Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL
686.4K views | +0 today
Follow
Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL
La Gazette des campus de LLN et de WSL-UCL ainsi que diverses infos intéressantes visant la vérité ou l'autre vérité (qui que ce soit qui la dise, mais sans forcément prôner l'auteur).  -  Duc
Curated by Koter Info
Your new post is loading...
Your new post is loading...
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

« Soit la tutelle, soit le Grexit » l’ultimatum de Merkel à Tsipras

« Soit la tutelle, soit le Grexit »  l’ultimatum de Merkel à Tsipras | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


« Soit la tutelle, soit le Grexit » :

l’ultimatum de Merkel à Tsipras

 

Des menaces, encore des menaces, toujours des menaces, quant à avoir un peu d’honnêteté, là, il n’y a plus grand monde ! Mais il ne faut pas être un fin expert pour bien comprendre qu’il ne peut y avoir un Grexit, ils ne laisseront jamais faire pour trois raisons principales :

 

  • Ils ne vont pas risquer de perdre un pays qui est aussi riche en ressources pour l’heure inexploitées, que cela soit pétrolières comme aurifères. Ce pays, c’est une occasion en or (sans mauvais jeu de mots) de faire main basse sur un énorme jackpot pour les États-Unis.


  • Le Grexit est la preuve que si un pays peut difficilement quitter la zone euro, il peut s’en faire expulser, et d’autres pays pourraient être tentés de suivre l’exemple et vouloir se faire expulser eux aussi de la zone euro.


  • Un Grexit serait l’occasion rêvée pour les BRICS de récupérer l’esclave européenne que fut la Grèce, impensable ! Nous avons pu voir la réaction des pays avec Chypre, imaginez si c’est le cas de la Grèce…

 

Bref, cela ne risque pas de s’arranger puisque la menace du Grexit a peu de chance de se concrétiser…

 

Les chefs d’État et de gouvernement des dix-neuf pays membres de la zone euro ont pris le relais de leurs ministres des Finances, pour une réunion que l’on annonce, comme toujours, décisive. Ils devront prendre position sur les très dures mesures prônées par l’Eurogroupe.

 

À 18 heures, Donald Tusk, président du Conseil demandait la suspension de la séance plénière au profit d’une consultation quadripartite entre Alexis Tsipras, Angela Merkel, François Hollande et lui. Entre ces quatre paires d’yeux se jouera l’avenir de la Grèce dans la zone euro. Le Premier ministre grec, élu sur un programme anti-austérité, confirmé en ce mandat par le référendum du 5 juillet dernier, a fait voter à son parlement une série de dispositions très proches de ce que lui demandaient les créanciers de la Grèce. Ce n’est manifestement pas suffisant pour la majorité des dirigeants européens.

 

Selon nos confrères britanniques du Guardian, l’Allemande Angela Merkel aurait mis Alexis Tsipras face à une brutale alternative. Soit la Grèce se plie aux lourdes mesures avancées par l’Eurogroupe, en les mettant en œuvre dans les prochains jours, c’est l’hypothèse de la tutelle, soit elle sort, temporairement ou pas, de la zone euro, et voit ses systèmes bancaire, économique et social s’effondrer. C’est l’hypothèse du Grexit.

 

Un officiel européen proche des discussions aurait comparé cet ultimatum à un procédé de torture, celui du « waterboarding », par lequel on plonge la tête de la victime sous l’eau jusqu’à ce qu’elle avoue, dit encore le Guardian.

 

Les discussions plénières ont repris autour de 20 heures. On ignore si Alexis Tsipras a pu sortir la tête de l’eau.

 

Les argentiers de l’Eurogroupe l’ont confirmé cet après-midi à l’issue de leur double séance de négociations : le texte qu’ils soumettent aux dirigeants européens ne penche pas, et c’est un euphémisme, pour l’acceptation des propositions pourtant très conciliantes du gouvernement grec. « Un long chemin a été parcouru, mais quelques questions importantes restent ouvertes », a indiqué leur président, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem.

 

 

L’Eurogroupe plus dur que le FMI, la BCE et la Commission…

 

L’Eurogroupe prône la création d’un fonds de 50 milliards d’euros, alimenté par des actifs publics grecs, qui serait administré par les instances européennes. Ce fonds, en fait une mise sous tutelle européenne d’actifs grecs, est censé restaurer la confiance des créanciers en la bonne volonté grecque. Il réclame aussi de la Grèce un excédent primaire (c’est-à-dire un budget en boni, intérêts de la dette exceptés) de 3,5 % du PIB en 2018. Une demande que les experts, y compris du FMI, de la BCE et de la Commission européenne estimaient samedi, lorsqu’ils ont présenté la situation grecque au même Eurogroupe, avaient estimée irréaliste…

 

Article en intégralité sur Rtbf.be.




Surtout que la Grèce est très loin d’être le pays le plus endetté de la planète. Je vous laisse deviner lequel bat tous les records ? Les États unis, et cela officiellement, alors imaginez de manière officieuse le véritable niveau d’endettement…

 

La Grèce n’est pas le pays le plus endetté au monde, loin de là. Il fait même figure de petit débiteur. Le podium est occupé par les États-Unis, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. La France est au pied du podium.

 

Il est 17 h. Chaque Américain est endetté à hauteur de 47,749 dollars, chaque Britannique de 43,014, chaque Français de 38,621. Et chaque Grec de 22,901 dollars.

 

Pour la dette publique, les États-Unis continuent d’occuper la première place avec plus de 15.210.772.950.820 dollars. Quinze mille 210 milliards 772 millions 950 mille 820 dollars. Soit 7 fois la dette de la France.

 

La Grèce arrive loin derrière avec 261,987,431,694 dollars. 261 milliards de dollars.

 

Article complet+lien sur Geopolis.francetvinfo.fr

 

 

 

Par lesmoutonsenrages.fr – le 12 juillet 2015.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

En finir avec la double conjuration de Washington et de Bruxelles

En finir avec la double conjuration de Washington et de Bruxelles | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Illustration : kiosqueinternational.com


 

En finir avec la double conjuration

 de Washington et de Bruxelles

 

« Le seul ennemi du peuple, c’est son gouvernement. » Cette phrase prêtée à Danton résonne aujourd’hui d’une tragique actualité dans une Europe aux relents totalitaires (1). Le projet européen a en effet échappé aux nations et à leurs peuples pour accoucher d’un monstre glacé piloté par des technocrates sans âmes (2). Gangréné par un capitalisme-terminal façon Goldman-Sachs, il rançonne désormais sa population, poussant des peuples entiers dans la précarité pour satisfaire la voracité de ses parrains. Au plan extérieur, il est totalement soumis à son souteneur étasunien qui utilise dès lors librement son sol pour y exporter ses passes d’armes, en attendant d’y régurgiter ses OGM et son hamburger aux hormones à grands coups de TTIP. Pour reprendre le contrôle de leur destin et échapper à la guerre, les peuples d’Europe vont donc devoir en finir avec cette double conjuration de Washington et de Bruxelles.

 

 

Guerre US sur sol européen

 

S’agissant de l’agressivité de l’Empire US, les dernières nouvelles sont éloquentes. L’OTAN ne cesse ainsi d’engraisser (3) et continue son expansion vers l’Est en bombant le torse (4). Les USA acheminent même en ce moment leurs propres armes lourdes dans 7 pays européens (5). Ce à quoi les Russes répondent en annonçant le renforcement de leur arsenal nucléaire (6). Tous les ingrédients de la guerre sont là, ne manque que l’étincelle.


