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Grèce/Dette : Christine Lagarde prend l’Europe à contre-pied

Grèce/Dette : Christine Lagarde prend l’Europe à contre-pied | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Image : le ministre grec des Finances avec la directrice du FMI - © Francois Lenoir Source : Reuters

 

Grèce/Dette : Christine Lagarde

prend l’Europe à contre-pied

 

Mais quelle mouche a donc piqué la directrice générale du Fonds monétaire international ? Celle qui défend depuis des mois une ligne dure face à Athènes demande désormais à l’Europe de revoir sa copie et d’alléger la dette hellène « insoutenable ».

 

Interrogée vendredi 17 juillet par Europe1 sur la viabilité du plan d’aide (entre 82 et 86 milliards d’euros) que les Européens ont promis d’accorder à la Grèce, Christine Lagarde lâche sèchement : « La réponse est catégorique : non ! ». D’ailleurs sans un allègement de la dette hellène, le FMI pourrait tout simplement refuser de participer au sauvetage de l’économie grecque, assène-t-elle encore.

 

En savoir plus : La dette grecque est fortement sous-évaluée, d’après un rapport confidentiel du FMI

 

Christine Lagarde, qui décidément ne s’embarrasse guère de rhétorique diplomatique et autres politesses, tord donc le poignet des Européens, et ce après avoir menacé Athènes du bâton pendant des semaines ! Un virage à 180 degrés qui a néanmoins été rapidement perçu et intégré par Bruxelles. Ainsi, alors que l’accord de lundi ne faisait qu’une vague référence à une restructuration du fardeau athénien sous la forme de possibles « mesures additionnelles », Mario Dhragi, le patron de la banque centrale européenne a affirmé jeudi matin qu’il fallait trouver « un moyen d’alléger la dette grecque, une nécessité indiscutable ».

 

 

L’oncle Sam vole au secours de Tsipras ?

 

Quant aux locomotives allemande et française, c’est le chef du Trésor américain, Jack Lew, qui s’est chargé de les convaincre. Ce dernier, en tournée dans le vieux continent mercredi 15 et jeudi 16 juillet, a fait un saut à Berlin et à Paris pour s’entretenir avec ses homologues. Évidemment au menu de leurs discussions : la Grèce et son colossal fardeau de 315 milliards d’euros. Des entrevues plutôt fructueuses puisque Michel Sapin et Wolfgang Schäuble semblent avoir infléchi leurs positions, acceptant désormais officiellement l’idée d’une restructuration. Le chef allemand des Finances a ainsi déclaré : « si le FMI nous dit que le rééchelonnement, la restructuration de la dette grecque sont un passage obligé, je crains qu’il ait raison ».

 

Là où cela coince, c’est finalement sur la forme que pourrait prendre cet allègement. Alors que le FMI se dit disposé à effacer purement et simplement une partie de l’ardoise hellène, un tel scénario est pour le moment catégoriquement rejeté par Berlin et Paris. « Ce qui était impossible durant les négociations et qui heurtait tout le monde, y compris moi, c’était de supprimer de la dette », a déclaré Michel Sapin vendredi matin. Aussi, les Européens semblent plutôt s’orienter vers un allongement des échéances (plus de temps pour rembourser) et un allongement du délai de grâce (période durant laquelle aucun remboursement n’est demandé) pour permettre à l’économie grecque de reprendre son souffle.

 

Reste que le retournement de situation, faisant du FMI le meilleur ami d’Athènes après des mois de confrontation, demeure assez mystérieux. Est-ce la mauvaise image collant au FMI - Alexis Tsipras avait évoqué la « responsabilité criminelle » du fonds - ou l’impopularité du plan de sauvetage imaginé par les Européens qui a poussé Christine Lagarde à changer de bord ?

Dans tous les cas, la Française, en quête d’une prochaine réélection tente sûrement, par cette manœuvre, de clore cette tragédie grecque en se plaçant du bon côté de l’Histoire : « to be with the good guys » comme disent si bien les Américains.

 

 

 

Par francais.rt.com – le 17 juillet 2015.

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Pétition : Non à l’austérité, Oui à la démocratie !

Pétition : Non à l’austérité, Oui à la démocratie ! | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Pétition : Non à l’austérité,

Oui à la démocratie !

Par Altersummit

 

En juin 2015, la Grèce se trouve à un carrefour. Elle doit choisir entre la poursuite des programmes d’ajustement macroéconomique imposés par ses créanciers ou briser les chaînes de sa dette. Cinq ans après le début des programmes d’ajustement, le pays reste plongé dans une grave crise économique, sociale, démocratique et écologique. La boîte noire de la dette n’a pas été ouverte.

 

À ce jour, aucune autorité, grecque ou internationale, n’a cherché à faire la lumière sur les causes et les modalités d’assujettissement de la Grèce au régime de la Troïka. La dette, au nom de laquelle rien n’a été épargné à la population, reste le dogme au nom duquel est imposé un programme d’ajustement néolibéral qui s’accompagne de la plus profonde et la plus longue récession jamais connue en Europe en temps de paix.

 

Dans la continuité de la semaine d’action européenne en soutien avec la Grèce, nous appelons, d’ici au 5 juillet, à « voter » symboliquement contre l’ultimatum des créanciers, en signant et en faisant signer l’appel ci-dessous, et en organisant des votations citoyennes symboliques et rassemblements ou manifestations.

 

À Bruxelles,

une grande manifestation est prévue

vendredi 3 juillet 18 h 30

à la gare Centrale !

Soyons nombreux et nombreuses !

 

 

>>> Participez à la pétition lancée

par Altersummit ici

 

 

 

Par Altersummit - cadtm.org – le 30 juin 2015.

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Grèce : comment Tsipras a renversé la situation

Grèce : comment Tsipras a renversé la situation | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Alexis Tsipras s’avère un redoutable adversaire pour Angela Merkel (Crédits : REUTERS/Hannibal Hanschke)

 

 

Grèce : comment Tsipras a renversé la situation

 

En agissant avec prudence et détermination, Alexis Tsipras a su contourner la stratégie du « nœud coulant » des Européens. Désormais, la pression est de nouveau sur Angela Merkel.

 

Et si, désormais, la pression dans l’affaire grecque s’exerçait surtout sur les... Européens ? À mesure que l’on se rapproche de la date cruciale du 9 avril, où l’État grec devra débourser 458 millions d’euros au FMI, on assiste en effet à un remarquable retournement. Progressivement, le gouvernement grec, en ayant su ne pas céder sous la pression de ses créanciers, retrouve une position de force qui est celle, naturelle dans les négociations de ce type, du débiteur face à son créancier et où ce dernier doit accepter les conditions du premier ou risquer de tout perdre.

 

 

La stratégie européenne

 

Pourtant, voici encore dix jours, lorsqu’Alexis Tsipras se rend à Berlin pour rencontrer la chancelière, la situation d’Athènes semble désespérée. Et chacun pense que le nouveau premier ministre va céder. Les Européens continuent alors à appliquer leur stratégie du « nœud coulant. » L’idée est simple : le temps joue alors, croit-on à Bruxelles, pour les créanciers. Les dépôts des banques grecques se vident, la situation économique se dégrade, la BCE peut, à tout moment, faire imploser le système bancaire grec en coupant l’accès à la liquidité d’urgence. La pression va être telle sur Alexis Tsipras que ce dernier va être contraint d’accepter les conditions de ses créanciers. Ces conditions, on en a eu confirmation mercredi dernier, sont politiques : c’est l’acceptation de « réformes » du marché du travail et des pensions qui ne sont pas urgentes sur le plan économique, mais qui permettent « d’annuler » politiquement l’essentiel du programme et du message de Syriza. C’était là l’essentiel. Tout à cette stratégie, l’Eurogroupe n’a cessé de rejeter les propositions de réformes présentées par la Grèce, quatre à ce jour. Elles n’étaient pas assez complètes, pas assez précises, pas convaincantes.

 

Cette stratégie européenne se fondait sur une certitude : que la Grèce refuserait de renverser la table en faisant défaut ou en envisageant la sortie de la zone euro. Certitude pas entièrement dénuée de sens puisque, avant l’accord du 20 février, le gouvernement hellénique avait fait de sérieuses concessions pour éviter la « rupture. » Mais en réalité, c’était le point faible du dispositif européen. En face, Alexis Tsipras a donc développé sa propre stratégie qui, semble-t-il aujourd’hui, porte ses fruits.

 

 

Temporiser pour renforcer sa position

 

La première partie de cette stratégie est la « temporisation. » Athènes a joué le jeu que les Européens voulaient lui faire jouer. Faire un peu plus de concessions chaque semaine. En février, il a abandonné son idée d’annulation d’une partie de la dette publique. Un peu plus tard, il a refusé de prendre des « mesures unilatérales », puis il a accepté à chaque refus, de venir présenter de nouvelles listes de réformes et même de mettre en place certaines privatisations. Les Européens ont compris ces mouvements comme des reculs et s’en sont félicités. Mais en réalité, ces concessions ne leur étaient pas destinées. Il s’agissait de montrer au peuple grec la volonté de son gouvernement de négocier avec l’Europe, donc son engagement sincère à demeurer dans la zone euro. Tout en ne cédant pas sur l’essentiel, autrement dit, sur ce pour quoi les Grecs (au-delà du seul vote Syriza) avaient voté : la fin de l’austérité et de « l’humiliation » du peuple grec.

 

Avec cette stratégie de temporisation, Alexis Tsipras donnait l’impression aux Européens qu’ils se renforçaient, alors qu’en réalité, ils s’affaiblissaient. Plus le temps passait, plus les Grecs s’exaspéraient de l’attitude européenne, et plus Alexis Tsipras devenait populaire par sa capacité à ne pas céder. Les exigences de la nouvelle troïka ressemblaient de plus en plus à celle de l’ancienne. De plus en plus, les négociations ressemblaient à une nouvelle façon de vouloir « humilier » les Grecs. Et progressivement, le mot « rupture » (rixi) est devenu de plus en plus dans l’air du temps en Grèce.  Le 25 mars, jour de la fête nationale, il a été prononcé par le ministre des Finances Yanis Varoufakis, en réponse à un message de soutien envoyé de la foule : « il faudra nous soutenir après la rupture », a-t-il répondu.

 

 

L’offensive feutrée

 

Désormais assuré de ses arrières, Alexis Tsipras a pu passer à l’offensive pour placer les Européens en difficulté. Offensive feutrée : le Premier ministre sait qu’il a tout à perdre d’une confrontation frontale, où la petite Grèce serait isolée face à ses 27 « partenaires » unis dans la volonté de faire céder le gouvernement. Son but est sans doute toujours de parvenir à un accord sans rupture, aussi dément-il toutes les « fuites » et continue-t-il officiellement de croire à une entente. Il a même continué à faire preuve de bonne volonté, avec la présentation de la nouvelle liste de réformes en 26 points présentée le 1er avril. Mais il sait que pour parvenir à ses fins, il devait rééquilibrer le rapport de force entre la Grèce et ses créanciers. Et pour cela, il a envoyé des messages clairs que, désormais, la rupture devenait possible.

 

 

Le rapprochement avec Moscou

 

Ces messages sont de deux types. Le premier, c’est le renforcement des liens avec la Russie. Alexis Tsipras, le 31 mars, a donné le ton de sa très attendue visite à Moscou le 8 avril en affirmant que les « sanctions contre la Russie ne mènent nulle part. » C’était un désaveu de la politique orientale de Bruxelles qui avait de quoi inquiéter à la Commission. La menace à peine dissimulée était qu’Athènes pourrait bien défendre les intérêts russes dans l’UE, particulièrement si l’UE se montrait sévère avec la Grèce... Or, un refus d’aller plus avant dans la confrontation avec la Russie de la Grèce pourrait faire sortir du bois d’autres pays peu enthousiastes à cette idée : Chypre ou la Hongrie, par exemple.

 

 

Le risque du 9 avril

 

Le deuxième message est plus direct : c’est celui que la Grèce préparerait désormais la rupture. Jeudi 2 avril, Reuters a publié une information officiellement démentie (évidemment) par Athènes comme quoi, lors de la réunion de travail de l’Eurogroupe (Euro working group) du 1er avril, le représentant grec aurait informé ses « partenaires » que, faute d’un accord, la Grèce ne paierait pas le FMI le 9 avril. Ce vendredi 3 avril, un article du Daily Telegraph, signé Ambrose Evans-Pritchard, généralement bien informé, affirme, de sources grecques, que le gouvernement hellénique prépare concrètement la rupture, en envisageant de prendre le contrôle des banques et d’émettre des « lettres de créance » gouvernementales ayant valeur monétaire. Ce serait évidemment une première étape vers une sortie de la zone euro.

 

 

Le temps ne joue plus pour les Européens

 

Dès lors, la pression s’exerce aussi sur les Européens. S’ils poursuivent leur stratégie de « nœud coulant », ils risquent gros. Certes, si la Grèce ne paie pas le FMI le 9 avril, elle ne sera pas immédiatement considérée par l’institution de Washington en défaut. Il faut un mois pour que le FMI reconnaisse qu’une « obligation est manquée. » Or, cette déclaration peut provoquer un séisme, car alors le Fonds européen de stabilité financière (FESF) devra légalement réclamer le remboursement des sommes versées à la Grèce. Ce qu’Athènes ne saurait réaliser. Le défaut grec envers ses créanciers européens sera alors effectif. La Grèce n’aura alors sans doute plus accès à la liquidité de la BCE, mais les pays de la zone euro devront accepter des pertes considérables sur les garanties accordées au FESF. Sans compter évidemment que la BCE devra également tirer un trait sur les 6,7 milliards d’euros que la Grèce doit lui rembourser cet été.

 

Subitement donc, la situation des Européens est moins magnifique. Et le temps ne joue plus en leur faveur. Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem ne peut plus guère dire, comme début mars, que la pression financière sur la Grèce est une bonne chose, car elle favorise les réformes. Désormais, elle pourrait bien mettre en danger les gouvernements de la zone euro. C’est précisément le but que visait Alexis Tsipras qui, sans doute, ne cherche pas réellement la rupture, mais bien plutôt un accord où il puisse imposer « ses » réformes sans passer sous les fourches caudines de la logique de l’ancienne troïka. Un prochain Euro working group est prévu pour le 8 avril, le jour de la visite d’Alexis Tsipras à Moscou et la veille de l’échéance du FMI. Les Européens devront alors désormais soigneusement peser les risques qu’ils acceptent de prendre.

 

 

La pression revient sur Angela Merkel

 

Comme à la veille du 20 février, Alexis Tsipras renvoie Angela Merkel à ses responsabilités. Il sait que la chancelière n’est pas prête à prendre le risque d’une sortie de la Grèce et de la zone euro et d’un défaut de ce pays sur ses engagements vis-à-vis du contribuable allemand. Ce serait politiquement très risqué. Elle a, le 20 février, désavoué clairement la stratégie de Wolfgang Schäuble qui minimisait les risques d’un Grexit et exagérait ses avantages. Peut-elle revenir en arrière alors que, dans son camp politique, la grogne contre une nouvelle aide à la Grèce prend de l’ampleur ? Toute la question est là. Alexis Tsipras a, en tout cas, placé la chancelière dans une situation difficile : ou prendre le risque politique d’un défaut grec ou prendre le risque politique d’une aide « sans réformes » à la Grèce. Choix cornélien qui va sans doute occuper la chancelière tout ce week-end de Pâques.

 

 

Tsipras Cunctator

 

Reste qu’Alexis Tsipras, longtemps sous-estimé par la presse étrangère, a fait preuve d’une intelligence stratégique de premier plan dans cette affaire et qui n’est pas sans rappeler celle de Fabius Cunctator, le général romain qui usa les Carthaginois victorieux d’Hannibal durant la Deuxième Guerre punique. Le Premier ministre grec n’est certes pas assuré de remporter la victoire, mais il a prouvé qu’il était un des rares dirigeants européens à pouvoir tenir tête, sur le plan tactique, à Angela Merkel.

 

 

 

Par Romaric Godin - latribune.fr – le 3 avril 2015.

Koter Info's insight:


Quand aurons-nous un premier ministre belge de la trempe de Alexis Tsipras ?


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Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques - Partie 1/2

Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques  - Partie 1/2 | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques

(Partie 1/2) - Par CAC France 

 

 

Malgré l’ingérence et la pression des dirigeants de l’Union Européenne, le peuple grec a décidé de prendre courageusement son destin en main et d’en finir avec les politiques d’austérité qui ont plongé le pays dans la misère et la récession. Dans les pays victimes de la Troïka, mais aussi dans de nombreux autres pays européens, cette victoire est perçue comme un formidable encouragement à lutter pour mettre un terme à des politiques profitables aux marchés financiers et désastreuses pour les populations.

 

Mais déjà les grands médias relaient l’idée absurde selon laquelle l’annulation de la dette grecque « coûterait 600 euros à chaque contribuable français ». À mesure que les négociations vont se durcir entre la Grèce et la Troïka, la propagande va s’intensifier et notre travail d’éducation populaire sur la question de la dette publique va devenir de plus en plus décisif. Ces réponses aux idées reçues sur la dette grecque ont vocation à y contribuer.

 

 

Idée reçue n° 1 : Annuler la dette grecque : 636 € par Français ?

 

 

Le discours officiel sur la Grèce

« Il n’est pas question de transférer le poids de la dette grecque du contribuable grec au contribuable français » (Michel Sapin, ministre de l’Économie, Europe N° 1, 2/02), « une ardoise de 735 € par Français » (Le Figaro, 8 janvier), 636 € selon TF1 (2 février).

 

Pourquoi c’est faux ?

 

La France est engagée à la hauteur de 40 milliards € par rapport à la Grèce : une petite partie a été prêtée à ce pays dans le cadre de prêts bilatéraux, le reste (environ 30 milliards d’euros) étant apporté en garantie au Fonds européen de solidarité financière |1| (FESF), lequel a emprunté sur les marchés financiers pour prêter à la Grèce.

Dans les deux cas, ces prêts sont déjà comptabilisés dans la dette publique française (environ 2 000 milliards €). Leur annulation n’augmenterait donc pas la dette.


La France devra-t-elle débourser ces sommes en cas d’annulation de la dette grecque ? Non, car en fait, la France, comme la plupart des pays, ne rembourse jamais vraiment sa dette. Lorsqu’un emprunt vient à échéance, la France le rembourse en empruntant de nouveau. On dit que l’État fait « rouler sa dette ».


La seule chose que perdraient les contribuables français, ce sont les intérêts versés par la Grèce, soit 15 € par Français et par an |2|.


La BCE pourrait résoudre facilement le problème de la dette grecque. Elle pourrait rayer d’un trait de plume les 28 milliards qu’elle détient. Elle pourrait racheter aux institutions publiques (États, FESF) les titres grecs qu’ils détiennent, et les annuler également. Ou bien les transformer – comme le demande la Grèce – en obligations perpétuelles, avec un taux d’intérêt fixe et faible, et pas de remboursement du capital. De toute façon une banque centrale ne court aucun risque financier puisqu’elle peut se refinancer elle-même par création monétaire.

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

En France aussi la dette publique est insoutenable et ne pourra pas être remboursée. Les taux d’intérêt sont très faibles aujourd’hui ? Oui, mais c’est parce que la France mène une politique d’austérité qui plaît aux marchés financiers. C’est aussi parce que les investisseurs financiers ne veulent plus courir le risque d’investissements dans le secteur productif. Pour en finir avec cette politique en France et en Europe, il faudra aussi alléger le poids des dettes, d’une façon ou d’une autre : restructuration, remboursement partiel par un prélèvement exceptionnel sur les grandes fortunes, annulation partielle… toutes les hypothèses doivent être étudiées et faire l’objet de choix démocratiques.

 

 

Idée reçue n° 2 : Quand on doit, on rembourse ?

 

Le discours officiel sur la Grèce


« La Grèce devra rembourser sa dette » (Michel Sapin, 2 février) « Une dette est une dette. Rembourser est un devoir éthique pour un État de droit » (Marine Le Pen, 4 février)

 

Pourquoi c’est faux ?


Sauf rares exceptions, un État ne rembourse pas sa dette : il réemprunte pour faire face aux échéances. Au budget de l’État figurent les intérêts de la dette, jamais le remboursement de la somme empruntée (le principal). Contrairement à un particulier, l’État n’est pas mortel, il peut s’endetter sans fin pour payer ses dettes. C’est la différence avec l’emprunt d’une mère de famille qui, elle, est obligée de rembourser sa dette.

 

Mais quand les marchés financiers ne veulent plus prêter à un État, ou exigent des taux d’intérêt exorbitants, et que l’Etat n’a plus accès à la création monétaire de la Banque Centrale de son pays, les choses se gâtent. C’est pourquoi en 2011, quand les banques ont pris peur devant les difficultés de la Grèce, la BCE et les États européens ont dû lui prêter.

 

C’est ce qui leur permet aujourd’hui d’exercer un brutal chantage en menaçant de couper les crédits à la Grèce si son gouvernement maintient les mesures anti-austérité promises aux électeurs : hausse du SMIC et des retraites, réembauche des fonctionnaires licenciés, arrêt des privatisations.

 

De nombreuses expériences historiques de pays surendettés (Allemagne 1953, Pologne 1991, Irak 2003, Équateur 2008, Islande 2011, Irlande 2013…) ont pourtant abouti à la même conclusion : quand la dette est trop lourde (190 % du PIB pour la Grèce !), il faut l’annuler et/ou la restructurer pour permettre un nouveau départ.


