France - Élevage, lait, agriculture :
Non aux tueurs financiers !
Les agriculteurs ont raison : ce ne sont pas des aides qu’il leur faut, mais des prix, c’est-à-dire le droit de vivre dignement de leur travail. Or, le plan d’urgence du gouvernement français visant à les « aider » est pire qu’un leurre, c’est un piège.
En proposant aux surendettés de s’endetter encore plus, on ne fait que leur offrir le même traitement qu’aux Grecs : régler, pour un jour, sa dette et mourir dans l’indignité.
C’est bien l’opposé de notre modèle productif et social européen. Bruxelles a provoqué le boycott russe de nos exportations de porc et le traitement infligé à la Grèce la conduit à renoncer à nos productions bovines. C’est encore l’UE qui a cédé aux demandes britanniques et allemandes de supprimer les quotas laitiers.
Ainsi, au lieu de re-réguler les marchés internationaux, François Hollande ne fait qu’accompagner une dérégulation imposée par une Commission européenne devenue courroie de transmission de la City et de Wall Street.
Cette capitulation est à l’origine de toutes les contradictions de sa politique. Au lieu de lever l’embargo contre la Russie, Hollande propose une plate-forme pour favoriser l’exportation. Alors qu’il réduit les dotations des collectivités territoriales, il leur demande d’acheter, de préférence, de la nourriture française, politique contraire à la « liberté de contracter » que nous imposent les traités européens.
Alors qu’il prône l’alliance franco-allemande, il livre nos abattoirs à une concurrence germanique dopée par une main d’œuvre venue d’Europe de l’Est, sous-payée et logée dans des campements de fortune. Hollande en appelle au dialogue, mais sans la moindre pression fiscale sur les centrales d’achat, nos producteurs resteront livrés à l’arbitraire, comme des poules à la merci du renard dans le poulailler.
Cette politique du renoncement doit cesser. Aucun producteur ne pourra croire à la bonne volonté des intermédiaires et de l’État si ce dernier ne fait pas preuve d’autorité pour arrêter les tueurs financiers qui se gavent en nous détruisant.
Par Karel Vereycken – Solidarité & Progrès – le 27 juillet 2015.