 

À l’intérieur du Bloc atlantiste lui-même, le pseudo-scandale des écoutes du portable de Merkel a débouché sur les révélations de collaboration intense entre les Services secrets allemands et la NSA pour espionner… les autres Européens (7). Quant au nouveau pseudo-scandale des écoutes des présidents français, Obama a promis pour la dix-septième fois, en se mordant les lèvres pour ne pas rire, de ne plus écouter ses laquais qui de toute façon, il le sait bien, se coucheront à la fin (8). L’attentat survenu en France vendredi a d’ailleurs balayé tout cela plus vite qu’attendu.


Plus besoin d’en rajouter sur la grand-guignolesque indignation/mobilisation anti-NSA (9) (de grâce, lisez ce texte flamboyant de Philippe Grasset qui dit tout de l’âme molle de la pègre au pouvoir).

 

Retour donc à l’union sacrée atlantiste antiterroriste, c’est tellement plus simple de servir.
Donc au final, l’organigramme du Bloc reste limpide. Tout en haut, l’Empire US et tout en bas, l’Europe.
Résultat de courses : pour tenter de persévérer dans son être, l’Empire US peut tranquillement préparer l’Europe à devenir son champ de bataille dans le cas d’une confrontation militaire avec la Russie.
 Tout le montage ukrainien (10) n’aura d’ailleurs servi qu’à cela.



 


Occupation de l’Europe

 

En phase terminale d’effondrement – du fait de sa décomposition systémique couplée à l’agonie du dollar et à la pression des pays Brics – l’Empire US veut en effet se ménager la possibilité de renverser la table le cas échéant.
Pour l’heure, cette Guerre Froide 2.0 lui a permis de créer une stratégie de tension à l’échelle internationale et destinée à perdurer des années contre la Russie.

 

Elle lui permet surtout de fracturer durablement l’Eurasie pour empêcher la constitution d’un Bloc Euro-Brics concurrent. Elle lui assure enfin la pérennité de la soumission européenne, le contrôle militaire du continent, bref, son occupation de fait.
Reste que si la manœuvre échoue à contrer la montée en puissance de la Russie et des Brics, alors les USA pourront toujours se laisser tenter par l’aventure militaire en rêvant de Trente nouvelles Glorieuses, et à la dictature absolue qu’ils pourront y installer grâce à un « reload » complet du Système enfin expurgé de l’insoutenable dissidence qu’aura permise la parenthèse de l’Internet libre.



 

 

Eurogroupies lobotomisées

 

Or si le détonateur de la crise ukrainienne a pu être armé sur le sol de l’Europe ; si cette guerre froide frauduleuse a pu s’y développer, c’est bien grâce à la trahison d’une élite de technocrates européens amoureux de leur servitude, car toujours hypnotisés par les paillettes hollywoodiennes.

 


Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale en effet, la fascination exercée par les États-Unis ne s’est hélas jamais démentie pour cette génération d’eurogroupies lobotomisées par des décennies de soft power US.
 Malgré les massacres de masse en Irak ; malgré le chaos organisé au Moyen-Orient ; malgré les morceaux de cervelles d’enfants qui pendouillent aux parkas de ses GI ; malgré la généralisation de la torture et de l’espionnage ; malgré le mépris affiché de Washington pour ses laquais, les États-Unis restent imperturbablement un grand frère un peu turbulent, mais sympathique.

 

Un constat encore plus vrai désormais dans des pays d’Europe de l’Est trop fraîchement libérés du traumatisme soviétique. 
Toute cette élite se laisse d’autant plus volontiers bercer par l’illusion de la vertu américaine qu’elle en est surtout totalement prisonnière. Sept décennies de domination US ont en effet conduit à l’imbrication des structures économiques des deux continents au point que nos technocrates européens, définitivement vaincus aussi bien dans leurs rêves que dans leur ADN, ne réussissent même plus à imaginer de futurs hors la soumission aux USA. 
D’où le constat que pour en finir avec Washington, il faut d’abord en finir avec cette élite bruxelloise illégitime.

 

 

Bruxelles contre les peuples

 

S’agissant de l’Europe donc, les dernières nouvelles sont également éloquentes. Sur le front du racket intérieur, on a d’abord l’Eurogroupe contrôlé par le kaiser allemand qui cherche à briser définitivement les reins de la Grèce pour sauver sa monnaie de singe et, accessoirement, son racket en bande organisée sous couvert de plan d’austérité.

 

Rappelons par exemple que si les fameux programmes d’aide à la Grèce se sont bien élevés à la somme faramineuse de 310 milliards d’euros, 270 milliards n’ont jamais franchi la frontière grecque puisqu’ils ont directement été renflouer les caisses de banksters privés.

 

En 5 ans de solidarité européenne, la Grèce a ainsi perdu 1 million d’emplois et 30 % de ses entreprises ; le PIB a chuté de 25 % ; les salaires ont baissé de 38 % ; les retraites se sont effondrées de 45 % et les seules choses qui ont augmenté, ce sont la mortalité infantile (+43 %) ; le taux de chômage (+190 %) ; la dette publique (+35 %, ce qui prouve au passage que les prêts du FMI étaient illégaux) et le taux de pauvreté (+98 %).

En Grèce, deux personnes se suicident désormais tous les jours.

 

Franchement, on se demande ce qui se serait passé si l’Europe n’avait pas voulu aider, mais couler la Grèce.

 

 

L’Europe libérée des chaînes de la démocratie


 

Durant les négociations avec Athènes, l’Eurogroupe n’a ainsi jamais voulu trouver un accord juste et décent, mais punir le Gouvernement Tsipras pour sa résistance. Comme le souligne Jacques Sapir, il est clair que les pays de l’Eurogroupe voulaient à tout prix « sauver leur politique d’austérité » et « maintenir le flux d’argent engendré par les remboursements de la Grèce, car ce flux profite largement aux institutions financières de leurs pays » (11). On en est désormais au point où les technocrates européens en viennent à comploter contre Syriza en rêvant d’une « révolution orange » qui renverserait le parti au pouvoir (12).

 

Fameuse leçon de démocratie s’il en est.

 

Dans le sud de l’Europe, la solidarité de Bruxelles a aussi fait des miracles comme en Espagne, où 600’000 personnes ont déjà perdu leur logement depuis 2008, et où le chômage des jeunes dépasse les 50 % (13). Mais la victoire de Podemos, qui fait écho à celle de Zyriza, signe peut-être là aussi un début de résistance dans ce pays.

 

Mais qu’à cela ne tienne, l’austérité pour les peuples, les gros bonus pour les banksters et le corporate power, la soumission à l’Empire US : tels sont les ingrédients de la formule magique concoctée pour tous par Bruxelles.

 

Et si cela ne plaît pas, c’est le même prix. En déclarant, entre deux dérapages avinés (14), qu’« il ne peut y avoir de décision démocratique contre les Traités européens », le Président de la Commission européenne et ancien spécialiste de l’évasion fiscale au Luxembourg, Jean-Claude Juncker, a en effet confirmé que l’Europe s’était définitivement libérée des chaînes de la démocratie.

 

Peut-être, le traitement abject réservé au peuple grec et l’ouverture du territoire européen aux aventures militaires américaines serviront-ils d’électrochoc pour mettre un terme à cette dérive affolante.

 

En tout état de cause, il est désormais clair que pour éviter la guerre et permettre aux peuples de reprendre leur destin en mains, il faut en finir la double conjuration de Washington et de Bruxelles.

 

C’est-à-dire avec le fascisme mou de la technocratie européenne actuelle ; refonder une Europe des peuples dans le respect de la souveraineté des nations ; et libérer cette nouvelle Europe du joug étasunien.

 

Vaste programme, certes.