Chacun sait – même le FMI et la BCE – que l’actuel fardeau de la dette est trop lourd pour la Grèce. Une renégociation est nécessaire, portant sur une annulation partielle, sur les taux d’intérêt et l’échéancier. Il faut pour cela une conférence européenne sur la dette comme ce fut le cas en 1953 pour la République Fédérale Allemande.

 

Pour être efficace, cette conférence doit pouvoir prendre appui sur les travaux d’une commission internationale et citoyenne d’audit de la dette grecque. Cet audit déterminera quelle est la part légitime de la dette, dont il convient de s’acquitter, même avec taux d’intérêt et des délais renégociés, et la part illégitime, qui peut être contestée.

 

Est légitime la dette contractée légalement pour financer des investissements ou des politiques profitables à la population. Est illégitime la dette qui n’a pas servi les intérêts de la population, mais a bénéficié à des minorités privilégiées. Selon la jurisprudence internationale, une dette peut même avoir un caractère odieux ou être illégale, selon la façon dont elle a été contractée.

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

En France aussi, une démarche large d’audit citoyen est nécessaire pour sensibiliser l’opinion et montrer qui sont les véritables bénéficiaires du système de la dette. Le premier rapport d’audit citoyen publié en mai 2014 a montré que 59 % de la dette française pouvait être considérée comme illégitime, de par son origine (taux d’intérêt excessifs, cadeaux fiscaux). Restructurer la dette française dégagerait des ressources pour les services publics, la transition écologique… Nous allons organiser une conférence européenne des mouvements sociaux sur la dette, afin de généraliser la démarche.

 

 


Idée reçue n° 3 : Les Grecs se sont goinfrés, ils doivent payer ?

 

Le discours officiel sur la Grèce

 

La Grèce, c’est une « administration pléthorique, 7 % du PIB contre 3 % en Europe », une « difficulté à lever l’impôt et à maîtriser les dépenses » (Claudia Senik, économiste)

 

Pourquoi c’est faux ?

 

Selon l’OCDE, les fonctionnaires représentaient en Grèce 7 % de l’emploi total en 2001, et 8 % en 2011, contre 11 % en Allemagne et 23 % en France (incluant la sécurité sociale). Les dépenses publiques de la Grèce représentaient en 2011 42 % du PIB contre 45 % (Allemagne) et 52 % (France).

 

Pourquoi donc, avant même la crise financière et la récession, la dette publique grecque était-elle déjà de 103 % du PIB en 2007 ? Une étude récente montre que la flambée de la dette grecque ne résulte pas du tout d’une gabegie de fonctionnaires et de prestations sociales. Les dépenses sont restées globalement constantes en % du PIB, de 1990 jusqu’à 2007. Comme en France, ce sont les taux d’intérêt excessifs et les cadeaux fiscaux qui ont gonflé la dette. Mais en plus, les diktats de la Troïka (Commission européenne, BCE et FMI) ont fait plonger le PIB grec de 25 % depuis 2010, ce qui a provoqué mécaniquement une hausse de 33 % du rapport entre la dette et le PIB !

 

Les taux d’intérêt exigés par les prêteurs entre 1990 et 2000 ont été extravagants : en moyenne 7,5 % (taux réel corrigé de l’inflation), pour une croissance du PIB de 2,5 %. D’où un effet « boule de neige » : l’État grec s’est endetté pour parvenir à payer ces intérêts exorbitants. Si le taux d’intérêt réel était resté limité à 3 %, la dette publique grecque aurait représenté 64 % du PIB en 2007 au lieu de 103 %.

 

Concernant les recettes publiques, pour remplir le critère de Maastricht sur le déficit maximum de 3 %, la Grèce a très fortement augmenté les impôts dans les années 1990 : de 28 % à 42 % du PIB. Mais dès l’entrée dans la zone euro en 2001, les riches grecs ont fait la fête. Ainsi entre 2004 et 2008 la Grèce a réduit les droits de succession, diminué par deux fois les taux d’imposition sur le revenu et décrété trois lois d’amnistie fiscale pour les fraudeurs (Études économiques de l’OCDE, Grèce 2009). Les recettes fiscales sont retombées à 38 % du PIB. Si elles avaient gardé leur niveau de 2 000, la dette publique grecque aurait représenté, en 2007, 86 % du PIB au lieu de 103 %.

 

Au total, avec des taux d’intérêt « raisonnables » et un simple maintien des recettes publiques, la dette grecque aurait été deux fois plus faible en 2007. Autrement dit on peut considérer que la moitié de la dette grecque était illégitime à cette date : elle a découlé d’une ponction opérée par les créanciers, nationaux ou étrangers, et d’une baisse des impôts au bénéfice principal des plus riches. L’explosion de la dette depuis 2007, quant à elle, est entièrement due à la récession infligée par la Troïka. Elle est donc encore plus illégitime.

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

Le Collectif pour un audit citoyen de la dette publique a déjà montré que les mêmes mécanismes (taux d’intérêt excessifs et cadeaux fiscaux) expliquent 59 % de la dette publique française. En France aussi on pourrait en finir avec les politiques d’austérité si l’on remettait en cause le fardeau de cette dette, par une annulation partielle et/ou des mesures de restructuration.

 

 

Idée reçue n° 4 : On a aidé les Grecs, ils doivent nous remercier ?

 


Le discours officiel sur la Grèce


« La Grèce doit cesser d’être un puits sans fond » (Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, 12/02/2012)

 

Pourquoi c’est faux ?

 

De 2010 à 2013 la Grèce a reçu 207 Milliards d’euros en prêts des États européens et des institutions européennes assortis de plans de réformes. Il s’agirait « d’aides à la Grèce ».

 

Une étude d’ATTAC Autriche |3| décortique les destinations des 23 tranches de financement imposées à la Grèce de 2010 à 2013. 77 % de ces prêts ont servi à recapitaliser les banques privées grecques (58 Mds €) ou ont été versés directement aux créanciers de l’État grec (101 Mds €), pour l’essentiel des banques européennes et américaines.

Pour 5 euros empruntés, 1 seul est allé dans les caisses de l’État grec !

Le mensuel Alternatives économiques (février 2015) complète l’analyse : de 2010 à fin 2014, 52,8 Mds € de ces prêts ont servi à payer les intérêts des créanciers. Seuls 14,7 Mds € ont servi à financer des dépenses publiques en Grèce.

 

Ces 207 Mds € ont donc beaucoup « aidé » les banques et les créanciers, mais très peu la population grecque. Celle-ci, en revanche, doit subir l’austérité imposée par la Troïka (BCE, Commission FMI) lors de la négociation de ces prêts. De plus, l’État grec doit payer les intérêts sur l’intégralité de ces plans d’aide. Il est endetté encore pour 40 ans, jusqu’en 2054 ; 30 Mds € sont à verser en 2015.

 

Qui sont les véritables créanciers de la dette grecque et qui décide de son utilisation ? Pour une dette totale de 314 Mds €, les créanciers sont : le Fonds européen de stabilité financière (FESF, maintenant remplacé par le MES, 142 Mds), les autres États européens (53 Mds), le FMI (23 Mds), le secteur privé (39 Mds), la BCE (27 Mds) et d’autres créanciers privés (31 Mds).

 

Le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), entré en vigueur en 2012, gère désormais les prêts aux États de l’UE. Il contracte des prêts sur les marchés financiers et décide de leur affectation (principalement le sauvetage des banques privées). Les acteurs des marchés financiers se financent auprès des banques centrales, dont la BCE, à des taux très inférieurs à l’inflation. Le siège du MES est au Luxembourg, paradis fiscal bien connu.

 

À aucun moment, l’État grec n’a la main sur les fonds souscrits par le MES. En plus des réformes imposées par la Troïka, les Grecs payent pour des prêts qui ne leur ont pas été versés et qui pour l’essentiel profitent au secteur de la finance !

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

Les « aides » bénéficient en fait aux banques et sont payées au prix fort par les populations. Entre satisfaire les besoins fondamentaux (nourriture, logement, protection sociale, santé et éducation) ou engraisser les principaux créanciers, le choix va de soi : la priorité n’est pas le remboursement, mais l’audit des dettes publiques et la clarté sur l’usage des fonds des soi-disant « sauvetages ».

 

 

 

Par CAC France - cadtm.org – le 12 mars 2015


Source : Collectif pour un audit citoyen de la dette, France

 

 

Notes

|1| Le FESF, Fonds européen de solidarité financière, créé en 2010, vise à préserver la stabilité financière en Europe en fournissant une assistance financière aux États de la zone euro. Cette aide est conditionnée à l’acceptation de plans d’ajustement structurel. Il a été remplacé par le Mécanisme européen de solidarité (MES) en 2012.

|2| Ivan Best, La Tribune, 5 février

|3| Plans de sauvetage de la Grèce : 77 % des fonds sont allés à la finance : https://france.attac.org/nos-idees/...

 

 

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Donner à voir un autre futur faire disparaître le découragement shooté dans nos cerveaux par le Tina thatchérien

Donner à voir un autre futur faire disparaître le découragement shooté dans nos cerveaux par le Tina thatchérien | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

Donner à voir un autre futur, faire disparaître le découragement shooté dans nos cerveaux par le Tina thatchérien

 

Dans son introduction, Nicolas Sersiron parle, du système-dette, de l’extractivisme, de leur interdépendance, des dépossessions, « l’extractivisme a presque toujours été une violente dépossession des « communs » », des écosystèmes…

 

L’auteur insiste sur la dette, ses caractères illégitime ou odieux, le nécessaire audit citoyen de celle-ci, « la population n’a ni emprunté ni consenti formellement et encore moins profité des emprunts faits par les États après la crise ».

 

Je n’indique que certains éléments.

 

Nicolas Sersiron analyse les différentes formes d’extractivisme, le cycle extractivisme / productivisme / consumérisme / profits / déchets / pollutions, les ressources du sous-sol pillées et exportées, la perte du « droit d’usage traditionnel » des sols, les accaparements des terre et de l’eau d’irrigation, les sols stérilisés, le détournement des productions, l’accaparement des eaux douces, la pêche extractiviste industrielle, la destruction des mangroves, l’accaparement des ressources générées par le vent, les populations colonisées, les esclaves d’aujourd’hui, le « viol de l’imaginaire »…

 

L’auteur poursuit par l’histoire de l’asservissement des peuples « par l’extractivisme et la dette », l’industrialisation de l’agriculture, l’absence d’aide à l’« agriculture vivrière capable d’alimenter la population », le néocolonialisme, les politiques de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, « La BM et le FMI participent aussi activement au surendettement des pays du Sud et à la corruption de leurs dirigeants par le financement d’« éléphants blancs » ou de grands projets inutiles, d’immenses barrages, d’extraction d’énergies fossiles, de voies ferrées, de ports, de dépenses de prestiges, etc. ».

 

 Il nous rappelle que « la dette coloniale, qui n’a pas de base juridique légale » n’aurait pas du être remboursée. Prêts biaisés, corruption, pratiques rentières, exploitation inhumaine de la main d’œuvre, pollutions, dégradations des sols et du climat, plans d’ajustement structurel, priorité donnée au remboursement de la dette et au sauvetage des banques, privatisation et destruction des budgets « sociaux ». Contrairement à la légende médiatique et politique, les États du « nord » n’aident pas ceux du « « sud », les transferts de fonds se font majoritairement dans l’autre sens (les remboursements sont supérieurs aux dons et prêts)…

 

Nicolas Sersiron parle aussi de la construction des dettes publiques, de la socialisation des pertes, du rôle de la Troïka, « le fait qu’une entité non élue en soit le commanditaire rend ces décisions doublement illégales », du moins-disant salarial, social et écologiste…

 

Il détaille : « Sous le terme « dette écologique », quatre différentes dettes peuvent être regroupées : la dette historique, la dette environnementale, la dette climatique et la dette sociale ». Des dettes accumulées, environnement, climat, impacts sociaux… il faut aujourd’hui réparer, compenser…

 

J’ai notamment été intéressé par le chapitre sur l’agriculture et l’alimentation industrielle. Nicolas Sersiron parle du libre-échange et des exportations forcées, de réformes agraires oubliées, de souveraineté alimentaire, d’agriculture vivrière, paysanne, (le terme agriculture familiale invisibilise le travail gratuit des femmes, les rapports sociaux de sexe, la domination des hommes sur les femmes), d’agrobusiness, des conditionnalités liées aux prêts de FMI et de la BM, des désastres de l’importation de denrées alimentaires, des accaparements de terre, « Les accaparements de terres renouent avec les premières enclosures du XVIe siècle en Angleterre ».

 

Disette, surproduction, faim, subventions, spéculation, place de la viande, agrocarburants… L’agro-extractivsme engendre le conso-gaspillage alimentaire, la malnutrition. L’auteur y oppose l’agroécologie, « L’agroécologie, à l’opposé de la « révolution verte », permet d’éliminer au maximum les gaspillages et d’utiliser un minimum d’énergie. Elle est essentielle pour atteindre la souveraineté alimentaire : pas ou peu d’intrants externes, pas de monocultures clonales même biologiques, association de plantes favorisant la croissance et la protection les unes des autres, respect de la biodiversité, utilisation de semences paysannes, forte intensité en main-d’œuvre et relocalisation générale de la production par la population ». (Sur ce sujet : Alternatives sud : Agroécologie. Enjeux et perspectives).

 

 

Il faut donc construire un autre monde…

 

Nicolas Sersiron termine sur l’audit citoyen des dettes publiques, les paradis fiscaux, les réalités des « aides publiques au développement », les liens entre énergie, pétrole et croissance du PIB, l’hyper mobilité, la décroissance matérielle (ce qui me semble différent des « théorisations » sur la décroissance comme nouvelle « vertu »). Le titre de cette note est inspiré d’une phrase du dernier chapitre.

 

Reste que certaines formulations me semblent discutables. Le mode de production capitaliste, en tant que tel, l’exploitation de la force de travail et l’extorsion de plus-value doivent être mis en cause directement. La production, la surproduction de marchandises, liée à la valorisation et l’accumulation du capital ne me semble pas pouvoir être abordée seulement par la surconsommation. Le prisme extractivisme-surconsommation ne saurait dispenser d’une analyse des mécanismes « internes » du système de production capitaliste, de la critique de l’économie politique.

 

Très discutables aussi me semblent les références aux classes moyennes, au revenu inconditionnel, aux valeurs matérialistes, à la « décolonisation de notre imaginaire »…

 

Sans oublier l’exploitation du travail des femmes dans les mondes salarié et « domestique ». De ce point de vue, les sociétés humaines ont une dette colossale envers les femmes. Sur ce sujet, voir par exemple, La dette des gouvernements est une dette envers les femmes et non envers les banques.

 

Enfin, si la place du local, dans ses dimensions de production, de démocratie et d’autogestion doit être en effet réévalué, l’organisation des sociétés ne peut être construite comme un empilement du local à l’international. Les différents niveaux de choix et de gestion doivent être pensés ensemble, avec leurs tensions et contradictions.

 

Un petit ouvrage bien utile, pour « porter le fer au cœur même des mécanismes fondamentaux de la destruction », comme l’écrit Paul Ariès dans sa préface. Celui-ci parle aussi de la nécessité de « décentrer notre regard », je dirai plutôt de l’élargir à la totalité. Il souligne, en parlant de l’auteur, de « son refus têtu de hiérarchiser tous ces combats (ce qui aboutirait inévitablement à les opposer les uns aux autres) mais aussi son désir de trouver ce qui fait lien entre eux ».

 

 

 

Par Didier Epsztajn - cadtm.org – le 25 février 2015

 

 


Nicolas Sersiron : Dette et extractivisme : La résistible ascension d’un duo destructeur - Editions Utopia – CADTM, Paris – Bruxelles 2014, 210 pages, 8 euros

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Varoufakis : la Grèce pourra payer le secteur public, mais pas la dette

Varoufakis : la Grèce pourra payer le secteur public, mais pas la dette | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Image : au moyen-âge, les médecins prescrivaient la saignée aux patients, ce qui conduisait souvent à une détérioration de leur condition. Ils persistaient malgré tout à prescrire la même chose. Ceci illustre parfaitement l’attitude actuelle de l’UE : plus les politiques d’austérité échouent, plus elles sont appliquées.

 

 

Varoufakis : la Grèce pourra payer le secteur public,

mais pas la dette

 

Dans une entrevue à la radio Alpha, le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a déclaré que son gouvernement sera en mesure de payer les employés du secteur public, mais pas la dette. « Nous n’aurons pas de problèmes de liquidité pour le secteur public. Mais nous aurons définitivement des problèmes à effectuer les paiements au FMI dans l’immédiat, et à la BCE en juillet prochain », a-t-il expliqué.

 

Même s’il n’a pas donné de chiffres, Reuters rapporte que les paiements sur les intérêts ce mois-ci devraient s’élever à 2 milliards d’euros environ, et qu’un prêt de 1,6 milliard accordé par le FMI doit arriver à échéance en mars. 7,5 milliards d’euros en obligations souveraines détenues par la BCE doivent également arriver à maturité en juillet et en août.

 

À en juger par la déclaration du ministre, il semble que les priorités soient désormais claires, lorsqu’il s’agit de décider qui sera payé en premier. Varoufakis a également déclaré hier qu’il souhaite voir débuter dès maintenant les discussions sur la réorganisation de la dette, et espère qu’elles comprendront des échanges de titres (bond swaps) qui permettront de « réduire de manière significative la dette » due aux créditeurs institutionnels.

 

Ceci a bien sûr causé une grande consternation chez les eurorequins, à commencer par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble. Commentant à la radio SWR2 l’accord récent entre les autorités européennes et le gouvernement grec, celui-ci a déclaré : « Il reste à voir maintenant si on peut croire les assurances du gouvernement grec ou non. On doute beaucoup de cela en Allemagne, et il faut le comprendre. »

 

Plus tôt dans la journée, Varoufakis était interrogé par Charlie Hebdo, et il a comparé les promoteurs européens du renflouement bancaire aux médecins médiévaux :


 « Au moyen-âge, les médecins prescrivaient la saignée aux patients, ce qui conduisait souvent à une détérioration de leur condition. Ils persistaient malgré tout à prescrire la même chose. Ceci illustre parfaitement l’attitude actuelle de l’UE : plus les politiques d’austérité échouent, plus elles sont appliquées.»

 

« Syriza s’est vu attribuer un rôle dans les vicissitudes de l’histoire, ainsi que le triste honneur de réparer les dommages infligés au pays par les partis et les institutions associés au système », a-t-il poursuivi, déclarant que si les gouvernements pro-européens comme ceux qui l’ont précédé en Grèce continuent « à étouffer les gens qui les ont élus et les poussent au désespoir, alors les seuls qui en profiteront seront les fanatiques, les racistes et les nationalistes, ainsi que ceux qui vivent de la haine. »

 

 

 

Par la Rédaction de Solidarité & Progrès – le 26 février 2015


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Grèce - « Ce n’est pas l’heure pour les jeux en Europe »

Grèce - « Ce n’est pas l’heure pour les jeux en Europe » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : lesoir.be 

 

 

« Ce n’est pas l’heure pour les jeux en Europe »

Par Yanis Varoufakis

 

ATHÈNES — J’écris cet article en marge d’une négociation cruciale avec les créanciers de mon pays – une négociation dont le résultat pourrait marquer toute une génération, et même s’avérer être le tournant décisif de l’expérience européenne d’une union monétaire. Les théoriciens des jeux analysent les négociations comme si elles étaient des jeux où des joueurs purement motivés par leur intérêt personnel se partagent un gâteau. Parce que j’ai passé de nombreuses années durant ma précédente vie en tant que chercheur universitaire à étudier la théorie des jeux, certains journalistes ont présumé hâtivement que, en tant que nouveau ministre des Finances de la Grèce, j’élaborais activement des bluffs, des stratagèmes et des options de sortie, m’efforçant au mieux d’améliorer une mauvaise main.

 

Rien ne pourrait être plus loin de la vérité.

 

Mon expérience en matière de théorie des jeux m’a plutôt convaincu de la pure folie que ce serait d’imaginer que les délibérations actuelles entre la Grèce et nos partenaires sont un jeu de marchandage qui peut être gagné ou perdu au moyen de bluffs et de subterfuges tactiques.

 

Le problème avec la théorie des jeux, comme je le répète à mes étudiants, est qu’elle présume que les motivations des joueurs vont de soi. Au poker ou au black-jack cette supposition ne pose aucun problème. Mais dans les délibérations actuelles entre nos partenaires européens et le nouveau gouvernement de la Grèce, ce dont il s’agit est de changer les motivations des uns et des autres.

 

De faire naître un nouvel état d’esprit qui soit capable de transcender les divisions nationales, d’abattre la distinction entre créancier et débiteur au profit d’une vision paneuropéenne, de placer le bien commun européen au-dessus des considérations dogmatiques de la politique politicienne, toxiques si on ne leur tient pas la bride, et de rompre avec la vision manichéenne de la politique européenne.

