Ukraine/Donbass : Kiev prépare son offensive de printemps | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Ukraine/Donbass : Kiev prépare

son offensive de printemps

 

L’Ukraine béhachélisée, c’est la misère. Plus qu’un slogan, c’est une réalité de tous les jours. L’illustration ci-dessus n’est qu’un bien modeste exemple du quotidien de l’Ukrainien de base après le putsch « proeuropéen ». Et les pseudos « nationalistes » ukrainiens ne sont uniquement là que pour garantir la pérennité de cette misère, au service des mondialistes, des oligarques véreux et de l’empire étatsunien. L’Ukraine béhachélisée c’est aussi la guerre, les destructions, les civils pris pour cible, les pillages, les viols, le chaos généralisé au service des intérêts géostratégiques américains. Mais face à l’Ukraine béhachélisée, il y a le camp de la liberté, de la souveraineté et de l’indépendance : il y a la Nouvelle Russie qui se prépare à devoir encore subir une offensive d’ici peu.

 

L’objectif principal de Washington est de reprendre la guerre au moment où les pays de l’Union européenne devront revoter la prolongation ou pas des sanctions contre la Russie, fin juin – début juillet. C’est vraisemblablement là que l’offensive ukrainienne sera à son plus haut niveau d’intensité. D’autant que la reconduction des sanctions contre Moscou ne fait plus l’unanimité au sein de l’UE… Pour l’instant, nous ne sommes qu’au début d’une préparation d’attaque généralisée, avec des missions de reconnaissance, des accrochages destinés à tester le dispositif républicain, le renforcement progressif des moyens d’artillerie lourde, de la logistique et la prépositionnement de groupes tactiques mécanisés à des endroits clés, comme au nord-ouest de Lugansk ou vers Volnovakha – Granitnoe, entre Donetsk et Mariupol.

 

 

 

 

 

Aujourd’hui, 20 avril, au centre d’entrainement de Yavoriv (région de Lviv) des exercices militaires ukraino-américains « Fearless Guardian 2015 » ont débuté. L’encadrement est assuré par des éléments américains de la 173e brigade aéroportée de l’US Army. Du côté ukrainien, des éléments du « régiment » néonazi « Azov », des unités spéciales « Jaguar » et « Omega » et des unités de la garde nationale de Kiev, de Kharkov, de Zaporozhye, d’Odessa, de Lviv, d’Ivano-Frankivsk et de Vinnitsa, participent à cet exercice majeur qui devrait durer plusieurs semaines. Qu’en sortira-t-il ? Vraisemblablement, juste de quoi faire durer la guerre plusieurs mois encore.

 

 

Le front sous tension

 

On signale toujours plus de renforts ukrainiens arrivés sur zone ou en approche du front du Donbass. Le 18 par exemple, on notait que des « colonnes importantes de matériels ukrainiens ont été observées à Vinnitsa progressant vers Dniepropetrovsk » (source : Erwan Castel présent sur place).

 

 

 

 

 

 

Depuis 72 heures, les quartiers ouest de la banlieue de Donetsk (secteur de l’aéroport) et Spartak ont quasi constamment été sous le feu de l’artillerie lourde ukrainienne. Les forces de Nouvelle Russie sont désormais en état d’alerte, une partie des unités remisées à l’arrière depuis le cessez-le-feu sont de retour en première ligne. Mais a priori le centre-ville de la capitale du Donbass reste calme.

 

 

 

La plupart des blindés des forces de Kiev, dont ceux du bataillon renforcé de la 93e brigade mécanisée qui est à l’ouest de Donetsk, sont concentrés dans les villages au nord-ouest de l’aéroport comme Opytnoe et à l’ouest de Peski. Il est à noter qu’une grande partie des brigades mécanisées souffrent encore d’importantes pénuries d’armements lourds (blindés d’infanterie, chars, engins de génie et de logistique, etc.).

 

Il convient également de noter que les unités mécanisées comme la 93e disposent désormais un nombre croissant de vieux T-72A et B sans modifications, issus des entrepôts soviétiques disséminés sur le territoire ukrainien et qui ont été progressivement remis en conditions en cannibalisant une partie des stocks (le gros problème des ateliers ukrainiens semble se concentrer sur la motorisation et les systèmes électriques qui sont quasiment tous à changer sur ces chars). Ils remplacent progressivement les T-64BV et BM « Bulat » perdus sur le front du Donbass ou récupérés par les FAN depuis un an. Leur valeur au combat est assez médiocre, mais faute de grives…


On note aussi la présence de vieux BTR-70, 60PB et même parfois de BTR-152 de plus en plus nombreux, pour remplacer les BTR-80, 3 et 4 détruits ou capturés. Kiev évoque souvent l’arrivée dans ses unités de combat de blindés récents (BTR-3 et 4, KrAZ blindés, etc.). Mais leur production est lente et très couteuse. C’est pourquoi les vieux blindés ressortis de la réserve stratégique sont mis à contribution.

 

La « Ligne Poro » verra-t-elle le jour dans les mois qui viennent ? Les troupes de Nouvelle Russie pourront-elles ainsi y pendre leur linge ? La question mérite d’être posée, car, malgré plusieurs millions dépensés sur le budget du régime de Kiev pour construire une ligne de défense cohérente près de Mariupol, 90 % des fortifications n’existent que sur le papier aujourd’hui. « Il y a des trous 14 km entre les postes de contrôle, sans troupes et pas même de tranchées », précise un rapport rédigé par des députés de la Rada après avoir inspecté le « secteur M ».