 

 

 

Par entrefilets.com, le 26 juin 2015


 

 

 

Notes :

1 (Brève et rare incursion du torchon bobo-altantiste Libération dans le monde du réel) La raison délirante de l’Europe, un nouveau fascisme mou ?

2 J’ai vécu dans votre futur et ça n’a pas marché

3 Doublement de la force de réaction rapide de l’OTAN

4 Exercices de l’OTAN en Lettonie : des B-52 s’entraînent à larguer des bombes

5 Armes lourdes US dans 7 pays européens

6 La Russie pourrait renforcer son arsenal nucléaire pour contrer la menace US (en 2015 : 40 missiles balistiques)

7 Comment les services secrets allemands et la NSA ont espionné la France

8 Les Européens : tous espionnés, le sachant et contents de l’être ([Obama promet de ne plus écouter Hollande]

9 Le fardeau du Général

10 Enfumage ukrainien, contre-propagande

11 Les intérêts spéciaux des Européens dans l’affaire grecque

12 La Grèce, la politique et l’économie  ///  Quand « Le Monde » rêve d’un putsch contre Tsipras

13  600.000 Espagnols ont perdu leur logement

14 Juncker the drunker se lâche

14bis  Un Président à 60 %.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Pourquoi la Grèce provoque-t-elle l’Allemagne sur les réparations de guerre ?

Pourquoi la Grèce provoque-t-elle l’Allemagne sur les réparations de guerre ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : la Grèce demande 278,7 milliards d'euros à l'Allemagne. Pourquoi ? (Crédits : reuters.com)

 

Pourquoi la Grèce provoque-t-elle l’Allemagne

sur les réparations de guerre ?

 

Les 278,7 milliards d’euros que la Grèce pourrait demander à l’Allemagne au titre des indemnités de guerre provoquent la colère des politiques et des médias européens. Mais pourquoi le gouvernement Tsipras soulève-t-il cette question ?

 

Le gouvernement grec joue-t-il avec le feu ? La question mérite d’être posée alors que la nouvelle majorité élue le 25 janvier a lancé plusieurs initiatives ces derniers jours : l’évaluation de la « dette de guerre » allemande, la mise en place d’une commission d’évaluation de la dette et la mise en place d’une commission parlementaire sur les conditions du « sauvetage » de 2010.

 

 

Une absurdité risquée ?

 

En Europe, c’est surtout la première question qui provoque des cris d’orfraie, surtout après que le vice-ministre aux Finances, Dimitris Mardas, a estimé à 279 milliards d’euros ce que devrait l’Allemagne à la Grèce. Le vice-chancelier social-démocrate allemand Sigmar Gabriel a jugé cette demande « stupide. » Comment, a priori, ne pas lui donner raison ? La somme est considérable et il est certain que l’Allemagne ne versera jamais à la Grèce un tel montant. On sait aussi que seule la Grèce demande le versement de telles indemnités, alors que les autres pays victimes du nazisme se taisent.

 

On peut s’arrêter à cette stupidité. Et estimer donc que la Grèce joue là un jeu dangereux. Le quotidien Le Monde estime ainsi qu’Athènes prend trois risques. Le premier, celui de tenter de « désigner un responsable extérieur » à sa situation ; le second, de s’ôter l’argument du pragmatisme en demandant ce qu’on lui demande, le paiement d’une dette impossible à payer ; le troisième, enfin, celui de détruire le principe de la solidarité européenne en remettant en cause le principe sur l’Union européenne serait fondé, « le dépassement du cycle de guerres et d’humiliations qui a conduit l’Europe à la ruine. »

 

 

La Grèce isolée ? C’est déjà fait !

 

En réalité, le jeu peut être un peu plus fin que celui que l’on croit. Rappelons d’abord que la Grèce n’a pas besoin de cette question (comme elle n’a pas davantage besoin d’un rapprochement avec Moscou) pour se retrouver isolée en Europe. Elle l’est depuis le 26 janvier, autrement dit depuis la constitution du nouveau gouvernement. Les réunions de l’Eurogroupe ont montré cet isolement et le dialogue de sourds depuis le 20 février l’a confirmé. L’utilisation de cette question des réparations de guerre répond donc à une logique de bras de fer et de rapport de force dans lequel la Grèce joue, quoiqu’il arrive, seule contre tous. Il est évident, n’en déplaise à beaucoup, que les leaders grecs ne sont pas plus stupides que la plupart des journalistes européens. Ils savent donc pertinemment que l’Allemagne ne fera jamais un chèque de 279 milliards d’euros à la Grèce. Pourquoi alors soulever cette question ?

 

 

Message à l’opinion grecque

 

D’abord, parce que c’est un message envoyé à l’opinion grecque. Les élections du 25 janvier a été une révolte contre le sentiment d’humiliation très fort qu’ont représenté les années « troïka » en Grèce. Alexis Tsipras sait que l’essentiel de sa popularité réside dans sa capacité à résister aux demandes des créanciers. Cette question des réparations entre dans la même logique : il s’agit de montrer aux Grecs que la Grèce parle d’égal à égal à l’Allemagne et peut évoquer les sujets qui fâchent. Longtemps, les gouvernements grecs ont évité le sujet, sans néanmoins obtenir de véritable respect de la part des Européens. Cette époque est terminée et le gouvernement grec souhaite montrer qu’il ose désormais mettre ces sujets sur la table. Dans l’esprit des nouveaux dirigeants grecs, à tort ou à raison, ceci répond à deux besoins. Le premier est que l’économie nationale ne se redressera que si les Grecs reprennent confiance en eux et retrouvent donc cette « fierté nationale » que les cinq dernières années leur ont largement ôtée. Le second est que, si les négociations viennent à prendre un tour négatif, le gouvernement aura besoin du soutien populaire, il doit donc ménager sa popularité.

 

 

La recherche de responsables extérieurs ?

 

Contrairement à ce qu’affirme Le Monde, le gouvernement grec n’a jamais cherché à établir un lien entre l’absence du paiement de réparations et la situation actuelle du pays. Si on lit le discours d’Alexis Tsipras sur le sujet prononcé le 10 mars devant la Vouli, le parlement grec, on cherchera en vain un tel raccourci. Du reste, l’actuelle majorité a lancé deux commissions distinctes pour établir la légitimité de la dette et du « sauvetage » de 2010. Mais ces commissions elles-mêmes ne visent-elles pas à éviter les responsabilités du pays dans l’actuelle crise ? Là encore, c’est un procès d’intention récurrent adressé aux Grecs, mais qui est peu fondé. Compte tenu de l’ampleur de la crise, l’établissement des responsabilités n’est pas un luxe superflu.

 

La Grèce n’est pas seule dans ce domaine : les deux chambres du parlement irlandais (Oireachtas) ont lancé également une commission d’enquête sur les causes de la crise bancaire et de la crise de 2010-2011. Ces démarches apparaissent en réalité comme des signes de responsabilité : on cherche à comprendre les causes d’une crise pour pouvoir éviter sa reproduction. Ce qui est plutôt étonnant, c’est le refus des Européens de prendre leur part de responsabilité. Ainsi la BCE et son président d’alors, Jean-Claude Trichet a-t-elle toujours refusé de se présenter devant la commission de l’Oireachtas, arguant du fait qu’elle n’avait à s’expliquer (ce qui n’est pas rendre des comptes) que devant le parlement européen. Un parlement européen qui a refusé, à la demande des conservateurs allemands, une commission d’enquête officielle sur les actions de la troïka. Et l’on se souvient que la Commission européenne, à la différence du FMI, n’a jamais accepté son erreur sur sa stratégie d’austérité des années 2010-2012. Où est alors la fuite devant les responsabilités ?