 

La grande différence entre ce gouvernement et les gouvernements grecs précédents est double : nous sommes déterminés à entrer en conflit avec les puissants intérêts particuliers afin de permettre à la Grèce de redémarrer et de gagner la confiance de nos partenaires. Nous sommes également déterminés à ne pas nous laisser traiter comme une colonie fiscale à laquelle certains peuvent imposer comme bon leur semble toutes les souffrances qu’ils jugent nécessaires. Le principe qui demande l’imposition de l’austérité la plus sévère à l’économie la plus déprimée serait ridicule s’il n’était la cause d’autant de souffrance inutile.

 

On me demande souvent : et si la seule façon d’obtenir un financement est de franchir vos lignes jaunes et d’accepter des mesures que vous considérez comme faisant partie du problème, plutôt que partie de la solution ? Fidèle au principe selon lequel je n’ai pas le droit de bluffer, ma réponse est la suivante : les lignes que nous avons présentées comme étant jaunes ne seront pas franchies. Autrement, elles ne seraient pas vraiment des lignes jaunes, mais seulement du bluff.

 

Mais si cela devait amener encore plus de souffrance à votre peuple ? Me demande-t-on. Vous devez certainement bluffer.

 

Le problème avec cet argument est qu’il présuppose, comme le fait la théorie des jeux, que nous vivons dans un monde où l’on est entravé par la peur des conséquences. Dans un monde où il n’existe aucune circonstance où nous devons faire ce qui est juste, non pas en tant que stratégie, mais simplement parce que c’est… juste.

 

Contre un tel cynisme, le nouveau gouvernement grec innovera. Nous mettrons un terme, quelles qu’en soient les conséquences, aux accords qui sont mauvais pour la Grèce et pour l’Europe. Le jeu « étendre et prétendre » [étendre les dettes et prétendre que tout va bien – NDT] qui a commencé après que la dette de la Grèce est devenue telle, en 2010, que notre pays ne pouvait plus l’honorer, s’arrêtera.

 

Plus de prêts – pas tant que nous n’aurons pas un plan crédible pour faire repartir l’économie afin de rembourser ces prêts, aider la classe moyenne à se relever et régler cette effroyable crise humanitaire. Finis les programmes de « réformes » qui visent les retraités pauvres et les pharmacies familiales tout en laissant intacte la corruption à grande échelle.

 

Notre gouvernement ne demande pas à nos partenaires un procédé pour ne pas rembourser nos dettes. Nous demandons quelques mois de stabilité financière qui nous permettront de nous atteler aux réformes que la population grecque dans son ensemble peut faire siennes et soutenir, afin de faire revenir la croissance et mettre fin à notre incapacité de payer ce que l’on doit.

 

On pourrait penser que ce recul par rapport à la théorie des jeux est motivé par quelque radical programme gauchiste. Ce n’est pas le cas. La principale influence est Emmanuel Kant, le philosophe allemand qui nous a enseigné que les hommes rationnels et libres échappent à l’emprise de l’opportunisme en faisant ce qui est juste.

 

Comment savons-nous que notre modeste programme politique, qui constitue notre ligne jaune, est juste selon la formulation de Kant ? Nous le savons en regardant dans les yeux les gens affamés dans les rues de nos villes ou en contemplant notre classe moyenne à bout de souffle, ou en prenant en compte les intérêts de tous les hommes et femmes qui travaillent dur dans toutes les villes et tous les villages de notre union monétaire européenne.

 

Après tout, l’Europe ne retrouvera son âme que lorsqu’elle regagnera la confiance de son peuple en plaçant les intérêts de celui-ci avant toute autre considération.

 

 

Par Yanis Varoufakis. Article paru dans le New YorkTimes, le 17 février 2015 : No Time for Games in Europe [traduction: JFG/OG-QuestionsCritiques] - JEAN-FRANÇOIS GOULON - blogs.mediapart.fr – le 17 février 2015

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CETTE DETTE QUE L’ALLEMAGNE DOIT ENCORE À LA GRÈCE : ENTRETIEN AVEC L’HISTORIEN DE L’ÉCONOMIE ALBRECHT RITSCHL

CETTE DETTE QUE L’ALLEMAGNE DOIT ENCORE À LA GRÈCE : ENTRETIEN AVEC L’HISTORIEN DE L’ÉCONOMIE ALBRECHT RITSCHL | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Albrecht Ritschl, professeur d’histoire économique à la London School of Economics. (Capture d’écran via Proud2bGreek1/YouTube)

 


CETTE DETTE QUE L’ALLEMAGNE DOIT ENCORE À LA GRÈCE : ENTRETIEN AVEC L’HISTORIEN DE L’ÉCONOMIE ALBRECHT RITSCHL

 


Dans une interview datant de novembre 2014, Albrecht Ritschl, professeur d’histoire économique de la London School of Economics, discute des dettes de guerre de l’Allemagne et des réparations dues à la Grèce après la Deuxième Guerre mondiale. Selon lui, l’Allemagne est le plus grand fraudeur de la dette du 20e siècle.

 



— Michael Nevradakis : Beaucoup de gens ignorent tout du prêt que le régime nazi a imposé à la Grèce pendant la Deuxième Guerre mondiale. Faites-nous un résumé de ce problème.

 

Albrecht Ritschl : Les éléments essentiels sont les suivants : pendant l’occupation, l’Allemagne a forcé la Banque de Grèce à lui prêter de l’argent, ce prêt forcé n’a jamais été remboursé et il est probable que personne n’ait jamais eu l’intention de le faire. Nous avons là une tentative de déguisement, de camouflage, pourrait-on dire, des frais d’occupations en prêt forcé – et ce prêt avait bien des mauvais côtés. Il a alimenté l’hyperinflation grecque, qui avait déjà lieu à cause de l’occupation italienne, et surtout, il a ponctionné des ressources vitales. Ce qui a eu pour conséquence une baisse catastrophique de l’activité économique ; et cela n’a rien fait pour rendre l’occupation allemande moins impopulaire qu’elle ne l’était avant. Cela a raffermi la résistance grecque dans sa résolution et a eu pour effet tout un tas de choses très tragiques et néfastes.

 

 

— Les nazis ont-ils forcé d’autres pays occupés à leur accorder des prêts ?

 

Oui, c’était une façon de faire très fréquente et largement utilisée. Juste pour vous expliquer un peu ce qui se passait alors, les nazis avaient instauré un système monétaire à taux fixe dans les pays occupés, en alignant les taux de change sur le reichsmark, la devise allemande de l’époque, plus ou moins à leur gré. Le système était centralisé à la banque centrale allemande, la Reichsbank de Berlin, grâce à un système de créance à court terme, comme des comptes à découvert, et l’Allemagne était à découvert en ce qui concerne les pays occupés – ce qui a créé l’illusion de paiements.

 

Quand les officiers allemands se rendaient dans des usines françaises, belges ou néerlandaises – dans les trois pays d’où l’Allemagne tirait la plus grande partie de ses ressources et réquisitionnait des machines et des matières premières – ils payaient effectivement, et ces paiements étaient essentiellement crédités sur leurs comptes nationaux à la Reichsbank. Le prêt imposé à la Grèce a suivi un schéma similaire. Comme je l’ai déjà dit, l’essentiel de ces prêts provenait majoritairement des pays d’Europe de l’Ouest. La Grèce, à cause de son économie réduite, ne représentait qu’une fraction de tout cela. Néanmoins, les effets sur l’économie grecque ont été dévastateurs.

 

 

— Que s’est-il passé après la Deuxième Guerre mondiale en ce qui concerne les prêts forcés de la Grèce et des autres pays concernés – ainsi que des réparations et des remboursements des dettes de guerre allemandes en général ?

 

Vous seriez surpris d’apprendre qu’il ne s’est rien passé, et la raison est la suivante : après l’invasion des Alliés et la chute du régime nazi, la première chose que les autorités d’occupation ont faite a été de bloquer toutes les revendications à l’encontre et de la part du gouvernement allemand, en vertu d’une fiction juridique selon laquelle le gouvernement et l’État allemand n’existaient plus. La question était alors de savoir ce qu’on allait en faire après la mise en place de nouvelles structures étatiques à la fin des années 1940. La question était très controversée, car beaucoup de gouvernements d’Europe de l’Ouest disaient : « Nous sommes tous tellement heureux de refaire du commerce et de renouer des relations économiques avec l’Allemagne occupée, et au fait, nous avons toujours ces comptes qui n’ont pas été liquidés avec les Allemands… Et si les Allemands nous livraient tout simplement des marchandises pour combler les déficits de ces comptes ? »

 

C’est devenu une préoccupation majeure pour les occupants, surtout pour les Américains, puisqu’ils craignaient beaucoup que les zones occupées de l’Allemagne saignent l’économie avec un tel système de remboursement des prêts de guerre, et les Américains cherchaient avant tout à renflouer et relancer l’Allemagne. Les raisons de leur inquiétude trouvaient leurs racines dans l’histoire des réparations à la fin de la Première Guerre mondiale, quand un système similaire avait été mis en place après la fin de l’hyperinflation allemande. C’était un projet américain de stabilisation de l’économie allemande, le plan Dawes, qui fonctionnait comme suit : l’Allemagne payait des réparations aux alliés occidentaux et les États-Unis fournissaient une aide financière à l’Allemagne. Entre 1924 et 1929 ce système était hors de contrôle et c’était en fait les États-Unis qui finançaient les réparations allemandes.

 

Donc les Américains, après la Deuxième Guerre mondiale, craignant de voir ce schéma se répéter, ont bloqué tout cela. Comment l’ont-ils bloqué ? Grâce à un dispositif ingénieux, quoiqu’un peu malveillant : tout pays souhaitant recevoir l’aide du plan Marshall devait signer une renonciation dans laquelle il abandonnait toute poursuite financière à l’encontre de l’Allemagne en échange de l’aide du plan Marshall. Cela ne revenait pas à bloquer complètement les réclamations, mais à les repousser jusqu’à l’époque où l’Allemagne aurait remboursé l’aide qu’elle avait reçue du plan Marshall. En termes techniques, cela a placé les réparations et les demandes de remboursements faites à l’Allemagne à un rang inférieur à celui du plan Marshall. Et comme tout le monde voulait recevoir l’aide du plan Marshall, tout le monde a signé les renonciations à contrecœur. La situation pendant la période du plan Marshall était donc celle-ci : les dettes existaient encore sur le papier, mais elles ne valaient plus rien en ce sens que la dette était bloquée.

 

 

— Combien dit-on que l’Allemagne doit à la Grèce et aux autres pays pour ce qui est des dettes de guerre ?

 

La dette due à la Grèce était de l’ordre d’un peu moins de 500 millions de reichsmarks ; la dette totale due à l’Europe de l’Ouest sur les comptes de compensation était d’environ 30 milliards de reichsmarks. De nos jours ça n’a l’air de rien, mais cela prend tout son sens si je vous dis que le montant total équivalait à environ un tiers du Produit National Brut de l’Allemagne en 1938, un an avant que l’Allemagne ne déclenche la Deuxième Guerre mondiale. Ce n’était pas la seule dette, car l’Allemagne avait manipulé la valeur de la dette grâce au système de taux de change qu’elle contrôlait.

 

Il y a des calculs faits par les fonctionnaires du gouvernement allemand vers la fin de la Deuxième Guerre mondiale, donc toujours sous le régime nazi, qui essaient de rendre compte de la valeur réelle de la dette totale contractée dans l’Europe occupée, et qui arrivent à des résultats proches de 80 ou 90 milliards. Ce qui se rapproche fortement du PNB de l’Allemagne en 1938 ; disons 85 ou 90 %. Nous parlons désormais de très grosses sommes. Juste pour vous donner une idée : le PNB de l’Allemagne l’an dernier [2013, NDLR], était d’un peu plus de deux mille milliards d’euros, disons 90 % de ce chiffre. Nous sommes toujours au-dessus de deux mille milliards d’euros, juste pour vous donner une idée de ce que la dette représentait alors dans le potentiel économique de l’Allemagne.

 

 

— Y a-t-il un moyen de quantifier cette dette et sa valeur actuelle si on l’ajustait à l’inflation et au taux de change des dernières décennies ?

 

Il y a plusieurs façons de faire. Ce que je viens de faire en est une, et nous dirions alors que le total de cette dette, si l’on prend le PNB allemand comme mesure et que l’on ne fait pas intervenir l’inflation, la valeur totale de la dette mesurée en pourcentage du PNB allemand sur un an, serait aujourd’hui de plus de deux mille milliards d’euros.

 

 

— Quels arguments l’Allemagne avance-t-elle, historiquement et présentement, quant au problème des dettes de guerre et des réparations ?

 

Il y a eu une importante période provisoire avec les Accords de Londres sur la dette allemande. Au début des années 1950, des négociations ont commencé entre l’Allemagne de l’Ouest et les pays créanciers. Une solution a été trouvée – ou plutôt de nouveau imposée par les Américains et dans une certaine mesure par les Britanniques – qui avait deux effets. Premièrement, ils ont réuni les dettes de guerre et les réparations – ce qui n’était pas anodin. Deuxièmement, ils ont tenu des propos confus, qui étaient ouverts à l’interprétation, disant que l’on repoussait la résolution de ces problèmes jusqu’à la réunification de l’Allemagne. Pourquoi ces deux points sont-ils importants ?

 

Le premier point est le suivant : si vous réunissez les dettes de guerre et les réparations allemandes, vous mettez tout dans le même sac. Et il ne fait aucun doute que l’Allemagne a payé des réparations considérables en nature après la Deuxième Guerre mondiale, principalement à travers deux choses : les livraisons forcées – qui étaient très importantes pour ce qui est devenu ensuite l’Allemagne de l’Est – et la cession de territoires, qui sont désormais une partie de la Pologne et, dans une moindre mesure, de la Russie, ce que nous pouvons dans les deux cas appeler des réparations en nature. Donc si vous réunissez les dettes de guerre et les réparations, la balance est plus légère, car ces réparations en nature ont été considérables. Le second point ce sont ces propos confus repoussant la résolution de ces problèmes au lendemain de la réunification allemande, car la grande question était alors de savoir si cette clause, l’article 5 des accords de Londres, constituerait une obligation après la réunification allemande, qui a effectivement eu lieu en 1990.

 

 

— En ce moment, la presse et les médias parlent beaucoup de la success-story de l’économie allemande, de sa responsabilité budgétaire, que l’on compare à l’irresponsabilité budgétaire supposée des pays d’Europe du Sud, comme la Grèce. Mais vous soutenez que l’Allemagne a été le plus grand fraudeur de la dette au 20e siècle. Pourquoi pensez-vous que c’est le cas ?

 

Eh bien, nous pouvons juste faire parler les chiffres, et j’ai déjà parlé de ces dettes de guerres presque égales au rendement économique de l’Allemagne en 1938, quand l’Allemagne connaissait le plein-emploi. Donc au fond, ces sommes n’ont jamais été remboursées. Nous avons de plus la dette publique de l’Allemagne, qui a été effacée par une réforme monétaire entreprise par les Américains dans les zones occupées de l’Allemagne de l’Ouest et par les Soviétiques dans les zones occupées de l’Allemagne de l’Est en 1948. Les Soviétiques ont totalement effacé la dette publique ; les Américains en ont effacé 85 %. Si maintenant nous additionnons tout cela et essayons de parvenir à un total global, à la fois interne et externe, effacé par la réforme monétaire et les accords de Londres, nous arrivons à un chiffre qui est approximativement – c’est très approximatif, juste pour avoir un ordre d’idée – quatre fois le revenu national de l’Allemagne. Pour donner un ordre d’idée actuel, si l’on accepte que le PNB est de l’ordre de deux mille milliards d’euros, ce qui fait plus de deux mille milliards et demi de dollars, nous parlons alors d’un défaut de paiement et d’un allègement de dette de l’ordre de dix mille milliards de dollars. J’aurais tendance à penser que c’est sans équivalent dans l’histoire du 20e siècle.

 

 

— Avez-vous connaissance de mouvements ou d’activistes qui essaient actuellement de sensibiliser l’opinion aux dettes et aux réparations de guerres ?

 

Il y en a relativement peu. Pour expliquer cela, plongeons-nous dans la situation juridique à l’époque de la réunification allemande de 1990. L’Allemagne a reçu cette espèce de certificat de baptême pour une Allemagne unifiée qui est rédigé d’une manière incroyablement subtile et dont le seul but était, apparemment, d’empêcher toute réclamation quant aux réparations ou aux restitutions à l’encontre de l’Allemagne unifiée, sous prétexte qu’il existait désormais un État allemand unifié et que l’article 5 des accords de Londres pourrait tout d’un coup être réactivé.

 

Du point de vue allemand, le traité de 1990 ne mentionne pas les réparations ou les dettes de l’Allemagne nazie, et puisque ce point n’est pas couvert par le traité, le problème est enterré. Ça été l’attitude systématique du gouvernement allemand. Et jusqu’ici cette attitude a plutôt réussi… De nombreux essais ont été faits pour contester ce point à la Cour européenne, mais ont échoué, et il me semble que d’un point de vue légal, il y a relativement peu de chances que cela réussisse.

 

Ce qui nous amène à la question suivante : pourquoi n’y a-t-il pas une plus grande sensibilité à ces problèmes en Allemagne ? Et une chose nous met sur la voie. Il est clair que Berlin n’a aucune intention de parler de ces problèmes, parce que les avocats craignent toujours de créer un précédent, Berlin reste donc silencieux là-dessus. Le seul qui en ait parlé, et c’est assez révélateur, a été l’ancien Chancelier Helmut Kohl, que l’on a interrogé sur ce point à la sortie d’une conférence de presse au moment des négociations. Il a déclaré : « Écoutez, nous affirmons que nous ne pouvons pas payer les réparations, parce que si nous ouvrons la boite de Pandore, compte tenu de la cruauté et la brutalité nazies, des génocides – et les nazis sont à l’origine de plusieurs génocides – compte tenu de ces faits horribles et de l’échelle incroyable de ces crimes terrifiants, tout essai de quantification et de réclamation à l’Allemagne finira soit avec des compensations ridiculement basses ou bien cela va dévorer toute la richesse nationale de l’Allemagne. » C’est resté la position de l’Allemagne depuis : les dommages causés par les nazis, pas seulement en termes de souffrance humaine et morale, mais tout simplement en termes de dommages matériels et financiers, sont si élevés que cela remplacerait la capacité de remboursement de l’Allemagne.

 

Et en tant qu’économiste, j’ai bien peur que ce ne soit pas totalement tiré par les cheveux ; il y a de cela. Ce qu’a ensuite affirmé Helmut Kohl était qu’au lieu d’ouvrir la boite de Pandore et de s’enfoncer dans les demandes de réparation, il serait sûrement préférable de continuer dans ce qui lui semblait être une coopération économique fructueuse en Europe. À l’époque, c’était une bonne idée, et c’était à cette époque préeuro où tout le monde était très optimiste quant à l’avenir de la coopération économique en Europe. Nous sommes devenus désormais un peu plus réalistes, mais à l’époque ce n’était pas totalement irréaliste et déraisonnable de penser régler ces problèmes ainsi.

 

 

— Selon vous, quelle serait la meilleure solution pour régler le problème des dettes et réparations de guerre pour les gouvernements grec et allemand à l’heure actuelle ?

 

La meilleure solution serait sans doute d’essayer de dépolitiser les choses au maximum. Alors je sais bien que c’est complètement irréaliste parce que c’est un sujet politique depuis le début. Ce que je préférerais faire, plutôt que de donner une opinion personnelle et illusoire, c’est de faire quelques prévisions sur ce qui va se passer selon moi.

 

Laissez-moi dire quelques mots sur ce que je crois qu’il faut faire – je ne vais pas complètement éluder votre question. Je crois vraiment que nous avons besoin de plus d’annulation de dette, et je crois que nous allons en avoir besoin assez vite. Je suis de ceux qui sont assez préoccupés par la situation politique actuelle de la Grèce. Le gouvernement grec [NDLR le gouvernement de Samaras] sert manifestement deux maîtres. L’un est l’électorat grec, qui est naturellement et clairement peu satisfait de la situation, c’est le moins qu’on puisse dire, et l’autre est composé des créanciers internationaux, menés par l’Allemagne, et dans une moindre mesure par le FMI. À l’évidence, les intérêts, du moins à court terme, des créanciers et de la population grecque, ne concordent pas ; ils s’opposent même. Cela met le gouvernement grec en mauvaise posture. Je suis inquiet de l’avenir de la démocratie en Grèce, et en tant qu’Allemand j’en suis inquiet pour deux raisons.

 

D’abord parce qu’on ne peut pas nier la responsabilité historique de l’Allemagne, et ensuite parce que l’Allemagne a traversé une expérience très très similaire. Cette expérience s’est faite à la fin des problèmes de réparation qui ont suivi la Première Guerre mondiale, pendant la Grande Dépression des années 1930. Le gouvernement allemand devait payer des réparations selon un programme très strict. Le programme, le plan Young, avait commencé en 1929 ; c’était rude, et à bien des égards, cela me rappelle ce que le ministre des finances allemand et la troïka imposent à la Grèce ; les effets ont été les mêmes : chute de la production économique de 25 à 30 %, le chômage de masse, la radicalisation politique. En gros, le plan Young a fait sortir les nazis du bois. Oui, je suis assez inquiet de la situation en Grèce, donc je pense que nous devrions rapidement prendre des mesures pour stabiliser la démocratie grecque. Est-ce que je pense que cela va se produire ? Je suis un peu sceptique. J’ai peur que deux choses se passent : d’abord, qu’à la fin il y ait une annulation de dette généralisée, mais cela arrivera assez tardivement, et des dégâts profonds auront déjà été causés à la démocratie grecque.

