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Alzheimer, Parkinson, les dix conseils
du Professeur Joyeux (Partie 2/2)
— Suite de la partie 1 —
4) Les médicaments font le lit de la maladie
Si vous n’allez pas bien dans votre tête, que vous déprimez, dormez mal, vous tracassez pour un rien, être sujet à un stress chronique, on vous met vite en garde. On vous assène que la dépression est, au même titre que le tabagisme, l’un des grands facteurs de risque d’Alzheimer notamment. Un facteur qui interviendrait pour plus de 10 %. Ce n’est pas faux, mais ce n’est complètement juste. Car on oublie d’ajouter que les médicaments délivrés à gogo pour traiter la déprime, l’anxiété, les troubles du sommeil présentent des effets bien plus délétères pour nos capacités cognitives et qu’une consommation quotidienne de psychotropes pendant plusieurs mois augmente le risque de développer une maladie neurodégénérative.
On oublie de nous dire que la famille des benzodiazépines nourrit un futur Alzheimer :
– une prise quotidienne pendant 3 à 6 mois augmente le risque d’Alzheimer de 30 % !
– une prise quotidienne pendant plus de 6 mois augmente les mêmes risques de 60 à 80 % !
Autre grande famille de médicaments dangereux pour le cerveau : les anticholinergiques. Cette autre famille comprend des antihistaminiques, des antidépresseurs, des somnifères, anxiolytiques et bien d’autres traitements. Les anticholinergiques sont aussi employés dans le traitement de l’incontinence par impériosité et dans le Parkinson...
Or les anticholinergiques peuvent eux aussi, à doses élevées et sur le long terme, accroître le risque de démence. Selon une vaste étude américaine publiée en janvier dernier, le risque de démence, dont Alzheimer, est clairement dose-dépendant par rapport à l’exposition cumulée aux anticholinergiques sur dix ans. Au terme de cette étude menée sur près de 3 500 personnes, un peu plus de 23 % des participants ont développé une démence et 80 % l’Alzheimer.
L’utilisation des anticholinergiques entraîne donc un risque accru de démence :
– de 19 % sur des traitements de 91 à 365 jours,
– 23 % de 1 à 3 ans,
– de 54 % sur plus de 3 ans.
5) Un lien avec l’état de votre bouche
Savez-vous qu’il existe une relation directe entre l’état dentaire et les maladies neurodégénératives ? La réduction de la sensibilité par inflammation bucco-dentaire serait en cause.
Une étude américaine a montré que les personnes qui se lavaient les dents moins d’une fois par jour couraient jusqu’à 65 % de risque de développement de démence de plus que celles qui se sont brossées les dents chaque jour ! D’autres études ont aussi conclu que les personnes touchées par la maladie d’Alzheimer présentent dans leur cerveau plus de bactéries liées aux maladies des gencives que les personnes qui ne sont pas atteintes d’Alzheimer.
On trouve aussi des éléments porphyro-monas gingivalis dans le cerveau des patients atteints de démence : cette bactérie est fréquemment retrouvée dans les parodontites chroniques. Les contrôles réguliers chez le médecin dentiste sont plus importants qu’on ne le croit.
6) Le cholestérol protège de la démence
Un taux minimum de cholestérol est nécessaire chez les personnes âgées, contrairement à ce que prônent les laboratoires fabricants qui cherchent à ce que le plus grand nombre de personnes soient sous statines.
Un taux sanguin de cholestérol total variant entre 2 g et 2,50 g est vital pour que les surrénales fabriquent les corticostéroïdes (hormones du stress). Nos neurones ont absolument besoin de bon cholestérol pour fabriquer la myéline, qui permet ni plus ni moins le passage de l’influx nerveux !
C’est aussi grâce à ce bon taux de cholestérol que, chez les femmes âgées, ovaires et surrénales peuvent produire les petites doses quotidiennes d’œstrogènes et de progestérone qui maintiennent une belle féminité. Chez les femmes plus sujettes à l’Alzheimer, les traitements hormonaux de la ménopause n’ont jamais réduit les symptômes. C’est toujours grâce au cholestérol que les hommes peuvent avoir suffisamment de testostérone pour maintenir leur libido et une activité sexuelle satisfaisante pour l’âge. C’est important pour le mental et pour la santé cérébrale aussi !
Retenez surtout que, avant 70 ans, il serait bon d’avoir un taux de cholestérol sanguin d’au moins 2 g et à partir de 75 ans, 2,40 g/l, mais pas moins, car les taux bas augmentent la morbidité.
7) On vous dit que vous l’avez et ce n’est pas toujours vrai
Bien que les outils diagnostic soient de plus en plus fiables, gare au surdiagnostic, en particulier de l’Alzheimer.