 

Là encore, l’attitude du gouvernement grec tranche avec celle des Européens. Car, la responsabilité grecque ne sera certainement pas dissimulée par ces commissions. Pour preuve : Nouvelle Démocratie a voté contre l’établissement de la commission sur 2010. Et c’est bien le but : montrer aux Grecs que l’on n’évite aucun sujet désormais, à la différence des précédents gouvernements. Et, en passant, mettre en exergue l’absence de responsabilité des Européens.

 

 

Valeur comparative des demandes grecques

 

La question des réparations a en fait surtout une valeur « comparative. » Il s’agit de montrer ce à quoi l’Allemagne a « échappé » grâce à la bienveillance des vainqueurs. Il s’agit de montrer précisément que si une dette de 278,7 milliards d’euros est un fardeau « absurde » pour l’Allemagne dont le PIB est de 3.000 milliards d’euros, une dette de 320 milliards d’euros l’est d’autant plus pour un pays comme la Grèce dont le PIB est de 192 milliards d’euros. Soulever cette question n’affaiblit donc pas le « pragmatisme » de Syriza, comme le soutient Le Monde, il le renforce. S’il est en effet légitime que l’Allemagne juge « absurdes » les réclamations grecques, si l’on considère que le temps doit effacer les responsabilités allemandes, comment peut-on ne pas juger tout aussi « absurde » d’exiger de la Grèce qu’elle rembourse intégralement et pendant 39 ans une dette qui est insoutenable pour son économie ? Une dette est une dette. Le temps ne change rien à l’affaire. Le Royaume-Uni a remboursé récemment ses dettes émises pour financer la guerre de 1914-1918. Pourquoi l’Allemagne serait-elle exemptée de faire face à ses responsabilités d’il y a 70 ans ? Rejeter la dette allemande doit amener à rejeter la dette grecque. Voilà pourquoi Athènes à tout intérêt à renoncer à cette somme due par l’Allemagne... en échange évidemment d’une position plus souple de ses créanciers.

 

 

Éviter de répéter les erreurs du passé

 

Ce que cette affaire permet de soulever, c’est donc le risque d’un « deux poids, deux mesures » en Europe, qui briserait la solidarité européenne. Car les cas de l’Allemagne de l’après-Première Guerre mondiale et de la Grèce d’aujourd’hui ne sont pas si dissemblables. Ce que les alliés ont, après la Première Guerre mondiale, imposé (en vain, du reste) à une Allemagne vaincue au nom de la morale, autrement dit le paiement des réparations, n’est pas très différent de l’exigence de remboursement intégral imposé aussi au nom de la morale à une Grèce qui a déjà connu une baisse d’un quart de son PIB (un record en temps de paix). En 1953, les créanciers de l’Allemagne avaient fait preuve de solidarité et évité l’humiliation de 1919 par une restructuration de la dette. Le gouvernement grec ne demande rien d’autre aujourd’hui.

 

Nul doute que la Grèce acceptera un règlement « symbolique » de cette question si l’Allemagne favorise un règlement « raisonnable » du problème hellénique. Mais c’est seulement en soulevant cette question des réparations que la Grèce peut aujourd’hui, compte tenu de l’inflexibilité des Européens, de relativiser la « morale » affichée par les créanciers de la Grèce.

 

Dans le dialogue de sourds actuel, discuter n’est plus possible. En augmentant la tension par une demande immense, les Grecs peuvent donc espérer que l’Allemagne aura tout intérêt à éviter l’escalade sur cette question. Et donc à faire tomber la tension. Il ne s’agit donc pas de rouvrir des plaies, mais d’éviter d’en ouvrir de nouvelles. Sans prise en compte du problème de la dette publique, la Grèce restera longtemps un problème et un fardeau pour l’Europe. Acculé par l’inflexibilité européenne, le gouvernement grec doit contre-attaquer. Mais son but pourrait être de parvenir à un compromis acceptable, pas davantage. Ce dont les créanciers ne veulent pas entendre parler pour l’instant. Mais pour prendre conscience de certaines situations, un électrochoc est parfois nécessaire.

 

 

Par Romaric Godin - latribune.fr – le 7 avril 2015.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

DETTE PUBLIQUE & BANCOCRATIE

DETTE PUBLIQUE & BANCOCRATIE | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Image : Karl Marx


LA DETTE PUBLIQUE ET LA BANCOCRATIE

 


La dette publique marque de son empreinte le capitalisme. La seule partie de la prétendue richesse nationale qui entre réellement dans la propriété collective des peuples modernes, c’est leur dette publique. Il n’y a donc pas à s’étonner de l’idée que pour la classe dominante, plus un peuple s’endette, plus il s’enrichit. Le crédit, voilà le credo du capitalisme…

 

La dette publique devient un des leviers les plus puissants de l’accumulation du capital. Par un coup de baguette magique, elle dote l’argent par nature improductif et le convertit ainsi en capital : sans qu’il ait à subir les risques inséparables de sa transformation éventuelle en marchandise.

 

Les acheteurs de dettes publiques font une bonne affaire, car leur argent métamorphosé en bons du Trésor faciles à vendre continue généralement à fonctionner entre leurs mains comme autant d’argent liquide. Pour les intermédiaires financiers entre le gouvernement et les capitalistes, ces sommes sont un capital tombé du ciel. La dette publique alimente, les marchés financiers, la spéculation, et le système bancaire moderne.

 

Dès leur naissance, les grandes banques affublées du nom de banques publiques ou nationales, n’étaient que des associations de spéculateurs privés s’établissant à côté des gouvernements et, grâce aux privilèges qu’ils en obtenaient, prêtaient l’argent du public. L’accumulation de dettes publiques a pour mesure infaillible le volume et le cours des emprunts d’État émis par ces banques.

 

Comme la dette publique est assise sur le revenu public, qui doit en payer le remboursement et les intérêts, le système moderne des impôts est le corollaire obligé des emprunts et donc des dettes publiques. Les emprunts permettent aux gouvernements de faire face aux dépenses extraordinaires sans que les contribuables s’en ressentent immédiatement, mais ils entraînent à leur suite une augmentation des impôts.

 

La fiscalité moderne, dont les impôts indirects sur les objets de première nécessité forment le pivot, renferme donc en soi un germe de progression automatique. L’influence délétère qu’il exerce sur la situation des salariés s’est accompagnée historiquement de l’expropriation massive et forcée des paysans, des artisans, et des autres éléments de la petite classe moyenne. C’est la cause première de la misère des peuples modernes.

 

Dettes publiques, exactions fiscales, régime colonial, protectionnisme, guerres commerciales, etc. Ces rejetons de la fin du XVIIe siècle prennent un développement gigantesque lors de la naissance de la grande industrie au XIXe siècle. Voilà ce qu’il en a coûté pour dégager les « lois naturelles et éternelles » du capitalisme. Ne dirait-on pas que l’humanité est un séjour de damnés ? C’est avec des taches de sang sur une de ses faces que l’argent est venu au monde. Le capitalisme vient au monde en transpirant de la tête aux pieds, la sueur et le sang.

 

 

KARL  MARX

 

Source du texte : 2ccr.wordpress.com (Robert Gil) – le 1er janvier 2015

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Les Grecs n’ont pas à payer une dette qui n’est pas la leur

Les Grecs n’ont pas à payer une dette qui n’est pas la leur | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Massimiliano Calamelli / Flickr cc

 

Les Grecs n’ont pas à payer une dette

qui n’est pas la leur

Par Patrick Saurin (*)

 

 

De grandes institutions qui violent les règles élémentaires de droit, bafouent leurs propres statuts, tolèrent des malversations et des fraudes, de grands responsables politiques et financiers pris en flagrant délit d’infraction et de malversation, et pour finir un peuple grec floué, humilié et spolié, telle est la triste réalité que révèle en pleine lumière le Rapport préliminaire de la Commission pour la Vérité sur la Dette grecque |1|.