 

 

Par Michael Nevradakis - okeanews.fr – le 10 février 2015

Source : truth-out.org

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La bien triste Europe de monsieur Leparmentier

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Photo : la Grèce est-elle coupable de ses propres maux ? (Crédits : reuters.com)

 

 

La bien triste Europe de monsieur Leparmentier

 

L’éditorialiste du Monde rejette sur les Grecs la faute de leurs maux. Et refuse tout nouveau soutien au nom du choix du peuple hellénique. Réponse au nouveau mishellénisme français.

 

Il fut un temps béni où les grands écrivains français faisaient de leur philhellénisme une vertu et un courage. Il fut un temps où Chateaubriand pouvait s’enorgueillir de placer dans ses Mémoires d’outre-tombe cette réaction des Grecs à sa sortie du Ministère : « Leurs espérances les plus fondées étant dans la générosité de la France, ils se demandent avec inquiétude ce que présage l’éloignement d’un homme dont le caractère leur promettait un appui. » Les temps ont bien changé et, désormais, l’heure est davantage au mishellénisme d’un Pierre Loti qui n’avait à la fin de sa vie pas de mots assez durs pour la « Grécaille. »

 

Aussi la grande presse ne se lasse-t-elle pas de nous décrire les Grecs comme seuls responsables de leurs malheurs actuels. Et pire, comme travestissant à dessein cette vérité éclatante pour faire payer aux autres leur propre gabegie. Tel serait donc le « masque de la tragédie grecque. » Et c’est sous ce titre que l’éditorialiste du Monde, Arnaud Leparmentier, a mené une charge contre cette « victimisation » des Grecs qui, en réalité, sont les vrais coupables de la crise.

 

 

Le conte de fées balte

 

Cette comédie en forme de tragédie décrite sous la plume de cet éditorialiste commence par un conte de fées, celui du modèle balte. C’est une figure incontournable du mishellénisme contemporain. Le succès de l’ajustement balte montrerait en effet avec éclat l’incroyable manque de volonté des Grecs. Comme tous les vrais contes, il se termine mal : les travailleurs et courageux Baltes doivent finir par payer pour les indolents Grecs (ce qui est faux, car la contribution au capital du MES n’est pas un prêt à la Grèce). Mais comme tous les contes, c’est aussi un travestissement de la réalité.


Car à lire Arnaud Leparmentier, on a l’impression que les Baltes ont agi, tandis que les Grecs n’ont rien fait. Or, « l’ajustement » des deux pays baltes que cite l’auteur est moins violent statistiquement que celui des Grecs. Le PIB lituanien a perdu 18 % ? Celui de la Grèce a reculé de 25 %. Les salaires lituaniens ont baissé ? Les Grecs aussi et d’un quart. Bref, les « efforts » que semble tant apprécier l’auteur ont été fournis autant sur les bords de l’Égée que sur ceux de la Baltique. Sauf évidemment à nier l’actuelle misère et la souffrance du peuple grec. Mais le défaut principal des Grecs, pour l’éditorialiste, c’est d’oser se plaindre quand les Lettons ont ajusté « toujours avec effort et discrétion. »

 

Les Baltes ont retrouvé la croissance plus rapidement que les Grecs ? Certes, mais c’est précisément la preuve que les mêmes recettes appliquées à tous ne donnent pas les mêmes résultats. Parce que les structures économiques ne sont pas les mêmes. La géographie, la capacité industrielle, la culture, l’histoire pèsent sur l’économie. La culture économique des pays baltes n’est pas celle de la Grèce, elle est davantage influencée par le traumatisme soviétique et par l’influence germanique. Les pays baltes ont commencé leur nouvelle vie en 1991 vierge de dettes, alors que dès l’indépendance en 1830, les Européens ont imposé un fardeau financier à Athènes. Autre différence : le modèle économique différent, basé sur l’exportation depuis le début pour les petits pays baltes, centré sur la consommation pour la Grèce.

 

Tout ceci suggérerait une politique plus fine, plus adaptée que celle qu’a menée la troïka. À moins de considérer l’économie comme une science exacte indépendante et de nier qu’il s’agisse d’une science sans doute trop humaine, mais néanmoins humaine. Au reste, le miracle balte n’est pas si radieux. Si la Lituanie a retrouvé en 2013 son niveau de PIB de 2007, ce n’est pas le cas de la Lettonie qui est encore 10 % en deçà. L’émigration a été massive, dans des pays à la démographie déjà déclinante. Ce « miracle balte » pourrait être un mirage, car il a gravement obéré l’avenir de ces pays.

 

Mais peu importe : si la politique appliquée sous les applaudissements des belles âmes européennes en Grèce depuis 2010 n’a pas donné les mêmes résultats que dans les pays baltes, c’est bien une raison suffisante pour en changer. Et, dès lors, le raisonnement économique de Syriza de stopper l’austérité est pleinement justifié.

 

 

Étrange Europe

 

Au final, cette course aux taux de croissance après les ajustements est un peu dérisoire. Après la pluie vient le beau temps. En détruisant un quart de la richesse du pays, en coupant les salaires à la hache, il est logique que la croissance revienne ou qu’à tout le moins le PIB se stabilise. Mais est-ce le modèle que l’Europe propose aujourd’hui à ses peuples ? Détruire de la richesse pendant quelques années pour avoir le plaisir d’afficher de beaux taux de croissance « à la balte » afin de « rattraper » les effets de cette chute ? À n’en pas douter, l’enthousiasme ne saurait manquer devant un tel projet !

 

Dans l’Europe d’Arnaud Leparmentier, tous les États sont strictement indépendants les uns des autres. Les résultats des pays sont mesurés à l’aune de la détermination des peuples à réaliser leurs « ajustements nécessaires » en silence. Il loue ainsi la « discrétion » de la Lettonie. Là encore, c’est un beau projet pour l’Europe que de mettre en permanence en concurrence des États en leur demandant d’être plus compétitifs que leurs voisins. C’est un beau projet pour l’Europe que de comparer sans cesse Baltes et Grecs, Allemands et Français, etc. Là encore, la fraternité entre les peuples ne manquera pas d’en sortir grandie.

 

 

Des Allemands innocents et dupes ?

 

Dans cette Europe, l’auteur dessine l’image d’un autre mythe, celui des Allemands « dupes » des Grecs qui n’ont pas su corriger ce qui semble, pour lui, être des tares congénitales. Braves Allemands, travailleurs, qui ont eux aussi « ajusté », qui sont solidaires (pour payer leurs propres créances, devrait-on ajouter) et, surtout, nous dit l’auteur qui ont sacrifié leur sacro-saint Mark auquel ils tenaient tant en croyant la promesse qu’il n’y aurait pas de « transferts » en Europe. Mais si cela était vrai, alors, les Allemands n’ont été dupes que d’eux-mêmes. Comment pouvaient-ils croire qu’une union monétaire pouvait tenir debout sans mécanisme de solidarité interne ? Comment ont-ils pu se convaincre qu’une zone aussi hétérogène n’aurait pas besoin d’un système de compensation pour pouvoir tenir debout ?

 

Mais là aussi, on est dans le mythe. Si les Allemands ont abandonné le Mark, c’est qu’ils y trouvaient leur intérêt. L’euro les protège des dévaluations compétitives de l’Europe et l’austérité leur assure des importations bon marché, tout en gelant les capacités d’investissement dans les autres pays qui pourraient déboucher sur des innovations venant concurrencer les exportations allemandes. L’euro dans sa configuration actuelle est une bénédiction pour l’Allemagne. Et c’est aussi pour cela que, malgré ses réticences, Angela Merkel a accepté de le sauver en 2010 puis en 2012. Du reste, on n’oubliera pas que ces Allemands sur le sort desquels s’apitoie l’éditorialiste du Monde ne sont pas tout blancs dans cette affaire.

 

Lorsque Gerhard Schröder a engagé ses réformes qui font rêver tous les éditorialistes français, il s’est appuyé sur un gel du pacte de stabilité, sur le fait que l’Allemagne alors était seule à « ajuster » et, enfin, sur des taux bas garantis alors par la BCE de Jean-Claude Trichet. Ces trois éléments ont eu des répercussions dans les pays du sud de la zone euro. Incapables de rivaliser avec une Allemagne meilleure marché, les États comme l’Espagne et la Grèce ont décidé de se concentrer sur la demande intérieure. C’était parfait : les taux bas assuraient un financement à bon compte à la dette publique grecque et à l’immobilier espagnol. Et surtout, il y avait preneur. Car les banques allemandes étaient alors très heureuses de pouvoir recycler l’immense excédent courant de leur pays dans ces circuits plutôt que dans la demande intérieure en Allemagne qui risquait de nuire à sa compétitivité externe... L’indolence grecque n’est pas la seule responsable de la crise européenne. Et si les responsabilités sont partagées, alors le coût doit l’être.

 

 

Logique restructuration

 

À ce sujet, on ne se lassera pas de répéter qu’une restructuration de la dette grecque est tout ce qu’il y a de plus logique. Les Européens ont imposé à Athènes un système de cavalerie financière pour sauver l’euro plus que la Grèce : ce système était voué à l’échec dès le premier jour, non pas en raison de l’indolence des Grecs, mais parce que les bases économiques sur lesquelles se sont fondés les calculs étaient fausses : l’austérité n’a pas rétabli la confiance et les effets multiplicateurs de cette politique étaient sous-estimés. Cette erreur, nos gouvernements, français, allemands, italiens, l’ont toute faite. Ils doivent aujourd’hui l’assumer. C’est ce qu’exige cette raison économique brandie en permanence pour justifier les souffrances des Grecs. Mais voilà, comme le notait Bossuet, « le riche à qui abonde n’est pas moins impatient dans ses pertes que le pauvre à qui tout manque »...

 

 

La gabegie hellénique

 

Venons-en à présent au cœur du propos d’Arnaud Leparmentier : l’austérité n’est pas la cause du problème grec, c’est la gabegie grecque qui continue et justifie que l’on soit ferme avec le nouveau gouvernement hellénique. Personne évidemment ne peut nier que les dysfonctionnements de l’État et de la société grecque soient à l’origine des difficultés du pays. Du reste, nul n’en est plus conscient que les Grecs eux-mêmes, car, ne l’oublions pas, ils en sont les premières victimes, bien plus que le gentil et travailleur contribuable allemand. C’est précisément pour cette raison qu’ils ont voulu changer de majorité.

 

Les deux partis, Nouvelle Démocratie et le Pasok, que l’Europe a soutenu sans vergogne et qu’Arnaud Leparmentier semble tant regretter, sont en effet les constructeurs de cet État inefficace et captateur. Et la troïka n’a pas changé la donne : les coupes se sont concentrées sur le bas de la fonction publique, sur des objectifs chiffrés, jamais sur l’efficacité. Quiconque a traversé un service d’urgence en Grèce pourra s’en convaincre aisément. Les licenciements de fonctionnaires (un tiers des effectifs tout de même, ce n’est pas mal pour des indolents) ont été décidés sur des critères bien peu transparents. Les popes et les armateurs — dont l’auteur fustige avec raison les avantages fiscaux — ont été protégés. Et ce n’est pas Antonis Samaras qui prévoyait de changer cet état de fait : il est le candidat des popes et des armateurs. Avec Alexis Tsipras, Syriza était pour les Grecs, le vrai parti de la réforme. L’auteur devrait s’en réjouir, mais il est sans doute aveuglé par l’amitié entre Antonis Samaras et ses héros, Angela Merkel et Mariano Rajoy...

 

 

L’austérité, pas coupable ?

 

Quant à l’austérité, elle a échoué sur toute la ligne en Grèce : le choc qu’elle a provoqué a aggravé les maux grecs et a empêché tout vrai redressement de l’économie. Pour dégager un excédent primaire inutile aux Grecs, on a payé le prix fort : un appauvrissement radical de la population qui se traduit dans des faits comme l’augmentation de la mortalité infantile ou la présence d’un quart de la population sous le seuil de pauvreté. Des faits que l’éditorialiste du Monde ne juge pas utile de rappeler puisque ce ne sont que des « dommages collatéraux » de la bonne politique.

 

Pour Le Monde, le service de la dette grecque étant fort faible du fait de la magnanimité européenne, la restructuration de la dette devient inutile. Rien de plus faux : la Grèce n’a pas accès aux marchés. Son problème est donc le déficit budgétaire final qui ne peut être comblé que par de nouveaux « efforts » ou par une aide extérieure supposant de nouveaux « efforts. » Son autre problème est le remboursement du capital de la dette qui ponctionne des sommes là encore insoutenables puisqu’il n’est possible, comme en France ou en Espagne, de reprendre de la dette pour le financer (en France, lorsqu’un emprunt arrive à échéance, il est remboursé par un nouvel endettement).  La Grèce est donc condamnée comme Sisyphe à toujours faire pire. Elle est donc condamnée à une croissance insuffisante et à une austérité sans fin.

 

 

Une démocratie à deux vitesses

 

Reste enfin la démocratie. Arnaud Leparmentier refuse absolument l’idée de la remise en cause démocratique de l’austérité. Il estime qu’il existe deux « légitimités » démocratiques en Europe : une en faveur de l’austérité, l’autre contre. Et pour prouver que l’Europe démocratique fonctionne, il cite la chute du gouvernement slovaque de 2011 sur la question de l’aide à la Grèce. Certes, mais la réalité, c’est que depuis 2010, la légitimité anti-austéritaire a toujours perdu. On a vu ce qu’est devenue la légitimité démocratique française en 2012. On a vu François Hollande, auréolé de sa victoire devoir courber l’échine et accepter un pacte budgétaire signé par son prédécesseur pour un plat de lentilles. On a vu un gouvernement français menacer des députés français pour les convaincre à trahir leur mandat et ratifier ce pacte budgétaire. On a vu des gouvernements en Italie et en Grèce tomber par la volonté d’Angela Merkel. On a vu les manœuvres contre le projet de référendum grec de novembre 2011 sur l’austérité. On a vu des unions nationales contraintes par l’Europe en Grèce ou en Italie. On a vu l’austérité se poursuivre en Italie malgré la défaite électorale du parti du Premier ministre choisi par l’Europe, Mario Monti, pour mener cette politique. On a vu les manœuvres pour effrayer les Grecs en juin 2012. Le 25 janvier, les Grecs ont choisi une autre voie. Si l’Europe la leur refuse, ils devront décider si leur « légitimité démocratique » est inférieure ou non à celle de l’Allemagne ou de la Slovaquie...

 

Au final, que retenir de cet éditorial ? L’image d’une Europe condamnée aux « ajustements », refusant toute solidarité interne et en même temps toute différence, montant les peuples les uns contre les autres, établissant une démocratie sur la base de critères économiques. L’Europe dont rêve Arnaud Leparmentier n’est en fait qu’un immense gâchis.

 

 

 

Par Romaric Godin latribune.fr – le 6 février 2015

http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20150206trib083bb894c/la-bien-triste-europe-de-monsieur-leparmentier.html

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Tsipras bloque la privatisation du Pirée, la Bourse plonge

Tsipras bloque la privatisation du Pirée, la Bourse plonge | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : le nouveau gouvernement grec de gauche radicale Syriza formé mardi par Alexis Tsipras veut négocier la dette avec les créanciers du pays, UE et FMI, dans la perspective de trouver « une solution viable, juste et mutuellement utile » (Crédits : Reuters)

 

Tsipras bloque la privatisation du Pirée,

la Bourse plonge

 

Le nouveau gouvernement grec démarre fort : il annonce sa volonté de stopper de nombreuses privatisations exigées par les créanciers du pays, dont celle très symbolique du port du Pirée (au profit du conglomérat chinois Cosco). D’autres mesures seront annoncées tout au long de ce mercredi. La Bourse d’Athènes reculait de 6 % ce matin.

 

Les yeux de la Troïka sont rivés sur Athènes, ce mercredi 28 janvier. Le premier conseil des ministres du nouveau gouvernement Alexis Tsipras n’accouchera pas d’une souris. Ce dernier annoncera les premières mesures d’urgence anti-austérité. Certaines mesures sont déjà connues.

 

 

Plusieurs projets de privatisation stoppés...

 

Le port du Pirée

 

Le nouveau gouvernement grec va stopper le processus de privatisation du port du Pirée lancé par la majorité précédente. « Nous ne vendrons pas de part majoritaire dans le port du Pirée », a annoncé mardi Thodoris Dritsas, le nouveau ministre adjoint chargé du Transport maritime. Il a ajouté que l’accord existant avec le groupe chinois Cosco serait réexaminé au nom des intérêts du peuple grec.

 

 

La première société de services aux collectivités

 

Le gouvernement prévoit également de suspendre le projet de privatisation de PPC, la première société de services aux collectivités, a annoncé mercredi Panagiotis Lafazanis, le ministre de l’Énergie, à la télévision grecque. Le précédent gouvernement avait adopté l’an passé un texte de loi visant à scinder une partie des activités de PPC et à la privatiser dans le cadre d’un programme de libéralisation du marché de l’énergie.

 

 

Le principal opérateur public d’électricité DEI

 

Mercredi également, interrogé sur les chaînes de télévision Mega et Skaï, le ministre de l’Énergie Panayotis Lafazanis avait fait part de l’intention du gouvernement de ne pas privatiser, comme c’était prévu, le principal opérateur public d’électricité DEI. « Nous voulons faire en sorte que le courant soit bon marché afin d’améliorer la compétitivité [...] une nouvelle DEI productive va aider à faire avancer le pays », a-t-il dit.

 

Suite à l’annonce de l’arrêt de ces privatisations, la Bourse d’Athènes reculait de quelque 8 % mercredi vers 15 heures (heure de Paris), tombant à un nouveau creux historique. En outre, le rendement des obligations souveraines à cinq ans atteignait un niveau record de 13,12 %. Le titre PPC reculait de 13,73 %, et celui du Port du Pirée de 8,7 %.

 

 

Hausse du salaire minimum sur le feu

 

À l’issue de cette première réunion du gouvernement, d’autres mesures devraient être annoncées. Ainsi, une loi rehaussant de 580 euros à 751 euros le salaire minimum pourrait être mise sur la table. Une mesure qu’il voulait faire passer rapidement. Il prévoyait également, comme mesure d’urgence, de laisser des facilités de paiement à ceux qui ne peuvent pas payer leurs arriérés d’impôts.

 

Autres décisions d’urgence : Alexis Tsipras souhaite accorder l’électricité gratuite et des bons d’alimentation aux plus démunis, et d’en finir avec l’obligation de « mobilité et d’évaluation » dans les services publics, largement imposée par les créanciers du pays, la fameuse Troïka (UE, BCE, FMI). Autant de mesures qui rompent avec les préconisations de cette dernière.

 

 

Tsipras veut trouver une solution viable pour négocier la dette

 

En outre, le nouveau gouvernement grec de gauche radicale Syriza veut négocier la dette avec les créanciers du pays, BCE, UE et FMI, dans la perspective de trouver « une solution viable, juste et mutuellement utile », a indiqué mercredi le Premier ministre Alexis Tsipras.

 

« Parmi nos priorités, figure une nouvelle renégociation avec nos partenaires pour trouver une solution juste, viable et mutuellement utile », a déclaré M. Tsipras en introduction au premier conseil des ministres. « Nous sommes prêts à verser notre sang pour rétablir la dignité des Grecs », a-t-il ajouté, qualifiant le nouvel exécutif de « gouvernement de salut national ». 

 

 

Par latribune.fr (avec Reuters et AFP) – le 28 janvier 2015

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Grèce - Sauvons les peuples, pas les banques

Grèce - Sauvons les peuples, pas les banques | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 


Grèce - Sauvons les peuples, pas les banques

 

Intervention de Patrick Saurin, porte-parole du syndicat Sud Banques Populaires Caisses d’Épargne, lors du meeting de soutien au peuple grec pour prendre son destin en main du 19 janvier 2015 à Paris.

 



Bonsoir à toutes et à tous.

Dans quelques jours, le peuple grec aura la possibilité de rompre avec les politiques d’austérité dictées par la Troïka pour engager enfin, avec SYRIZA, le vaste programme de réformes qu’exige la situation du pays. Mais la réussite de ce projet va nécessiter d’affronter les banques et la finance, des adversaires puissants et sans scrupule dont on ne souligne jamais assez les responsabilités dans la situation catastrophique de la Grèce.

 

En 2001, c’est une banque américaine, Goldman Sachs, qui permet aux dirigeants du PASOK alors au pouvoir de maquiller les comptes publics afin de réduire artificiellement l’endettement du pays, et remplir ainsi les critères exigés pour rejoindre la zone euro. En rémunération de ses « conseils », la banque empoche une commission de 300 millions d’euros.

 

Mais à peine l’opération terminée, Goldman Sachs investit massivement dans des produits spéculatifs en pariant sur l’incapacité de la Grèce à rembourser sa dette.

 

À chaque fois, c’est la presse qui révèle ces malversations, les autorités de contrôle, la Troïka et les agences de notation étant quant à elles aux abonnés absents. Et le cas de la Grèce n’est qu’un exemple parmi une longue liste de faits divers où l’on voit des banques blanchir l’argent de la drogue, trafiquer avec des marchands d’armes, manipuler des taux d’intérêt ou encore escroquer des ménages et des collectivités avec des produits toxiques.