Vous pouvez très bien souffrir de troubles de mémoire, on l’a vu, qui n’expriment qu’une fatigue cérébrale. Mais gare surtout aux méprises chez les personnes âgées dont la santé cognitive peut être vacillante sans qu’il y ait (encore) maladie. Le test le plus utilisé, et depuis une trentaine d’années (!) pour le dépistage de la maladie, le MMSE (Mini Mental State Examination) basé sur un questionnaire de 11 questions, est en effet plus que dépassé. Le score MMSE obtenu varie 0 à 30 (l’idéal étant de 30, moins de 23 indiquant des troubles cognitifs), mais ce résultat ne permet pas de repérer les patients en état de MCI (Mild Cognitive Impairement). Autrement dit, impossible avec ce MMSE de distinguer les individus qui développeront une pathologie de ceux qui resteront stables…
Bien sûr, d’autres examens sont couramment demandés en cas de suspicion, mais une personne âgée fatiguée n’est pas à l’abri d’un diagnostic hâtif ou prématuré. Cela doit arriver plus souvent qu’on ne le croit.
Un traumatisme crânien minime, par exemple, peut conduire une personne âgée à ce type de mésaventure. Elle s’est cogné la tête, mais n’y a pas vraiment prêté attention. Elle oublie l’incident, l’entourage aussi. Mais le choc a engendré un hématome (favorisé par les traitements anticoagulants), entre la dure-mère et le cerveau recouvert de la pie-mère. Rapidement, la personne a des troubles de la mémoire, de reconnaissance, des comportements anormaux qui s’amplifient jour après jour. Ils font penser à une maladie d’Alzheimer débutante. Un scanner permet de faire le diagnostic et de programmer rapidement le traitement qui évacue l’hématome et guérit définitivement le patient. À condition que cet examen soit demandé…
8) On peut se recréer 700 neurones par jour, et muscler sa mémoire à tout âge
Nous n’avons pas un capital de neurones donné à la naissance qui s’épuise avec l’âge comme on l’a longtemps cru. Il est maintenant établi que chaque jour environ 700 neurones voient le jour dans notre encéphale, plus particulièrement dans une région nommée hippocampe.
Peu de médecins savent que l’hippocampe est une des seules régions du cerveau où la formation de nouveaux neurones est possible à partir de cellules souches. Une magnifique capacité de neuro-genèse qui a lieu toute la vie de l’individu. Mais attention ! Cette formation de nouveaux neurones n’est possible qu’à trois conditions :
- de bien nourrir et oxygéner son cerveau,
- de bien le faire travailler,
- d’avoir une belle activité physique qui implique tous les muscles du corps.
9) L’activité physique et l’alimentation : pas juste une hypothèse
Justement, une activité physique sérieuse et volontaire est indispensable à la santé. On l’a entendu, on le sait… mais on ne mesure pas à quel point c’est vrai pour l’Alzheimer et Parkinson.
Vous n’êtes pas convaincus ?
Lisez ceci :
- pratiquer une activité physique modérée réduit considérablement le risque d’Alzheimer en protégeant d’abord l’hippocampe, première région attaquée par la maladie, centre vital de la mémoire et de l’orientation spatiale. Selon les résultats d’une étude publiée en 2014, cette prévention préserve en effet de façon substantielle la perte du volume de l’hippocampe, y compris chez les personnes à risques ;
- pratiquer une activité physique modérée réduit de 50 % le risque de Parkinson (cf. Étude de l’American Academy of Neurology dont les résultats portent sur près de 150 000 personnes de plus de 63 ans suivies pendant dix ans).
Si à l’exercice vous ajoutez le rôle protecteur d’une bonne alimentation, ce n’est pas de 50 % que vous réduisez vos risques, mais bien davantage. Qui sait qu’une alimentation de type méditerranéenne réduit les risques d’Alzheimer de 40 % en moyenne ! Plusieurs études américaines menées sur des milliers de personnes viennent de le démontrer.
D’où l’intérêt de l’alimentation 4 M (Méditerranéenne, Manger Mieux et Meilleur) que nous vous proposons dans ce livre et dont les bases sont :
- L’huile d’olive
- Le vin (bio), à raison d’un ballon de 125 ml par repas.
- Les produits de la mer : l’idéal est d’en consommer 3 fois par semaine.
- Les fruits, y compris les agrumes et légumes de saison.
- Les petits fromages de chèvre ou de brebis.