 

Contrairement à ce que répète à l’envi la cohorte d’experts et de journalistes invités à demeure des plateaux de télévision, des radios et de la presse écrite, la crise grecque ne trouve pas son origine dans un peuple essentialisé comme fainéant, fraudeur et vivant à bon compte sur le dos de l’Europe et de ses habitants. C’est une toute autre histoire que met en évidence la Commission à l’issue de ses premières investigations.

 

 

Aléa (moral) jacta est

 

En effet, la crise de la dette publique grecque est en réalité une crise générée par quelques grandes banques, en particulier françaises et allemandes, qui après avoir privatisé des profits conséquents, ont socialisé une bonne partie de leurs pertes, non moins conséquentes, par une manipulation digne des praticiens du jeu de bonneteau.

 

Dans cette escroquerie à grande échelle, le rôle du bonneteur ou manipulateur est tenu par les banques, celui des complices ou « barons » par la Troïka (le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne), celui des seconds couteaux par les gouvernements des États européens, et enfin celui de la victime par le peuple grec. Le préjudice subi s’élève à 320 milliards d’euros, le montant de la dette grecque.

 

L’histoire commence au début des années 2000, à un moment où les grandes banques occidentales décident de déverser massivement sur le marché grec, qu’elles estiment plus rémunérateur pour elles que leur marché national, une part importante des énormes liquidités dont elles disposent. Prises d’une frénésie irrépressible, elles prêtent aux entreprises, aux particuliers, à l’État grec et procèdent à l’acquisition de filiales sur place pour opérer plus facilement, à l’exemple du Crédit Agricole avec Emporiki et de la Société Générale avec Geniki.

 

Inondées de liquidités, les banques grecques, privatisées depuis 1998, se lancent à leur tour dans l’octroi d’une quantité d’emprunts sans prendre la peine de procéder à l’analyse du risque qui est pourtant la base du métier de banquier. Ainsi, entre 2000 et 2009, les crédits explosent, les prêts aux ménages et les crédits immobiliers sont multipliés par 6, les financements aux entreprises doublent. Tout n’est que profit, calme et volupté dans le petit monde de la finance jusqu’à ce qu’éclate la crise de 2008-2009.

 

Née aux États-Unis avec la crise des subprimes qui a vu la spoliation de millions de ménages modestes, la crise devient internationale et gagne l’Europe et la Grèce. En Grèce, de nombreux ménages se retrouvent brutalement dans l’incapacité de payer leurs échéances et les banques sont aux abois. C’est alors qu’interviennent les gigantesques plans de soutien aux banques mis en place par la Banque Fédérale aux États-Unis (29 000 milliards de dollars) et par la Banque centrale européenne (5 000 milliards d’euros) car, fidèles pratiquants du commandement de l’aléa moral, les banquiers se sont empressés de faire supporter leurs pertes par les États, c’est-à-dire par les contribuables.

 

 

La Troïka ou l’éloge du crime en bande organisée

 

En 2009, en Grèce, la falsification des chiffres du déficit et du niveau de la dette publique donne le prétexte qui manquait pour justifier l’intervention du FMI au côté de ses deux complices, la Banque centrale européenne et la Commission européenne. Sous couvert de « plans de sauvetage » de la Grèce, cette Troïka va imposer au pays deux memoranda. Ces derniers prévoient des financements importants, respectivement de 110 et 130 milliards d’euros, mais qui, pour l’essentiel ne vont bénéficier qu’aux banques grecques et étrangères qui recevront plus de 80 % des sommes débloquées. Mais surtout, ces plans d’ajustement sont accompagnés de drastiques mesures d’austérité : licenciements massifs dans la fonction publiques, coupes dans les services publics, diminutions des salaires et des pensions, bradage du patrimoine du pays. Les effets de ces politiques vont être catastrophiques : en quelques années, le pays perd 25 % de son PIB, voit son taux de chômage tripler pour atteindre 27 % (60 % chez les jeunes et 72 % chez les jeunes femmes), et en lieu et place d’une diminution de la dette publique, on voit celle-ci augmenter jusqu’à 320 milliards d’euros pour représenter 177 % du PIB en juin 2015.

 

 Dans ces plans d’austérité imposés à la Grèce, le plus inadmissible est la crise humanitaire qu’ils ont suscitée en frappant indifféremment enfants, personnes âgées, migrants, malades, femmes isolées sans emploi, c’est-à-dire les plus fragiles de la société.

 

Gabriel Sterne, un économiste d’Oxford Economics (une société de conseil spécialisée dans l’analyse économique et la prospective), reprenant une étude d’économistes du FMI portant sur 147 crises bancaires sur la période 1970-2011 |2|, constate que la crise grecque fait partie des 5 % des crises les plus graves. La chute de 42 % du PIB de la Grèce entre 2008 et 2015 est un phénomène qui n’a été observé que dans des pays confrontés à des guerres, à des effondrements du cours des matières premières et en Argentine dans les années 1980 et 1995 |3|.

 

 

2012 : Une restructuration de la dette au profit de la Grèce ? Non, une gigantesque opération de transfert des risques des banques privées vers le secteur public.

 

L’événement le plus important dans la crise grecque ces dernières années, c’est le changement radical quant aux détenteurs de la dette publique. Alors qu’à la fin des années 2000 cette dette était à 80 % entre les mains des investisseurs financiers privés, aujourd’hui, c’est le secteur public qui la détient dans les mêmes proportions. Les économistes Benjamin Coriat et Christopher Lantenois ont attiré l’attention sur cette inversion de la dette grecque au niveau de sa structure à l’issue de la restructuration de 2012 dont l’objet essentiel était d’opérer « un transfert massif de risque du privé au public » |4|. Leurs collègues Zettelmeyer, Trebesch et Gulati soulignent également ce phénomène inhabituel : « Nous n’avons pas connaissance dans toute l’histoire des dettes souveraines d’un autre cas de « migration de crédit » du secteur privé vers le secteur public aussi énorme. » |5|

 

Cette « migration de crédit » obéissait au souci de sauver les banques, et non la Grèce et sa population. En juin 2013, ATTAC Autriche a publié une étude très détaillée pour identifier les véritables bénéficiaires du soi-disant « sauvetage » de la Grèce intervenu entre mai 2010 et juin 2012. Sur un total de 206,9 milliards d’euros, il est ressorti que 77 % avaient été affectés au secteur financier. L’étude précise que « ces 77 % constituent… un minimum d’un montant qui a pu être sous-estimé. » |6| Même Jean Arthuis, président de la commission des budgets au Parlement européen, le reconnaît dans un entretien donné le 11 mai 2015 au journal Libération : « on a, en fait, transféré le mistigri des banques aux États » |7|.

 

 

La dette grecque est totalement insoutenable et en grande partie illégale, illégitime et odieuse

 

L’enquête minutieuse de la Commission a relevé de multiples irrégularités dans la mise en place des financements. Là encore, la liste est longue. Ainsi, le FMI dont l’article 1 des statuts indique qu’il a pour but de « contribuer… à l’instauration et au maintien de niveaux élevés d’emploi et de revenu », participe à la mise en place de memoranda qui prévoient de massives suppressions d’emplois et de drastiques diminutions de salaires et pensions. De même, la BCE a outrepassé son mandat en imposant, dans le cadre de sa participation à la Troïka, l’application de programmes d’ajustement macroéconomique (à savoir l’ignominieuse réforme du marché du travail). De son côté, le FESF a violé l’article 122.2 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) qui autorise le financement d’un État membre « lorsqu’un État membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d’événements exceptionnels échappant à son contrôle ».

