Varoufakis : cet accord sonne comme un nouveau Traité de Versailles | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

IMAGE : FORMER GREEK FINANCE MINISTER YANIS VAROUFAKIS SPEAKS TO THE PRESS AFTER PLACING HIS VOTE IN THE AUSTERITY REFERENDUM IN ATHENS ON JULY 5, 2015 (MILOS BICANSKI/GETTY IMAGES) - abc.net.au



 

Varoufakis : cet accord sonne comme

un nouveau Traité de Versailles


 

Dans sa première interview depuis sa démission plus tôt ce mois-ci, l’ancien ministre des Finances grecques Yanis Varoufakis a décrit l’accord à 86 milliards de sauvetage approuvé par le Premier ministre Alexis Tsipras comme « un nouveau traité de Versailles ».

 

Dans un coup d’État de choix, l’arme utilisée pour faire baisser la démocratie était les tanks. Eh bien, cette fois, ce sont les banques.

 

YANIS Varoufakis :

 

« Ceci est la politique de l’humiliation, dit-il à Late Night Live. « La troïka a fait en sorte que chaque mot qu’il prononçait soit critiqué au cours des cinq dernières années. Non seulement pendant ces six mois que nous avons été dans le gouvernement, mais aussi dans les années avant cela.


« Cela n’a rien à voir ni avec l’économie ni avec la mise de la Grèce sur la voie de la reprise. Ceci est un nouveau traité de Versailles qui hante à nouveau l’Europe, et le Premier ministre le sait. Il sait qu’il est damné s’il le fait et il est damné s’il ne le fait pas.»

 

L’accord accepté ce lundi après 17 heures de discussions avec les dirigeants de la zone euro contient des conditions difficiles, y compris la réduction des retraites, des augmentations d’impôt et le mouvement des biens publics dans un fonds fiduciaire pour la recapitalisation des banques grecques.

 

M. Varoufakis a rejeté l’accord dans les termes les plus forts possible, le comparant au coup d’État de 1967 qui a installé une dictature militaire dans la nation méditerranéenne.

 

« Dans un coup d’État, le choix de l’arme utilisée pour faire baisser la démocratie était alors les tanks. Eh bien, cette fois, ce sont les banques. Les banques ont été utilisées par des puissances étrangères pour prendre le contrôle du gouvernement. La différence est que cette fois ils prennent en plus tous les biens publics ».

 

M. Varoufakis a suggéré que M. Tsipras puisse appeler à des élections anticipées plutôt que de présenter l’affaire devant le parlement grec, en disant qu’il serait « très surpris » si M. Tsipras voulait rester Premier ministre.

 

Il a insisté, cependant, sur le fait que lui et M. Tsipras resteraient en bons termes, et qu’il a gardé un profil bas la semaine dernière afin de soutenir M. Tsipras et son successeur au ministère des Finances, Euclide Tsakolotos.

 

« J’ai sauté plus qu’on m’a poussé, dit M. Varoufakis, décrivant sa démission au lendemain du« non » lors du référendum du 6 juillet sur des conditions similaires à celles acceptées lundi.

« Je suis entré dans le bureau du Premier ministre exalté. Je voyageais sur un beau nuage poussé par les vents du bel enthousiasme du public pour la victoire de la démocratie grecque au référendum. Le moment où je suis entré dans le bureau du Premier ministre, je sentais immédiatement un certain sentiment de résignation, une atmosphère chargée négativement. Je fus confronté à un air de défaite, qui était complètement en désaccord avec ce qui se passait à l’extérieur.

 

« À ce point j’ai du dire au Premier ministre : « Si vous voulez utiliser le buzz de la démocratie à l’extérieur des portes de ce bâtiment, vous pouvez compter sur moi. Mais si, d’autre part vous vous sentez comme si vous ne pouvez pas gérer ce majestueux « non » face à une proposition irrationnelle de nos partenaires européens, je vais tout simplement m’envoler dans la nuit. »

 

L’ancien ministre des Finances a également décrit les préparations secrètes du gouvernement grec pour imprimer des drachmes dans le cas du pays serait contraints de quitter l’euro.

 

« En tant que gouvernement responsable, sachant très bien qu’il y avait une alliance très importante au sein de l’Eurogroupe dont le but était de nous jeter dehors de l’euro, nous avons dû faire face à l’éventualité, dit-il. « Nous devions avoir une petite équipe de personnes dans le secret qui créerait le plan au cas où nous aurons été obligés de quitter l’union monétaire connue sous le nom de la zone euro. »

 

« Bien sûr, il y a une énigme ici. Une fois que ce plan commence à être mis en œuvre, une fois que vous commencez à travailler avec cinq personnes, vous arrivez vite à 500  personnes ce qui est le minimum dont vous avez besoin pour mettre en œuvre ce qui devient donc de notoriété publique. Le moment où il devient de notoriété publique, le pouvoir de la prophétie crée une dynamique qui lui est propre…

 

On n’a jamais fait la transition de cinq à 500. On n’a jamais senti que nous avions un mandat pour le faire. On n’a jamais prévu de le faire. Nous avons eu la conception sur papier, mais cela n’a jamais été activé.


M. Varoufakis dit qu’il restera comme simple député dans le parlement grec, où il a « beaucoup plus de marge de manœuvre pour dire la vérité ». Il a toutefois averti que l’austérité va encore enhardir l’extrême droite du pays.

 

« Au Parlement, je dois rester en regardant le côté droit de l’auditorium, où siègent 10 nazis, représentant l’Aube dorée. Si notre parti, Syriza, qui a cultivé tant d’espoir en Grèce… si nous trahissons cette espérance et inclinons nos têtes à cette nouvelle forme d’occupation postmoderne, alors je ne vois pas d’autre issue possible que la poursuite du renforcement de l’Aube dorée. Ils hériteront de la campagne anti-austérité, tragiquement.

 

« Le projet d’une démocratie européenne, d’une union démocratique européenne unie, vient de subir une catastrophe majeure. »

 

 

 

 

Par Alex McClintock, interview ABC radio australienne (abc.net.au) – traduit de l’anglais par histoireetsociete.wordpress.com - le 13 juillet 2015.