 

Les affrontements se poursuivent sur Shirokino. Avant-hier, vers 15 h (heure locale), des éléments d’« Azov » ont ouvert le feu sur des positions républicaines alors que des observateurs de l’OSCE étaient sur place. Samedi 18 avril, Giorgi Dzhanelidze dit « Satan » (sic), 41 ans, un mercenaire géorgien, a été tué devant Shirokino. Il appartenait au « bataillon Azov » où il était « instructeur » (source).

 

 

  

Deux autres paramilitaires auraient aussi été blessés lors de cette mission de reconnaissance sur le village tenu par les FAN. À la nuit tombée, les combats avaient dégénéré en un duel de mortiers de 120. Les affrontements ont duré une grande partie de la nuit. Shirokino n’est plus qu’un village fantôme où se mêlent désolation et destructions dues aux frappes de l’artillerie kiévienne : plus de 500 obus sont tombés sur la petite agglomération. Des obus de mortiers de 82 et de 120 de la section mortiers lourds d’« Azov » bien sûr, mais aussi du 122 D-30 et Gvozdika (c’est le même canon) des batteries d’appui feu de l’armée ukrainienne positionnée à seulement quelques kilomètres de la ligne de contact vers Sopino.

  

 

 


Béhachélisation démocratique

 

Au nord-est de Lugansk, sur la Seversky Donets, le gros bourg de Stanitsa Luganskaya est toujours occupé par les forces kiéviennes. Dernièrement, les civils encore sur place ont pu constater que des pillards de l’unité de la garde nationale « Tornado », commandée par Ruslan (Rotislav) Onichtchenko, étaient à l’œuvre. Des cas de viols ont aussi été signalés. Ce pillage aurait été couvert par la compagnie de reconnaissance du 80e régiment aéromobile de Lviv, qui semble être la seule unité de l’armée de terre ukrainienne présente sur place. Plusieurs plaintes auraient été envoyées au commandement opérationnel de Kiev. Avec un courage inégalé, Onichtchenko a renvoyé la responsabilité de cette affaire aux paras de Lviv : « Leur unité de reconnaissance a bêtement volé les résidents du village de Lugansk, choisissant les plus grosses maisons, emportant la climatisation, les batteries, les chaudières, les lustres et autres biens. » Pas joli de balancer ses petits camarades !


Nous avions évoqué, fin juin 2014, ce délicieux personnage qu’est Rostislav Onishchenko (ici).

 

Avant-guerre, il affichait un train de vie tapageur avec son Hummer blanc rutilant. Nous expliquions que « l’individu a pris le nom de son épouse. Vu son pedigree, on le comprend : Ruslan Ilitich Abalmaz est un repris de justice fiché au grand banditisme. Sa fiche de police mentionne des cas de vols, de vols en réunions, de violences avec armes, de criminalité en bande organisée, d’actes de torture, d’extorsion de fonds et même de viol. Il a notamment été condamné à 7 ans de prison pour vol. Brutal et sans scrupules, l’individu a le profil tout trouvé pour diriger ce qui ne sera autre qu’un nouvel escadron de la mort. » « Et avec un tel individu, Porochenko va pouvoir achever de vider les prisons, ajoutions-nous, comme avait commencé à le faire Oleg Makhnitski, l’ex-procureur général d’Ukraine issu de Svoboda, devenu début juin conseiller de la présidence. L’Ukraine « proeuropéenne » a besoin de faire de la place dans ses prisons pour pouvoir enfermer les opposants. Et ils risquent d’être très nombreux dans les mois qui viennent. »

 

De surcroît, l’unité « Tornado » est une compagnie spéciale de « police » issue du « bataillon Shakhtarsk » dissous depuis le fiasco d’Ilovaïsk l’été dernier. « Shakhtarsk » n’a jamais été reconstitué en raison de soupçons de pillages de la part de ses membres. Avec les résidus d’« Aydar » (proches des « nationalistes » Svoboda et de l’UNA-UNSO) dans le secteur, et dont le dernier haut fait d’armes a été de voler au prêtre de Trehizbenke 50.000 hryvnia, il faut reconnaître que les civils qui supportent l’occupation kiévienne sur cette zone semblent avoir particulièrement été choyés par la junte…


La démocratie à la sauce BHL progresse aussi dans l’ouest ukrainien attardé : le conseil régional d’Ivano-Frankivsk interdit désormais les activités et même l’existence de tous les partis de l’opposition qu’ils soient communistes ou non (source).

 

C’est quand même mieux de débattre entre soi, entre convaincus… D’autres décisions aussi intelligentes devraient bientôt voir le jour dans d’autres régions de l’ouest de ce qui fut autrefois l’Ukraine.

 

Dans la nuit de samedi à dimanche, des inconnus ont mis en place dans un square au centre-ville de Dniepropetrovsk des mannequins symbolisant les « âmes des civils tués dans le Donbass ». Tout cela a été rapidement retiré par la police dans la journée de dimanche.

 

 

 

Par Jacques Frère - NationsPresse.info - le 20 avril 2015.