 

Or la Grèce ne rentrait pas dans ce cadre car, à l’instar d’autres pays de l’Union européenne, elle avait vu sa situation se détériorer suite à la mise en œuvre des conditionnalités fixées dans les protocoles d’accord, sachant par ailleurs que la mise en place du prétendu « programme d’aide » (le Memorandum of Undestanding) s’est faite en violation de la procédure de ratification telle que prévue dans la Constitution grecque. On peut également considérer que les prêts bilatéraux consentis par les États présentent de nombreuses irrégularités ou clauses abusives, notamment lorsque l’accord de facilité de prêt prévoit que les dispositions de l’accord doivent être mises en œuvre même si elles sont illégales. Enfin, les dettes des créanciers privés peuvent être également considérées comme illégales car elles révèlent une attitude irresponsable des banques privées avant l’arrivée de la Troïka et une mauvaise foi de certains créanciers privés qui ont spéculé sur la dette grecque en utilisant les Credit default swaps (CDS).

 

De nombreux droits humains (droit à la santé, au logement, à l’éducation, à la Sécurité sociale, droit du travail etc.) sont foulés aux pieds au prétexte qu’il faut d’abord payer la dette, alors que les traités internationaux, la Constitution grecque et la réglementation de l’Union européenne et celle de ses États membres prévoient précisément le contraire.

 

Par ailleurs nombre de contrats de prêts ont été entachés de lourdes irrégularités. La violation de la procédure de ratification telle que prévue dans la Constitution grecque rend tout simplement inconstitutionnel les conventions de prêt et les protocoles d’accord. Les deux clauses de délégation au Ministre des finances ne sont pas constitutionnelles. D’autres clauses abusives imposées par les créanciers violent la souveraineté de l’État grec, comme celle par laquelle ce dernier en tant qu’emprunteur « renonce… de façon irrévocable et inconditionnelle, à toute immunité à laquelle il a ou pourrait avoir droit, eu égard à lui-même ou à ses biens, par rapport à toute procédure juridique en rapport avec cette convention… » |8| Plus grave encore, certains contrats ont donné lieu à de grossières malversations, comme par exemple des versements de fonds réalisés sans facture pour des contrats d’armement, ainsi que nous l’a appris le nouveau ministre grec de la défense à l’occasion d’une rencontre à son ministère.

 

 

En résumé, on peut conclure que la dette publique grecque est illégale car elle a été consentie en violation de procédures légales, des droits nationaux, du droit de l’Union européenne et du droit international. Cette dette est également illégitime en ce sens qu’elle n’a pas servi l’intérêt général, elle n’a pas bénéficié à l’ensemble de la population mais à une petite minorité d’intérêts particuliers. Cette dette présente un caractère odieux car, lors de sa mise en place, les créanciers savaient qu’ils violaient des principes démocratiques avec pour conséquence le non-respect de droits humains fondamentaux. Enfin cette dette est en totalité insoutenable en ce sens qu’elle empêche l’État grec de respecter ses obligations en matière de droits humains fondamentaux.

 

 

Que peut faire l’État grec aujourd’hui ?

 

Le rapport préliminaire établi par la Commission fournit aux autorités grecques de nombreuses pistes de droit pour la suspension et la répudiation de la dette souveraine grecque.

 

L’article 26 de la Convention de Vienne sur le droit des traités dispose que les traités qui lient les parties doivent être exécutés de bonne foi. La mauvaise foi et la contrainte (observée notamment lors de la renégociation de la dette) sont des motifs de nullité. En droit international, un État lésé peut ne pas exécuter une obligation internationale vis-à-vis d’un autre État si ce dernier s’est rendu responsable d’un acte internationalement illicite. La Constitution grecque a été violée, en particulier en ce qui concerne l’obligation d’obtenir l’accord du Parlement pour les accords internationaux. Enfin, les droits humains, consacrés à l’article 103 de la Charte des Nations Unies, priment sur les autres obligations contractuelles.

 

En plus de ces fondements de droit, l’État grec peut décider une suspension unilatérale de sa dette en se fondant sur l’état de nécessité. Toutes les conditions pour la mise en place d’une telle décision sont remplies dans la mesure où les autorités grecques doivent protéger un intérêt essentiel de l’État contre un péril grave et imminent et qu’elles ne disposent pas d’autre moyen à leur disposition pour protéger l’intérêt essentiel en question. Enfin, lorsqu’un État est confronté à une dette insoutenable, il peut unilatéralement décider de faire défaut car l’insolvabilité souveraine a sa place dans le droit international.

 

Face à des institutions aveuglées par une haine de classe et à des créanciers corrompus et dépourvus de tout scrupule, les autorités grecques auraient bien tort de se priver de ces moyens de droit même si leur mise en œuvre ne peut répondre qu’à une partie des problèmes auxquels est confrontée leur pays depuis des mois. La décision prise à l’unanimité par le conseil des ministres grec de consulter la population sur la dernière proposition des institutions européennes pourrait bien être la première étape d’un processus qui mène à l’annulation de la dette grecque ou tout au moins à une partie significative de celle-ci. Aujourd‘hui, à quelques jours du référendum, le soutien international au peuple grec doit s’intensifier pour l’appuyer dans son refus du projet de la Troïka qui doit être remplacé par un programme alternatif, démocratique et au service de l’ensemble de la population.

 

 

 

Par Patrick Saurin - cadtm.org – le 28 juin 2015

 

 

 

Patrick Saurin a été pendant plus de dix ans chargé de clientèle auprès des collectivités publiques au sein des Caisses d’Épargne. Il est membre de l’exécutif national de Sud BPCE, du CAC et du CADTM France. Il est l’auteur du livre « Les prêts toxiques : Une affaire d’état ».

Il est membre de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce, créée le 4 avril 2015. _

 

 

 

Notes :

|1| Ce rapport a été réalisé par la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque créée le 4 avril 2015 Par Zoé Konstantopoulou, la Présidente du Parlement hellénique. Composée d’une trentaine de membres (pour moitié grecs et pour l’autre moitié de personnes représentant une dizaine de nationalités), la Commission a travaillé durant 2 mois et demi pour produire un rapport préliminaire présenté le 17 et 18 juin dernier aux autorités du pays réunies au Parlement. On peut consulter la synthèse en français de ce rapport avec le lien : http://cadtm.org/Synthese-du-rappor... et le texte complet en anglais avec cet autre lien : http://cadtm.org/Preliminary-Report-of-the-Truth.

|2| Luc Laeven & Fabián Valencia, « Systemic Banking Crises Database : an Update”, IMF Working Paper, 12/163, http://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2012/wp12163.pdf

|3| Gabriel Sterne, cité par Matthew C. Klein, « Greece : It can’t get *that* much worse, can it ?”, can http://ftalphaville.ft.com/2015/06/18/2132201/greece-it-cant-get-that-much-worse-can-it/?

|4| Benjamin Coriat, Christopher Lantenois, « De l’Imbroglio au Chaos : la crise grecque, l’Union européenne, la finance… et nous », avril 2013, p. 22,

http://www.atterres.org/sites/default/files/Note%20De%20l’Imbroglio%20au%20Chaos,%20avril%202013_0.pdf

|5| Jeromin Zettelmeyer, Christoph Trebesch, and Mitu Gulati, “The Greek Debt Restructuring : An Autopsy”, Working Paper Series, August 2013, pp. 34-35, http://www.iie.com/publications/wp/wp13-8.pdfpp 34-35.

|6| Attac, “Greek Bail-Out : 77% went into the Financial Sector“, June 17, 2013,

http://www.attac.at/news/detailansicht/datum/2013/06/17/greek-bail-out-77-went-into-the-financial-sector.html

|7| Libération, lundi 11 mai 2015, p. 11.

|8| Convention de prêt, article 14, paragraphe 5 ; Convention cadre FESF, article 15, paragraphe 2 ; MFAFA, article 15, paragraphe 4.