- Les oléagineux : amandes, noix, noisettes, pignons sont les rois du calcium végétal qui peut être absorbé jusqu’à 75 % par le tube digestif. En salade avec du persil ou pris par poignées régulièrement, ils constituent le meilleur apport végétal comparé au calcium animal.
- Le soleil… : c’est le meilleur, le plus naturel et le moins cher fabricant de vitamine D. Or, les carences en cette vitamine augmenteraient les risques de neurodégénérescence.
À ces 7 piliers de l’alimentation méditerranéenne, il faut ajouter évidemment des produits classiques :
- les viandes blanches provenant d’animaux nourris au plus près de la nature remplaceront au maximum les viandes rouges et les charcuteries ;
- les épices sont également intéressantes pour leurs effets antioxydants et protecteurs : toutes les herbes de Provence, le curry-curcuma, l’ail, les oignons, le gingembre, le thym et le romarin ;
- les boissons abondantes en tisanes : thé vert ou noir, thym- romarin... Elles ont des effets antioxydants, protecteurs du vieillissement, apportent des molécules de l’éveil et de la respiration.
Ne pas oublier enfin qu’il n’y a pas meilleur mode de cuisson que la cuisson à la vapeur douce afin de ne pas altérer la qualité nutritionnelle des aliments et d’éviter de produire des radicaux libres (par glycation).
10) La musique et la danse c’est pas sur ordonnance !
Chantez si vous ne le faites déjà… Chantez tous les jours à tue-tête (bien plus fort que sous la douche), chez vous, dans la voiture, lâchez-vous, ventilez. C’est l’un des meilleurs moyens qui soient d’oxygéner son cerveau.
Chanter ou écouter de la musique permet aussi d’atténuer de façon non négligeable les symptômes quand on est malade, et de ralentir la progression de la maladie.
Dans les centres spécialisés « Alzheimer », on fait chanter les patients : le chant, la musicothérapie font partie des thérapies douces qui aident non seulement les malades à atténuer leurs troubles de la parole (les palilalies, répétitions de mots durant des heures), mais aussi à se souvenir et à continuer d’apprendre.
La ventilation, l’effet oxygénant du chant, aide également les personnes atteintes de Parkinson. De plus en plus de scientifiques et de spécialistes s’intéressent au rôle de la musique sur notre mémoire.
La musique existe avant le langage et lui survit dans notre cerveau. Née des émotions, elle module notre humeur, développe nos compétences, renforce les liens sociaux et peut même provoquer des orgasmes ! Nous possédons tous un cerveau musical qui ne demande qu’à nous aider au cours de notre existence.
Le pouvoir de la danse mérite aussi qu’on s’y intéresse de plus près. La tango-thérapie par exemple convainc de plus en plus de thérapeutes s’occupant de patients parkinsoniens. Les bienfaits de cette danse, sa capacité à ralentir les symptômes, sont maintenant reconnus et quantifiés par des études.
Les combinaisons des pas à articuler de cette danse argentine sollicitent l’équilibre corporel. La mémorisation est évidemment nécessaire. Le bénéfice est plus modeste sur la fatigue et la cognition, mais il n’en est pas moins réel.
Je pourrais encore vous raconter bien des choses que nous avons découvertes avec Henri Joyeux. Vous apprendre peut-être que l’Alzheimer est une forme de diabète ayant peu ou prou les mêmes causes que les deux types de diabète bien connus, vous parler des solutions naturelles qui permettent d’atténuer et ralentir les symptômes de ces maladies, ou des solutions naturelles qui permettent d’en repousser la survenue voire de les éviter.
Je pourrais vous parler de micronutrition anti-dégénérescence cérébrale, de l’intérêt du miel au coucher, ou du carré de chocolat quotidien, vous raconter des histoires de garrigue, de thym et de lavande. Vous passer en revue les 7 marqueurs du vieillissement à surveiller comme le lait sur le feu pour vivre jusqu’au bout la tête sur les épaules et les pieds dans ses bottes… Mais je ne vais quand même pas déflorer complètement cet ouvrage à paraître aux Éditions du Rocher, et dont je ne suis qu’un modeste coauteur au côté du combattant de la santé Joyeux ! Si vous voulez en savoir plus, vous trouverez le livre dans toutes les librairies.
Par Dominique Vialard - alternativesante.fr – le 1er juillet 2015
Henri Joyeux, né le 28 juin 1945 à Montpellier (Hérault) est professeur des universités-praticien hospitalier de cancérologie et de chirurgie digestive à l’université Montpellier 1. Il est également écrivain, conférencier, marié et père de six enfants. (Source : Wikipédia).
Voir la partie 1/2 de :
Alzheimer, Parkinson, les dix conseils
du Professeur Joyeux