 

On aurait pu penser que les choses allaient changer après le sévère avertissement de la crise de 2007-2008. Cela n’a pas été le cas. Bien au contraire, l’empressement des États à socialiser les pertes des banques avec la bénédiction de la Troïka et des autres institutions n’a fait qu’inciter ces banques à poursuivre et à intensifier leurs agissements spéculatifs. Rappelons également que plus des trois quarts des fonds des soi-disant « plans de sauvetage » de la Grèce sont allés à la finance.

 

Dans son programme, connu sous le nom de programme de Thessalonique, SYRIZA s’engage à créer une banque de développement pour financer des projets locaux par des prêts à faible taux d’intérêt et à réaliser des travaux publics grâce à la création d’obligations bancaires.

 

SYRIZA envisage également le recours à des banques coopératives et la mise en place de banques spécifiques pour financer les petites et moyennes entreprises ainsi que les agriculteurs.

 

Enfin, SYRIZA entend refonder véritablement l’État pour le mettre au service des citoyens, considérés sous leur double qualité de décideurs et d’usagers. Renouant avec sa vocation originelle, l’État serait à la fois plus proche des citoyens et soustrait à l’influence d’acteurs puissants motivés par leur seul profit ou intérêt personnel.

 

Ce projet de refondation des institutions et du système bancaire est non seulement légitime, mais il constitue surtout le préalable indispensable à la mise en œuvre des autres mesures du programme.

 

De par leur nature et leur fonction, l’épargne, le crédit, la sécurité des encaisses monétaires et l’intégrité du système des paiements relèvent de l’intérêt général. Leur usage et leur gestion ne doivent pas être laissés entre les mains d’intérêts privés. De même, la stabilité financière doit devenir un bien public mondial. C’est pourquoi en Grèce comme partout ailleurs une réforme radicale du système bancaire s’impose. Il faut créer un service public bancaire en socialisant les banques placées sous le contrôle citoyen des salariés, des clients, des élus, des représentants d’associations et des responsables des instances bancaires nationales et régionales.

 

En s’engageant sur la voie du contrôle citoyen, en assignant les banques à renouer avec leur mission de financement de l’économie réelle, le programme de SYRIZA se donne les moyens de réussir et d’apporter une réponse aux nécessités du pays. Car aujourd’hui, en Grèce, en Europe, et partout ailleurs dans le monde, l’urgence est de sauver les peuples, pas les banques.

 

Je voudrais terminer sur une pensée vieille de plus de 25 siècles, celle d’Héraclite d’Éphèse, un philosophe grec présocratique selon lequel, « s’il n’y avait pas d’injustice, on ignorerait jusqu’au nom de la justice. » En ce début d’année 2015, la Grèce et son peuple ont suffisamment subi l’injustice. Il est temps qu’ils retrouvent enfin une société juste et solidaire. Grâce à SYRIZA, ce sera bientôt chose faite. Je vous remercie.

 

 

Par Patrick Saurin CADTM – le 20 janvier 2015

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Les Chiffres de la dette 2015

Les Chiffres de la dette 2015 | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


 Les Chiffres de la dette 2015

 

Via internet, le CADTM est très heureux de mettre à disposition d’un vaste public cet ouvrage qui a été entièrement actualisé et augmenté par les auteurs. Cet ouvrage peut être repris librement par d’autres sites à condition de prévenir les auteurs et de faire un lien vers le site www.cadtm.org.

Il peut être reproduit pour un usage strictement non commercial. N’hésitez pas à envoyer vos commentaires et des informations sur l’usage personnel ou collectif que vous faites de ce livre à info chez cadtm.org. Vos messages seront transmis aux auteurs.

 

***


Depuis 1990, le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde (CADTM) travaille inlassablement à démontrer le lien entre la dette et l’incapacité du système économique mondial à satisfaire les droits les plus élémentaires de centaines de millions de personnes à travers le monde.

 

Dans les années 1990, le CADTM a attiré l’attention sur la nécessité de construire une relation juste entre les pays du Nord et du Sud par le biais de l’annulation de la dette. Il a particulièrement insisté sur l’impact néfaste qu’ont sur le développement des pays du Sud les mécanismes d’endettement utilisés par les organismes financiers multilatéraux (le Fonds monétaire international et la Banque mondiale), les gouvernements du Nord via le Club de Paris et les grands groupes financiers internationaux.

 

Bien que la priorité du CADTM consiste, comme son nom l’indique, en l’annulation de la dette dans les pays dits du tiers-monde, son but est plus largement de mettre en évidence, par ses analyses et son action militante, comment le « système dette » soumet de la même manière les peuples des pays en développement et ceux des pays les plus industrialisés. Comme l’établit la Charte politique du réseau international du CADTM : « Tant au Nord qu’au Sud de la planète, la dette constitue un mécanisme de transfert des richesses créées par les travailleurs-euses et les petit(e) s producteurs-trices en faveur des capitalistes. L’endettement est utilisé par les prêteurs comme un instrument de domination politique et économique » |1|.

 

— « Les Chiffres de la Dette 2015 » est disponible en PDF

 

— Pour commander le livre : Les Chiffres de la dette 2015 ! veuillez cliquer sur le titre de l’article ou sur la photo ci-dessus

 

 

Par Pierre Gottiniaux, Daniel Munevar, Antonio Sanabria, Éric Toussaint – CADTM – le 26 novembre 2014

 

Notes 

|1| Charte politique du CADTM international : http://cadtm.org/Charte-politique-d...


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Angela, sans mémoire historique

Angela, sans mémoire historique | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


C’était à Londres en 1953, le  ministre des Finances grec et le chancelier allemand Adenauer signaient un traité effaçant 60% de la dette de l'Allemagne envers la Grèce !


Mais c'était en 1953 et avec des politiciens aussi véreux que les suivants !


Pour mémoire :

  • En 1946, l’Allemagne était condamnée à payer une somme de 7 milliards de dollars à la Grèce à titre de réparation pour l’occupation du pays durant les années 1941 à 1944, montant jamais payé suite à l'accord de Londres de 1953.
  • Malheureusement, en acceptant la réunification de l'Allemagne (entre RFA et RDA) dans le cadre du Traité de Moscou, la Grèce s’est privée de la possibilité de réclamer des réparations selon ce qu'a osé affirmer l’Allemagne par la suite.
  • Actualisée, cette dette vaudrait aujourd’hui plus de 80 milliards d’euros compte tenu des intérêts qui doivent s'y ajouter, soit une jolie somme qui permettrait à la Grèce de rembourser une partie de sa dette envers l’Union européenne.


Ces faits historiques permettent de découvrir le vrai visage des politiciens en cause dans l'actualité. Si, aujourd'hui, une nouvelle  politique honnête souffle sur la Grèce, c'est loin d'être la cas du côté de l'UE et encore moins du côté de l'Allemagne.


De plus, si les politiciens grecs d'avant étaient vendus, et si les riches en ont profité, ce n'est certainement pas la faute de la masse des pauvres gens à qui on n'a jamais demandé leur avis, mais (actuellement) cette même population subit ce que l'UE, le FMI et les autres brigands lui imposent !


Une certaine Angela devrait avoir honte d'avoir si peu de mémoire historique ! Un ascenseur, cela se renvoie !


Quant aux autres politiciens opposés, ce n'est qu'une bande de profiteurs vendus aux banques, au FMI et aux USA (cfr tout ce que "La Gazette" vous révèle chaque jour).


Pas jolie l'UE dictatoriale des puissants au service uniquement des puissants. Désolé pour les braves gens qui peuvent encore croire en l'Europe, mais il est plus que temps d'ouvrir les yeux et de bien s'informer !


Duc


Koter Info's insight:


Celui ou celle qui ne peut comprendre cela ne possède aucun bon sens, ni intellectuel ni humanitaire ni juste !


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Les Grecs n’ont pas à payer une dette qui n’est pas la leur

Les Grecs n’ont pas à payer une dette qui n’est pas la leur | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Massimiliano Calamelli / Flickr cc

 

Les Grecs n’ont pas à payer une dette

qui n’est pas la leur

Par Patrick Saurin (*)

 

 

De grandes institutions qui violent les règles élémentaires de droit, bafouent leurs propres statuts, tolèrent des malversations et des fraudes, de grands responsables politiques et financiers pris en flagrant délit d’infraction et de malversation, et pour finir un peuple grec floué, humilié et spolié, telle est la triste réalité que révèle en pleine lumière le Rapport préliminaire de la Commission pour la Vérité sur la Dette grecque |1|.

 

Contrairement à ce que répète à l’envi la cohorte d’experts et de journalistes invités à demeure des plateaux de télévision, des radios et de la presse écrite, la crise grecque ne trouve pas son origine dans un peuple essentialisé comme fainéant, fraudeur et vivant à bon compte sur le dos de l’Europe et de ses habitants. C’est une toute autre histoire que met en évidence la Commission à l’issue de ses premières investigations.

 

 

Aléa (moral) jacta est

 

En effet, la crise de la dette publique grecque est en réalité une crise générée par quelques grandes banques, en particulier françaises et allemandes, qui après avoir privatisé des profits conséquents, ont socialisé une bonne partie de leurs pertes, non moins conséquentes, par une manipulation digne des praticiens du jeu de bonneteau.

 

Dans cette escroquerie à grande échelle, le rôle du bonneteur ou manipulateur est tenu par les banques, celui des complices ou « barons » par la Troïka (le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et la Commission européenne), celui des seconds couteaux par les gouvernements des États européens, et enfin celui de la victime par le peuple grec. Le préjudice subi s’élève à 320 milliards d’euros, le montant de la dette grecque.

 

L’histoire commence au début des années 2000, à un moment où les grandes banques occidentales décident de déverser massivement sur le marché grec, qu’elles estiment plus rémunérateur pour elles que leur marché national, une part importante des énormes liquidités dont elles disposent. Prises d’une frénésie irrépressible, elles prêtent aux entreprises, aux particuliers, à l’État grec et procèdent à l’acquisition de filiales sur place pour opérer plus facilement, à l’exemple du Crédit Agricole avec Emporiki et de la Société Générale avec Geniki.

 

Inondées de liquidités, les banques grecques, privatisées depuis 1998, se lancent à leur tour dans l’octroi d’une quantité d’emprunts sans prendre la peine de procéder à l’analyse du risque qui est pourtant la base du métier de banquier. Ainsi, entre 2000 et 2009, les crédits explosent, les prêts aux ménages et les crédits immobiliers sont multipliés par 6, les financements aux entreprises doublent. Tout n’est que profit, calme et volupté dans le petit monde de la finance jusqu’à ce qu’éclate la crise de 2008-2009.

 

Née aux États-Unis avec la crise des subprimes qui a vu la spoliation de millions de ménages modestes, la crise devient internationale et gagne l’Europe et la Grèce. En Grèce, de nombreux ménages se retrouvent brutalement dans l’incapacité de payer leurs échéances et les banques sont aux abois. C’est alors qu’interviennent les gigantesques plans de soutien aux banques mis en place par la Banque Fédérale aux États-Unis (29 000 milliards de dollars) et par la Banque centrale européenne (5 000 milliards d’euros) car, fidèles pratiquants du commandement de l’aléa moral, les banquiers se sont empressés de faire supporter leurs pertes par les États, c’est-à-dire par les contribuables.

 

 

La Troïka ou l’éloge du crime en bande organisée

 

En 2009, en Grèce, la falsification des chiffres du déficit et du niveau de la dette publique donne le prétexte qui manquait pour justifier l’intervention du FMI au côté de ses deux complices, la Banque centrale européenne et la Commission européenne. Sous couvert de « plans de sauvetage » de la Grèce, cette Troïka va imposer au pays deux memoranda. Ces derniers prévoient des financements importants, respectivement de 110 et 130 milliards d’euros, mais qui, pour l’essentiel ne vont bénéficier qu’aux banques grecques et étrangères qui recevront plus de 80 % des sommes débloquées. Mais surtout, ces plans d’ajustement sont accompagnés de drastiques mesures d’austérité : licenciements massifs dans la fonction publiques, coupes dans les services publics, diminutions des salaires et des pensions, bradage du patrimoine du pays. Les effets de ces politiques vont être catastrophiques : en quelques années, le pays perd 25 % de son PIB, voit son taux de chômage tripler pour atteindre 27 % (60 % chez les jeunes et 72 % chez les jeunes femmes), et en lieu et place d’une diminution de la dette publique, on voit celle-ci augmenter jusqu’à 320 milliards d’euros pour représenter 177 % du PIB en juin 2015.

 

 Dans ces plans d’austérité imposés à la Grèce, le plus inadmissible est la crise humanitaire qu’ils ont suscitée en frappant indifféremment enfants, personnes âgées, migrants, malades, femmes isolées sans emploi, c’est-à-dire les plus fragiles de la société.

 

Gabriel Sterne, un économiste d’Oxford Economics (une société de conseil spécialisée dans l’analyse économique et la prospective), reprenant une étude d’économistes du FMI portant sur 147 crises bancaires sur la période 1970-2011 |2|, constate que la crise grecque fait partie des 5 % des crises les plus graves. La chute de 42 % du PIB de la Grèce entre 2008 et 2015 est un phénomène qui n’a été observé que dans des pays confrontés à des guerres, à des effondrements du cours des matières premières et en Argentine dans les années 1980 et 1995 |3|.

 

 

2012 : Une restructuration de la dette au profit de la Grèce ? Non, une gigantesque opération de transfert des risques des banques privées vers le secteur public.

 

L’événement le plus important dans la crise grecque ces dernières années, c’est le changement radical quant aux détenteurs de la dette publique. Alors qu’à la fin des années 2000 cette dette était à 80 % entre les mains des investisseurs financiers privés, aujourd’hui, c’est le secteur public qui la détient dans les mêmes proportions. Les économistes Benjamin Coriat et Christopher Lantenois ont attiré l’attention sur cette inversion de la dette grecque au niveau de sa structure à l’issue de la restructuration de 2012 dont l’objet essentiel était d’opérer « un transfert massif de risque du privé au public » |4|. Leurs collègues Zettelmeyer, Trebesch et Gulati soulignent également ce phénomène inhabituel : « Nous n’avons pas connaissance dans toute l’histoire des dettes souveraines d’un autre cas de « migration de crédit » du secteur privé vers le secteur public aussi énorme. » |5|

 

Cette « migration de crédit » obéissait au souci de sauver les banques, et non la Grèce et sa population. En juin 2013, ATTAC Autriche a publié une étude très détaillée pour identifier les véritables bénéficiaires du soi-disant « sauvetage » de la Grèce intervenu entre mai 2010 et juin 2012. Sur un total de 206,9 milliards d’euros, il est ressorti que 77 % avaient été affectés au secteur financier. L’étude précise que « ces 77 % constituent… un minimum d’un montant qui a pu être sous-estimé. » |6| Même Jean Arthuis, président de la commission des budgets au Parlement européen, le reconnaît dans un entretien donné le 11 mai 2015 au journal Libération : « on a, en fait, transféré le mistigri des banques aux États » |7|.

 

 

La dette grecque est totalement insoutenable et en grande partie illégale, illégitime et odieuse

 

L’enquête minutieuse de la Commission a relevé de multiples irrégularités dans la mise en place des financements. Là encore, la liste est longue. Ainsi, le FMI dont l’article 1 des statuts indique qu’il a pour but de « contribuer… à l’instauration et au maintien de niveaux élevés d’emploi et de revenu », participe à la mise en place de memoranda qui prévoient de massives suppressions d’emplois et de drastiques diminutions de salaires et pensions. De même, la BCE a outrepassé son mandat en imposant, dans le cadre de sa participation à la Troïka, l’application de programmes d’ajustement macroéconomique (à savoir l’ignominieuse réforme du marché du travail). De son côté, le FESF a violé l’article 122.2 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) qui autorise le financement d’un État membre « lorsqu’un État membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d’événements exceptionnels échappant à son contrôle ».

 

Or la Grèce ne rentrait pas dans ce cadre car, à l’instar d’autres pays de l’Union européenne, elle avait vu sa situation se détériorer suite à la mise en œuvre des conditionnalités fixées dans les protocoles d’accord, sachant par ailleurs que la mise en place du prétendu « programme d’aide » (le Memorandum of Undestanding) s’est faite en violation de la procédure de ratification telle que prévue dans la Constitution grecque. On peut également considérer que les prêts bilatéraux consentis par les États présentent de nombreuses irrégularités ou clauses abusives, notamment lorsque l’accord de facilité de prêt prévoit que les dispositions de l’accord doivent être mises en œuvre même si elles sont illégales. Enfin, les dettes des créanciers privés peuvent être également considérées comme illégales car elles révèlent une attitude irresponsable des banques privées avant l’arrivée de la Troïka et une mauvaise foi de certains créanciers privés qui ont spéculé sur la dette grecque en utilisant les Credit default swaps (CDS).

 

De nombreux droits humains (droit à la santé, au logement, à l’éducation, à la Sécurité sociale, droit du travail etc.) sont foulés aux pieds au prétexte qu’il faut d’abord payer la dette, alors que les traités internationaux, la Constitution grecque et la réglementation de l’Union européenne et celle de ses États membres prévoient précisément le contraire.

 

Par ailleurs nombre de contrats de prêts ont été entachés de lourdes irrégularités. La violation de la procédure de ratification telle que prévue dans la Constitution grecque rend tout simplement inconstitutionnel les conventions de prêt et les protocoles d’accord. Les deux clauses de délégation au Ministre des finances ne sont pas constitutionnelles. D’autres clauses abusives imposées par les créanciers violent la souveraineté de l’État grec, comme celle par laquelle ce dernier en tant qu’emprunteur « renonce… de façon irrévocable et inconditionnelle, à toute immunité à laquelle il a ou pourrait avoir droit, eu égard à lui-même ou à ses biens, par rapport à toute procédure juridique en rapport avec cette convention… » |8| Plus grave encore, certains contrats ont donné lieu à de grossières malversations, comme par exemple des versements de fonds réalisés sans facture pour des contrats d’armement, ainsi que nous l’a appris le nouveau ministre grec de la défense à l’occasion d’une rencontre à son ministère.

 

 

En résumé, on peut conclure que la dette publique grecque est illégale car elle a été consentie en violation de procédures légales, des droits nationaux, du droit de l’Union européenne et du droit international. Cette dette est également illégitime en ce sens qu’elle n’a pas servi l’intérêt général, elle n’a pas bénéficié à l’ensemble de la population mais à une petite minorité d’intérêts particuliers. Cette dette présente un caractère odieux car, lors de sa mise en place, les créanciers savaient qu’ils violaient des principes démocratiques avec pour conséquence le non-respect de droits humains fondamentaux. Enfin cette dette est en totalité insoutenable en ce sens qu’elle empêche l’État grec de respecter ses obligations en matière de droits humains fondamentaux.

 

 

Que peut faire l’État grec aujourd’hui ?

 

Le rapport préliminaire établi par la Commission fournit aux autorités grecques de nombreuses pistes de droit pour la suspension et la répudiation de la dette souveraine grecque.

 

L’article 26 de la Convention de Vienne sur le droit des traités dispose que les traités qui lient les parties doivent être exécutés de bonne foi. La mauvaise foi et la contrainte (observée notamment lors de la renégociation de la dette) sont des motifs de nullité. En droit international, un État lésé peut ne pas exécuter une obligation internationale vis-à-vis d’un autre État si ce dernier s’est rendu responsable d’un acte internationalement illicite. La Constitution grecque a été violée, en particulier en ce qui concerne l’obligation d’obtenir l’accord du Parlement pour les accords internationaux. Enfin, les droits humains, consacrés à l’article 103 de la Charte des Nations Unies, priment sur les autres obligations contractuelles.

 

En plus de ces fondements de droit, l’État grec peut décider une suspension unilatérale de sa dette en se fondant sur l’état de nécessité. Toutes les conditions pour la mise en place d’une telle décision sont remplies dans la mesure où les autorités grecques doivent protéger un intérêt essentiel de l’État contre un péril grave et imminent et qu’elles ne disposent pas d’autre moyen à leur disposition pour protéger l’intérêt essentiel en question. Enfin, lorsqu’un État est confronté à une dette insoutenable, il peut unilatéralement décider de faire défaut car l’insolvabilité souveraine a sa place dans le droit international.

 

Face à des institutions aveuglées par une haine de classe et à des créanciers corrompus et dépourvus de tout scrupule, les autorités grecques auraient bien tort de se priver de ces moyens de droit même si leur mise en œuvre ne peut répondre qu’à une partie des problèmes auxquels est confrontée leur pays depuis des mois. La décision prise à l’unanimité par le conseil des ministres grec de consulter la population sur la dernière proposition des institutions européennes pourrait bien être la première étape d’un processus qui mène à l’annulation de la dette grecque ou tout au moins à une partie significative de celle-ci. Aujourd‘hui, à quelques jours du référendum, le soutien international au peuple grec doit s’intensifier pour l’appuyer dans son refus du projet de la Troïka qui doit être remplacé par un programme alternatif, démocratique et au service de l’ensemble de la population.

 

 

 

Par Patrick Saurin - cadtm.org – le 28 juin 2015

 

 

 

Patrick Saurin a été pendant plus de dix ans chargé de clientèle auprès des collectivités publiques au sein des Caisses d’Épargne. Il est membre de l’exécutif national de Sud BPCE, du CAC et du CADTM France. Il est l’auteur du livre « Les prêts toxiques : Une affaire d’état ».