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Élections britanniques : les cris et les réalités

Élections britanniques : les cris et les réalités | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Élections britanniques : les cris et les réalités

Par Patrice de Plunkett (*)

 

Les titres vociférants de la presse pro-Cameron ne peuvent cacher les vrais résultats économiques du tout libéral : 

 

« Sauvez notre bacon », hurle le Sun (toujours chic) ! Il tonitrue qu’en 48 heures M. Miliband ferait à la Grande-Bretagne le même sort qu’au sandwich figurant sur la photo... Sur un ton d’apocalypse, le Daily Mail proclame : « Au nom du bon sens, ne laissez pas un zélote de la lutte des classes [M. Miliband] et le SNP [les séparatistes écossais] détruire notre économie et notre nation* ! »... Quant au Daily Telegraph, il se contente d’annoncer qu’en cas de défaite (de M. Cameron), ce serait « Cauchemar à Downing Street »

 

À la veille des élections générales britanniques, la violence des titres de la presse de droite – des tabloïds aux journaux respectables – est inversement proportionnelle à l’incertitude des sondages en ce qui concerne les deux « grands » partis : conservateurs et travaillistes. 

 

Cette violence fait comme si l’idée d’une défaite de M. Cameron était indécente, parce que le bilan économique de ce dernier serait impeccable. « La plus forte croissance des grands pays occidentaux », proclame-t-il dans ses discours...

 

Or le bilan de M. Cameron n’a rien de probant. Étudier les pages intérieures de la presse économique londonienne donne une impression qui ne ressemble pas aux propos péremptoires de nos Parisiens « expatriés » à Londres, petits messieurs auprès desquels Zlatan passerait pour francophile. Résumé de la situation britannique réelle, par l’analyste financier Paul Jackson** :

 

« Est-ce que vous investiriez dans un pays émergent qui a un déficit de ses comptes courants de 6 %, dont la position extérieure se détériore rapidement, où la banque centrale a triplé la taille de son bilan en quelques mois, où le gouvernement, bien qu’il ait rempli les poches de ses supporters, ne semble pas capable d’éviter un brutal virage à gauche ou à droite, et où des dissensions politiques internes semblent probables après les prochaines élections ? Si la réponse est non, pourquoi investissez-vous au Royaume-Uni ? »

 

Le déficit des comptes courants britanniques atteint 6 % du PIB : l’argent prend la fuite. Le déficit budgétaire atteint 5,2 % du PIB : le pays dépend de l’étranger. La dette nette publique et privée atteint 25 % du PIB : c’est plus que celle de la France... Les analystes londoniens eux-mêmes soulignent que cette hémorragie financière vient de « l’ouverture de l’économie britannique », célébrée en permanence par M. Cameron comme la réponse à tout. Ceci devrait inciter les journaux cameroniens à crier moins fort ; et nos jeunes expat » français, à baisser d’un ton dans leur francophobie à l’usage des beaux quartiers.

 

 

 

Par Patrice de Plunkett (*) - plunkett.hautetfort.com – le 6 mai 2015

______________ 

* Encore faudrait-il que l’Écosse soit la même « nation » que l’Angleterre : ce qui est historiquement inexact... (Et les « ScotNats » sont en pleine ascension dans les sondages).

** Paul Jackson, note de la société financière Source, mars 2015. 

 

 

(*) Patrice de Plunkett, né à Paris le 9 janvier 1947, est un journaliste et essayiste français, qui codirigea le Figaro Magazine… (Source Wikipédia)

No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

La « lettre ouverte » d’Alexis Tsipras aux citoyens allemands sur ce qu’on ne leur a jamais dit sur la dette grecque

La « lettre ouverte » d’Alexis Tsipras aux citoyens allemands sur ce qu’on ne leur a jamais dit sur la dette grecque | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La « lettre ouverte » d’Alexis Tsipras aux citoyens allemands sur ce qu’on ne leur a jamais dit

sur la dette grecque

 

Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre de la Grèce, a envoyé ce courrier au journal allemand Handelsblatt :

 

« Chers lecteurs de Handelsblatt,

 

Je sais d’avance que la plupart d’entre vous ont probablement une opinion déjà formée sur le contenu de cette lettre. Je vous invite, cependant, à la lire sans préjugés. Les préjugés n’ont jamais été un bon conseiller, et encore moins à un moment où la crise économique les renforce, en entretenant l’intolérance, le nationalisme, l’obscurantisme, et même la violence.

 

Avec cette lettre ouverte, je souhaite vous exposer un récit différent de celui qui vous a été fait au sujet de la Grèce depuis 2010. Et je tiens aussi et surtout à exposer avec franchise les projets et les objectifs de SYRIZA, si le 26 janvier par le choix des électeurs devient le nouveau gouvernement grec.

 

En 2010, l’État grec a cessé d’être en mesure de servir sa dette. Malheureusement, les dirigeants européens ont décidé de faire croire que ce problème pourrait être surmonté par l’octroi du plus grand prêt jamais consenti à un État, sous condition que certaines mesures budgétaires seraient appliquées, alors que celles-ci, manifestement, ne pouvaient que diminuer le revenu national destiné au remboursement des nouveaux et anciens prêts. Un problème de faillite a été donc traité comme s’il s’agissait d’un problème de liquidité. En d’autres termes, l’attitude adoptée, était celle du mauvais banquier qui, au lieu d’admettre que le prêt accordé à la société en faillite a « sauté », il lui accorde des prêts supplémentaires, prétextant que les anciennes dettes restent servies et prolonge ainsi la faillite à perpétuité.

 

Il s’agissait pourtant d’une question de bon sens de voir que l’application de la doctrine « extend and pretend » [étendre les maturités de la dette et prétendre que payer les intérêts ne pose aucun problème] dans le cas de mon pays aboutirait à une tragédie.

 

Qu’au lieu de stabiliser la Grèce, l’application de ce dogme installerait une crise autoalimentée qui sape les fondations de l’UE.

 

Notre parti, et moi-même, nous nous sommes opposés à l’accord de prêt de mai 2010, non pas parce que l’Allemagne et nos autres partenaires ne nous ont pas donné assez d’argent, mais parce que vous nous avez donné beaucoup plus d’argent que ce qu’il fallait et que nous pouvions accepter. De l’argent qui par ailleurs ne pouvait ni aider le peuple grec puisqu’il disparaissait aussitôt dans le trou noir du service de la dette ni arrêter l’alourdissement continu de celle-ci, obligeant de la sorte nos partenaires à prolonger ce fardeau à perpétuité aux frais des citoyens.

 

Et cette vérité était bien connue par les gouvernants allemands, mais ils n’ont jamais voulu vous la dévoiler.

 

Et en effet, et avant même que la première année ne se soit écoulée et depuis 2011, nos prévisions ont été vérifiées. L’enchaînement des nouveaux prêts aux réductions drastiques des dépenses a non seulement échoué à dompter la dette, mais il a par surcroît puni les citoyens les plus faibles, en transformant les citoyens ordinaires qui avaient un emploi et un toit à des chômeurs sans-abri qui ont tout perdu, de plus, leur dignité.

 

L’effondrement des revenus a conduit à la faillite de milliers d’entreprises, augmentant ainsi le pouvoir oligopolistique des entreprises qui ont survécu. De ce fait, les prix diminuaient moins que les revenus tandis que les dettes, publiques et privées, ne cessaient de s’alourdir. Dans ce contexte, où le déficit d’espoir a dépassé tous les autres déficits « l’œuf du serpent » n’a pas mis longtemps pour éclore – et les néonazis ont commencé à patrouiller les quartiers en semant la haine.

