nous lui sommes reconnaissants pour la négation du siège, pour notre excellent équipement, pour le cessez-le-feu et, finalement, pour nous avoir passés au carnage », a ironisé le soldat qui s’est présenté comme Sania.


Selon le journal, les militaires ukrainiens se sont moqués des propos de leur président qui a qualifié de réussite l’opération de retrait des troupes de Debaltsevo, en affirmant qu’il n’y avait pas de « poche » aux abords de cette ville. Le quotidien britannique constate que les militaires ukrainiens qui ont réussi à sortir de Debaltsevo se sentent à la fois soulagés et en colère. Par ailleurs, ils protestent contre la politique des autorités et dénoncent les informations officielles de Kiev sur le nombre de morts lors de la retraite, en indiquant que les victimes se comptent par centaines (source).


Le nombre de prisonniers faits par les FAN dans le chaudron dépasserait les 600 hommes. Il y aurait parmi eux des « contractors » et autres « conseillers militaires » de pays membres de l’OTAN, dont de nombreux anglophones, mais il semblerait que la discrétion soit de mise concernant ces « prises de guerre ».

 

 

 

 

 

Nous estimions, il y a deux jours, que le butin en matière d’engins, armements lourds et véhicules divers capyuté par les FAN dans l’ex-poche de Debaltsevo dépassait les 300 unités. Nous sommes certainement très en dessous de la réalité, dans la mesure où les premiers inventaires font état déjà de plus de 250 pièces lourdes (véhicules, blindés et pièces d’artillerie).

 

À la Verkhovna Rada d’Ukraine, le député d’extrême droite Konstantin Grishin dit Semen Semenchenko a déposé sa lettre de démission de son poste de commandant du « bataillon Donbass ». L’unité est, une fois de plus en lambeaux et la présence de Semenchenko à sa tête n’aura duré que le temps de faire le trajet Artemovsk – Debaltsevo avant de se retrouver sous le feu nourri des Grad républicains. Mais c’est encore un moyen pour Grishin de faire parler de lui.

 


Toujours pas de trêve


L’artillerie ukrainienne continue de concentrer ses tirs sur les secteurs nord et ouest de la ligne de front : sur la zone au sud de la Seversky Donets, au nord et au nord-ouest de Lugansk, sur le secteur de Debaltsevo, sur Gorlovka, sur la grande agglomération de Donetsk et sur sa banlieue, sur l’aéroport. Kiev envoie encore des renforts, notamment en logistique, de Kharkov. C’est la façon dont les forces du régime putschiste entendent respecter les accords de Minsk.


 

 

  

 

 

Même appuyées par les T-64BV de l’armée ukrainienne, les troupes néonazies d’ « Azov » sont incapables de prendre  Shirokino.

Les forces armées de la République populaire de Donetsk ne prévoient pas d’opérations offensives sur les secteurs de Donetsk et de Mariupol, a déclaré le commandant adjoint du quartier général de la RPD, Eduard Basurin. Pourtant, sur zone, les provocations ukrainiennes se multiplient, de même que les frappes d’artillerie. Cette nuit, il semblerait qu’il y a encore eu des accrochages sur ce village. Hier, la petite agglomération a été attaquée à 7 reprises par les forces de Kiev qui n’arrivent toujours pas à pénétrer durablement dans l’enceinte du village, la milice répondant par des tirs nourris de mitrailleuses lourdes, d’AGS-17 et de mortiers. « Azov » a encore eu 1 tué et 5 blessés.

 

 

 

 

 

 

 

Le fou du roi du chocolat

 

Dans la famille Lyachko, il y en aurait au moins un, ou plutôt une, qui a deux sous de jugeote : le chef du parti radical (extrême droite néobandériste, atlantiste et euromondialiste) a affirmé sur une chaîne de télévision que sa sœur Victoria se battait du côté des milices du Donbass. « Ma sœur Victoria, avec qui j’ai grandi, se bat du côté de la République populaire de Lugansk », a-t-il déclaré.

 

Oleg Lyachko fut l’un des initiateurs de l’introduction de la loi martiale dans le Donbass, il s’être illustré en tant que tortionnaire de civils sur Mariupol et Slaviansk, notamment, il a cornaqué le « bataillon » de néonazis « Azov », et il a permis à nombre de chefaillons néonazis de devenir députés à la Rada. Il est de ceux qui veulent que Porochenko lance la mobilisation complète et impose la loi martiale sur l’ensemble du pays. Problème : l’intéressée a formellement démenti être la sœur de ce personnage nauséeux…


Chercherait-il à tuer sa sœur réelle ou imaginaire ? Un bon psy pourrait sans doute répondre.

 

 


Par Jacques FrèreNationsPresse.info – le 22 février 2015