Il est membre de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce, créée le 4 avril 2015. _

 

 

 

Notes :

|1| Ce rapport a été réalisé par la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque créée le 4 avril 2015 Par Zoé Konstantopoulou, la Présidente du Parlement hellénique. Composée d’une trentaine de membres (pour moitié grecs et pour l’autre moitié de personnes représentant une dizaine de nationalités), la Commission a travaillé durant 2 mois et demi pour produire un rapport préliminaire présenté le 17 et 18 juin dernier aux autorités du pays réunies au Parlement. On peut consulter la synthèse en français de ce rapport avec le lien : http://cadtm.org/Synthese-du-rappor... et le texte complet en anglais avec cet autre lien : http://cadtm.org/Preliminary-Report-of-the-Truth.

|2| Luc Laeven & Fabián Valencia, « Systemic Banking Crises Database : an Update”, IMF Working Paper, 12/163, http://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2012/wp12163.pdf

|3| Gabriel Sterne, cité par Matthew C. Klein, « Greece : It can’t get *that* much worse, can it ?”, can http://ftalphaville.ft.com/2015/06/18/2132201/greece-it-cant-get-that-much-worse-can-it/?

|4| Benjamin Coriat, Christopher Lantenois, « De l’Imbroglio au Chaos : la crise grecque, l’Union européenne, la finance… et nous », avril 2013, p. 22,

http://www.atterres.org/sites/default/files/Note%20De%20l’Imbroglio%20au%20Chaos,%20avril%202013_0.pdf

|5| Jeromin Zettelmeyer, Christoph Trebesch, and Mitu Gulati, “The Greek Debt Restructuring : An Autopsy”, Working Paper Series, August 2013, pp. 34-35, http://www.iie.com/publications/wp/wp13-8.pdfpp 34-35.

|6| Attac, “Greek Bail-Out : 77% went into the Financial Sector“, June 17, 2013,

http://www.attac.at/news/detailansicht/datum/2013/06/17/greek-bail-out-77-went-into-the-financial-sector.html

|7| Libération, lundi 11 mai 2015, p. 11.

|8| Convention de prêt, article 14, paragraphe 5 ; Convention cadre FESF, article 15, paragraphe 2 ; MFAFA, article 15, paragraphe 4.

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Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques - Partie 2/2

Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques  - Partie 2/2 | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Grèce : petit guide contre les bobards médiatiques

(Partie 2/2) - Par CAC France 

Par CAC France

 

 

— Suite de la partie 1 —

 

 

Idée reçue n° 5 : La Grèce doit poursuivre les réformes engagées ?

 

Le discours officiel sur la Grèce

 

Selon Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, « la Grèce est tenue de continuer sur la voie des réformes déjà engagées, sans aucune alternative, quel que soit le résultat du futur scrutin » (Le Monde 4/01/2014). Ce que François Hollande a confirmé après la victoire de Syriza : « des engagements ont été pris et doivent être tenus » (27/01).

 

Pourquoi c’est faux ?

 

L’austérité imposée n’a pas d’autre objectif que de dégager des capacités de remboursement pour les créanciers. Or, l’échec est criant ! Oui, la Grèce a besoin de réformes économiques, sociales et politiques. Mais pas celles de la Troïka – toujours moins d’État, toujours plus de marchés et d’inégalités –, qui ont lamentablement échoué.

Contre les logiques financières de court terme, trois pistes complémentaires doivent permettre la réappropriation par le peuple grec de son avenir :


1) Un plan ambitieux de reconquête de l’emploi et de développement économique qui redessine le système productif vers la transition écologique. Ce plan serait bénéfique, contrairement aux affirmations de la Troïka, car 1 euro d’investissement public aura des effets multiplicateurs sur l’investissement privé et l’activité économique aujourd’hui totalement déprimés. Les pouvoirs publics doivent maîtriser le financement de l’activité : par exemple avec la création d’une banque publique de développement, un investissement massif dans l’économie sociale et solidaire, le développement de monnaies complémentaires, la promotion des banques coopératives.

 

2) La priorité à la cohésion sociale et économique contre la compétitivité et la flexibilité. La Troïka a imposé une baisse généralisée des revenus ainsi que la suppression de droits sociaux élémentaires qui ont contracté l’activité sans pour autant réduire la dette. L’État doit donc retrouver son rôle de régulateur et d’accompagnement pour maintenir la cohésion et prendre en compte les besoins socio-économiques du pays. Le partage du travail permettrait la création d’emplois et soutiendrait la demande. Le chômage pourrait baisser rapidement. Ces réformes passeraient par une autre répartition des richesses.

 

3) La refonte de la démocratie et la réforme de l’État au service des citoyens et de la justice sociale. La souveraineté de l’État passe par une fiscalité progressive, la lutte contre la corruption, la fraude et l’évasion fiscales. Ces réformes permettront de redonner des marges de manœuvre budgétaire pour financer le plan de relance, et pour lutter contre les inégalités |4| et la pauvreté. Les privilèges détenus par l’oligarchie grecque, comme les armateurs, doivent donc être abolis.

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

L’austérité a échoué, mais des réformes ambitieuses, radicalement différentes, sont possibles et nécessaires. Un audit des dettes publiques des pays européens pourra identifier des pistes pour leur allègement décisif. Il faut une politique économique volontariste pour renouer avec une dynamique d’investissements d’avenir vers la transition écologique. Ceci suppose la redistribution des richesses et la reconquête de la souveraineté démocratique sur l’économie, en particulier en stoppant les privatisations. Ces réformes doivent être coopératives et non soumises à la logique de la guerre économique.

 

 

Idée reçue n° 6 : L’austérité, c’est dur, mais ça finit par marcher ?

 

Le discours officiel sur la Grèce

 

« L’austérité, ça paye ! La Grèce repart en trombe. Selon les dernières prévisions de Bruxelles, la croissance sera cette année de 2,5 % en Grèce et 3,6 % l’année prochaine, ce qui fera d’Athènes le champion de la croissance de la zone euro ! Le chômage commence à refluer de 28 à 26 %. Bref, au risque de choquer : la détestée troïka a fait du bon boulot ! » (Alexis de Tarlé, JDD, 8 février)

 

Pourquoi c’est faux ?

 

Les Grecs seraient-ils stupides d’avoir mis fin à une politique qui marchait si bien ? En 2014, le PIB de la Grèce est inférieur de 25,8 % à son niveau de 2007. L’investissement a chuté de 67 %. Quel bon boulot ! Le taux de chômage est de 26 % alors même que nombre de jeunes et de moins jeunes ont dû quitter leur pays pour trouver un emploi. 46 % des Grecs sont au-dessous du seuil de pauvreté, la mortalité infantile a augmenté de 43 %. Quant aux prévisions de Bruxelles, à l’automne 2011 elles annonçaient déjà la reprise en Grèce pour 2013. Finalement, le PIB grec a chuté de 4,7 % cette année-là.

 

Tous les économistes honnêtes le reconnaissent maintenant. Les politiques d’austérité imposées par les institutions européennes ont été catastrophiques pour la Grèce et l’ensemble de la zone Euro.

 

Les classes dirigeantes et la technocratie européenne ont voulu utiliser la crise pour réaliser leur vieux rêve : réduire les dépenses publiques et sociales. Sous les ordres de la Troïka et la menace des marchés financiers, les pays du Sud de l’Europe ont dû mettre en œuvre des plans drastiques de réduction des déficits publics qui les ont menés à la dépression. De 2 009 à 2 014, la réduction des dépenses a été de 11 % du PIB pour l’Irlande, 12,5 % du PIB pour l’Espagne et le Portugal ; 28 % pour la Grèce. Les déficits ont certes été réduits, mais avec un coût social et économique monstrueux.

 

Et la dette a continué d’augmenter ! Pour la zone euro, elle est passée de 65 % à 94 % du PIB entre 2008 et 2014. L’austérité n’a pas payé, elle a au contraire enfoncé le continent dans la crise. En réduisant les impôts des hauts revenus et des sociétés, les États ont creusé les déficits, puis ont emprunté aux riches pour financer ces fameux déficits. Moins d’impôts payés d’un côté, plus d’intérêts perçus de l’autre, c’est le bingo pour les plus riches !

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

On demande aux Grecs de payer chaque année 4,5 points de la richesse nationale pour rembourser leur dette ; aux citoyens européens, on ne demande « que » 2 points. L’effet est partout le même : toujours plus de chômage, et toujours moins de ces investissements publics qui pourraient préparer l’avenir.

 

C’est la leçon du calvaire grec. Y mettre fin concerne tous les pays d’Europe, car il faut stopper la récession que l’austérité crée partout, et tirer les leçons de la crise pour s’engager dans un autre modèle de développement. Si austérité il doit y avoir, elle doit frapper les plus riches, ces « 1 % » qui accaparent la richesse sociale et ont bénéficié du système de la dette. Il faut réduire les déficits et la dette, grâce à une fiscalité plus progressive et une restructuration des dettes publiques.

 

 

Idée reçue n° 7 : Une cure d’austérité, c’est pas la mort ?

 

 

Le discours officiel sur la Grèce

 

Christine Lagarde, directrice du FMI : « Non, je pense plutôt aux petits enfants d’une école dans un petit village au Niger (…), ils ont plus besoin d’aide que les gens d’Athènes » (en réponse à la question d’un journaliste : « quand vous demandez des mesures dont vous savez qu’elles vont empêcher des femmes d’accéder à une sage-femme au moment de leur accouchement, ou des patients d’obtenir les médicaments qui pourraient sauver leur vie, est-ce que vous hésitez ? » [The Guardian, 25/05/2012]. « Nous devrons tous perdre de notre confort « [George Papandreou, Reuters, 15/12/2009]

 

 

Pourquoi c’est faux ?

 

En fait de réduire les dépenses de « confort », la Troïka a imposé une réduction de 40 % du budget de la santé en Grèce. Résultat, « plus d’un quart de la population ne bénéficie plus de couverture sociale, les hôpitaux publics sont débordés et exsangues. La rigueur budgétaire a désorganisé le système de santé publique et entraîné une crise humanitaire » [4 janvier 2015 JDD international].

 

La tuberculose, la syphilis ont réapparu. Les cas de sida se sont multipliés par manque de moyens pour la prévention. Une étude parue dans le journal médical britannique The Lancet |5| tire un bilan terrible : la mortalité infantile a augmenté de 43 % entre 2008 et 2010, la malnutrition des enfants de 19 %. Avec les coupes budgétaires dans la prévention des maladies mentales, les suicides ont grimpé de 45 % entre 2007 et 2011. De nombreux centres pour le planning familial publics sont fermés, ceux qui restent fonctionnent avec un personnel réduit.

 

Selon Nathalie Simonnot, de Médecins du Monde, « un forfait de cinq euros à la charge des patients a ainsi été instauré pour chaque consultation à l’hôpital public… Pour un retraité qui touche 350 euros par mois, c’est un coût énorme, surtout que la plupart du temps il faut faire plusieurs consultations […] Les médecins demandent aux patients d’acheter eux-mêmes pansements, seringues et gazes parce que certains hôpitaux sont en rupture de stock ».

 

Des témoignages de ce genre concernaient naguère l’Afrique. La politique de la troïka, des gouvernements grecs, ont créé un désastre sanitaire qui rend vital un changement de politique, notamment pour la santé. Si les choses ne sont pas encore pires, c’est grâce aux centaines de bénévoles des dizaines de dispensaires grecs, à Médecins du monde, à la solidarité internationale, qui ont limité les dégâts pour ceux qui n’avaient plus accès aux soins. Le nouveau gouvernement grec a raison de vouloir par exemple réembaucher dans les centres de santé les 3000 médecins qui ont été licenciés par la Troïka.

 

 

Quelles leçons pour la France et l’Europe ?

 

On sait maintenant que « l’austérité tue » |6|. Les responsables des politiques d’austérité se rendent coupables de véritables crimes quand ils imposent des coupes massives dans les dépenses de santé, comme cela a été le cas en Grèce, en Espagne, au Portugal. Il faut partout défendre les systèmes publics de santé contre les privatisations et les restructurations qui ne visent qu’à réduire les coûts au mépris de la santé.

 

 

Idée reçue n° 8 : De toute façon la Grèce a déjà capitulé ?

 

Le discours officiel

 

« En signant un accord à l’Eurogroupe le 20 février, contrairement aux rodomontades, le gouvernement grec a fini par accepter les conditions de la troïka. Une dure leçon pour les populistes d’extrême gauche comme d’extrême droite ». [Eric Le Boucher, Slate.fr, 21/02]

 

 

Pourquoi c’est faux

 

Le nouveau gouvernement grec refuse les nouvelles réformes proposées par la Troïka fin 2014 : 160.000 licenciements supplémentaires dans l’administration [santé, éducation], une nouvelle baisse de 10 % des retraites, de nouvelles taxes, une nouvelle hausse de la TVA.

 

Ces recettes ont déjà été appliquées et ont mené la Grèce au désastre. En moins de 5 ans, 30 % d’entreprises ont fermé, 150.000 postes supprimés dans le secteur public, 42 % d’augmentation du chômage, 45 % de baisse des retraites, 40 % d’augmentation de la mortalité infantile, une hausse de près de 100 % du nombre des personnes sous le seuil de pauvreté.

 

Le programme de Syriza proposait au contraire :

 

1. Une renégociation des contrats de prêts et de la dette.


2. Un plan national de reconstruction immédiate : mesures pour les plus pauvres [électricité et soins médicaux gratuits, tickets-repas…], le rétablissement du salaire minimum de 751 euros, la réinstauration des conventions collectives.


3. La reconstruction démocratique de l’État : lutte contre l’évasion et la fraude fiscales, contre la corruption, réembauche des fonctionnaires licenciés.


4. Un plan de reconstruction productive : arrêt des privatisations, industrialisation et transformation de l’économie par des critères sociaux et écologiques.

 

Après un bras de fer avec les institutions européennes, le gouvernement grec a obtenu l’abandon des objectifs d’excédents budgétaires délirants prévus dans le mémorandum signé par le gouvernement précédent. De nouvelles aides seront créées  : pour financer le chauffage et l’alimentation des ménages les plus démunis. Les conventions collectives seront rétablies. La fraude et l’évasion fiscales seront fortement combattues. Les petits propriétaires endettés ne seront pas expulsés de leur résidence principale.

 

Mais la Grèce n’est pas libérée de l’austérité. Les nouvelles mesures devront être financées sans accroître le déficit. Les privatisations seront maintenues. La Grèce s’engage à payer l’intégralité de la dette, et à ne pas revenir en arrière sur les privatisations. La hausse du salaire minimum et la restauration des négociations salariales sont repoussées. De nouvelles épreuves de force sont à prévoir dans les mois qui viennent.

 


Quelles leçons pour la France et l’Europe

 

Les institutions européennes veulent empêcher la mise en œuvre de l’essentiel du programme de Syriza. Aujourd’hui, il s’agit donc de développer dans toute l’Europe des mouvements coordonnés contre l’austérité, pour la justice sociale, pour empêcher la Troïka et nos gouvernements d’étouffer la Grèce et les alternatives sociales et politiques qui émergent en Europe. Nous proposons notamment l’organisation par les mouvements européens d’une conférence internationale sur la dette et contre l’austérité.

 

 

L’audit citoyen des dettes publiques en Europe : un outil pour vaincre l’austérité

 

Le collectif pour un audit citoyen de la dette publique [CAC] salue le choix du peuple grec de rejeter massivement les politiques d’austérité lors des élections du 25 janvier. Cette victoire ouvre une brèche contre l’Europe de la finance, le diktat des dettes publiques et des plans d’austérité. Engouffrons-nous dans cette brèche : une autre Europe devient possible !

 

Malgré l’ingérence et la pression des dirigeants de l’Union Européenne, le peuple grec a décidé de prendre courageusement son destin en main et d’en finir avec les politiques d’austérité qui ont plongé le pays dans la misère et la récession. Dans les pays victimes de la Troïka, mais aussi dans de nombreux autres pays européens, cette victoire est perçue comme un formidable encouragement à lutter pour mettre un terme à des politiques profitables aux marchés financiers et désastreuses pour les populations. Mais déjà les grands médias relaient l’idée absurde selon laquelle l’annulation de la dette grecque « coûterait 600 euros à chaque contribuable français ». À mesure que les négociations vont se durcir entre la Grèce et la Troïka, la propagande va s’intensifier et notre travail d’éducation populaire sur la question de la dette publique va devenir de plus en plus décisif.

 

Nous soutenons la proposition d’une conférence européenne sur les dettes publiques. En 1953 l’accord de Londres, annulant plus de 60 % de la dette de l’Allemagne de l’Ouest, a permis sa relance, tout comme les annulations de dette de l’Équateur en 2008 ou de l’Islande en 2011.


Nous soutenons la proposition de réaliser un audit des dettes publiques afin d’identifier les responsables et les bénéficiaires réels de ces dettes, et de dégager les solutions qui permettront de libérer le pays de ce boulet.

 

Nous soutenons également le droit de la Grèce à désobéir à ses créanciers au cas où ils refuseraient la mise en œuvre de ces solutions. Rappelons que les memoranda imposés par la Troïka sont illégaux au regard du droit européen et international.

 

Nous avons déjà publié un premier rapport d’audit citoyen, montrant qu’une large part de la dette publique française peut être considérée comme illégitime. Dans la période qui s’ouvre, notre collectif va continuer à proposer aux citoyens et à l’ensemble du mouvement social européen des lignes d’analyse juridiques, économiques, sociales, des arguments et des instruments de mobilisation contre les créanciers qui mettent en coupe réglée les populations.

 

Avec nos partenaires des autres pays européens, à commencer par la Grèce, notre collectif va intensifier son action pour mettre en débat le caractère illégitime, insoutenable, illégal, voire odieux d’une grande partie des dettes publiques en Europe.

 

Tous ensemble, levons le voile sur la responsabilité des créanciers qui profitent des saignées effectuées sur le dos des peuples. Tous ensemble, renforçons une démarche citoyenne de contestation et de remise en cause de cette Europe des 1 %, des spéculateurs et des banquiers. C’est aux populations, trop longtemps victimes des plans d’austérité, de compétitivité et autres « mémorandums », qu’il revient de décider de leur avenir : nous voulons mettre à leur disposition tous les outils nécessaires pour comprendre et décider comment sortir de l’étau de la dette en faisant payer non pas les contribuables ordinaires, mais les véritables bénéficiaires du système de la dette.

 

 

 

Par CAC France cadtm.org – le 12 mars 2015

Source : Collectif pour un audit citoyen de la dette, France

 

Notes

|4| Une plus grande justice sociale est source d’efficacité, ce que même l’OCDE démontre : http://tinyurl.com/kqgmq35

|5| A. Kentikelenis, M.Karanikolos, A. Reeves, M.McKee, DSc, D. Stuckler, « Greece’s health crisis : from austerity to denialism », The Lancet, 20/02/2014

|6| D. Stuckler & S. Basu (2014), Quand l’austérité tue, Préface des Économistes atterrés, Ed. Autrement

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GRÈCE : TSIPRAS S’EN PREND À L’ESPAGNE ET AU PORTUGAL

GRÈCE : TSIPRAS S’EN PREND À L’ESPAGNE ET AU PORTUGAL | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


GRÈCE : TSIPRAS S’EN PREND À

L’ESPAGNE ET AU PORTUGAL

 

Alexis Tsipras a accusé ce samedi devant les membres du comité central de Syriza le gouvernement de droite espagnol et le gouvernement portugais d’avoir essayé de torpiller les récentes négociations de la Grèce avec l’Union européenne au sujet de la reconduction de la dette.

 

Alexis Tsipras a notamment déclaré :


« On était sur un terrain miné, les forces conservatrices (en Europe) ont tenté de nous piéger pour nous conduire à une asphyxie financière »

« Ces puissances ne souhaitaient pas que l’exemple grec ait une influence sur d’autres pays, surtout dans la perspective d’élections en Espagne »

 

Eh oui, tout est dit dans ces 2 phrases. L’émergence de PODEMOS en Espagne fait craindre à l’exécutif du pays une bérézina électorale, la perte de la majorité absolue. Je suis donc témoin en Espagne d’une diabolisation constante de Syriza, une guerre sale relayée pratiquement tous les jours par les médias conservateurs espagnols, à savoir EL MUNDO, LA RAZON qui fait ses UNE sur le suicide annoncé de la nation grecque, et aussi le quotidien très proche des intégristes catholiques ABC.

C’en est au point que le journal LA RAZON a utilisé en gros titre le terme de PODEMOS GREC au lieu d’écrire SYRIZA ! Comme vous le voyez, la droite espagnole ne fait pas dans la dentelle ! Les tentatives d’amalgames sont grossières et les intentions de manipulations se voient à 2 années-lumière !... Mais les électeurs espagnols ne sont pas dupes comme le montrent les résultats de PODEMOS dans les sondages...

 

Les réseaux sociaux sont un bon contrepoids à l’artillerie lourde déclenchée dans les médias. Merci internet !... Et merci aussi à la chaîne privée SEXTA où travaille Jordi Evole et qui fait un bon travail d’information et de désintoxication.

 

Au moment où Rajoy s’emploie à discréditer les tentatives de Tsipras de tourner le dos aux politiques austéritaires qui ont conduit son pays dans une impasse, il faut rappeler que l’Espagne a bénéficié en 2012 d’un plan de sauvetage (les dirigeants de droite n’aiment pas qu’on leur rappelle et qu’on utilise ce terme... ils préfèrent parler de restructuration de la dette, mais, en fait, il s’agissait bien d’un sauvetage de 100 milliards d’euros).