 

Malgré son échec manifeste, la logique de « extend and pretend » continue à s’appliquer systématiquement encore aujourd’hui. Le deuxième accord de prêt de 2012 a ajouté une charge supplémentaire sur les épaules affaiblies de l’État grec, en réduisant les fonds de pension, en donnant un nouvel élan à la récession, en finançant aussi une nouvelle kleptocratie avec l’argent de nos partenaires.

 

Des commentateurs sérieux ont parlé récemment de stabilité et même de croissance à propos de mon pays pour « prouver » que les politiques appliquées ont été efficaces. Aucune analyse sérieuse ne soutient cette « réalité » virtuelle. L’augmentation récente de 0,7 % du revenu national réel ne marque pas la fin de la récession, mais sa poursuite, puisqu’elle a été réalisée dans une période d’inflation de 1,8 %, ce qui signifie que (en euros) le revenu national a continué de baisser. Simplement, il diminue moins que la moyenne des prix – tandis que les dettes augmentent.

 

Cet effort de mobilisation des « statistiques grecques », pour démontrer que l’application de la politique de la troïka est efficace en Grèce, est outrageant pour tous les Européens qui ont enfin le droit de connaître la vérité.

 

Et la vérité est que la dette publique grecque ne peut pas être honorée tant que l’économie sociale grecque se trouve en situation de simulation de noyade budgétaire (fiscal waterboarding).

 

En outre, persévérer dans ces politiques misanthropes et sans issue, dans le refus de reconnaître une simple question d’arithmétique, coûte au contribuable allemand et condamne en même temps un peuple fier à l’indignité. Et le pire : de ce fait, les Grecs se retournent contre les Allemands, les Allemands contre les Grecs, et l’idée d’une Europe Unie Démocratique est offensée cruellement.

 

L’Allemagne, et plus particulièrement le contribuable allemand qui travaille dur n’a rien à craindre d’un gouvernement SYRIZA. Au contraire. Notre objectif n’est pas d’entrer en conflit avec nos partenaires. Notre objectif n’est pas d’obtenir des prêts supplémentaires ou un blanc-seing pour de nouveaux déficits. Notre objectif est la stabilité économique, des budgets primaires équilibrés et, bien sûr, la cessation des saignées fiscales opérées sur les contribuables depuis quatre ans par un accord de prêt inadéquat aussi bien pour la Grèce que pour l’Allemagne. Nous exigerons la fin de l’application du dogme « extend and pretend » non pas contre le peuple allemand, mais pour le bénéfice de nous tous.

 

Je sais, chers lecteurs, que derrière les demandes d’une « stricte application des accords » se cache la peur que « si nous laissons les Grecs de faire ce qu’ils veulent, ils vont refaire le même coup ». Je comprends cette inquiétude. Mais ce n’était pas SYRIZA qui a érigé en institutions dans mon pays la collusion des intérêts privés et la kleptocratie qui feignent de se soucier de l’observation « des accords » et des réformes puisque celles-ci ne les affectent pas, comme le démontrent les quatre dernières années des réformes engagées par le gouvernement Samaras sous la direction de la troïka.

 

Nous, nous sommes prêts à entrer en conflit avec ce système afin de promouvoir des réformes radicales au niveau du fonctionnement de l’État, en établissant la transparence de l’administration publique, la méritocratie, la justice fiscale, la lutte contre le blanchissement d’argent. Ce sont ces réformes que nous soumettons à l’appréciation des nos citoyens aux prochaines élections.

 

Notre objectif est la mise en place d’un New Deal pour l’ensemble de la zone euro qui permettra aux Grecs comme à l’ensemble des peuples européens de respirer, de créer, de vivre avec dignité. Avec une dette publique socialement viable. Avec une croissance qui est stimulée par des investissements publics financés – seul moyen de sortir de la crise – et non pas par la recette échouée de l’austérité qui ne fait que recycler la récession. En renforçant la cohésion sociale, la Solidarité et la Démocratie.

 

Le 25 janvier en Grèce, une nouvelle opportunité surgit pour l’Europe. Ne ratons pas cette chance ».

 

(Traduction:Vassiliki Papadaki) Les mots mis en italique l’ont été par moi.

 

***


Mathématiques sur les taux d’intérêt

 

Quelle que soit la manière dont on analyse son projet politique, cette lettre n’est pas le fruit d’un imbécile en matière économique. La position de Tsipras est tout à fait exacte.  Et bien que je sois en désaccord avec de nombreux points sur le projet économique de SYRIZA, il n’y a pas un seul point dans ce courrier sur lequel je pourrais être en désaccord.

 

Une règle simple en économie est que ce qui ne peut pas être remboursé ne sera pas remboursé.  Et un simple calcul mathématique montre qu’il est matériellement impossible de rembourser cette dette.

 

Malheureusement, la Grèce doit convaincre 17 autres pays européens de renégocier sa dette. L’Allemagne et la Finlande on dit non.  Et les règles de l’Eurozone impliquent que chaque pays doit donner son accord.

 

 

La Sanction mathématique

 

Il n’y a pas que les calculs sur les taux d’intérêt qui posent problème pour la Grèce.  D’autres conflits se sont ouverts.

La Grèce s’oppose à des sanctions sur la Russie, une position avec laquelle j’adhère fondamentalement.  Les sanctions créent inévitablement des dommages des deux côtés.

 

Malheureusement, tout comme avec les règles de l’Eurozone, les sanctions européennes ne peuvent être adoptées qu’à l’unanimité.  Concernant les sanctions, 1 vote sur les 28 membres (un nombre plus important que pour l’Eurozone) peut bloquer tout le processus.  Ce vote est un levier considérable, particulièrement lorsque les 27 autres pays veulent obtenir quelque chose de vous. Et que seront-ils prêts à offrir en échange ?

 

Est-ce que ces situations seront résolues par du bon sens ou par un conflit ?


S’il y avait deux parties impliquées, elles pourraient s’entendre.  Mais est-ce que 19 ou 28 gouvernements différents en Europe pourront se mettre d’accord sur exactement la même chose ?

Permettez-moi d’être sceptique.

 

 

Par Mike « Mish » Shedlock - 24hgold.com – le 30 janvier 2015

Source : Mike « Mish » Shedlock :

http://globaleconomicanalysis.blogspot.com


No comment yet.
Scooped by Koter Info
Scoop.it!

Islande - Non merci à la dette

Islande - Non merci à la dette | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

L'Islande a viré ses banksters, jeté sa dette et nommé une assemblée constituante pour réécrire sa constitution (la protégeant du retour des vautours), elle a dit NON MERCI à la dette et elle y gagne !

 

Le 6 octobre 2008, les 3 grandes banques islandaises faisaient faillite, provoquant une grave crise dans ce petit pays, mais à présent, l'économie va beaucoup mieux grâce à une méthode inverse de celle suivie dans la zone euro.

 

Quatre ans plus tard, l'économie islandaise affiche de nouveau une santé des plus robustes.  Le PIB, qui avait reculé de 6,6% en 2009 et de 4% en 2010, devrait croître de 2,1% cette année, bien plus que le niveau de la plupart des pays européens.

 

Le déficit budgétaire, de 13,5% du PIB en 2008 devrait être équilibré l'an prochain.  Le chômage, qui était monté à près de 8% de la population active en 2010, devrait redescendre en 2013 à près de 5%.  Enfin, le prêt d'urgence du FMI, de 2,1 milliards d'euros a été remboursé en avance.  (La Tribune)

No comment yet.