Plan de sauvetage surtout destiné aux banques (dont certaines sont coupables de grandes malversations actuellement en jugement comme Bankia qui a affiché un déficit de 24 milliards), mais qui n’a eu aucun effet sur l’économie réelle puisque le pays culmine avec des taux records de chômage, notamment chez les jeunes (plus de 40 %... je suis témoin de cette situation dramatique chez les jeunes qui n’hésitent plus à faire la valise comme leurs grands-parents).

 

J’avais déjà annoncé une future guerre sale contre PODEMOS il y a quelques mois, et effectivement elle a lieu, et parfois dans des termes grotesques... mais le champ de bataille s’est déplacé également vers Athènes, car les forces conservatrices du Sud n’ont aucun intérêt à ce que Tsipras réussisse son pari de relever son pays, et pour ça, toutes les armes sont bonnes, même les plus viles.

 

Voici un lien qui vous en dira plus, pour ceux qui comprennent l’espagnol

http://www.publico.es/internacional/tsipras-acusa-espana-y-portugal.html

 

 

Par alea-jacta-est.ex-posteur.over-blog.com – le 1er mars 2015

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L’asservissement par la dette : « La plupart des Américains sont des esclaves et ils l’ignorent »

L’asservissement par la dette : « La plupart des Américains sont des esclaves et ils l’ignorent » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Source photo : theeconomiccollapseblog.com 

 

 

L’asservissement par la dette :

« La plupart des Américains sont des esclaves

et ils l’ignorent »

Par Michael Snyder (*)

 

 

« La plupart des Américains passent leur vie à travailler pour d’autres, à rembourser leurs dettes à d’autres personnes et à exécuter des tâches que d’autres leur ont confiées.

 

Nous n’aimons pas nous considérer comme des serviteurs ou des esclaves, mais c’est ce que la vaste majorité d’entre nous est. Le mécanisme de notre aliénation est juste devenu plus complexe avec le temps. L’emprunteur devient de fait le serviteur de son créancier et la plupart d’entre nous entrent dans la spirale de la dette très tôt dans la vie adulte. En fait, ceux qui font des études supérieures pour « recevoir une éducation » vont probablement entrer dans la vie active avec une quantité phénoménale de dettes. Et il ne s’agit là que du commencement du processus d’accumulation de la dette.

 

Aujourd’hui, si vous additionnez les prêts hypothécaires, les prêts à la consommation et les prêts étudiants, les ménages américains ont une dette moyenne de 203 163 $. Les ménages cumulent une dette totale supérieure à 11 billions [trillions] de dollars. Et alors que la plupart des Américains ne le réalisent pas, la somme totale que nous aurons remboursée à la fin de notre vie sera bien plus importante que celle que nous avons empruntée. En fait, lorsque vous avez recours au crédit à la consommation, vous pouvez facilement au final avoir remboursé plusieurs fois la somme que vous avez empruntée. [NDT du fait du paiement des intérêts]

 

Nous nous tuons donc au travail pour payer toute cette dette, et la vaste majorité d’entre nous ne travaille pas dans son propre intérêt. À l’inverse, notre travail rend les entreprises possédées par d’autres personnes plus rentables. Alors, si nous gaspillons les meilleures années de notre vie à réaliser du profit pour le compte d’autrui, que fait de nous le service de la dette que nous devons à d’autres et qui les enrichit ?

 

Les termes de serviteur et d’esclave ont aujourd’hui une connotation très négative et on les utilise rarement.

 

À la place, nous utilisons le mot « employé » qui nous renvoie une meilleure image de nous-mêmes.

 

Mais y a-t-il une telle différence en réalité ?

 

Voici la définition que Google donne du mot « serviteur » :

 

« Une personne qui exécute des tâches pour le compte d’autrui, particulièrement une personne employée à domicile pour des tâches domestiques ou comme servant. »

 

Voici comment Google définit le mot « esclave » :

 

« Une personne qui est la propriété légale d’autrui et forcée de lui obéir. »

 

Et voici la définition de Google pour « employé » :

 

« Une personne employée en échange d’un salaire ou d’un traitement, particulièrement à un niveau non exécutif »

 

La plupart d’entre nous ne sont pas la « propriété légale » d’une autre personne au sens littéral, mais dans un sens plus large nous devons tous répondre aux ordres de quelqu’un.

 

Il y a toujours quelqu’un à qui nous devons obéir.

 

Et nous avons tous des obligations que nous devons honorer sous peine d’en affronter les conséquences.

 

 

Sur ce point, les Américains sont aujourd’hui plus dépendants que jamais vis-à-vis du système. Le nombre des petites entreprises indépendantes est tombé à un plus bas historique et le pourcentage d’Américains travaillant à leur compte est tombé à un niveau sans précédent ces dernières années. Dès le plus jeune âge, nous sommes conditionnés pour travailler dur de manière à avoir un « bon travail » et être des rouages efficaces du système.

 

Mais est-ce là tout le sens de la vie ?

 

Être le rouage efficient d’un système qui profite à d’autres ?

 

Peut-être pensez-vous que rien de ceci ne s’applique à votre cas personnel. Mais si quelqu’un vous demande ce que vous possédez réellement, qu’allez-vous lui répondre ?

 

Êtes-vous le propriétaire de votre véhicule ? La plupart des Américains ne le sont pas.

 

Aujourd’hui le montant moyen des prêts pour l’acquisition d’un véhicule est de 27 000 $ et beaucoup d’entre eux ont une durée de six ou sept ans.

 

Et qu’en est-il de votre maison ? En êtes-vous vraiment propriétaire ?

 

Ce n’est pas le cas non plus pour la plupart des Américains.

 

En fait, les banques sont bien davantage les propriétaires de nos maisons et de nos propriétés que nous.

 

Mais, même dans le cas où vous avez intégralement remboursé le prêt de votre maison, cela signifie-t-il que vous en êtes vraiment propriétaire ?

 

Pas forcément si vous considérez ce qui peut vous arriver si vous ne payez pas vos taxes de propriété.

 

S’ils peuvent effectivement saisir votre bien en cas de non-paiement des taxes de propriété, le possédez-vous vraiment ?

 

Cela mérite réflexion.

 

Et qu’en est-il de tous vos biens ? Les possédez-vous ?

 

Peut-être.

 

Mais un grand pourcentage d’entre nous s’est placé dans les conditions de l’esclavage afin d’acquérir les biens matériels qui nous entourent. Aujourd’hui, le ménage américain moyen qui possède au moins une carte de crédit est endetté en moyenne de 15 950 $ en crédits à la consommation. Et si vous n’honorez pas vos traites, les sociétés de crédit vont lâcher leurs chiens à vos trousses.

 

Avez-vous déjà rencontré un spécialiste du recouvrement ?

 

Ils peuvent être très brutaux. Ils utilisent la brutalité comme méthode de travail. En fait ils sont si doués que les sociétés de recouvrement de créances sont en très bonne santé financière.

 

*


Le paragraphe suivant provient d’un article de CNN :

 

« Yachts. Hôtels particuliers. Dîners extravagants. La vie est belle pour les fondateurs d’une des plus importantes sociétés de recouvrement de créances gouvernementales.

 

La société, Linebarger Goggan Blair & Sampson, est chargée de recouvrer les créances des contrats gouvernementaux qui les autorisent à poursuivre les débiteurs pour les amendes de péage, de tickets de stationnement et les arriérés de taxes. Alors que les dettes sont au départ souvent minimes, la firme basée à Austin prélève des frais élevés qui peuvent augmenter la facture de centaines, voire de milliers de dollars.

 

Après avoir transformé une petite société juridique du Texas à la fin des années 70 en une firme centrale de recouvrement de la dette fédérale, les fondateurs et les cadres de direction brassent maintenant des millions de dollars. »

 

Et je n’ai pas encore mentionné le montant de notre dette collective.

 

Nous avons volontairement choisi de nous asservir au niveau local, régional, et national.

 

Il est déjà assez triste que nous nous infligions cela à nous même, mais nous faisons de même avec les futures générations d’Américains avec la plus grande montagne de dettes de l’histoire de la planète.


Le paragraphe suivant est tiré de mon précédent article intitulé : « Barack Obama affirme que ce dont l’Amérique a réellement besoin c’est de beaucoup plus de dettes »

 

« Lorsque Barack Obama a prêté serment, la dette nationale était de 10,6 billions [trillions] de dollars. Aujourd’hui elle dépasse les 18 billions de dollars. Et avant même qu’on nous affirme que les déficits allaient être réduits, la dette nationale a augmenté de plus d’un billion de dollars lors de l’exercice fiscal 2014. Mais ce n’est pas assez pour Obama. Il a affirmé que nous devions sortir de cette période « d’austérité stupide » et voler de l’argent à nos enfants et nos petits enfants encore plus vite.


De plus, Obama veut encore augmenter les taxes. Son budget prévoit 2 billions [trillions] de dollars de revenus supplémentaires provenant de l’augmentation des taxes sur la prochaine décade. Il présente toujours cette hausse des taxes comme « des hausses d’impôts pour les riches » mais elles finissent toujours par toucher également la classe moyenne. Mais le fait que le congrès adopte ou non le nouveau budget d’Obama n’est pas le point le plus important. La réalité du problème c’est que les démocrates et les républicains sont également responsables de ce désastre.


Les générations futures font d’ores et déjà face à la plus grande montagne de dettes de l’histoire et les deux partis veulent encore faire grimper cette montagne. Leur seul point de désaccord concerne la vitesse à laquelle cette montagne doit grandir. C’est une honte nationale, mais la plupart des Américains en sont venus à trouver ça normal. Si nos enfants et nos petits-enfants en ont l’opportunité, ils nous maudiront pour ce que nous avons fait. »


Alors pouvons-vous vraiment nous qualifier de « patrie des braves et terre de la liberté » ?

 

N’est-ce pas la vérité que la majorité d’entre nous est aujourd’hui profondément asservie ?

 

 

Par Michael Snyder (*) (theeconomiccollapseblog.com) - news360x.fr via lesmoutonsenrages.fr - traduction Guillaume Borel pour lesmoutonsenrages.fr – le 26 février 2015

 

(*) Michael Snyder est un Américain résidant dans l’Idaho, diplômé en droit de l’université de Floride. Il a été avocat à Washington. Il est l’auteur du blog « The Economic Collapse » et d’un roman « The Beginning Of The End ».

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Le maintien de la Grèce dans la zone euro coûtera 100 milliards d’euros

Le maintien de la Grèce dans la zone euro coûtera 100 milliards d’euros | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : sans-langue-de-bois.eklablog.fr


  

Le maintien de la Grèce dans la zone euro

coûtera 100 milliards d’euros

Par Bruno Colmant (*)

 

La dette publique grecque devra être rééchelonnéeC’est une évidence que seuls les économistes d’eau douce ne comprennent pas.

 

En effet, l’euro est une monnaie trop forte pour une économie qui est génétiquement faible, telle celle de la Grèce.

 

En temps normaux, la Grèce aurait dû s’acquitter d’un taux d’intérêt plus élevé (ou prime de risque) sur ses emprunts afin d’indemniser ses créanciers contre la dévaluation régulière de la Drachme.

 

L’entrée dans la zone euro de la Grèce constitua donc pour ce pays un effet d’aubaine unique, puisque cette prime de risque fut gommée. La Grèce put emprunter à des conditions allemandes dont elle « emprunta » le rating.

 

Mais aujourd’hui, la dévaluation de la Drachme ne peut être effectuée que par un abattement de sa dette publique, exprimée en euro.

 

La question est de savoir de quel pourcentage la dette grecque devrait être abattue ?

 

Ce pourcentage devrait correspondre à celui de la dévaluation de la Drachme par rapport à la monnaie unique si ce pays quittait la zone euro.

 

Sur base de différents textes (certes imprécis), on peut estimer ce pourcentage d’abattement à 50 %.

 

Ce sera le taux perte qui devra être absorbée par les créanciers de la Grèce, dont les pays européens sont les principaux, sur un capital de près de 200 milliards (sous une forme de prêts directs ou au travers d’un organisme de stabilisation) prêté à la Grèce.

 

Le maintien de la zone euro coûtera donc 200 milliards d’euros fois 50 %, soit 100 milliards d’euros aux autres États membres de la zone euro.

 

Le calcul est bien sûr simplifié et simpliste, mais son ordre de grandeur est intuitivement correct.

 

Il s’agit bien sûr d’une perte sèche pour les créanciers de la Grèce puisque les intérêts qu’ils auraient reçus en Drachmes auraient été largement supérieurs à ceux qu’ils reçoivent actuellement.

 

 

 

Par Bruno Colmant (*) - blogs.lecho.be – le 21 février 2015.

Source : http://blogs.lecho.be/colmant/2015/02/le-maintien-de-la-grèce-dans-la-zone-euro-coûtera-100-milliards-deuros.html



(*) Bruno Colmant est membre de l’Académie Royale de Belgique, Docteur en Économie Appliquée (ULB) et Master of Science de l’Université de Purdue (États-Unis). Il enseigne la finance appliquée et l’économie à la Solvay Business School (ULB), à la Louvain School of Management (UCL), à l’ICHEC, à la Vlerick Business School et à l’Université de Luxembourg. Sa carrière est à la croisée des secteurs privés, publics et académiques.


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Rejeter l’austérité en mettant en question le paiement de la dette, c’est possible en Grèce ! Pourquoi pas chez nous ?

Rejeter l’austérité en mettant en question le paiement de la dette, c’est possible en Grèce ! Pourquoi pas chez nous ? | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Rejeter l’austérité en mettant en question

le paiement de la dette, c’est possible en Grèce !

Pourquoi pas chez nous ?

 

La plateforme d’audit citoyen de la dette en Belgique ACiDe salue le choix démocratique du peuple grec de rejeter les politiques d’austérité lors des élections du 25 janvier 2015. Cette victoire, obtenue malgré l’ingérence et la pression des dirigeants de l’Union européenne et des institutions de la Troïka (Commission européenne, BCE et FMI), ouvre une brèche contre l’Europe de la finance, le diktat des dettes illégitimes et l’austérité mortifère. Une autre Europe devient possible !

 

Dans tous les pays d’Europe, cette victoire doit être perçue comme un formidable encouragement à combattre des politiques profitables aux seuls détenteurs de capitaux.

 

En à peine deux semaines, le gouvernement grec a annoncé qu’il allait :

 

  • Octroyer la gratuité de l’électricité aux 300.000 ménages qui étaient sans courant 
  • Stopper les ventes forcées de maisons de personnes incapables de rembourser leur prêt hypothécaire
  • Rétablir le salaire minimum légal à son niveau antérieur (751euros)
  • Augmenter les faibles pensions et établir un treizième mois de pensions
  • Réengager 3500 fonctionnaires licenciés (dont les nettoyeuses du Ministère des Finances)
  • Dissoudre l’organe créé par la Troïka pour gérer les privatisations
  • Renoncer à la vente des ports du Pirée et de Thessalonique
  • Donner la nationalité grecque à tous les enfants des migrants nés ou ayant grandi sur le territoire
  • Abolir les honoraires de visite à l’hôpital et les frais d’ordonnance
  • Refuser de ratifier le TTIP
  • Remettre en cause des contrats d’armement liant la Grèce aux fabricants allemands et français
  • Mettre fin à l’usage des gaz lacrymogènes lors des manifestations

 

Contrairement à ce qu’on nous répète depuis des décennies, il existe bien une alternative à la rigueur budgétaire et au paiement aveugle de la dette !

 

Nous soutenons la proposition de Syriza d’une conférence internationale sur la dette grecque et européenne, comme ce fut notamment le cas pour l’Allemagne de l’Ouest en 1953. Bien que le contexte politique était fort différent, en bénéficiant d’une annulation de plus de 60 % de sa dette et de conditions de remboursement particulièrement favorables, l’Allemagne a pu se reconstruire rapidement.

 

Nous soutenons la réalisation d’un audit des dettes publiques avec participation citoyenne afin de déterminer celles qu’il faut refuser de payer. Loin d’être une solution qui se suffit à elle-même, l’audit est un outil important pour changer le rapport de forces en faveur des peuples.

 

Dans le cas où les créanciers refuseraient la mise en œuvre de solutions viables pour le pays, nous soutiendrons un acte unilatéral de désobéissance de la Grèce. N’oublions pas que les plans d’austérité (et les prêts qui leur sont liés) imposés par la Troïka sont illégaux au regard du droit européen et international.

 

Notre plateforme ACiDe a déjà publié un document mettant en évidence plusieurs solutions concrètes pour briser le cercle vicieux de la dette et de l’austérité. Le remboursement de la dette publique continue de coûter 45 milliards par an aux finances belges (20 % du budget) alors que tous les autres postes de dépenses sont rabotés.

 

Dans la période qui s’ouvre, notre collectif va intensifier son action pour mettre en débat le caractère insoutenable, illégitime, illégal, voire odieux d’une grande partie des dettes publiques en Europe. Il continuera son travail d’éducation permanente en proposant aux mouvements sociaux et aux populations des analyses et outils pédagogiques permettant de comprendre les tenants et aboutissants de la dette, et participera activement aux mobilisations visant à sortir de la spirale infernale « dette-austérité ».

 

C’est aux populations et non aux marchés financiers ou à la Troïka qu’il revient de déterminer démocratiquement leur devenir. Notre collectif est totalement solidaire de la population grecque et de tous les peuples en lutte pour une société socialement juste et écologiquement soutenable.

 

Site Internet : www.auditcitoyen.be

Page Facebook : « Et si on arrêtait de payer ? »

 

 

Par ACiDe - cadtm.org - le 12 février 2015


Source : http://www.auditcitoyen.be/rejeter-...

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Grèce - Yanis Varoufakis : « Nous ne sommes même pas tombés d’accord sur le fait de ne pas être d’accord »

Grèce - Yanis Varoufakis : « Nous ne sommes même pas tombés d’accord sur le fait de ne pas être d’accord » | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


Grèce - Yanis Varoufakis :

« Nous ne sommes même pas tombés d’accord

sur le fait de ne pas être d’accord »

 

Les ministres grec et allemand des Finances Yanis Varoufakis et Wolfgang Schäuble se sont exprimés devant la presse jeudi après leur rencontre à Berlin. La question de la dette grecque et de son remboursement, selon Varoufakis, n’a pas été abordée : les pourparlers auraient concerné l’avenir de l’UE en général.

 


  

Par RT France – le 6 février 2015


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La « lettre ouverte » d’Alexis Tsipras aux citoyens allemands sur ce qu’on ne leur a jamais dit sur la dette grecque

La « lettre ouverte » d’Alexis Tsipras aux citoyens allemands sur ce qu’on ne leur a jamais dit sur la dette grecque | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it


La « lettre ouverte » d’Alexis Tsipras aux citoyens allemands sur ce qu’on ne leur a jamais dit

sur la dette grecque

 

Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre de la Grèce, a envoyé ce courrier au journal allemand Handelsblatt :

 

« Chers lecteurs de Handelsblatt,

 

Je sais d’avance que la plupart d’entre vous ont probablement une opinion déjà formée sur le contenu de cette lettre. Je vous invite, cependant, à la lire sans préjugés. Les préjugés n’ont jamais été un bon conseiller, et encore moins à un moment où la crise économique les renforce, en entretenant l’intolérance, le nationalisme, l’obscurantisme, et même la violence.

 

Avec cette lettre ouverte, je souhaite vous exposer un récit différent de celui qui vous a été fait au sujet de la Grèce depuis 2010. Et je tiens aussi et surtout à exposer avec franchise les projets et les objectifs de SYRIZA, si le 26 janvier par le choix des électeurs devient le nouveau gouvernement grec.

 

En 2010, l’État grec a cessé d’être en mesure de servir sa dette. Malheureusement, les dirigeants européens ont décidé de faire croire que ce problème pourrait être surmonté par l’octroi du plus grand prêt jamais consenti à un État, sous condition que certaines mesures budgétaires seraient appliquées, alors que celles-ci, manifestement, ne pouvaient que diminuer le revenu national destiné au remboursement des nouveaux et anciens prêts. Un problème de faillite a été donc traité comme s’il s’agissait d’un problème de liquidité. En d’autres termes, l’attitude adoptée, était celle du mauvais banquier qui, au lieu d’admettre que le prêt accordé à la société en faillite a « sauté », il lui accorde des prêts supplémentaires, prétextant que les anciennes dettes restent servies et prolonge ainsi la faillite à perpétuité.

 

Il s’agissait pourtant d’une question de bon sens de voir que l’application de la doctrine « extend and pretend » [étendre les maturités de la dette et prétendre que payer les intérêts ne pose aucun problème] dans le cas de mon pays aboutirait à une tragédie.

 

Qu’au lieu de stabiliser la Grèce, l’application de ce dogme installerait une crise autoalimentée qui sape les fondations de l’UE.

 

Notre parti, et moi-même, nous nous sommes opposés à l’accord de prêt de mai 2010, non pas parce que l’Allemagne et nos autres partenaires ne nous ont pas donné assez d’argent, mais parce que vous nous avez donné beaucoup plus d’argent que ce qu’il fallait et que nous pouvions accepter. De l’argent qui par ailleurs ne pouvait ni aider le peuple grec puisqu’il disparaissait aussitôt dans le trou noir du service de la dette ni arrêter l’alourdissement continu de celle-ci, obligeant de la sorte nos partenaires à prolonger ce fardeau à perpétuité aux frais des citoyens.

 

Et cette vérité était bien connue par les gouvernants allemands, mais ils n’ont jamais voulu vous la dévoiler.

 

Et en effet, et avant même que la première année ne se soit écoulée et depuis 2011, nos prévisions ont été vérifiées. L’enchaînement des nouveaux prêts aux réductions drastiques des dépenses a non seulement échoué à dompter la dette, mais il a par surcroît puni les citoyens les plus faibles, en transformant les citoyens ordinaires qui avaient un emploi et un toit à des chômeurs sans-abri qui ont tout perdu, de plus, leur dignité.

 

L’effondrement des revenus a conduit à la faillite de milliers d’entreprises, augmentant ainsi le pouvoir oligopolistique des entreprises qui ont survécu. De ce fait, les prix diminuaient moins que les revenus tandis que les dettes, publiques et privées, ne cessaient de s’alourdir. Dans ce contexte, où le déficit d’espoir a dépassé tous les autres déficits « l’œuf du serpent » n’a pas mis longtemps pour éclore – et les néonazis ont commencé à patrouiller les quartiers en semant la haine.

 

Malgré son échec manifeste, la logique de « extend and pretend » continue à s’appliquer systématiquement encore aujourd’hui. Le deuxième accord de prêt de 2012 a ajouté une charge supplémentaire sur les épaules affaiblies de l’État grec, en réduisant les fonds de pension, en donnant un nouvel élan à la récession, en finançant aussi une nouvelle kleptocratie avec l’argent de nos partenaires.

 

Des commentateurs sérieux ont parlé récemment de stabilité et même de croissance à propos de mon pays pour « prouver » que les politiques appliquées ont été efficaces. Aucune analyse sérieuse ne soutient cette « réalité » virtuelle. L’augmentation récente de 0,7 % du revenu national réel ne marque pas la fin de la récession, mais sa poursuite, puisqu’elle a été réalisée dans une période d’inflation de 1,8 %, ce qui signifie que (en euros) le revenu national a continué de baisser. Simplement, il diminue moins que la moyenne des prix – tandis que les dettes augmentent.

 

Cet effort de mobilisation des « statistiques grecques », pour démontrer que l’application de la politique de la troïka est efficace en Grèce, est outrageant pour tous les Européens qui ont enfin le droit de connaître la vérité.

 

Et la vérité est que la dette publique grecque ne peut pas être honorée tant que l’économie sociale grecque se trouve en situation de simulation de noyade budgétaire (fiscal waterboarding).

 

En outre, persévérer dans ces politiques misanthropes et sans issue, dans le refus de reconnaître une simple question d’arithmétique, coûte au contribuable allemand et condamne en même temps un peuple fier à l’indignité. Et le pire : de ce fait, les Grecs se retournent contre les Allemands, les Allemands contre les Grecs, et l’idée d’une Europe Unie Démocratique est offensée cruellement.

 

L’Allemagne, et plus particulièrement le contribuable allemand qui travaille dur n’a rien à craindre d’un gouvernement SYRIZA. Au contraire. Notre objectif n’est pas d’entrer en conflit avec nos partenaires. Notre objectif n’est pas d’obtenir des prêts supplémentaires ou un blanc-seing pour de nouveaux déficits. Notre objectif est la stabilité économique, des budgets primaires équilibrés et, bien sûr, la cessation des saignées fiscales opérées sur les contribuables depuis quatre ans par un accord de prêt inadéquat aussi bien pour la Grèce que pour l’Allemagne. Nous exigerons la fin de l’application du dogme « extend and pretend » non pas contre le peuple allemand, mais pour le bénéfice de nous tous.

 

Je sais, chers lecteurs, que derrière les demandes d’une « stricte application des accords » se cache la peur que « si nous laissons les Grecs de faire ce qu’ils veulent, ils vont refaire le même coup ». Je comprends cette inquiétude. Mais ce n’était pas SYRIZA qui a érigé en institutions dans mon pays la collusion des intérêts privés et la kleptocratie qui feignent de se soucier de l’observation « des accords » et des réformes puisque celles-ci ne les affectent pas, comme le démontrent les quatre dernières années des réformes engagées par le gouvernement Samaras sous la direction de la troïka.

 

Nous, nous sommes prêts à entrer en conflit avec ce système afin de promouvoir des réformes radicales au niveau du fonctionnement de l’État, en établissant la transparence de l’administration publique, la méritocratie, la justice fiscale, la lutte contre le blanchissement d’argent. Ce sont ces réformes que nous soumettons à l’appréciation des nos citoyens aux prochaines élections.

 

Notre objectif est la mise en place d’un New Deal pour l’ensemble de la zone euro qui permettra aux Grecs comme à l’ensemble des peuples européens de respirer, de créer, de vivre avec dignité. Avec une dette publique socialement viable. Avec une croissance qui est stimulée par des investissements publics financés – seul moyen de sortir de la crise – et non pas par la recette échouée de l’austérité qui ne fait que recycler la récession. En renforçant la cohésion sociale, la Solidarité et la Démocratie.

 

Le 25 janvier en Grèce, une nouvelle opportunité surgit pour l’Europe. Ne ratons pas cette chance ».

 

(Traduction:Vassiliki Papadaki) Les mots mis en italique l’ont été par moi.

 

***


Mathématiques sur les taux d’intérêt

 

Quelle que soit la manière dont on analyse son projet politique, cette lettre n’est pas le fruit d’un imbécile en matière économique. La position de Tsipras est tout à fait exacte.  Et bien que je sois en désaccord avec de nombreux points sur le projet économique de SYRIZA, il n’y a pas un seul point dans ce courrier sur lequel je pourrais être en désaccord.

 

Une règle simple en économie est que ce qui ne peut pas être remboursé ne sera pas remboursé.  Et un simple calcul mathématique montre qu’il est matériellement impossible de rembourser cette dette.

 

Malheureusement, la Grèce doit convaincre 17 autres pays européens de renégocier sa dette. L’Allemagne et la Finlande on dit non.  Et les règles de l’Eurozone impliquent que chaque pays doit donner son accord.

 

 

La Sanction mathématique

 

Il n’y a pas que les calculs sur les taux d’intérêt qui posent problème pour la Grèce.  D’autres conflits se sont ouverts.

La Grèce s’oppose à des sanctions sur la Russie, une position avec laquelle j’adhère fondamentalement.  Les sanctions créent inévitablement des dommages des deux côtés.

 

Malheureusement, tout comme avec les règles de l’Eurozone, les sanctions européennes ne peuvent être adoptées qu’à l’unanimité.  Concernant les sanctions, 1 vote sur les 28 membres (un nombre plus important que pour l’Eurozone) peut bloquer tout le processus.  Ce vote est un levier considérable, particulièrement lorsque les 27 autres pays veulent obtenir quelque chose de vous. Et que seront-ils prêts à offrir en échange ?

 

Est-ce que ces situations seront résolues par du bon sens ou par un conflit ?


S’il y avait deux parties impliquées, elles pourraient s’entendre.  Mais est-ce que 19 ou 28 gouvernements différents en Europe pourront se mettre d’accord sur exactement la même chose ?

Permettez-moi d’être sceptique.

 

 

Par Mike « Mish » Shedlock - 24hgold.com – le 30 janvier 2015

Source : Mike « Mish » Shedlock :

http://globaleconomicanalysis.blogspot.com


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Grèce - Un souffle d’espoir 
pour tourner la page 
de l’austérité

Grèce - Un souffle d’espoir 
pour tourner la page 
de l’austérité | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

Photo : Orestis Panagiotou/AFP

 


Un souffle d’espoir 
pour tourner

la page 
de l’austérité

 

Avec six points d’avance sur Nouvelle Démocratie, Syriza incarne l’aspiration des Grecs
à la dignité, après cinq années de mise sous tutelle par la troïka. À l’heure où ces lignes étaient écrites, Syriza frôlait de quelques sièges la majorité absolue de 151 députés.

 

 

Athènes (Grèce), envoyée spéciale. Il y avait hier soir à Athènes quelque chose de léger dans l’atmosphère, qui éclairait les visages et réchauffait les cœurs. Après cinq années de calvaire social, de gâchis économique et de tutelle politique, le peuple grec a exprimé un rejet sans appel des politiques d’austérité qui ont laissé le pays exsangue. Ils ont placé leurs espoirs bien à gauche, en offrant une victoire historique à Syriza. Avec 35,38 % des suffrages, selon les premières projections officielles, sondages sortis des urnes, le parti d’Alexis Tsipras devance largement la Nouvelle Démocratie du Premier ministre conservateur, Antonis Samaras (28,93 %), sévèrement sanctionné. Si les électeurs ont entendu l’appel de Tsipras à donner à la gauche anti-austérité un mandat clair, une ombre terrible plane, comme au printemps dernier, sur ces élections : c’est le score des néonazis d’Aube dorée, qui arrivent en troisième position (6,35 %), devant les libéraux de To Potami (5,69 %). Concurrencés par Syriza, les communistes du KKE, avec 5,28 %, maintiennent leur base électorale et seront représentés au Parlement. De leur côté, les sociaux-démocrates du Pasok, autour de 5 %, paient au prix fort leur participation à la coalition d’Antonis Samaras. Les Grecs indépendants (souverainistes) recueillent 4,69 %. À l’heure où ces lignes étaient écrites, Syriza frôlait de quelques sièges la majorité absolue de 151 députés.

 

 

Les politiques de privatisation
ont provoqué une véritable 
crise humanitaire

 

Première impression, il y a dans ce scrutin dont les résultats résonnent sur tout le continent un irrépressible élan de dignité. Par-delà les clivages politiques et les bulletins choisis dans l’isoloir, tous les électeurs rencontrés hier nous ont fait part du sentiment d’humiliation suscité par la mise sous tutelle du pays par la troïka (Banque centrale européenne, FMI, Commission européenne). Dans le laboratoire grec, les politiques de privatisations, de démantèlement du droit du travail, de précarisation, de compression des dépenses sociales ont provoqué une véritable crise humanitaire, sans pour autant alléger le fardeau de la dette, passé 115 % du PIB en 2009 à 175 % aujourd’hui. Dans ces conditions, comment les Grecs auraient-ils pu acquiescer aux exhortations déplacées à consentir encore de nouveaux « sacrifices » ?

 

 

« Mettre fin à la trahison
 de ceux qui ont vendu
 la Grèce à vil prix »

 

En prônant la renégociation et l’effacement partiel d’une dette non viable, Alexis Tsipras est paradoxalement apparu comme le responsable politique le plus réaliste. « J’ai l’espoir que ma patrie se libère de la dictature des marchés. Les Grecs ne sont pas les profiteurs paresseux décrits pour justifier le choc d’austérité que nous avons subi. Les responsables de cette faillite sont les usuriers qui se font de l’argent sur la dette. Unies, les forces de gauche peuvent ouvrir un autre chemin, non seulement pour la Grèce, mais pour toute l’Europe », nous confiait avant de se rendre aux urnes Kostas Katramanos, un habitant de Petroupouli, ville de la banlieue rouge d’Athènes. Ancien cadre de l’industrie pharmaceutique, passé par trois interminables années de chômage, il a vu ses revenus divisés par trois depuis 2011. En votant pour Syriza, cet ancien électeur du KKE dit aussi vouloir « mettre fin à la trahison de ceux qui ont vendu la Grèce à vil prix ». C’est sans doute là l’une des clés de cette victoire de la gauche anti-austérité. Elle a su promouvoir de nouveaux visages, qui tendent un cruel miroir aux vieux responsables politiques jugés corrompus, dogmatiques et serviles face aux injonctions de la troïka.

 

Après cette large victoire, pour Syriza et pour Alexis Tsipras, le plus difficile commence aujourd’hui. La gauche s’est engagée à former, qu’elle dispose ou non de la majorité absolue au Parlement, « un gouvernement de tous les Grecs ». Avec une extrême droite tapie en embuscade, Syriza n’a pas le droit à l’erreur. Dans les bureaux de vote d’une école d’Ambelokipi, près du stade de football qu’occupe le Panathinaïkos, les militants d’Aube dorée pariaient déjà, hier, sur l’échec. « Tsipras ne fera rien pour les pauvres, pour ceux qui ont vu leurs retraites et leurs salaires amputés. Le seul espoir pour nettoyer la Grèce des immigrés, sortir de l’euro et retrouver les fondements de notre civilisation chrétienne, c’est Aube dorée », écumait Hélène, une nostalgique de la dictature des colonels, entrée dans l’organisation néonazie il y a cinq ans alors qu’était entériné le premier plan d’austérité.

 

Guetté à Bruxelles et à Berlin, attendu au tournant par ses adversaires politiques autant que par une partie de l’oligarchie qui redoute ses promesses de justice sociale et fiscale, Alexis Tsipras espère pouvoir compter sur la mobilisation du peuple grec pour imposer la renégociation de la dette et rompre avec des choix néolibéraux destructeurs. C’est sans doute là que réside le plus grand défi pour Syriza, jeune parti au fragile enracinement social et militant. Par-delà les frontières du pays, c’est aussi l’avenir européen d’une gauche capable de se confronter aux forces de l’argent qui se joue sur la scène grecque. Les attentes sont immenses, la tâche est prométhéenne.

 

 

Par ROSA MOUSSAOUIL’HUMANITÉ – le 25 janvier 2015

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Joseph Stiglitz montre qu’une suspension du paiement de la dette peut être bénéfique pour un pays et sa population

Joseph Stiglitz montre qu’une suspension du paiement de la dette peut être bénéfique pour un pays et sa population | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it



Joseph Stiglitz montre qu’une suspension

du paiement de la dette peut

être bénéfique pour un pays

et sa population


Par Éric Toussaint (*)

 

Depuis que l’Union européenne est frappée de plein fouet par une crise de la dette et que plusieurs pays sont étranglés par les créanciers, la perspective d’un défaut de paiement pointe à l’horizon. Une majorité d’économistes de droite et de gauche considère qu’il faut éviter un arrêt du remboursement de la dette.


Les crédits octroyés en urgence par la Troïka à la Grèce (mai 2010), à l’Irlande (novembre 2010), au Portugal (mai 2011) et à Chypre (mars 2013) l’ont été sous prétexte d’éviter un défaut de paiement qui aurait eu, disait-on, des effets catastrophiques pour les populations des pays concernés.


Pourtant, on trouve dans plusieurs recherches économiques des arguments forts en faveur de la décision de suspendre le paiement de la dette. De plus, aujourd’hui, il est difficile de nier que les conditions attachées à ces crédits combinées à l’augmentation de la dette ont des effets dramatiques pour les peuples, à commencer par le peuple grec. Il est temps de comprendre qu’une suspension du paiement de la dette peut constituer un choix justifié.


 

Joseph Stiglitz, prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel en 2001, président du conseil des économistes du président Bill Clinton de 1995 à 1997, économiste en chef et vice-président de la Banque mondiale de 1997 à 2000, apporte des arguments forts à ceux qui plaident pour la suspension du remboursement des dettes publiques. Dans un livre collectif |1| publié en 2010 par l’université d’Oxford, il affirme que la Russie en 1998 et l’Argentine au cours des années 2000 ont fait la preuve qu’une suspension unilatérale du remboursement de la dette peut être bénéfique pour les pays qui prennent cette décision : « Tant la théorie que la pratique suggèrent que la menace de fermeture du robinet du crédit a été probablement exagérée » (p. 48).

 

Quand un pays réussit à imposer une réduction de dette à ses créanciers et recycle les fonds antérieurement destinés au remboursement pour financer une politique fiscale expansionniste, cela donne des résultats positifs : « Dans ce scénario, le nombre d’entreprises locales qui tombent en faillite diminue à la fois parce que les taux d’intérêt locaux sont plus bas que si le pays avait continué à rembourser sa dette |2| et parce que la situation économique générale du pays s’améliore. Puisque l’économie se renforce, les recettes d’impôts augmentent, ce qui améliore encore la marge budgétaire du gouvernement. […] Tout cela signifie que la position financière du gouvernement se renforce, rendant plus probable (et pas moins) le fait que les prêteurs voudront à nouveau octroyer des prêts. » (p. 48) Et il ajoute : « Empiriquement, il y a très peu de preuves accréditant l’idée qu’un défaut de paiement entraîne une longue période d’exclusion d’accès aux marchés financiers. La Russie a pu emprunter à nouveau sur les marchés financiers deux ans après son défaut de paiement qui avait été décrété unilatéralement, sans consultation préalable avec les créanciers. […] Dès lors, en pratique, la menace de voir le robinet du crédit fermé n’est pas réelle. » (p. 49)

 

Pour Joseph Stiglitz, certains pensent qu’un des rôles centraux du FMI est d’imposer le prix le plus élevé possible aux pays qui voudraient se déclarer en défaut de paiement et beaucoup de pays se comportent comme s’ils croyaient à cette menace. Il considère qu’ils font fausse route : « Le fait que l’Argentine soit allée si bien après son défaut de paiement, même sans l’appui du FMI (ou peut être parce qu’elle n’a pas eu l’appui du FMI), peut conduire à un changement de cette croyance. » (p. 49)

 

Il met également clairement en cause les banquiers et autres prêteurs qui ont octroyé massivement des prêts sans vérifier sérieusement la solvabilité des pays qui empruntaient ou, pire, qui ont prêté en sachant parfaitement que le risque de défaut était très élevé. Il ajoute que, puisque les prêteurs exigent de certains pays des taux élevés en vertu des risques qu’ils prennent, il est tout à fait normal qu’ils soient confrontés à des pertes dues à un effacement de dette. Ces prêteurs n’avaient qu’à utiliser les intérêts élevés qu’ils percevaient en tant que provisions pour pertes possibles. Il dénonce aussi les prêts « prédateurs » octroyés aux pays débiteurs à la légère par les banquiers (p. 55).

 

En résumé, Stiglitz plaide pour que les prêteurs assument les risques qu’ils prennent (p. 61). À la fin de sa contribution, il considère que les pays qui s’engagent dans la voie du défaut de paiement ou de la renégociation en vue d’obtenir une réduction de dette auront besoin d’imposer un contrôle temporaire sur les changes et/ou des taxes pour décourager les sorties des capitaux (p. 60). Il reprend à son compte la doctrine de la dette odieuse et affirme que celle-ci doit être annulée (p. 61). |3|

 

 

D’autres économistes abondent dans la même direction que Joseph Stiglitz

 

Il n’est pas le seul à aller dans ce sens. Dans un article publié par le Journal of Development Economics |4| sous le titre « The elusive costs of sovereign defaults », Eduardo Levy Yeyati et Ugo Panizza, deux économistes qui ont travaillé pour la Banque interaméricaine de développement, présentent les résultats de leurs recherches minutieuses sur les défauts de paiement concernant une quarantaine de pays. Une de leurs conclusions principales est la suivante : « Les périodes de défaut de paiement marquent le début de la récupération économique ». |5|On ne peut mieux dire.

 

 

Par Éric Toussaint (*) CADTM – le 16 janvier 2015

 

 

Notes

|1| Barry Herman, José Antonio Ocampo, Shari Spiegel, Overcoming Developing Country Debt Crises, OUP Oxford, 2010.

|2| En effet, une des conditions posées par le FMI lorsqu’il vient en aide à un pays au bord du défaut de payement est d’augmenter les taux d’intérêt locaux. Si un pays échappe aux conditions fixées par le FMI, il peut au contraire baisser les taux d’intérêt afin d’éviter autant que possible des faillites d’entreprises.

|3| Joseph Stiglitz a défendu cette position à de nombreuses reprises au cours des dix dernières années. Voir notamment son livre La grande désillusion, Fayard, 2002.

|4| Journal of Development Economics 94, 2011, p. 95-105.

|5| “Default episodes mark the beginning of the economic recovery”.

 

 

(*) Éric Toussaint, docteur en sciences politiques, est porte-parole du CADTM international et membre du conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Bancocratie, Aden, 2014, http://cadtm.org/Bancocratie ; Procès d’un homme exemplaire, Editions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010.

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Islande - Non merci à la dette

Islande - Non merci à la dette | Koter Info - La Gazette de LLN-WSL-UCL | Scoop.it

 

L'Islande a viré ses banksters, jeté sa dette et nommé une assemblée constituante pour réécrire sa constitution (la protégeant du retour des vautours), elle a dit NON MERCI à la dette et elle y gagne !

 

Le 6 octobre 2008, les 3 grandes banques islandaises faisaient faillite, provoquant une grave crise dans ce petit pays, mais à présent, l'économie va beaucoup mieux grâce à une méthode inverse de celle suivie dans la zone euro.

 

Quatre ans plus tard, l'économie islandaise affiche de nouveau une santé des plus robustes.  Le PIB, qui avait reculé de 6,6% en 2009 et de 4% en 2010, devrait croître de 2,1% cette année, bien plus que le niveau de la plupart des pays européens.

 

Le déficit budgétaire, de 13,5% du PIB en 2008 devrait être équilibré l'an prochain.  Le chômage, qui était monté à près de 8% de la population active en 2010, devrait redescendre en 2013 à près de 5%.  Enfin, le prêt d'urgence du FMI, de 2,1 milliards d'euros a été remboursé en avance.  (La Tribune)

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